Devant le manque de sérieux qui pourrait être assimilable à de la mauvaise foi de la partie patronale dans l’obtention d’une première convention collective entre la ville de Bonaventure et ses employé-es municipaux, le Syndicat fait appel aux citoyennes et citoyens. Le Syndicat des travailleuses et travailleurs de la municipalité de Bonaventure–CSN est accrédité depuis le 19 avril 2019. Le 21 mai 2020, les demandes syndicales furent déposées. Force est de constater que la négociation d’une première convention collective n’est, en aucun temps, une priorité pour la Ville.
Le 3 septembre 2020, les membres ont adopté, en assemblée générale spéciale, les moyens de pression allant jusqu’à la grève. Ceci était pour donner suite au refus du maire de soumettre des dates de négociation. Quelques actions de mobilisation, notamment une manifestation devant le Centre récréatif Desjardins, une parade des membres sillonnant les rues de la municipalité ainsi qu’une présence à une séance ordinaire du conseil municipal ont finalement fait bouger l’employeur. À la suite de ces actions, les parties ont débuté la négociation.
Devant l’impossibilité de négocier, les parties ont dû faire appel à un médiateur nommé par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale du Québec. Ce dernier, qui doit amener l’employeur (la Ville) et le Syndicat à s’entendre sur une première convention collective, est arrivé le 13 janvier dernier. Le médiateur a 60 jours suivant sa nomination pour amener les parties à s’entendre. Le ministre responsable de l’application du Code du travail peut, une seule fois, et à la demande conjointe des parties ou du médiateur, prolonger la période de médiation d’au plus 60 jours. Après trois rencontres avec le médiateur, il n’y a eu aucune avancée. L’employeur continue à faire preuve de je-m’en-foutisme et d’amateurisme.
« Je dois avouer que l’attitude et le mépris du maire à la table de négociation nous affectent terriblement. C’est un total manque de respect. Cette attitude nous conforte dans notre décision de nous syndiquer et de joindre les rangs de la CSN. Je n’ose pas imaginer les discussions, les relations de travail ainsi qu’un contrat de travail interne et imposé par monsieur Audet, lui qui disait accueillir positivement la syndicalisation de ses employé-es et qui ne voyait pas de problème sur le plan de la négociation. La condescendance de Roch Audet et son refus de négocier nous consternent. S’il restait au moins trois à quatre points centraux où il n’y a pas d’entente, nous comprendrions, mais là, il n’y a rien de réglé », a dénoncé Benoît Galibois, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la municipalité de Bonaventure–CSN.
Celui-ci ajoute que la partie patronale ne veut pas négocier. « Sur 27 journées de disponibilités soumises par le médiateur entre le 16 février et le 9 avril 2021, l’employeur n’a priorisé des séances de négociation que pour cinq jours seulement. Nous, les membres du syndicat, étions disponibles pour 23 de ces journées. Quels sont les dossiers qui occupent notre maire rémunéré à temps plein ? La négociation n’est manifestement pas un dossier prioritaire pour l’administration municipale, surtout lorsque l’on connaît les limites de temps imposées au médiateur par le Code du travail. Il est clair que la Ville ne veut pas que la médiation porte ses fruits. »
Pour Serge St-Pierre, président du Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine (CCGIM–CSN), la consternation est la même. « Les 12 autres municipalités en Gaspésie sont syndiquées actuellement et le sont toutes avec la FEESP–CSN. Jamais des négociations dans le secteur municipal en Gaspésie n’ont été aussi difficiles. C’est aberrant de ne voir aucune avancée, et ce, même avec l’intervention d’un médiateur. Je proviens du monde municipal et de voir un maire aussi braqué sur ses positions avec un réel mépris pour ses propres employé-es, c’est du jamais vu. Le conseil municipal fonce droit dans le mur. Il n’y a rien de positif à vouloir un conflit. Ça n’augure rien de bon pour les relations de travail présentes et futures. Dans tous les cas, les municipaux de Bonaventure pourront compter sur l’appui du CCGIM ».
Même son de cloche du côté d’André Lajoie, secrétaire général de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). « Notre fédération représente plus de 136 syndicats municipaux au Québec. Nous n’en sommes pas à notre première négociation dans le secteur municipal et l’attitude dont a fait preuve jusqu’ici la Ville de Bonaventure, à la table de négociation, nous apparaît très préoccupante, d’autant qu’il s’agit d’une première convention collective. Les travailleuses et travailleurs de Bonaventure, au même titre que les 6 500 employé-es municipaux que nous représentons partout à travers la province, méritent eux aussi des conditions de travail et une première convention dignes du travail essentiel qu’ils et elles accomplissent au quotidien. En ce sens, les travailleuses et travailleurs de la municipalité de Bonaventure pourront aussi compter sur le soutien indéfectible de la FEESP–CSN, et ce, jusqu’à l’obtention d’une bonne première convention. »
Devant cet état de fait, le syndicat enverra par la poste le jeudi 4 mars un tract informatif aux citoyennes et citoyens de la ville de Bonaventure. Celui-ci fera le bilan de la négociation et fera état des prochaines actions de visibilité des membres. Le syndicat souhaite le soutien de la population dans sa lutte pour une bonne première convention collective. Nous demanderons, dans les prochaines semaines, de manifester leur soutien aux municipaux.