Le 12 décembre dernier, la CSN a rencontré le Conseil du trésor pour recevoir les offres du gouvernement en vue du renouvellement des conventions collectives du secteur public.
Alors que la CAQ promettait du changement, les propositions déposées indiquent plutôt que le gouvernement Legault choisit de poursuivre sur la même voie que ses prédécesseurs libéraux en refusant de reconnaître la valeur du travail accompli par les travailleuses et les travailleurs en éducation, en santé et services sociaux et dans les organismes gouvernementaux.
Des offres salariales insultantes
Côté salaire, le gouvernement offre à ses propres employé-es de s’appauvrir. En proposant des augmentations sous le taux d’inflation – 1,75 % pour chacune des deux premières années, 1,5 % pour la troisième année et 1 % pour chacune des deux dernières années – le premier ministre Legault renie sa parole de consentir au minimum des augmentations qui couvriraient la hausse du coût de la vie. Pour les membres CSN du secteur public, cette proposition est inacceptable. Éviter de s’appauvrir en travaillant ne devrait même pas être un enjeu de négociation. C’est la base.
Le Conseil du trésor propose aussi de verser un montant forfaitaire de 1000 $ non récurrent aux personnes qui auront atteint le dernier échelon de leur échelle salariale d’ici le 30 mars 2020. Ce montant n’est que de la poudre aux yeux.
Sur le terrain, les offres salariales ont été reçues comme une véritable insulte. Pour bon nombre de travailleuses et de travailleurs des réseaux publics, le salaire actuel ne permet même pas de vivre décemment. Les besoins sont grands et les personnes qui œuvrent au quotidien à prodiguer les meilleurs services possible à la population s’attendent à plus de respect de la part de leur employeur, le gouvernement du Québec.
Négocier sans attendre
Le Conseil du trésor, dans son dépôt des demandes à la table centrale, annonçait la création de trois forums sur ses priorités gouvernementales, soit la santé globale des salarié-es, la réussite éducative et l’accessibilité aux soins pour la clientèle en hébergement de longue durée ou recevant des soins à domicile. La CSN a annoncé en janvier dernier qu’elle ne participera pas à ces forums ; les fédérations du secteur public considèrent que les discussions sur ces enjeux cruciaux doivent se tenir aux tables de négociation, dès maintenant.
Une première séance entre la CSN et le Conseil du trésor s’est tenue le 8 janvier. Les parties ont convenu de se rencontrer régulièrement. Les pourparlers sont donc entamés sur l’ensemble de nos revendications, tant sur le salaire que sur les autres enjeux intersectoriels, soit la retraite, les disparités régionales, les droits parentaux ainsi que les assurances collectives et la protection des lanceurs d’alerte.
Des dépôts sectoriels déconnectés
Les fédérations du secteur public affiliées à la CSN (FEESP, FNEEQ, FP et FSSS) ont aussi reçu, en décembre, les propositions sectorielles des comités patronaux de négociation.
Dans le secteur de la santé et des services sociaux ainsi qu’en éducation, les dépôts patronaux dénotent un flagrant manque de vision. Alors que la négociation devrait servir à améliorer les conditions de travail de toutes et de tous, les patrons des réseaux semblent plutôt vouloir saisir l’occasion pour accroître le pouvoir des cadres et retirer certains droits aux salarié-es. Les dépôts comportent des éléments préoccupants pour celles et ceux qui sont en situation de précarité, particulièrement en éducation : diminution des avantages pour les employé-es à temps partiel, augmentation des délais et ajout de critères pour l’obtention de la permanence, modification des horaires à la petite semaine, etc. Avec de telles mesures, il est difficile de saisir comment les patrons pensent attirer la relève dans les écoles, les cégeps et les établissements de santé et de services sociaux.
Du côté des travailleuses et travailleurs des organismes gouvernementaux syndiqués à la CSN qui prennent part à la négociation du secteur public, seuls les membres du Parc olympique de Montréal ont déjà entamé les discussions avec la partie patronale. Les sept syndicats FEESP et FP de cet organisme ont décidé de se coordonner pour mener la présente ronde de négociation. Une décision fort stratégique compte tenu de la volonté de l’employeur de réécrire entièrement les conventions collectives, notamment en décloisonnant les horaires et en facilitant le recours à la sous-traitance. Les syndicats CSN de l’aide juridique, des traversiers et de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse n’ont quant à eux toujours pas reçu les propositions patronales.
Merci, mais non merci
Absolument rien dans les dépôts du gouvernement, tant à la table centrale qu’aux tables sectorielles, ne permet d’attirer le personnel dans le secteur public et de le retenir. Avec les coffres de l’État québécois qui débordent et une situation de rareté de main-d’œuvre qui entraîne déjà des pénuries majeures dans les réseaux, voire des bris de services, le gouvernement a les moyens et le devoir de faire mieux. C’est par leur mobilisation que les 150 000 travailleuses et travailleurs CSN du secteur public lui feront prendre conscience de l’urgence d’agir.