Fin de l’état d’urgence sanitaire : les syndicats dénoncent l’attitude autoritaire du gouvernement

Visiblement incapable de mesurer les effets dévastateurs des arrêtés ministériels qui pendant des mois ont sapé le moral des milliers de travailleuses et de travailleurs de la santé et des services sociaux, le gouvernement s’engage à nouveau dans cette voie. Pour la FSSS–CSN, la FSQ-CSQ, la FIQ et la FIQP, le SQEES-FTQ, le SCFP, l’APTS, la FP–CSN et le SPGQ, cela représente un déni de démocratie de même qu’un manque de respect de la volonté de leurs membres d’avoir des conditions de travail négociées de bonne foi. Les organisations syndicales feront tout en leur pouvoir pour que ce projet de loi ne soit pas adopté tel quel et prendront les mesures nécessaires pour se faire entendre, comme le prévoient les règles démocratiques.

Il n’y a plus d’urgence sanitaire, mais jusqu’au 31 décembre prochain, le gouvernement veut garder tous ses pouvoirs pour décréter comme il l’entend les conditions de travail du personnel du réseau de la santé et des services sociaux. Ce faisant, il se garde le droit d’imposer des mesures inéquitables, décrétées unilatéralement, sans consultation avec le personnel du réseau et leurs représentantes.

Avec le dépôt de son projet de loi sur la fin de l’urgence sanitaire, le gouvernement instrumentalise la crise sanitaire pour modifier unilatéralement des conditions de travail des travailleuses et des travailleurs de la santé et des services sociaux et favoriser la place du privé dans le réseau en prolongeant des contrats. De ce fait, il bafoue les droits syndicaux : le droit d’association et le droit à la négociation collective. Il dénie, de ce fait, les contre-pouvoirs et abuse de son pouvoir exécutif.

Le projet de loi ne précise pas les mesures que le gouvernement entend maintenir, ce qui ne fait qu’ajouter à la confusion des travailleuses et des travailleurs. Quelle garantie ont elles que les arrêtés ne reprendront pas du service? Que ce projet de loi ne sera pas prolongé après décembre? Dans cette pandémie, le passé semble garant de l’avenir. Encore une fois, le gouvernement ne fait preuve d’aucune transparence ni d’aucune capacité à collaborer avec qui que ce soit.

« Nous dénonçons fermement le projet de loi 28 qui vise véritablement à retirer le droit du personnel de la santé et des services sociaux de décider de leurs conditions de travail. Ce n’est pas en continuant de décider seul que le gouvernement va rétablir le lien de confiance avec l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du réseau, bien au contraire. Encore une fois, le gouvernement jette de l’huile sur le feu et maintient le climat d’incertitude et de méfiance. Pour mettre fin à la crise, le gouvernement doit nous entendre et implanter des mesures permanentes pour reconnaître le personnel et attirer la relève », dénoncent les représentantes et représentants de la FSSS–CSN, de la FSQ-CSQ, de la FIQ et de la FIQP, du SQEES-FTQ, du SCFP, de l’APTS, de la FP–CSN et du SPGQ.

Restera-t-il des paramédics pour revêtir l’uniforme ?

Sans convention collective depuis le 31 mars 2020, les paramédics de l’Estrie redoutent que le mépris du gouvernement à leur égard mette en péril la capacité du secteur préhospitalier à relever les importants défis amenés par la pénurie de main-d’œuvre et la transformation du secteur préhospitalier afin de répondre adéquatement aux besoins de la population en matière de services préhospitaliers d’urgence. Alors qu’ils se préparent à déclencher une grève plus perturbatrice, à compter du 16 mars prochain, des paramédics ont installé, hier soir, de vieux uniformes autour du bureau de Geneviève Hébert et à plusieurs autres endroits dans la région. Ils veulent souligner aux élus que porter l’uniforme de paramédic devient de plus en plus lourd pour le personnel qui ne perçoit aucune reconnaissance et aucun respect de la part du gouvernement.

« À l’occasion de l’actuelle négociation, le gouvernement ne nous traite certainement pas comme des travailleuses et travailleurs prioritaires, déplore le président du Syndicat des paramédics de l’Estrie (CSN), Christian Beaudin. Pourtant, nous sommes parfaitement essentiels pour la population. C’est bien pour cette raison qu’on limite les moyens de pression que nous pouvons exercer. C’est parce que nous sommes irremplaçables qu’on nous impose régulièrement du travail en heures supplémentaires, qu’on ne nous permet pas de terminer notre quart de travail ni de manger aux heures prévues. Dans ce contexte, c’est choquant de voir le gouvernement n’avoir qu’un “non” pour toute réponse à nos besoins, qu’il s’agisse d’assurer de bonnes conditions de travail ou de trouver des solutions pour que les services préhospitaliers soient adéquats, partout au Québec. »

Les syndicats du préhospitalier réclament notamment un redressement salarial assurant aux paramédics un niveau de salaire équitable par rapport aux montants versés dans les autres services de sécurité publique ou encore dans les urgences des hôpitaux. Un salaire reflétant la valeur réelle de leur emploi. De plus, parmi les demandes syndicales, notons des moyens assurant que le personnel puisse terminer leur quart de travail et manger aux heures prévues ainsi que l’élimination des horaires de faction.

Les horaires de faction sont des horaires de travail désuets en vertu desquels les paramédics doivent demeurer disponibles 24 h sur 24 durant 7 jours consécutifs pour répondre à des appels d’urgence. Par conséquent, ils n’attendent pas l’appel dans l’ambulance, prêts à partir. On estime que cela peut ajouter jusqu’à 10 minutes au délai des paramédics pour pouvoir se mettre en route en direction du lieu d’intervention, dans les régions couvertes par de tels horaires. Ces minutes supplémentaires peuvent faire une différence importante lorsqu’il s’agit de sauver une vie ou de limiter les complications et préserver la qualité de vie des usagères et des usagers.

Fin de l’état d’urgence sanitaire : les syndicats craignent que le réseau de la santé s’effondre

Le gouvernement Legault aime parler de « refonder » le réseau de la santé et des services sociaux, mais il risque plutôt de s’effondrer si on laisse tomber toutes les mesures de soutien qui ont accompagné l’état d’urgence sanitaire depuis maintenant deux ans. Pour la FSSS–CSN, la FSQ-CSQ, la FIQ et la FIQP, le SQEES-FTQ, le SCFP, l’APTS, la FP–CSN et le SPGQ, il est urgent d’implanter des mesures permanentes à la fois pour reconnaître les efforts des travailleuses et travailleurs dans les deux dernières années et pour viser l’attraction et la rétention du personnel dans le futur.

Le gouvernement met fin à l’urgence sanitaire et donc aux mesures COVID implantées durant la pandémie dans les prochaines semaines. Ces mesures servaient aussi au maintien du réseau. Le gouvernement mettra donc fin à l’arrêté ministériel qui permettait aux employeurs de restreindre les conditions de travail du personnel, mais aussi aux mesures incitatives pour reconnaître les efforts du personnel. En agissant trop vite, les organisations syndicales craignent que le gouvernement accentue une vague de départ dans le réseau et cause une nouvelle multiplication de bris de services à la population.

« Avant d’aller de l’avant et de mettre fin aux mesures incitatives, le gouvernement doit réfléchir à l’effet que cela aura sur le personnel. Les travailleuses et travailleurs sont à bout de souffle après avoir lutté pendant deux ans contre la pandémie. On a déjà bien du mal à attirer et retenir le personnel dans le réseau, mettre fin rapidement aux mesures incitatives n’aiderait en rien. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement d’engager des discussions avec nous pour une meilleure transition et pour identifier des solutions permanentes pour mieux appuyer le personnel du réseau », indiquent les représentantes et représentants de la FSSS–CSN, de la FSQ-CSQ, de la FIQ et de la FIQP, du SQEES-FTQ, du SCFP, de l’APTS, de la FP–CSN et du SPGQ.

Les organisations syndicales demandent de plus au gouvernement de revoir à la hausse les allocations kilométriques pour le personnel du réseau qui doit utiliser leur véhicule pour accomplir leur fonction. La hausse récente du prix de l’essence devient une contrainte financière importante pour le personnel visé, dans un contexte de manque de personnel.

« Maintenir les travailleuses et les travailleurs au salaire minimum dans la pauvreté : quel choix consternant ! » 

Dans le cadre des consultations portant sur le projet de règlement modifiant le salaire minimum, la coalition Minimum18$ dépose aujourd’hui un avis portant sur le salaire minimum au Québec. Les avantages d’une hausse du salaire minimum à 18 $ l’heure sont trop nombreux pour que le ministre du Travail, Jean Boulet, refuse d’en tenir compte. 

Les avantages d’un salaire minimum à 18 $ 
D’entrée de jeu, les membres de la coalition Minimum18$, qui regroupe plusieurs acteurs syndicaux, communautaires et de défense des droits des travailleuses et des travailleurs, rappellent que, selon les principaux indicateurs, il faut au moins 18 $ l’heure au Québec pour qu’une personne travaillant à temps plein puisse espérer sortir de la pauvreté.  

Selon la porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Virginie Larivière, « en décidant de hausser le salaire minimum à un maigre 14,25 $ l’heure le 1er mai prochain, le gouvernement a fait un choix consternant : celui de maintenir dans la pauvreté des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs qui gagnent moins de 18 $ l’heure, dont une majorité sont des femmes. Pour une semaine de 35 heures, cela fait à peine 500 $… avant les déductions. Comment les membres du gouvernement croient-ils que tous ces travailleurs et travailleuses peuvent arriver à la fin du mois à payer leur loyer et leur nourriture et à prendre soin de leurs enfants avec un tel revenu? » 

Par ailleurs, l’avis présenté au ministre Boulet aujourd’hui détaille les nombreux avantages qu’une hausse du salaire minimum à 18 $ pourrait avoir également pour les employeurs dans le contexte actuel du marché de l’emploi. Ceux-ci pourraient épargner sur les coûts engendrés par le roulement de personnel (notamment en matière de formation et d’encadrement), améliorer leur productivité en comptant sur une main-d’œuvre motivée offrant un meilleur rendement et se concentrer sur la qualité de la production plutôt que sur la stabilisation de leur main-d’œuvre.  

Des arguments macroéconomiques sans fondement 
L’autre pan de l’avis de Minimum18$ démontre que les arguments macroéconomiques mis de l’avant par le gouvernement pour justifier une approche conservatrice dans la fixation du salaire minimum sont sans fondement. 

« Pourquoi le gouvernement s’obstine-t-il à plafonner le salaire minimum à 50 % du salaire horaire moyen? Ce ratio est pourtant dépassé par l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique sans que l’on ait constaté la dévastation annoncée. Différentes études ont largement dédramatisé les impacts prévus par l’économiste Pierre Fortin », rappelle le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc. 

Alors que l’inflation atteint des sommets, certaines voix s’élèvent pour dénoncer l’impact multiplicateur qu’aurait une hausse substantielle du salaire minimum.  

Mais Denis Bolduc rappelle que « limiter la hausse du salaire minimum n’est pas seulement une mauvaise manière d’aborder le problème; c’est une façon de faire qui pénalise ceux et celles qui sont touchés le plus durement par les variations à la hausse des prix des biens de première nécessité comme l’alimentation et l’habitation. Il ne faut pas oublier que les travailleuses et les travailleurs à bas salaire correspondent à une fraction réduite de la masse salariale globale du Québec : une hausse significative de leur rémunération ne peut, par définition, qu’avoir un impact limité sur les prix. Selon que l’on considère les effets directs seulement ou également les effets indirects d’une hausse à 18 $ sur les coûts des entreprises, les prix varieraient de manière assez limitée avec une hausse se maintenant sous la barre du 1 %. » 

Lutter contre la pauvreté tout en stimulant l’économie 
Au final, l’avis de la coalition Minimum18$ tend à démontrer que le contexte de relance économique post-COVID, doublé d’un contexte de rareté et de pénurie de main-d’œuvre, offre une occasion inespérée pour s’attaquer à la pauvreté en augmentant substantiellement le salaire minimum tout en stimulant l’économie. Déjà, rappelle la coalition, de nombreux employeurs du secteur du commerce au détail, de la restauration et du tourisme, qui regroupe une forte part des travailleuses et des travailleurs au salaire minimum, n’ont eu d’autre choix que de hausser leur salaire pour obtenir la main-d’œuvre recherchée. 

À propos 

La coalition Minimum18$ revendique la hausse du salaire minimum à 18 $, et ce, le plus rapidement possible. Les organisations qui en font partie : APTS, CSN, CSQ, CSD, FTQ, SFPQ, SPGQ, Collectif pour un Québec sans pauvreté, Front de défense des non-syndiqué-es, Centre des travailleurs et travailleuses immigrants.

Déclaration intersyndicale de soutien à l’Ukraine

Alors que la guerre fait rage en Ukraine et que ses habitants se battent courageusement pour défendre leur pays, les centrales syndicales québécoises – la FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD – condamnent vivement l’invasion injustifiable de ce pays par la Russie.

Il s’agit d’une guerre en violation de la souveraineté d’un pays, en violation du droit international et des principes fondateurs de la Charte des Nations unies. Les centrales souhaitent envoyer un message de solidarité et de soutien sans équivoque à leurs camarades travailleuses et travailleurs ukrainiens, ainsi qu’à l’ensemble de la population de ce pays durement affecté depuis trop longtemps par le régime d’un dictateur russe.

« Nous appelons à la paix et à la diplomatie, ainsi qu’à l’arrêt immédiat de cette agression et au retrait des troupes russes du territoire ukrainien. Parce que des millions de vies sont en jeu, parce que les conséquences de cette guerre entraîneront des répercussions pendant de nombreuses années dans la société ukrainienne, mais également chez la population russe pacifique, et que les invasions et la guerre ne sont pas des moyens acceptables de résolution des conflits dans nos sociétés dites modernes », affirment les présidences des centrales.

« Comme centrales syndicales, nous sommes extrêmement sensibles au fait que cette agression aura des conséquences humanitaires catastrophiques, mais aussi un impact négatif considérable sur l’économie du pays, ses enfants, ses lieux de travail et ses emplois. Nous appelons à la solidarité syndicale mondiale pour la paix immédiate, et offrons tout notre soutien à l’importante diaspora ukrainienne du Québec, affligée par le sort de son pays d’origine. Camarades ukrainiens, vous n’êtes pas seul-es. La communauté syndicale internationale doit faire entendre sa voix face à cette agression et défendre haut et fort le droit de l’Ukraine de demeurer maître de son avenir », de conclure les centrales syndicales.

Le gouvernement, à l’heure des choix

Près de deux ans après l’échéance des conventions collectives dans le secteur préhospitalier, les syndicats CSN attendent toujours une offre du gouvernement susceptible de répondre aux enjeux du secteur. Déterminés, ils  haussent le ton. En se réunissant aujourd’hui pour bloquer les deux entrepôts de la Société des alcools du Québec à Montréal et à Québec, des paramédics de tout le Québec veulent mettre en lumière que ce n’est pas une question de moyens financiers pour le gouvernement mais bien de volonté politique. Cette action d’envergure en annonce d’autres à venir promettent les paramédics.

Les syndicats du préhospitalier veulent notamment un redressement salarial assurant aux paramédics un niveau de salaire compétitif par rapport aux salaires versés dans les autres services de sécurité publique ou encore dans les urgences des hôpitaux. De son côté, le gouvernement offre des augmentations de seulement 6 % sur trois ans ce qui aurait pour effet d’accroître encore davantage le fossé de rémunération entre les paramédics et tous les autres salarié-es qu’ils côtoient au quotidien. La rémunération non concurrentielle contribue aux difficultés d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre dans le secteur. De plus, parmi les demandes syndicales notons des moyens assurant que le personnel puisse manger et terminer leur quart de travail aux heures prévues ainsi que l’élimination des horaires de travail désuets, les horaires de faction.

« Maintenant que des ententes ont été conclues dans tout le secteur public, il est inconcevable que le gouvernement ne mette pas plus d’énergie pour régler avec nous qui sommes toujours en négociation avec l’État, explique le président intérimaire du Syndicat du préhospitalier –CSN , Claude Lamarche . Nos revendications vont dans le sens de l’amélioration des services à la population et de la couverture ambulancière dans toutes les régions du Québec. Ce n’est pas normal qu’en 2022 le service soit tenu à bout de bras par des travailleuses et des travailleurs qui doivent faire des heures supplémentaires à la fin de chaque quart, sans avoir eu de pause-repas. »

Horaires de faction
« Convertir un horaire de faction en horaire à l’heure commande un investissement de 800 000 dollars, enchaîne le président du Syndicat des paramédics et du préhospitalier de la Montérégie – CSN , Gaétan Dutil. Cela équivaut à la somme engrangée par le gouvernement en dividendes et en taxes en deux heures d’ouverture des succursales de la SAQ. Si nous sommes incapables de régler cette situation, ce n’est pas une question d’argent. C’est que le gouvernement choisit d’investir ailleurs que dans la qualité des services préhospitaliers. Toute la population doit le comprendre ! »

Les horaires de faction sont des horaires de travail désuets en vertu desquels les paramédics doivent demeurer disponible 24 h sur 24 durant 7 jours consécutifs pour répondre à des appels d’urgence. Par conséquent ils n’attendent pas l’appel dans l’ambulance, prêts à partir mais en général de leur domicile. On estime que cela peut ajouter jusqu’à 10 minutes au délai d’intervention des paramédics dans les régions couvertes par de tels horaire. Ce délai supplémentaire peut faire une différence importante lorsqu’il s’agit de sauver une vie ou de limiter les complications et préserver la qualité de vie des usagères et des usagers.

Finir à l’heure
« Manger à l’heure prévue, terminer notre quart de travail sans toujours devoir faire des heures supplémentaires est-ce vraiment trop demander ? poursuit le président du Syndicat du préhospitalier des Laurentides et de Lanaudière – CSN, Patrice Girard. Nous avons droit à une qualité de vie même si par sa nature, notre travail dans les situations d’urgence exige qu’on puisse faire face aux imprévus. Mais ça devient de plus en plus une pratique de gestion d’exiger de nous qu’on travaille au-delà des heures prévues. Un moment donné, cette heure, ces deux heures par jour que nous faisons de plus sur la route, c’est du temps de qualité de moins avec notre famille. Il faut changer ça, les solutions existent ! »

Un appel au respect
« Ce qu’on veut, c’est être respectés. Que le gouvernement se donne la peine d’entendre quels sont nos besoins sur le terrain, conclut le président du Syndicat des paramédics de l’Abitibi–Témiscamingue Nord-du-Québec, Harold Lavoie. Au contraire, on nous dit que nous sommes prioritaires, essentiels, mais à chaque occasion, on oublie de le reconnaître concrètement. En négociation aussi. Ce qu’on nous offre est clairement insuffisant. Il faut que le Conseil du trésor, le gouvernement dégage au plus vite les mandats nécessaires  pour qu’on puisse trouver un terrain d’entente. »

À propos
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) représente plus de 3600 travailleuses et travailleurs du secteur préhospitalier, paramédics, répondantes et répondants médicaux d’urgence (RMU) et employé-es de soutien, soit la majorité du personnel de ces services.

Les travaux en prévision de la négociation 2023 débutent

Rassemblés devant l’Assemblée nationale, des dizaines de travailleuses et de travailleurs des services publics ont marqué le coup d’envoi des travaux entourant leur négociation avec le gouvernement, dont les pourparlers devraient débuter à l’automne. Elles et ils ont été rejoints virtuellement par plusieurs centaines de leurs collègues qui sont réunis aujourd’hui et demain dans le cadre d’instances du secteur public CSN, pour discuter des enjeux entourant le prochain renouvellement de leurs conventions collectives.

En présence de Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN), de Caroline Senneville, présidente de la CSN, ainsi que de François Enault, premier vice-président de la CSN, les délégué-es en ont profité pour dévoiler leur slogan du secteur public CSN pour cette prochaine négociation : Du bon bord.

Vaste consultation
Une partie des travaux en prévision du dépôt des demandes syndicales – prévu en octobre 2022 – est déjà entamée; la vaste consultation menée par la CSN du 17 janvier au 6 février a permis de récolter plus de 25 000 réponses de la part des travailleuses et des travailleurs œuvrant en santé et en services sociaux, en éducation et en enseignement supérieur. Les résultats alimenteront la réflexion entourant l’élaboration des demandes d’ordre salarial ainsi qu’en matière de régime de retraite et de disparités régionales, notamment. Des consultations supplémentaires auront lieu au cours des prochains mois afin de préparer les demandes touchant aux conditions de travail et de pratique.

Instances du secteur public CSN
Les instances, qui se tiennent en mode virtuel jusqu’au 25 février, regroupent des centaines de membres du personnel des réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux ainsi que des organismes gouvernementaux dont les syndicats sont affiliés à la Fédération des Professionnèles (FP–CSN), à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) ainsi qu’à la Fédération des employées et employés des secteurs publics (FEESP–CSN).

Rappelons qu’avec plus de 170 000 travailleuses et travailleurs issus des réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux et des organismes gouvernementaux, la CSN est la centrale la plus représentative dans le secteur public au Québec.

Citations
« C’était primordial pour nous d’écouter nos membres et nous sommes extrêmement satisfaits d’avoir réussi à rejoindre 25 000 répondantes et répondants. Cette participation exceptionnelle, qui se situe au-delà de nos attentes, démontre l’importance qu’ils accordent à leur négociation. Il ne fait aucun doute que nous n’avons pas à être gênés de demander une rémunération et des conditions de travail et de pratique à la hauteur de l’importance des services publics, incluant des hausses de salaire permettant de mieux vivre. Les travailleuses et les travailleurs sont du bon bord, celui des services publics forts, au service des Québécoises et des Québécois » – François Enault, premier vice-président de la CSN.

« Après deux ans de pandémie, les travailleuses et les travailleurs des services publics sont en droit de s’attendre à une réelle reconnaissance de la part du gouvernement. Après avoir louangé leur dévouement au fil des différentes vagues de la pandémie, ce dernier devra faire la démonstration que la vraie reconnaissance de leur travail, essentielle au bon fonctionnement de notre société, passe par une rémunération et des conditions de travail attrayantes » – Caroline Senneville, présidente de la CSN.

« Cette pandémie aura permis de démontrer à l’ensemble des Québécoises et des Québécois à quel point le travail du personnel des services publics est crucial. Sans des réseaux solides, ce sont des centaines de milliers de personnes qu’on risque d’échapper, des gens à la santé fragile jusqu’aux étudiantes et étudiants en difficulté, aux élèves aux besoins particuliers, en passant par toutes celles et tous ceux qui ont besoin de soutien et de services. Il faut des travailleuses et des travailleurs en nombre suffisant qui veulent venir y travailler et y rester grâce à des conditions satisfaisantes » – Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN).

La CSN et la FTQ interpellent les députés pour la reconnaissance des PRDM

Des représentant-es de la CSN et de la FTQ étaient présents ce matin pour interpeller les députés à leur arrivée à l’Assemblée nationale pour réclamer une juste reconnaissance des préposé-es en retraitement des dispositifs médicaux (PRDM). Ils ont invité les députés à porter la voix des PRDM pour que le gouvernement règle enfin leurs plaintes de maintien de l’équité salariale.

Le rattrapage des chirurgies passe par la reconnaissance des PRDM

Alors que le gouvernement souhaite rattraper le retard accumulé dans les chirurgies en raison de la pandémie, la CSN et la FTQ rappellent que le rôle des PRDM est central pour y parvenir. Ce sont les PRDM qui ont la responsabilité de stériliser le matériel médical et chirurgical. En refusant de reconnaître leur apport essentiel, le gouvernement ne fait qu’accentuer l’exode du personnel. Dans les derniers mois, plusieurs PRDM ont en effet quitté la profession, alors que le privé prend de plus en plus de place en raison du manque de personnel. Ce recours accru au privé fait craindre pour la qualité du retraitement du matériel.

Il est déplorable que le gouvernement ne donne toujours pas le mandat de régler les plaintes

Malgré de nombreuses interventions des deux organisations syndicales, le secrétariat du Conseil du trésor n’a toujours pas de mandat afin de reconnaître l’évolution de cet emploi et l’urgence de régler les plaintes de maintien de l’équité salariale de 2010. Les tâches des PRDM ont pourtant grandement évolué depuis 2001 et se sont complexifiées avec le temps.

« Le gouvernement a toutes les cartes entre ses mains pour mieux reconnaître les efforts des PRDM. Elles travaillent d’arrache-pied depuis le début de la pandémie et la reprise des chirurgies ne sera pas de tout repos pour elles. Elles sont nombreuses à quitter le réseau en raison du manque de reconnaissance. Madame Lebel doit mettre fin à la discrimination salariale des PRDM », lancent Josée Marcotte, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Maxime Ste-Marie, président du Conseil provincial des affaires sociales du SCFP-FTQ et Sylvie Nelson, présidente du SQEES-FTQ.

Des attaques inacceptables envers les travailleurs de l’information

Lettre d’Annick Charette, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture–CSN

Les débordements dont Ottawa et Québec ont été témoins au cours des derniers jours ont donné lieu à de nombreux gestes d’intimidation et d’agression à l’endroit des travailleuses et des travailleurs des médias qui ont couvert ces événements. Des manifestants les ont suivis, invectivés et ont tenté de s’en prendre à leur intégrité physique et à leur équipement, trouvant tous les stratagèmes, subtils ou violents, pour les empêcher de faire leur travail.

Si ces menaces à notre démocratie semblent plus sournoises que les appels au renversement d’un gouvernement, elles ne sont en rien inoffensives à l’endroit des photographes, journalistes, caméramans et autres travailleurs de l’information qui en ont été victimes. Trop nombreux sont les membres de la CSN qui ont subi ces attaques, trop graves sont les conséquences provoquées par ces traumatismes pour que nous restions les bras croisés.

Ces actes de violence et d’intimidation envers le personnel médiatique s’inscrivent dans une mouvance qui tend à discréditer, peu importe la motivation, la valeur du travail journalistique.

S’y ajoutent aussi, malheureusement, de multiples actes de cyberharcèlement à l’endroit de ces travailleuses et travailleurs. Un phénomène de plus en plus fréquent qui, à force d’être documenté, se révèle de plus en plus inquiétant.

À la demande de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), une étude a été menée par Stéphane Villeneuve, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, sur l’ampleur de l’intimidation à l’égard des journalistes sur les plateformes numériques et les médias sociaux. Les données, recueillies auprès de travailleuses et de travailleurs du milieu de l’information, donnent froid dans le dos :

  • La moitié des répondantes et répondants affirme avoir été victimes de cyberintimidation ;
  • Fait troublant : 53,7 % des répondantes et répondants considèrent ces événements comme « inévitables » ;
  • Une personne sur cinq affirme avoir reçu des menaces visant son intégrité physique ;
  • Près de la moitié des personnes interrogées indique avoir à vivre avec le stress engendré et près du tiers vit de la colère ;
  • Le quart d’entre eux exprime vivre une perte de confiance, la même proportion indiquant être affectée par une perte de productivité dans leur travail.

Les menaces, l’intimidation et la violence constatées sur les médias sociaux à l’endroit de l’ensemble des travailleuses et travailleurs des médias constituent un véritable danger pour notre société. Elles bâillonnent la parole et musèlent la vérité. Pour ces raisons, tant les élu-es que les autorités publiques, les entreprises de presse ou nos organisations syndicales ont une obligation d’assurer les conditions sécuritaires dans lesquelles une presse libre et indépendante peut opérer.

En sommes-nous vraiment rendus là ?
Même si nous dénonçons l’absurdité de la situation nous ne pouvons que saluer les entreprises de presse qui offrent dorénavant au personnel affecté à la couverture de certaines manifestations, des formations de « couverture en milieu hostile », autrefois réservées aux correspondants sillonnant l’Irak ou l’Afghanistan. Cependant, ces entreprises ont encore beaucoup de travail à faire afin de mettre en place les mesures nécessaires pour contrer le cyberharcèlement et pour venir en aide à ceux qui en sont victimes.

Les corps policiers ont l’obligation d’assurer la sécurité de l’ensemble des personnes pouvant se trouver sur les lieux d’une manifestation – incluant bien entendu les médias. Leur vigilance doit être accrue en ce sens, et ce, autant dans la rue que dans leurs réponses aux actes criminels commis sur Internet. Nous nous attendons de leur part au traitement approprié des plaintes qui ont été déposées par nos membres à la suite des événements regrettables des derniers jours.

Depuis leur avènement, les réseaux sociaux ont toujours pu s’étendre en profitant du vide juridique à leur endroit. Leurs propriétaires, multinationales du numérique, ne sont guère inquiétés par les pouvoirs publics, que ce soit en matière de taxation ou de législations appropriées.

Faut-il se surprendre de leur laxisme à l’endroit de la désinformation et de la cyberintimidation envers les travailleuses et les travailleurs de l’information et le public en général ? Nos pouvoirs politiques doivent réguler ces entreprises étrangères omniprésentes sur le plan fiscal et législatif, mais également les contraindre à prendre leurs responsabilités dans la défense de l’intégrité des travailleurs de l’information.

Tant à Québec qu’à Ottawa, l’ensemble des partis politiques doit envoyer un signal clair : la violence et l’intimidation à l’endroit des journalistes et du personnel médiatique sont inacceptables.

Nous avons une obligation collective d’assurer les conditions propices à leur indépendance et à leur liberté de travail. Dans la rue comme à l’écran, le respect de leur travail et de leur intégrité doit être l’affaire de tous.

Signataires :

Annick Charette, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN),
Michael Nguyen, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ)
Pierre Tousignant, Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Radio-Canada (CSN)
Nathalie Pichette, Syndicat des employé(e)s de NOOVO (CSN)
Antoine Lacroix, Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (CSN)
Andréanne Bédard, Syndicat de la rédaction du journal Le Devoir (CSN)
Janie Gosselin, Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (CSN)
Karine Tremblay, Syndicat des employé.es de La Tribune (CSN)
Marie-Ève Martel, Syndicat national des employés de La Voix de l’Est (CSN)
Ian Bussières, Syndicat de la rédaction du Soleil (CSN)
Annie Lavoie, Syndicat des employé-e-s de bureau du Soleil (CSN)
Louis-Simon Gauthier, Syndicat de l’information du Nouvelliste (CSN)
Simon Séguin-Bertrand, Syndicat des travailleurs et des travailleuses de la Coopérative de solidarité Le Droit (CSN)
Martin Roy, Syndicat des travailleuses et travailleurs de L’Acadie Nouvelle (CSN)
André Arsenault, Syndicat des employé-e-s de CHAU-TV (CSN)
Francis Paquin, Syndicat des employés-es de RDS – section salle des nouvelles (CSN)
Thierry DeNoncourt, Syndicat des travailleuses et travailleurs de la presse écrite en Abitibi-Témiscamingue (CSN)
Simon Mayer, Syndicat des employé-es de CKVM (CSN)
Mélanie Labrecque, Syndicat des travailleurs et travailleuses du Journal le Peuple Lotbinière (CSN)
Vincent Gaudreau, Syndicat des travailleuses et travailleurs du journal le Courrier de Portneuf (CSN)
Zoé Magalhaes, Syndicat montréalais de l’information et Syndicat de l’information locale (CSN)
Kate Tremblay, Syndicat des employés de CJPM-TV (CSN)
Julien Renaud, Syndicat des publicitaires du Saguenay (CSN)
Serge Tremblay, Syndicat des employé-es de Trium Médias (CSN)
Gabrielle Brassard-Lecours, Association des journalistes indépendants du Québec (CSN)
Jacques Parent, Syndicat des employés de CHNC New Carlisle (CSN)
Mélissa Dion, Syndicat des employé(es) de la Coopérative de la Radio de Granby (CSN)

Projet de règlement des services de garde en milieu scolaire : un encadrement insuffisant

En matière d’encadrement des services de garde en milieu scolaire, le projet de règlement déposé aujourd’hui par le ministre de l’Éducation ne va pas assez loin, déplorent les syndicats du secteur scolaire de la Fédération des employé-es de services publics (FEESP–CSN). Les mesures qui y sont contenues ne permettront pas de garantir le respect des ratios éducatrice/élève, encore moins de l’abaisser, ni d’empêcher le détournement des frais admissibles aux parents.

« Dans un trop grand nombre d’écoles, le ratio une éducatrice pour 20 élèves est régulièrement dépassé. Or, la seule mesure concrète proposée aujourd’hui se limite à interdire d’inclure nos collègues concierges et secrétaires, ou encore le directeur de l’école, du calcul de ce ratio, s’étonne Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP–CSN. Nous demandions un abaissement de ce ratio, nous voulions également des ratios particuliers pour les groupes d’élèves de 4 et 5 ans qui se retrouvent trop souvent dans des groupes de 25 élèves et plus… Malheureusement, rien de concret à cet égard. »

Depuis plusieurs années, les syndicats du secteur scolaire déplorent que les frais de services de garde admissibles aux parents soient détournés de leur mission première afin pallier le sous-financement des écoles. « Il n’est pas normal que les frais de 8,55 $ par jour chargés aux parents soient utilisés pour financer le matériel scolaire, l’achat d’équipement ou l’entretien des bâtiments, rappelle Annie Charland. Le projet de règlement fait un pas dans la bonne direction en limitant la capacité des conseils d’établissement à faire des surplus, car c’est grâce à ces surplus que d’autres activités de l’école sont ainsi financées. Cependant, le projet de règlement n’empêchera pas cette forme de détournement des cotisations payées par les utilisateurs des services de garde, ce qui nuit grandement au renforcement des services de garde à remplir leur mission première. »

La représentante syndicale rappelle qu’il y a 15 ans, le Conseil supérieur de l’éducation et le vérificateur général du Québec faisaient déjà la démonstration de plusieurs points défaillants dans la gestion et le développement des services de garde en milieu scolaire. Depuis, les différents gouvernements qui se sont succédé ont laissé aller les choses.

« La pandémie a montré comment les services de garde en milieu scolaire sont essentiels pour la conciliation travail-famille des parents, mentionne Annie Charland. Aujourd’hui, plus de la moitié des enfants du Québec fréquentent un tel service, une large proportion y passant quatre heures par jour. Malheureusement, le projet de règlement déposé aujourd’hui ne semble pas être accompagné d’une réflexion globale sur le rôle des services de garde en milieu scolaire ni d’une volonté de valoriser l’emploi pour répondre au défi de pénurie de main-d’œuvre que nous vivons présentement. »

À propos
Le secteur scolaire de la FEESP–CSN représente plus de 35 000 employé-es de soutien des centres de services et commissions scolaires du Québec.

Bâtir une économie plus durable, résiliente et solidaire

Les présidents et la présidente des quatre centrales syndicales, Daniel Boyer (FTQ), Caroline Senneville (CSN), Éric Gingras (CSQ) et Luc Vachon (CSD), rencontrent cet après-midi, à 13 h 30, le ministre des Finances, Éric Girard, dans le cadre des consultations prébudgétaires.

« Il est clair, pour nous, que la crise sanitaire des deux dernières années illustre la nécessité de changer d’approche en matière de finances publiques. La pandémie a jeté un éclairage cru sur l’héritage de décennies de compressions dans les services publics en révélant leurs failles et l’essoufflement de leur personnel. Le gouvernement doit continuer à intervenir pour consolider une reprise économique durable dans tous les secteurs et répondre, notamment, aux défis de la rareté de main-d’œuvre », soutiennent d’emblée les leaders syndicaux.

Dans un mémoire conjoint, les centrales présentent, au total, seize recommandations déployées autour de quatre grands axes, soit la gestion de la dette publique et éviter un retour à l’austérité budgétaire; un réinvestissement dans les services publics pour prévenir l’essoufflement total du personnel dans les réseaux; le développement économique postpandémie; et la nécessité de répondre aux besoins des travailleuses et travailleurs, notamment sur les enjeux liés à la rareté de la main-d’œuvre et à la formation.

« De plus, dans la perspective de privilégier des mesures qui répondent d’abord et avant tout aux besoins de la population québécoise, le gouvernement doit cesser les versements au Fonds des générations et éviter tout retour à l’austérité budgétaire. »

Elles font aussi valoir que, bien que l’économie dans son ensemble, les revenus de l’État de même que le marché du travail ont retrouvé un dynamisme certain, il est vrai que quelques secteurs, plus touchés par les mesures sanitaires, roulent toujours au ralenti.

La pandémie aura évidemment entraîné des bouleversements qui s’échelonneront sur plusieurs années, même après un retour à une certaine normalité. Les centrales mettent donc en garde le gouvernement contre une fin abrupte du financement des mesures de soutien et de relance, autant en santé et services sociaux, en éducation, en enseignement supérieur que dans les autres ministères. Dans la même perspective, elles demandent aussi à Québec de déployer des efforts sur les mesures de soutien à long terme afin que les entreprises demeurent viables et en activité pour alimenter la croissance économique à venir.

« Les Québécoises et les Québécois ont besoin que l’on investisse dans l’avenir. C’est pourquoi le prochain budget doit être un appui ferme à une véritable relance afin de bâtir une économie plus durable, résiliente, solidaire et verte. Et, pour y arriver, l’instauration d’un dialogue social ouvert et constructif sera nécessaire pour que les travailleuses et les travailleurs puissent faire valoir leurs besoins et leurs préoccupations en matière d’emploi, de formation, de protection sociale ou de soutien du revenu », soutiennent Daniel Boyer, Caroline Senneville, Éric Gingras et Luc Vachon, ajoutant que les organisations syndicales connaissent leurs secteurs d’activités et peuvent jouer un rôle de premier plan dans cette relance.

Retards dans les versements de sommes dues au personnel

La Fédération de la Santé et des services sociaux (FSSS–CSN), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), le Syndicat canadien de la fonction publique (CPAS-SCFP), le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ), la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ), l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), la Fédération des professionnèles (FP–CSN) et le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) déplorent que le gouvernement n’honore pas sa signature et qu’il repousse encore son échéancier dans le versement des sommes dues à des milliers de travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux.

Ce sont à 80 % des femmes qui attendent des montants qui représentent 1,28 milliard de dollars à la suite des signatures des conventions collectives et, pour certains titres d’emploi, il faut ajouter 1,15 milliard de dollars pour le règlement de plaintes en équité salariale de 2010 et 2015.

Une confusion injustifiable
Devant la forte pression exercée par les syndicats depuis le mois de novembre dernier pour accélérer les paiements, le ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Christian Dubé, s’était pourtant engagé à procéder aux paiements pour le 1er mars 2022, échéance qu’il n’a pas tardé à repousser sans même en aviser le personnel du réseau touché ni les organisations syndicales. Vendredi dernier, des représentants du MSSS ont présenté un nouveau calendrier de versements des sommes, incomplet et imprécis, s’échelonnant jusqu’au 23 mars dans certains cas, et que ces versements pourraient se faire par des avances. Les syndicats s’inquiètent que leurs membres puissent recevoir des montants erronés qu’ils devront ensuite rembourser.

De plus, alors que le ministre Dubé a répété plusieurs fois qu’il assumerait ses responsabilités quant à ces retards, le sous-ministre nous apprenait qu’il n’y aurait pas de versement d’intérêts sur les sommes dues à nos membres. C’est là ajouter l’insulte à l’injure !

Quant au versement des sommes pour les règlements d’équité salariale, aucune date n’a été avancée, sinon que rien ne sera fait avant le mois d’avril.

« Nous ne comprenons pas qu’en 2022, au Québec, les femmes doivent encore attendre pour avoir un salaire égal à celui des hommes. Ces plaintes datent de 2010 et 2015. C’est tout simplement inadmissible et révoltant, non seulement pour les femmes auxquelles ces sommes sont dues, mais pour toutes les femmes du Québec », répliquent les porte-paroles des syndicats de la santé et des services sociaux.

Le ministre Dubé a affirmé être gêné de l’inefficacité des différents systèmes de son ministère et des établissements pour verser les sommes dues à nos membres. Or, il doit être néanmoins tenu responsable des retards dont les échéances étaient connues des mois à l’avance. Il a aussi tardé à transmettre une directive au réseau pour que les paiements soient effectués en priorité. De plus, ses explications concernant la désuétude des systèmes informatiques nous laissent sans voix dans le contexte. On reconnaît que le personnel au gouvernement est au pied d’œuvre pour pallier l’incompétence des fournisseurs externes de gestion de la paye (Médisolution et Logibec) et l’inaction du ministre. Les organisations syndicales considèrent que le gouvernement devrait rapatrier ces services vers la fonction publique, compétente et qualifiée, afin de diminuer la sous-traitance dans le réseau de la santé et des services sociaux et assurer un meilleur suivi.

Un gouvernement auquel on ne peut faire confiance
Ces nombreux reports viennent encore miner le moral des troupes sur le terrain et aussi la confiance envers la parole du ministre de la Santé, sinon à l’égard du gouvernement de François Legault.

« Ce sont des sommes importantes auxquelles ont droit nos membres. Cela fait maintenant deux ans que les travailleuses du réseau de la santé et des services sociaux le portent à bout de bras en ne cessant de faire des sacrifices sur le plan professionnel et personnel. La motivation devient de plus en plus difficile à trouver. Ces retards de paiement viennent démobiliser les travailleuses et les travailleurs. À l’approche du 8 mars, la Journée internationale du droit des femmes, nous demandons au gouvernement de verser à nos membres, en grande majorité des femmes, les sommes négociées dans les contrats de travail et dans les ententes portant sur l’équité salariale », concluent les porte-paroles des syndicats.

Dispositions sexistes de la Loi sur l’assurance-emploi

Kim Bouchard, avocate au Mouvement action-chômage de Montréal, avec l’appui de 12 autres organismes*

C’est avec consternation que nous avons appris que la Commission de l’assurance-emploi avait reçu ordre d’interjeter appel de la récente décision du Tribunal de la sécurité sociale établissant que les dispositions de la Loi sur l’assurance-emploi qui limitent le droit des mères à recevoir des prestations d’assurance-emploi lorsqu’elles perdent leur travail pendant ou suite à un congé de maternité constituaient de la discrimination basée sur le sexe.

Les appelantes ont pourtant démontré que la Loi sur l’assurance-emploi entraînait des conséquences réelles sur le bien-être et la sécurité économique des femmes, et le Tribunal leur a donné raison : « [Si] une femme perd son emploi pendant son congé de maternité et parental, elle n’a plus de protection. Elle doit donc se fier à ses économies ou au revenu de son conjoint. Cela maintient les femmes dans la pauvreté et dans un lien de dépendance. C’est considérer les revenus des femmes comme un salaire d’appoint qui ne mérite pas la même protection. […] Parce qu’elles sont des femmes qui ont eu une grossesse, elles ne peuvent pas obtenir les avantages des autres assurés. »

Pourquoi contester ce jugement alors que dans sa lettre de mandat, le très honorable Justin Trudeau chargeait la ministre responsable de l’assurance-emploi, Carla Qualtrough, de s’« attaquer aux inégalités et aux disparités systémiques profondes qui demeurent présentes dans notre tissu social, notamment au sein de nos institutions fondamentales » ?

Pourquoi nier les faits, une fois démontrés, alors que la ministre reconnaissait le 1er janvier dernier que le régime actuel crée des iniquités pour les nouvelles mères, déclarant même qu’elle « désire ardemment [s]’y attaquer » ?

Nous invitons la ministre à profiter de la modernisation du programme d’assurance-emploi en cours afin de l’adapter au 21e siècle. Une solution simple revendiquée par plusieurs organismes communautaires, féministes et syndicaux implique que le gouvernement modifie la Loi sur l’assurance-emploi de manière à ce que toutes les travailleuses aient droit à une protection en cas de chômage, indépendamment de toute absence au marché du travail liée à la grossesse, à la maternité et aux responsabilités familiales. Cette modification mettrait fin aux effets considérés comme discriminatoires et sexistes que subissent les femmes dans ce dossier. En attendant une modification législative, la décence élémentaire eût été de ne pas contester un jugement qui ne fait que confirmer la discrimination à laquelle le gouvernement Trudeau prétend justement vouloir s’attaquer !

* Cosignataires : Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE), Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec (RTRGFQ), Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT), CSD, CSQ, CSN, FTQ, FIQ, APTS, FAE, SFPQ et SPGQ.

 

Projet de loi 15 en protection de la jeunesse : Ce ne doit pas être la fin, mais le début

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) appuie globalement le projet de loi 15 modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse, lequel sera étudié cette semaine en commission parlementaire.

Pour la CSN, c’est l’occasion de réitérer la nécessité de décentraliser le système de santé et d’assurer le financement adéquat des services en protection de la jeunesse. Le manque de budget, le délestage, le roulement de personnel et les nombreux postes non comblés dans les centres jeunesse compromettent des programmes destinés aux jeunes vulnérables.  Il faudra également renforcer la première ligne en CLSC pour offrir des services aux familles vulnérables, au moment opportun. On doit donc aller au-delà du projet de loi 15, dans l’intérêt des enfants.

« La protection de la jeunesse, c’est aussi s’assurer que tous les enfants puissent avoir un toit, manger à leur faim, accéder à des services de garde éducatifs, à la culture et à des services professionnels au moment voulu, et que leurs parents aient un revenu adéquat pour assurer ces frais.. En ce sens, la CSN veut qu’on aille beaucoup plus loin et surtout que l’on agisse de façon préventive », explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Pas de refondation sans décentralisation

Caroline Senneville, présidente de la CSN

Depuis quelques semaines, le gouvernement annonce son intention de procéder à une refondation du réseau de la santé et des services sociaux. La pandémie a démontré hors de tout doute que l’organisation du réseau doit être revue aussi bien pour répondre aux besoins de la population que pour freiner la détresse du personnel.

En 2017, une coalition réunissant la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et la Fédération des professionnèles (FP–CSN), représentant les salarié-es de toutes les catégories de personnel, ainsi que l’Alliance des patients pour la santé, l’Association médicale du Québec et l’Association des cadres supérieurs de la santé et des services sociaux, proposait 15 pistes de solutions. La crise de la COVID-19 a montré que ces solutions sont plus pertinentes que jamais pour améliorer et pérenniser le réseau de la santé et des services sociaux.

Pour une réelle décentralisation
Décentraliser le système de santé et de services sociaux, c’est beaucoup plus que de saupoudrer quelques postes de cadres par-ci par-là dans les établissements. Il faut revoir l’organisation du réseau et s’attaquer en priorité à la situation des services aux aîné-es et des services de protection de la jeunesse. Les CHSLD et les centres jeunesse se trouvent noyés dans les mégastructures que sont les CISSS et les CIUSSS, au sein desquels les centres hospitaliers sont des poids lourds.

Décentraliser le réseau, c’est aussi redonner une voix à celles et ceux qui donnent les services comme à celles et ceux qui les reçoivent. La refondation du réseau doit permettre une plus grande participation aux décisions de la part du personnel, en misant sur son expertise et son autonomie professionnelle et celles de la population, notamment au sein des conseils d’administration.

Redevenir un réseau où il fait bon travailler
Après deux ans de pandémie, le personnel est à bout de souffle. Il faut mettre fin à la surcharge de travail et au temps supplémentaire obligatoire (TSO). La meilleure manière d’attirer la relève, c’est de donner de meilleures conditions de travail, dès maintenant, en ouvrant le dialogue entre le gouvernement et les organisations syndicales, comme cela a été fait lors de la 5e vague de COVID-19. Il n’y a qu’une cible à viser et c’est de retrouver la fierté de travailler pour attirer les jeunes dans leur choix de carrière.

Réinvestir pour effacer les ravages de l’austérité
Le réseau peine toujours à se relever de l’austérité des dernières années. Non seulement ces coupes ont miné son fonctionnement, mais ce manque à gagner n’a jamais été comblé. Une refondation du réseau apparaît irréalisable sans investir les sommes nécessaires pour y parvenir. Pensons seulement aux coupes à la santé publique qui ont rendu impossibles la préparation et l’adaptation de la stratégie nationale lorsque la pandémie a frappé. Elles expliqueraient l’hécatombe vécue dans les CHSLD, selon la commissaire à la santé et au bien-être. De plus, un réinvestissement en santé mentale est absolument crucial.

Le renforcement du soutien à domicile est non seulement une nécessité pour la qualité de vie des citoyennes et des citoyens, c’est aussi un choix budgétaire tout à fait cohérent. À cet égard, le Québec a un énorme retard à combler par rapport à des États comparables et aux autres provinces. Il doit donc y avoir des sommes dédiées aux soins en santé physique et mentale à domicile.

Mieux investir là où ça compte n’est pas tant une question de ressources disponibles que de choix politiques. À elles seules, deux mesures comme l’instauration d’une assurance médicaments universelle et une révision du mode de rémunération des médecins permettraient d’octroyer des sommes importantes vers ces priorités structurantes.

Le gouvernement aura-t-il le courage nécessaire pour procéder à une véritable refondation du réseau, notamment sur ces trois axes prioritaires que nous proposons ? L’heure n’est plus aux belles paroles. Il faut intervenir. Il y a urgence d’agir !

La CSN salue le lancement de l’appel de projets du programme Ambition-Compétences par le ministre Jean Boulet

La CSN salue l’annonce ce matin par le ministre du Travail et la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT), dont fait partie la centrale syndicale, d’un budget de 46 millions de dollars pour soutenir le rehaussement des compétences et la requalification dans les entreprises en transformation. Tant au niveau de la transition verte que de la transition technologique, les travailleuses et travailleurs affectés ont un besoin urgent de formation et de requalification pour leur permettre de conserver leur emploi ou de développer leurs compétences.

Transition verte et juste
Depuis plusieurs années, la CSN est préoccupée par l’impact des changements climatiques sur les travailleurs et travailleuses et réclame une transition juste, c’est-à-dire la création d’emplois de qualité dans les technologies propres et des mesures permettant de limiter les pertes d’emplois dans les secteurs à risque. « Les changements climatiques engendrent de grands bouleversements en matière d’emploi. Des mesures phares pour favoriser la requalification des travailleuses et des travailleurs sont attendues depuis longtemps », déclare Nathalie Arguin, secrétaire générale de la CSN et représentante de la centrale à la CPMT.

Un exemple concret ? Les alumineries et la production d’acier, dont la modernisation pour une transition écologique est incontournable. « Les travailleurs reçoivent des formations pointues pour œuvrer dans ces domaines, mais d’intégrer à leur formation des éléments concernant la transition verte aidera grandement les entreprises à passer au niveau supérieur. Le travailleur a un rôle concret à jouer dans la transition de son entreprise, et ça passe par la formation », ajoute Mme Arguin.

Transition technologique
Un autre exemple : le secteur des médias, qui est en pleine transformation numérique. Soutenir cette transition, notamment pour les plus petits joueurs souvent régionaux, est nécessaire. Aussi, certains secteurs du monde de la culture, comme les musées par exemple, pourraient développer davantage de diversité dans leur offre et rejoindre un public plus large s’ils avaient la possibilité de se développer numériquement. Idem pour le milieu de l’agroalimentaire, où l’on fait face à de nombreux enjeux en lien avec l’automatisation des procédés de travail.

« Tout est en place pour que les joueurs concernés dans les secteurs qui en ont le plus besoin présentent des projets permettant le rehaussement des compétences et la requalification des salarié-es, conclut la secrétaire générale. C’est dès maintenant qu’il faut passer à l’action. »

Projet de loi C-11 : les associations québécoises du milieu culturel saluent la rapidité du gouvernement

Les principales associations québécoises du milieu des arts et de la culture – l’APASQ, l’AQAD, l’ARRQ, la FNCC–CSN, la GMMQ, la SARTEC, TRACE, l’UDA et l’UNEQ – se réjouissent du dépôt rapide du projet de loi C-11 visant à assujettir les géants du numérique aux règles canadiennes en matière de radiodiffusion.

Le projet de loi C-11 reprend les éléments clés du projet de loi C-10 qui faisaient consensus, soulignent les organisations : inciter les entreprises de diffusion en ligne à appuyer la production de contenus canadiens tout en assurant la protection du français, lui reconnaissant le statut particulier de langue minoritaire en Amérique du Nord.

Les organisations sont d’avis que les nouvelles dispositions concernant les médias sociaux pourront faire consensus. Il appartiendra au CRTC d’imposer un cadre réglementaire en matière de mise en valeur et de découvrabilité du contenu. Le projet de loi C-11 prévoit toutefois que les utilisateurs, peu importe leur statut, ne peuvent en aucun cas être considérés comme une entreprise de radiodiffusion. Il reviendra aussi au CRTC de statuer sur la définition de contenu canadien pour l’ensemble des plateformes de diffusion en ligne et s’assurer qu’une place prioritaire est faite aux artistes et artisans d’ici.

Les associations d’artistes du Québec appellent l’ensemble des partis fédéraux à compléter avec diligence l’analyse du projet de loi en vue de son adoption rapide. Elles souhaitent ainsi que le CRTC puisse développer l’ensemble des outils et des dispositions dont l’organisme réglementaire aura besoin pour assumer son nouveau mandat. À ce titre, elles entendent collaborer activement aux travaux de consultations parlementaires ainsi que celles devant précéder toute instruction au CRTC dans la mise en œuvre de ces outils réglementaires.

Remettre le réseau de la santé et des services sociaux sur ses pieds

Lettre de Réjean Leclerc, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN)

Il ne fait plus de doute pour personne que notre réseau de la santé et des services sociaux est fragile. La pandémie a prouvé ce que les travailleuses et travailleurs savaient depuis longtemps. La question qui se pose maintenant, c’est qu’est-ce qu’on fait?

Le mirage du privé en santé
La fragilité de notre réseau fait saliver ceux qui voudraient augmenter la place du privé. On entend déjà certains dire que c’est parce que notre réseau ne laisse pas assez de place au privé et à sa supposée efficacité que nous avons un si mauvais bilan dans cette pandémie. Certains parlent même de notre réseau comme d’un monopole d’État. C’est pourtant plus de 30% des investissements en santé qui proviennent du privé. Méchant monopole… Comment la privatisation peut-elle sérieusement être amenée comme une solution aux problèmes que nous vivons? En quoi cela va aider le personnel à bout et les patients qui attendent pour avoir accès aux services?

Notre réseau se privatise depuis des années et c’est loin de nous avoir aidés à faire face à la pandémie. Pensons aux agences privées qui ont fait des profits immenses durant cette crise, au manque d’accès aux soins de santé mentale ou encore aux CHSLD privés qui ont un bilan désastreux. C’est autant d’exemples que le privé n’est pas ce qu’il nous faut pour faire mieux. Même chose pour le soutien à domicile, où le privé augmente sans cesse sans que cela mène à une amélioration des services pour la population. Choisir d’accentuer la place du privé en santé comme réponse à la mauvaise gestion de la pandémie serait de redonner le même remède inefficace que nos gouvernements déploient depuis trop longtemps.

Redonner espoir
Un des grands problèmes auxquels nous faisons face quand on parle de notre réseau de la santé et des services sociaux, c’est que les gens ont perdu espoir qu’il soit possible de faire mieux. Il faut dire que les réformes centralisatrices et l’austérité des dernières années n’ont pas aidé. Mais il n’est pourtant pas nécessaire de remonter à si loin pour se rappeler d’un temps où on parvenait à répondre aux besoins de la population et où travailler dans le réseau était un honneur. C’était le cas des CLSC par exemple avant que nos gouvernements et les médecins les brisent en morceau pour mieux financer des GMF privés.

Ce qu’il faut faire, c’est mener le réseau dans la direction opposée à celle préconisée par les gouvernements des dernières années. Jetons par-dessus bord la centralisation qui éloigne le personnel et la population de leurs soins de santé. Faisons confiance à celles et ceux qui donnent les services en leur donnant de bonnes conditions de travail.

Le privé est un mirage, c’est avec un réseau public décentralisé qui mise sur les compétences de son personnel qu’on parviendra à répondre aux besoins de la population.

Services préhospitaliers d’urgence : mais à quoi joue le gouvernement ?

Lettre ouverte de Jean Gagnon, Représentant du secteur préhospitalier

Le gouvernement a annoncé récemment de nouvelles mesures incitatives temporaires pour le personnel du réseau de la santé et des services sociaux, au cœur de la crise sanitaire. Il offre aussi ces mesures aux salarié-es de certaines entreprises privées avec qui il est lié par contrat. Des centaines de milliers de personnes toucheront ces sommes, mais pas les paramédics ni les autres membres du personnel du secteur préhospitalier.

Nous avons d’abord pensé que le gouvernement nous avait oubliés lorsqu’il en a fait l’annonce. Après tout, il n’avait pas pensé à nous non plus lorsqu’il avait annoncé les premières primes au tout début de la pandémie. À la suite de nos représentations, le gouvernement avait rapidement admis son erreur. Pas cette fois. Dans une réponse laconique envoyée par courriel cette semaine, les représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux nous indiquent que nous ne faisons pas partie du plan.

Et pourtant… Sur le terrain, nous la sentons bien la pression, la crise. Nous transportons, chaque jour, des patientes et des patients positifs. Plusieurs d’entre nous ont d’ailleurs contracté la maladie. Après deux ans de crise, nous voyons nos collègues épuisés, surchargés. À cela s’ajoute le cynisme de plus en plus grand à l’égard d’un gouvernement qui ne nous respecte pas.

Le défi d’attirer de nouvelles recrues, de retenir les plus expérimentés dans notre secteur était déjà bien réel avant la pandémie. Les salaires insuffisants font des paramédics les moins bien payés de tous les services d’urgence. Quant aux conditions de travail, elles sont devenues intenables. Les heures supplémentaires sont devenues monnaie courante. Il est impossible  pour plusieurs de prendre leur repas et de finir leur journée à l’heure prévue. En région, des paramédics doivent se tenir disponibles durant sept jours et nuits consécutifs. Sans parler des enjeux de santé mentale inhérents à notre métier où nous sommes exposés continuellement au risque de choc post-traumatique en raison des situations éprouvantes auxquelles nous faisons chaque jour..

Nous sommes sans convention collective depuis bientôt deux ans et nous attendons toujours des réponses constructives à nos propositions à la table de négociation. Durant tout ce temps, le gouvernement a su trouver un terrain d’entente avec pratiquement tous les secteurs où il est le principal payeur. Mais pas avec nous, les paramédics, les répondantes et répondants médicaux d’urgence, le personnel de soutien. De toute évidence, nous ne sommes pas prioritaires pour ce gouvernement. En cas d’urgence, c’est nous qu’on appelle en premier, mais quand vient le temps de négocier il faudrait qu’on passe en dernier !

La CAQ nous méprise
Nous avons beau sauver des vies chaque jour et donner le meilleur de nous-mêmes, le gouvernement nous traite comme des pions. Comme nous avons l’obligation de maintenir les services essentiels, il agit comme s’il n’y avait pas d’urgence à s’entendre avec nous.

Doit-on s’en étonner ? Après tout, c’est toute l’histoire des services préhospitaliers au Québec qui est en train de se rejouer. Depuis 40 ans, nous avons construit ce secteur par notre action syndicale envers et contre tous. C’est grâce à nous, à nos luttes, que les services se sont professionnalisés au point où l’on déploie maintenant des paramédics de soins avancés et qu’on fait appel à notre expertise plus largement que jamais. Les gouvernements qui se sont succédé n’ont jamais eu le courage de se responsabiliser, d’instaurer des règles claires dans notre secteur où se côtoient une société d’État –, Urgences-santé – des coopératives, des OBNL et des entreprises privées. Ce chaos organisationnel, tous les gouvernements s’en sont servis comme prétexte à leur inaction.

Nous aurions souhaité que la CAQ se démarque. Nous leur avons tendu la main à de multiples reprises pour tenter de trouver des solutions à long terme. Nous aurions souhaité sincèrement pouvoir démarrer sur de nouvelles bases. Laisser de côté les coups de gueule pour nous concentrer sur l’atteinte des objectifs que nous nous fixons. Mais le message que ce gouvernement nous envoie reste le même. Il n’acceptera de nous entendre que lorsque nous aurons fait mal à son image et que nous aurons suffisamment perturbé la paix sociale !

J’invite le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, à consulter de nouveau ses plus anciens conseillers au ministère. Il découvrira que nous avons déjà fait la preuve de notre capacité à nous battre et à nous faire entendre, si c’est vraiment la voie que le MSSS et le Conseil du trésor souhaitent que nous prenions.

Une première vraie reconnaissance des sages-femmes par le gouvernement

Pour une des premières fois depuis le début de la pandémie, les sages-femmes du Québec obtiennent une reconnaissance de leur travail en temps de COVID-19. Elles pourront toucher toutes les primes et les incitatifs en place dans le reste du réseau de la santé.

« C’est un soulagement parce que depuis le début de la crise, les sages-femmes sont appelées à soutenir le réseau de la santé », commente Josyane Giroux, présidente du Regroupement Les Sages-femmes du Québec (RSFQ). Les sages-femmes et responsables des services de sage-femme ont notamment mis en place des solutions concrètes et adaptées aux besoins de la population lors de ruptures de services anticipées ou avérées, en périnatalité et en obstétrique.

De plus, depuis le début de la crise, elles arrivent à maintenir l’offre de services à leur clientèle, alors qu’il y a plus d’absences qu’à l’habitude parmi les sages-femmes. « Notre 4,5 % des suivis de grossesses au Québec, effectués par les 180 sages-femmes actives, a vraiment son importance et l’on en tient enfin compte. C’est un premier pas vers la reconnaissance », ajoute Josyane Giroux.

« Les pourparlers avec le ministère et les ministres réalisés par le RSFQ et la Fédération des professionnèles auront aussi tracé la voie pour que l’ensemble des professions de la catégorie 5 bénéficie des incitatifs offerts aux autres catégories d’emploi. Nous pouvons en être fiers », ajoute Danny Roy, président de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).

Concrètement, les sages-femmes auront accès à la prime d’assiduité « en escalier » qui permet d’accumuler jusqu’à 1000 $ par mois lorsqu’on travaille à temps plein. Pour les personnes à temps partiel, l’assiduité complète permet maintenant d’obtenir 100 $ par semaine. S’ajoutent à cela les heures payées en double lorsqu’il s’agit d’une journée qui s’ajoute à la semaine normale de travail. Le tout est en place pour 12 semaines à partir de la mi-janvier.

Encore du chemin à faire
La profession de sages-femmes n’est cependant pas encore reconnue à sa juste valeur. Il restera du chemin à faire après l’échéance de ces mesures afin de trouver des solutions plus pérennes.

La négociation pour le renouvellement de l’Entente collective sur les conditions de travail est malheureusement au point mort en ce moment, et ce, depuis des mois. « Notre apport est encore plus important avec l’essoufflement sur le terrain et les difficultés en obstétrique dans plusieurs régions », fait valoir la présidente, qui rappelle que des bris de service en obstétrique ont été observés en Abitibi, en Gaspésie, en Outaouais et dans différents hôpitaux de la grande région de Montréal.