La FNC réclame un réinvestissement d’urgence dans le réseau muséal

De toute urgence, le gouvernement du Québec doit bonifier substantiellement l’enveloppe budgétaire du Programme d’Aide au fonctionnement pour les institutions muséales (PAFIM). Cette enveloppe n’a jamais été augmentée ni même indexée au coût de la vie depuis 2007. C’est la principale demande formulée par la Fédération nationale des communications (FNC–CSN) dans son mémoire présenté aujourd’hui dans le cadre des consultations du ministère de la Culture et des Communications en préparation de la refonte de la politique culturelle du Québec.

« Depuis presque 10 ans, les institutions muséales font preuve d’héroïsme pour continuer d’assurer une fonction essentielle dans toute société, soit la préservation et la diffusion de notre patrimoine collectif et de notre histoire, et ce malgré un important sous-financement du réseau muséal, souligne Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN. Quand le gouvernement clame que tous doivent faire leur part pour assainir les finances de l’État, on peut affirmer que les musées font la leur depuis des années, avant même la crise économique de 2008. »

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Manque à gagner structurel

En tenant compte que de l’inflation, le réseau muséal enregistre aujourd’hui un manque à gagner structurel de 2,5 millions de dollars annuellement. Rappelons d’ailleurs que le rapport Corbo du Groupe de travail sur l’avenir du réseau muséal, mis sur pied sous la gouverne de l’ancien ministre péquiste Maka Kotto, recommandait d’injecter 8,3 millions de dollars dans le réseau dès 2014. Il proposait également de bonifier les enveloppes d’aide de 14 millions de dollars à partir de 2015. Cela n’a jamais été fait.

L’objectif de revoir la politique culturelle, dont la dernière mouture date de 1992, est entre autres de l’adapter à notre époque contemporaine. « Par exemple, il est inacceptable qu’aujourd’hui, le salaire annuel moyen d’un conservateur de musée – métier qui exige un niveau de maîtrise universitaire – soit de 39 500 $, de dénoncer Claudine Viens, vice-présidente de la FNC–CSN. L’enveloppe du PAFIM doit donc être ajustée en conséquence des exigences et du coût de la vie actuel. »

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Les enseignants collégiaux de la FNEEQ signent leur nouvelle convention collective

Les représentants de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) ont signé, hier matin, leur nouvelle convention collective issue de l’entente de principe avec le Comité patronal de négociation des collèges en décembre dernier.

Les gains pour les enseignantes et les enseignants des cégeps sont tangibles. Leur positionnement au rangement 23 de la structure salariale du secteur public se répercutera par une augmentation salariale de 7,5 % pour la majorité d’entre eux en 2019. Cette hausse s’ajoute aux majorations de 1,5 %, 1,75 % et 2 %, en 2016, 2017 et 2018, ainsi qu’aux montants forfaitaires de 0,30 $ pour chaque heure travaillée en 2015 et de 0,16 $ l’heure en 2019.

Les enseignants ont également obtenu une enveloppe de 10 millions de dollars afin de venir en aide aux étudiantes et aux étudiants en situation de handicap. Cet ajout de ressources est exclusivement réservé à l’engagement d’enseignantes et d’enseignants, favorisant ainsi l’encadrement effectué par ces derniers pour la réussite de ces étudiants.

La nouvelle convention collective, qui viendra à échéance le 31 mars 2020, prévoit également la création de l’équivalent de 80 charges à temps plein à la formation continue, permettant ainsi de réduire la précarité d’emploi dans ce secteur.

« Cette signature marque pour nous le terme d’une longue bataille, rappelle la vice-présidente de la FNEEQ, Nicole Lefebvre. En amorçant les négociations, le gouvernement entendait revoir de fond en comble l’organisation du travail dans les établissements collégiaux. Les nombreuses demandes de recul auraient eu un impact sur notre autonomie professionnelle, notre sécurité d’emploi, notre charge de travail et, au bout du compte, sur la qualité de l’enseignement offert aux étudiants et aux étudiantes.

Les profs de cégep, par leur mobilisation exemplaire, ont réussi à contrer l’ensemble des reculs exigés par le gouvernement. Notre positionnement au rangement 23, reconnaissant enfin la complexité de notre tâche de travail ainsi que notre appartenance à l’enseignement supérieur, marque la fin d’une lutte que nous avons menée depuis près de 20 ans. »

À propos

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) regroupe près de 35 000 membres dans les cégeps, les universités et les établissements d’enseignement privés des ordres secondaire et collégial. Elle est l’organisation la plus représentative de l’enseignement supérieur au Québec.

Agir maintenant pour une amélioration structurante des régimes publics

À quelques jours de la rencontre des ministres provinciaux et fédéral des Finances portant sur la bonification des régimes publics de retraite, l’Observatoire de la retraite et ses partenaires appellent les gouvernements participants à opter pour une formule qui améliorera substantiellement la couverture financière des personnes retraitées. « Le ministre canadien des Finances, Bill Morneau, ainsi que presque toutes les provinces, ont reconnu la nécessité d’améliorer le Régime de pensions du Canada (RPC) et le Régime de rentes du Québec (RRQ) si l’on veut éviter l’appauvrissement des futures cohortes de retraité-es », a déclaré François L’Italien, coordonnateur de l’Observatoire de la retraite.

La présidente de la CSQ, Louise Chabot, a renchéri : « La solution la plus efficace pour remédier à cette situation de pauvreté ou de sécurité financière précaire passe impérativement par la bonification du Régime de rentes du Québec ainsi que de son régime jumeau, le Régime de pension du Canada ».

Pour sa part, Pierre-Paul Côté, président de l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ), a souligné que « les personnes aînées sont frappées de plein fouet par des hausses de tarifs de toutes sortes. Si nous voulons qu’elles contribuent à part entière à la société, il faut les mettre à l’abri de la pauvreté. La solution passe notamment par l’amélioration des régimes publics ».

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Des principes d’action à privilégier

Selon l’Observatoire de la retraite et ses partenaires, au moins deux paramètres généraux doivent être établis pour parvenir à cette fin : 1. Hausser de manière significative le taux de remplacement du revenu d’avant la retraite ; 2. Augmenter de façon substantielle le maximum des gains admissibles (MGA). Ces deux paramètres constituent le cœur d’une amélioration ambitieuse des régimes publics. « Pour être structurante, la bonification doit bénéficier non seulement aux personnes à faible revenu, mais aussi à celles appartenant à la classe moyenne », a poursuivi François L’Italien.

Danis Prud’homme, directeur général du Réseau FADOQ, a ajouté que « l’enjeu des revenus de retraite est majeur. Des solutions novatrices doivent émerger de cette rencontre. En effet, plus de 50 % des travailleurs dépendent et dépendront entièrement des régimes de pensions publics à la retraite ».

Le trésorier de la CSN, Pierre Patry, a abondé dans le même sens : « Devant l’absence d’un régime complémentaire de retraite pour une majorité de gens, il est urgent de sécuriser le revenu tout au long de la vie des Québécoises et des Québécois. Parmi les avenues considérées, notons une hausse de la prestation du RRQ pour la classe moyenne sans toutefois que cette augmentation affecte le supplément de revenu garanti pour les plus démunis ».

« Les ministres des Finances font face à une lourde responsabilité : ils ont une occasion historique d’améliorer concrètement la vie de millions de futurs retraité-es. Ils ont la marge de manœuvre pour le faire, car le système public de retraite du Canada est parmi les plus pauvres des économies développées », a affirmé Serge Cadieux, secrétaire général de la FTQ.

Pour un débat public large et ouvert

À ce titre, l’Observatoire appelle les gouvernements du Québec et du Canada à saisir l’occasion de mener une consultation large auprès des publics québécois et canadien afin de faire émerger des consensus forts. Ils seront nécessaires pour moderniser les politiques publiques liées à la retraite et aux personnes vieillissantes, ainsi que pour relever les défis de cohésion et de solidarité sociale qui pointent.

« Dans un contexte de vieillissement de la population et d’augmentation importante du nombre de retraité-es, il est plus que temps qu’une réflexion globale, et non à la pièce comme c’est le cas à l’heure actuelle, soit menée sur l’avenir du système de retraite au Québec et au Canada », a conclu Rose-Mary Thonney, première vice-présidente de l’Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP).

Réduire la rémunération des médecins de 12 % pour stopper l’hémorragie

L’augmentation de la rémunération des médecins québécois est non seulement démesurée, mais elle plombe également le système de santé. C’est ce que démontre une note socioéconomique de l’IRIS, qui met également sur table huit recommandations pour faire cesser l’hémorragie et mettre fin à l’échec du laissez-faire.

« Les augmentations consenties depuis 2007 aux médecins vont trop loin, et tout indique que ça va continuer comme ça dans les prochaines années. Quand on regarde la croissance globale des dépenses en santé, on se rend compte que l’enveloppe de la masse salariale des médecins augmente trois fois plus rapidement que l’ensemble des coûts en santé et en services sociaux. En sept ans à peine, un médecin québécois a vu sa rémunération croitre en moyenne de 110 000 $. Ce sont en moyenne des augmentations de 70 000 $ pour un omnipraticien et près de 145 000 $ pour un spécialiste. Je n’ai pas besoin de vous dire que ça dépasse l’inflation. Et malheureusement, ces augmentations ne se sont pas traduites par une amélioration de l’accès pour les patient·e·s. En effet, pendant ces sept années, la rémunération globale des médecins a cru sept fois plus vite que l’augmentation du nombre d’actes réalisés », affirme Guillaume Hébert, auteur de la note et chercheur à l’IRIS.

Le gouvernement de Jean Charest avait consenti ces augmentations sous prétexte qu’il fallait ajuster la rémunération des médecins en fonction du salaire de nos voisins canadiens. « Si on applique ce raisonnement aujourd’hui, en comparant le coût de la vie entre le Québec et l’Ontario, nous diminuerions la rémunération des médecins québécois de 12 % pour que leurs honoraires s’équivalent. Cela permettrait à l’État québécois de récupérer environ 1 milliard $, ce qui équivaudrait, pour donner un ordre de grandeur, à l’embauche de plus de 20 000 préposé·e·s aux bénéficiaires ou de plus de 15 000 infirmières », estime Guillaume Hébert.

« Le débat entourant la rémunération des médecins nous place devant un constat d’échec de la logique du laissez-faire. C’est pour cette raison que l’IRIS, en plus de proposer de ramener la rémunération des médecins québécois au niveau de l’Ontario, amène quelques recommandations pour boucher les fuites et stopper l’hémorragie. Par exemple, nous croyons que le gouvernement devrait sanctionner plus sévèrement les médecins qui demandent des frais accessoires à leurs patient·e·s. De plus, la RAMQ devrait avoir davantage de pouvoirs et de ressources pour enquêter sur la facturation excessive des médecins, qui prive actuellement l’État de millions de dollars. En terminant, nous pensons qu’il y a urgence de réviser le mode de rémunération des médecins, en s’appuyant notamment sur les études commandées par le Commissaire à la santé et au bien-être avant son abolition par le ministre Gaétan Barette », plaide le chercheur.

La CSN a contribué au financement de cette note socioéconomique.

La CSN dénonce une tentative de détruire le rapport de force des employé-es municipaux

Le gouvernement du Québec tente, une fois de plus, de bafouer le droit fondamental à la négociation libre en déposant, ce matin, un projet de loi nébuleux qui apparaît être une porte ouverte à l’adoption de lois spéciales pour décréter les conditions de travail des salarié-es syndiqués du secteur municipal.

Le ministre des Affaires municipales Martin Coiteux, avec son projet de loi 110, Loi concernant le régime de négociation des conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal, mettra fin à la paix sociale qui règne à l’heure actuelle. Depuis 2000, plus de 96 % des négociations entre les municipalités au Québec et les syndicats de travailleurs municipaux ont été réglés sans conflit de travail.

Sous le couvert de créer un régime de règlement des différends, le projet de loi 110 pave une voie de contournement au droit de libre négociation en donnant la possibilité de nommer un mandataire spécial qui pourrait recommander au gouvernement l’adoption de conditions de travail par le biais d’un rapport, estime Denis Marcoux, président de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN).

« Les nouveaux paramètres dans lesquels devront s’inscrire les négociations ainsi que le temps laissé aux parties pour convenir des conditions de travail viennent brimer une fois de plus la libre négociation, aspect fondamental du droit d’association », déclare Denis Marcoux.

Entre autres, le projet de loi prévoit :

  • La nomination d’un mandataire spécial à la demande d’une des parties « si des circonstances exceptionnelles le justifient », ce qui suspendrait le droit à l’arbitrage;
  • Que le rapport du mandataire spécial tienne compte de la politique de rémunération dans la fonction publique du Québec, des conditions économiques locales et des « exigences relatives à la saine gestion des finances publiques », entre autres;
  • Des conventions collectives d’une durée d’au moins cinq ans, alors que le Code du travail prévoit actuellement une durée maximale de trois ans dans le cas d’une première négociation;
  • Si le mandataire estime qu’il est peu probable que les deux parties en arrivent à une entente, il soumettra au ministre une proposition de règlement, après quoi le gouvernement aurait le pouvoir de décréter les conditions de travail des employé-es.

Pour Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN, le projet de loi 110 doit être vu comme une autre pièce dans un ensemble d’attaques contre le mouvement syndical.

« Avec l’existence actuelle de la Loi 15, qui force la restructuration des régimes de retraite, c’est la capacité de négocier toutes les conditions de travail qui est menacée. Une fois de plus le gouvernement de Philippe Couillard s’attaque au droit d’association des travailleurs syndiqués du secteur municipal », conclut Francine Lévesque.

Un autre projet de loi controversé sur la gouvernance des commissions scolaires

Le nouveau projet de loi 105 modifiant la Loi sur l’instruction publique déposé par le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx à l’Assemblée nationale, hier, reprend plusieurs éléments du projet de loi 86. Des orientations qui ne faisaient pas consensus et pour lesquelles la CSN avait demandé le rejet du projet de loi.

Comme dans le défunt projet de loi 86 qu’il remplace, il y a une attribution de pouvoirs accrus au ministre, qui légitimeront son ingérence dans le fonctionnement des commissions scolaires. Le ministre pourra émettre des directives à une commission scolaire sur son administration et l’obliger à modifier des règles budgétaires en cours d’année scolaire. Le ministre serait également en mesure d’ordonner à une commission scolaire de se soumettre à une surveillance ou un accompagnement par le ministère, et d’y imposer des mesures correctrices. « L’analogie avec la récente réforme du réseau de la santé et des services sociaux s’impose à l’esprit. Or, il importe d’en tirer des leçons afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs dans le secteur de l’éducation », déclare Madame de Sève, vice-présidente de la CSN.

La CSN appuie le rôle de soutien que les commissions scolaires apportent aux établissements. Toutefois, la notion de principe de subsidiarité ajoutée à la mission des commissions scolaires est inquiétante. « Nous redoutons que cet ajout puisse servir de levier à ceux qui, à défaut d’obtenir l’abolition des commissions scolaires, exigent une réduction importante de leurs responsabilités », commente Sylvie Tremblay, vice-présidente trésorière de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN).

La création d’un comité de répartition des ressources demeure problématique. Si certaines précisions ont été amenées sur la composition de ce comité, son pouvoir a également été amplifié. Il faudra l’accord d’au moins les deux tiers des membres du conseil des commissaires pour renverser une recommandation du comité.

Au cours des années, les établissements scolaires se sont vus imposer divers mécanismes d’évaluation, des cibles de performance et des processus de reddition de comptes. Malgré une ouverture du gouvernement pour alléger et simplifier les exigences bureaucratique, l’idéologie de la nouvelle gestion publique demeure bien présente dans ce nouveau projet de loi.

En terminant, Véronique de Sève demande au gouvernement de consulter les partenaires de l’éducation sur des éléments d’une future politique nationale sur la réussite éducative plutôt que de perdre du temps sur nouvel exercice de brassage de structures.

Assurer l’avenir d’une information de qualité au Québec

Les compressions, pertes d’emplois et fermetures de salles de nouvelles se multiplient partout au Québec depuis quelques années, comme ailleurs dans le monde. En cinq ans, la presse écrite a perdu le tiers de ses effectifs, selon les dernières données de l’Institut de la statistique du Québec. « C’est la conséquence de revenus publicitaires en chute libre et qui sont engrangés de plus en plus par les géants américains du web tels Google ou Facebook, qui eux, ne produisent aucun contenu chez nous », déplore Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN. « Tant qu’un cadre règlementaire et fiscal ne viendra pas protéger nos médias, je ne vois vraiment pas pourquoi la courbe s’inverserait », ajoute la présidente qui en appelle à une intervention urgente des gouvernements fédéral et provincial.

Jeunes et moins jeunes migrent vers internet. L’idée n’est pas de lutter contre ce phénomène, mais bien de baliser la transition numérique de nos salles de nouvelles afin d’assurer la survie d’une information de qualité, produite ici, pour les gens d’ici. La Fédération nationale des communications (FNC–CSN) et la Confédération des syndicats nationaux (CSN) ont donc confié à la firme MCE Conseils le mandat de produire une étude pour identifier des moyens d’intervention pour soutenir le secteur dans son adaptation au nouvel environnement technologique et commercial.

Recommandations

De façon urgente et pour une période transitoire, la FNC–CSN recommande à l’État de soutenir la presse écrite qui est particulièrement fragilisée. Il faut dire que, contrairement à la télévision, cette dernière n’est à peu près pas financée par l’État.

La fédération propose donc les trois mesures suivantes : (A) un crédit d’impôt remboursable sur la masse salariale, inspiré de ce qui existe dans le secteur des titres multimédias ou de la production cinématographique et télévisuelle. Encore une fois, l’objectif est de maintenir les emplois et d’assurer la production de contenu québécois.

Aussi, le gouvernement du Québec devrait contribuer financièrement et inciter à (B) l’adaptation des pratiques commerciales pour augmenter la capacité de mise en marché des producteurs de contenus d’information québécois. Aujourd’hui, les investissements québécois en matière de publicité sur les plateformes internet et mobiles représentent près de 25 % des dépenses des annonceurs. « La presse écrite est le principal segment touché par l’érosion de ses parts de marché. C’est de l’argent directement versé aux États-Unis à des entreprises qui ne paient aucune taxe à la consommation au Québec », explique Claude Dorion, directeur général de MCE Conseils. Afin d’ériger une barrière entre l’État et le 4e pouvoir, un tel crédit d’impôt dédié à augmenter la mise en marché devrait être administré par un organisme parapublic autonome et compétent tel que la SODEC.

Enfin, le gouvernement du Québec devrait bonifier d’au moins 3 millions de dollars son actuel Plan culturel numérique de 115 millions de dollars en ajoutant (C) un volet « médias » pour soutenir l’innovation des sites de presse en ligne et des nouvelles plateformes qui offrent des publications numériques quotidiennes d’information politique et générale.

Ces trois recommandations transitoires engagent la responsabilité de l’État afin qu’il s’assure de la viabilité de la presse. Le droit à l’information et le rôle névralgique de la presse écrite dans le débat démocratique justifient à eux seuls cette intervention.

Cependant, à moyen et long terme, ces mesures ne sauront garantir l’avenir de l’information au Québec et au Canada, que ce soit en ce qui concerne la presse écrite, la télévision, la radio ou même les plateformes numériques.

Aussi, ces trois propositions ne doivent pas avoir pour effet de libérer certains joueurs importants de leur responsabilité à plus long terme. La FNC–CSN invite donc les gouvernements à mettre en place le plus rapidement possible des mesures afin de forcer les géants du web à contribuer au financement de la production de contenus et à la fiscalité des pays où ils font des affaires.

Comme évoqué lors du colloque « L’information : le 4e pouvoir sous pression » en mai dernier, plusieurs avenues peuvent être étudiées :

  • une taxe aux entreprises de nouvelles technologies, telles Google et Facebook, qui utilisent nos infrastructures pour rejoindre le public canadien ;
  • une redevance télévisuelle distribuée aux médias de l’information ;
  • une taxe sur les services internet ;
  • une taxe additionnelle sur les achats d’équipement électronique par les ménages et entreprises.

« Les Québécoises et les Québécois doivent pouvoir compter sur une information riche, partout, alimentant des réflexions de fond sur la politique, l’économie, la société, la culture et l’actualité en général, afin de jouer leur rôle de citoyen et d’électeur de manière éclairée. À terme, il en va de la survie de la démocratie », de conclure Jacques Létourneau, président de la CSN.

Journée du personnel des services auxiliaires et de métiers

La CSN a toujours été au cœur des luttes pour le maintien et le développement des services auxiliaires dans les établissements publics de santé et de services sociaux. C’est par sa détermination et par l’appui incontestable des syndicats qu’elle est parvenue,au fil des ans, à mettre en échec des tentatives de privatisation et ainsi conserver des emplois et une expertise dans le secteur public.

 

 

Le PTP : cheval de Troie des transnationales !

Plusieurs centaines de personnes d’organisations opposées au Partenariat transpacifique (PTP), réunies au sein du Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC), se sont donné rendez-vous aujourd’hui devant le Centre de commerce mondial au Square Victoria à l’occasion de la venue à Montréal de la ministre du commerce international, Mme Chrystia Freeland. Ils ont clamé « #StopPTP », pour en finir avec le pouvoir des transnationales sur nos vies !

Depuis quelques mois, en marge des travaux du Comité des députés du CIIT de la Chambre des Communes, la ministre Freeland multiplie les initiatives qu’elle se plait à présenter comme des consultations. Mais rien ne filtre des opinions exprimées à la ministre, et il y a lieu de se demander si l’exercice n’a pas été vidé de son sens du moment qu’il s’inscrit dans la logique « d’un accord à prendre tel quel ou à laisser » où aucune modification n’est possible.

« Les élites politiques et économiques manipulent l’opinion publique en prétendant que le PTP permettra au Canada d’accéder à un marché de 800 millions de consommateurs. Déjà les marchés au sein des pays du PTP sont ouverts à 97 % », explique Pierre-Yves Serinet, coordonnateur du RQIC. « Cet accord est conclu dans le seul intérêt des transnationales qui verront augmenter leurs droits et privilèges au détriment de la démocratie, des travailleurs et de l’environnement », ajoute le porte-parole.

Paroles de Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)

« Alors que l’on renforce les droits des investisseurs et des grandes multinationales, on se moque des droits des travailleurs et des droits de la personne. Comme si ce n’était pas suffisant, les études publiées à ce jour indiquent que les impacts sur l’économie et l’emploi seront généralement négatifs. »

Paroles de Mario Beauchemin, vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

« Le PTP menace l’éducation publique en ouvrant la porte à la privatisation et à la commercialisation. L’éducation est un droit humain et le gouvernement à la responsabilité d’assurer un enseignement public, gratuit et de qualité. »

Paroles de Régine Laurent, présidente de la Fédération des interprofessionnelles de la santé du Québec (FIIQ)

« Le PTP donne un pouvoir disproportionné aux compagnies pharmaceutiques en prolongeant les délais des brevets. Cela mènera à une augmentation des prix des médicaments de plusieurs milliards de dollars, ce qui menacera notre système de santé public et favorisera la privatisation. »

 Parole de Claude Vaillancourt, président d’Attac-Québec

« On nous dit que le PTP cherche à éliminer la discrimination. Mais c’est bel et bien de discrimination dont il faut parler: celle en faveur des très grandes entreprises, et contre toutes celles et ceux qui voudraient limiter leur pouvoir. »

 Paroles de Martine Chatelain, présidente de la coalition Eau-Secours !

« Le PTP limite la capacité des gouvernements de gérer et de protéger l’eau potable. Pourquoi notre gouvernement prend-t-il le risque de perdre le contrôle de ce bien commun, essentiel à la vie? »

Paroles de Benoit Bouchard, président du SCFP 4250 et vice-président du SCFP national

« Le PTP va fragiliser les services publics, ralentir notre transition vers une économie durable et accentuer les inégalités de revenu. En échange: une perte de 58 000 emplois et une baisse inévitable des salaires. Fouillez-moi, il n’y a aucune raison de ratifier l’accord.»

Paroles de Marc Edouard Joubert, vice-président général du Conseil régional du Montréal-Métropolitain de la FTQ

« L’expérience de l’ALÉNA présage les effets inévitables du PTP, soit des pertes massives de jobs syndiquées et bien rémunérées dans le secteur manufacturier, et une plus grande précarité des emplois. Ce n’est pas la formule pour bâtir une société juste et égalitaire. »

« Le PTP est un mauvais accord au plan économique et politique, au niveau social, agricole, culturel et environnemental. Il est grand temps de se sortir du modèle économique du libre-échange, qui a brisé ses promesses au cours des 30 dernières années, et de bâtir un nouveau paradigme qui remette l’économie au service de l’intérêt public et permette de relever le défi du changement climatique », a conclu le porte-parole du RQIC, M. Serinet.

Suite à la manifestation, les membres du RQIC se sont donné rendez-vous pour accueillir la ministre Freeland avec une mobilisation citoyenne lors de la « consultation » que celle-ci organise à l’Université Concordia dès 18 h. Le Réseau lancera également la campagne Nous disons #StopPTP ! pour faire déborder la boîte courriel de la ministre et l’obliger à écouter la population.

 

Toujours fous de nos enfants

Partout au Québec, des parents, des éducatrices et des citoyens se sont unis aujourd’hui pour faire entendre un message clair au gouvernement : il faut annuler les compressions et réinvestir dans nos services de garde éducatifs de qualité. Des rassemblements ont lieu simultanément à Montréal, Rouyn-Noranda, Gatineau, Sherbrooke, Drummondville, Rivière-Rouge, Saint-Félicien, la Côte-Nord (Les Escoumins, Sacré-Cœur, Baie-Comeau, Forestville, Port-Cartier, Sept-Îles, Havre Saint-Pierre), Rimouski, Gaspé, Maria, Matane.

Montréal, Michel Giroux
Montréal, Michel Giroux
Estrie, Jocelyn Riendeau
Estrie, Jocelyn Riendeau
Saguenay-Lac-Saint-Jean, Gdphoto
Saguenay-Lac-Saint-Jean, Gdphoto
Bas-Saint-Laurent, Jocelyn Landry
Bas-Saint-Laurent, Jocelyn Landry
Côte-Nord, M. Demassieux
Côte-Nord, M. Demassieux
Abitibi-Témiscamingue, William Nourry
Abitibi-Témiscamingue, William Nourry
Montréal, Raynald Leblanc
Montréal, Raynald Leblanc
Outaouais, Patrick Woodbury
Outaouais, Patrick Woodbury

Grand Forum sur la pauvreté et itinérance

À la veille de l’ouverture de la commission parlementaire sur la réforme de l’aide sociale, le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) à tenu mardi le 26 janvier un premier forum Pauvreté et itinérance. Alors que des mesures importantes contre la pauvreté sont prescrites par la Politique nationale de lutte à l’itinérance, le gouvernement du Québec multiplie les actions qui augmentent le risque d’itinérance.

Ce forum fut l’occasion pour plus de 130 personnes concernées du milieu de faire le point sur les programmes de réinsertion, l’accès aux centres de toxicomanie et la réforme de l’aide sociale avec son work fare. Différentes présentations sur ces questions étaient au programme, de même qu’un panel sur les stratégies de lutte avec François Saillant du Front d’action populaire et réaménagement urbain (FRAPRU) et Jacques Létourneau de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).


Royaume de l’exploitation éhontée

Il est constitué d’une majorité de femmes dont la rémunération dépasse à peine le salaire minimum. Qu’elles soient préposées aux bénéficiaires ou à l’entretien, infirmières auxiliaires ou cuisinières, leur travail manque grandement de reconnaissance. Pourtant, la société québécoise ne peut se passer des services de ces travailleuses et ces travailleurs qui prennent soin des aîné-es.

La plupart de ces centres appartien­nent à de puissants groupes nommés Cogir, Chart­well, Résidences Soleil, Groupe Sélec­tion, ou à de riches propriétaires indé­pendants. Grâce au lucratif marché de l’hébergement des personnes âgées au Québec, plusieurs d’entre eux empochent des profits mirobolants.

David contre Goliath

Pour tenter d’améliorer leur sort et tenir tête à ces hommes d’affaires pugnaces, voire véreux, comme on l’a vu récemment, les travailleuses et les travailleurs de 43 accréditations de centres d’hébergement privés affiliés à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) ont annoncé en mai dernier leur participation à une négociation coordonnée à travers le Québec. « Nous demandons une augmentation de 1,50 $ l’heure sur trois ans, la formation systématique des employé-es, la création d’un comité de relations de travail fonctionnel et une date d’échéance de convention, soit le 31 mars 2018. L’atteinte de ces objectifs aura un impact direct sur les conditions de vie des aîné-es ; le personnel sera mieux formé et restera en poste plus longtemps en raison de meilleures conditions », explique Nadine Lambert, vice-présidente de la FSSS-CSN.

La Villa Saint-Alexis donne le ton

C’est dans ce rude contexte de négociations que 30 travailleuses de l’accréditation de la Villa Saint-Alexis du Saguenay ont déclenché une grève générale illimitée, le 14 novembre dernier. « Cajétan Bouchard, leur employeur, veut que les employé-es sacrifient cinq congés personnels en contrepartie de leur augmentation salariale », s’indigne Danielle Lemire qui a œuvré longtemps à la Villa avant de devenir représentante du secteur des centres d’hébergement privés à la FSSS-CSN.

L’ancienne cuisinière dresse un portrait bien peu reluisant du contexte de travail dans cette résidence. « L’employeur se fiche éperdument de la convention collective : il engage des personnes qu’il ne prend pas la peine de former, il les prive des deux jours d’initiation prévus à la convention, il omet d’afficher des postes et en crée d’autres de toutes pièces, à temps partiel bien sûr, il fait exécuter des travaux aux employées sans respecter les descriptions de tâches existantes, et j’en passe ! », s’exclame Danielle Lemire. Elle ajoute qu’après avoir congédié le préposé à l’entretien, l’employeur demandait à des salariées d’exécuter des tâches que le préposé aurait normalement dû accomplir. Il lui arrive aussi de confier à la buandière ou à l’infirmière la responsabilité d’aller servir les repas du midi. Si une résidente ou un résident requiert des soins pendant ce temps, l’infirmière doit quitter la salle à manger pour se rendre au chevet de la personne malade. « Mais qui en subit les contrecoups ? Les résidents, les préposées, tout le monde », lance-t-elle, exaspérée.

L’été dernier, 42 personnes embauchées à la Villa Saint-Alexis ont finalement décidé de quitter la résidence pour aller travailler ailleurs. « Ce roulement de personnel occasionne bien des dépenses inutiles à l’employeur, poursuit Danielle Lemire. Or, il a lui-même admis en comité de relations de travail que ses employé-es ne restent pas en raison des salaires trop bas. Qu’attend-il pour favoriser leur rétention et s’éviter tous ces frais ? »

Benoîte Congolo : Une préposée aux bénéficiaires dévouée 
corps et âme

« Ce travail est tellement exigeant qu’on ne peut l’accomplir sans vraiment aimer les personnes âgées », affirme pour sa part Benoîte Congolo qui travaille depuis cinq ans dans une résidence de Laval comptant quelque 600 résidentes et résidents. »

La préposée aux bénéficiaires, qui a tous les jours à sa charge entre 9 et 10 aîné-es, commence le matin à 6 h 30 et termine à 15 h. Elle réveille d’abord les résidents, donne le bain à certains d’entre eux et s’occupe des autres bains en après-midi. Après les avoir aidés à s’habiller, elle accompagne tout ce beau monde à la cuisine pour le petit déjeuner. À sa pause du midi, elle doit faire vite pour manger, puisqu’elle remplace la préposée à l’accueil.

La résidence où Benoîte travaille est classée semi-autonome, mais elle garde pendant une certaine période les résidents dont l’état s’aggrave et devient de plus en plus lourd au fil des ans — Alzheimer, Parkinson, démence. « Nous devons bien sûr veiller sur ces personnes le temps qu’elles obtiennent une place dans des centres spécialisés », explique-t-elle. Cette situation exige beaucoup d’énergie supplémentaire pour les travailleuses.

Malgré tout, Benoîte est l’une des chanceuses qui ont pu bénéficier d’une formation offerte aux travailleuses et travailleurs, et ce, sans frais pour les propriétaires, par l’entremise de Formarez, une mutuelle de formation à laquelle siège la FSSS-CSN. Celle-ci permet notamment aux préposées de mettre à jour leurs connaissances, leurs techniques de travail et leurs manières d’agir avec les personnes âgées. « On y a appris, par exemple, quelles sont les bonnes positions à adopter pour donner les bains. C’est important parce qu’on peut se blesser très facilement. » Malheureusement, malgré le coût nul pour eux, plusieurs employeurs refusent à leurs employé-es l’accès à cette mutuelle.

Christiane Bissonnette : Une préposée à l’entretien courageuse

Christiane Bissonnette, préposée à l’entretien ménager et déléguée syndicale dans une résidence de Québec, ne chômait pas avant d’être congédiée par son employeur. Chaque semaine, elle devait s’occuper de 68 chambres. « Les préposé-es n’ont pas le temps de déplacer les meubles ou de ramasser ce qui traîne », explique-t-elle. Des surplus peuvent aussi s’ajouter à leur charge de travail déjà bien remplie. Lorsque la gastro sévit, par exemple, les préposé-es à l’entretien doivent aussi procéder à de vastes opérations de désinfection.

Christiane Bissonnette a été remerciée à la suite de la plainte d’un résident qui dit avoir trouvé des graines sur le couvre-lit et le plancher de sa chambre. « L’employeur saisit tous les prétextes possibles afin de prendre en défaut les employé-es et de sanctionner sévèrement celles et ceux qui militent un peu trop dans le syndicat », explique Gilles Gagné, le président du syndicat de la région. « Le cas de Christiane ressemble beaucoup à un congédiement pour activités syndicales et nous avons déposé une plainte à cet effet. »

Sylvie Meunier : Une cuisinière persévérante

Sylvie travaille comme cuisinière quatre jours par semaine, de 7 h à 18 h, et doit préparer quotidiennement 440 repas aux résidents. Mais avant même de s’attaquer aux menus, elle prépare la soupe, fait cuire les légumes, les coupe, les pile et les divise selon les départements. L’assistante de Sylvie arrive à 9 h. À midi, elle s’absente pour aller servir les résidents à la salle à manger. Elle doit aussi préparer de la purée en grande quantité, ce qui lui prend au moins une heure. Et puis il lui faut laver la vaisselle, défaire les boîtes, préparer les desserts pour le lendemain. La charge est énorme. Sylvie est pour sa part très souvent interrompue dans le cours de son travail. « On peut soudainement me demander de préparer des muffins en plus du reste. Le jeudi, je dois m’occuper des commandes. On n’arrête pas de courir. »

L’accréditation de la résidence où elle travaille aujourd’hui n’a pas joint la négociation coordonnée. « Les dates ne coïncidaient pas, mais je souhaite que nous participions à celle de 2018. La négo coordonnée permet d’obtenir des gains bien supérieurs à ce qu’on peut aller chercher de façon isolée et d’en faire bénéficier le plus grand nombre. Moi, j’y crois à ce concept », renchérit-elle.

Bien d’autres exemples pourraient être cités pour décrire les conditions de travail qui existent dans bon nombre de centres d’hébergement privés du Québec. Mais on peut d’ores et déjà conclure à l’état lamentable des conditions dans lesquelles exercent les travailleuses et les travailleurs de ce secteur. Les choses doivent changer, ça urge.