Le mouvement syndical du Québec n’oublie pas la crise climatique

À l’occasion du Jour de la Terre, le mouvement syndical québécois lance le Réseau intersyndical pour le climat, qui a pour objectif d’unir nos efforts vers une transition énergétique juste pour les Québécoises et les Québécois. La crise sanitaire dans laquelle nous sommes plongés depuis plus d’un an ne doit pas nous faire perdre de vue l’urgence climatique. Toutes deux sont d’ailleurs liées. Sans surprise, les mêmes phénomènes causent les changements climatiques et augmentent les risques de pandémie. Des scientifiques mandatés par l’ONU en pleine pandémie mondiale nous avertissent d’ailleurs que des crises sanitaires encore plus graves sont à prévoir si la dégradation de la nature se poursuit. Alors que la crise de la COVID-19 devrait avoir une durée limitée, les dérèglements climatiques, eux, vont se poursuivre longtemps encore et risquent de s’aggraver : il n’y aura pas de vaccin contre la crise climatique… Le remède est connu, il faudra toutefois l’appliquer avec autant d’énergie et de diligence que la lutte contre la pandémie pour atténuer les effets de la catastrophe annoncée.

Pour contrer la menace des changements climatiques à l’échelle mondiale, des transitions vers des économies sobres en carbone doivent s’opérer. Au Québec, nous avons la chance d’être dans une position particulièrement choyée pour réussir rapidement une telle transition énergétique.

Au-delà du secteur de l’énergie, la crise climatique entraînera des transformations majeures dans l’ensemble de l’économie et dans le monde du travail. Faisons alors en sorte que la transition soit juste pour les travailleuses et travailleurs de même que pour la santé des écosystèmes.

Partout, nos organisations syndicales veilleront à ce que les transformations dans les milieux de travail n’entraînent pas de précarisation, mais bien une amélioration des conditions de vie des travailleuses et des travailleurs, ainsi que de leurs communautés. Nous visons une transition juste.

Dans les secteurs où il y a aujourd’hui la plus haute intensité d’émissions de gaz à effet de serre, il faut permettre aux travailleuses et aux travailleurs de participer avec d’autres acteurs de leur communauté à la recherche et à la mise en place de solutions locales concrètes ; la transition deviendra alors préventive et non seulement réactive. Nos modèles de travail seront à repenser pour ouvrir des perspectives de diversification économique pour nos régions. Il faudra évidemment prévoir des programmes de formation pour la requalification des travailleuses et des travailleurs qui verront leur emploi se transformer. Les travailleuses et les travailleurs ne doivent pas être laissés à eux-mêmes en raison de nos choix collectifs de transition. Il en va de notre responsabilité commune.

Pour rendre l’économie du Québec viable au regard du défi climatique, il faudra de plus favoriser les emplois d’utilité sociale et environnementale, dont les emplois du secteur public. Non seulement ils ont en général une empreinte carbone faible, mais ils ont aussi pour effet de renforcer l’accessibilité et la qualité des services publics permettant ainsi de rendre le Québec plus résilient quant aux crises, tout en favorisant une transition juste. Nous refusons en ce sens toute politique d’austérité et de privatisation des services publics. Pour soutenir une transition énergétique juste, nous revendiquons une politique fiscale plus progressiste qui redistribue mieux les richesses et qui finance adéquatement les services publics en privilégiant des initiatives porteuses pour relever le défi climatique.

Finalement, qu’importe le secteur d’emploi, les travailleuses et les travailleurs devront être informés des transformations nécessaires à la transition et prendre part activement aux décisions quant à ces changements. Du petit comité dans le milieu de travail jusqu’à celui à l’échelle québécoise et au-delà, les syndicats auront un rôle clé à jouer dans la transition.

C’est pourquoi nous avons décidé de former une alliance pour unir nos efforts en ce sens : le Réseau intersyndical pour le climat. Forts de cette alliance, nous allons partager nos expériences et déployer des initiatives conjointes pour favoriser une transition écologique juste pour le Québec. Nous souhaitons vivement que l’après-crise sanitaire soit l’occasion de refonder notre économie sur des bases plus justes et plus viables. La portée du plan de relance devrait être fondée sur cet objectif.

La planète mérite mieux. Les travailleuses et les travailleurs du Québec méritent mieux. Le Québec mérite mieux.

Andrée Poirier, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
Sonia Ethier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain — CSN (CCMM-CSN)
Marc-Édouard Joubert, président du Conseil régional FTQ Montréal métropolitain (CRFTQMM)
Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Christian Daigle, président général du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)
Line Lamarre, présidente du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)

Un budget intéressant, mais qui ne va pas assez loin

La CSN voit d’un assez bon œil certaines mesures annoncées aujourd’hui dans le budget fédéral attendu depuis deux ans. Elle estime toutefois que plusieurs de ces mesures ne vont pas assez loin et qu’elles empiètent sur les champs de compétence du Québec.

« Nous sommes soulagés de constater que le gouvernement entend continuer de soutenir les ménages et les entreprises en prolongeant les programmes d’aide. Le contraire aurait contribué de façon inacceptable à l’accroissement des inégalités au pays. De plus, le contexte de la COVID nous a mis en pleine figure les lacunes du régime d’assurance-emploi, le gouvernement doit réformer ce programme en profondeur », a souligné le président de la CSN, Jacques Létourneau.

Transferts en santé et dans les services de garde
La CSN salue par ailleurs les sommes annoncées pour les services de garde à l’enfance qui viendront en aide aux familles du Québec et du Canada. « Cet investissement aidera les femmes à investir le marché du travail et donnera la chance aux ménages en attente d’une place en CPE, notamment aux ménages à faible revenu, de se prévaloir de services de garde de qualité. Cependant, le gouvernement du Québec devra recevoir sa part de ce nouveau transfert fédéral et l’utiliser pour parachever son réseau de services de garde subventionnés. Il faut arrêter d’ajouter des places au compte-gouttes », précise Jacques Létourneau.

Le président de la CSN souligne en outre que les transferts en santé sont encore bien en deçà du 35 % demandé récemment par le Conseil de la confédération pour permettre aux provinces d’améliorer la performance de leur réseau public. « Les besoins créés par la pandémie et par le vieillissement de la population sont énormes. Le gouvernement fédéral a une grande responsabilité à cet égard, mais avec son annonce d’aujourd’hui, les provinces peineront encore à répondre à la demande au cours des prochaines années. Bien entendu, c’est la population tout entière qui va en écoper. »

Relance économique
Le gouvernement aurait dû profiter du budget pour s’attaquer résolument à une autre crise tout aussi inquiétante que la COVID : celle des changements climatiques. « L’annonce d’aujourd’hui concernant les investissements dans les transports collectifs et les nouvelles technologies est une bonne nouvelle en soi, mais l’urgence climatique nécessite des interventions beaucoup plus musclées de la part du gouvernement. En ce sens, l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta qui continue d’être au cœur de la stratégie de développement économique du gouvernement fédéral est un réel problème. »

Le président de la CSN reproche également au gouvernement de ne pas avoir annoncé officiellement l’intégration du chantier Davie à la Stratégie nationale de construction navale (SNCN). « Avec ses huit sites de production, le chantier Davie est le plus grand au Canada. Or, depuis 2011, il n’a eu droit qu’à des contrats de conversion et d’entretien ponctuels de la part du fédéral. Il est grand temps qu’il reçoive sa part des contrats fédéraux dans le cadre de la SNCN, d’autant plus que les chantiers Irving à Halifax et Seaspan à Vancouver n’arrivent pas à respecter l’échéancier de livraison des navires. »

Finalement, la CSN regrette que la stratégie de relance économique du gouvernement fasse l’impasse sur des mesures importantes qui auraient eu le mérite de rapporter de nouveaux revenus dans les coffres de l’État. « On ne peut pas s’en remettre uniquement à la croissance économique pour générer de nouveaux revenus. Les multinationales du numérique exercent une concurrence déloyale depuis trop longtemps aux entreprises canadiennes et québécoises. Avec la COVID, leur chiffre d’affaires a explosé. Le gouvernement aurait dû profiter de la situation pour les contraindre enfin à assumer leurs charges fiscales. »

Jacques Létourneau salue néanmoins la limitation de la possibilité de déduire les options d’achat d’action, mais estime que Justin Trudeau aurait également pu choisir d’aller chercher une source de revenus intéressante en augmentant les impôts des contribuables à haut revenu et en empêchant les entreprises d’échapper à leurs obligations fiscales. « Le FMI lui-même recommande aux pays d’augmenter l’impôt des plus riches. Pourquoi les libéraux refusent-ils d’y voir ? Le gouvernement pourrait aussi trouver une source de revenus non négligeable en mettant fin à la possibilité, pour les entreprises, de rapatrier des dividendes en franchise d’impôt à partir de paradis fiscaux. Il n’a malheureusement pas démontré le courage politique nécessaire pour aller en ce sens. »

 

La CNESST doit faire respecter la Loi sur la santé et la sécurité du travail

En réaction à une lettre adressée à la CNESST qui l’enjoint à revenir en arrière sur le port d’une protection de type N95 en zone tiède, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et la FIQP | Secteur privé croient que la CNESST doit respecter le jugement émis par le juge Bouvier le 23 mars dernier.

Ce jugement exige que la CNESST applique le principe de précaution en s’assurant que le personnel de la santé ait accès à un appareil de protection respiratoire en zones chaudes et tièdes et lors d’une intervention auprès d’un cas suspecté ou confirmé de COVID-19, afin d’être adéquatement protégé contre le risque de transmission aérienne du virus.

Lors des audiences ayant mené à cette décision, le tribunal a entendu les prétentions des parties et a analysé la preuve scientifique présentée notamment par la FIQ, la FIQP, ainsi que par la CSN. Le juge Bouvier a tranché que dans un contexte d’incertitude scientifique et conformément à la loi, c’est le principe de précaution qui devrait s’appliquer. Le lendemain, la CNESST confirmait qu’elle appliquerait les conclusions de la décision dans les milieux de travail du secteur de la santé.

« Le juge Bouvier a déjà entendu les arguments mis de l’avant par les experts qui signent cette lettre. Il a néanmoins tranché en faveur d’une meilleure protection pour le personnel de la santé, en application du principe de précaution et de la loi. Il n’y a aucune raison de remettre ce jugement en question, puisqu’il repose sur de solides assises scientifiques, mais aussi légales » préviennent les trois organisations syndicales.

« Les règles de la santé et sécurité du travail sont prépondérantes sur celles de la santé publique. Le jugement est clair : la LSST est une loi d’ordre public et aucun employeur ne peut s’y soustraire. En présence d’un virus potentiellement mortel, ils doivent tendre vers les plus hauts standards en matière de protection des travailleuses de la santé. Nous sommes confiants que malgré la pression, la CNESST ne reviendra pas sur sa décision. Après plus d’un an à se battre pour une protection adéquate, le débat doit être enfin clos. »

Les trois organisations demeurent convaincues que la CNESST saura rester concentrée sur sa mission première en santé et sécurité au travail, à savoir appliquer la loi, protéger les travailleuses et les travailleurs et respecter le principe de précaution.

Un couvre-visage pour appuyer les enfants malades

2021 marque le 25e anniversaire de partenariat entre la CSN et Leucan. Depuis 25 ans, les membres de la CSN collectent des fonds pour le Camp Vol d’été Leucan–CSN, un camp unique pour les enfants atteints de cancer et leur famille. Malgré l’annulation du Camp en 2021, la CSN reste présente pour les enfants atteints de cancer. Une partie des montants recueillis en 2020 et en 2021 sera mise de côté pour le financement du prochain Camp en 2022 ; le reste financera des activités qui se tiendront en 2021 pour permettre aux familles avec un enfant malade d’y participer pour briser leur isolement.

Une des façons d’appuyer la cause est de vous procurer le couvre-visage festif spécial de cette 25e campagne de financement. Offert au coût de 12 $ (taxes et transport inclus), plus de 5 $ par masque sera remis à Leucan.

Quelques détails sur le couvre-visage : composé de deux épaisseurs, fait de 50 % polyester et 50 % coton, ajustable aux oreilles, format de 23 cm x 15 cm, possibilité d’y insérer un filtre et fait au Québec.

Qui peut s’en procurer un ? Tout le monde ! Que ce soit un individu, un syndicat ou une organisation.

Pour vous en procurer un ou plusieurs, visitez la page Web de la campagne pour avoir tous les détails et le lien pour passer une commande.

Merci à tous les membres de la CSN de faire encore une différence auprès des familles dont un enfant est atteint de cancer. La solidarité légendaire des membres de la CSN fait toute une différence.

Les cliniques privées profitent de la pandémie pour s’enrichir

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) réagit à un article paru hier dans Le Devoir dans lequel on apprend que les cliniques privées qui opèrent pour le réseau public ont profité de la pandémie pour se négocier une plus importante marge de profit. On y apprenait également que le nombre de chirurgies réalisées par ce type de clinique a augmenté. Pour la FSSS-CSN, il faut impérativement réintégrer ces services dans le réseau et se doter d’une vision d’avenir pour revaloriser les services publics.

Pour la FSSSCSN, il faut d’abord s’attaquer au problème d’attraction et de rétention du personnel pour permettre au réseau public de remplir sa mission adéquatement. « Ce n’est pas en déplaçant nos ressources vers le privé que l’on améliore la situation. En utilisant le privé pour pallier le problème bien réel qui existe dans le réseau public, on provoque une perte d’expertise et on perd le contrôle sur la façon dont les services sont donnés », explique Jeff Begley, Président de la FSSSCSN.

La FSSSCSN a dénoncé le recours à ces contrats avec des entreprises comme Rockland MD depuis le début et demande au gouvernement de régler le problème à la source. « Au CHU Sainte-Justine par exemple, les infrastructures pour opérer existent. Pourquoi se payer collectivement la construction d’un centre hospitalier moderne et ensuite ne pas investir dans le personnel pour le faire fonctionner », se questionne Félix-Olivier Bonneville, président Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires du CHU Sainte-Justine–CSN.

La FSSS–CSN rejette les dernières offres du gouvernement

Réunis hier soir en conseil fédéral, les délégué-es de tous les syndicats FSSS–CSN du réseau public de la santé et des services sociaux ont rejeté, sans ambiguïté, les dernières offres du gouvernement, déposées le 31 mars dernier. Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) ces offres ne répondent pas aux besoins des plus de 100 000 travailleuses et travailleurs qu’elle représente, dans toutes les catégories de personnel. Plus d’un an suivant l’échéance des conventions collectives, les syndicats FSSS–CSN entament dans les prochains jours des consultations, en assemblée générale pour obtenir le mandat de déclencher la grève au moment opportun, si cela s’avère nécessaire.

« Le gouvernement ne semble pas saisir l’ampleur des problèmes auxquels nous faisons face dans ce réseau, explique la vice-présidente de la FSSS–CSN, Josée Marcotte. Après des années de bouleversements et d’austérité, notre réseau était fort mal en point lorsque la crise de la COVID-19 a éclaté. Un grand coup de barre est d’autant plus nécessaire pour améliorer les salaires et les conditions de travail ainsi que les soins et services que nous offrons à toute la population québécoise ».

« Il y a urgence d’agir. Or, le gouvernement nous propose, des reculs, enchaîne le président de la FSSS–CSN, Jeff Begley. Il n’y a pas de solutions concrètes applicables dès maintenant dans ce qu’il nous offre. Même sur les sujets que le gouvernement identifie comme ses priorités, pensons à la rémunération des préposé-es aux bénéficiaires, à la stabilisation des équipes dans les soins infirmiers ou les centres jeunesse, ses propositions ne sont pas en phase avec les engagements qu’il a pris publiquement. Pour des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs qui jouent un rôle essentiel dans ce réseau, bien qu’ils soient plus éloignés des projecteurs, le gouvernement n’offre absolument rien. Le mépris, ça suffit ».

Offres rejetées
Hier soir, les délégué-es ont analysé en détail l’ensemble des propositions du gouvernement. Ils ont été choqués de constater la fermeture du gouvernement à toute amélioration des conditions de travail et de pratique. Dans les faits, le gouvernement n’a que des « mercis » à offrir à ses « anges gardiens ».

Pourtant, la FSSS–CSN a présenté, au fil des 59 rencontres de négociation sectorielle, plus d’une centaine de solutions concrètes notamment pour renforcer la santé et la sécurité du travail, favoriser la conciliation famille-travail-études, éliminer les surcharges de travail ou encore attirer davantage la relève et retenir l’expertise dans le secteur public. Dans son dépôt, le gouvernement ignore complètement ces enjeux majeurs pour le personnel. Au contraire, il veut forcer de nombreux salarié-es d’augmenter leurs heures normales de travail par semaine dans le but d’économiser des sommes en versement des heures supplémentaires.

Quant aux préposé-es aux bénéficiaires (PAB), le gouvernement ne leur offre pas 26 $ l’heure comme il le prétend. En fait, le gouvernement offre aux PAB ainsi qu’aux auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS) un taux de salaire unique de 23, 87 $ l’heure au moment de la signature de l’entente de principe, privant les salariées de milliers de dollars en rétroactivité. Seuls les PAB qui travaillent en CHSLD auraient droit à une prime supplémentaire, avec des conditions, qui ne compte pas au calcul de la rente de retraite. Le plus choquant, c’est que le gouvernement met tout ça conditionnel au règlement des plaintes en maintien de l’équité salariale déposées en 2010 et 2015 non seulement de ces titres d’emploi, mais de l’ensemble des autres emplois de cette même catégorie de personnel. Bref, le gouvernement veut négocier le droit à l’équité salariale et il voudrait que les femmes du secteur public financent elles-mêmes en bonne partie la correction de la discrimination salariale à leur égard!

Vote de grève
Les syndicats FSSS–CSN s’engagent dans une tournée auprès des membres pour voter un mandat de grève d’une banque de journées illimitées, par scrutin secret.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on s’engage là-dedans, rappelle Josée Marcotte. Mais, nous n’avons plus d’autre choix. Depuis un an et demi, nous tentons de faire comprendre au gouvernement que les travailleuses et les travailleurs n’en peuvent plus. Avec la pandémie, nous avons pris conscience, plus que jamais, qu’il y a urgence d’agir pour relever le réseau. En tenant la ligne dure, en refusant de négocier véritablement des solutions tout en affirmant en point de presse que ses offres sont « excellentes », le gouvernement est en train de créer de toute pièce un conflit alors que, dans les circonstances de crise que nous connaissons, les travailleuses et les travailleurs se seraient attendus à davantage de reconnaissance ».

Le 1er mai prochain, sortons de la crise en santé et en sécurité

Cette année, c’est sous le thème « Sortons de la crise en santé et en sécurité » que nous marcherons lors de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, qui se tiendra le samedi 1er maiLors de cette journée, une marche aura lieu à :

Montréal
Rendez-vous à 13 h au parc La Fontaine, devant l’obélisque Charles de Gaulle (1560, rue Sherbrooke E.)

Québec
Une manifestation se tiendra samedi le 1er mai. Rendez-vous à 13 h à la Gare du Palais (450, rue de la Gare du Palais) afin de revendiquer une amélioration de notre filet de sécurité sociale, une réforme de l’assurance emploi, des amendements majeurs au projet de loi 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail ainsi qu’un rehaussement d’urgence des prestations d’aide sociale. Pour plus d‘informations : https://www.facebook.com/events/722462231763043/

Outaouais 
Webinaire « L’apport de Paulo Freire aux luttes actuelles du mouvement social de l’Outaouais ». Jeudi le 29 avril à 17 h. Pour vous inscrire : https://forms.gle/A6GJTEyLoK6SsjYB6

Cœur du Québec
Conférence de presse le vendredi 30 avril à midi devant les bureaux du ministre responsable de la région du Centre-du-Québec, M. André Lamontagne, à Drummonville

Côte-Nord
Action le vendredi 30 avril à midi devant les bureaux des deux député-es provinciaux de la Côte Nord, Mme Lorraine Richard à Sept-Îles et M. Martin Ouellet, à Baie Comeau

SaguenayLac-Saint-Jean
Défilé en voitures samedi le 1er mai à compter de 9 h. Plus de détails suivront.

Pour la santé et la sécurité de toutes et de tous, c’est au plus vite qu’il faut en sortir. Mais pas n’importe comment.

Pour s’en sortir pour vrai, ça prend :

Des services publics forts
La pandémie a mis en lumière, plus que jamais, l’importance d’avoir accès à des services publics de qualité. Pour sortir de la crise en santé et en sécurité, il faudra un réinvestissement majeur dans les services publics et des mesures importantes pour offrir de meilleures conditions de travail à ceux et celles qui les dispensent. C’est le meilleur moyen de garantir les services publics auxquels la population a droit.

Un travail qui ne nous rend pas malades
Pouvoir compter sur des travailleurs et travailleuses en santé est essentiel. Pour sortir de la crise en santé et en sécurité, il faudra que non seulement la santé physique soit mieux protégée, mais la santé mentale également, notamment avec une meilleure reconnaissance des maladies psychologiques. Mieux protéger au quotidien la santé des travailleuses et travailleurs, c’est aussi les accompagner adéquatement lorsqu’ils et elles sont victimes d’un accident du travail ou d’une maladie psychologique et instaurer une réelle culture de prévention.

Un salaire décent
Actuellement, des centaines de milliers d’hommes et de femmes peinent à joindre les deux bouts. Pour sortir de la crise en santé et en sécurité, il faudra offrir un salaire décent aux travailleuses et aux travailleurs, qui constitue un levier concret pour permettre de réduire les inégalités et ainsi, favoriser une plus grande justice sociale.

Pouvoir compter sur des droits renforcés
Le respect des droits de tout le monde ne peut être malléable et négociable au gré des humeurs politiques. Pour sortir de la crise en santé et en sécurité, le respect des droits de la personne devra être mis de l’avant dans l’élaboration des politiques publiques et dans les choix économiques. Cette crise nous a encore une fois cruellement démontré à quel point les inégalités sont importantes. Que l’on pense au droit au travail, à la protection sociale ou à l’éducation, un meilleur respect de l’ensemble des droits économiques et sociaux est urgent.

Un réel engagement environnemental
La relance économique ne doit pas se faire au détriment de l’environnement et de la crise écologique dans laquelle nous sommes plongés. Pour sortir de la crise en santé et en sécurité, il faudra déployer une grande énergie et une réelle volonté de s’attaquer véritablement au réchauffement climatique et prendre le chemin d’une nécessaire transition juste.

C’est autour de ces revendications que nous marcherons cette année.

Soyez nombreuses et nombreux à vous joindre à nous!

Télécharger l’affiche du 1er mai et ses déclinaisons

Les quatre centrales syndicales s’unissent pour freiner les reculs en santé et sécurité

À quelques jours de la reprise de l’étude détaillée du projet de loi no 59 sur la modernisation du régime de santé et de sécurité du travail, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Centrale des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) unissent leur voix pour dénoncer les reculs prévus dans le projet de loi du ministre Jean Boulet. Lors d’une conférence de presse virtuelle, les quatre chefs syndicaux ont fait le point sur les prochains sujets qui seront débattus en commission et qui auront un impact considérable sur la santé et la sécurité des travailleurs et travailleuses du Québec.

La liste des maladies professionnelles désuète

Mardi, dès la reprise des travaux sur l’étude détaillée du projet de loi no 59, les parlementaires trancheront sur la question de la liste des maladies professionnelles qui donne droit à une présomption pour la reconnaissance d’une lésion professionnelle. Or, cette liste de maladies n’a pas été mise à jour depuis 40 ans. Les centrales demandent que cette liste soit mise à jour et qu’elle tienne compte des avancées scientifiques plutôt que de la recherche d’économie des employeurs.

« Non seulement tout le monde s’entend pour dire que la liste des maladies professionnelles est désuète, mais aussi sur la façon de l’actualiser. En effet, les plus importantes associations patronales et les centrales syndicales du Québec se sont entendues au Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre en 2017 sur une façon adéquate de faire cette mise à jour et d’en assurer l’actualisation par la suite. Or, le ministre Boulet a choisi d’ignorer ce consensus et, en plus, d’ajouter des critères qui empêchent de fait l’accès à la présomption pour certaines maladies, dont la surdité. Les enjeux sont si grands pour les victimes de lésions professionnelles, on doit leur venir en aide et non leur ajouter des obstacles additionnels », dénonce Luc Vachon, président de la CSD.

La prévention mise à mal

Plutôt qu’étendre ce qui fonctionne pour les groupes prioritaires à tous les milieux de travail, la nouvelle mouture du projet de loi abolit les minimums prévus au bon fonctionnement des comités de santé et sécurité et retire aux travailleuses et aux travailleurs le droit de regard sur l’adoption du programme de prévention et sur le choix du médecin chargé de la santé au travail. Alors que la Loi sur la santé et la sécurité du travail est une loi d’ordre public, la responsabilité sera envoyée vers la négociation entre les parties avec à la clef, une possible contestation devant les tribunaux de la décision de la CNESST. On risque ainsi de judiciariser davantage la santé et la sécurité.

« Les travailleuses et les travailleurs du Québec devront maintenant négocier la protection de leur santé et sécurité en même temps que leurs salaires. C’est inacceptable! Ajoutons à cela l’ajout du critère de multiétablissement qui permet à un employeur d’appliquer des mesures de prévention de manière unilatérale dans tous ses établissements, peu importe la diversité et la complexité de leurs enjeux respectifs. L’objectif des mesures de prévention est de répondre aux besoins des travailleuses et des travailleurs et de garder comme priorité leur protection! », ajoute Jacques Letourneau, président de la CSN.

La santé psychologique : un enjeu incontournable

Les risques psychosociaux sont un véritable problème dans les milieux de travail du Québec. Alors que les lésions professionnelles d’ordre psychologique ne font qu’augmenter, particulièrement dans les métiers à prédominance féminine, le ministre doit s’assurer que les acteurs des milieux de travail puissent les prévenir et les indemniser.  « Bien que certains termes faisant référence à la santé psychologique soient introduits dans le projet de loi, rien ne permettra réellement d’améliorer la situation si nous n’avons pas les mécanismes de prévention paritaires suffisants et des mesures concrètes facilitant la reconnaissance de ces lésions psychologiques. Notre souhait est que l’importance d’assurer la santé psychologique des travailleuses et des travailleurs se reflète dans le projet de loi et de façon concrète. Il faut que nous ayons collectivement les moyens d’agir », souligne Sonia Ethier, présidente de la CSQ.

Le secteur de la construction : rien de réglé

La construction est une industrie dangereuse. En ce qui concerne les décès, elle est chaque année surreprésentée, comptant 20 % des décès alors que l’industrie n’emploie que 5 % de la main-d’œuvre du Québec. Cela fait 40 ans que la Loi sur la santé et la sécurité du travail ne prévoit pas de mécanismes de prévention pour la construction. Le projet de loi no 59 introduit des mécanismes de prévention, mais ne s’assure pas qu’ils puissent être fonctionnels sur le terrain. Les représentants en santé et en sécurité doivent être indépendants des employeurs pour pouvoir intervenir librement et réellement représenter les intérêts des travailleurs et travailleuses à risque. « Le ministre Boulet ne tient pas compte de la précarité de l’emploi et de la facilité pour l’employeur de mettre un terme au lien d’emploi si la personne ose revendiquer plus de prévention. Le mécanisme d’application pour l’élection d’un représentant à la prévention ne tient pas plus compte de la rapidité avec laquelle un chantier de construction évolue. Si le ministre veut vraiment sauver des vies, il doit assurer une indépendance et une stabilité dans les représentants à la prévention dans le secteur de la construction en instaurant une législation qui met sur pieds une représentation syndicale des travailleurs et des travailleuses de ce secteur. Sinon, ce n’est que de la poudre aux yeux », conclut Daniel Boyer, président de la FTQ.

Les conductrices et conducteurs d’autobus scolaires doivent aussi être vaccinés en priorité

La Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), qui représente plus de 3000 conductrices et conducteurs de véhicules scolaires provenant d’une dizaine de régions du Québec, exige que ces derniers soient inclus dans la liste des travailleurs essentiels qui recevront prioritairement le vaccin contre la COVID-19 dans les prochaines semaines.

« Le personnel des écoles fait partie de cette liste. Les conductrices et conducteurs d’autobus et de berlines scolaires doivent être considérés au même niveau de risque que les salarié-es qui donnent des services directs aux élèves dans les écoles. Ils doivent donc être vaccinés en priorité comme eux. C’est un non-sens qu’ils soient exclus de cette catégorie à l’heure actuelle. C’est même insultant », déclare Stephen P. Gauley, président du secteur du transport scolaire de la FEESP–CSN.

M. Gauley rappelle que les autobus et les berlines scolaires sont des espaces fermés, peu ventilés. Les conductrices et conducteurs côtoient aussi des centaines d’élèves différents chaque jour en raison des multiples circuits qu’ils effectuent matin et soir. « La distanciation sociale dans les autobus est impossible. La plupart des conductrices et conducteurs n’ont pas de plexiglas pour les protéger et ont des contacts à moins de deux mètres pendant plus de quinze minutes avec les élèves en raison du fait que les bancs à moins de deux mètres d’eux ne sont pas condamnés. Ces conditions créent un potentiel de contamination élevé, comme c’est le cas dans les écoles. Québec doit se réveiller et rectifier la situation », continue M. Gauley.

Jean-Pierre Bourgault, vice-président trésorier de la FEESP–CSN, rappelle que cette exclusion des conductrices et conducteurs d’autobus scolaires de la liste des travailleurs essentiels qui recevront prioritairement le vaccin pourrait aggraver la pénurie de main-d’œuvre qui sévissait déjà dans ce secteur. « Le gouvernement Legault répète constamment que les enfants doivent pouvoir continuer d’aller à l’école. Mais la pénurie de main-d’œuvre qui frappe déjà le secteur compromettra le service de transport scolaire si des conductrices et conducteurs doivent s’absenter en raison d’une contamination, car à beaucoup d’endroits, il n’y a pas de remplaçants », observe-t-il.

M. Gauley termine en appelant Québec à rectifier le tir sans attendre. « Les conductrices et conducteurs d’autobus scolaires font partie de la grande catégorie du personnel scolaire. Ils doivent être considérés comme travailleurs essentiels pouvant se faire vacciner prioritairement dans les prochaines semaines », conclut-il.

Le gouvernement refuse d’agir pour relever les services publics; la CSN prépare la grève

« L’éternel refus du gouvernement Legault d’agir concrètement pour que la crise dans les réseaux se résorbe commence de plus en plus à ressembler à de la négligence et cette négligence, on la connaît. Elle est le lot du secteur public depuis trop longtemps et elle nuit gravement à la capacité des réseaux à rendre les services à la population. Par son inaction, le gouvernement nous pousse à devoir prendre les grands moyens. » C’est le message que lance la CSN alors qu’elle annonce que l’ensemble de ses syndicats du secteur public partira, au cours des cinq prochaines semaines, à la recherche d’un mandat de grève.

D’ici le 10 mai, plus de 200 syndicats affiliés à la CSN, qui représentent plus de 160 000 membres, tant en éducation qu’en santé et services sociaux et dans les organismes gouvernementaux, se prononceront sur un mandat de grève dont les modalités ont été déterminées par chacune des fédérations, selon les discussions stratégiques qu’elles ont menées avec les militantes et les militants des syndicats. Ainsi, la Fédération des employées et employés de services publics (FEESPCSN), la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN) et la Fédération des professionnèles (FPCSN) consulteront leurs membres sur un mandat de cinq jours de débrayage, tandis que la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN), quant à elle, soumettra au vote un mandat d’une banque d’un nombre de jours illimité de grève.

La CSN déplore que la contre-offre déposée la semaine dernière par le Conseil du trésor n’ait été qu’un désolant exercice de relations publiques sur le dos des travailleuses et des travailleurs des services publics. « On était pourtant en droit de s’attendre, après plus de 48 séances de négociation à la table centrale, à de nouvelles propositions qui auraient laissé entrevoir une meilleure compréhension de la situation de la part du gouvernement, mais non. Toujours rien qui permette de s’attaquer réellement au grave manque de ressources humaines et financières des réseaux, après des décennies de compressions et de mesures austéritaires », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Aux tables sectorielles, les enveloppes sont toujours nettement insuffisantes. Il est pourtant clair pour les fédérations du secteur public CSN que l’amélioration des conditions de travail reste la meilleure façon d’améliorer les services à la population.

« Les employé-es des services publics que nous représentons, notamment le personnel de soutien dans les centres de services scolaires et dans les cégeps et celui des organismes gouvernementaux, donnent tout ce qu’ils ont pour assurer une prestation de services de qualité à la population du Québec. La pandémie aura révélé, plus que jamais, le caractère essentiel de leur travail. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous partons à la recherche de mandats qui nous permettront d’accentuer la pression sur le gouvernement afin d’améliorer les conditions de travail de ces gens indispensables. Le statu quo a assez duré. Les comités patronaux de négociation doivent réellement travailler avec nous afin d’en arriver à un règlement satisfaisant pour l’ensemble de nos membres. À la FEESPCSN, nous sommes disposés à le faire. » – Nathalie Arguin, présidente de la FEESPCSN

« Dans la dernière année, les enseignantes et les enseignants du réseau collégial ont su s’adapter pour offrir des conditions d’apprentissage adéquates aux étudiantes et aux étudiants, et ce, malgré les nombreux défis posés par la pandémie. En ce moment, nous nous attendons à de l’ouverture et à un dialogue constructif avec le gouvernement afin d’apporter les solutions nécessaires pour la pérennité du réseau collégial. Pour y arriver, les porte-parole patronaux doivent se présenter aux tables avec des mandats clairs qui nous permettront d’avancer sur des questions telles que la précarité, notamment pour les chargé-es de cours à la formation continue, ou encore sur les enjeux touchant les techniques lourdes de la santé, les coordinations de département ainsi que les étudiantes et les étudiants en situation de handicap (EESH). » – Yves de Repentigny, vice-président de la FNEEQ–CSN

« C’est aberrant de constater que les représentantes et les représentants patronaux à notre table de négociation n’ont toujours pas de mandat pour discuter sérieusement des enjeux qui nous tiennent à cœur dans le réseau de la santé et des services sociaux et qui nous permettraient de donner des services de qualité. Cette négociation doit permettre la mise en œuvre de solutions pour mettre fin à la surcharge de travail, pour assurer un niveau adéquat de personnel en tout temps, pour retenir l’expertise tout en attirant la relève, pour renforcer la prévention en santé et sécurité du travail ou encore pour favoriser la conciliation famille-travail. L’heure est aux solutions, maintenant! »  – Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS–CSN

 « La nouvelle tentative du gouvernement de régler les négociations du secteur public est une démonstration supplémentaire de son manque flagrant d’écoute et de considérations pour ce que vivent les professionnel-les ainsi que les techniciennes et les techniciens, autant dans le réseau de la santé que dans les organismes gouvernementaux. Des journées entières de discussions consacrées à la mise en œuvre de solutions pour contrer la surcharge de travail ne se reflètent pas du tout dans cette nouvelle offre. De plus, on y trouve trop peu de ressources supplémentaires pour régler les difficultés d’attraction et de rétention du personnel. C’est inacceptable. »  – Danny Roy, vice-président de la FP–CSN

La CSN réitère que son unique objectif actuellement est d’en arriver à une entente satisfaisante qui, en répondant aux besoins des travailleuses et des travailleurs des services publics, permette de remettre sur pied les réseaux qui s’écroulent. « Si l’inaction du gouvernement perdure, nous allons continuer à défendre les services publics pour tous les Québécois et les Québécoises et nous allons faire ce qu’il faut pour qu’ils s’améliorent réellement au bénéfice de toute la population. Par ailleurs, si cela doit passer par l’utilisation de l’ultime moyen de pression que nous avons à notre disposition, lequel est un droit constitutionnel, nous le ferons : nous exercerons la grève pour les services publics du Québec », conclut Caroline Senneville.

Catastrophe annoncée : la FSSS publie les résultats d’un sondage sur le moral des travailleurs et des travailleuses de la santé et des services sociaux

La Fédération de la santé et des services sociaux affiliée à la CSN (FSSS-CSN) dévoile aujourd’hui les résultats d’un sondage mené auprès de ses membres un an après le début de la pandémie. Selon ce sondage, 71% des répondants souffrent d’une détresse psychologique élevée. Ce résultat est près de quatre fois plus élevé que ceux mesurés dans l’Enquête québécoise sur les conditions d’emploi et de santé et de sécurité du travail (EQCOTESST), pour le secteur de la santé et des services sociaux (18,1%). 

Les résultats du sondage révèlent également que 27% des personnes répondent aux critères d’une détresse psychologique élevée très importante, faisant en sorte qu’il est probable que ces répondants développent une maladie mentale grave. L’indice de détresse psychologique est un indicateur précoce d’atteinte à la santé psychologique qui évalue deux des plus fréquents troubles de santé psychologique, soit l’anxiété et la dépression. 

Les effets de la pandémie
Dans une grande enquête menée par la FSSS en 2018, le même outil méthodologique nous indiquait alors que 53.73% de nos membres avaient un niveau de détresse psychologique élevée. « La différence entre les résultats des deux enquêtes nous préoccupe énormément, cela démontre une détérioration marquée de la santé psychologique de nos membres dans la dernière année », souligne Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.  

54% des répondants ont par ailleurs répondu aller moins bien qu’avant la pandémie. 

« Il faut donner un coup de barre, c’est urgent. La santé du personnel des réseaux de la santé et des services sociaux et des services de garde éducatifs à l’enfance est en péril, tout comme la santé des réseaux eux-mêmes. Au final, c’est la population qui en paiera le prix si on laisse perdurer cette situation très préoccupante » rappelle Jeff Begley.

2300 personnes issues des différents secteurs que représente la FSSS ont répondu au sondage, mené en ligne du 10 au 17 mars 2021. 

Les mêmes offres toujours insuffisantes pour relever les services publics

« Avec cette contre-proposition salariale qui n’en est pas une, il est clair que nous avons été convié-es à une nouvelle opération de communication du gouvernement Legault; un désolant exercice de relations publiques de la CAQ sur le dos des travailleuses et des travailleurs, alors que ceux-ci se mobilisent partout à travers le Québec pour défendre les services publics. » C’est le message que livre la Confédération des syndicats nationaux (CSN) au sortir de sa rencontre avec le Conseil du trésor ce matin, à Québec.

La CSN se dit extrêmement déçue par la proposition qui leur a été déposée; une proposition collée sur celle qui avait été rejetée en mai 2020 par l’organisation syndicale qui représente plus de 160 000 travailleuses et travailleurs des services publics. Les paramètres salariaux restent identiques à la dernière offre, soit 1,75 % en 2020, 1,75 % en 2021 et 1,5 % en 2022. Les montants forfaitaires à la première et à la deuxième année sont, quant à eux, légèrement bonifiés. « Des mesures éphémères, ce n’est pas ça qui va attirer et retenir le personnel. On est loin du coup de barre nécessaire », lance Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Une autre nouveauté de ce dépôt quant aux paramètres salariaux est la mise en place, pour la durée de la convention collective, d’un mécanisme de protection du pouvoir d’achat qui permet d’ajouter au plus 1 %, si l’inflation dépasse 5 % sur la période de trois ans. « C’est quand même incroyable que le gouvernement veuille nous vendre ce mécanisme comme un gain significatif. On parle ici de garantir aux personnels des réseaux, celles et ceux qui prennent soin de nous au quotidien, qu’ils ne s’appauvriront pas en travaillant pour les Québécoises et les Québécois. Et même là, ce n’est pas une vraie garantie, puisque si l’inflation dépasse 6 % sur trois ans, ce sera l’appauvrissement. Et le gouvernement en ajoute une couche en liant le déclenchement de ce mécanisme à la croissance économique », ajoute Mme Senneville.

La CSN ayant obtenu, le 15 mars dernier, un mandat clair de planifier la grève des syndicats de tous les secteurs qu’elle représente, tant dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux que dans les organismes gouvernementaux, elle affirme que la nouvelle tentative du gouvernement de régler au rabais les conventions collectives du secteur public accélérera les démarches déjà entamées en ce sens. « En refusant encore une fois de prendre les moyens nécessaires pour relever les réseaux, le gouvernement Legault met en péril les services à la population. Nous ne pouvons accepter ça. Et s’il faut que nous utilisions l’ultime moyen de pression pour améliorer nos conditions de travail et ainsi défendre les services auxquels les Québécoises et les Québécois ont droit, nous le ferons », conclut Caroline Senneville.

Le gouvernement entendra-t-il enfin le cri d’alarme lancé par les travailleuses et les travailleurs des services publics?

Devant le mépris exprimé depuis trop longtemps par le gouvernement Legault, qui refuse toujours de donner le coup de barre nécessaire pour relever les services publics, la colère monte chez le personnel. Il y a un an aujourd’hui, les conventions collectives des 550 000 travailleuses et travailleurs des services à la population venaient à échéance. Le gouvernement disait alors vouloir s’entendre rapidement avec ses employé-es, mais 12 mois plus tard, force est de constater que ces paroles n’étaient que du vent. C’est pourquoi, ce matin, des milliers de travailleuses et de travailleurs, toutes organisations syndicales confondues (CSN, CSQ, FIQ, APTS, FTQ, FAE, SFPQ et SPGQ), manifestent leur ras-le-bol devant l’Assemblée nationale à Québec et devant le bureau du premier ministre à Montréal.

Tout au long de la journée, malgré leur surcharge de travail constante et leur épuisement, ces centaines de milliers de femmes et d’hommes qui se dévouent sans relâche pour la population feront du bruit partout à travers le Québec afin de sonner l’alarme sur les situations intenables vécues sur le terrain actuellement et dénoncer l’inaction du gouvernement face à ces situations.

Pour les leaders syndicaux présents à Québec (Jacques Létourneau, CSN; Sonia Ethier, CSQ; Nancy Bédard, FIQ; Andrée Poirier, APTS; Daniel Boyer, FTQ; Sylvain Mallette, FAE; Christian Daigle, SFPQ et Line Lamarre, SPGQ), il est impératif que le gouvernement agisse maintenant.

« La situation catastrophique dans les réseaux, dans la fonction publique et dans les organisations parapubliques ne date pas d’hier. Ce sont des décennies de réformes centralisatrices, de compressions et d’austérité qui ont démoli les services publics. Il est aujourd’hui on ne peut plus clair que ce n’est pas la voie à suivre. Avant d’utiliser la fameuse cassette du « On n’a plus d’argent, les coffres sont vides », le gouvernement Legault doit se poser la vraie question « A-t-on les moyens de se priver des services publics? » La dernière année est venue nous confirmer, hors de tout doute, que la réponse est non », affirment les leaders syndicaux d’une seule voix.

Les organisations revendiquent des améliorations immédiates et significatives aux conditions de travail et de pratique et aux salaires du personnel de l’État pour freiner les départs qui se comptent par milliers depuis le début de la pandémie et réussir à recruter de nouvelles personnes pour venir rapidement prêter main-forte.

« Le gouvernement l’a dit lui-même par la bouche de son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, pour justifier l’augmentation de 127 % accordée au PDG d’Investissement Québec : « Si on veut avoir des outils à la mesure de nos ambitions, il faut rémunérer les gens en conséquence ». Cette affirmation est fort juste et elle doit aussi s’appliquer aux travailleuses et aux travailleurs qui, au quotidien, prennent soin de nous, de nos parents, de nos enfants, de nos proches », notent les porte-parole syndicaux, tout en ajoutant que chaque jour qui passe sans action directe du gouvernement pour ajouter des ressources humaines et financières en santé et services sociaux, en éducation, dans la fonction publique et dans les organismes gouvernementaux aggrave les problèmes d’attraction et de rétention du personnel et entraîne des conséquences importantes sur les services à la population.

Les travailleuses et les travailleurs veulent maintenant des réponses à leurs questions : après deux ans et demi au pouvoir, qu’attend le gouvernement pour faire ce qu’il faut et investir les sommes nécessaires pour relever les services publics? Quand entend-il donner des mandats à ses représentants aux tables de négociation pour parvenir à des ententes satisfaisantes pour toutes et tous, des ententes à la hauteur des besoins qui changeront le visage des services publics, tant pour celles et ceux qui y travaillent que pour l’ensemble du Québec?

Si le gouvernement refuse toujours de répondre adéquatement à ces questions, les organisations syndicales déploieront des actions de mobilisation plus musclées sur le terrain au cours des prochaines semaines.

« Nous ne resterons pas les bras croisés, alors que les services à la population sont en péril. Nous nous mobiliserons pour le bien-être de toutes les Québécoises et de tous les Québécois », de conclure les leaders syndicaux.

Marlène Paul ou le militantisme syndical pour créer des ponts sur les réalités autochtones

Innue par son père, Marlène est née il y a soixante-trois ans à Mashteuiatsh, la seule communauté autochtone au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Elle enseigne à l’école secondaire Kassinu Mamu de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, à Mashteuiatsh. Elle a œuvré à syndiquer le personnel enseignant de son école en 2014 et est maintenant présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Mashteuiatsh—CSN.

« Étant à moitié innue, j’ai les pieds dans deux cultures. Cela a fait en sorte que souvent, pour les Autochtones, je ne suis pas vraiment autochtone. Et pour les Blancs, c’est pareil, je ne suis pas vraiment comme eux, mon nom de famille est associé aux Innus. Cette tension a parfois été difficile, surtout plus jeune », commence Marlène.

Les pensionnats autochtones, on a l’impression que c’est bien loin, mais Marlène les a connus. La pratique de séparer les enfants autochtones de leur famille en les plaçant dans ces pensionnats a été adoptée par le gouvernement fédéral et le clergé pour « tuer l’indien dans l’enfant ». Ces pensionnats ont existé dans toutes les provinces canadiennes, des années 1880 jusqu’aux années 1990, le dernier ayant fermé ses portes seulement en 1996, en Saskatchewan.

« Lorsque j’étais enfant, il y avait un pensionnat directement dans la communauté, qui s’appelait Pointe-Bleue à cette époque. À l’âge de seulement six ans, on m’a arrachée à ma famille pour m’y envoyer. J’y suis demeurée quatre ans. Pendant tout ce temps, je n’ai pas revu mes parents, mes frères, mes sœurs. Ce fut… marquant », dit-elle simplement.

Après le pensionnat, Marlène fréquente l’école secondaire hors de sa communauté. « Lors de la séparation de mes parents, j’ai ensuite quitté Mashteuiatsh. J’ai étudié en génie mécanique, mais n’ai pas trouvé d’emploi. Je suis donc retournée à l’université en enseignement des mathématiques et des sciences. J’ai enseigné dans plusieurs écoles, partout au Québec, dans des communautés autochtones ou non. Je connais donc bien les différents enjeux touchant les Autochtones en éducation », continue-t-elle.

De retour à Mashteuiatsh depuis plusieurs années, Marlène est d’avis que les perceptions et les préjugés à l’endroit des Autochtones diminuent un peu. « Mais c’est un travail très lent. Ce n’est pas évident d’aller à la rencontre de l’Autre. La méfiance est très présente, de part et d’autre. C’est en créant des espaces d’échange et de dialogue que les barrières pourront tomber, j’en suis persuadée », observe Marlène.

« Les allochtones ont beaucoup de préjugés envers nous. On leur a rentré dans la tête que nous avons des privilèges, notamment au niveau de la chasse et de la pêche. C’est très tendu, ici, sur ces questions, ainsi que sur la question des terres qui appartiennent à la communauté. Ça crée des conflits entre les gens, on entend des propos racistes de la part de citoyennes et citoyens à la radio… Ce n’est pas facile », poursuit-elle.

Marlène croit que l’éducation est une clé importante pour faire tomber ces préjugés et ces méconnaissances, qui engendrent du racisme à l’endroit des membres des Premières Nations. « Les Innus de Mashteuiatsh sont de façon générale plus pauvres et plus malades que les gens de la région. Pourquoi ? Entre autres parce que le système colonial canadien nous maintient encore aujourd’hui dans une posture de mineur vis-à-vis Ottawa. Est-ce que les gens savent qu’on ne peut pas se prendre une hypothèque et que nous ne pouvons pas être propriétaires de nos maisons dans les communautés ? Que le gouvernement fédéral est encore notre “tuteur légal ?” Il commence à y avoir un certain éveil sur ces questions et des politiques timides de réconciliation voient le jour, mais il faut voir cela sur le long terme », souligne-t-elle.

Résolument engagée pour créer des espaces de dialogue partout où elle peut, Marlène a été nommée en 2019 au Conseil supérieur de l’éducation, qui conseille le ou la ministre de l’Éducation. Active au sein de la FNEEQ depuis 2014, elle voit aussi le militantisme syndical comme une occasion de créer des ponts et d’éduquer les gens sur les réalités autochtones. « Il faut parler, parler, parler, pour finir par se comprendre. Il ne faut pas se décourager, ça évolue », termine-t-elle en souriant.

 

 

 

 

Les négociateurs du gouvernement Legault ne pourront pas empêcher les travailleuses et les travailleurs de la santé et des services sociaux de manifester bruyamment

Le Tribunal administratif du travail a tranché : le gouvernement Legault ne pourra pas empêcher les travailleuses et les travailleurs de participer massivement à des actions de mobilisation qui se tiendront, partout au Québec, ce mercredi 31 mars. Rappelons que le gouvernement Legault, par l’entremise du Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux (CPNSSS), a demandé dimanche matin l’intervention du Tribunal administratif du travail (TAT) pour interdire ces moyens de visibilité dans le réseau de la santé et des services sociaux.

fCette journée d’actions, déployée par l’ensemble des organisations syndicales du secteur public sous le thème « On sonne l’alarme », vise à souligner la situation critique qui prévaut dans les services publics, notamment dans le réseau de la santé et des services sociaux, alors que le personnel est sans convention collective depuis un an.

Les huit grandes organisations syndicales de la santé et des services sociaux visées par cette demande d’intervention maintiennent les actions prévues, tout en s’assurant que les balises édictées par le TAT seront intégralement respectées.

« Nous n’avons jamais eu l’intention de perturber les services ni de nuire aux usagères et aux usagers de quelque façon que ce soit, ont réagi les leaders syndicaux. La demande d’intervention de la partie patronale visait à nous faire taire, bien plus qu’à assurer qu’il n’y aurait aucun préjudice à l’égard des personnes dont nous prenons soin chaque jour. En ce sens, le TAT rappelle la partie patronale à l’ordre. Nous accueillons favorablement cette décision du TAT. Et nous avons un message très clair envers le gouvernement :  l’heure est à la négociation véritable avec les syndicats. C’est la seule vraie solution qui permettra de répondre aux besoins des travailleuses et des travailleurs sur le terrain, tout en améliorant nos services publics ».

Les organisations syndicales en question sont l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS); la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ); la Fédération des professionnèles (FP-CSN); la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN); la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ); le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ); le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ); le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ).

Les négociateurs du gouvernement Legault tentent de faire taire les travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux

Huit grandes organisations syndicales de la santé et des services sociaux dénoncent une manœuvre pitoyable du gouvernement Legault visant à faire taire leurs membres qui participeront à des actions de visibilité ce mercredi 31 mars. Cette journée d’actions, déployée par l’ensemble des organisations syndicales du secteur public sous le thème « On sonne l’alarme », vise à souligner la situation critique qui prévaut dans les services publics, notamment dans le réseau de la santé et des services sociaux, alors que le personnel est sans convention collective depuis un an. Le gouvernement Legault, par l’entremise du Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux (CPNSSS), a demandé dimanche matin l’intervention du Tribunal administratif du travail (TAT) pour interdire ces moyens de visibilité, qui étaient pourtant déjà connus depuis plusieurs semaines. Il brandit un « préjudice ou une possibilité de préjudice à un service auquel le public a droit » ainsi qu’une menace aux « services de santé et services sociaux sécuritaires et continus auxquels a droit la population ».

Les parties ont été convoquées ce lundi pour une conciliation qui a échoué. L’audition aura lieu demain, mardi.

« C’est complètement ridicule! Nos membres ont toutes et tous à cœur le bien-être des personnes sous leur responsabilité et la dernière année l’a prouvé hors de tout doute. De présumer qu’ils et elles pourraient mettre en péril les soins offerts est insultant et démontre encore une fois le peu de considération de ce gouvernement pour les travailleuses et les travailleurs du réseau », ont lancé les leaders syndicaux.

Les organisations syndicales soulignent qu’il n’a jamais été question de perturber les services ni de nuire aux patients et usagers de quelque façon que ce soit. Pour elles, ce recours est une gifle au visage des travailleuses et travailleurs du réseau, qui ont sans cesse prouvé leur professionnalisme et leur attachement à la dignité des patients, avant et pendant la pandémie, et ce, malgré les compressions budgétaires, le manque d’équipement de protection, le manque de personnel, les conditions de travail pénibles, le manque chronique de reconnaissance et le manque de volonté de négocier du gouvernement.

« Depuis un an, le gouvernement Legault nous prive de vacances, réorganise notre travail sans notre accord, nous relocalise abusivement, suspend les droits de nos conventions collectives unilatéralement. Il nous méprise en nous offrant des augmentations salariales pitoyables. Mais ce n’était pas suffisant. Aujourd’hui, le gouvernement cherche à nous réduire au silence », d’ajouter les dirigeantes et dirigeants.

« Le gouvernement s’aventure sur une pente glissante en tentant d’empêcher des activités syndicales tout à fait légitimes et protégées par les chartes québécoise et canadienne. Nous trouvons lamentable de s’en prendre aux travailleuses et travailleurs qui sont sans contrat de travail depuis un an et qui veulent sonner l’alarme, alors que le problème, c’est le découragement qui mène aux démissions, c’est la mauvaise gestion de l’attraction-rétention, c’est le manque de reconnaissance et de respect du gouvernement qui dure depuis des années », de conclure les dirigeantes et dirigeants.

Les organisations syndicales en question sont l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS); la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ); la Fédération des professionnèles (FP-CSN); la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN); la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ); le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ); le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ); le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ).

Le budget provincial : des promesses séduisantes, un accueil mitigé

« L’enseignement supérieur a été déclaré comme un service essentiel ainsi qu’une priorité par le gouvernement Legault. On ne peut que se réjouir de l’attention qu’accorde enfin ce gouvernement aux études postsecondaires, mais le détail des investissements montre qu’il y aura finalement peu d’argent accordé aux enseignantes et aux enseignants des réseaux collégial et universitaire », constate Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN). 

Malgré un déficit prévu de 12,5 G$ en 2021-2022, le ministre des Finances, Éric Girard, injecte 700 M$ de dollars en enseignement supérieur jusqu’en 2026. Nous nous réjouissons qu’une bonne partie de ces sommes vienne en aide aux étudiantes et aux étudiants, qui ont particulièrement souffert des impacts de la pandémie. Nous nous interrogeons toutefois sur les mesures d’encouragement, qui ciblent des domaines particuliers (notamment les technologies de l’information) au détriment des autres. Nous tenons à rappeler que l’enseignement supérieur n’est pas au service des besoins du marché de l’emploi. 

Par ailleurs, nous constatons que, du primaire à l’université, le gouvernement mise de manière insistante sur le virage numérique, l’intelligence artificielle et le déploiement de solutions informatiques. Nous ne partageons pas cet engouement pour la technologie. L’enseignement en présence doit être maintenu et favorisé dans tous les ordres d’enseignement, et il ne faut surtout pas tirer de conclusions hâtives de la pandémie. Cependant, les décisions concernant l’utilisation des sommes annoncées devront refléter les préoccupations et les besoins exprimés par les enseignantes et les enseignants, qui ont été au premier plan de l’adaptation et de la poursuite des activités d’enseignement durant la dernière année. Nous craignons que de tels investissements ne fassent qu’alimenter la concurrence entre les établissements. 

Quant au primaire et au secondaire, la Fédération se réjouit des investissements de 170 millions annoncés pour « Soutenir la consolidation des apprentissages en contexte de crise sanitaire », mais signale que la nature de ces investissements devra être précisée en collaboration avec le personnel enseignant. De plus, les 70 M$ octroyés « afin de valoriser la profession enseignante et les carrières en éducation, de soutenir les étudiants en enseignement et leur intégration en emploi ainsi que de mobiliser les personnes qui travaillent au quotidien auprès des élèves du Québec » d’ici 2025-2026 risquent de s’avérer bien insuffisants. 

La Fédération accueille favorablement le soutien annoncé de 41 M$ d’ici 2025-2026 pour les établissements d’enseignement supérieur en région, mais elle souligne néanmoins que les besoins sont beaucoup plus importants. 

« L’éducation et l’enseignement supérieur forment les citoyennes et les citoyens qui façonneront la société québécoise. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de sortie de crise difficile, il s’avère important de bien les soutenir. Qu’enfin le déficit provincial ne représente plus un frein constitue une bonne nouvelle », souligne Caroline Quesnel. 

Vigilance et regrets
Personne ne peut ignorer que l’enseignement en mode non présentiel a accentué les inégalités et a eu un impact important sur la motivation ainsi que le parcours scolaire de milliers d’étudiantes et d’étudiants. La situation a alourdi considérablement la tâche des enseignantes et des enseignants et elle devrait perdurer durant les prochains mois, si ce n’est les prochaines années. L’annonce d’aujourd’hui est ainsi bien accueillie par la Fédération, qui, malgré tout, restera vigilante afin que les sommes injectées soutiennent concrètement le personnel enseignant des cégeps et des universités et répondent enfin aux besoins criants qu’ils expriment depuis plusieurs années. 

Par ailleurs, la Fédération attend avec impatience la publication du Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur, doté d’un budget de 150 M$ d’ici 2025-2026. Nous mettons toutefois en garde le ministère sur le danger de concevoir la réussite uniquement en fonction de l’atteinte de cibles de diplomation sans tenir compte des impacts de la pandémie sur la persévérance et la motivation étudiantes.   

La FNEEQ-CSN, qui représente notamment les enseignantes et des enseignants dans 45 établissements collégiaux publics, soit environ 85 % d’entre elles et eux, dénonce, à l’instar de la CSN, qu’aucune somme ne soit prévue afin de régler les négociations du secteur public. Si le gouvernement veut reconnaître la contribution des salarié-es de l’État dans la santé, dans les organismes gouvernementaux de même que dans l’éducation et l’enseignement supérieur, les bons mots ne suffisent pas : les actes doivent suivre la parole.  

Nous regrettons que le gouvernement ait décidé de maintenir les versements au Fonds des générations et qu’il ne procède pas à la révision majeure de la fiscalité souhaitée par la Coalition Main rouge, dont elle est membre. Ce faisant, l’État se prive encore une fois de ressources importantes pour soutenir les services publics. Aussi, la décision de la CAQ d’uniformiser le taux de taxe scolaire privera l’éducation et l’enseignement supérieur de plus de 3,6 G$ entre 2020 et 2026. Tout porte à croire qu’à la suite des prochaines élections provinciales, le Québec subira une autre cure d’austérité. Les membres de la FNEEQ-CSN seront une fois de plus prêts et prêtes à se battre !

Alexandre Ladouceur, l’un des témoins derrière les masques

Le CHSLD Lionel-Émond, situé à Gatineau, figure parmi les premiers centres d’hébergement de l’Outaouais à être aux prises avec une éclosion de COVID-19. De quatre cas confirmés, le nombre de bénéficiaires positifs grimpe à 19 en quelques jours.

À 29 ans, Alexandre Ladouceur semble rougir au bout de la ligne quand on lui demande si on peut le qualifier de « jeune homme fringant ». Ce préposé aux bénéficiaires admet néanmoins s’entraîner au gym cinq fois par semaine. Croyant que sa bonne santé le prémunirait de symptômes trop graves s’il attrapait la maladie, Alexandre s’était porté volontaire pour aller travailler en zone rouge, à l’aile du 4e étage où les usagers luttant contre la COVID-19 sont isolés. À temps plein, sur le quart de soir.

« J’ai commencé à avoir peur quand j’ai réalisé à quel point la maladie était aléatoire : des patients bien portants pouvaient mourir en l’espace de trois jours, alors que d’autres, bien plus faibles, étaient positifs, mais ne présentaient presque pas de symptômes », relate-t-il.

C’est en écoutant le premier ministre expliquer en conférence de presse que les masques de procédure protégeaient non pas la personne qui le porte, mais plutôt celle avec qui elle interagit, qu’Alexandre et ses collègues commencent à se poser des questions… Inquiets de la non-disponibilité des masques N95, certains commencent à apporter leur propre équipement de protection, qui un foulard, qui des lunettes de plongée…

Alexandre travaillera à temps complet pendant environ trois semaines avant de recevoir la confirmation le 27 avril, à son troisième test, qu’il avait été infecté.

« J’ai passé 19 jours seul dans mon appartement. J’appelais le 811 au moins une fois par jour, j’étais extrêmement faible, je crachais du sang… C’était rough. Et dur pour l’orgueil, aussi », reconnaît-il.

Peu de temps après avoir reçu un appel de la Santé publique lui indiquant qu’il était « guéri » (« je crachais encore du sang », fait-il remarquer), une gestionnaire du CHSLD le contacte pour lui proposer un retour au travail… en zone rouge. « Je ne veux pas mourir! », lui répond-il aussitôt. « Ce n’est pas de sa faute, à la pauvre dame, mais elle a reçu toute la frustration que j’avais accumulée. J’avais vraiment l’impression – et je l’ai encore! – d’avoir été trompé. Depuis le début, dans cette histoire, c’est comme si on renvoyait toute la responsabilité aux employé-es : lavez-vous les mains, faites attention, puis tout va bien aller, comme si c’était de notre responsabilité de ne pas tomber malade… »

Alexandre Ladouceur a été « profondément atteint » par le décès de deux collègues. L’un est décédé des suites de la maladie, l’autre s’est enlevé la vie après que sa mère se soit retrouvée aux soins intensifs après l’avoir lui-même contaminée.

« C’est d’une tristesse… Les deux étaient tout proches de la retraite, c’est désolant », laisse tomber Alexandre.

Pas de contamination par aérosols?
Tout au long de l’année 2020, l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) refusera de reconnaître la possibilité de contamination par aérosols – ces minuscules particules, plus petites que les gouttelettes – qui circulent dans l’air. Pour la santé publique, les masques N95 ne sont pas nécessaires. Pire, une ordonnance du Dr Horacio Arruda, émise en juin 2020, interdira tout usage des N95 dans le réseau à l’exception de cas bien précis, soit les interventions médicales générant des aérosols.

Malgré les nombreuses plaintes déposées par de nombreux syndicats du réseau de la santé et des services sociaux quant au manque de protection des travailleuses et des travailleurs, la CNESST refusera d’appliquer le principe de précaution, se collant sur les avis de l’INSPQ. Ce sont ces rapports d’intervention de la Commission des normes de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) qui seront contestés, et ce, dès le printemps 2020, devant le Tribunal administratif du travail (TAT).

Lorsque son délégué syndical, Simon Lacroix, le contacte pour tester son intérêt à venir témoigner devant le TAT afin de contester les avis de la CNESST, Alexandre y voit une occasion en or. « Je n’en veux pas aux gestionnaires avec qui je travaille, ils ont vraiment tout fait avec les moyens que nous avions. Mais les gens qui travaillent en zone rouge, ce sont des gens extrêmement courageux. Il me semble qu’on a une responsabilité de bien les protéger. Je ne sais pas combien ça coûte, un N95, mais la vie d’un travailleur, ça n’a pas de prix, ça je le sais. »

Dans sa décision, le juge qualifiera le témoignage d’Alexandre de « troublant ».

« J’ai expliqué au juge que de travailler comme préposé aux bénéficiaires, c’est dynamique : on bouge tout le temps. On voyait bien que la protection n’était pas suffisante. Quand il fait chaud, on sue, la visière glisse, le masque de procédure devient tout mouillé, il glisse aussi, on est proche du patient, on sent sa respiration sur notre visage… essaye de replacer ton masque quand tu es en train de changer une couche! »

Le juge Philippe Bouvier donnera raison aux prétentions syndicales : le risque de contamination par aérosols est réel, seul un appareil de protection respiratoire (de type N95 ou supérieur) peut en protéger les salarié-es, les employeurs n’ont pas assuré leur protection et la CNESST a failli à son devoir quant à l’application du principe de précaution. Il ordonne aux employeurs visés par la requête de rendre disponibles des masques N95 dès qu’un salarié, peu importe son titre d’emploi, se retrouve en présence d’un patient contaminé ou suspecté de l’être, soit en zone tiède et chaude, en plus d’offrir un test d’ajustement à tous les salarié-es qui doivent en porter.

C’est en pensant à ses collègues décédés et aux 30 000 travailleuses et travailleurs du réseau de la santé qui ont contracté la maladie qu’Alexandre a savouré la victoire en lisant la décision du juge Bouvier cette semaine. Une victoire qui laisse un goût amer, plus d’un an après le début de la pandémie, admet-il.

« Ça faisait tellement longtemps que je parlais de tous ces problèmes à mes proches, j’étais content de pouvoir enfin parler à quelqu’un en position d’autorité. Je ne suis pas un spécialiste, ni un médecin, ni un avocat, mais le juge a pris le temps de m’écouter. Attentivement. J’ai juste essayé de lui répondre au meilleur de mes connaissances. »

Et fort d’une expérience des plus traumatisantes, risquerions-nous d’ajouter.

 La semaine prochaine : blocages politiques, victoire juridique

 

 

Lancement de la 25e campagne de financement pour le Camp Vol d’été Leucan–CSN

Le 18 mars avait lieu le lancement de la 25e campagne de financement de la CSN pour le Camp Vol d’été Leucan-CSN. C’est lors du conseil confédéral que David Bergeron-Cyr, 2e vice-président de la CSN et représentant politique de la campagne, ainsi que Pascale Bouchard, directrice générale de Leucan, se sont adressés aux membres de façon virtuelle.

2021 est une année importante. Elle marque le 25e anniversaire de partenariat entre la CSN et Leucan. Depuis 25 ans, les membres de la CSN collectent des fonds pour le Camp Vol d’été Leucan-CSN, un camp unique pour les enfants atteints de cancer et leur famille. Madame Bouchard a annoncé qu’à nouveau en 2021, ce camp, l’événement le plus attendu des familles année après année, n’aura pas lieu à cause de la pandémie. La sécurité des familles et des bénévoles a été prise en compte ainsi que le risque d’un manque de personnel médical nécessaire à la tenue de l’activité.

Malgré l’annulation du Camp, la CSN reste présente pour les enfants atteints de cancer comme l’a dit David Bergeron-Cyr. Une partie des montants recueillis en 2020 et en 2021 sera mise de côté pour le financement du prochain Camp en 2022, mais la balance financera des activités permettant aux familles avec un enfant malade de participer à des activités pour briser l’isolement en 2021. La CSN va donc continuer son mandat d’offrir des moments de répit aux familles membres de Leucan.

La campagne du 1 $ par membre est de retour encore cette année pour tous les syndicats. Aussi, il est possible de participer à la campagne spéciale de financement du 25e en vous procurant votre couvre-visage festif disponible seulement en 2021 au coût de 12 $. Pour tous les détails et formulaires reliés à la campagne de financement, visitez la page Web de la campagne.

L’équipe de Leucan remercie David Bergeron-Cyr ainsi que tous les membres de la Fondation Camp Vol d’été Leucan-CSN qui s’impliquent et continuent d’organiser, dans la mesure du possible, différentes activités de collecte de fonds. Ils font de cette campagne un succès. Un grand merci à tous ceux qui donnent et s’impliquent, de près comme de loin. La solidarité légendaire des membres de la CSN fait toute une différence.

Regardez ce témoignage de la famille Toussaint qui démontre les impacts positifs du Camp Vol d’été Leucan-CSN et l’importance de poursuivre les actions pour briser l’isolement des familles actuellement.

Une aide saluée pour soutenir le secteur culturel pendant la crise

L’APASQ, l’AQAD, l’ARRQ, la FNCC–CSN, la GMMQ, TRACE, l’UDA et l’UNEQ saluent les efforts pour soutenir la culture, grâce à une enveloppe de 100 millions de dollars d’aide ponctuelle. Bien que temporaire, il s’agit d’un message positif envoyé par le gouvernement du Québec aux artistes, créateurs et professionnels de la culture. Une étude plus approfondie du budget permettra sans doute de mieux comprendre le détail des sommes indispensables annoncées jeudi.

En effet, il faut placer cette aide dans le contexte dramatique qui afflige le secteur de la culture, sans doute l’un des plus touchés par la pandémie. Rappelons que l’on assiste à une chute inédite du PIB pour les arts et spectacles au Québec. En comparant les périodes de mars à juin 2019 et de mars à juin 2020, nous constatons une baisse de 54 % du PIB sur l’année. Les emplois ont été perdus par dizaines de milliers, plus de 40 % de nos membres songent à quitter le métier et leur état psychologique est alarmant, comme nous l’avons détaillé dans un plaidoyer publié à la mi-mars.

Depuis maintenant un an, et pour de nombreux mois encore, les artistes, créateurs et professionnels de la culture risquent d’être sans travail et pour plusieurs sans revenu ni filet social. L’été s’annonce difficile, malgré la réouverture graduelle des salles de spectacle. Nous serons donc également attentifs aux orientations des sommes annoncées pour la santé mentale afin que cette aide soit accessible aux travailleuses et travailleurs autonomes de la culture.

Les huit associations qui regroupent quelque 26 000 membres font désormais de l’amélioration des conditions socioéconomiques des artistes, créateurs et artisans, la pierre angulaire de la relance en culture, car sans eux, celle-ci n’existe pas. Il faut marteler l’importance d’une réforme en profondeur des structures de financement du secteur culturel pour que l’argent « ruisselle » davantage jusqu’aux artistes.

En ce sens, une révision en profondeur des deux lois sur le statut de l’artiste afin d’améliorer la situation socioéconomique, des conditions de vie et de pratique des artistes, devient urgente.

Le secteur de la culture doit résister à la crise pour le rayonnement et la pérennité de la culture québécoise, sans quoi, c’est toute notre société qui en sortira perdante.