L’annonce de ce matin par la société Kruger laisse une déception amère chez les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des pâtes et du papier de Brompton–CSN (STTPPB).
« Cette annonce est présentée très positivement de telle manière qu’on ne saisit pas qu’il n’y a pas de retour à l’emploi pour les 270 travailleuses et les travailleurs qui ont perdu leur gagne-pain en avril dernier. Dans les faits, l’employeur laisse planer un rappel hypothétique pour seulement 28 salarié-es qui ont perdu leur emploi, de dénoncer Kevin Lepage, président du STTPPB. Il n’y a donc absolument rien pour la relance de l’usine de papier journal. Ce qu’il faut comprendre, c’est que Kruger a bâti une nouvelle usine juste à côté de l’usine de papier journal qui elle a été fermée en avril 2020. Légalement, il y a donc deux employeurs l’un à côté de l’autre qui relèvent directement de Kruger, une usine où on a licencié presque tous les salarié-es et une autre qui en embauche des nouveaux. Évidemment, si les licencié-es veulent travailler à la nouvelle usine, ils perdent leur ancienneté, leurs avantages sociaux et surtout, ils encaissent une perte salariale. »
« La moindre des choses pour Kruger, ce serait de favoriser l’embauche des salarié-es qui ont perdu leur emploi en avril 2020 en respectant les conditions de travail qu’ils avaient à l’époque. S’ils ne le font pas, nous sommes en droit de nous demander si la construction planifiée de cette usine n’était pas une stratégie détournée pour se débarrasser d’un syndicat présent chez Kruger depuis 1937 », de déplorer André Miousse, vice-président de la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN.
Rappelons qu’en juin 2020, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité du Québec avait financé 50 % du coût de la formation des 180 employé-es à la nouvelle usine en versant une subvention de près de 5 millions de dollars à Kruger.
« Alors que nous nous attendions à une relance qui aurait touché aux salarié-es qui ont perdu leur emploi depuis bientôt un an, nous avons droit à une annonce qui touche aux emplois de l’usine voisine. On les invite à postuler auprès du même employeur comme s’ils n’avaient jamais travaillé pour lui, comme si leur expertise acquise chez Kruger ne valait rien chez Kruger », de conclure Denis Beaudin, président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN.
Réunis en assemblée générale ce jeudi soir à Sherbrooke, les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des pâtes et du papier de Brompton – CSN (STTPPB) ont décidé qu’elles et ils en avaient assez des rumeurs qui circulent à l’égard de leur usine.
« Depuis quelque temps, plusieurs rumeurs circulent au sujet d’une relance éventuelle de notre usine. Des modifications sont apportées aux bâtiments et aux équipements de l’usine, des sous-traitants sont engagés afin de réaliser des travaux d’envergure dès le mois de janvier, des équipements nous sont acheminés et des ingénieurs s’affairent à transformer notre milieu de travail, de préciser Kevin Lepage, vice-président du STTPPB. Informellement, il est de plus en plus question d’une relance, mais nous qui faisons pourtant partie des premières personnes concernées, nous demeurons dans l’obscurité totale de ce projet ».
Depuis l’arrêt définitif de la production de papier journal par leur employeur, les travailleurs et les travailleuses de l’usine Kruger de Bromptonville sont sans emplois depuis plus de sept mois. Pour ces hommes et ces femmes, cette période de mise à pied leur impose des incertitudes, une insécurité et des inquiétudes face à leur avenir et à celui de leur communauté. Plusieurs d’entre elles et d’entre eux attendent depuis longtemps et avec impatience une éventuelle relance de leur usine.
« Exaspérés, nous avons donc décidé d’écrire directement à monsieur Joseph Kruger, président du conseil et chef de la direction de Kruger, afin de lui demander des éclaircissements sur ces rumeurs qui persistent. Tous les membres de notre syndicat vont donc lui faire parvenir une lettre lui demandant de nous préciser, dès que possible, ce qui adviendra des emplois à notre usine. Nous interpellons également le gouvernement de François Legault et nous lui demandons également des éclaircissements rapides en lien avec ces rumeurs », de conclure monsieur Lepage.
Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des pâtes et du papier de Brompton–CSN rassemble environ 150 membres affiliés à la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN, au Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN et à la CSN.
La CSN regrette la fermeture temporaire de la machine numéro 1 et de l’atelier de pâte désencrée de l’usine de Kruger qui va entraîner la perte de 98 emplois dès le 14 novembre. L’usine compte 360 employé-es au total.
« Nous comprenons la difficulté dans le marché du papier journal, mais nous souhaitons que Kruger et le gouvernement puissent se concerter pour trouver une solution à long terme pour les usines de papier », affirme André Forest, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs des pâtes et du papier de Brompton-CSN.
L’usine de Brompton possède par ailleurs des atouts indéniables, comme son unité de cogénération et un barrage.
En attendant une solution, le syndicat accompagnera les membres qui seront directement affectés afin qu’ils puissent avoir tout le soutien requis dans les circonstances. L’incertitude demeure complète pour ces travailleuses et ces travailleurs qui n’ont encore aucune idée de la durée de leur mise à pied.
À propos
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.