Combien de féminicides avant d’agir ?

Lettre signée par les responsables politiques de la condition féminine de la CSN provenant de toutes les régions du Québec et de tous les secteurs d’activité

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, il est pour nous important de rapporter une histoire révoltante dont a été saisie l’une des signataires de la présente lettre. Cette histoire raconte le récit d’une Québécoise qui vit, en ce moment même, un vrai calvaire.

Depuis deux longues années, Annie (nom fictif) subit du harcèlement de la part de son ex-conjoint, le père de son enfant. Deux ans à sentir une toile d’araignée se tisser autour d’elle. Vandalisme sur sa voiture. Présence de l’ex qui filme le CPE fréquenté par sa fille. Le 17 janvier dernier, elle reçoit un appel de la Direction de la protection de la jeunesse l’exhortant à se rendre immédiatement à ses bureaux, avec sa fille. Inquiète, la maman s’exécute sur-le-champ. La DPJ a mis la main sur l’enregistrement d’un appel que l’homme a fait à Info-Santé dans lequel il indique vouloir tuer la petite et la mère à un moment grandement médiatisé. Il affirme qu’il ne se suicidera pas, car il souhaite devenir, en prison, le porte-parole de tous ces hommes qui se disent bafoués par leur conjointe. Annie doit porter plainte à la police pour assurer sa protection et celle de sa fille. Or, le lieutenant lui dit qu’il n’y a pas matière à plainte et que monsieur, en demandant de l’aide au 811, a prouvé qu’il essaie de s’en sortir. On imagine le profond abîme dans lequel elle se retrouve devant une situation aussi surréaliste.

Alors que son ex n’a jamais été arrêté, Annie, qui doit se cacher, ne peut plus travailler de crainte qu’il ne s’en prenne à sa fille. Terrorisée, pénalisée de tous côtés, elle recourt à l’assurance-emploi, qui lui procure un maigre 55 % de son salaire pour subsister. En plus, l’IVAC refuse de l’indemniser, car elle n’a pas officiellement vécu d’épisodes de violence physique.

Manque d’argent
Les maisons d’hébergement ont encaissé les contrecoups de l’austérité et leur pouvoir d’action est de plus en plus limité. Ces maisons débordent, et de ce fait, les refus de femmes et d’enfants dans le besoin s’accumulent pour manque de places (en 2018‑2019, les maisons ont refusé 14 997 demandes d’hébergement), les intervenantes sont à bout de souffle et le manque de ressources rend l’embauche difficile. Nombre de ces maisons n’ont plus les moyens d’agir sur les causes de la violence, que ce soit par la défense de droits, la sensibilisation dans les écoles ou la représentation politique. Pourtant, l’espoir réside en grande partie dans l’éducation des adultes de demain et dans un financement à la hauteur des besoins.

Illustration : Émilie Tremblay

Les moyens qui s’offrent à Annie pour échapper à sa situation s’amenuisent. Celle-ci peut se lancer dans un labyrinthe bureaucratique en déposant une plainte en déontologie policière ou médiatiser son expérience traumatisante. Mais à quel prix ?

Elle est devant la quadrature du cercle. Le système a prévenu Annie que son ex-conjoint voulait les tuer, elle et sa fille, mais ce même système ne peut les protéger et les laisse dans une situation intenable. Au Québec, 10 féminicides en moyenne se produisent chaque année. En date du 25 février, six Québécoises avaient connu un tel sort depuis trois mois. C’est horrible et scandaleux. Le gouvernement de la CAQ doit s’ouvrir les yeux et voir la réalité en face. Les femmes crient à l’aide, le réseau des maisons d’hébergement crie à l’aide. Celui-ci estime à 50 millions de dollars l’argent nécessaire pour pouvoir assurer la sécurité des femmes et des enfants.

À quelques jours du dépôt du budget, le gouvernement ne peut faire la sourde oreille. Il a le devoir de les entendre et de protéger leur vie et leur sécurité. Monsieur Legault, l’inaction est condamnable. Les femmes du Québec ont droit à une vie sans peur ni violence. Une violence qui leur est trop souvent fatale.

Un 8 mars en action !

C’est sur le thème Féministes de toutes nos forces que le Collectif 8 mars souligne la Journée internationale des droits des femmes. Depuis plusieurs semaines, le Collectif 8 mars a lancé un appel à la mobilisation en donnant la parole aux femmes. Parmi les divers moyens mis en œuvre, il invite la communauté à s’engager par une campagne de partage de photos sur les réseaux sociaux et par l’envoi de cartes postales destinées à la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest.

Le visuel de cette année représente des femmes, main dans la main, en geste de victoire symbolisant l’union des combats féministes. « Ce visuel se rapporte à la notion de partage, à une libération qui peut s’accomplir seulement de façon plurielle et collective. L’affiche célèbre, de manière festive et à travers une palette de couleurs vives, l’aspect international et intersectionnel des luttes en cette année de Marche mondiale des femmes », souligne la porte-parole du Collectif et vice-présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Marlihan Lopez.

En appui à la Marche mondiale des femmes
Le Collectif 8 mars a choisi d’appuyer les féministes du monde entier au sein de la Marche mondiale des femmes dans leurs actions qui se dérouleront du 8 mars au 17 octobre 2020. Au Québec, le rassemblement de la Marche mondiale des femmes aura lieu le 17 octobre prochain dans la ville de Terrebonne. « Les Québécoises et les Québécois sont invités à marcher en appui aux revendications qui se déclinent sous cinq grands thèmes : pauvreté, violence, justice climatique, femmes immigrantes, migrantes et racisées, et femmes autochtones. Ce sont des enjeux fondamentaux qui méritent une forte mobilisation! », ajoute Marlihan Lopez.

En marche avec Femmes de diverses origines (FDO)
Le Collectif 8 mars lance également une invitation à participer à la manifestation organisée par Femmes de diverses origines (FDO), qui se tiendra le 8 mars à 13 h au Square Cabot, à Montréal, station de métro Atwater.

À propos du Collectif 8 mars
Le Collectif 8 mars représente 700 000 femmes au Québec provenant de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), de Femmes de Diverses Origines (FDO), de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Téléchargez le visuel du 8 mars.

Visitez la page Facebook de la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes.

 

 

Syndicat des travailleuses et travailleurs en petite enfance de la Montérégie (FSSS–CSN)

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs en petite enfance de la Montérégie – CSN a été accrédité, le 27 janvier 2020 pour représenter :

« Toutes et tous les salarié-es au sens du Code du travail à l’exclusion des travailleurs et travailleuses du bureau coordonnateur » de la section de Vaudreuil-Dorion du CPE Les Petits Mousses.

Ces travailleuses et travailleurs ont choisi de rejoindre la CSN pour se faire respecter, améliorer le climat de travail et unir leur force avec leurs consoeurs syndiquées à la CSN, de l’établissement de Pincourt du même employeur.

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs en petite enfance de la Montérégie – CSN est affilié à la Fédération de la santé et des services sociaux, au Conseil central de la Montérégie et, bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Syndicat national des opérateurs de bétonnières Montérégie (FIM–CSN)

Le Syndicat national des opérateurs de bétonnières Montérégie (CSN) a été accrédité, le 29 janvier 2020, pour représenter :

« Tous les chauffeurs de bétonnières, salariés au sens du Code du travail à l’exception des employés de bureau, des contremaîtres, des vendeurs, des répartiteurs, des pointeurs, des doseurs et les préposés à la cour. »

Jusqu’à tout récemment employés de Béton Longueuil, ces travailleurs ont choisi de rejoindre la CSN pour augmenter leur rapport de force et de négociation face à leur nouvel employeur, Lafarge Canada Inc., et améliorer leurs salaires et conditions de travail.

Le Syndicat national des opérateurs de bétonnières Montérégie (CSN) est affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière, au Conseil central de la Montérégie et bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

28 février : grève nationale des responsables de services de garde de la CSN

Les responsables de services de garde (RSG) en milieu familial de la CSN annoncent la tenue d’une grève à l’échelle nationale le 28 février prochain. Cette grève, d’une demi-journée, a été votée au cours des dernières semaines et fait écho à l’inquiétude partagée par les RSG de la CSN quant à la pérennité du réseau de services de garde en milieu familial.

Interpeller le gouvernement, avertir la population
« Ce n’est jamais facile de prendre la décision de tenir une grève. Nous sommes dévouées à nos enfants et aux parents qui nous font confiance, mais là, nous constatons qu’il faut lancer un message fort et unifié quant à l’avenir des services de garde. L’attitude du gouvernement nous fait craindre le pire et les négociations en cours ne présagent rien de positif pour la suite des choses. Ce n’est pas compliqué, on se demande si le gouvernement cherche volontairement à fragiliser le réseau des RSG », explique Karine Morisseau, porte-parole et représentante des RSG de la CSN.

Fragiliser un maillon important des services à la petite enfance
Cette inquiétude se fonde sur un ensemble de constats que souhaitent partager les RSG avec la population. « Nous tiendrons cette grève pour nous assurer que des aspects méconnus de notre réalité soient pris en considération. Par exemple, peu de gens savent que lorsqu’on tient compte de notre nombre d’heures de travail réel, soit 50, voire 55 heures par semaine, notre rémunération équivaut à un taux horaire en dessous du salaire minimum! », ajoute Karine Morisseau.

Le ministère de la Famille répond à cette iniquité en proposant une augmentation de la rémunération de l’ordre de 6,5 % étalée sur 5 ans, soit un taux en deçà de l’inflation. « Pour un gouvernement qui fait de la famille et de l’éducation une priorité, c’est une offre qui ne couvre  même pas l’augmentation du coût de la vie. Cette situation a pour conséquence de nous appauvrir et de nous fragiliser, car nous tenons à maintenir le même niveau de qualité dans la prestation de nos services », commente Karine Morisseau.

En effet, le réseau se fragilise à grande vitesse alors que plus de 20 % des RSG ont quitté la profession ces dernières années. « À l’heure actuelle, ce sont près de 92 000 enfants qui sont pris en charge par le réseau. Or, nous sommes inquiètes, puisque les conditions de travail sont de moins en moins attractives, voire reculent, et le message que nous livre le gouvernement ne fait rien pour valoriser la profession et assurer la viabilité des services », estime Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

Le gouvernement ne peut plus esquiver la question
Les RSG ont contribué à bâtir l’offre de services de garde et contribuent quotidiennement à la prospérité économique du Québec en offrant une option de qualité aux parents, qui en retour, peuvent investir le marché de l’emploi. « Le gouvernement saisit-il bien la contribution sociale et économique des RSG? Le gouvernement reconnaît-il l’importance de ce secteur d’activité composée à 99 % de femmes? Est-ce que le gouvernement, par des offres en deçà de l’inflation ou des projets de maternelles 4 ans représentant plus d’un milliard de dollars, cherche à étouffer un réseau qui a fait grandir le Québec? C’est la question qu’on lui pose. C’est la question que notre grève pose. Accepter les offres actuelles du gouvernement, c’est accepter de voir disparaître notre réseau. Je doute que les parents et la population soient d’accord avec cela », affirme Karine Morisseau.

« Nous sommes heureux d’accueillir les RSG pour cette importante annonce. Nous sommes solidaires de cette lutte, car elle nous touche collectivement et nous invitons le gouvernement à étudier la question avec le sérieux et le respect qu’elle mérite », ajoute Mickaël Lavoie, vice-président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Outaouais–CSN (CCSNO–CSN).

28 février : une grève nationale
Le 28 février, les RSG de la CSN n’offriront pas de services de garde entre 7 h et 12 h, et ce, partout au Québec.

Régions et bureaux coordonnateurs (BC) concernés par la grève

Saguenay-Lac Saint-Jean
BC — CPE Les Amis de la culbute
BC — CPE Mini-monde
BC — LE CPE Aeutissatsh

Îles-de-la-Madeleine
BC — CPE Chez Ma tante

Montérégie
BC — CPE Les Amis gators
BC — CPE Mafamigarde
BC — Au pied de l’échelle
BC — Joie de vivre
BC — CPE Vos Tout-Petits

Outaouais
BC — CPE Des Premiers pas
BC — CPE De la Petite-Nation
BC — CPE L’Éveil de la nature

Estrie
BC — CPE Sous les étoiles

Laurentides
BC — CPE Les petits Baluchons
BC — Le rêve de Caillette 

Québec
BC — CPE Joli-cœur
BC — CPE Le Kangourou
BC — Beauport
BC — De Sainte-Marie (Petits pommiers)

Bas-Saint-Laurent
BC — CPE L’Aurore boréale
BC — Services de garde l’Enfant joue

Gaspésie
BC — CPE De La Baie
BC — Aux joyeux marmots 

Abitibi
BC — LE CPE Des p’tits maringouins 

Lanaudière
BC — CPE Aux portes du matin
BC — CPE La chenille 

Montréal
BC — La Trottinette carottée
BC — Ahuntsic
BC — Saint-Léonard
BC — CPE La grenouille rose
BC — CPE Montréal-métropolitain
BC —Du Carrefour
BC — CPE Gros bec
BC — CPE de Montréal-Nord
BC — Lieu des petits de St-Michel
BC — Familigarde de LaSalle
BC — CPE Les Maisons Enjouées

Laval
BC — Force vive

 

Le gouvernement doit contribuer à la relance de l’industrie ferroviaire au Québec

En affirmant la semaine dernière que l’octroi de la construction du matériel roulant du REM en Inde par la Caisse de dépôt et placement du Québec constituait une « erreur libérale », le premier ministre reconnaissait que tous les leviers favorisant le secteur ferroviaire québécois n’avaient pas correctement été appelés à contribution. La récente transaction entre Alstom et Bombardier Transport met en lumière l’importance de cette industrie dans l’essor du Québec et de l’emploi en région.

À travers l’histoire, par le biais du financement du transport collectif, le gouvernement du Québec a contribué au soutien de l’usine de La Pocatière et de ses centaines d’emplois. Qu’on pense aux voitures du métro de Montréal ou aux wagons des agences régionales de transport, de grands projets collectifs ont été réalisés grâce à l’expertise et au savoir-faire des travailleuses et des travailleurs du Bas-Saint-Laurent.

Alors que nous assistons malgré nous à la déstructuration de l’entreprise Bombardier, la question du maintien des emplois au Québec se retrouve encore une fois soulevée par l’acquisition d’Alstom. En affirmant la semaine dernière que cette question relevait d’un « concept politique », Pierre Fitzgibbon reconnaissait, impuissant, que le niveau d’emploi d’une usine est intrinsèquement lié… à son carnet de commandes.

Or, ces commandes seront aussi nombreuses que les différents projets de transport collectif qui sont actuellement à l’étude au Québec.

Au plus avancé d’entre eux, le tramway de Québec, s’ajoutent les projets de Gatineau, de Longueuil et de l’est de Montréal, en plus des prolongements du REM qui sont envisagés. À la sortie de sa rencontre avec Justin Trudeau en décembre dernier, François Legault avait affirmé qu’un « accord » avait été convenu quant au financement de ces projets, malgré quelques détails devant être « finalisés ».

Alors qu’à l’usine de La Pocatière, la construction des nouvelles voitures du métro de Montréal prendra fin en juin 2021, le gouvernement du Québec doit prendre dès maintenant les mesures nécessaires pour accélérer les démarches entourant la conduite de ces projets. Ce n’est certainement pas la hauteur de nos besoins en matière de transport collectif qui l’en empêchera.

Nous sommes bien sûr conscients des réalités que nous imposent les accords de libre-échange signés par le fédéral au nom du Québec. Nous savons aussi pertinemment que tous les leviers n’ont pas toujours été utilisés, que ce soit dans le cas des wagons du REM ou dans celui des trains de VIA Rail pour l’axe Québec-Windsor, qui seront construits par Siemens en Californie.

Dans l’appel à propositions lancé pour la construction du tramway de Québec, certains verront d’un bon œil l’utilisation de l’exigence d’une proportion de 25 % de contenu local – une disposition qui n’aurait pas été exploitée à pleine capacité dans le cas du REM. Pour la CSN, il s’agit d’un seuil minimal. Le gouvernement peut exiger plus, notamment quant aux opérations d’assemblage en sol québécois et à l’entretien nécessaire des véhicules à court et à long terme.

Sans parler du fait que la Caisse de dépôt se retrouve aujourd’hui dans une position envieuse au sein d’Alstom, position obtenue en contrepartie de ses parts dans Bombardier Transport. Il serait surprenant qu’Alstom ne tente d’obtenir sa part des contrats qui sont prévus au Québec. Espérons que la Caisse saura corriger les erreurs du REM.

L’expertise, les infrastructures et la technologie nécessaires aux grands projets de transport du Québec se situent à La Pocatière, sans l’ombre d’un doute. Une main-d’œuvre qualifiée dans un secteur de pointe qui cadre très bien avec le projet que François Legault ambitionne pour la vallée du Saint-Laurent : un pôle d’innovation créateur d’emplois qui nous permette de répondre aux défis du 21e siècle.

La lutte contre les changements climatiques nous impose de changer nos façons de faire. En ce sens, les projets de transport collectif se multiplieront au cours des prochaines années. Par un effort soutenu, le gouvernement peut poser les balises de l’essor du développement ferroviaire au Québec. Avec la contribution d’Investissement Québec, objet d’une récente refonte, et de la Caisse de dépôt, le gouvernement doit contribuer positivement au développement de ce secteur de pointe.

En ce sens, M. Fitzgibbon a bien raison : le maintien d’emplois au Québec renvoie à une conception bien politique des choses. Au gouvernement de François Legault d’en saisir l’occasion.

 

Le transport collectif au cœur de la relance de l’usine de La Pocatière

Alors que la transaction entre Alstom et Bombardier Transport semble en voie de se concrétiser, la CSN estime que la clé de la relance de l’usine de La Pocatière réside en bonne partie dans les mains du gouvernement. En ce sens, la centrale syndicale exhorte le premier ministre François Legault à accélérer les démarches entourant les nombreux projets de transport collectif actuellement à l’étude au Québec.

« Il est regrettable d’assister à la déstructuration d’une entreprise bien québécoise, bâtie par des milliers de travailleuses et de travailleurs d’ici, a indiqué Jacques Létourneau, président de la CSN. L’important aujourd’hui, c’est que le gouvernement utilise tous les leviers dont il dispose pour maintenir des emplois à La Pocatière. Les six projets de tramway et de prolongement du REM actuellement sur la table à dessin au Québec ainsi que la stratégie d’électrification des transports du gouvernement constituent une excellente occasion. »

« Il faut comprendre que les commandes actuelles pour le métro de Montréal se termineront en juin 2021. Le gouvernement peut agir dès maintenant pour assurer l’arrivée de nouveaux projets pour l’usine de La Pocatière et celle qu’Alstom possédait déjà à Sorel. Ce n’est certainement pas la hauteur de nos besoins en matière de transport collectif qui l’en empêchera », d’ajouter M. Létourneau.

« Nous prenons bonne note que le premier ministre a qualifié la décision d’envoyer la construction du REM en Inde d’”erreur libérale”, a soulevé Jacques Létourneau. La possibilité d’exiger 25 % de contenu local constitue pour nous un seuil minimal. Le gouvernement doit veiller à ce que les opérations d’assemblage du matériel roulant soient effectuées au Québec. Pierre Fitzgibbon a en partie raison quand il affirme que le maintien des emplois est un “concept politique” : le gouvernement a toutes les cartes en mains pour assurer l’essor du secteur de la construction ferroviaire au Québec. »

Fondée en 1921, la CSN regroupe 300 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec. Les syndicats des usines de Bombardier Transport à La Pocatière et d’Alstom à Sorel y sont affiliés.

Montant record amassé par la CSN pour le Camp Vol d’été Leucan–CSN

La 23e campagne de financement de la CSN pour le Camp Vol d’été Leucan–CSN, camp unique pour les enfants atteints de cancer et leur famille, vient de se terminer. Nous sommes très heureux d’annoncer qu’un montant record de 231 457 $ a été amassé collectivement par les membres de la CSN. C’est en 2019 que le cap des 4 millions de dollars a été franchi en montant amassé total depuis le début de cette belle association.

Par solidarité envers les enfants atteints de cancer, les militants et militantes ont organisé différentes actions pour atteindre un tel résultat (campagne du 1 $ par membre, retenues à la source, tournois de golf, ventes de bonbons,  organisation d’activités, etc.). Le Camp Vol d’été Leucan-CSN est d’ailleurs la cause officielle de la CSN.

30 personnes membres de toutes les organisations de la CSN s’impliquent bénévolement à la Fondation Camp Vol d’été Leucan-CSN pour mener cette campagne de collecte de fonds. Ils agissent avec cœur et dévouement tout au long de l’année pour voir à la réussite de la campagne. Ils sont : Jean Lacharité (CSN), Gabrielle Pelletier (CSN), Ramatoulaye Diallo (Conseil central du Montréal Métropolitain–CSN), Éric Céré (Conseil central des Laurentides–CSN), Nancy Legendre (Conseil central Bas-Saint-Laurent–CSN), Félix-Antoine Lafleur (Conseil central Abitibi-Témiscamingue-Nord-du-Québec–CSN), Daniel Lamoureux (Conseil central Bas-Saint-Laurent–CSN), Sylvain Pratte (Conseil central Cœur-du-Québec–CSN), Agathe Tremblay (Conseil central Côte-Nord–CSN), Julie Bolduc (Conseil central Estrie–CSN), Serge St-Pierre (Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine–CSN), Alain Chevarie (Conseil central de la Gaspésie et des Île-de-la-Madeleine–CSN), Patricia Rivest (Conseil central Lanaudière–CSN), Louis-André Boulay (Conseil central Montérégie–CSN), Daniel Baril (Conseil central Outaouais–CSN), Louis Hamel (Conseil central Québec-Chaudière-Appalaches–CSN), Monic Perron (Conseil central des syndicats nationaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN), Emmanuelle-Cynthia Foisy (CSN-Construction), Alexandre Giguère (FC–CSN), Jean-Pierre Bourgault (FEESP–CSN), Michel Tétreault (FIM–CSN), Pierre Roger (FNC–CSN), Léandre Lapointe (FNEEQ–CSN), Yvan Duceppe (FP–CSN), Nadine Lambert (FSSS–CSN), François Gagnon (L’OR–CSN), Céline Charbonneau (Marraine), Jean-Claude Gagnier (STT–CSN)

Les familles de Leucan tiennent à remercier tous ceux qui participent de près ou de loin à cette grande campagne provinciale de financement. Soyez assuré que vous faites une réelle différence. Comme on le dirait au camp….

« C’estttttt un M, un E, un R. C’est un C avec un I.  Rassembler tou-tes ces let-tres, vous y trouverez, MERCI MERCI MERCI! »

Une réforme législative plus que nécessaire

Le dépôt du projet de réforme des lois en santé et sécurité du travail a enfin été annoncé pour mars prochain. Une lueur d’espoir pour les milliers de personnes qui, depuis trop longtemps, subissent les conséquences de leur vétusté.

Le Québec faisait figure de proue en 1979 avec l’adoption de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST). Quarante et un ans plus tard, il se retrouve en queue de peloton en cette matière. La LSST n’a jamais été actualisée, pas plus que la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP) adoptée en 1985. « On est nettement en arrière des autres régimes quand on se compare à ce qui se fait ailleurs, notamment dans le reste du Canada », admettait d’ailleurs le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale responsable de la réforme, Jean Boulet, dans une entrevue accordée au Soleil en janvier 2019.

Un rattrapage qui urge
À l’heure actuelle, c’est plus de 75 % des travailleuses et des travailleurs du Québec qui ne sont pas couverts par la loi, une aberration, selon Jean Lacharité, vice-président de la CSN. « C’est incroyable qu’en 2020, au Québec, trois travailleuses ou travailleurs sur quatre ne soient pas protégés ou n’aient accès à aucun mécanisme de prévention prévu par la loi. Nous demandons depuis des années que ces mécanismes soient étendus à l’ensemble des milieux de travail. Il faut rattraper le temps perdu ! »

C’est d’ailleurs ce que recommande une étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) parue en janvier 2020. On y apprend que les groupes jugés « non prioritaires » par la loi sont en proportion aussi touchés, sinon plus, que les groupes prioritaires. L’étude confirme ainsi la nécessité d’étendre les processus de prévention à tous les secteurs professionnels, indistinctement de leur niveau de « priorité ».

Le réseau de la santé comme priorité
Ce besoin est d’autant plus criant pour le réseau public de la santé et des services sociaux, qui détient le triste record du plus grand nombre de réclamations auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) en matière d’accidents de travail et de lésions professionnelles. Pourtant, ce secteur est toujours considéré comme « non prioritaire » aux yeux de la loi, ce qui crée d’importantes lacunes sur le plan de la prévention dans les différents établissements.

Jessica Goldschleger, présidente du Syndicat des technicien-nes et professionnel-les de la santé et des services sociaux du Québec (STEPSQ–CSN) du CHU Sainte-Justine, souligne que cette absence d’investissements en prévention est l’une des principales causes de blessure physique chez les membres de son syndicat, notamment les technologistes médicaux en laboratoire qui se heurtent à de sérieux problèmes d’ergonomie des espaces de travail.

« Des personnes doivent s’asseoir sur des bottins téléphoniques à longueur de journée pour être à la bonne hauteur ou doivent travailler constamment de côté, faute de place pour allonger leurs jambes sous les comptoirs. À la longue, des troubles musculosquelettiques se développent et les gens doivent être mis en arrêt de travail. Si nous pouvions bénéficier d’un représentant en prévention à temps plein et de budgets appréciables dédiés entièrement à la question, comme la LSST le prévoit pour les secteurs prioritaires, on pourrait éviter de nombreuses blessures comme celles-là. »

Pour Guy Mousseau, vice-président en santé, sécurité et défense du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS–CSN de Lanaudière, le constat est le même : « Ça fait 26 ans que je m’occupe des dossiers de santé et de sécurité au travail et, pour moi, la preuve est établie depuis fort longtemps : plus les employeurs investissent en prévention, plus les cas de lésions professionnelles diminuent. C’est une corrélation directe, soutient-il. En ce moment, le secteur de la santé est réactif plutôt que proactif. Il faut que ça change ! »

Surcharge de travail et détresse psychologique
Les conséquences du caractère désuet des lois ne s’arrêtent pas là. Le nombre grandissant de personnes qui doivent demander un arrêt de travail pour des lésions professionnelles entraîne nécessairement une pénurie de main-d’œuvre ; et celui-ci pèse lourd sur les épaules des personnes qui demeurent en poste.

Le Comité national intersyndical de prévention en santé et sécurité, qui regroupe sept syndicats du milieu de la santé et des services sociaux, rapportait récemment qu’entre 2014 et 2018, le nombre d’heures d’absence liées à des cas de santé et de sécurité au travail avait augmenté de 34 % pour l’ensemble des établissements publics du Québec.

Par conséquent, la charge de travail augmente considérablement pour les personnes qui demeurent à pied d’œuvre et les cas d’épuisement professionnel et de détresse psychologique causés par l’anxiété au travail s’accumulent. « On n’en peut plus ! », s’exclame Jessica Goldschleger. « Avec les heures supplémentaires obligatoires et la pénurie de personnel, la pression est trop forte. Les gens finissent par flancher », se désole-t-elle.

Contestation et arbitrage médical
Le hic, c’est que la LATMP ne reconnaît aucune maladie à caractère psychologique. Une personne qui souhaite recevoir un tel diagnostic et être indemnisée par la CNESST doit faire la démonstration que cette « lésion » psychologique est bel et bien liée à l’exercice de son travail. Le fardeau de la preuve repose donc entièrement sur les épaules des travailleuses et des travailleurs.

Qui plus est, même si le dossier du salarié-e est bien étoffé, l’employeur contestera le diagnostic du médecin traitant par un médecin qu’il désigne lui-même. Il cherchera de la sorte à réduire le montant de sa cotisation en tant qu’employeur au fonds d’indemnisation de la CNESST, lequel est établi en fonction du nombre de réclamations qu’il génère. Ainsi, la quasi-totalité des diagnostics de lésions ou de maladies professionnelles est contestée, ce qui déclenche la procédure d’arbitrage devant le Bureau d’évaluation médicale (BEM) du ministère du Travail.

Santé mentale et vie privée
Cette situation n’est pas sans conséquences sur les personnes concernées qui, en plus d’affronter la lourdeur administrative de toutes ces démarches, doivent subir un « procès public » sur leur vie personnelle et leur santé mentale. Car l’employeur veut démontrer que la maladie à caractère psychologique de son employé-e n’est pas liée à l’exercice de son travail et s’affairera à constituer parallèlement un dossier sur celui-ci en enquêtant sur sa vie, son passé et ses antécédents.

Certains employeurs vont même jusqu’à épier les profils Facebook des gens en arrêt de travail. C’est assez préoccupant, confie Jessica Goldschleger. Alors plutôt que de s’embarquer dans de longues procédures pénibles et souvent humiliantes au cours desquelles des événements douloureux de leur vie privée seront ressassés, plusieurs décident dans bien des cas d’abandonner leur recours contre l’employeur. »

Retour au travail prématuré
C’est ainsi que bon nombre d’employé-es se voient contraints de retourner au travail de manière prématurée sans pour autant être rétablis. « Ce qu’on remarque de plus en plus, ce sont des gens encore malades qui reprennent le boulot et qui font du présentéisme jusqu’à une éventuelle rechute. Plusieurs personnes, même, démissionnent parce qu’elles ne se sont jamais remises de leur maladie », constate Jean-Renaud Caron.

« Si la LATMP était revue et les diagnostics à caractère psy­chologique reconnus par la CNESST, plusieurs cas seraient indemnisés de façon adéquate ; cela pousserait l’employeur à trouver d’autres solutions plutôt que d’exiger prématurément le retour au travail des salarié-es », ajoute-t-il.

Les attentes envers le ministre Boulet et sa réforme législative sont donc très élevées, et pour cause. Après plus de quarante ans d’inaction, il est grand temps de remédier à la situation, et ce, pour la santé du Québec et celle de ses millions de travailleuses et de travailleurs.


Les quatre revendications de la CSN Pour la réforme des lois en santé et sécurité

  1. Étendre les mécanismes de prévention à l’ensemble des milieux de travail, et non plus seulement à certains groupes prioritaires.
  2. Maintenir le programme de maternité sans danger afin d’assurer un milieu de travail sécuritaire pour la femme enceinte et son enfant qui est à naître ou allaité.
  3. Faciliter l’admission des lésions professionnelles, notamment des maladies à caractère psychologique.
  4. Déjudiciariser le régime d’indemnisation en procédant, entre autres, à la révision du système de financement et l’abolition du Bureau d’évaluation médicale.

Pour la suite du monde

Cent vingt-sept jours se sont écoulés entre le moment où le Groupe Capitales Médias (GCM) s’est placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers et l’acceptation du plan de reprise collective des quotidiens. Retour sur une petite révolution.

Ces 127 jours, les syndiqué-es du Soleil, du Nouvelliste, du Droit, de La Voix de l’Est, du Quotidien et de La Tribune s’en souviendront longtemps. Le 19 août dernier, ils étaient plus de 350 salarié-es au bord du gouffre. Depuis, des coopératives ont repris le bâton de pèlerin pour chacun des journaux et la voix de ces régions continuera à être portée dans le vaste discours médiatique.

Inventer un nouveau modèle
Dans cette course contre la montre, les employé-es ont proposé un modèle d’affaires novateur et une vision nouvelle pour l’avenir de la presse écrite : la propriété collective, une approche encore jamais vue étant donné l’envergure du projet. Désormais, ils pourront miser sur un niveau d’indépendance qui sera au service des communautés et représentatif de leur réalité.

Dès le départ, l’idée de reprendre les quotidiens en fondant des coopératives s’est enracinée dans les esprits des représentantes et représentants syndicaux concernés. Pour y arriver, il leur aura fallu réagir très rapidement et entamer un travail colossal.

Sacrifices et efforts collectifs
Dans les heures suivant l’annonce par les dirigeants de GCM, les syndiqué-es se sont mobilisés, avec l’appui de la CSN et de la Fédé­ration nationale des communications (FNC–CSN), afin de développer une solution de rechange viable. Les défis étaient nombreux et le temps compté. Baisser les bras n’était pas envisageable et une période très intense s’est amorcée, alors que la CSN a soutenu activement les syndiqué-es pour les aider à s’adjoindre les services de ressources appropriées, comme ceux de MCE Conseils. Quatre mois effrénés ont suivi pendant lesquels les travailleuses et travailleurs ont conçu un ambitieux plan de reprise et mené une vaste campagne de financement, tout en continuant à assurer la publication de leur quotidien.

Ce marathon en aura surpris plus d’un par son intensité. Car malgré la bonne volonté des acteurs impliqués, la partie était loin d’être gagnée. À commencer par la difficile situation financière de l’entreprise sur fond de crise générale dans la presse écrite. Rappelons ici quelques faits : lors des deux précédentes négociations, les salarié-es avaient consenti des hausses salariales de 1 %, un taux en deçà de l’inflation, dans l’espoir de maintenir à flot leurs quotidiens. Ils avaient également accepté de rendre les régimes de retraite des salarié-es actifs moins avantageux. Sans compter la diminution de la valeur des régimes de retraite, un drame qui touche tout autant les retraité-es que les travailleuses et travailleurs encore en poste.

Malgré cela, l’espoir prend le dessus. À terme, c’est une incroyable campagne de financement qui s’est déployée : en moins de trois mois, 2,5 millions de dollars sont recueillis auprès de la population. L’un des messages les plus forts de toute cette expérience est ainsi lancé : les quotidiens régionaux sont essentiels et leurs communautés sont déterminées à faire en sorte qu’ils survivent. Fort de cet important appui populaire, le projet de coopérative aura également su convaincre Fondaction (CSN), le Fonds de solidarité de la FTQ ainsi que Desjardins d’appuyer financièrement l’aventure.

Mais de nouveaux sacrifices devront être consentis. « Nous contribuerons à la pérennité de nos quotidiens par un prélèvement de 5 % sur chacune de nos payes », explique Louis Tremblay, président des conseils d’administration de la coopérative du Quotidien et de la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i). « Nous nous priverons d’augmentations salariales et de bonification de prime durant les premières années du projet. Nos communautés pourront ainsi conserver une voix. Nos enjeux, notre vie politique, sociale, culturelle et économique continueront à faire l’objet d’une couverture indépendante et professionnelle. Nous y veillerons. »

Une victoire et des luttes à venir
Le 23 décembre dernier, le plan de relance proposé par les travailleuses et travailleurs était accepté devant la Cour supérieure. Des centaines d’emplois ont été sauvegardés et la population peut espérer des jours meilleurs pour l’information régionale indépendante. Les défis à venir sont toutefois énormes et nul n’en est plus conscient que Louis Tremblay.

« Cette victoire prouve que notre mouvement peut accomplir d’immenses choses. Dans les prochaines années, nous devrons continuer d’innover. Nous devrons piloter un virage numérique et appliquer les idées phares de notre plan d’affaires pour atteindre l’équilibre budgétaire et retrouver enfin la voie de la rentabilité. Sauf que cette fois-ci, nous sommes collectivement responsables de notre destin, et nous n’aurons pas à subir les décisions arbitraires et opaques comme dans le passé. Ça va faire du bien ! »

La CAQ souhaite-t-elle asphyxier les services publics ?

Le 12 décembre dernier, la CSN a rencontré le Conseil du trésor pour recevoir les offres du gouvernement en vue du renouvellement des conventions collectives du secteur public.

Alors que la CAQ promettait du changement, les propositions déposées indiquent plutôt que le gouvernement Legault choisit de poursuivre sur la même voie que ses prédécesseurs libéraux en refusant de reconnaître la valeur du travail accompli par les travailleuses et les travailleurs en éducation, en santé et services sociaux et dans les organismes gouvernementaux.

Des offres salariales insultantes
Côté salaire, le gouvernement offre à ses propres employé-es de s’appauvrir. En proposant des augmentations sous le taux d’inflation – 1,75 % pour chacune des deux premières années, 1,5 % pour la troisième année et 1 % pour chacune des deux dernières années – le premier ministre Legault renie sa parole de consentir au minimum des augmentations qui couvriraient la hausse du coût de la vie. Pour les membres CSN du secteur public, cette proposition est inacceptable. Éviter de s’appauvrir en travaillant ne devrait même pas être un enjeu de négociation. C’est la base.

Le Conseil du trésor propose aussi de verser un montant forfaitaire de 1000 $ non récurrent aux personnes qui auront atteint le dernier échelon de leur échelle salariale d’ici le 30 mars 2020. Ce montant n’est que de la poudre aux yeux.

Sur le terrain, les offres salariales ont été reçues comme une véritable insulte. Pour bon nombre de travailleuses et de travailleurs des réseaux publics, le salaire actuel ne permet même pas de vivre décemment. Les besoins sont grands et les personnes qui œuvrent au quotidien à prodiguer les meilleurs services possible à la population s’attendent à plus de respect de la part de leur employeur, le gouvernement du Québec.

Négocier sans attendre
Le Conseil du trésor, dans son dépôt des deman­des à la table centrale, annonçait la création de trois forums sur ses priorités gouvernementales, soit la santé globale des salarié-es, la réussite éducative et l’accessibilité aux soins pour la clientèle en hébergement de longue durée ou recevant des soins à domicile. La CSN a annoncé en janvier dernier qu’elle ne participera pas à ces forums ; les fédérations du secteur public considèrent que les discussions sur ces enjeux cruciaux doivent se tenir aux tables de négociation, dès maintenant.

Une première séance entre la CSN et le Conseil du trésor s’est tenue le 8 janvier. Les parties ont convenu de se rencontrer régulièrement. Les pourparlers sont donc entamés sur l’ensemble de nos revendications, tant sur le salaire que sur les autres enjeux intersectoriels, soit la retraite, les disparités régionales, les droits parentaux ainsi que les assurances collectives et la protection des lanceurs d’alerte.

Des dépôts sectoriels déconnectés
Les fédérations du secteur public affiliées à la CSN (FEESP, FNEEQ, FP et FSSS) ont aussi reçu, en décembre, les propositions sectorielles des comités patronaux de négociation.

Dans le secteur de la santé et des services sociaux ainsi qu’en éducation, les dépôts patronaux dénotent un flagrant manque de vision. Alors que la négociation devrait servir à améliorer les conditions de travail de toutes et de tous, les patrons des réseaux semblent plutôt vouloir saisir l’occasion pour accroître le pouvoir des cadres et retirer certains droits aux salarié-es. Les dépôts comportent des éléments préoccupants pour celles et ceux qui sont en situation de précarité, particulièrement en éducation : diminution des avantages pour les employé-es à temps partiel, augmentation des délais et ajout de critères pour l’obtention de la permanence, modification des horaires à la petite semaine, etc. Avec de telles mesures, il est difficile de saisir comment les patrons pensent attirer la relève dans les écoles, les cégeps et les établissements de santé et de services sociaux.

Du côté des travailleuses et travailleurs des organismes gouvernementaux syndiqués à la CSN qui prennent part à la négociation du secteur public, seuls les membres du Parc olympique de Montréal ont déjà entamé les discussions avec la partie patronale. Les sept syndicats FEESP et FP de cet organisme ont décidé de se coordonner pour mener la présente ronde de négociation. Une décision fort stratégique compte tenu de la volonté de l’employeur de réécrire entièrement les conventions collectives, notamment en décloisonnant les horaires et en facilitant le recours à la sous-traitance. Les syndicats CSN de l’aide juridique, des traversiers et de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse n’ont quant à eux toujours pas reçu les propositions patronales.

Merci, mais non merci
Absolument rien dans les dépôts du gouvernement, tant à la table centrale qu’aux tables sectorielles, ne permet d’attirer le personnel dans le secteur public et de le retenir. Avec les coffres de l’État québécois qui débordent et une situation de rareté de main-d’œuvre qui entraîne déjà des pénuries majeures dans les réseaux, voire des bris de services, le gouvernement a les moyens et le devoir de faire mieux. C’est par leur mobilisation que les 150 000 travailleuses et travailleurs CSN du secteur public lui feront prendre conscience de l’urgence d’agir.

Le gouvernement bâillonne le parlement

Quelques centaines de syndiqué-es de la CSN en colère ont manifesté le 6 février à Montréal. Leur but : exhorter le gouvernement du Québec à laisser le processus démocratique suivre son cours et s’opposer au bâillon concernant le projet de loi 40 sur la gouvernance scolaire. Malheureusement, le couperet du bâillon est tombé dans la nuit du 6 au 7 février, interrompant abruptement les travaux parlementaires portant sur le projet de loi.

Tout juste avant de recourir au bâillon, le gouvernement a déposé 82 amendements. Ceux-ci n’ont jamais pu être étudiés par les parlementaires. Plusieurs représentantes de la CSN présentes à la manifestation se sont indignées de cette approche autoritaire du gouvernement Legault dans ce dossier. « Le gouvernement devrait avoir appris qu’il ne gagne rien à agir dans la précipitation. À présent, on se retrouve avec un projet de loi mal ficelé. Ce sont les employé-es, les élèves ainsi que leur famille qui risquent d’en payer le prix », a souligné la vice-présidente de la CSN, Véronique De Sève.

La présidente du secteur scolaire de la Fédération des employées et des employés de services publics (FEESP–CSN), Annie Charland, n’en revenait pas elle non plus. « Le ministre parle souvent de consulter celles et ceux qui connaissent les enfants par leur nom. C’est le cas des membres du personnel de soutien scolaire qui travaillent dans plus de 1600 écoles du Québec, tous les jours. Mais ni M. Legault ni le ministre Roberge n’ont daigné consulter ces personnes », s’insurge-t-elle.

Participant également à la manifestation, Nathalie Arguin, présidente de la FEESP–CSN, a tenu à commenter l’odieux bâillon. « Quand un projet de loi compte plus de 300 articles et modifie plus de 80 lois, cela dépasse l’abolition des élections scolaires. Au fond, le gouvernement a choisi la facilité pour faire taire toutes les voix contraires à la sienne. Cette façon de procéder est extrèmement inquiétante. »

Une histoire inspirante

Il a fallu attendre cinquante ans pour que naisse le projet d’écrire l’histoire de la FNEEQ–CSN. D’étape en étape, l’entreprise est passée d’une simple volonté de présenter chronologiquement des faits marquants au projet beaucoup plus ambitieux de créer un récit, tout en mettant l’accent sur certains épisodes qui ont façonné la vie de la fédération. Le titre, 50 ans à faire école par nos luttes, résume bien l’activisme et le pragmatisme de ses membres. Lutte pour la place des femmes dans la fédération, lutte pour l’accessibilité à l’éducation, lutte pour la reconnaissance des personnes chargées de cours, lutte pour le maintien des établissements en région, lutte pour l’autonomie professionnelle et pour la liberté d’expression : les causes défendues et les victoires obtenues sont inspirantes.

Le lancement du livre s’est déroulé au début du mois de décembre en présence des militantes et militants, des élu-es, des salarié-es et des retraité-es de la FNEEQ–CSN qui ont fait de la fédération l’organisation syndicale unique qu’elle est aujourd’hui et qu’elle sera encore demain. C’est grâce à leurs écrits et à leurs souvenirs qu’ils ont si généreusement partagé l’histoire de la fédération sans complaisance, avec moult détails et anecdotes. Encore une fois, mille mercis !

Ces témoignages ainsi que les archives ont fourni une abondante matière pour composer ce premier essai basé sur la mémoire collective. Plus de 430 journaux et bulletins, dont certains datent de 1941, ont été numérisées et sont désormais accessibles sur le site de la FNEEQ–CSN. Un véritable trésor syndical offert à toutes et à tous.

Bien sûr, on ne saurait passer sous silence le travail des photographes et des équipes de rédaction, de conception graphique et de révision linguistique. C’est grâce à leur professionnalisme que ce recueil d’une grande qualité a pu voir le jour.

Ce livre nous permet en outre de tirer des leçons du passé et de nous projeter vers l’avenir. Souhaitons que sa lecture inspire la relève militante dans la défense des valeurs et des progrès de la société québécoise.

Qu’on nous pince…

Texte signé par Jacques Létourneau, président de la CSN, Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ, et Sonia Ethier, présidente de la CSQ

Dans les pages de La Presse, Alexandre Taillefer nous a demandé récemment de remettre en question nos pratiques.

M. Taillefer se défend de vouloir casser du sucre sur le dos des organisations syndicales. On le comprend : il lui semble beaucoup plus facile de répandre les stéréotypes, les demi-vérités et les propos erronés auxquels nous sommes malheureusement habitués.

Ainsi, l’homme d’affaires affirme sans ambages que « le capitalisme aura été, plus que n’importe quel autre système auparavant, celui qui aura réduit les écarts entre les plus riches et les plus pauvres ».

Qu’on nous pince.

Faut-il rappeler à M. Taillefer que les écarts entre les riches et les pauvres n’ont cessé de s’accentuer au cours des 40 dernières années ?

Que malgré les hausses constantes de la productivité des entreprises, le pouvoir d’achat des travailleuses et des travailleurs aura, au mieux, stagné au cours de cette même période ?

Alexandre Taillefer déplore que les organisations syndicales aient délaissé leur mission première qu’est la défense des moins nantis. Il est vrai qu’avec une telle vision enchantée du système capitaliste, on puisse être poussé à croire que ce dernier aura résolu, à lui seul, des siècles d’injustice. À quoi bon avoir des organisations pour défendre la classe ouvrière, pardi ?

Rappelons tout de même à M. Taillefer que le salaire annuel moyen de 1,2 million de membres que nous représentons, avant impôts, se situe sous la barre des 40 000 $. En plein dans la « vraie classe moyenne » que M. Taillefer nous exhorte à protéger.

Le péché originel des syndicats aura été d’introduire des clauses de disparité de traitement dans les conventions collectives, selon M. Taillefer. Bien entendu, celui-ci tait la longue bataille que nous avons menée pour interdire ces clauses dites orphelin. Malgré une première pièce législative qui excluait les régimes de retraite de cette définition, nous avons continué la lutte pour forcer le gouvernement à interdire les régimes de retraite à deux vitesses. Nous nous sommes même opposés à l’amnistie accordée par le précédent gouvernement à ces régimes hybrides et attendons impatiemment un projet de loi visant à les interdire totalement, comme l’a annoncé l’actuel ministre du Travail.

Que certains syndicats aient tenté de sauver les meubles, nous en convenons. Parlez-en aux travailleuses et aux travailleurs d’ArcelorMittal à Contrecoeur-Ouest, forcés d’accepter une telle concession après avoir été mis en lock-out par leur employeur alors que l’entreprise était rentable. Sans parler des salariés de Groupe Capitales Médias qui n’ont pas eu cette « chance », un gouffre de 65 millions hérité de l’époque Desmarais, avant leur transaction avec Martin Cauchon, forçant leur nouvelle coopérative à mettre un terme définitif à leur régime de retraite.

Il est aujourd’hui de bon ton de décrier le retard salarial des employés du secteur public – sans jamais omettre de mentionner que leur régime de retraite compenserait amplement cette iniquité. Or, les faits prouvent le contraire : même en tenant compte de leur régime de retraite et de l’ensemble de leurs avantages sociaux, les salariés des réseaux de la santé et de l’éducation ont une rémunération globale de 6,2 % inférieure aux autres salariés québécois, tel que l’a constaté encore une fois l’Institut de la statistique du Québec en novembre dernier.

Quant à l’affirmation voulant que les enseignants exigent une parité avec leurs collègues de l’Ontario, elle est tout simplement fausse. Cette stratégie aura été payante pour les médecins, grand bien leur fasse, mais n’aura jamais servi d’argumentaire pour les membres que nous représentons.

Nous aurions aimé compter sur la présence de M. Taillefer il y a quelques jours lors d’un colloque intersyndical portant sur la numérisation et la robotisation du monde du travail.

Il aurait pu constater que nous sommes à pied d’œuvre pour développer des pratiques qui font la promotion de la formation continue et de la requalification des travailleurs, notamment dans une perspective de transition énergétique juste et équitable. Il s’agit là de notre façon à nous de préserver des emplois. Nous accuser de nous opposer à de telles transformations inévitables de nos milieux de travail relève, malheureusement, de la simple ignorance.

Nous conviendrons toutefois avec lui qu’il demeure difficile de défendre les intérêts des travailleurs autonomes, par définition moins susceptibles de se regrouper au sein d’organisations syndicales. C’est néanmoins en pensant à eux, ainsi qu’aux chômeurs, aux personnes précaires et aux retraités que les centrales syndicales sont parvenues à resserrer les différentes mailles du filet social dont nous nous sommes collectivement dotés – qu’on pense au Régime des rentes du Québec, au Régime québécois d’assurance parentale (qui inclut un congé parental consacré aux hommes, M. Taillefer) et à notre système public d’éducation et de santé et de services sociaux.

Alors que le Québec tout entier demeure inquiet face à la situation pour le moins préoccupante que traverse Bombardier, résultat de décisions d’affaires pour le moins mal avisées, quelle heureuse diversion que de rendre responsables les syndicats de tous les maux qui nous affligent !

Si M. Taillefer souhaite réellement « un dialogue constructif entre les employeurs et les employés » afin d’atteindre le bien commun, comme il le prétend, force est d’admettre qu’il s’y prend bien mal.

Un dépôt patronal qui ne passe pas

Même si les notes sont remises depuis maintenant plusieurs semaines, les profs de cégep membres de la FNEEQ-CSN ont tenu à corriger une copie supplémentaire : les demandes patronales pour la prochaine négociation.

La note « 0 » a été décernée par plusieurs syndicats de partout au Québec. La grille de correction comprenait plusieurs critères, comme la reconnaissance par la partie patronale que « les conditions de travail sont aussi les conditions d’enseignement ».

« Nous avons déjà remis nos notes il y a quelques semaines à nos étudiantes et étudiants, mais nous tenions quand même à corriger une dernière copie : le document contenant les demandes de nos patrons. Il y a des problèmes urgents à régler dans le réseau collégial, mais le souhait de nos directions semble plutôt être d’accroître leur pouvoir de gestion. » – Yves de Repentigny, vice-président de la FNEEQ-CSN.

En période de surplus, pourquoi demander des reculs dans les conditions de travail ?
À la FNEEQ-CSN, on trouve plutôt curieux que le dépôt patronal ne propose aucun ajout d’argent neuf dans le réseau collégial dans un contexte où le gouvernement affiche d’importants surplus budgétaires. « Notre réseau collégial est sous-financé depuis des années, alors que notre tâche et les besoins des étudiantes et étudiants augmentent. Nous avons dans cette négociation une occasion d’améliorer les conditions dans lesquelles nous donnons nos cours, ce qui aura un effet certain sur la réussite étudiante », affirme Yves de Repentigny, vice-président de la fédération.

Il s’agit d’une première action de mobilisation collective pour les enseignantes et enseignants du réseau collégial. Dans les prochains jours et les prochaines semaines, le comité de négociation et de mobilisation de la FNEEQ-CSN travaillera à présenter ses solutions pour le réseau collégial à la table de négociation nationale.

« Sans nous, les services publics sont HORS SERVICE »

C’est habitée par un réel sentiment d’urgence que la CSN lance aujourd’hui la campagne HORS SERVICE. « Après plusieurs séances de négociation, tant à la table centrale qu’aux tables sectorielles, il est maintenant on ne peut plus clair que le gouvernement de François Legault ne saisit pas l’ampleur de la crise qui sévit dans nos réseaux », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Après avoir tenté par tous les moyens, et ce, depuis l’élection de la CAQ, de faire prendre conscience au gouvernement Legault que rien ne va plus dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux ainsi que dans les organismes gouvernementaux, la CSN choisit maintenant de s’adresser directement aux Québécoises et aux Québécois qui sont plus d’un million et demi à utiliser, chaque jour, les services publics. « Notre message est simple : sans de meilleures conditions de travail, il n’y aura plus de travailleuses et de travailleurs. Et sans les travailleuses et les travailleurs, il n’y a pas de services publics. Nous ne sommes pas alarmistes, nous sommes réalistes », ajoute Mme Senneville. « Il manque de ressources, les charges de travail sont insoutenables, les cas d’épuisement professionnel se multiplient, alors il manque encore plus de ressources… Il faut à tout prix briser ce cercle vicieux. »

De plus, c’est avec une grande inquiétude que la CSN constate que le Conseil du trésor n’envoie pas de signaux positifs aux tables de négociation, comme en témoigne son refus d’hier à maintenir en place jusqu’à la conclusion de nouvelles ententes des primes d’attraction et de rétention ainsi que certains budgets de formation et d’encadrement. « Le gouvernement opte pour des économies de bouts de chandelle sur le dos des travailleuses et travailleurs au lieu de saisir la chance de valoriser le personnel. La CSN ne baissera pas les bras et les discussions se poursuivent afin de les maintenir au-delà du 30 mars. »

Puisque le gouvernement ne reconnait pas la nécessité de donner un sérieux coup de barre dès maintenant pour améliorer les conditions de travail et de pratique et les salaires dans les réseaux, les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN considèrent qu’il est aujourd’hui de leur devoir d’informer la population de l’état de la situation sur le terrain. « Les bris de services sont à nos portes. De nombreux secteurs et départements sont constamment en sous-effectifs, ce qui nuit grandement à l’accessibilité et à la qualité des services. »

La CSN rappelle que, depuis plus de deux mois, elle se présente aux tables de négociation avec des solutions concrètes qui répondent aux besoins des travailleuses et des travailleurs des réseaux; des solutions qui permettraient au secteur public de redevenir attractif et ainsi de réduire les problèmes de pénurie de main-d’œuvre qui aggravent actuellement la situation dans les établissements. « Pendant que nous mettons des propositions solides sur la table, le gouvernement, de son côté, ne semble pas vouloir travailler à améliorer les conditions de travail du personnel. De plus, il nous confirme à travers le budget qu’il souhaite appauvrir les travailleuses et les travailleurs du secteur public en offrant des hausses de salaire sous l’inflation. N’est-il pas indécent que le président du Conseil du trésor, millionnaire de surcroît, propose d’appauvrir celles et ceux qui se consacrent au quotidien à offrir des services à la population? »

Avec comme objectif de parler à l’ensemble de la population, la campagne HORS SERVICE se déploiera dans toutes les régions du Québec. Des actions sont prévues dès aujourd’hui dans plusieurs villes.

« Si rien n’est fait pour améliorer les conditions de travail du personnel des réseaux, il n’y aura plus de services publics. N’attendons pas que ça arrive! », conclut Caroline Senneville.

Syndicat des employées et employés de la SQDC–CSN (Sorel)

Le Syndicat des employées et employés de la Société québécoise du cannabis – CSN a été accrédité, le 30 janvier 2020, pour représenter :

«Tous les salariés au sens du Code du travail, à l’exclusion des agents de sécurité, des assistants-directeurs et des directeurs à l’emploi de l’établissement. »

Les travailleuses et travailleurs de la succursale de SOREL ont choisi de rejoindre la CSN pour son expertise dans les sociétés d’État, sa combativité et pour la force du syndicat régional. Ce groupe constitue la 9e succursale de la SQDC qui opte pour la CSN, permettant de briser leur isolement, de discuter de leurs réalités et de partager l’information, augmentant ainsi leur rapport de force face à leur employeur.

Ce nouveau syndicat sera affilié à la Fédération des employées et employés des services publics, au Conseil central du Montréal métropolitain et bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Réforme du mode de scrutin : des modifications s’imposent

Appuyant l’objectif général d’une réforme du mode de scrutin, la CSN estime néanmoins que des modifications doivent être apportées au projet de loi déposé par la ministre Sonia LeBel afin de mieux représenter la volonté populaire. C’est ce qu’a défendu la centrale syndicale, aujourd’hui, lors de la commission parlementaire portant sur le projet de loi 39.

Le président de la CSN, Jacques Létourneau, a d’abord souligné que les parlementaires détenaient toute la légitimité pour adopter une réforme du mode de scrutin sans avoir à passer par voie référendaire. « Une forte majorité de députés provient de partis politiques qui se sont clairement engagés à réformer le mode de scrutin avant les élections de 2022, a-t-il rappelé. C’est un enjeu beaucoup trop important pour être abandonné aux considérations partisanes d’une campagne électorale. Il est quelque peu surréaliste de constater que le gouvernement de la CAQ dépose aujourd’hui un projet de loi qui l’empêcherait lui-même de militer en sa faveur lors d’un éventuel référendum. Mais si le gouvernement tient mordicus à soumettre la question dans le cadre d’un référendum, celui-ci doit se tenir avant les élections de 2022. »

La centrale syndicale a émis de sérieuses réserves quant à la formule de compensation privilégiée par le gouvernement, qui ne prend en considération que la moitié des circonscriptions gagnées dans une région. « L’objectif d’un mode de scrutin proportionnel est de trouver un juste équilibre entre le nombre de voix exprimées et le nombre de sièges accordés aux différents partis. Ce n’est certainement pas de récompenser en double le parti qui a remporté un siège de circonscription avec une minorité du suffrage ! En ce sens, la “prime au vainqueur” que comporte le projet de loi n’a aucune raison d’être », a indiqué le président de la CSN.

La CSN s’inquiète également du trop grand nombre de régions prévu par le projet de loi 39. « Nous appuyons l’objectif du gouvernement de conserver un volet de représentation régional au sein du mécanisme de compensation proportionnelle, a souligné Jacques Létourneau. Toutefois, le nombre élevé de régions, 17, fait en sorte que les régions moins populeuses se voient désavantagées et dilue considérablement le mode compensatoire. »

Par ailleurs, la centrale syndicale souhaite que le projet de loi oblige les partis politiques de présenter entre 45 % et 55 % de candidatures féminines pour les sièges de circonscription ainsi qu’une alternance femmes-hommes sur les listes des partis, dont la moitié débuterait par une femme. La CSN demande également que soit abaissé à 5 % le seuil national pour qu’un parti puisse bénéficier des mécanismes de compensation, plutôt que 10 %.

Enfin, le président de la CSN a rappelé aux membres de la commission parlementaire que le Québec ne peut se permettre de reporter aux calendes grecques une réforme tant attendue par la population. « Le parti au pouvoir tient à cette réforme. Trois des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale sont clairement en faveur de son adoption. Toutes les conditions sont réunies pour que le Québec se dote d’un mode de scrutin moderne, juste et foncièrement démocratique », a-t-il mentionné.

Les outils du 8 mars 2020 sont maintenant en ligne

C’est sur le thème « Féministes de toutes nos forces » que se déroulera cette année la Journée internationale des droits des femmes. Le 8 mars sera aussi l’occasion de célébrer le 20e anniversaire de la Marche mondiale des femmes, qui se tient tous les cinq ans depuis ses débuts en l’an 2000. Nous serons ainsi appelées à nous mobiliser et à prendre part aux activités de cet événement d’une importance majeure pour les femmes de partout à travers le monde.

Dans la foulée de la marche Du pain et des roses tenue en 1995, le mouvement des femmes au Québec a amorcé une grande aventure : réaliser la première édition de la Marche mondiale des femmes (MMF), qui a débuté le 8 mars 2000 pour culminer le 17 octobre de la même année. La MMF, c’est un mouvement international d’actions féministes rassemblant des groupes et des organisations de partout sur la planète qui vise l’élimination des causes de la pauvreté et des violences envers les femmes à travers le monde. La CSN n’a jamais manqué de s’y impliquer activement et cette 5e édition ne fait pas exception !

C’est donc dans le contexte de la Marche mondiale des femmes que les outils de la Journée internationale des droits des femmes ont été conçus. La thématique et le visuel du 8 mars incarnent l’importance de l’action et de la solidarité pour atteindre la reconnaissance pleine et entière et le respect total des droits des femmes. 

Bien que l’égalité de droit se soit renforcée durant les années 2000 au Québec, des progrès restent à faire pour améliorer la vie des femmes. La violence fait partie de leur quotidien et travailler à contrer ces violences, c’est s’engager dans une lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes et contre les inégalités socioéconomiques.

Au chapitre de l’autonomie économique, les femmes sont encore plus nombreuses que les hommes à travailler au salaire minimum. De plus, les mesures d’austérité mises en place dans le secteur public, composé d’une main-d’œuvre majoritairement féminine, ont mis à mal les conditions de travail de celles qui y œuvrent.

Tous les outils disponibles
Les outils du 8 mars 2020 développés autour du thème « Féministes de toutes nos forces » sont maintenant en ligne. Vous pouvez télécharger les visuels de l’affiche, de l’autocollant, de l’épinglette ainsi que ceux pour les réseaux sociaux. Dès le début du mois de février, la CSN procédera à l’envoi aux syndicats des affiches, des autocollants et de l’outil 8 mars CSN. Ce dernier, spécifique à la CSN, est un porte-crayon fait de carton rigide qui se décline en français et en anglais. Il peut aussi être utilisé comme range-tout, bonbonnière, cache-pot, etc. L’outil se veut une occasion pour les syndicats de sensibiliser leurs membres aux réalités et aux besoins des femmes et des travailleuses.

Restez à l’affût !

Image : Le Collectif 8 mars. Molotov communications. Illustration : Guadalupe Pérez Pita

La CSN, la CSQ et la FTQ contestent les modifications à la Loi sur l’équité salariale

La CSN, la CSQ et la FTQ ont déposé à la Cour supérieure aujourd’hui un recours pour que les femmes reçoivent enfin une rémunération juste. La discrimination salariale qu’elles continuent de subir doit cesser. Ce recours conteste trois modifications législatives apportées par le gouvernement du Québec à la Loi sur l’équité salariale.

Rappelons qu’en mai 2018, à la suite d’une longue bataille menée entre autres par les trois centrales syndicales, la Cour suprême avait invalidé certains articles de la Loi sur l’équité salariale et forcé le gouvernement du Québec à la modifier. Le plus haut tribunal du pays avait statué que les correctifs salariaux doivent être rétroactifs au moment où une discrimination est apparue plutôt qu’au moment où le maintien de l’équité est effectué, un exercice obligatoire tous les cinq ans.

En niant ce correctif pour les plaintes déjà déposées au moment du dépôt du projet de la loi, les centrales syndicales estiment que le gouvernement perpétue la discrimination envers les salariées qui se sont battues pour se rendre jusqu’en Cour suprême en les privant d’ajustements salariaux. Lors des audiences en commission parlementaire, les centrales avaient d’ailleurs indiqué au ministre qu’elles ne tolèreraient pas une telle discrimination.

Les centrales sont également d’avis qu’en choisissant de privilégier une correction par le biais d’un montant forfaitaire plutôt que par l’ajustement des structures salariales lors de l’exercice de maintien, Québec perpétue l’inégalité et la discrimination envers les femmes.

Pour les centrales syndicales, la possibilité octroyée à une organisation détenant la majorité dans une catégorie d’emploi d’imposer, lors de la conciliation des plaintes, son règlement à d’autres plaignantes brime leurs droits d’association et à la liberté d’expression et prive les organisations minoritaires de tout recours devant un tribunal impartial.

L’ensemble de ces dispositions a pour effet de priver les femmes victimes de discrimination d’une réparation efficace et perpétue la discrimination systémique envers les travailleuses, allant à l’encontre même de l’objet de la loi, estiment la CSN, la CSQ et la FTQ.

Déclarations

« L’exercice de maintien de l’équité salariale du secteur public réalisé en 2010 a été l’objet de milliers de plaintes le contestant, tout comme l’exercice de 2015, rappelle Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN. Les modifications législatives adoptées par le gouvernement priveraient des milliers de femmes d’ajustements salariaux rétroactifs auxquels elles ont droit. »

« Pour la FTQ, le gouvernement doit comprendre que la discrimination à l’endroit des travailleuses ne peut plus durer et doit respecter l’esprit et la lettre du jugement de la Cour suprême qui a invalidé en 2018 plusieurs articles de la Loi sur l’équité salariale. C’est assez de traiter son personnel comme des travailleuses de seconde classe », ajoute le président de la FTQ Daniel Boyer.

« Par les modifications législatives d’avril dernier, les femmes sont encore victimes d’un traitement différent. Pour la CSQ, le droit fondamental à l’équité salariale doit être respecté dans son intégralité. L’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas négociable », explique Sonia Ethier, présidente de la CSQ.