Les professeur-es de cégep affilié-es à la FNEEQ–CSN annoncent des journées de grève

Exaspérés par la stagnation de leur négociation et par l’impasse dans laquelle les entraîne le gouvernement, les syndicats d’enseignantes et enseignants de cégep affiliés à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) seront en grève partout au Québec du 11 au 13 mai. Rappelons qu’au cours des dernières semaines, les assemblées générales des 45 syndicats de la FNEEQ, qui représentent plus de 15 000 enseignantes et enseignants, se sont dotés de mandats de débrayage de cinq jours à exercer au moment jugé opportun.

Un gouvernement qui nous pousse à bout
Après 18 mois de pourparlers et une convention collective échue depuis plus d’un an, l’incertitude a assez duré et les enseignantes et enseignants refusent de continuer à jouer dans un simulacre de négociation.

L’exaspération est bien là. On sent que le gouvernement joue la carte de l’usure et les pourparlers font du surplace depuis un bon moment. C’est dommage qu’au lieu de favoriser le dialogue et l’écoute, nos vis-à-vis nous poussent dans nos derniers retranchements, alors qu’ils devraient travailler avec nous pour améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage dans le réseau collégial.  Nous avons des demandes importantes pour lutter contre la précarité, tant au secteur régulier qu’à la formation continue, où les enseignants gagnent, à travail équivalent, la moitié du salaire de l’enseignement régulier. Nous demandons aussi d’avoir suffisamment de ressources dans les techniques lourdes de la santé, ainsi que pour l’encadrement des étudiantes et étudiants en situation de handicap. Ce sont là certains des dossiers que nous souhaitons régler.  Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est que nous sommes arrivés au bout de nos options pour faire progresser les discussions et nous n’hésiterons pas à exercer notre droit de grève si la situation ne débloque pas d’ici là », explique Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep de la FNEEQ.

« Aujourd’hui, ce sont nos enseignantes et enseignants de cégep qui dénoncent l’attitude de fermeture du gouvernement, mais les mandats de grève s’accumulent aussi dans les autres syndicats du secteur public de la CSN. Le gouvernement ne peut plus gérer cette négociation selon ses seules priorités électorales ou selon les crises médiatiques. Sur le terrain, il y a des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs, dont une forte proportion de femmes, qui doivent pallier les multiples problèmes d’attraction, de rétention et de surcharge de travail, alors, là, il doit faire le choix de soutenir tous les services publics », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

La grève touchera 45 cégeps et aura lieu de midi le 11 mai à midi le 13 mai si la partie patronale persiste à rendre les pourparlers inopérants.

Liste des syndicats concernés :

Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Sept-Îles
Syndicat des enseignantes et des enseignants de l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec
Syndicat des enseignantes et des enseignants du Centre d’études collégiales Baie-des-Chaleurs
Syndicat des Enseignantes et Enseignants du Collège de l’Outaouais
Heritage Faculty Association
Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep Régional de Lanaudière à Joliette (FNEEQ-CSN)
Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep régional de Lanaudière à L’Assomption
Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep régional de Lanaudière à Terrebonne
Syndicat des professeures et des professeurs du Cégep de Saint-Jérôme
Syndicat des enseignantes et des enseignants du Collège Lionel-Groulx
Syndicat des professeurs du collège d’enseignement général et professionnel de Saint-Laurent
​​Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep Montmorency
Syndicat des professeurs du Collège d’enseignement général et professionnel de Maisonneuve
Syndicat des professeurs du Collège d’enseignement général et professionnel du Vieux Montréal
John Abbott College Faculty Association
Syndicat du personnel enseignant du Collège d’enseignement général et professionnel d’Ahuntsic
Syndicat des professeurs du Collège Marie-Victorin
Syndicat des professeurs du Collège Dawson
Vanier College Teachers Association
Syndicat des professeurs du Collège d’enseignement général et professionnel de Rosemont
Syndicat de l’enseignement du Cégep André-Laurendeau (SECAL)
Syndicat du personnel enseignant du Centre d’études collégiales à Chibougamau – CSN
Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue
Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep Limoilou
Syndicat des professeures et professeurs du Collège d’enseignement général et professionnel de Lévis-Lauzon
Syndicat des professeur-e-s du Collège François-Xavier-Garneau
Champlain St-Lawrence College Teachers’ Union
Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep Beauce-Appalaches (CSN)
Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Thetford
Syndicat du personnel enseignant du Centre d’études collégiales en Charlevoix
Syndicat des enseignantes et enseignants des Campus de La Pocatière et de Montmagny
Syndicat du personnel enseignant du Collège de Chicoutimi (FNEEQ-CSN)
Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep de Saint-Félicien
Syndicat des enseignants du Collège d’Alma (FNEEQ) (CSN)
Syndicat des professeurs et répartiteurs du Centre québécois de formation aéronautique
Syndicat du personnel enseignant du Cégep de Jonquière
Syndicat du personnel enseignant du Cégep de Sherbrooke – CSN
Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Granby-Haute-Yamaska
Syndicat des professeurs du Cégep de Saint-Hyacinthe
Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu
Syndicat des professeures et professeurs du collège Édouard-Montpetit (CPPCEM)
Syndicat des enseignants du Cégep Champlain (St-Lambert) (CSN)
Syndicat des professeurs du Collège de Valleyfield
Syndicat des enseignantes et enseignants du Collège Shawinigan
Syndicat des professeurs du Collège d’enseignement général et professionnel de Trois-Rivières

 

 

Malgré 173 morts, le gouvernement s’entête à faire reculer le Québec

En cette Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail, le Québec pleure les 173 personnes qui ont perdu la vie en 2020 en tentant de la gagner. La province se souvient aussi de tous ceux et celles qui se sont blessés en travaillant. En cette année de pandémie, la CSN exprime également sa solidarité avec les victimes de la COVID-19, virus souvent propagé au travail.

« Ayons une pensée pour les 40 000 personnes des secteurs de la santé et des services sociaux, et tout le personnel qui participe à l’éducation de nos enfants, bien souvent des femmes, qui ont contracté le virus. N’oublions pas, non plus, les milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur privé qui ont souffert de la maladie », rappelle David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN. Pour l’ensemble de ces gens, la CSN encourage ses membres, ses syndicats et ses organisations affiliées à observer une minute de silence à 10 heures, aujourd’hui, dans tous les milieux de travail.

«C’est quand même ironique qu’au cœur de cette funeste tragédie sanitaire, le gouvernement ne profite pas de l’occasion pour aller plus loin en matière de protection avec sa réforme en santé-sécurité. Le PL-59 fait reculer les droits des travailleuses et des travailleurs en limitant l’indemnisation et en reculant sur des acquis en prévention pour certains secteurs », s’indigne David Bergeron-Cyr.

En effet, la réforme va compliquer et judiciariser la réadaptation des victimes en échange de trop maigres avancées en prévention. Pire encore, l’abolition des groupes prioritaires prévus par la loi actuelle privera les milieux de travail industriels des mécanismes éprouvés depuis les 40 dernières années.

« La prévention, c’est non négociable. Ce qu’il faut, pour que le Québec cesse d’être le cancre en matière de santé-sécurité au Canada, est plutôt de ne pas seulement étendre les mécanismes de prévention à l’ensemble des milieux de travail, mais également leur donner tous les outils nécessaires à leur prise en charge. Les travailleuses et les travailleurs ne doivent pas devenir les victimes de la réforme qui semble plutôt vouloir économiser sur leur dos », déplore le vice-président de la centrale.

Des conséquences pour longtemps  

Il est minuit moins une pour bonifier le projet de loi 59, toujours à l’étude. À quand, par exemple, une vraie reconnaissance des problèmes d’épuisement au travail ? Quand va-t-on répandre les mécanismes de prévention efficaces, décentralisés avec des moyens encadrés pour les faire fonctionner ? Quand va-t-on admettre que lorsque le travail nous blesse, physiquement et psychologiquement, il faut le reconnaitre, sans tracasseries administratives ?

« Il aura fallu 40 ans pour accoucher d’une nécessaire réforme en santé-sécurité au travail. Nous sommes en train de rater un rendez-vous historique. Les conséquences du PL-59 risquent de nous affliger collectivement pour longtemps. Cette réforme ne doit pas être un affront à la mémoire des disparu-es dont nous nous souvenons en ce 28 avril », conclut-il.

Annonce de Jacques Létourneau concernant son départ de la CSN

Mes camarades,

Aujourd’hui je vous annonce que je quitte mes fonctions de président de la CSN pour m’impliquer en politique municipale. En effet, l’automne prochain, j’ai l’intention de me présenter comme candidat à la mairie de Longueuil. J’habite cette ville depuis quelques années maintenant et je constate qu’elle est un milieu de vie formidable. Cependant, elle a aussi des besoins immenses et c’est pourquoi j’ai décidé de mettre toutes mes énergies à améliorer la vie de mes concitoyennes et de mes concitoyens.

Cette décision n’a pas été simple à prendre. Depuis plus de 30 ans maintenant, j’évolue dans le monde syndical et fais tout ce qui est en mon pouvoir pour améliorer les conditions des travailleuses et des travailleurs de la CSN. D’abord, en 1991, comme président du syndicat de l’hôpital Charles-LeMoyne ; puis de 1993 à 2004 en tant que secrétaire général du Conseil central du Montréal métropolitain ; j’ai ensuite fait le saut au comité exécutif de la CSN en tant que responsable des affaires internationales pour ensuite être élu au poste de vice-président de la CSN en 2011 et au poste de président, que j’ai eu le privilège d’occuper de 2012 jusqu’à ce jour.

Honnêtement, jamais je n’aurais pensé faire le saut en politique municipale. Cela dit, cette implication m’apparaît comme le prolongement naturel de l’action syndicale. À la CSN, on intervient pour améliorer les conditions de vie et de travail de nos membres du secteur public et du secteur privé. On se bat par exemple pour qu’ils aient accès à des réseaux de transport collectifs dignes de ce nom. On agit pour une société plus verte et un environnement mieux protégé, on se démène pour que le développement économique et social leur soit profitable. Si je suis élu à la mairie de Longueuil, j’entends bien poursuivre mon action de ce côté, entre autres domaines.

J’espère donc vivement avoir la chance de pouvoir me relever les manches pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs de Longueuil. Qu’on parle des employé-es des écoles, des usines, ou du secteur des services. Qu’on parle encore des travailleuses et travailleurs dans les services de garde, dans les hôpitaux, dans les commerces de proximité. Je pense être qualifié pour pouvoir améliorer la vie de toutes les classes de la société de Longueuil, particulièrement les personnes de la classe moyenne et des personnes les plus défavorisées de cette ville. Les enjeux de mixité sociale et du logement me tiennent aussi beaucoup à cœur et j’ai l’intention de les suivre de près.

C’est donc à compter de la mi-juin que je vais entreprendre cette campagne. D’ici là, tous les syndiqué-es de la CSN peuvent compter sur mon entière disponibilité et ma plus grande détermination à les soutenir comme président. Au-delà de mon mandat qui se termine, sachez que je continuerai toujours à défendre la classe ouvrière et tous les travailleurs de la société en général, quels que soient la fonction que j’occuperai ou le rôle que je jouerai au cours des prochaines années. J’ai réellement apprécié toutes ces années que j’ai passées auprès de vous, chères militantes, chers militants et chers salarié-es, pour notre lutte commune. Je tiens à vous remercier de la confiance que vous m’avez témoignée au cours de mes divers mandats. Dans toutes mes actions, j’ai toujours cherché à respecter les exigences de notre mouvement avec dignité, moralité et loyauté. Ce fut pour moi à la fois un grand honneur et une responsabilité de tous les instants que j’ai assumée au meilleur de mes capacités et de mes connaissances.

La CSN n’est pas l’histoire d’une seule personne, c’est celle de tout un mouvement. Elle souligne d’ailleurs cette année son 100e anniversaire. La CSN est là pour de bon, car elle a toujours su s’adapter aux nouvelles réalités du monde du travail. Avec la fougue et la ténacité de ses membres, il n’y a nul doute qu’elle saura relever les défis du syndicalisme dans les années à venir.

La CSN espère que le gouvernement ira plus loin

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) salue la création du programme de formation de courte durée pour les éducatrices en CPE annoncée ce matin par les ministres Lacombe et Boulet. Les organisations soulignent par contre qu’il s’agit d’un geste encore bien insuffisant pour remédier aux graves problématiques vécues dans le réseau des services de garde éducatifs à l’enfance.

« Lorsqu’un programme comme celui-là est mis en place, c’est que les acteurs d’un milieu reconnaissent qu’il faut agir pour remédier à la pénurie de main d’œuvre. La CSN espère que cette annonce n’est que le premier pas et que d’autres interventions suivront pour permettre au réseau de créer les 51 000 places actuellement manquantes », indique Katia Lelièvre, vice-présidente de la CSN.

Pour la FSSS–CSN, il faut aussi agir sur les conditions de travail et salariales. « Si on veut attirer et retenir vers la profession, il faut offrir de meilleures conditions. Si on ne le fait pas, on risque de voir les personnes qui suivront cette formation quitter quand elles constateront sur le terrain les exigences de la profession et les conditions offertes en contrepartie », ajoute Lucie Longchamps, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

Bien que les organisations syndicales conviennent de la gravité des problèmes de recrutement et de rétention de la main-d’œuvre dans le secteur des services de garde éducatifs à l’enfance, elles s’inquiètent d’une potentielle remise en question, à long terme, de la formation de base exigée pour les travailleuses et les travailleurs des services de garde éducatifs à l’enfance. La CSN réitère l’importance du diplôme d’études collégiales comme formation qualifiante pour les éducatrices dans les services de garde éducatifs à l’enfance. Ces mesures doivent donc être temporaires.

« Après des années de négligence et de sous-financement des services de garde éducatifs à l’enfance, on se voit aujourd’hui contraint d’apporter des solutions dans l’urgence. Les mesures temporaires annoncées aujourd’hui ne pourront jamais se substituer aux véritables solutions aux problèmes de rareté de main-d’œuvre : des augmentations de salaire tangibles et une amélioration concrète des conditions d’exercice de la profession », de conclure les deux porte-paroles.

Rappelons que le gouvernement Legault a annoncé la semaine dernière qu’il n’investirait pas dans le réseau les six milliards de dollars que le Québec recevra dans la foulée de la création du programme fédéral de services de garde éducatifs à l’enfance, ce que la CSN et la FSSS–CSN ont dénoncé.

La CSN en faveur de la régularisation des personnes migrantes précaires : appel à l’action

La CSN invite tout le monde à appuyer la campagne Essentiel.le.s d’Amnistie internationale Canada francophone en signant en grand nombre la pétition de cette campagne.

Au cours de la dernière année, la pandémie a mis en lumière combien le fonctionnement du Québec dépend largement du travail essentiel de femmes et d’hommes de tous horizons. Parmi toutes ces personnes, celles dont le statut migratoire est précaire ou inexistant forment une réserve de main-d’œuvre particulièrement vulnérable à l’abus et l’exploitation par des agences et des employeurs sans scrupules. La précarité de ces migrantes et migrants s’explique par le fait qu’ils ne détiennent pas la résidence permanente au Canada. Au Québec, le gouvernement s’y oppose par tous les moyens possibles.

Qu’elles travaillent dans la santé et les services sociaux, les agences de sécurité, l’industrie agroalimentaire, les entrepôts, les chaînes d’alimentation ou encore le nettoyage et l’entretien de bâtiments, ces personnes migrantes sont souvent les piliers d’activités essentielles à la société. Refuser de régulariser leur statut a de graves effets sur leurs conditions de vie et de travail puisque la plupart d’entre elles n’ont pas accès aux soins de santé publics, ni à des prestations de CNESST, de PCU ou d’assurance-emploi. Elles ne peuvent pas faire de grief contre leur employeur quand celui-ci néglige de prendre des mesures de prévention contre la COVID-19 ni ne peuvent facilement changer d’emploi pour trouver quelque chose de plus sécuritaire ailleurs.  

Cette situation doit cesser. Face à ces inégalités, la seule solution est la régularisation de leur statut migratoire, c’est-à-dire l’attribution d’un statut garantissant durablement leurs droits à la résidence, à l’emploi et aux services publics auxquels ils contribuent par les impôts et le travail essentiel qu’ils fournissent.

C’est pourquoi la CSN appuie la campagne Essentielle.le.s d’Amnistie internationale Canada francophone et vous invite à signer en grand nombre la pétition de cette campagne.

La CSN organise aussi, conjointement avec Amnistie internationale, deux webinaires sur ces enjeux :

4 mai 18 h : Enjeux structurels et de droits humains à l’échelle mondiale et au Québec

18 mai, 18 h : Personnes migrantes au Québec — Précarité au quotidien et mobilisation

La CSN est aussi membre de la Coalition pour la régularisation des statuts, qui regroupe une quinzaine d’organismes et qui plaide l’instauration d’un programme de régularisation élargi à tous les travailleurs essentiels.

La FSSS–CSN demande au gouvernement Legault d’investir l’argent du fédéral pour sauver le réseau

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) invite le ministre de la Famille Mathieu Lacombe ainsi que son gouvernement, à revenir sur leur réaction impulsive concernant l’annonce du gouvernement fédéral sur les services de garde éducatifs à l’enfance. Pour la FSSS–CSN, qui représente 11 000 travailleuses en CPE et 3000 responsables de services de garde en milieu familial (RSG), ne pas investir les sommes octroyées par le fédéral pour sauver ce réseau est une grave erreur.

Comme annoncé lors du dépôt de son budget, le gouvernement fédéral va octroyer six milliards de dollars en cinq ans au Québec à titre de compensation puisque la province dispose déjà d’un programme universel de services de garde éducatif à l’enfance. La FSSS–CSN dénonce depuis de nombreuses années les graves problèmes vécus dans le réseau. Au-delà des 51 000 places manquantes, les conditions de travail offertes ne permettent plus de recruter ou même de retenir les femmes qui y travaillent, ce qui engendre une grave pénurie de personnel et l’exode des RSG.

« Nous connaissons l’état de notre réseau des services de garde éducatifs, sans parler de l’état des milliers de femmes qui le tiennent à bout de bras. Cela aurait été une bonne occasion de rétablir les millions de coupes des dix dernières années qui continuent de mettre notre réseau en péril. Ce n’est pas parce que nous avons au Québec un modèle envié partout dans le monde qu’il fallait injecter ces argents ailleurs, bien au contraire, nous aurions dû poursuivre et continuer d’être le fer de lance de ce si beau modèle » indique Lucie Longchamps, vice-présidente responsable des secteurs privés à la FSSS–CSN.

La fédération demande donc au gouvernement Legault d’agir dès maintenant en utilisant ces sommes pour améliorer les conditions des travailleuses des CPE et des responsables de service de garde en milieu familial et ainsi assurer la pérennité du réseau et le succès de la création de nouvelles places.

« Le gouvernement doit passer par-dessus son différend avec le fédéral concernant le partage des compétences et mettre le bien-être des enfants, des familles et des personnes qui œuvrent dans le réseau en tête de liste de ses priorités. Il faut profiter de la négociation pour le renouvellement de la convention des CPE pour briser le cercle vicieux qui affecte le réseau », ajoute Mme Longchamps. « On demande par exemple au gouvernement d’enfin régler les travaux sur l’emploi comparateur des RSG pour qu’elles soient finalement rémunérées en fonction de la valeur réelle de leur travail. L’ajout de ces sommes est l’occasion rêvée pour le faire ». 

 

Le mouvement syndical du Québec n’oublie pas la crise climatique

À l’occasion du Jour de la Terre, le mouvement syndical québécois lance le Réseau intersyndical pour le climat, qui a pour objectif d’unir nos efforts vers une transition énergétique juste pour les Québécoises et les Québécois. La crise sanitaire dans laquelle nous sommes plongés depuis plus d’un an ne doit pas nous faire perdre de vue l’urgence climatique. Toutes deux sont d’ailleurs liées. Sans surprise, les mêmes phénomènes causent les changements climatiques et augmentent les risques de pandémie. Des scientifiques mandatés par l’ONU en pleine pandémie mondiale nous avertissent d’ailleurs que des crises sanitaires encore plus graves sont à prévoir si la dégradation de la nature se poursuit. Alors que la crise de la COVID-19 devrait avoir une durée limitée, les dérèglements climatiques, eux, vont se poursuivre longtemps encore et risquent de s’aggraver : il n’y aura pas de vaccin contre la crise climatique… Le remède est connu, il faudra toutefois l’appliquer avec autant d’énergie et de diligence que la lutte contre la pandémie pour atténuer les effets de la catastrophe annoncée.

Pour contrer la menace des changements climatiques à l’échelle mondiale, des transitions vers des économies sobres en carbone doivent s’opérer. Au Québec, nous avons la chance d’être dans une position particulièrement choyée pour réussir rapidement une telle transition énergétique.

Au-delà du secteur de l’énergie, la crise climatique entraînera des transformations majeures dans l’ensemble de l’économie et dans le monde du travail. Faisons alors en sorte que la transition soit juste pour les travailleuses et travailleurs de même que pour la santé des écosystèmes.

Partout, nos organisations syndicales veilleront à ce que les transformations dans les milieux de travail n’entraînent pas de précarisation, mais bien une amélioration des conditions de vie des travailleuses et des travailleurs, ainsi que de leurs communautés. Nous visons une transition juste.

Dans les secteurs où il y a aujourd’hui la plus haute intensité d’émissions de gaz à effet de serre, il faut permettre aux travailleuses et aux travailleurs de participer avec d’autres acteurs de leur communauté à la recherche et à la mise en place de solutions locales concrètes ; la transition deviendra alors préventive et non seulement réactive. Nos modèles de travail seront à repenser pour ouvrir des perspectives de diversification économique pour nos régions. Il faudra évidemment prévoir des programmes de formation pour la requalification des travailleuses et des travailleurs qui verront leur emploi se transformer. Les travailleuses et les travailleurs ne doivent pas être laissés à eux-mêmes en raison de nos choix collectifs de transition. Il en va de notre responsabilité commune.

Pour rendre l’économie du Québec viable au regard du défi climatique, il faudra de plus favoriser les emplois d’utilité sociale et environnementale, dont les emplois du secteur public. Non seulement ils ont en général une empreinte carbone faible, mais ils ont aussi pour effet de renforcer l’accessibilité et la qualité des services publics permettant ainsi de rendre le Québec plus résilient quant aux crises, tout en favorisant une transition juste. Nous refusons en ce sens toute politique d’austérité et de privatisation des services publics. Pour soutenir une transition énergétique juste, nous revendiquons une politique fiscale plus progressiste qui redistribue mieux les richesses et qui finance adéquatement les services publics en privilégiant des initiatives porteuses pour relever le défi climatique.

Finalement, qu’importe le secteur d’emploi, les travailleuses et les travailleurs devront être informés des transformations nécessaires à la transition et prendre part activement aux décisions quant à ces changements. Du petit comité dans le milieu de travail jusqu’à celui à l’échelle québécoise et au-delà, les syndicats auront un rôle clé à jouer dans la transition.

C’est pourquoi nous avons décidé de former une alliance pour unir nos efforts en ce sens : le Réseau intersyndical pour le climat. Forts de cette alliance, nous allons partager nos expériences et déployer des initiatives conjointes pour favoriser une transition écologique juste pour le Québec. Nous souhaitons vivement que l’après-crise sanitaire soit l’occasion de refonder notre économie sur des bases plus justes et plus viables. La portée du plan de relance devrait être fondée sur cet objectif.

La planète mérite mieux. Les travailleuses et les travailleurs du Québec méritent mieux. Le Québec mérite mieux.

Andrée Poirier, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
Sonia Ethier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain — CSN (CCMM-CSN)
Marc-Édouard Joubert, président du Conseil régional FTQ Montréal métropolitain (CRFTQMM)
Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Christian Daigle, président général du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)
Line Lamarre, présidente du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)

Un budget intéressant, mais qui ne va pas assez loin

La CSN voit d’un assez bon œil certaines mesures annoncées aujourd’hui dans le budget fédéral attendu depuis deux ans. Elle estime toutefois que plusieurs de ces mesures ne vont pas assez loin et qu’elles empiètent sur les champs de compétence du Québec.

« Nous sommes soulagés de constater que le gouvernement entend continuer de soutenir les ménages et les entreprises en prolongeant les programmes d’aide. Le contraire aurait contribué de façon inacceptable à l’accroissement des inégalités au pays. De plus, le contexte de la COVID nous a mis en pleine figure les lacunes du régime d’assurance-emploi, le gouvernement doit réformer ce programme en profondeur », a souligné le président de la CSN, Jacques Létourneau.

Transferts en santé et dans les services de garde
La CSN salue par ailleurs les sommes annoncées pour les services de garde à l’enfance qui viendront en aide aux familles du Québec et du Canada. « Cet investissement aidera les femmes à investir le marché du travail et donnera la chance aux ménages en attente d’une place en CPE, notamment aux ménages à faible revenu, de se prévaloir de services de garde de qualité. Cependant, le gouvernement du Québec devra recevoir sa part de ce nouveau transfert fédéral et l’utiliser pour parachever son réseau de services de garde subventionnés. Il faut arrêter d’ajouter des places au compte-gouttes », précise Jacques Létourneau.

Le président de la CSN souligne en outre que les transferts en santé sont encore bien en deçà du 35 % demandé récemment par le Conseil de la confédération pour permettre aux provinces d’améliorer la performance de leur réseau public. « Les besoins créés par la pandémie et par le vieillissement de la population sont énormes. Le gouvernement fédéral a une grande responsabilité à cet égard, mais avec son annonce d’aujourd’hui, les provinces peineront encore à répondre à la demande au cours des prochaines années. Bien entendu, c’est la population tout entière qui va en écoper. »

Relance économique
Le gouvernement aurait dû profiter du budget pour s’attaquer résolument à une autre crise tout aussi inquiétante que la COVID : celle des changements climatiques. « L’annonce d’aujourd’hui concernant les investissements dans les transports collectifs et les nouvelles technologies est une bonne nouvelle en soi, mais l’urgence climatique nécessite des interventions beaucoup plus musclées de la part du gouvernement. En ce sens, l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta qui continue d’être au cœur de la stratégie de développement économique du gouvernement fédéral est un réel problème. »

Le président de la CSN reproche également au gouvernement de ne pas avoir annoncé officiellement l’intégration du chantier Davie à la Stratégie nationale de construction navale (SNCN). « Avec ses huit sites de production, le chantier Davie est le plus grand au Canada. Or, depuis 2011, il n’a eu droit qu’à des contrats de conversion et d’entretien ponctuels de la part du fédéral. Il est grand temps qu’il reçoive sa part des contrats fédéraux dans le cadre de la SNCN, d’autant plus que les chantiers Irving à Halifax et Seaspan à Vancouver n’arrivent pas à respecter l’échéancier de livraison des navires. »

Finalement, la CSN regrette que la stratégie de relance économique du gouvernement fasse l’impasse sur des mesures importantes qui auraient eu le mérite de rapporter de nouveaux revenus dans les coffres de l’État. « On ne peut pas s’en remettre uniquement à la croissance économique pour générer de nouveaux revenus. Les multinationales du numérique exercent une concurrence déloyale depuis trop longtemps aux entreprises canadiennes et québécoises. Avec la COVID, leur chiffre d’affaires a explosé. Le gouvernement aurait dû profiter de la situation pour les contraindre enfin à assumer leurs charges fiscales. »

Jacques Létourneau salue néanmoins la limitation de la possibilité de déduire les options d’achat d’action, mais estime que Justin Trudeau aurait également pu choisir d’aller chercher une source de revenus intéressante en augmentant les impôts des contribuables à haut revenu et en empêchant les entreprises d’échapper à leurs obligations fiscales. « Le FMI lui-même recommande aux pays d’augmenter l’impôt des plus riches. Pourquoi les libéraux refusent-ils d’y voir ? Le gouvernement pourrait aussi trouver une source de revenus non négligeable en mettant fin à la possibilité, pour les entreprises, de rapatrier des dividendes en franchise d’impôt à partir de paradis fiscaux. Il n’a malheureusement pas démontré le courage politique nécessaire pour aller en ce sens. »

 

La CNESST doit faire respecter la Loi sur la santé et la sécurité du travail

En réaction à une lettre adressée à la CNESST qui l’enjoint à revenir en arrière sur le port d’une protection de type N95 en zone tiède, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et la FIQP | Secteur privé croient que la CNESST doit respecter le jugement émis par le juge Bouvier le 23 mars dernier.

Ce jugement exige que la CNESST applique le principe de précaution en s’assurant que le personnel de la santé ait accès à un appareil de protection respiratoire en zones chaudes et tièdes et lors d’une intervention auprès d’un cas suspecté ou confirmé de COVID-19, afin d’être adéquatement protégé contre le risque de transmission aérienne du virus.

Lors des audiences ayant mené à cette décision, le tribunal a entendu les prétentions des parties et a analysé la preuve scientifique présentée notamment par la FIQ, la FIQP, ainsi que par la CSN. Le juge Bouvier a tranché que dans un contexte d’incertitude scientifique et conformément à la loi, c’est le principe de précaution qui devrait s’appliquer. Le lendemain, la CNESST confirmait qu’elle appliquerait les conclusions de la décision dans les milieux de travail du secteur de la santé.

« Le juge Bouvier a déjà entendu les arguments mis de l’avant par les experts qui signent cette lettre. Il a néanmoins tranché en faveur d’une meilleure protection pour le personnel de la santé, en application du principe de précaution et de la loi. Il n’y a aucune raison de remettre ce jugement en question, puisqu’il repose sur de solides assises scientifiques, mais aussi légales » préviennent les trois organisations syndicales.

« Les règles de la santé et sécurité du travail sont prépondérantes sur celles de la santé publique. Le jugement est clair : la LSST est une loi d’ordre public et aucun employeur ne peut s’y soustraire. En présence d’un virus potentiellement mortel, ils doivent tendre vers les plus hauts standards en matière de protection des travailleuses de la santé. Nous sommes confiants que malgré la pression, la CNESST ne reviendra pas sur sa décision. Après plus d’un an à se battre pour une protection adéquate, le débat doit être enfin clos. »

Les trois organisations demeurent convaincues que la CNESST saura rester concentrée sur sa mission première en santé et sécurité au travail, à savoir appliquer la loi, protéger les travailleuses et les travailleurs et respecter le principe de précaution.

Un couvre-visage pour appuyer les enfants malades

2021 marque le 25e anniversaire de partenariat entre la CSN et Leucan. Depuis 25 ans, les membres de la CSN collectent des fonds pour le Camp Vol d’été Leucan–CSN, un camp unique pour les enfants atteints de cancer et leur famille. Malgré l’annulation du Camp en 2021, la CSN reste présente pour les enfants atteints de cancer. Une partie des montants recueillis en 2020 et en 2021 sera mise de côté pour le financement du prochain Camp en 2022 ; le reste financera des activités qui se tiendront en 2021 pour permettre aux familles avec un enfant malade d’y participer pour briser leur isolement.

Une des façons d’appuyer la cause est de vous procurer le couvre-visage festif spécial de cette 25e campagne de financement. Offert au coût de 12 $ (taxes et transport inclus), plus de 5 $ par masque sera remis à Leucan.

Quelques détails sur le couvre-visage : composé de deux épaisseurs, fait de 50 % polyester et 50 % coton, ajustable aux oreilles, format de 23 cm x 15 cm, possibilité d’y insérer un filtre et fait au Québec.

Qui peut s’en procurer un ? Tout le monde ! Que ce soit un individu, un syndicat ou une organisation.

Pour vous en procurer un ou plusieurs, visitez la page Web de la campagne pour avoir tous les détails et le lien pour passer une commande.

Merci à tous les membres de la CSN de faire encore une différence auprès des familles dont un enfant est atteint de cancer. La solidarité légendaire des membres de la CSN fait toute une différence.

Les travailleuses et les travailleurs au cœur de la relance de l’hôtellerie

La 10e ronde de négociation coordonnée de l’hôtellerie à la Fédération du commerce (FC–CSN) a été lancée officiellement mercredi sous le thème « La relance, ça passe par nous ». Représentant plus de 2 500 professionnel-les de l’hôtellerie actifs dans les régions de la Capitale-Nationale, de la Montérégie, de l’Estrie et du Grand Montréal, les 26 syndicats participants ont adhéré à une plateforme de demandes communes qu’ils ont le mandat de négocier avec leurs employeurs respectifs au cours des prochains mois.

« La course qui se joue présentement entre les vaccins et les variants nous force bien sûr à demeurer prudents, mais pour la première fois depuis un an, on peut maintenant espérer une certaine reprise de l’activité touristique dans un avenir rapproché, explique le trésorier de la FC–CSN, Michel Valiquette. Nous espérons que les employeurs comprendront que la relance de l’hôtellerie ne pourra se faire sans travailleuses et travailleurs qualifiés. »

La plateforme commune adoptée par les syndicats participants comprend quatre grandes demandes : une convention collective d’une durée de quatre ans; des améliorations aux régimes d’assurance collective; le maintien des liens d’emploi — et donc des droits de rappel et d’ancienneté — rétroactivement au 13 mars 2020; et des augmentations salariales raisonnables variant entre 2,1 % et 4 % par année.

En plus de ces demandes et de leurs demandes locales, les syndicats s’engagent à n’accepter aucun recul sur les clauses de nature pécuniaire ou sur les demandes de plateforme des négociations coordonnées antérieures.

« Après les premiers dépôts des offres patronales, on remarque déjà que certains employeurs irresponsables tentent de profiter de la crise pour sabrer les conditions de travail pour lesquelles les salarié-es se sont chèrement battus dans le passé, dénonce M. Valiquette. Ils devraient se rappeler que l’hôtellerie était aux prises avec un sérieux problème de pénurie de main-d’œuvre avant la pandémie. La crise n’aura fait qu’exacerber cette situation, alors ils feraient mieux de se donner les moyens d’attirer les travailleuses et les travailleurs s’ils veulent pouvoir profiter de la relance de l’industrie. »

Les cliniques privées profitent de la pandémie pour s’enrichir

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) réagit à un article paru hier dans Le Devoir dans lequel on apprend que les cliniques privées qui opèrent pour le réseau public ont profité de la pandémie pour se négocier une plus importante marge de profit. On y apprenait également que le nombre de chirurgies réalisées par ce type de clinique a augmenté. Pour la FSSS-CSN, il faut impérativement réintégrer ces services dans le réseau et se doter d’une vision d’avenir pour revaloriser les services publics.

Pour la FSSSCSN, il faut d’abord s’attaquer au problème d’attraction et de rétention du personnel pour permettre au réseau public de remplir sa mission adéquatement. « Ce n’est pas en déplaçant nos ressources vers le privé que l’on améliore la situation. En utilisant le privé pour pallier le problème bien réel qui existe dans le réseau public, on provoque une perte d’expertise et on perd le contrôle sur la façon dont les services sont donnés », explique Jeff Begley, Président de la FSSSCSN.

La FSSSCSN a dénoncé le recours à ces contrats avec des entreprises comme Rockland MD depuis le début et demande au gouvernement de régler le problème à la source. « Au CHU Sainte-Justine par exemple, les infrastructures pour opérer existent. Pourquoi se payer collectivement la construction d’un centre hospitalier moderne et ensuite ne pas investir dans le personnel pour le faire fonctionner », se questionne Félix-Olivier Bonneville, président Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires du CHU Sainte-Justine–CSN.

Le 1er mai prochain, sortons de la crise en santé et en sécurité

Cette année, c’est sous le thème « Sortons de la crise en santé et en sécurité » que nous marcherons lors de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, qui se tiendra le samedi 1er maiLors de cette journée, une marche aura lieu à :

Montréal
Rendez-vous à 13 h au parc La Fontaine, devant l’obélisque Charles de Gaulle (1560, rue Sherbrooke E.)

Québec
Une manifestation se tiendra samedi le 1er mai. Rendez-vous à 13 h à la Gare du Palais (450, rue de la Gare du Palais) afin de revendiquer une amélioration de notre filet de sécurité sociale, une réforme de l’assurance emploi, des amendements majeurs au projet de loi 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail ainsi qu’un rehaussement d’urgence des prestations d’aide sociale. Pour plus d‘informations : https://www.facebook.com/events/722462231763043/

Outaouais 
Webinaire « L’apport de Paulo Freire aux luttes actuelles du mouvement social de l’Outaouais ». Jeudi le 29 avril à 17 h. Pour vous inscrire : https://forms.gle/A6GJTEyLoK6SsjYB6

Cœur du Québec
Conférence de presse le vendredi 30 avril à midi devant les bureaux du ministre responsable de la région du Centre-du-Québec, M. André Lamontagne, à Drummonville

Côte-Nord
Action le vendredi 30 avril à midi devant les bureaux des deux député-es provinciaux de la Côte Nord, Mme Lorraine Richard à Sept-Îles et M. Martin Ouellet, à Baie Comeau

SaguenayLac-Saint-Jean
Défilé en voitures samedi le 1er mai à compter de 9 h. Plus de détails suivront.

Pour la santé et la sécurité de toutes et de tous, c’est au plus vite qu’il faut en sortir. Mais pas n’importe comment.

Pour s’en sortir pour vrai, ça prend :

Des services publics forts
La pandémie a mis en lumière, plus que jamais, l’importance d’avoir accès à des services publics de qualité. Pour sortir de la crise en santé et en sécurité, il faudra un réinvestissement majeur dans les services publics et des mesures importantes pour offrir de meilleures conditions de travail à ceux et celles qui les dispensent. C’est le meilleur moyen de garantir les services publics auxquels la population a droit.

Un travail qui ne nous rend pas malades
Pouvoir compter sur des travailleurs et travailleuses en santé est essentiel. Pour sortir de la crise en santé et en sécurité, il faudra que non seulement la santé physique soit mieux protégée, mais la santé mentale également, notamment avec une meilleure reconnaissance des maladies psychologiques. Mieux protéger au quotidien la santé des travailleuses et travailleurs, c’est aussi les accompagner adéquatement lorsqu’ils et elles sont victimes d’un accident du travail ou d’une maladie psychologique et instaurer une réelle culture de prévention.

Un salaire décent
Actuellement, des centaines de milliers d’hommes et de femmes peinent à joindre les deux bouts. Pour sortir de la crise en santé et en sécurité, il faudra offrir un salaire décent aux travailleuses et aux travailleurs, qui constitue un levier concret pour permettre de réduire les inégalités et ainsi, favoriser une plus grande justice sociale.

Pouvoir compter sur des droits renforcés
Le respect des droits de tout le monde ne peut être malléable et négociable au gré des humeurs politiques. Pour sortir de la crise en santé et en sécurité, le respect des droits de la personne devra être mis de l’avant dans l’élaboration des politiques publiques et dans les choix économiques. Cette crise nous a encore une fois cruellement démontré à quel point les inégalités sont importantes. Que l’on pense au droit au travail, à la protection sociale ou à l’éducation, un meilleur respect de l’ensemble des droits économiques et sociaux est urgent.

Un réel engagement environnemental
La relance économique ne doit pas se faire au détriment de l’environnement et de la crise écologique dans laquelle nous sommes plongés. Pour sortir de la crise en santé et en sécurité, il faudra déployer une grande énergie et une réelle volonté de s’attaquer véritablement au réchauffement climatique et prendre le chemin d’une nécessaire transition juste.

C’est autour de ces revendications que nous marcherons cette année.

Soyez nombreuses et nombreux à vous joindre à nous!

Télécharger l’affiche du 1er mai et ses déclinaisons

Les quatre centrales syndicales s’unissent pour freiner les reculs en santé et sécurité

À quelques jours de la reprise de l’étude détaillée du projet de loi no 59 sur la modernisation du régime de santé et de sécurité du travail, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Centrale des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) unissent leur voix pour dénoncer les reculs prévus dans le projet de loi du ministre Jean Boulet. Lors d’une conférence de presse virtuelle, les quatre chefs syndicaux ont fait le point sur les prochains sujets qui seront débattus en commission et qui auront un impact considérable sur la santé et la sécurité des travailleurs et travailleuses du Québec.

La liste des maladies professionnelles désuète

Mardi, dès la reprise des travaux sur l’étude détaillée du projet de loi no 59, les parlementaires trancheront sur la question de la liste des maladies professionnelles qui donne droit à une présomption pour la reconnaissance d’une lésion professionnelle. Or, cette liste de maladies n’a pas été mise à jour depuis 40 ans. Les centrales demandent que cette liste soit mise à jour et qu’elle tienne compte des avancées scientifiques plutôt que de la recherche d’économie des employeurs.

« Non seulement tout le monde s’entend pour dire que la liste des maladies professionnelles est désuète, mais aussi sur la façon de l’actualiser. En effet, les plus importantes associations patronales et les centrales syndicales du Québec se sont entendues au Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre en 2017 sur une façon adéquate de faire cette mise à jour et d’en assurer l’actualisation par la suite. Or, le ministre Boulet a choisi d’ignorer ce consensus et, en plus, d’ajouter des critères qui empêchent de fait l’accès à la présomption pour certaines maladies, dont la surdité. Les enjeux sont si grands pour les victimes de lésions professionnelles, on doit leur venir en aide et non leur ajouter des obstacles additionnels », dénonce Luc Vachon, président de la CSD.

La prévention mise à mal

Plutôt qu’étendre ce qui fonctionne pour les groupes prioritaires à tous les milieux de travail, la nouvelle mouture du projet de loi abolit les minimums prévus au bon fonctionnement des comités de santé et sécurité et retire aux travailleuses et aux travailleurs le droit de regard sur l’adoption du programme de prévention et sur le choix du médecin chargé de la santé au travail. Alors que la Loi sur la santé et la sécurité du travail est une loi d’ordre public, la responsabilité sera envoyée vers la négociation entre les parties avec à la clef, une possible contestation devant les tribunaux de la décision de la CNESST. On risque ainsi de judiciariser davantage la santé et la sécurité.

« Les travailleuses et les travailleurs du Québec devront maintenant négocier la protection de leur santé et sécurité en même temps que leurs salaires. C’est inacceptable! Ajoutons à cela l’ajout du critère de multiétablissement qui permet à un employeur d’appliquer des mesures de prévention de manière unilatérale dans tous ses établissements, peu importe la diversité et la complexité de leurs enjeux respectifs. L’objectif des mesures de prévention est de répondre aux besoins des travailleuses et des travailleurs et de garder comme priorité leur protection! », ajoute Jacques Letourneau, président de la CSN.

La santé psychologique : un enjeu incontournable

Les risques psychosociaux sont un véritable problème dans les milieux de travail du Québec. Alors que les lésions professionnelles d’ordre psychologique ne font qu’augmenter, particulièrement dans les métiers à prédominance féminine, le ministre doit s’assurer que les acteurs des milieux de travail puissent les prévenir et les indemniser.  « Bien que certains termes faisant référence à la santé psychologique soient introduits dans le projet de loi, rien ne permettra réellement d’améliorer la situation si nous n’avons pas les mécanismes de prévention paritaires suffisants et des mesures concrètes facilitant la reconnaissance de ces lésions psychologiques. Notre souhait est que l’importance d’assurer la santé psychologique des travailleuses et des travailleurs se reflète dans le projet de loi et de façon concrète. Il faut que nous ayons collectivement les moyens d’agir », souligne Sonia Ethier, présidente de la CSQ.

Le secteur de la construction : rien de réglé

La construction est une industrie dangereuse. En ce qui concerne les décès, elle est chaque année surreprésentée, comptant 20 % des décès alors que l’industrie n’emploie que 5 % de la main-d’œuvre du Québec. Cela fait 40 ans que la Loi sur la santé et la sécurité du travail ne prévoit pas de mécanismes de prévention pour la construction. Le projet de loi no 59 introduit des mécanismes de prévention, mais ne s’assure pas qu’ils puissent être fonctionnels sur le terrain. Les représentants en santé et en sécurité doivent être indépendants des employeurs pour pouvoir intervenir librement et réellement représenter les intérêts des travailleurs et travailleuses à risque. « Le ministre Boulet ne tient pas compte de la précarité de l’emploi et de la facilité pour l’employeur de mettre un terme au lien d’emploi si la personne ose revendiquer plus de prévention. Le mécanisme d’application pour l’élection d’un représentant à la prévention ne tient pas plus compte de la rapidité avec laquelle un chantier de construction évolue. Si le ministre veut vraiment sauver des vies, il doit assurer une indépendance et une stabilité dans les représentants à la prévention dans le secteur de la construction en instaurant une législation qui met sur pieds une représentation syndicale des travailleurs et des travailleuses de ce secteur. Sinon, ce n’est que de la poudre aux yeux », conclut Daniel Boyer, président de la FTQ.

Les conductrices et conducteurs d’autobus scolaires doivent aussi être vaccinés en priorité

La Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), qui représente plus de 3000 conductrices et conducteurs de véhicules scolaires provenant d’une dizaine de régions du Québec, exige que ces derniers soient inclus dans la liste des travailleurs essentiels qui recevront prioritairement le vaccin contre la COVID-19 dans les prochaines semaines.

« Le personnel des écoles fait partie de cette liste. Les conductrices et conducteurs d’autobus et de berlines scolaires doivent être considérés au même niveau de risque que les salarié-es qui donnent des services directs aux élèves dans les écoles. Ils doivent donc être vaccinés en priorité comme eux. C’est un non-sens qu’ils soient exclus de cette catégorie à l’heure actuelle. C’est même insultant », déclare Stephen P. Gauley, président du secteur du transport scolaire de la FEESP–CSN.

M. Gauley rappelle que les autobus et les berlines scolaires sont des espaces fermés, peu ventilés. Les conductrices et conducteurs côtoient aussi des centaines d’élèves différents chaque jour en raison des multiples circuits qu’ils effectuent matin et soir. « La distanciation sociale dans les autobus est impossible. La plupart des conductrices et conducteurs n’ont pas de plexiglas pour les protéger et ont des contacts à moins de deux mètres pendant plus de quinze minutes avec les élèves en raison du fait que les bancs à moins de deux mètres d’eux ne sont pas condamnés. Ces conditions créent un potentiel de contamination élevé, comme c’est le cas dans les écoles. Québec doit se réveiller et rectifier la situation », continue M. Gauley.

Jean-Pierre Bourgault, vice-président trésorier de la FEESP–CSN, rappelle que cette exclusion des conductrices et conducteurs d’autobus scolaires de la liste des travailleurs essentiels qui recevront prioritairement le vaccin pourrait aggraver la pénurie de main-d’œuvre qui sévissait déjà dans ce secteur. « Le gouvernement Legault répète constamment que les enfants doivent pouvoir continuer d’aller à l’école. Mais la pénurie de main-d’œuvre qui frappe déjà le secteur compromettra le service de transport scolaire si des conductrices et conducteurs doivent s’absenter en raison d’une contamination, car à beaucoup d’endroits, il n’y a pas de remplaçants », observe-t-il.

M. Gauley termine en appelant Québec à rectifier le tir sans attendre. « Les conductrices et conducteurs d’autobus scolaires font partie de la grande catégorie du personnel scolaire. Ils doivent être considérés comme travailleurs essentiels pouvant se faire vacciner prioritairement dans les prochaines semaines », conclut-il.

Le gouvernement refuse d’agir pour relever les services publics; la CSN prépare la grève

« L’éternel refus du gouvernement Legault d’agir concrètement pour que la crise dans les réseaux se résorbe commence de plus en plus à ressembler à de la négligence et cette négligence, on la connaît. Elle est le lot du secteur public depuis trop longtemps et elle nuit gravement à la capacité des réseaux à rendre les services à la population. Par son inaction, le gouvernement nous pousse à devoir prendre les grands moyens. » C’est le message que lance la CSN alors qu’elle annonce que l’ensemble de ses syndicats du secteur public partira, au cours des cinq prochaines semaines, à la recherche d’un mandat de grève.

D’ici le 10 mai, plus de 200 syndicats affiliés à la CSN, qui représentent plus de 160 000 membres, tant en éducation qu’en santé et services sociaux et dans les organismes gouvernementaux, se prononceront sur un mandat de grève dont les modalités ont été déterminées par chacune des fédérations, selon les discussions stratégiques qu’elles ont menées avec les militantes et les militants des syndicats. Ainsi, la Fédération des employées et employés de services publics (FEESPCSN), la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN) et la Fédération des professionnèles (FPCSN) consulteront leurs membres sur un mandat de cinq jours de débrayage, tandis que la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN), quant à elle, soumettra au vote un mandat d’une banque d’un nombre de jours illimité de grève.

La CSN déplore que la contre-offre déposée la semaine dernière par le Conseil du trésor n’ait été qu’un désolant exercice de relations publiques sur le dos des travailleuses et des travailleurs des services publics. « On était pourtant en droit de s’attendre, après plus de 48 séances de négociation à la table centrale, à de nouvelles propositions qui auraient laissé entrevoir une meilleure compréhension de la situation de la part du gouvernement, mais non. Toujours rien qui permette de s’attaquer réellement au grave manque de ressources humaines et financières des réseaux, après des décennies de compressions et de mesures austéritaires », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Aux tables sectorielles, les enveloppes sont toujours nettement insuffisantes. Il est pourtant clair pour les fédérations du secteur public CSN que l’amélioration des conditions de travail reste la meilleure façon d’améliorer les services à la population.

« Les employé-es des services publics que nous représentons, notamment le personnel de soutien dans les centres de services scolaires et dans les cégeps et celui des organismes gouvernementaux, donnent tout ce qu’ils ont pour assurer une prestation de services de qualité à la population du Québec. La pandémie aura révélé, plus que jamais, le caractère essentiel de leur travail. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous partons à la recherche de mandats qui nous permettront d’accentuer la pression sur le gouvernement afin d’améliorer les conditions de travail de ces gens indispensables. Le statu quo a assez duré. Les comités patronaux de négociation doivent réellement travailler avec nous afin d’en arriver à un règlement satisfaisant pour l’ensemble de nos membres. À la FEESPCSN, nous sommes disposés à le faire. » – Nathalie Arguin, présidente de la FEESPCSN

« Dans la dernière année, les enseignantes et les enseignants du réseau collégial ont su s’adapter pour offrir des conditions d’apprentissage adéquates aux étudiantes et aux étudiants, et ce, malgré les nombreux défis posés par la pandémie. En ce moment, nous nous attendons à de l’ouverture et à un dialogue constructif avec le gouvernement afin d’apporter les solutions nécessaires pour la pérennité du réseau collégial. Pour y arriver, les porte-parole patronaux doivent se présenter aux tables avec des mandats clairs qui nous permettront d’avancer sur des questions telles que la précarité, notamment pour les chargé-es de cours à la formation continue, ou encore sur les enjeux touchant les techniques lourdes de la santé, les coordinations de département ainsi que les étudiantes et les étudiants en situation de handicap (EESH). » – Yves de Repentigny, vice-président de la FNEEQ–CSN

« C’est aberrant de constater que les représentantes et les représentants patronaux à notre table de négociation n’ont toujours pas de mandat pour discuter sérieusement des enjeux qui nous tiennent à cœur dans le réseau de la santé et des services sociaux et qui nous permettraient de donner des services de qualité. Cette négociation doit permettre la mise en œuvre de solutions pour mettre fin à la surcharge de travail, pour assurer un niveau adéquat de personnel en tout temps, pour retenir l’expertise tout en attirant la relève, pour renforcer la prévention en santé et sécurité du travail ou encore pour favoriser la conciliation famille-travail. L’heure est aux solutions, maintenant! »  – Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS–CSN

 « La nouvelle tentative du gouvernement de régler les négociations du secteur public est une démonstration supplémentaire de son manque flagrant d’écoute et de considérations pour ce que vivent les professionnel-les ainsi que les techniciennes et les techniciens, autant dans le réseau de la santé que dans les organismes gouvernementaux. Des journées entières de discussions consacrées à la mise en œuvre de solutions pour contrer la surcharge de travail ne se reflètent pas du tout dans cette nouvelle offre. De plus, on y trouve trop peu de ressources supplémentaires pour régler les difficultés d’attraction et de rétention du personnel. C’est inacceptable. »  – Danny Roy, vice-président de la FP–CSN

La CSN réitère que son unique objectif actuellement est d’en arriver à une entente satisfaisante qui, en répondant aux besoins des travailleuses et des travailleurs des services publics, permette de remettre sur pied les réseaux qui s’écroulent. « Si l’inaction du gouvernement perdure, nous allons continuer à défendre les services publics pour tous les Québécois et les Québécoises et nous allons faire ce qu’il faut pour qu’ils s’améliorent réellement au bénéfice de toute la population. Par ailleurs, si cela doit passer par l’utilisation de l’ultime moyen de pression que nous avons à notre disposition, lequel est un droit constitutionnel, nous le ferons : nous exercerons la grève pour les services publics du Québec », conclut Caroline Senneville.

Catastrophe annoncée : la FSSS publie les résultats d’un sondage sur le moral des travailleurs et des travailleuses de la santé et des services sociaux

La Fédération de la santé et des services sociaux affiliée à la CSN (FSSS-CSN) dévoile aujourd’hui les résultats d’un sondage mené auprès de ses membres un an après le début de la pandémie. Selon ce sondage, 71% des répondants souffrent d’une détresse psychologique élevée. Ce résultat est près de quatre fois plus élevé que ceux mesurés dans l’Enquête québécoise sur les conditions d’emploi et de santé et de sécurité du travail (EQCOTESST), pour le secteur de la santé et des services sociaux (18,1%). 

Les résultats du sondage révèlent également que 27% des personnes répondent aux critères d’une détresse psychologique élevée très importante, faisant en sorte qu’il est probable que ces répondants développent une maladie mentale grave. L’indice de détresse psychologique est un indicateur précoce d’atteinte à la santé psychologique qui évalue deux des plus fréquents troubles de santé psychologique, soit l’anxiété et la dépression. 

Les effets de la pandémie
Dans une grande enquête menée par la FSSS en 2018, le même outil méthodologique nous indiquait alors que 53.73% de nos membres avaient un niveau de détresse psychologique élevée. « La différence entre les résultats des deux enquêtes nous préoccupe énormément, cela démontre une détérioration marquée de la santé psychologique de nos membres dans la dernière année », souligne Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.  

54% des répondants ont par ailleurs répondu aller moins bien qu’avant la pandémie. 

« Il faut donner un coup de barre, c’est urgent. La santé du personnel des réseaux de la santé et des services sociaux et des services de garde éducatifs à l’enfance est en péril, tout comme la santé des réseaux eux-mêmes. Au final, c’est la population qui en paiera le prix si on laisse perdurer cette situation très préoccupante » rappelle Jeff Begley.

2300 personnes issues des différents secteurs que représente la FSSS ont répondu au sondage, mené en ligne du 10 au 17 mars 2021. 

Les mêmes offres toujours insuffisantes pour relever les services publics

« Avec cette contre-proposition salariale qui n’en est pas une, il est clair que nous avons été convié-es à une nouvelle opération de communication du gouvernement Legault; un désolant exercice de relations publiques de la CAQ sur le dos des travailleuses et des travailleurs, alors que ceux-ci se mobilisent partout à travers le Québec pour défendre les services publics. » C’est le message que livre la Confédération des syndicats nationaux (CSN) au sortir de sa rencontre avec le Conseil du trésor ce matin, à Québec.

La CSN se dit extrêmement déçue par la proposition qui leur a été déposée; une proposition collée sur celle qui avait été rejetée en mai 2020 par l’organisation syndicale qui représente plus de 160 000 travailleuses et travailleurs des services publics. Les paramètres salariaux restent identiques à la dernière offre, soit 1,75 % en 2020, 1,75 % en 2021 et 1,5 % en 2022. Les montants forfaitaires à la première et à la deuxième année sont, quant à eux, légèrement bonifiés. « Des mesures éphémères, ce n’est pas ça qui va attirer et retenir le personnel. On est loin du coup de barre nécessaire », lance Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Une autre nouveauté de ce dépôt quant aux paramètres salariaux est la mise en place, pour la durée de la convention collective, d’un mécanisme de protection du pouvoir d’achat qui permet d’ajouter au plus 1 %, si l’inflation dépasse 5 % sur la période de trois ans. « C’est quand même incroyable que le gouvernement veuille nous vendre ce mécanisme comme un gain significatif. On parle ici de garantir aux personnels des réseaux, celles et ceux qui prennent soin de nous au quotidien, qu’ils ne s’appauvriront pas en travaillant pour les Québécoises et les Québécois. Et même là, ce n’est pas une vraie garantie, puisque si l’inflation dépasse 6 % sur trois ans, ce sera l’appauvrissement. Et le gouvernement en ajoute une couche en liant le déclenchement de ce mécanisme à la croissance économique », ajoute Mme Senneville.

La CSN ayant obtenu, le 15 mars dernier, un mandat clair de planifier la grève des syndicats de tous les secteurs qu’elle représente, tant dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux que dans les organismes gouvernementaux, elle affirme que la nouvelle tentative du gouvernement de régler au rabais les conventions collectives du secteur public accélérera les démarches déjà entamées en ce sens. « En refusant encore une fois de prendre les moyens nécessaires pour relever les réseaux, le gouvernement Legault met en péril les services à la population. Nous ne pouvons accepter ça. Et s’il faut que nous utilisions l’ultime moyen de pression pour améliorer nos conditions de travail et ainsi défendre les services auxquels les Québécoises et les Québécois ont droit, nous le ferons », conclut Caroline Senneville.

Le gouvernement entendra-t-il enfin le cri d’alarme lancé par les travailleuses et les travailleurs des services publics?

Devant le mépris exprimé depuis trop longtemps par le gouvernement Legault, qui refuse toujours de donner le coup de barre nécessaire pour relever les services publics, la colère monte chez le personnel. Il y a un an aujourd’hui, les conventions collectives des 550 000 travailleuses et travailleurs des services à la population venaient à échéance. Le gouvernement disait alors vouloir s’entendre rapidement avec ses employé-es, mais 12 mois plus tard, force est de constater que ces paroles n’étaient que du vent. C’est pourquoi, ce matin, des milliers de travailleuses et de travailleurs, toutes organisations syndicales confondues (CSN, CSQ, FIQ, APTS, FTQ, FAE, SFPQ et SPGQ), manifestent leur ras-le-bol devant l’Assemblée nationale à Québec et devant le bureau du premier ministre à Montréal.

Tout au long de la journée, malgré leur surcharge de travail constante et leur épuisement, ces centaines de milliers de femmes et d’hommes qui se dévouent sans relâche pour la population feront du bruit partout à travers le Québec afin de sonner l’alarme sur les situations intenables vécues sur le terrain actuellement et dénoncer l’inaction du gouvernement face à ces situations.

Pour les leaders syndicaux présents à Québec (Jacques Létourneau, CSN; Sonia Ethier, CSQ; Nancy Bédard, FIQ; Andrée Poirier, APTS; Daniel Boyer, FTQ; Sylvain Mallette, FAE; Christian Daigle, SFPQ et Line Lamarre, SPGQ), il est impératif que le gouvernement agisse maintenant.

« La situation catastrophique dans les réseaux, dans la fonction publique et dans les organisations parapubliques ne date pas d’hier. Ce sont des décennies de réformes centralisatrices, de compressions et d’austérité qui ont démoli les services publics. Il est aujourd’hui on ne peut plus clair que ce n’est pas la voie à suivre. Avant d’utiliser la fameuse cassette du « On n’a plus d’argent, les coffres sont vides », le gouvernement Legault doit se poser la vraie question « A-t-on les moyens de se priver des services publics? » La dernière année est venue nous confirmer, hors de tout doute, que la réponse est non », affirment les leaders syndicaux d’une seule voix.

Les organisations revendiquent des améliorations immédiates et significatives aux conditions de travail et de pratique et aux salaires du personnel de l’État pour freiner les départs qui se comptent par milliers depuis le début de la pandémie et réussir à recruter de nouvelles personnes pour venir rapidement prêter main-forte.

« Le gouvernement l’a dit lui-même par la bouche de son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, pour justifier l’augmentation de 127 % accordée au PDG d’Investissement Québec : « Si on veut avoir des outils à la mesure de nos ambitions, il faut rémunérer les gens en conséquence ». Cette affirmation est fort juste et elle doit aussi s’appliquer aux travailleuses et aux travailleurs qui, au quotidien, prennent soin de nous, de nos parents, de nos enfants, de nos proches », notent les porte-parole syndicaux, tout en ajoutant que chaque jour qui passe sans action directe du gouvernement pour ajouter des ressources humaines et financières en santé et services sociaux, en éducation, dans la fonction publique et dans les organismes gouvernementaux aggrave les problèmes d’attraction et de rétention du personnel et entraîne des conséquences importantes sur les services à la population.

Les travailleuses et les travailleurs veulent maintenant des réponses à leurs questions : après deux ans et demi au pouvoir, qu’attend le gouvernement pour faire ce qu’il faut et investir les sommes nécessaires pour relever les services publics? Quand entend-il donner des mandats à ses représentants aux tables de négociation pour parvenir à des ententes satisfaisantes pour toutes et tous, des ententes à la hauteur des besoins qui changeront le visage des services publics, tant pour celles et ceux qui y travaillent que pour l’ensemble du Québec?

Si le gouvernement refuse toujours de répondre adéquatement à ces questions, les organisations syndicales déploieront des actions de mobilisation plus musclées sur le terrain au cours des prochaines semaines.

« Nous ne resterons pas les bras croisés, alors que les services à la population sont en péril. Nous nous mobiliserons pour le bien-être de toutes les Québécoises et de tous les Québécois », de conclure les leaders syndicaux.

Marlène Paul ou le militantisme syndical pour créer des ponts sur les réalités autochtones

Innue par son père, Marlène est née il y a soixante-trois ans à Mashteuiatsh, la seule communauté autochtone au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Elle enseigne à l’école secondaire Kassinu Mamu de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, à Mashteuiatsh. Elle a œuvré à syndiquer le personnel enseignant de son école en 2014 et est maintenant présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Mashteuiatsh—CSN.

« Étant à moitié innue, j’ai les pieds dans deux cultures. Cela a fait en sorte que souvent, pour les Autochtones, je ne suis pas vraiment autochtone. Et pour les Blancs, c’est pareil, je ne suis pas vraiment comme eux, mon nom de famille est associé aux Innus. Cette tension a parfois été difficile, surtout plus jeune », commence Marlène.

Les pensionnats autochtones, on a l’impression que c’est bien loin, mais Marlène les a connus. La pratique de séparer les enfants autochtones de leur famille en les plaçant dans ces pensionnats a été adoptée par le gouvernement fédéral et le clergé pour « tuer l’indien dans l’enfant ». Ces pensionnats ont existé dans toutes les provinces canadiennes, des années 1880 jusqu’aux années 1990, le dernier ayant fermé ses portes seulement en 1996, en Saskatchewan.

« Lorsque j’étais enfant, il y avait un pensionnat directement dans la communauté, qui s’appelait Pointe-Bleue à cette époque. À l’âge de seulement six ans, on m’a arrachée à ma famille pour m’y envoyer. J’y suis demeurée quatre ans. Pendant tout ce temps, je n’ai pas revu mes parents, mes frères, mes sœurs. Ce fut… marquant », dit-elle simplement.

Après le pensionnat, Marlène fréquente l’école secondaire hors de sa communauté. « Lors de la séparation de mes parents, j’ai ensuite quitté Mashteuiatsh. J’ai étudié en génie mécanique, mais n’ai pas trouvé d’emploi. Je suis donc retournée à l’université en enseignement des mathématiques et des sciences. J’ai enseigné dans plusieurs écoles, partout au Québec, dans des communautés autochtones ou non. Je connais donc bien les différents enjeux touchant les Autochtones en éducation », continue-t-elle.

De retour à Mashteuiatsh depuis plusieurs années, Marlène est d’avis que les perceptions et les préjugés à l’endroit des Autochtones diminuent un peu. « Mais c’est un travail très lent. Ce n’est pas évident d’aller à la rencontre de l’Autre. La méfiance est très présente, de part et d’autre. C’est en créant des espaces d’échange et de dialogue que les barrières pourront tomber, j’en suis persuadée », observe Marlène.

« Les allochtones ont beaucoup de préjugés envers nous. On leur a rentré dans la tête que nous avons des privilèges, notamment au niveau de la chasse et de la pêche. C’est très tendu, ici, sur ces questions, ainsi que sur la question des terres qui appartiennent à la communauté. Ça crée des conflits entre les gens, on entend des propos racistes de la part de citoyennes et citoyens à la radio… Ce n’est pas facile », poursuit-elle.

Marlène croit que l’éducation est une clé importante pour faire tomber ces préjugés et ces méconnaissances, qui engendrent du racisme à l’endroit des membres des Premières Nations. « Les Innus de Mashteuiatsh sont de façon générale plus pauvres et plus malades que les gens de la région. Pourquoi ? Entre autres parce que le système colonial canadien nous maintient encore aujourd’hui dans une posture de mineur vis-à-vis Ottawa. Est-ce que les gens savent qu’on ne peut pas se prendre une hypothèque et que nous ne pouvons pas être propriétaires de nos maisons dans les communautés ? Que le gouvernement fédéral est encore notre “tuteur légal ?” Il commence à y avoir un certain éveil sur ces questions et des politiques timides de réconciliation voient le jour, mais il faut voir cela sur le long terme », souligne-t-elle.

Résolument engagée pour créer des espaces de dialogue partout où elle peut, Marlène a été nommée en 2019 au Conseil supérieur de l’éducation, qui conseille le ou la ministre de l’Éducation. Active au sein de la FNEEQ depuis 2014, elle voit aussi le militantisme syndical comme une occasion de créer des ponts et d’éduquer les gens sur les réalités autochtones. « Il faut parler, parler, parler, pour finir par se comprendre. Il ne faut pas se décourager, ça évolue », termine-t-elle en souriant.