Le gouvernement ne prend pas les moyens de régler la crise en santé et services sociaux

Le budget 2020 n’annonce pas de mesures ambitieuses pour mettre fin à la crise de surcharge du personnel du réseau de la santé et des services sociaux et répondre aux besoins de la population. En refusant d’adopter un plan de sortie de l’austérité libérale, le gouvernement maintient le poids du manque à gagner qui fait souffrir les travailleuses et travailleurs.

Un manque à gagner de 10 milliards : le poids de l’austérité libérale s’accentue
Les annonces du budget 2020 n’apportent pas de réponses satisfaisantes aux besoins de la population et à l’épuisement du personnel. Pour les établissements publics, une fois que les coûts de système sont couverts dans ce budget, on n’ajoute que 224 millions dollars sur un budget de 23 milliards. Depuis la réforme Barrette, les gouvernements ont récupéré plus de 10 milliards de dollars dans les établissements publics. Ce manque à gagner cumulatif des établissements publics depuis 2013-2014 pèse sur le dos du personnel. Le plan de sortie de l’austérité libérale aurait nécessité une hausse des budgets de 13,5 % des établissements publics cette année et de 11 % pour les 3 prochaines années. La situation est particulièrement inquiétante pour le personnel du secteur administratif, encore touché par des coupes budgétaires.

« Après avoir étranglé le réseau, on investit une petite portion des économies des dernières années. Ce n’est pas ces petites sommes qui vont améliorer la situation. Ce que le gouvernement Legault annonce aujourd’hui, c’est qu’il n’a pas l’intention d’effacer l’austérité libérale. Si on manque de monde et que tant de travailleuses et travailleurs tombent au combat, c’est en bonne partie parce que les budgets ne sont pas au rendez-vous », explique Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN).

Des réponses insatisfaisantes aux demandes de la FSSSCSN
La FSSSCSN avait présenté 4 demandes en santé et services sociaux. Les annonces du budget 2020 n’apportent pas de réponses complètes aux demandes. Malgré des annonces d’investissements dans les soins à domicile et pour créer de nouvelles places en CHSLD, peu est fait pour épauler le personnel. Dans le secteur préhospitalier, nous espérons que les investissements annoncés permettront de se concentrer principalement à appuyer les paramédics et les répartiteurs médicaux d’urgence. Malheureusement pour le personnel du réseau, le gouvernement ne fait que budgéter ses offres salariales nettement insuffisantes.

« À en juger par le ton de ce gouvernement, nous aurions pensé que les mesures pour répondre aux besoins extraordinaires dans le réseau de la santé et des services sociaux auraient été importantes ! Malheureusement, il n’en est rien. Les besoins des bénéficiaires et du personnel surchargé vont rester largement sans réponse avec ce budget », de conclure Jeff Begley.

Les employé-es de l’hébergement de l’Armée du salut souhaitent que la mission soit maintenue

Les travailleuses et travailleurs des ressources d’hébergement touchés par l’annonce de fermeture de l’Armée du salut souhaitent que tout soit fait pour que la mission soit maintenue. Les besoins en itinérance sont importants à Québec et des solutions doivent être trouvées avec l’ensemble des partenaires pour que les ressources demeurent ouvertes.

L’Armée du salut annonçait récemment la fermeture de deux ressources d’hébergement pour les personnes en situation d’itinérance. Ce sont 80 lits destinés aux hommes et aux femmes en difficulté ou à risque d’itinérance qui risquent de disparaître suite à cette annonce. L’Armée du salut explique la raison de sa décision par des raisons financières.

La trentaine d’employé-es touchés par cette annonce se sont rencontrés en assemblée générale au début de la semaine. Ils encaissent le choc de cette décision. La première préoccupation des travailleuses et travailleurs est de trouver une solution pour continuer de répondre aux besoins en itinérance à Québec.

« Nous ne pouvons nous passer de ces ressources à Québec. Les besoins sont là. Nous appelons l’ensemble des partenaires à s’asseoir pour trouver une solution. Pour le personnel et le syndicat, tout doit être fait pour que les ressources demeurent ouvertes », explique Lucie Langlois, vice-présidente régionale de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN).

Une sécurité intermittente pour les enfants en CPE au Québec

Dans un jugement du 15 janvier, la Cour du Québec affirme qu’un CPE est coupable d’une infraction pour avoir laissé un groupe d’enfants sans surveillance constante pendant la pause d’une éducatrice. Ce phénomène de non-remplacement des pauses n’est cependant pas propre au CPE de Soulanges, qui est en cause dans ce jugement, mais une pratique courante partout au Québec. La juge Natalie Boisvert écrit : « Une personne raisonnable placée dans les mêmes circonstances prévoit du personnel en quantité suffisante pour remplacer l’éducatrice pendant sa pause. La sécurité des enfants doit primer sur les intérêts économiques des prestataires de services ».

« L’éducatrice qui devait surveiller les enfants dans le local voisin pendant la pause de sa collègue ne pouvait pas exercer une surveillance constante des deux locaux. La configuration des lieux et la nécessité d’intervenir auprès d’un enfant en crise dans son propre groupe l’en empêchaient. On nous place dans une situation impossible », explique Nadia Vallée, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs en petite enfance de la Montérégie. Mme Vallée représente les éducatrices du CPE en cause, dans la région de Soulanges.

Le phénomène de l’« autopause »
Ce phénomène est courant. On le nomme « autopause » dans le milieu des CPE. Il existait depuis longtemps de façon très marginale, mais il s’est peu à peu généralisé depuis les coupes budgétaires imposées par le gouvernement à partir de 2014.

« Pour la sécurité du personnel et des enfants, on ne devrait pas maintenir ces « autopauses ». Nous condamnons cette pratique depuis le début », ajoute Louise Labrie, représentante des CPE à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

Cette dernière précise que le resserrement budgétaire qui date de la période d’austérité cause également d’autres problèmes pour les enfants. Le ministère de la Famille impose en effet aux CPE de se conformer à un taux de présence annuel de 80 %, seuil en dessous duquel il applique des coupes supplémentaires de subvention. Cette norme étant difficile à rencontrer, les directions tentent de diminuer les coûts en enlevant des heures de travail aux éducatrices. « Les jours où l’on doit retirer des heures aux éducatrices pour se conformer à cette nouvelle exigence, cela impose de changer des enfants de groupe de façon temporaire. C’est loin d’être idéal, surtout pour les enfants qui nécessitent des interventions particulières », préciseLouise Labrie.

« Les choix financiers des budgets précédents ont fait très mal aux CPE. Des directions ont pris des décisions désolantes comme celle de l’« autopause ». Un réinvestissement doit être fait rapidement et nous espérons que le prochain budget saura aider les CPE tout en assurant la sécurité des enfants », affirme Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN.

83 % du personnel du réseau de santé et des services de garde considère que le gouvernement n’incarne pas le changement nécessaire

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) a sondé ses membres pour savoir s’ils considèrent que le gouvernement de la CAQ incarne le changement mis de l’avant lors de la campagne électorale. C’est 83 % des répondant-es qui lancent un message clair au gouvernement : il doit agir au plus vite pour améliorer les choses dans le réseau de la santé et des services sociaux et dans le réseau des services de garde éducatifs.

Les travailleuses et travailleurs envoient un avertissement au gouvernement Legault
La FSSSCSN a mené un sondage électronique du 13 au 21 janvier auprès de ses membres. C’est 1831 travailleuses et travailleurs qui y ont répondu, dont plusieurs qui ont émis des commentaires. Si plusieurs espèrent toujours voir apparaître les actions gouvernementales qui permettront de réduire leur surcharge de travail, d’autres doutent de plus en plus que cela arrive. Plusieurs commentaires reviennent sur le fait que le gouvernement n’agit pas suffisamment pour améliorer les conditions de travail du personnel. Plusieurs dénoncent aussi ce qu’ils voient comme un manque d’écoute du gouvernement envers le monde terrain.

« Pendant des mois, les travailleuses et travailleurs ont laissé la chance au coureur. Ils ont donné le temps au gouvernement Legault d’arriver et d’agir pour mettre fin à la crise dans le réseau de la santé et des services sociaux et au manque de personnel dans le réseau des services de garde éducatifs. Mais plus d’un an après l’élection de la CAQ, le personnel s’impatiente. Et on ne peut que les comprendre. La crise est loin d’être réglée et nous attendons toujours que le gouvernement entende les solutions proposées par le personnel pour améliorer les choses. Le prochain budget approche, c’est le moment d’utiliser les marges de manœuvre pour les services à la population », explique Jeff Begley, président de la FSSSCSN.

Urgence d’agir
Dans les derniers mois, la FSSSCSN a illustré que la crise perdure pour le personnel. Le réseau de la santé et des services sociaux vit une augmentation fulgurante du nombre d’accidents et de lésions professionnelles chez les employés. Malgré cet état de fait, les plaintes de maintien de l’équité salariale ne reçoivent toujours pas de réponse satisfaisante du gouvernement. Quant aux demandes de négociation, les premiers échanges avec le gouvernement ne sont pas très encourageants, aussi bien sur les questions salariales que sur les conditions de travail.

Dans les CPE et les RSG, les fermetures et le départ de plusieurs éducatrices s’accumulent alors que la menace des maternelles 4 ans continue de planer. Dans le secteur préhospitalier, la surcharge de travail des paramédics fait la manchette et le gouvernement tarde à convertir les horaires de faction et à améliorer la couverture ambulancière pour répondre aux besoins de la population. De plus, il manque de transparence jusqu’à maintenant sur son projet de réorganisation des services préhospitalier.

Les travailleuses et travailleurs encaissent le choc

Les travailleuses et travailleurs ont appris le 28 janvier la fermeture de la Maison mère des Sœurs de Miséricorde. Après des années de loyaux services, le personnel se retrouve devant l’incertitude. Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), ce triste événement doit entraîner une réflexion collective sur l’avenir des institutions religieuses.

La cinquantaine d’employé-es qui donnaient depuis plusieurs années des services aux sœurs ont appris hier leur licenciement collectif. Le 31 mars prochain, l’ensemble des sœurs aura déménagé et le personnel se retrouvera sans travail.

Le cauchemar pour ces employé-es a débuté lorsque l’entreprise propriétaire de l’immeuble où résident les Sœurs de Miséricorde a déclaré faillite en octobre dernier. Dans les semaines précédant la déclaration de faillite, l’entreprise a prélevé plusieurs montants auprès des travailleuses et travailleurs. Elle a conservé ces sommes sans respecter les droits du personnel. C’est le cas notamment de sommes pour les assurances collectives, le régime de retraite et les cotisations syndicales.

« Cela fait des semaines que les travailleuses et travailleurs subissent un grand stress. Et maintenant, ils viennent d’apprendre que leur employeur va fermer ses portes. Ce qui se passe actuellement chez les Sœurs de Miséricorde risque fort bien de se reproduire ailleurs. Les communautés religieuses sont en décroissance et des dizaines d’employé-es leur donnent des services. Il y a des questions à se poser pour agir en amont », lance Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

Une réflexion collective sur l’avenir des institutions religieuses

Le drame vécu par les travailleuses et travailleurs des Sœurs de Miséricorde ne doit pas rester sous silence. Non seulement les bâtiments des institutions religieuses ont une valeur patrimoniale, mais les besoins de places d’hébergement de soins de longue durée sont en croissance au Québec. Pour la FSSS–CSN, le gouvernement Legault doit se saisir du dossier et intervenir. « En agissant auprès des communautés religieuses, le gouvernement peut à la fois s’assurer que des soins de qualité continuent de leur être donnés par un personnel qualifié et combler une partie du manque de places en CHSLD », de conclure Lucie Longchamps.

Quand l’État paie moins que le salaire minimum à un groupe de femmes

Les responsables des services de garde (RSG) en milieu familial de la CSN entament une tournée de votes de grève pour protester contre les offres inacceptables du gouvernement qui maintiennent des milliers de femmes en dessous du salaire minimum. Les RSG réunies en conseil sectoriel ont voté à l’unanimité pour recommander un mandat de grève qui sera exercé en fonction du plan de mobilisation national. De façon démocratique, ce sont maintenant tous les syndicats qui voteront sur cette recommandation dans les prochaines semaines.

Voici des explications claires sur le revenu des RSG, probablement les travailleuses les moins bien payées par l’État.

 

« Il n’est pas normal que le gouvernement ne s’assure pas de mieux traiter les 13 000 femmes qui éduquent environ 90 000 enfants chaque jour, sous prétexte que ce sont des travailleuses autonomes et non des salariées. Les normes minimales du travail devraient être un plancher absolu, peu importe le statut des travailleuses », affirme Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec-Chaudières-Appalaches-CSN.

Des offres sous l’inflation

Non seulement les offres pilotées par le Conseil du trésor ne permettent pas de rattraper le salaire minimum, elles ne couvrent même pas l’inflation prévisible avec un maigre 6,5 % de plus sur cinq ans. C’est un appauvrissement ! « Je demande au ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, d’intervenir auprès de son collègue du trésor pour le bien des RSG du Québec et pour s’assurer que les conditions sont en places pour consolider les milieux familiaux régis et subventionnés et pour espérer faire grandir le réseau dans les prochains mois et années », soutient Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN et RSG depuis 26 ans.

Un effritement du réseau de services de garde éducatif du Québec

Si le gouvernement ne fait rien pour convaincre les RSG de rester en poste, une partie des 90 000 places qu’elles offrent chaque jour pourrait très bien disparaître. « Il était déjà difficile pour les femmes du Québec de trouver une place en service de garde éducatif subventionné, ça risque de devenir un stress encore plus grand pour celles qui terminent leur congé de maternité », affirme Karine Morisseau, représentante des RSG à la FSSS-CSN. « Monsieur Dubé, si votre intention est de traiter les RSG de façon équitable, il est grand temps d’envoyer un signal clair à vos négociateurs à la table des RSG. Sinon, la grève est au rendez-vous », conclut Karine Morisseau. Le retour du tarif unique dans les services de garde subventionnés était une bonne nouvelle pour les parents du Québec, ce pourrait bien devenir un mirage pour une majorité d’entre eux si rien n’est fait pour conserver le personnel en place et attirer la relève.

Le gouvernement doit éviter les fermetures de services de garde

Le gouvernement Legault doit tenir compte des analyses réalisées par son propre ministère de la Famille en septembre 2019 et ralentir l’ouverture de classes de maternelle 4 ans tout en ciblant mieux leur déploiement en fonction de chaque réalité régionale.

Les cartes du ministère montrent en effet que plusieurs MRC du Québec sont en surplus de places de services de garde éducatifs et que de nombreuses autres MRC sont à l’équilibre. Ouvrir rapidement des maternelles 4 ans à ces endroits ne serait pas un déploiement « cohérent » avec le réseau de la petite enfance. Or, cette cohérence est prévue dans la Loi 5 adoptée en novembre dernier.

Ouvrir des classes sans tenir compte de cette réalité va accélérer la fermeture de places, notamment dans les milieux familiaux régis et subventionnés. La CSN constate déjà une baisse constante de ces services ces dernières années et la concurrence des maternelles 4 ans dans les MRC qui disposent déjà d’assez de places ne fera qu’empirer ce phénomène.

« Le premier ministre Legault doit exiger que le développement des maternelles 4 ans se fasse en complémentarité réelle avec le réseau de la petite enfance, notamment dans les quartiers défavorisés qui manquent en général de places en CPE et en milieu familial régi et subventionné », demande Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN. Cette dernière craint par ailleurs un recul de la place des femmes sur le marché du travail si on ne fait pas plus attention au réseau de la petite enfance et si l’on peine à maintenir le nombre total de places pour les enfants de 0 à 5 ans.

Valorisation urgente de la profession
« La négociation pour les travailleuses en CPE débutera sous peu. Si le gouvernement envoie un signal semblable à celui qui a été envoyé aux responsables de services de garde juste avant la période des fêtes, soit des augmentations en bas de l’inflation sans aucune perspective de rattrapage salarial pour atteindre l’équité, ce ne sera rien pour aider le réseau », insiste Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN, qui ajoute que le problème de pénurie de main-d’œuvre est déjà criant dans le réseau de la petite enfance. La relève n’est d’ailleurs pas au rendez-vous puisque les inscriptions au Cégep pour devenir éducatrice sont en diminution de plus de 40 %.

« Le personnel en CPE ne suffit plus à la tâche. Nous avons besoin d’air et que l’on reconnaisse notre travail effectué auprès de dizaines de milliers de tout-petits du Québec », confirme Louise Labrie, représentante des CPE à la FSSS-CSN. « Le nombre de responsables de services de garde (RSG) en milieu familial régi et subventionné est en déclin constant et il faut maintenant recruter du personnel dans les garderies en milieu familial privé non subventionné pour tenter de colmater les brèches », précise Karine Morisseau, représentante des RSG à la FSSS-CSN. Cette dernière précise que la conversion de garderies privées en milieu familial régi et subventionné est une bonne chose pour les parents, mais cela sera insuffisant pour éviter un effondrement du nombre total de places si rien n’est fait pour valoriser concrètement le travail des 13 000 RSG du Québec qui s’occupe d’environ 90 000 enfants chaque jour.

Des particularités à Montréal
Montréal est un cas à part en ce qui concerne la possibilité d’intégrer rapidement de nouvelles classes de maternelle 4 ans. « Les écoles débordent déjà à Montréal et plusieurs ont encore besoin d’importantes rénovations. L’ajout de classes pour la maternelle 4 ans n’est vraiment pas la priorité », affirme Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain. Le coût très élevé des nouvelles classes à Montréal n’est pas la meilleure utilisation des fonds publics considérant que cela coûte à peu près la moitié moins cher pour une nouvelle place en CPE et encore beaucoup moins en milieu familial.

Un autre rendez-vous manqué par le Conseil du trésor pour régler les plaintes de maintien de l’équité salariale!

Les fédérations du secteur public de la CSN dont les membres sont touchés par la question du règlement des plaintes de maintien de l’équité salariale ont pu constater l’entêtement du gouvernement de la CAQ de ne pas régler ce dossier. L’enjeu est pourtant fort simple et devrait aller de soi : rémunérer à sa juste valeur le travail ayant déjà été effectué par des femmes et pour lequel elles ont été moins payées que leurs collègues masculins. La Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN), la Fédération des professionnèles (FP-CSN) et la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) déplorent ce manque de vision face à une injustice évidente.

Le Conseil du trésor offre de bafouer le droit au maintien de l’équité salariale

En vertu des nouvelles dispositions de la Loi sur l’équité salariale, adoptée en avril 2019, les syndicats étaient en conciliation depuis plusieurs semaines avec le gouvernement du Québec afin de régler des plaintes de maintien de l’équité salariale. Lors de cette conciliation, qui prenait fin aujourd’hui selon les délais prévus à la loi, le Conseil du trésor a voulu marchander les plaintes de maintien, les unes contre les autres, de même que la date d’application pourtant prévue à la Loi sur l’équité salariale, voulant ainsi priver des milliers de femmes d’ajustements salariaux rétroactifs auxquels elles ont droit et exiger le désistement de certaines plaintes.

« C’est odieux! Plutôt que de montrer l’exemple en matière d’équité salariale, le gouvernement a utilisé tous les détours pour que nos plaintes de maintien ne soient pas traitées avec diligence et éviter de verser la totalité des sommes selon la valeur du travail des femmes à son emploi », affirme Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS-CSN.

« C’est choquant de constater que le Conseil du trésor n’accepte pas de verser un juste salaire aux femmes et qu’il veut faire des économies sur leur dos », ajoute Stéphanie Gratton, vice-présidente de la FEESP-CSN.

Une offre méprisante et discriminatoire pour des milliers de femmes

En décembre dernier, le président du Conseil du trésor se vantait d’être un négociateur créatif et annonçait qu’il voulait sortir le chéquier pour régler les plaintes de maintien de l’équité salariale. Or, contrairement à ce que pouvait laisser entendre Christian Dubé, il ne s’agissait pas d’une offre généreuse, mais plutôt d’une offre globale méprisante pour plusieurs femmes à son emploi.  Il demande à des milliers de femmes de renoncer à leurs plaintes de maintien de l’équité salariale et à d’autres, pour lesquelles il reconnait l’existence d’une discrimination salariale, de renoncer à des sommes rétroactives de manière à abdiquer aux droits pourtant prévus à la Loi sur l’équité salariale.

Les enquêtes se poursuivent devant la CNESST

Voyant que le Conseil du trésor ne démontre aucune volonté de régler les plaintes de maintien et d’éliminer la discrimination salariale, les fédérations du secteur public de la CSN vont demander à la CNESST de poursuivre rapidement les enquêtes et de trancher les plaintes.

« Dans un contexte où nous ne pouvons en arriver à une entente en conciliation, nos membres peuvent compter sur les fédérations du secteur public de la CSN pour mener cette bataille devant la CNESST.  Rien ne sera ménagé pour la reconnaissance de ce droit fondamental à des milliers de femmes du secteur public », conclut Dany Roy, vice-président de la FP-CSN.

Un exercice contesté par les fédérations du secteur public de la CSN

Rappelons qu’en 2010 et 2015, le Conseil du trésor a décidé de procéder seul à un exercice de maintien de l’équité salariale. Pour la très grande majorité des emplois, il était d’avis qu’aucun changement n’avait eu lieu depuis 2001, soit depuis l’exercice de l’équité salariale. Cela a amené les fédérations du secteur public de la CSN à déposer plusieurs plaintes en vertu de la Loi sur l’équité salariale pour des catégories d’emploi dans le réseau de la santé et des services sociaux ainsi que de l’éducation.

Le gouvernement est le plus grand employeur de main-d’œuvre féminine au Québec. Ce qui ne l’empêche pas, malheureusement, de recourir à tous les moyens pour nier le problème de discrimination salariale et de bafouer le droit fondamental de maintien de l’équité salariale des travailleuses qui offrent des services à la population. Évidemment, la porte reste ouverte et si le Conseil du trésor démontre un réel intérêt de régler cette injustice discriminatoire envers les femmes, les fédérations du secteur public de la CSN seront au rendez-vous.

Des offres irrespectueuses qui n’empêcheront pas la fermeture de places

Avec des offres de la profession de responsable de services de garde (RSG) en milieu familial régi et subventionné, le gouvernement n’empêchera pas la vague de fermetures qui s’abat sur le Québec depuis des mois.

Après neuf mois de négociation, les premières offres monétaires autorisées par le Conseil du Trésor proposent une hausse de la subvention de seulement 6,5 % sur 5 ans, soit moins que ce que les employé-es du secteur public ont reçu récemment et beaucoup moins que l’inflation. Les RSG de la CSN demandaient notamment l’équité avec l’emploi comparateur, le ministère de la Famille offre seulement une journée par année de compensation pour les activités pédagogiques. Il n’y a rien d’offert sur les cinq congés annuels de conciliation famille-travail qui étaient demandés. Ces journées n’auraient pas entraîné de jours de fermeture pour les parents. De plus, le gouvernement veut couper 1 M$ sur les 2 M$ qui sont consacrés à la formation chaque année. C’est inacceptable !

La CSN demande de son côté une rémunération de la RSG équivalente à l’emploi comparateur à celui de RSG, soit l’éducatrice en CPE non formée de premier échelon. Cela signifierait une hausse de la subvention annuelle de 18 000 $, une juste reconnaissance des 55 heures par semaine que consacre la RSG aux enfants de 0 à 5 ans sous sa responsabilité. La subvention actuelle, moins les différents frais que doit assumer la RSG, lui procure un revenu avant impôt de seulement 27 270 $ en moyenne pour environ 55 heures, soit moins que le salaire minimum !

« Nous trouvons par ailleurs aberrant que les RSG soient exclues de toute protection contre le harcèlement psychologique ou que certains bureaux coordonnateurs refusent de mettre en place des comités de relations professionnelles. Le respect ne se limite pas à un revenu décent. Le gouvernement doit le comprendre s’il veut pouvoir continuer à assurer un service de qualité aux familles du Québec », ajoute Lucie Longchamps vice-présidente de la FSSS-CSN.

Risque d’effondrement de service pour les parents

« Les parents pourraient bientôt en payer le prix, quand le nombre de places disponibles en services de garde éducatifs deviendra nettement insuffisant pour toutes les mères qui veulent retourner sur le marché du travail », affirme Karine Morisseau, responsable des RSG à la FSSS-CSN. Rappelons qu’un récent sondage auprès de 2700 travailleuses dans le secteur des services de garde éducatifs a démontré que 74 % des responsables de garde en milieu familial régi et subventionné avaient constaté des fermetures de collègues dans leur environnement en octobre dernier. Et la tendance se poursuit chaque mois.

La FSSS-CSN soutient la volonté de la commission d’agir rapidement

Appliquer les recommandations préliminaires : le premier test gouvernemental
Dans ses recommandations préliminaires, la Commission vise à renforcer des programmes existants en misant davantage sur la prévention et les services de première ligne. « C’est une sage décision de la commission, selon Jeff Begley, président de la FSSS-CSN. Comme la présidente de la commission l’a noté lors de sa conférence de presse, le Québec a déjà été un exemple à suivre en matière de prévention. Malheureusement, les coupes des dernières années et la création des CISSS et des CIUSSS a mis à mal notre expertise en prévention et a atteint les services offerts aux jeunes vulnérables ».

Pour la FSSS-CSN, la vision globale adoptée par la commission est la voie à suivre si Québec veut agir le plus tôt possible dans la vie des enfants. C’est le cas de la déclaration de grossesse obligatoire, où nous devrons par contre avoir en place les ressources nécessaires pour faire un suivi rapide, une fois la déclaration acheminée au CLSC. Il en va de même pour les recommandations qui visent à utiliser les services de garde éducatifs comme les CPE ainsi que ceux des organismes communautaires. Miser sur la prévention dès la naissance et pendant les premières années si importantes au développement de l’enfance est un passage obligé. Une meilleure utilisation de programme des services intégrés en périnatalité et petite enfance pour les familles vulnérables est un complément essentiel à ces recommandations. Finalement, la recommandation de mieux soutenir le passage à la vie adulte dès l’âge de 16 ans est une voie à suivre.

« Nous incitons fortement les ministres Carmant et McCann de tout faire pour mettre en application ces recommandations. Leur réaction sera le premier test du gouvernement. S’il veut vraiment agir sur la question des jeunes vulnérables, il doit permettre aux intervenant-es de venir parler à la commission et appliquer ces premières recommandations. Nous suivrons de près la suite des travaux cet hiver et nous avons l’intention de participer activement », poursuit Jeff Begley.

Aller plus loin pour régler le problème de fond
Selon la FSSS-CSN, il faudra être en mesure d’aller encore plus loin pour régler les problèmes des DPJ. La FSSS-CSN a récemment sondé le personnel du réseau sur l’offre de services sociaux et c’est 82% des répondant-es qui indiquent que les services sociaux ont écopés de la réforme Barrette.

Outre les recommandations visant à améliorer les services existants, la FSSS attire l’attention sur deux solutions incontournables pour améliorer la situation :

  1. Mettre fin au manque à gagner cumulatif des centres jeunesse depuis 2013-2014 de plus de 300 millions de dollars ;
  2. Revoir l’organisation du réseau pour miser sur une gestion décentralisée dédiée à la mission jeunesse et une meilleure complémentarité des services.

« Je comprends que la commission ne se soit pas concentrée sur l’organisation du réseau dans ses recommandations préliminaires. Mais la création des CISSS et CIUSSS est pointée du doigt par tout le monde à raison et il faudra faire quelque chose plus tôt que tard. Noyer la mission jeunesse dans des méga-établissements n’a rien entraîné de bon pour les jeunes vulnérables. Il ne sert à rien de poursuivre l’expérience plus longtemps », de conclure Jeff Begley.

À propos de la FSSS-CSN
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) compte plus de 110 000 membres dans les secteurs publics et privés. La FSSS est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux et dans les services de garde. La FSSS-CSN agit en faveur d’une société plus équitable, plus démocratique et plus solidaire.

Les organisations syndicales du secteur de la santé et des services sociaux sonnent l’alarme

L’ensemble des organisations syndicales en santé et services sociaux somment le gouvernement Legault de déclarer prioritaire le secteur de la santé et des services sociaux en raison de l’augmentation fulgurante du nombre d’accidents et de lésions professionnelles chez les employés.

Le Comité national intersyndical de prévention en santé et sécurité, composé de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), la Fédération des professionnèles (FP-CSN), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ) et le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ), déplore que le secteur de la santé et des services sociaux, qui ne représente que 9,8 % des établissements québécois, accapare tristement 18 % des accidents et des lésions professionnelles au Québec.

Des chiffres alarmants

  • Hausse importante des coûts pour les troubles musculosquelettiques (+ 36 %), les chutes (+ 45 %) et les actes violents (+ 82 %), au cours des deux dernières années.
  • Hausse de 34 % des heures d’absence en santé et sécurité du travail pour l’ensemble des établissements publics, passant de 3,3 à 4,4 millions d’heures de 2014 à 2018, soit l’équivalent de 2 400 personnes à temps complet.
  • 24,5 millions d’heures en assurance salaire pour l’ensem  ble des établissements publics en 2017-2018, un bond de 27,7 % en deux ans, soit l’équivalent de 13 250 postes à temps plein.
  • Près de 39 % des dossiers en assurance salaire en 2017-2018 impliquaient un diagnostic de santé mentale.

La CNESST et le MSSS dans la mire
Face à cette situation inquiétante, les organisations syndicales soutiennent que l’inaction de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) en matière de prévention ne peut plus durer.

Ainsi, les présidences des sept organisations sont unanimes à demander au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, dans le cadre de la révision de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, de s’assurer que tous les mécanismes de prévention et de surveillance qui existent actuellement et qui sont déployés dans les secteurs prioritaires le soient aussi dans le secteur de la santé et des services sociaux. Elles réclament notamment que la prévention en matière de santé psychologique et de violence soit une priorité absolue.

« Toute application partielle de ces mécanismes ou leur non-déploiement dans le secteur serait inacceptable. Nous demandons donc au ministre du Travail de prendre les moyens qu’il faut pour que la CNESST joue pleinement son rôle et qu’elle soit dotée des ressources et des pouvoirs nécessaires pour contrôler l’efficacité des mesures de prévention prises par les établissements », insistent les présidences.

Les organisations syndicales se disent également renversées du fait que le MSSS et ses établissements, qui agissent à titre d’employeurs, ne prennent pas leurs responsabilités pour garantir la santé et la sécurité du personnel, dans un contexte où le réseau a grandement besoin de toutes ses ressources.

Intervention rapide exigée
En terminant, les membres du Comité national intersyndical de prévention en santé et sécurité appellent le gouvernement du Québec, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, la ministre de la Santé et des Services sociaux et les dirigeants de la CNESST à assumer leurs responsabilités et à intervenir à la hauteur que commande la crise actuelle dans les établissements de santé et de services sociaux du Québec. « Il faut implanter sans tarder l’intégralité des mécanismes de prévention dans le secteur de la santé et des services sociaux », pressent les présidences des organisations syndicales.

Citations :
« Il ne se passe pas un jour sans qu’une ou un salarié ne subisse un acte de violence, physique ou psychologique, dû à la nature de son travail dans le réseau de la santé et des services sociaux. C’est près de 16 000 personnes à temps plein dont on se prive collectivement. Il faut que la CNESST intervienne pour assurer la sécurité et la santé, tant physiques que psychologiques, du personnel. Et les ministres de la Santé et des Services sociaux ainsi que du Travail doivent prendre aussi leurs responsabilités dans le dossier. » – Andrée Poirier, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

« Nous déplorons l’absence de volonté généralisée des directions d’établissements d’identifier et de reconnaître réellement les risques et les pratiques malsaines pour la santé et la sécurité du personnel et d’apporter de véritables correctifs; la situation vécue à l’unité psychiatrique de la Cité de la santé de Laval est un cas patent. » – Claire Montour, présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ)

« Le ministère et les établissements ne jouent pas leur rôle. La CNESST doit donc se mettre au travail dès maintenant et prendre tous les moyens nécessaires pour contrôler l’organisation et l’efficacité de la prévention dans le réseau. La CNESST doit pleinement exercer son mandat. Ça prend une surveillance externe, systématique, pour s’assurer que ça fonctionne et pour intervenir si ça ne fonctionne pas. On sait quoi faire pour régler la crise, pour assainir les milieux de travail, et la CNESST doit s’assurer que ça se mette en place dans tout le réseau. » – Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)

« La CNESST n’a toujours pas mis la santé psychologique dans ses priorités d’intervention. À chaque fois qu’un de nos syndicats est interpellé par ses membres pour investiguer et documenter les problématiques vécues par l’équipe, les résultats démontrent un niveau de détresse psychologique élevé dont les facteurs proviennent du milieu de travail. Il est excessivement difficile actuellement pour une personne salariée de se voir reconnaître la santé psychologique comme une lésion professionnelle. C’est pour ça que les gens se retrouvent en assurance salaire. » – Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN)

« Près des trois quarts des travailleuses et des travailleurs du Québec, dont les professionnelles en soins, ne sont toujours pas couverts par les quatre mécanismes de prévention prévus dans la loi. Ça fait 40 ans qu’on attend! La situation actuelle est intenable et constitue, pour nos professionnelles en soins, une iniquité de traitement. L’immobilisme de la CNESST depuis les 40 dernières années est incompréhensible. Pendant ce temps, c’est tout le réseau de la santé qui souffre! Le ministre du Travail doit intervenir, maintenant. » – Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

« De trop nombreux travailleurs et travailleuses du réseau de la santé et des services sociaux subissent les conséquences sur leur santé de l’absence de volonté politique tant du MSSS que de la CNESST. L’absence de véritable leadership en matière de prévention en santé et en sécurité du travail de la CNESST et l’inaction de nos élus politiques maintiennent des lacunes qui perdurent au regard de la modernisation de la réglementation et ont mené à la crise qui sévit actuellement. Nous exigeons que les risques et dangers pour la santé, la sécurité et l’intégrité physique des travailleurs soient éliminés à la source dans nos milieux de soins et de travail comme le préconise la Loi sur la santé et la sécurité du travail. » – Frédéric Brisson, président CPAS SCFP-FTQ

« Comment voulez-vous que des gens malades soignent et prennent soin du monde? Les instances gouvernementales doivent prendre leurs responsabilités et agir rapidement en prévention pour que cesse l’hécatombe. Il est terminé le temps de souhaiter un prompt rétablissement au personnel du réseau de la santé et des services sociaux : c’est l’heure de guérir ce réseau des maux qui l’accablent. » – Sylvie Nelson, présidente du Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ)

Près du quart du personnel veut quitter les services de garde d’ici deux ans !

Un récent sondage montre que l’ajout des maternelles 4 ans partout au Québec risque d’être la claque de trop qui va déstabiliser un réseau de services de garde éducatifs déjà amoché par des années d’austérité. Diverses réponses à notre sondage montrent également que l’offre de ce service indispensable pourrait chuter dans les prochaines années et créer un grave problème pour les parents du Québec.

Plus de 2700 personnes provenant du secteur des services de garde éducatifs ont répondu à ce sondage interne qui visait à évaluer les problèmes actuels liés au manque de personnel et ceux qui sont à prévoir si rien n’est fait pour stabiliser ce réseau et prouver qu’il demeure, pour le gouvernement, la pierre angulaire des services à la petite enfance.

Voici quelques résultats inquiétants pour la pérennité de ce service incontournable :

  • 23 % disent qu’elles pensent prendre leur retraite ou quitter la profession d’ici deux ans.
  • 44 % affirment que le débat sur les maternelles 4 ans affecte leur moral.
  • 90 % des répondantes affirment que leur CPE éprouve de la difficulté à recruter des éducatrices avec une formation collégiale.
  • 27 % indiquent que des postes sont actuellement vacants dans leur CPE.
  • 72 % des RSG en milieu familial régi et subventionné affirment que la pénurie de remplaçantes les affecte personnellement.
  • 74 % des responsables de garde en milieu familial régi et subventionné constatent des fermetures de collègues dans leur environnement.

« Le personnel des services de garde éducatif est à bout. Il manque de relève et il risque d’en manquer encore plus dans les prochaines années. Le gouvernement doit prendre au sérieux le risque d’une pénurie de personnel dans le secteur », soutient Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN.

« La mise en place du réseau de services de garde pour la petite enfance a été une avancée sociale pour le Québec, particulièrement pour les femmes. Le manque de considération pour ce réseau est cependant en train d’éroder les bases sur lesquelles il reposait, soit le personnel qualifié en nombre suffisant », estime Louise Labrie, représentante du secteur CPE à la FSSS-CSN.

Climat peu invitant
Le débat sur la maternelle 4 ans, qui risque d’ébranler les CPE et les milieux familiaux régis et subventionnés, ne fera rien pour attirer plus de jeunes à s’inscrire dans ce programme. « À force de négliger le réseau de la petite enfance, le gouvernement risque d’avoir bien du mal à maintenir le nombre de places actuel, alors qu’il admet lui-même qu’il faudrait augmenter l’offre », ajoute Karine Morisseau, représentante du secteur RSG à la FSSS-CSN.

Bien que la CSN salue le retour du tarif unique dans les services de garde subventionnés, le ministre de la Famille et le premier ministre doivent prendre d’autres mesures afin de rassurer les parents, le personnel et les futures étudiantes. Il faut consolider les CPE et les responsables des services de garde éducatifs à l’enfance.

Chute des inscriptions dans les cégeps
La baisse significative des inscriptions en Technique d’éducation à l’enfance (TEE) risque de compliquer encore plus le renouvellement des ressources humaines. Au SRAM (région de Montréal), on constate que le nombre d’inscriptions dans ce programme est passé de 1334 en 2012 à seulement 946 en 2019, et ce, malgré que le nombre de cégeps qui offre cette option est passé de 15 à 19. Une baisse de près de 30 % ! Les cégeps des autres régions constatent aussi des diminutions importantes des inscriptions en TEE.

Pour réaliser les maisons des aîné-es, il faut d’abord investir dans le personnel

Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), il faut d’urgence investir pour améliorer les conditions de travail et salariales du personnel du réseau si nous voulons réaliser le projet de maison des aîné-es.

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a donné plus de détails hier sur la vision gouvernementale du projet de maison des aîné-es. Si la FSSS-CSN réclame depuis longtemps une amélioration des conditions de vie des usagères et usagers des CHSLD, elle s’inquiète néanmoins de la qualité des soins qui pourra être prodiguée dans ces maisons si le gouvernement ne s’attaque pas d’urgence aux problèmes vécus par le personnel du réseau. Après le sous-financement dans le réseau dans les dernières années, l’annonce de ces investissements est bienvenue. Mais pour la FSSS-CSN, le gouvernement doit s’assurer d’investir dans les infrastructures et dans le personnel.

De plus, ce projet doit être complété d’un plan rigoureux et sérieux de prise en charge des pertes d’autonomies liées au vieillissement, ce qui passera nécessairement par le développement de beaucoup plus de places d’hébergement que ce qui est actuellement prévu, mais surtout par le développement massif des soins à domicile.

Dans une étude dévoilée récemment, la FSSS-CSN indiquait que 74 % des préposé-es aux bénéficiaires (contre 18 % des autres salarié-es québécois) vivent une détresse psychologique élevée alors que le réseau de la santé et des services sociaux traverse une crise inégalée. Cela n’est certainement pas étranger aux effets négatifs de la réforme Barrette sur le quotidien du personnel et au manque à gagner des établissements du réseau qui se chiffre maintenant à 9 milliards depuis 2013-2014.

« Le projet de maison des aîné-es commence à se dessiner. Si par ce projet le gouvernement veut miser sur le réseau public pour donner de meilleurs soins aux aîné-es et aux personnes handicapées, tant mieux. Mais la question qui se pose, c’est comment va-t-on trouver du personnel pour travailler dans ces maisons ? Dans les conditions actuelles et avec la crise de surcharge qui se poursuit, ça ne sera pas facile. Et malheureusement, force est de constater que le gouvernement n’a pas annoncé bien des mesures concrètes pour améliorer les conditions de travail et salariales du personnel du réseau jusqu’à maintenant. C’est pourtant le passage obligé pour parvenir à réaliser tout projet d’envergure dans le réseau », explique Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

À propos de la FSSS-CSN
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) compte plus de 110 000 membres dans les secteurs publics et privés. La FSSS est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux et dans les services de garde. La FSSS-CSN agit en faveur d’une société plus équitable, plus démocratique et plus solidaire.

Les assistant-es techniques seniors en pharmacie (ATSP) subissent la crise du réseau

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) dévoile les résultats d’une vaste enquête sur les conditions de travail des assistant-es techniques seniors en pharmacie. Cette étude illustre l’ampleur de la crise qui touche l’ensemble du personnel du réseau, alors que 88 % des répondantes indiquent être constamment pressées par le temps à cause d’une forte charge de travail.

Les assistant-es techniques seniors en pharmacie (ATSP) et les assistant-es techniques en pharmacie (ATP) ont la responsabilité de préparer les médicaments dans les établissements du réseau. S’agissant d’un secteur en constante évolution, elles doivent s’adapter en plus de se voir confier de plus en plus de responsabilités.

La FSSS-CSN les a consultés à l’aide d’un sondage électronique, mené du 16 avril au 1er juillet 2019. Ce sont 987 ATSP et ATP œuvrant dans le réseau public de santé et de services sociaux qui y ont répondu, soit environ 40 % des ATSP et ATP à l’emploi du réseau.

Une surcharge de travail croissante pour les ATSP et ATP
Ce qui ressort principalement des résultats de l’étude de la FSSS-CSN, c’est le fait que les ATSP et ATP subissent une surcharge de travail de plus en plus importante.

Les résultats l’illustrent : 

  • 97 % des répondantes notent que leur travail est plus exigeant avec le temps.Les causes de la surcharge de travail sont :
    • Le manque de personnel (82 % des répondantes),
    • L’augmentation du nombre de patients (60 %),
    • Les changements dans la structure (53 %).
  • 74 % ont fait du temps supplémentaire dans les 6 derniers mois.
  • 79 % soulignent qu’elles se sont rendues au travail alors qu’elles auraient dû rester à la maison pour cause de maladie dans les 12 derniers mois (contre 56 % pour les salarié-es québécois).
  • 61 % ont le sentiment que leur travail n’est pas accompli selon les règles de l’art et cela les perturbe.
  • 97 % indiquent qu’il arrive que des collègues absents ne soient pas remplacés.

« Les compressions budgétaires successives et une réforme qui a désorganisé le réseau ont eu pour effet d’accentuer la charge de travail et de freiner l’offre de services des pharmacies des établissements du réseau aux patient-es », explique Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

Une surcharge qui touche les services à la population
Cette surcharge de travail constante ne peut faire autrement que d’entraîner des conséquences négatives pour la population, comme en témoignent les résultats du sondage :

  • Augmentation des situations à risque (erreur de médicaments, erreur de transcription, etc.) (87 % des répondantes)
  • Compromis sur la qualité du travail (64 %)
  • Des délais dans la réponse aux demandes des pharmaciens et/ou des médecins (50 %)

« Le poids que les assistant-es techniques seniors en pharmacie ont sur les épaules se transfère sur les services à la population. Quand la pharmacie d’un hôpital ne parvient pas à répondre aux demandes, les patient-es attendent plus longtemps et le risque d’erreur grimpe », lance Marie-Line Séguin, assistante technique en pharmacie et vice-présidente régionale de la FSSS-CSN.

Des solutions pour améliorer le quotidien des ATSP et ATP
L’analyse de la FSSS-CSN a permis de recueillir les solutions des ATSP et ATP pour améliorer leur quotidien au travail et les services à la population. Selon elles, il faut agir en priorité sur :

  • L’embauche de personnel (74 % des répondantes)
  • La réduction de la charge de travail (64 %)
  • Des augmentations salariales (98 % jugent que leur salaire est insuffisant)
  • Une accentuation de la formation continue (88 %)
  • La possibilité de participer aux décisions qui ont un impact sur leur travail (62 %)
  • Une meilleure gestion (60 %)
  • Des mesures de conciliation travail-famille-études (53 %)

« Le gouvernement Legault donne l’impression de ne se soucier que de certains titres d’emploi dans le réseau. Si on veut mettre fin à la crise du réseau, il faut agir en profondeur et avec une vision d’ensemble. La parole des assistant-es techniques en pharmacie est claire : il est temps d’appliquer des mesures pour améliorer les conditions de travail et salariales et régler dès maintenant les plaintes de maintien de l’équité salariale actuellement en discussion avec le Conseil du trésor afin d’éliminer la discrimination salariale qui perdure pour ces travailleuses depuis 2010 », de conclure Jeff Begley.

À propos de la FSSS-CSN
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) compte plus de 110 000 membres dans les secteurs publics et privés. La FSSS est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux et dans les services de garde. La FSSS-CSN agit en faveur d’une société plus équitable, plus démocratique et plus solidaire.

La Garderie éducative Tam-Tam de Deux-Montagnes ne respecte pas les lois et règlements

Malgré une multitude d’interventions auprès de l’employeur, de décisions du Tribunal administratif du travail, de plaintes auprès du ministère de la Famille, la direction et les propriétaires de la Garderie éducative Tam-Tam continue de bafouer les droits des travailleuses et de ne pas respecter les lois et règlements. Pour le syndicat, après deux ans de tentatives, c’en est assez.

La garderie ne se conforme pas aux normes du travail et ne respecte pas les décisions du Tribunal
« Depuis que les travailleuses se sont syndiquées, nous avons, à maintes reprises, tenté de faire respecter le minimum reconnu par les lois, et ce, sans succès. Il est inacceptable d’être obligés de se rendre devant les tribunaux afin d’obtenir, d’un arbitre, une décision afin que les travailleuses reçoivent un relevé de paie! Faut-il rappeler que ceci est prévu aux normes du travail? » dénonce Danielle Deschatelets, présidente du Syndicat des travailleuses en CPE région Laurentides (CSN).

Depuis des mois, la direction prélève les cotisations syndicales sur la paie de chaque employée, mais ne les remet pas au syndicat, s’appropriant ainsi des sommes d’argent ne lui appartenant pas. À ce jour, malgré promesses et ordonnances des tribunaux, la garderie détient toujours l’argent, invoquant toutes sortes de raisons. Qu’est-ce que la Garderie Tam-Tam n’est pas en mesure de faire que toutes les autres garderies font? Quelle peut être la réponse à cette question si ce n’est que de se demander si la direction ne fait pas preuve de malhonnêteté? Nous pouvons certainement conclure que la direction est indifférente au respect des lois et règlements. Ajoutons qu’elle fait également la même chose, périodiquement, avec les cotisations des travailleuses au fonds de pension du réseau des services de garde régis, omettant ainsi de verser les sommes dues au régime. Les travailleuses subissent constamment des représailles de la part des représentantes de l’employeur, mais les travailleuses ont peur de porter plainte craignant que les choses dégénèrent.

Le Ministère sera interpellé
Le comportement irresponsable et négligeant de la direction se traduit aussi par le non-respect des ratios et autres règlements qui existent pour assurer un service de garde de qualité et assurer la sécurité des enfants. Pour sa part, Lucie Longchamps, vice-présidente responsable du secteur privé de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) mentionne « Depuis des années, des plaintes sont déposées au ministère sans que rien n’y fasse. Nous allons interpeller directement le ministre Lacombe pour que cessent les manquements, notamment le non-respect des ratios. »

Chantal Maillé, présidente du Conseil central des Laurentides–CSN, précise « La garderie Tam-Tam est un service de garde subventionné par l’État. Elle ne peut se soustraire délibérément ou même involontairement, à répétition, à ses obligations. L’appel au gros bon sens, les recours juridiques sur plusieurs dossiers, l’arbitrage, la médiation, tout a été essayé. Nous appuierons le syndicat et les travailleuses pour qu’une fois pour toutes, la Garderie Tam-Tam se conforme. »

En conclusion, le syndicat ne cédera pas et défendra les travailleuses qui subissent constamment des représailles; il les remercie, d’ailleurs, de veiller à donner le meilleur aux enfants malgré les conditions de travail déplorables.

À propos
Le Syndicat des travailleuses en CPE région Laurentides (CSN) représente près de 1000 travailleuses dans la région des Laurentides. Il est affilié à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) qui regroupe plus de 110 000 membres dans les secteurs publics et privés et, sur une base régionale, au Conseil central des Laurentides (CSN).

Une victoire pour les paramédics et la population

La CSN tient à saluer l’annonce du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) concernant un investissement de 10,6 M$ pour une bonification de la couverture ambulancière.

« Nous réclamons ces investissements depuis des années, et plus particulièrement depuis la fin de notre dernière négociation en 2017. Le déploiement des heures de service supplémentaires et l’ajout des ambulances étaient grandement attendus », a souligné Jean Gagnon, paramédic et représentant du secteur préhospitalier. « La CSN se bat depuis longtemps pour ramener les délais de réponse à un niveau acceptable. Ces investissements permettront non seulement aux paramédics de souffler un peu, mais surtout à la population de recevoir les services adéquats », de rajouter Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN.

« L’une des grandes victoires de cette annonce est la conversion des horaires de faction en horaire à l’heure, notamment pour les secteurs de Farnham et de La Malbaie », a déclaré Jeff Begley, président de la FSSS-CSN. Après avoir fait pression sur le gouvernement pendant plusieurs mois afin qu’ils respectent leurs engagements, nous sommes soulagés de pouvoir enfin réduire la charge de travail des paramédics. »

Si ces investissements sont une grande victoire pour les régions concernées, plusieurs zones qui respectent les seuils et les déclencheurs établis par le MSSS pour l’ajout de véhicules à l’heure et la transformation d’horaires de faction en horaires à l’heure sont toujours en attente. Les zones de Cabano, de La Tuque, et de l’Abitibi-Témiscamingue attendent la transformation des horaires de faction en horaires à l’heure, tandis que Sainte-Agathe, Labelle, Sherbrooke et Québec requièrent des ajouts d’heures de service. À Montréal seulement, ce sont 77 641 heures de service supplémentaires qui ont été annoncées en 2017 et qui ne sont toujours pas sur la route.

En terminant, M. Gagnon a tenu à mettre en garde le gouvernement. « Le ministère devra cependant nous accompagner pour pallier la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur. Avec de tels montants qui amèneront la création de nouveaux postes, il s’agira certainement d’un défi de réussir à les combler. »

Le réseau est dans le trou en ce qui a trait au financement des soins de santé mentale

Alors que l’on souligne aujourd’hui la journée mondiale de la santé mentale, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) dénonce le fait que le réseau n’a pas les montants nécessaires pour répondre aux besoins grandissants de la population.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les établissements du réseau de la santé et des services sociaux subissent un manque à gagner majeur pour parvenir à donner les services de santé mentale. La FSSS-CSN a calculé ce manque à gagner cumulatif depuis 2013-2014.

  • Pour la mission de la santé mentale, le manque à gagner est de 322 millions de dollars.
  • Pour la mission de la déficience intellectuelle, le manque à gagner est de 449 millions de dollars.

La FSSS-CSN évalue que la mission de la santé mentale subit plus de 101 millions de dollars de coupes budgétaires pour l’année en cours. Ce montant est de plus de 156 millions de dollars pour la mission de la déficience intellectuelle.

« Tout au long de la journée, nous verrons plusieurs acteurs de la société parler de l’urgence d’agir en santé mentale. Malheureusement, un des acteurs majeurs pour aider la population est dans le trou. Le réseau de la santé et des services sociaux accuse un manque à gagner qui se creuse année après année. Si on ne veut pas continuer d’échapper des gens qui ont besoin d’aide, le gouvernement doit utiliser une part des surplus qu’il a en poche pour redresser la situation », explique Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

Il faut avant tout avoir les moyens de donner des soins de qualité

Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), le projet de loi 43 déposé par la ministre McCann n’atteindra pas sa cible tant et aussi longtemps que le gouvernement n’aura pas mis fin à la crise de surcharge de travail dans le réseau.

Le projet de loi 43 vise à donner plus de responsabilités aux infirmières praticiennes spécialisées, notamment pour le suivi de maladies courantes, pour déterminer des traitements médicaux et pour le suivi de certaines grossesses. Si ce projet de loi a le mérite de mieux reconnaître les compétences des professionnel-les en soins, la FSSS-CSN s’inquiète du contexte dans lequel il apparaît. Depuis des mois, les professionnel-les en soins et l’ensemble du personnel du réseau dénoncent la surcharge de travail permanente qu’elles subissent, notamment pour ce qui est du temps supplémentaire obligatoire (TSO).

Effacer le manque à gagner des établissements du réseau pour donner les moyens au personnel de soigner

Lors du dépôt du premier budget du gouvernement Legault, la FSSS-CSN avait démontré que l’austérité des dernières années portait le manque à gagner pour les établissements du réseau à plus de 9 milliards de dollars depuis 2013-2014. Ces investissements manquants sont ce qui nuit le plus à l’autonomie professionnelle et qui nourrit la crise de surcharge de travail permanente. À cet effet, la FSSS-CSN demande au gouvernement Legault de revoir sa prévision de retour à l’austérité dès l’année prochaine.

« Les compressions des dernières années ont mis à mal les conditions de travail. Les professionnel-les en soins vivent une réelle détresse actuellement dans le réseau. Reconnaître davantage l’autonomie des IPS, c’est bien. Mais on ne parviendra pas à changer le visage du réseau et à régler la crise sans s’attaquer à la source des maux. Et ça, c’est le fait que les investissements ne sont pas au rendez-vous pour permettre au personnel de souffler », lance Félix-Olivier Bonneville, infirmier et représentant des professionnel-les en soins à la FSSS-CSN.

Un manque à gagner de 379 millions qui pèse lourd sur les centres jeunesse

Les DPJ présenteront aujourd’hui leur bilan annuel. Après le drame de Granby, les centres jeunesse doivent avoir les moyens nécessaires pour s’assurer qu’on ne revive plus jamais une telle tragédie.

Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), les événements des derniers mois illustrent l’urgence de mettre fin au manque à gagner de 379 millions de dollars accumulés depuis 2013-2014 dans les centres jeunesse. La FSSS–CSN évalue que les centres jeunesse subissent plus de 120 millions de dollars de coupes budgétaires pour l’année en cours.

Le rapport des DPJ présente une hausse des signalements de 10 % par rapport à l’an dernier. Cette hausse est constante depuis plusieurs années et témoignent de l’importance de réinvestir dans les centres jeunesse pour répondre aux demandes grandissantes.

Un 40e anniversaire qui doit mener à une prise de conscience pour le bien des jeunes vulnérables

Nous soulignons cette année les 40 ans de la Loi sur la protection de la jeunesse. Cet anniversaire est assombri par le drame de Granby et par la surcharge de travail constante du personnel des centres jeunesse. La mission jeunesse a de plus été frappée par la centralisation à outrance de la réforme Barrette qui a laissé en pan l’ensemble des services sociaux. Si la commission Laurent a pour mandat de faire la lumière sur les problèmes des centres jeunesse, la FSSS–CSN veut s’assurer que le gouvernement Legault mettra en application les recommandations et donnera les moyens aux centres jeunesse de remplir pleinement leur mission pour les jeunes vulnérables.

« Le premier ministre Legault a dit dernièrement que les surplus sont pour les Québécois. Il faut espérer qu’il pense aussi aux jeunes vulnérables et à celles et ceux qui en prennent soin chaque jour. Les intervenantes des centres jeunesse ont été patients et ont laissé le gouvernement entrer en fonction. Mais là, ils s’attendent à des changements pour leur donner ce qu’il faut pour épauler des jeunes qui en ont tellement besoin », explique Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

Investir dans le public pour améliorer les soins

Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), la ministre McCann doit indiquer dès maintenant que les investissements en soutien à domicile du dernier budget seront injectés dans le réseau public pour épauler le personnel surchargé et améliorer les soins aux personnes en perte d’autonomie.

L’annonce gouvernementale de ce matin a permis de mieux comprendre où la ministre McCann entend investir les 280 millions de dollars prévus au dernier budget. La FSSS-CSN constate que cette annonce n’est pas pour l’injection de nouvelles sommes dans les soins à domicile, mais bien seulement pour préciser l’annonce du dernier budget. Pourtant, la situation des derniers mois indique l’urgence d’investir davantage pour améliorer les services aux personnes en perte d’autonomie, aussi bien les soins à domicile que ceux offerts en hébergement public.

Une table ministérielle sur les services aux personnes en perte d’autonomie pour mettre fin à la crise

La FSSS-CSN demande au gouvernement de mettre en place une table gouvernementale pour s’assurer que les sommes aident à mettre fin à la crise du réseau. Une étude que nous avons dévoilée récemment démontre la dégradation des soins à domicile dans le secteur public. C’est plus de 82 % des auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS) qui ont vu leur charge de travail s’alourdir depuis le 1er avril 2015.

« Pour les personnes qui reçoivent des soins à domicile, la formule la plus efficace est lorsqu’il y a une équipe qui travaille ensemble pour assurer la cohérence et la qualité des soins. Dans l’annonce du budget au mois de mars et confirmée aujourd’hui, il y a moins de 30 % du budget qui va aller aux équipes multidisciplinaires des CLSC. Nous pensons qu’on va gaspiller une opportunité d’améliorer de façon significative la situation si on ne fait pas plus. Il est encore temps de changer de cap et de mettre toutes les énergies dans notre réseau qui en a tellement besoin », lance Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.