Une semaine dans le monde surréaliste de la réforme Barrette

Blogue signé par Jean Lacharité, vice-président de la CSN, Mélissa Gaouette, vice-présidente de la FSSS–CSN, et Nancy Corriveau, vice-présidente de la FP–CSN

Le projet Optilab, le transfert de professionnel-les des CLSC vers les GMF et les centres jeunesse ont occupé une place importante dans les actions de la CSN dans les dernières semaines. Ces trois enjeux démontrent les conséquences néfastes de la réforme Barrette, aussi bien sur les services à la population que sur les conditions de travail du personnel du réseau de la santé et des services sociaux.

Le projet Optilab : l’improvisation gouvernementale au grand jour
La semaine dernière, les directions des CIUSSS et CISSS ont convoqué les organisations syndicales à une rencontre à Québec avec le ministère afin de faire le point sur la démarche Optilab. Depuis maintenant près de trois ans, le gouvernement Couillard justifie le projet de centralisation des analyses d’échantillons par la fusion des laboratoires médicaux en faisant valoir que cela permettrait de faire des économies.
Lors de la rencontre nationale à laquelle nous avons participé, on nous a avoué bien candidement que le MSSS n’est pas en mesure de chiffrer le coût actuel des laboratoires médicaux au Québec. De plus, des laboratoires fraichement rénovés devront cesser la majorité de leurs activités alors que d’autres devront être agrandis pour accueillir les analyses des autres laboratoires. Cela démontre bien que ce projet mène à plusieurs aberrations aussi bien au niveau de la bonne utilisation des finances publiques que de la qualité des services offerts à la population.
Au cours de cette rencontre, nous avons constaté que ce projet d’envergure baigne dans l’improvisation. Par exemple, l’appel d’offres pour le système informatique provincial en appui au projet Optilab n’est pas encore conclu et on ne sait toujours pas comment et par qui sera fait le transport des échantillons. Malgré ces nombreux échecs, le ministre Barrette veut aller de l’avant coûte que coûte.
Fusionner les laboratoires médicaux pour poursuivre le programme d’austérité
Au fil des échanges avec le MSSS et les employeurs, nous avons bien compris que l’argument des économies ne tient pas la route et ne peut être la justification du projet d’Optilab. La volonté de fusionner les laboratoires médicaux s’inscrit directement dans la logique d’austérité du gouvernement Couillard. Pour couper dans les budgets du réseau, le ministre Barrette est prêt à voir la qualité des services diminuée. Il accepte que plus d’échantillons se perdent et ne soient pas traités à temps en raison d’une centralisation abusive.
Et comme pour le reste de ces interventions, le gouvernement en profite pour favoriser le privé. Le MSSS veut regrouper les laboratoires pour se doter d’appareils excessivement dispendieux, qui traiteront un grand volume d’échantillons, mais qui auront une faible durée de vie. Les entreprises privées qui vendent ces appareils doivent saliver devant le projet du ministre Barrette. Et que dire de l’entretien de ces appareils de pointe! Tout porte à croire que les établissements les feront entretenir en sous-traitance plutôt que de miser sur du personnel du secteur public.
Nous avons maintenant toutes les raisons de croire que le projet Optilab entraînera des conséquences dramatiques autant pour la population que pour la profession de technologiste médical.
Le démantèlement des CLSC se poursuit
Au courant de la semaine, nous avons aussi organisé une manifestation pour dénoncer la violence subie par le personnel du réseau de la santé et des services sociaux. Lors de cette action,  un échange s’est déroulé avec les militant-es du Syndicat du personnel infirmier, technique et professionnel du Centre de santé et de services sociaux de Memphrémagog – CSN
concernant les transferts de personnel vers les GMF.
Ils ont été informés que l’équivalent de 2,5 travailleurs sociaux seront transférés en GMF, ce qui représente plus de la moitié des travailleurs sociaux à l’accueil psychosocial présentement à l’emploi du CLSC de cette municipalité. De plus, l’équivalent d’un demi-poste de kinésiologue et d’un demi-poste de psychologue seront aussi transférés. Le tout alors que le CLSC ne compte qu’un kinésiologue et que les psychologues sont en pénurie partout dans le réseau.
Les transferts de personnel vers les GMF permettent de réaliser un vieux fantasme des libéraux : se débarrasser des CLSC. Ces établissements publics font tout ce que nos ministres médecins détestent. Ils s’occupent de prévention, ils permettent d’intervenir dans les communautés et de donner une voix aux usagères et usagers. Les CLSC misent aussi sur le travail en équipe multidisciplinaire, où les compétences de chacun servent les besoins de l’usager.
Et les CLSC sont surtout un outil incontournable de lutte aux inégalités sociales alors que l’austérité du gouvernement Couillard ne fait que favoriser les plus riches de notre société.
Mon centre jeunesse, j’y tiens!
Nous avons mené une sortie médiatique pour dénoncer la détresse des intervenant-es en centre jeunesse. Nous y avons présenté un rapport accablant qui fait suite à un sondage concernant les conditions de pratique en centre jeunesse.
À la lumière des résultats, il apparait clairement que les intervenant-es sont de moins en moins en mesure d’offrir les services que nécessitent les enfants et leurs familles. La raison de cet état de fait se trouve dans une surcharge de travail résultant des compressions budgétaires. Les intervenant-es sont noyés dans les tâches administratives qui accaparent la majorité du temps des intervenant-es. Ils passent de plus en plus de temps à remplir des statistiques, faire des photocopies, commander la literie et les denrées pour les centres.
La réponse du cabinet de la ministre avait tout pour nous décevoir. Ils nous indiquent qu’ils sont conscients de la situation et qu’ils ont mis des mesures en place pour améliorer les choses. Questionnés sur les mesures prises, ils ne sont même pas capables de les nommer.
Depuis le projet de loi 100 en 2010, le secteur bureau a été saigné à blanc par des compressions et des abolitions de postes. Pensait-on à ce moment que les tâches administratives allaient disparaître par magie? Ces tâches, ce sont maintenant les intervenant-es qui les assument et ce sont les jeunes vulnérables et leurs familles qui en paient le prix.
Attendons de voir ce que réserve la semaine prochaine, dans ce monde de réorganisations chaotiques qui ne fait aucun sens, qui fait souffrir les travailleuses et travailleurs et qui aura des conséquences désastreuses sur la population.

La CSD et la CSN joignent leur voix pour limiter le pouvoir ministériel

De passage aujourd’hui en commission parlementaire sur le projet de loi 53 sur l’actualisation de la Loi sur les décrets de convention collective, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) et la Confédération des syndicats nationaux (CSN) ont présenté près d’une dizaine de recommandations visant à préserver le consensus sur la question, dégagé au sein d’un sous-comité du Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM). Les deux centrales syndicales considèrent notamment que le projet de loi confère trop de pouvoir au ministre du Travail qui pourrait passer outre l’obligation de consensus entre les parties.

De façon générale, la CSD et la CSN appuient le projet de loi tout en recommandant quelques amendements pour protéger la négociation entre syndicats et patrons. Bien que les deux centrales représentent des salarié-es dans des secteurs industriels protégés par des décrets, notamment dans le secteur des services automobiles, elles appuient le maintien de la loi également pour des raisons de justice sociale car elle donne accès à de meilleures conditions de travail à quelque 75 000 salarié-es, syndiqués ou non.

Rappelons que cette loi est une pièce législative remontant à 1934. À l’époque, la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), ancêtre de la CSN et de la CSD, promeut activement une telle intervention législative pour contrer l’appauvrissement des travailleuses et des travailleurs confrontés à une très grave crise économique. L’idée, importée d’Europe, consiste à étendre à l’ensemble d’un secteur industriel les tenants et aboutissants d’une entente collective intervenue entre un syndicat et un employeur. En 2016, bien que la proportion de salarié-es couverts soit beaucoup moins importante, il demeure que la loi garantit encore de meilleures conditions de travail car en uniformisant les conditions de travail, les entreprises doivent chercher à se démarquer autrement que par une course à la baisse dans les conditions de travail.

Photo : Michel Giroux
Photo : Clément Allard

Actualisation

Ainsi, la CSN et la CSD appuient l’actualisation de la loi mais souhaitent en préserver l’esprit original favorisant la négociation entre les parties. Or, plusieurs passages du projet de loi 53 octroieraient trop de pouvoirs au ministre du Travail, ce qui aurait pour effet d’affaiblir l’obligation actuelle de consensus entre les parties. La CSN et la CSD considèrent qu’un tel virage serait dommageable pour l’avenir de ces secteurs et elles soulignent dans leur mémoire conjoint que leurs vis-à-vis patronaux au CCTM partagent la même orientation, et ce malgré certaines interventions publiques de quelques lobbies patronaux réclamant jusqu’à l’abrogation pure et simple de la loi.

« Nous considérons que ce serait un recul majeur que d’affaiblir ce régime de concertation et de dialogue qui a permis au fil des années de prendre de véritables décisions structurantes pour ces secteurs, explique le président de la CSD, François Vaudreuil. Ce régime a fait la preuve qu’il peut permettre l’évolution et l’adaptation des industries concernées de façon consensuelle, tout en assurant des conditions décentes aux travailleuses et aux travailleurs ».

« Pour nous, l’erreur principale des ministres du Travail qui se sont succédé au cours des dernières décennies aura été de ne pas défendre suffisamment ce régime, ce qui explique en partie que de moins en moins de salarié-es soient couverts, souligne la vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque. L’histoire nous a enseigné que la sempiternelle rengaine du néolibéralisme – l’Eldorado de l’emploi se pointe à l’horizon de la déréglementation – est fausse : les salarié-es de l’industrie du vêtement peuvent témoigner du fait que l’abrogation des décrets dans ce secteur n’a jamais produit les milliers d’emplois que certains promettaient. Nous pensons qu’il faut maintenir ce régime et surtout protéger ce qui fait son plus grand succès, c’est-à-dire laisser aux parties négociantes le soin de dégager des pistes satisfaisantes pour toutes et tous ».

À propos
La CSD et la CSN représentent près de 400 000 travailleuses et travailleurs œuvrant dans tous les secteurs d’activités sur l’ensemble du territoire québécois.

Valorisons les enseignant(e)s, améliorons leur statut professionnel

Le 5 octobre est la Journée mondiale des enseignants. Cette année, le thème souligne la nécessité de soutenir et de motiver les enseignantes et enseignants en leur donnant des conditions de travail favorisant un enseignement de qualité. Pour la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), la situation s’est beaucoup détériorée avec les politiques d’austérité des dernières années. Il est grand temps pour le gouvernement du Québec d’assurer aux enseignantes et enseignants des conditions qui soient à la mesure du rôle qu’ils jouent dans la société.

«Il faut rétablir un environnement de travail garantissant un enseignement de qualité et, par conséquent, la réussite éducative. Nous ne manquerons pas de le rappeler au ministre Sébastien Proulx et à la ministre Hélène David lors des consultations portant sur cet enjeu», souligne Caroline Senneville, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN).

Rappelons que le choix du 5 octobre pour souligner la Journée mondiale des enseignants est lié à la recommandation de l’UNESCO et de l’OIT relative à la condition des enseignants signée à la même date en 1966. Dans le préambule, la Conférence intergouvernementale spéciale sur la condition du personnel enseignant reconnaissait « le rôle essentiel des enseignants dans le progrès de l’éducation et l’importance de leur contribution au développement de la personnalité humaine et de la société moderne ».

Profil de la FNEEQ–CSN 
La FNEEQ–CSN regroupe quelque 34 000 membres, notamment, les membres des syndicats dans une douzaine d’institutions universitaires, dont 10 syndicats de chargées et chargés de cours, le Syndicat des tutrices et des tuteurs de la Télé-Université, l’Association des étudiants salariés diplômés de l’Université McGill et les chargées et chargés d’enseignement de l’ÉTS. Elle est l’organisation syndicale la plus représentative de l’enseignement supérieur au Québec.

La FSSS poursuit ses actions pour la santé du personnel du secteur préhospitalier

Préoccupée par l’état de détresse du personnel du secteur préhospitalier, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) poursuit son association avec La Maison La Vigile pour offrir un soutien aux paramédics souffrant de problèmes de santé psychologique. C’est pourquoi elle participe à une course à obstacles qui vise à amasser des fonds pour continuer d’agir pour la santé du personnel du secteur préhospitalier.

Continuer d’agir pour soutenir les intervenant-es en situation d’urgence
La Base Bootcamp organise une course à obstacles qui se tiendra le 29 octobre 2016 en Estrie afin d’amasser des fonds pour assurer la pérennité du fond Éric- Charbonneau. Ce fonds, financé par les syndicats du secteur préhospitalier affiliés à la FSSS–CSN, offre des services pour les personnes souffrant de plusieurs types de problèmes de santé psychologique, de la gestion des post-traumas à la dépendance. Les interventions de la FSSS–CSN permettent d’offrir un soutien important aux intervenant-es qui œuvrent au jour le jour en situation d’urgence.

« La FSSS-CSN s’inquiète depuis plusieurs années des cas de détresse psychologique dans le secteur préhospitalier. Devant l’inaction des gouvernements et des employeurs, nous avons décidé de passer à l’action. Nous continuons d’aller en ce sens et invitons la population à participer à cette course à obstacles dans la région », lance Dany Lacasse, paramédic et vice-président de la FSSS–CSN.

« La CSN agit dans tous les secteurs d’emploi pour améliorer les mesures en santé et sécurité au travail. C’est le cas aussi pour le personnel du secteur préhospitalier, qui doit agir au quotidien en situation d’urgence. Le gouvernement doit saisir la balle au bond et soutenir le personnel du secteur préhospitalier », explique Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

Les employés des centres jeunesse à bout de souffle

Partout au Québec, les employé-es des centres jeunesse sont à bout de souffle et plongés dans une détresse importante causée par le travail. C’est notamment ce qui ressort d’une vaste consultation conduite auprès de quelque 2000 répondantes et répondants syndiqués à la CSN à travers le Québec.

« Les résultats de cette consultation mettent en lumière les impacts du sous-financement dans le réseau des centres jeunesse. L’an dernier encore, celui-ci a épongé 20 millions en compressions qui ont affecté autant la pratique professionnelle que la qualité des services aux enfants et aux familles », souligne d’entrée de jeu le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

L’enquête présente des constats et des chiffres alarmants. « Nous avons reçu de nombreux commentaires témoignant du découragement extrême des intervenantes et intervenants, qui déclarent ne pas être en mesure d’offrir des services adéquats aux enfants en difficulté et à leur famille en difficulté. C’est pourquoi nous avons décidé d’entreprendre cette consultation qui confirme ce que nous entendions sur le terrain », a affirmé la présidente du syndicat des travailleuses et travailleurs du centre jeunesse de Montréal, (FSSS–CSN) Sylvie Théorêt.

Photo : Michel Giroux
Photo : Michel Giroux

La dure réalité
Cette enquête nous apprend que seulement 5 % des intervenantes et intervenants estiment être en mesure de répondre adéquatement et en temps utile aux besoins de cette clientèle. Pour 71 % d’entre eux, les multiples formulaires à remplir et la saisie de notes constituent un obstacle majeur à la qualité de leur intervention. « Les compressions qu’on vit depuis de nombreuses années ont eu des répercussions sur tous les employé-es et ont aussi entraîné des coupes de postes au sein du personnel de bureau. Comment voulez-vous que les intervenant-es puissent offrir les services auxquels on s’attend d’eux quand ils sont toujours pris devant leur ordinateur pour pallier, entres autres, le manque de personnel administratif? », enchaîne Sylvie Théorêt.

« La compilation des notes fait partie intégrante de notre travail, poursuit la vice-présidente du syndicat des employé-es du centre jeunesse de Laval (FSSS–CSN), Julie Hamilton. Or, le processus pour la prise de notes s’est beaucoup alourdi. Nous devons décortiquer chacune de nos interventions en de multiples actes et les expliquer dans les fins détails. Les guides et les formations qui nous sont offerts simplement pour savoir comment prendre ces notes illustrent la complexité de l’exercice », souligne-t-elle en ajoutant : « Par ailleurs, nous sommes prises à devoir accomplir une série de tâches qui ne concernent pas directement les interventions, comme les demandes de cartes d’assurance-maladie, la logistique reliée au transport. Ces tâches grugent une très grande partie de notre temps. »

En outre, 70 % estiment que leur intervention sert plus à répondre aux cibles statistiques qu’à aider les familles. « Les intervenantes et intervenants ne fournissent pas. Pourtant, les jeunes en difficulté vivent des situations de plus en plus complexes qui combinent des problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de violence. Déjà, le rapport du Vérificateur général du Québec 2009-2010 faisait état de la trop grande importance accordée aux tâches administratives, soit une moyenne de 55 % dans les centres jeunesses sondés à l’époque. Six ans plus tard, on constate que non seulement le problème persiste, mais les compressions libérales l’ont empiré », renchérit la vice-présidente de la Santé et des Services sociaux (FSSS–CSN), Mélissa Gaouette.

Cet alourdissement des tâches crée donc une grande surcharge de travail et de l’épuisement professionnel : 84 % des personnes interrogées affirment effectuer des heures supplémentaires et 31 % soulignent que les difficiles conditions d’exercice de leur pratique les a forcées à prendre un congé de maladie. « On demande aux employé-es de faire toujours plus avec moins et ils sont épuisés. Plusieurs tombent comme des mouches ou bien quittent le réseau. Ceux qui restent ne disposent pas des ressources nécessaires pour bien exécuter leur travail », ajoute la vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Nancy Corriveau.

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Photo : Michel Giroux

« Une situation de crise sévit actuellement dans le réseau des centres jeunesse du Québec. Nous demandons au gouvernement la tenue d’États généraux afin de faire la lumière sur les problèmes dénoncés par celles et ceux qui œuvrent auprès des enfants vulnérables et de leur famille. Nous réclamons aussi un moratoire sur les coupes budgétaires dans les centres jeunesse ainsi qu’un réinvestissement majeur dans le réseau. La disette a assez duré : le gouvernement doit prendre ses responsabilités et réinvestir dans le réseau », conclut Jean Lacharité.

Entente historique entre le SCFP et la FEESP pour défendre les employés municipaux et du transport terrestre

Alors que vient de s’écouler la première semaine de l’étude sur le projet de loi 110 à l’Assemblée nationale du Québec, projet de loi qui vise à imposer un nouveau cadre de négociation dans le secteur municipal et le secteur du transport terrestre, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et la Fédération des employées et employés des services publics (FEESP–CSN) considèrent que le gouvernement veut créer deux classes de travailleurs, ceux qui peuvent négocier librement leurs conditions de travail et ceux pour qui on veut créer un régime d’exception sans précédent au pays.

Devant cette attaque historique, les deux organisations syndicales ont décidé de poser un geste tout aussi historique pour mieux défendre les employés municipaux et du transport terrestre qu’elles représentent. Un protocole de non-maraudage a été signé ce midi entre le SCFP et la FEESP–CSN qui à eux seuls représentent la majorité des employés municipaux et du transport terrestre du Québec.

« Devant cette attaque historique du gouvernement, nos deux organisations ont choisi une riposte à la hauteur de l’attaque du gouvernement. Nous allons consacrer toutes nos énergies à défendre nos membres », a déclaré Denis Marcoux, président de la FEESP–CSN.

Les deux organisations syndicales dénoncent le manque de transparence du gouvernement dans ce dossier. Déjà plusieurs signes ne mentent pas quant à l’opacité du processus.

Tout d’abord, le Gouvernement refuse de déposer l’ensemble de ses amendements pour permettre aux parlementaires de faire correctement l’analyse d’un projet de loi qui met en cause des droits fondamentaux.
De plus, le refus des parlementaires libéraux d’entendre les représentants de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) inquiète au plus haut point les leaders syndicaux.

Il faut se rappeler que tout l’argumentaire du gouvernement libéral sur la nécessité d’une telle loi repose sur un supposé écart de 39 % entre les employés municipaux et ceux du gouvernement du Québec, supposé écart tiré d’une étude de l’Institut de la statistique du Québec.

« Il y a des choses qui ne tournent pas rond. Cette semaine, à l’Assemblée nationale, on a entendu un parlementaire admettre que la loi sur les régimes de retraite dans les secteurs du municipal et du transport terrestre avait été adoptée sur de fausses données quant à l’ampleur du déficit des régimes de retraite. Ce parlementaire a même admis que le SCFP avait eu raison et qu’il aurait probablement pris des décisions différentes. C’est scandaleux ! Malgré cela, le gouvernement s’apprête à faire une autre erreur », a affirmé Denis Bolduc, président du SCFP-Québec.

Le manque de transparence se traduit également par l’absence de la ministre du Travail alors que ce projet de loi vise à modifier tout un pan du Code du travail québécois. Ce projet de loi nous ramène à l’époque du régime Duplessis où la politisation des relations de travail primait sur les droits les plus fondamentaux des travailleurs, ce qui a conduit à des conflits majeurs.

Le SCFP et la FEESP–CSN font appel au Gouvernement pour que des solutions soient apportées pour éviter un déséquilibre historique et préserver la paix industrielle dans les secteurs du municipal et du transport terrestre.

La CSN appelle à une profonde réflexion sur l’avenir du réseau public de santé et de services sociaux

Les constats sévères que dresse la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, dans son dernier rapport, en particulier en ce qui a trait à la réforme Barrette, aux soins à domicile et aux services sociaux, ne sont pas une surprise pour la CSN. L’hypercentralisation des structures, la dégradation de l’accessibilité et de la qualité des services à cause de mauvaises décisions bureaucratiques, notamment pour les plus vulnérables, sont le quotidien des 120 000 travailleuses et travailleurs du réseau public de santé et de services sociaux, membres de la CSN. Ne serait-il pas temps d’écouter davantage ce que les travailleuses et les travailleurs ont à dire ? Après tout, ces écueils majeurs que dénonce aujourd’hui la Pprotectrice du citoyen, étaient appréhendés par les syndicats CSN, et ce dès le dépôt du projet de loi 10, vaste réforme finalement imposée au réseau après son adoption sous bâillon.

« Plus de la moitié du rapport annuel de la protectrice du citoyen est consacré au réseau de la santé et des services sociaux. C’est dire à quel point les problèmes sont nombreux, souligne le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Nous partageons globalement ces constats et nous sommes d’avis qu’un temps d’arrêt s’impose pour faire le point sur la réforme et voir dès maintenant à redresser la situation, au bénéfice de toute la population québécoise. »

Hypercentralisation
La principale inquiétude de la CSN à l’égard du projet de loi 10 concernait la centralisation autour de superstructures médicales au détriment des services sociaux. « La protectrice du citoyen confirme ainsi ce que nos membres dénoncent depuis déjà un certain temps, c’est-à-dire que des citoyennes et des citoyens parmi les plus vulnérables de notre société ont vu leurs services diminués, voire carrément abolis. Nous nous attendrions des établissements qu’ils mettent tout en œuvre afin de protéger ce volet essentiel de leur mission car ces services de proximité, notamment psychosociaux, sont moins visibles et que ces usagères et usagers sont moins en mesure de bien faire valoir leurs droits. C’est complètement le contraire qu’on voit et c’est inacceptable », dénonce Jean Lacharité.

La protectrice du citoyen se montre particulièrement critique face à la dégradation de l’accès et de la qualité des services en déficience, en santé mentale, en aide aux jeunes en difficulté et dans les centres d’hébergement. Elle note également une dégradation de la situation dans les soins à domicile et ce, malgré qu’elle ait déjà dénoncé la situation en 2012 et 2015.

Soins à domicile
Dans les soins à domicile, la CSN partage l’avis général de la protectrice du citoyen. « Deux éléments doivent être soulignés à traits rouges, ajoute Jean Lacharité. D’abord, la démonstration n’est plus à faire que les soins à domicile sont le moyen le plus économique d’assurer le droit de vieillir dans la dignité à tous les aîné-es. La majorité des aîné-es souhaitent demeurer chez eux le plus longtemps possible. Comme société, nous devons faire beaucoup plus que cela leur soit accessible. En outre, il est important d’assurer aux travailleuses et aux travailleurs de ces services de bonnes conditions de travail. De cette façon, nous nous assurons d’une main-d’œuvre qualifiée et stable pour répondre à la demande qui explosera au cours des prochaines années. Dans le réseau public, les spécialistes de ces services sont les auxiliaires de santé et de services sociaux. Ces salarié-es du réseau public ont l’immense avantage d’être en lien constant avec tous les intervenants du réseau au sein d’équipe multidisciplinaires et nous pensons qu’il faut miser plus que jamais sur ces salarié-es, dans les CLSC, pour assurer des services de qualité. »

Le personnel de soutien : présent partout, pour tous

Dans toutes les régions du Québec, on célèbre aujourd’hui la Journée nationale du personnel de soutien en éducation. C’est sous le thème Le personnel de soutien : présent partout, pour tous, que se tiendront les activités de la 18e édition de cette journée, instaurée en 1999 par des syndicats de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). Par ce nouveau thème, la FEESP–CSN souhaite rappeler que quotidiennement des milliers de femmes et d’hommes sont à pied d’œuvre pour effectuer des milliers de tâches essentielles au bon fonctionnement des milieux scolaires, collégiaux et universitaires du Québec.

Cette journée spéciale se veut habituellement une occasion de souligner, de façon festive, la rigueur, la compétence et l’engagement des employé-es de soutien du réseau de l’éducation. Malgré les mesures d’austérité budgétaire du gouvernement libéral, le personnel de soutien multiplie les efforts pour maintenir et offrir des services de qualité à la population étudiante et aux autres membres du personnel. Ce sont ces valeurs que la fédération souligne par une série de tuiles sur ses pages Facebook chaque journée de cette semaine.

« Avec les compressions récurrentes, tout le personnel des établissements d’éducation vit dans l’inquiétude. La pression sur les travailleuses et les travailleurs, déjà surchargés, devient intenable. Dans ce contexte, il est impératif de rappeler que les membres du personnel de soutien constituent une ressource indispensable à la réussite éducative des élèves », affirme Sylvie Tremblay, vice-présidente trésorière de la FEESP.

Les employé-es de soutien en éducation sont omniprésents tout au long du parcours scolaire. De l’administration à l’entretien des bâtiments, en passant par l’organisation scolaire et les services de garde, ils occupent des emplois variés et agissent comme personnes-ressources tant auprès des enseignants et enseignantes que des élèves.

« Le gouvernement nous interpelle sur les gains de productivité à réaliser dans les réseaux publics. Du côté du soutien en éducation, la réponse passe entre autres par la reconnaissance de l’expertise de celles et ceux qui sont sur le terrain au quotidien. Au cours des dernières années, la FEESP a répertorié plusieurs expériences de sous-traitance de services offerts dans les établissements d’éducation. Après avoir analysé les résultats de ces expériences, nous pouvons affirmer que la sous-traitance chez nous mène à une augmentation des coûts des services et une perte d’efficience », ajoute Sylvie Tremblay.

À propos
La FEESP–CSN représente près de 30 000 membres dans 33 commissions scolaires, près de 4000 membres dans 34 cégeps, plus de 200 membres œuvrant dans les établissements d’enseignement privés et environ 700 membres à l’Université Concordia. Ces travailleuses et ces travailleurs œuvrent dans trois secteurs d’activité distincts, soit les secteurs administratif, technique et ouvrier. Ils sont présents à l’accueil, à la bibliothèque, dans l’adaptation scolaire, dans les services de garde, en entretien ménager, etc.

La Fédération des employées et employés de services publics–CSN regroupe 425 syndicats affiliés représentant plus de 60 000 syndiqué-es travaillant dans les secteurs public et parapublic.

La FNC–CSN appuie l’initiative de la Coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec

La Fédération nationale des communications (FNC–CSN) tient à saluer la démarche menée par la Coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec, qui demande à Québec une aide gouvernementale particulière. Cette initiative inédite de plusieurs propriétaires de presse écrite arrive à un moment crucial où ces entreprises doivent s’adapter à l’ère numérique et renouveler leur modèle d’affaires. La FNC–CSN tient d’ailleurs à rappeler que les gouvernements provincial et fédéral ont depuis plusieurs mois entre leurs mains une étude commandée par elle et réalisée par la firme MCE Conseils, qui illustre la nécessité et le bien-fondé d’aider la presse écrite dans cette transition. « Nous sommes heureux de constater qu’à la suite de nos nombreuses interventions, dont l’organisation du colloque L’information : le 4e pouvoir sous pression, plusieurs joueurs de l’industrie s’approprient ces questions et forcent le débat. Notre étude démontre clairement que le Québec et le Canada, contrairement à la plupart des autres pays de l’OCDE, ne soutiennent à peu près pas les médias d’information. Dans le contexte actuel, cela doit changer  », déclare Pascale St-Onge, présidente de la FNC–CSN.

Emplois et démocratie au jeu
Certes, l’information originale, fiable et bien documentée, coûte cher à produire, mais elle est toutefois essentielle à une démocratie en santé. « Le gouvernement ne peut rester inactif devant les demandes de la FNC–CSN et de la Coalition, trop d’enjeux qui touchent les fondements de notre société sont sur la table, explique la présidente. Nous nous attendons d’ailleurs à ce que les deux paliers de gouvernement travaillent avec les acteurs du milieu, incluant les syndicats, les patrons et la population, afin d’adapter le cadre fiscal et réglementaire pour assurer la pérennité de l’industrie de l’information à l’ère numérique. »

Depuis les cinq dernières années, il ne fait aucun doute que l’industrie de l’information est profondément ébranlée par la montée en puissance des géants du Web, américains pour la plupart. Entre 2010 et 2015, près du tiers des emplois ont disparu dans la presse écrite et électronique, et les entreprises ont toutes procédé à des restructurations majeures afin de diminuer leurs coûts. Mais cela ne suffit plus. Même si l’intérêt du public pour l’information est toujours aussi grand – jamais nous n’avons eu accès à autant d’informations sur différentes plateformes –,  c’est l’érosion des revenus qui met à mal l’industrie et qui finit par affecter la pluralité des voix et la qualité de l’information. « Les médias sociaux et autres plateformes telles Google ou Facebook, offrent gratuitement un contenu produit à grands frais par les entreprises de presse, et captent une part toujours grandissante des revenus publicitaires. Le problème, c’est qu’ils ne réinvestissent pas dans le contenu, ni dans la création d’emplois de qualité au Québec et ne payent pas leur juste part aux gouvernements fédéral et provincial », note Pascale St-Onge.

La FNC–CSN entend surveiller attentivement les suites qui seront données à cette démarche.

À propos
La Fédération nationale des communications (FNC–CSN) regroupe 6000 membres dans le domaine des communications et de la culture répartis, dans 88 syndicats. Elle est l’une des huit fédérations de la CSN.

Les pertes d’emplois, d’expertise et de qualité des services à la population confirmées

Les inquiétudes de la CSN se confirment : le projet d’implantation d’Optilab aura pour conséquence de nombreuses pertes d’emplois partout au Québec ainsi qu’une diminution dans l’expertise et dans la qualité des services à la population.

« C’est catastrophique, a laissé tomber le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Comme on le craignait, le ministre est en train de se prêter à une supercentralisation des prélèvements en créant des laboratoires centraux (serveurs) et en conservant des laboratoires-dépanneurs périphériques qui ne s’occuperont que des cas très urgents. De l’improvisation mur à mur qui aura de graves répercussions sur la vie des gens. »

Horizon dans les régions
Les coupes touchent toutes les catégories d’emplois et tournent autour de réductions de 20 % des heures travaillées. Au Saguenay, 44 postes de techniciennes et techniciens seront coupés, pour un réaffichage de 8 postes au laboratoire serveur de Chicoutimi. Au Bas-Saint-Laurent, une diminution de 20 % des heures travaillées a été annoncée sur cinq ans. Dans les Laurentides, dans Lanaudière et à Laval, des coupes de 10 à 15 % ont été annoncées, ce qui fera passer de 540 à 412 postes. Sur la Côte-Nord, on dit qu’il est impossible de dresser le portrait des besoins en matière de ressources humaines. Encore une fois, de l’improvisation pure et simple.

Photo : Clément Allard
Photo : Clément Allard

« La tendance est la même partout au Québec : le gouvernement est en train de se prêter à des coupes de postes, soit par des suppressions de postes occasionnels, des compressions d’heures directes ou encore par de l’attrition. Son plan est d’y parvenir sur une période d’au plus cinq ans. C’est odieux. Il est évident que les services à la population seront affectés », enchaîne la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux, Mélissa Gaouette.

« Le gouvernement n’est même pas en mesure de dire combien coûtera son système de mégalaboratoires, comment peut-il prétendre réaliser des économies ? De toute façon, on ne peut pas couper des heures pour tenter de sauver des millions et penser qu’il n’y aura pas d’impacts sur la qualité des services et l’expertise de la main-d’œuvre », enchaîne la vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Nancy Corriveau.

« On a déjà dénoncé à plusieurs reprises les distances considérables qu’auront à parcourir les échantillons prélevés, sans compter le trafic sur les routes, les travaux de construction, les intempéries. Le réseau a déjà été considérablement affaibli et désorganisé par la loi 10. La CSN est la seule à avoir un comité sur la main-d’œuvre en technologie médicale. Nous demandons au gouvernement d’imposer un moratoire sur Optilab, d’appliquer la lettre d’entente et de rencontrer la CSN pour discuter de cette réorganisation », conclut le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

La CSN réagira aux annonces faites aux syndicats à la grandeur du Québec mercredi

La CSN réagira demain aux annonces qui seront faites à des représentants syndicaux CSN de CISSS et de CIUSSS qui ont été convoqués un peu partout au Québec par les directions des établissements concernant l’implantation du controversé projet Optilab du ministre Barrette.

« Nous craignons que cette rencontre ne vise à aller de l’avant avec la fusion des laboratoires médicaux et les transferts importants de personnel vers les mégalaboratoires », souligne Jean Lacharité, vice-président de la CSN et porte-parole de la campagne Ma place en santé.

« De tels transferts risquent de provoquer de nombreuses pertes d’emplois, une perte d’expertise importante et une diminution de la qualité des services à la population. Le ministre Barrette lui-même écrivait, dans une lettre envoyée aux directeurs d’hôpitaux à la fin de l’année 2015, son scénario de centralisation importante, comme il l’appelait. Il y affirmait que du personnel devra être transféré vers les laboratoires serveurs et identifiait les ressources humaines comme une contrainte. Nous sommes sur le pied d’alerte et extrêmement préoccupés », enchaîne Jean Lacharité.

La CSN dénonce le projet Optilab sur toutes les tribunes dans le cadre de la campagne Ma place en santé et demande un moratoire sur ce projet. En plus des pertes d’emplois, elle redoute les pertes d’expertise, les risques d’erreurs et les pertes d’échantillons, qui devront parcourir de longues distances.

Le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, la vice-présidente de la Fédération de la Santé et des Services sociaux (FSSS-CSN), Mélissa Gaouette et la vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN), Nancy Corriveau, seront présents sur place pour répondre aux questions des médias.


Quoi? Réaction de la CSN à la suite des convocations des syndicats par les établissements de santé sur le projet Optilab
Quand? Mercredi le 28 septembre à 13 h 30
Où? Centre des congrès de Lévis, salle Carrefour 2, 2e étage
Qui? Le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, la vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Nancy Corriveau et la vice-présidente de la Fédération de la Santé et des Services sociaux, Mélissa Gaouette.

La CSN dénonce la décision du gouvernement Trudeau

Pour la Confédération des syndicats nationaux, la décision du gouvernement de Justin Trudeau de réduire l’augmentation du niveau de transferts aux provinces en santé et services sociaux à seulement 3 % par année à compter de 2017 constitue un recul préoccupant pour l’avenir du système public de santé et de services sociaux.

« C’est une importante promesse faite aux Québécoises et aux Québécois que monsieur Trudeau brise ici en alignant sa politique sur celle défendue précédemment par le gouvernement Harper. À la CSN, nous n’entendons certainement pas baisser les bras. Nous soutiendrons activement tous les acteurs qui souhaiteront s’organiser afin d’infléchir la position du gouvernement fédéral à cet égard, réagit le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Lorsque les sommes investies augmentent moins rapidement que les besoins, cela mène à des compressions budgétaires sur le terrain et cela, le réseau ne peut plus en prendre, pas plus que les salarié-es ».

La position du gouvernement Trudeau aurait pour conséquence de priver le Québec d’environ 9 milliards de dollars sur 10 ans, par rapport à la formule actuelle, alors que le réseau public a besoin d’un net réinvestissement, notamment dans les services sociaux, les services aux aîné-es ou encore en protection de la jeunesse.

Un projet de loi inachevé

Intervenant devant la Commission des finances publiques, la CSN a expliqué en quoi le projet de loi 108 favorisant la surveillance des contrats des organismes publics et instituant l’Autorité des marchés publics manque pour le moins de mordant pour atteindre les objectifs qu’il poursuit.

La CSN est la seule organisation syndicale qui intervient dans le cadre de cette commission parlementaire. Au cours des dernières années, elle a exigé la tenue d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction tout en soutenant l’adoption de la Loi sur l’intégrité en matière de contrats publics. En outre, la CSN a réclamé la tenue d’une enquête publique sur le processus d’octroi des contrats publics afin de mettre en lumière la corruption, la collusion et le financement occulte des partis politiques, et les activités criminelles dans l’industrie de la construction.

« Le projet de loi 108 est inachevé, déplore le trésorier de la CSN, Pierre Patry. Le gouvernement a l’obligation de faire mieux, entre autres pour regagner la confiance du public et pour s’assurer de l’intégrité du processus d’octroi des contrats publics. Après les scandales de collusion et de corruption, et dans la suite des travaux de la commission Charbonneau, tout le monde espérait que le gouvernement Couillard accorde tous les moyens nécessaires à cette nouvelle Autorité des marchés publics (AMP) pour qu’elle réalise adéquatement le mandat qui était attendu d’elle. Le projet de loi n’a rien de rassurant à cet égard. »

Photo : Clément Allard
Photo : Clément Allard

Pas d’approche globale de la corruption
Si la CSN souscrit aux efforts poursuivis pour assurer la surveillance des marchés publics et pour rehausser la confiance du public à leur endroit en attestant de l’intégrité des concurrents, elle estime que le projet de loi 108 ne va pas assez loin.

« Nous déplorons qu’il ne restreigne sa portée qu’à la phase des appels d’offres sans jamais considérer la collecte d’informations précontractuelles, d’indiquer le porte-parole de la CSN. On se prive ainsi de considérer l’étape en amont de ce processus, qui pourrait démontrer la collusion entre des entreprises qui ont constitué un cartel », de préciser le porte-parole syndical.

En outre, le mandat de l’AMP devrait aussi viser les problèmes des « extras », des appels d’offres truqués et des comportements anticoncurrentiels. En effet, la commission Charbonneau a exposé la pseudo concurrence et les ententes secrètes entre des entreprises faisant partie d’un cartel pour majorer les prix ou diminuer la qualité des biens ou des services au détriment d’un organisme public ou du gouvernement.

Photo : Clément Allard
Photo : Clément Allard

Des moyens suffisants ?
En cette période d’austérité imposée par le gouvernement Couillard depuis son élection, la CSN craint que l’AMP ne dispose tout simplement pas des ressources financières et du personnel suffisants pour qu’elle devienne « la référence en matière de surveillance des marchés publics », comme l’a affirmé le ministre Leitão lors de la présentation du projet de loi. « Compte tenu des attentes de la population depuis que les médias et la commission Charbonneau ont mis en lumière la corruption, la collusion et les malversations dans l’octroi des contrats publics, le gouvernement se doit de fournir à l’AMP toutes les ressources nécessaires à la réalisation du rôle qu’elle devrait jouer au Québec, de poursuivre Pierre Patry. À cet égard, nous sommes inquiets. »

Par ailleurs, la CSN estime que les délais accorder à l’AMP pour traiter les plaintes et ceux pour rendre une décision sont trop courts, rendant la procédure sommaire et expéditive.

Il est aussi inconcevable qu’une entreprise inscrite sur le registre des entreprises inadmissibles aux contrats publics puisse en tout temps présenter à l’AMP une demande d’autorisation de participer aux appels d’offres, sans jamais préciser les conditions d’une réadmission. « En agissant ainsi, on court-circuite les objectifs qui étaient poursuivis lors de la mise sur pied de ce registre, d’expliquer le trésorier de la CSN. C’est un non-sens ! »

Le secteur public : un rempart aux abus
Pour la CSN, la meilleure protection contre la collusion et la corruption, et la meilleure garantie pour offrir des services de qualité au meilleur prix, demeure le recours au secteur public. « Des exceptions peuvent survenir pour faire appel au secteur privé, mais ça devrait rester une exception, de poursuivre Pierre Patry. La commission Charbonneau a démontré tous les abus qui peuvent survenir en recourant au privé, mais il y a d’autres exemples qui sont très éloquents : les PPP du CHUM et du CUSM, notamment, qui sont de véritables fiascos, en raison de la perte de contrôle, de l’explosion des coûts, des délais interminables, etc. »

En commission parlementaire, la CSN réclamera donc du gouvernement qu’il renonce à la privatisation des services publics et qu’il limite le recours à l’entreprise privée. En outre, elle recommandera qu’il adopte une approche globale de la corruption et de la collusion et qu’il augmente la portée de la loi qui institue l’AMP en lui octroyant les ressources nécessaires, en améliorant le processus de traitement des plaintes et en augmentant ses pouvoirs.

Photo : Clément Allard
Photo : Clément Allard

Une reforme néfaste

La CSN présentera aujourd’hui en commission parlementaire son mémoire sur le projet de loi 105, Loi modifiant la Loi sur l’instruction publique. Il s’agit d’une seconde consultation en moins d’un an de la part du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx. «Nous avions salué le retrait  du projet de loi 86 sur la gouvernance des commissions scolaires. Malheureusement, le ministre  y va d’une autre réforme de structures avec le projet de loi no 105», déplore Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN.

La CSN craint que la réforme n’engendre une confusion des rôles entre la commission scolaire et l’école. «La modification aux règles budgétaires permettant le versement des enveloppes directement aux établissements nous préoccupe. Cela risque de brouiller les frontières du partage de responsabilités entre les commissions scolaires et les établissements. De plus, la démonstration voulant que les enveloppes versées directement aux établissements offrent plus d’équité et répondent davantage aux besoins des élèves reste à faire», souligne Véronique De Sève.

Photo : Clément Allard
Photo : Clément Allard

Autre sujet de préoccupation, le ministre pourrait  émettre des directives à une commission scolaire portant sur son administration, son organisation, son fonctionnement ou ses actions. «On risque de basculer dans la microgestion ministérielle. De plus, ces directives permettraient de compléter ou de préciser les règles budgétaires. Or, la possibilité de modifier les règles budgétaires en cours d’année scolaire, alors que la répartition des ressources et des budgets des commissions scolaires et des établissements d’enseignement est déjà établie, n’est pas souhaitable», ajoute la vice-présidente de la CSN.

Le projet de loi précise par ailleurs qu’une commission scolaire doit accomplir sa mission en respectant le principe de subsidiarité et dans une perspective de soutien envers les établissements d’enseignement.

«Nous sommes d’accord avec cette idée de soutien aux établissements. Toutefois, la subsidiarité imposée par le projet de loi 105 est inadmissible. Nous redoutons que cet ajout puisse servir de levier à ceux qui, à défaut d’obtenir l’abolition des commissions scolaires, exigent une réduction importante de leurs responsabilités. De plus,  le principe de subsidiarité pourrait engendrer une décentralisation de l’embauche du personnel et des tâches administratives  encore plus importante et très variable d’une commission scolaire à l’autre et d’un établissement à l’autre», explique Sylvie Tremblay, vice-présidente-trésorière de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).

Photo : Clément Allard
Photo : Clément Allard

Cela dit, le projet de loi compte quelques points intéressants, notamment le droit de vote accordé aux commissaires représentant les parents. La CSN salue en outre le maintien des élections scolaires et du Conseil des commissaires. «La consultation du printemps dernier aura permis d’illustrer l’importance de l’élection des commissaires au suffrage universel. Néanmoins, l’enjeu du faible taux de participation aux élections scolaires demeure. Il faudra mettre en place des mesures pour favoriser l’exercice du droit vote.»

La CSN demeure malgré tout sceptique quant à l’utilité de ce projet de loi. « En abandonnant le projet de loi 86, le gouvernement a démontré une certaine écoute, que nous saluons. Cela dit, le projet de loi 105 aurait dû porter sur le développement d’une vision rassembleuse et sur la mise en œuvre de moyens pour la réussite de tous les élèves plutôt que sur le fonctionnement des commissions scolaires et des établissements d’enseignement. Bref, le projet de loi 105 nous distrait des véritables enjeux, notamment la réussite des élèves, la lutte au décrochage scolaire, le système d’éducation à deux vitesses pour ne nommer que ceux-ci. Il pourrait même compromettre la résolution des nombreux problèmes du réseau scolaire », de conclure Véronique De Sève.

La CSN exhorte le gouvernement à réinvestir dans les centres jeunesse

Alors qu’elle passera en commission parlementaire aujourd’hui au sujet du projet de loi 99 modifiant la loi sur la protection de la jeunesse, la CSN entend bien rappeler au gouvernement que les centres jeunesse, sous-financés depuis de nombreuses années, peinent à remplir adéquatement leur mission. « Le gouvernement ratera la cible s’il pense réformer la loi sur la protection de la jeunesse sans tenir compte de la situation de crise qui sévit actuellement dans les centres jeunesse. Il faut qu’il réinvestisse, c’est urgent ! », affirme le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

En plus d’être largement sous-financé, le réseau des centres jeunesse a épongé, entre 2010 et 2014, des compressions de 50 millions de dollars. « Le personnel des centres jeunesse ne fournit pas. Pendant que le nombre de signalements ne cesse d’augmenter qui combinent des problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de violence, les intervenantes et intervenants d’en faire plus avec de moins en moins de ressources », dénonce pour sa part la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Mélissa Gaouette.

« Face à la surcharge de travail, plusieurs tombent comme des mouches ou bien quittent le réseau. Ceux qui restent vivent des surcharges de travail importantes en plus de ne pas disposer des ressources nécessaires pour faire le travail. Inutile de dire que la qualité des services aux enfants et aux familles s’en trouve grandement affectée », ajoute la vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Nancy Corriveau.

Dans la foulée des fugues du centre jeunesse de Laval, le vérificateur André Lebon avait lui aussi incité le gouvernement à revoir et à augmenter le financement afin de permettre aux centres jeunesse d’assumer pleinement leur mission. « La meilleure volonté et le dévouement sans bornes des intervenantes et intervenants jeunesse ne seront pas suffisants, à eux seuls, pour répondre aux besoins grandissants et complexes des jeunes en difficulté. Le gouvernement doit assumer ses responsabilités et réinvestir dans les centres jeunesse et, de manière générale, dans le réseau de protection de la jeunesse, et ce, à la hauteur des besoins des enfants et adolescents vulnérables ! », martèle Jean Lacharité.

La CSN réclame un moratoire sur les coupes budgétaires, ainsi qu’un réinvestissement majeur dans les centres jeunesse. Du même souffle, elle appelle la tenue d’États généraux pour réfléchir à la situation des jeunes en difficulté du Québec ainsi qu’aux services qui leur sont offerts.

Autres éléments du projet de loi 99
La CSN convient par ailleurs que certaines dispositions du projet de loi 99 sont intéressantes, notamment la reconnaissance de l’exploitation sexuelle en tant qu’abus. De même, la volonté d’impliquer davantage les communautés autochtones doit être soulignée. La CSN demande cependant au gouvernement d’impliquer directement les communautés autochtones dans l’élaboration des programmes sociaux et économiques qui les concernent. « Elles connaissent mieux que quiconque les besoins qui se manifestent au sein de leurs communautés », conclut Jean Lacharité.

 

Une mobilisation partout au Québec pour défendre le droit de négocier

Plus de 160 syndicats CSN d’employé-es des secteurs municipal et transport participent en ce 20 septembre à une action autour de leurs lieux de travail un peu partout au Québec afin de marquer la reprise des travaux à l’Assemblée nationale.

Tout au long de la journée, les membres des syndicats poseront des panneaux exprimant leur colère et leur refus d’être relégués au statut de travailleuses et travailleurs de seconde classe au Québec par le gouvernement Couillard, ce qui résulterait du projet de loi 110 déposé le 10 juin dernier par le ministre des Affaires municipales de l’Occupation du territoire, Martin Coiteux.

Voyez pourquoi cette mobilisation est indispensable.

« Le PL 110 est une attaque sans précédent contre une partie de la main-d’œuvre québécoise, commente le président de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Denis Marcoux. S’il est adopté à l’Assemblée nationale cet automne, des milliers de travailleuses et travailleurs verront leur droit fondamental de négocier bafoué, voire éliminé par le nouveau pouvoir du ministre de décréter leurs conditions de travail. Il s’agit de discrimination législative pour fins politiques des libéraux, et c’est odieux ! »

L’action coordonnée d’aujourd’hui marque le début d’une importante mobilisation. Cet automne, afin de contrer l’adoption du projet de loi, les syndicats seront appelés à voter un plan d’mobilisation qui vise une intensification des actions au cours des semaines à venir.

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Le vice-président de la Fédération des employées et employés de services publics, Yvon Godin (centre), s’adresse aux médias ce matin devant l’Hôtel de ville de Montréal. À gauche : Dominique Daigneault, présidente du Conseil central de Montréal métropolitain; et a droit, Luc St-Hilaire, président du Syndicat du transport de Montréal – CSN.

« Nous allons nous battre jusqu’à la fin. Nous interpellerons la population, ainsi que nos élu-es municipaux et nos député-es locaux. Nous voulons livrer le message que c’est inacceptable dans une démocratie de s’attaquer à nos droits de cette façon brutale et discriminatoire », déclare Yvon Godin, le vice-président de la FEESP et responsable politique du secteur municipal.

La vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque, rappelle que le droit à une réelle négociation est garanti par la Charte des droits et libertés tel que l’a édicté la Cour Suprême.

« Nos membres sont fiers de leur travail, qu’ils font pour la population, ajoute Francine Lévesque. Il faut briser l’idée qu’ils ne sont que des gras dur. Ces militantes et militants défendent le droit de tout le monde d’être syndiqué, d’améliorer les conditions de travail et de vie, et pour ce faire, de négocier librement. Leur lutte, c’est la lutte de chaque personne qui œuvre au Québec – pour préserver le droit fondamental de négocier. »

Mettre les établissements en concurrence n’amènera pas plus de ressources

Alors que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, annonce une « démarche visant à améliorer l’organisation des soins et des services offerts aux aîné-es », la CSN rappelle que le sous-financement des soins à domicile et le manque de place dans les CHSLD sont à la source des problèmes d’accessibilité aux services pour les aîné-es.

« C’est une approche calquée sur la nouvelle gestion publique. On compare entre eux les établissements selon des critères de performance. Qu’entend-on par meilleures pratiques ? Celui qui limite les bains à un seul par semaine ou celui qui engrange le plus haut taux de satisfaction de sa clientèle, questionne le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Le vrai problème n’en est pas un de performance mais plutôt celui d’une offre de services insuffisante et inadéquate.

Par ailleurs, le ministre Barrette fait l’impasse sur les lourdes compressions budgétaires subies par le réseau public, qui font en sorte que les ressources disponibles ne suivent pas du tout l’augmentation ni la complexification des besoins. Dans les soins à domicile, le gouvernement pave la voie à un rôle accru du secteur privé. La règle du plus bas soumissionnaire est un incitatif pour les entreprises de soins à domicile de couper les salaires, les conditions de travail et la formation de leur personnel afin de se ménager une plus grande marge de profit.

Les mauvaises conditions de travail dans les services privés à domicile ainsi que dans les résidences privées pour aîné-es entraînent par ailleurs un fort taux de roulement du personnel ce qui ne contribue certainement pas à améliorer la qualité de vie des aîné-es.

Pour la CSN, l’absence totale de telles considérations dans l’annonce du ministre aujourd’hui laisse craindre que cette démarche s’inscrive encore une fois dans l’« approche faire plus avec moins ». La CSN prévient que l’élastique est déjà étiré au maximum et que les salarié-es ont besoin d’un appui véritable, pas d’une inquisition.

Participation aux travaux

La CSN évaluera au cours des prochains jours dans quelle mesure elle s’engagera dans la démarche lancée par le ministre. Bien que celui-ci n’ait pas mentionné que les organisations syndicales seront consultées, il demeure que la CSN est aux premières loges des améliorations à apporter dans le réseau, et ce depuis de nombreuses années. La CSN a d’ailleurs organisé récemment, en collaboration avec la défunte AQESSS, deux rendez-vous importants de réflexion sur l’avenir du système, auxquels ont pris part tous les intervenants concernés, à l’exception notable du ministre Barrette. À cette occasion, plusieurs pistes d’amélioration des conditions de vie des aîné-es ont été abordées et la CSN entend continuer de militer pour défendre le droit à toutes et à tous de vieillir dans la dignité, que cela soit à domicile, dans de petites unités de vie ou dans les CHSLD.

La FNEEQ salue le projet

La Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ–CSN­) salue le projet de Sébastien Proulx, ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, d’une consultation portant sur la réussite éducative qui s’adresse au plus grand nombre possible d’acteurs du milieu de l’éducation et de la population.

« Cette annonce officielle ne nous fait toutefois pas oublier les effets destructeurs des politiques d’austérité du gouvernement libéral qui, au cours des deux dernières années, sont loin d’avoir été un facteur de réussite éducative pour les jeunes. Dans son document de consultation, le ministre affirme vouloir mettre l’éducation au premier rang des priorités de la société québécoise. À nos yeux, le gouvernement aurait dû adopter cette position fondamentale et déterminante pour l’avenir du Québec depuis longtemps, mais encore faudra-t-il qu’elle dépasse le cadre des belles promesses et qu’elle soit porteuse de réalisations et d’avancées tangibles », de préciser Caroline Senneville, présidente de la FNEEQ.

« Les membres du personnel des établissements privés que nous représentons sont prêts à accueillir davantage d’élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage à condition qu’on leur donne les moyens de les encadrer et de les soutenir, de souligner Caroline Quesnel, vice-présidente du regroupement privé. En revanche, la FNEEQ s’oppose résolument à la création d’un ordre professionnel. Nos membres, qui sont les premiers concernés par ce projet, se sont déjà prononcés contre cette mauvaise idée par le passé. Un ordre professionnel n’est ni le moyen de valoriser la profession, ni l’outil pour assurer la formation continue en enseignement. »

« Enfin, en ce qui a trait à l’intégration des technologies numériques, nous croyons que l’univers des compétences du 21e siècle doit nécessairement tenir compte des outils informatiques, mais il faut savoir mesurer les investissements dans cette sphère en fonction de leur valeur pédagogique et de leur pertinence pratique. Le passé nous enseigne que des sommes faramineuses ont été gaspillées dans des technologies cul-de-sac qui n’offraient aucun apport ou soutien à la mission éducative des établissements d’enseignement », de conclure madame Senneville.

 

Une vaste coalition exhorte le gouvernement à scinder le projet de loi 106

Des porte-parole des milieux citoyen, municipal, de la santé, agricole, syndical, juridique, scientifique, environnemental et politique ont uni leurs voix aujourd’hui pour exhorter à nouveau le gouvernement Couillard à scinder le projet de loi no 106 sur la mise en œuvre de la Politique énergétique 2030 et à revoir en profondeur son chapitre IV touchant les hydrocarbures, avant d’en faire l’étude.

Organisée par le Front commun pour la transition énergétique à la veille de la rentrée parlementaire, alors que l’adoption de principe du projet de loi est imminente, cette sortie vise à mettre le gouvernement en garde contre l’étude bâclée d’un projet de loi complexe dont les deux grands volets, soit la transition énergétique et l’exploitation des hydrocarbures, devraient être débattus séparément, puisqu’incompatibles.

De l’avis de tous, la transition énergétique est un enjeu majeur et pressant, autour duquel il existe un vaste consensus social et politique. Son urgence environnementale et son immense potentiel économique exigent la tenue immédiate d’un débat exhaustif, dans un climat serein, afin que les forces vives du Québec puissent converger vers la réalisation de ce virage enthousiasmant. Par contre, le projet de loi sur les hydrocarbures soulève des préoccupations sociales, environnementales, territoriales, économiques et politiques qui ne sauraient être traitées dans la précipitation.

Lors des consultations du mois d’août dernier en commission parlementaire, les trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale avaient d’ailleurs unanimement réclamé la scission du projet de loi. Plusieurs autres organisations avaient fait de même, notamment les centrales syndicales, les représentants du monde agricole et l’ensemble des groupes environnementaux et citoyens entendus. La sortie d’aujourd’hui vient rappeler que le projet de loi, tel que formulé, n’a aucune chance de recevoir l’aval de la société civile, et que le gouvernement Couillard ferait preuve de prudence en acquiesçant à la demande de scission qui fait largement consensus.


CITATIONS

SYNDICATS

« Le dépôt d’une loi sur les hydrocarbures est prématuré. Ce dont nous avons besoin, actuellement, c’est d’une consultation publique qui nous permettra, collectivement, de mesurer les risques environnementaux et les conséquences sociales et économiques de l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures, et non d’un projet de loi qui nous dit comment nous les exploiterons. »
– Pierre Patry, Confédération des syndicats nationaux – CSN

« La FTQ réclame à nouveau un véritable débat sur l’exploitation des hydrocarbures. En plus de semer la confusion en abordant deux éléments difficilement conciliables, ce projet de loi manque de vision par rapport à l’emploi et au travail. Alors que l’on appréhende des changements majeurs, aucune mesure ou aucun programme n’est prévu pour répondre aux besoins des travailleurs et des travailleuses, et pour soutenir vigoureusement le développement économique des régions du Québec. Pour la FTQ, il est impératif que le gouvernement inscrive ses actions dans un cadre de transition juste. »
– Serge Cadieux, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec – FTQ

PROTECTION DE L’EAU

« Eau Secours! la coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau est très inquiète des répercussions de cette loi sur la protection des eaux de surface et souterraines. Le projet de loi 106 ouvre la porte à la fracturation hydraulique partout au Québec au moment où la réglementation en place, dont le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection est incapable d’assurer une protection adéquate des sources d’eau potable des citoyens. »
– Martine Chatelain, Eau Secours! Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau

« Notre patrimoine collectif en eau a trop d’importance pour que sa conservation repose sur un projet de loi sans substance, qui s’en remet à des dizaines de reprises à l’adoption de règlements ultérieurs pour encadrer l’industrie. Pour obtenir l’appui du ROBVQ, ce projet de loi devrait établir les conditions de forage et de production des hydrocarbures. Il devrait aussi encadrer le transport des hydrocarbures afin de protéger adéquatement les populations et l’environnement. Cette question est actuellement complètement ignorée, malgré la tragédie récente de Lac-Mégantic et le projet d’oléoduc Énergie Est qui soulève de grands questionnements. »
— Daniel Desgagné, Regroupement des organismes de bassins versants du Québec

MONDE MUNICIPAL

« Le gouvernement n’a pas les outils pour protéger l’eau potable. Le projet de loi 106, en plus d’augmenter les risques dus au Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP), vient charcuter nos compétences municipales en regard de la protection de nos territoires. Les pétrolières, en plus d’avoir le pouvoir de nous exproprier, vont pouvoir entrer chez nous par le sous-sol. »
– Gérard Jean, maire de Lanoraie

« Compte tenu qu’on est dans une société de droit et devant un enjeu d’une telle importance sans débat public, on a perdu confiance en nos élus. La désobéissance civile sera-t-elle la seule solution? »
– Luc Noël, préfet, municipalité régionale de comté de Minganie

DROIT

« En consacrant dans un même projet de loi les principes structurants de la transition énergétique qui fondera l’avenir du Québec tout en favorisant l’expansion des énergies fossiles, le gouvernement adhère aveuglément à l’argument incohérent de l’industrie selon lequel le développement des projets pétroliers et gaziers servira à amorcer ou financer la transition énergétique. Et en reconnaissant un droit prépondérant d’accès au territoire aux entreprises, ce projet de loi fait primer les intérêts à court terme de l’actionnariat privé sur le bien commun durable et les voix citoyenne et municipale sur le territoire. »
– Richard E Langelier, docteur en droit (LL.D.) et sociologue, membre du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste
– David Robitaille, Ph.D., professeur agrégé, droit constitutionnel et municipal, Faculté de droit, Université d’Ottawa

MONDE AGRICOLE

« La fracturation hydraulique et Énergie Est sont des menaces pour NOTRE ressource, soit l’eau, qui deviendra probablement beaucoup plus importante que les hydrocarbures. Le prochain enjeu du globe, c’est qu’il y a des alternatives aux hydrocarbures, mais qu’il n’y en pas à l’eau. Une fois qu’on la perd, qu’on la pollue, elle est définitivement perdue ou alors très difficile à ramener à son état d’origine, alors autant lui faire attention et la préserver maintenant.

La terre passe d’une génération à l’autre. Tu en prends soin et des grosses compagnies arrivent et t’exproprient. C’est immoral.

M. Couillard à Paris a vanté le Québec de n’avoir jamais été aussi influent dans une conférence internationale pour atteindre les cibles de réduction d’émissions de GES, mais lorsqu’il revient au Québec, il se désengage totalement. Les bottines ne suivent pas les babines.

Dans Lanaudière, nous cultivons le chanvre. Cette culture aurait un immense potentiel ici et ailleurs! Le chanvre a des propriétés exceptionnelles pour remplacer les plastiques. La réglementation sévère et compliquée nous empêche de développer. Serait-ce une menace au monopole des grandes compagnies? Nous pouvons nous libérer du pétrole. »
– Jean-Christophe Beauparlant, producteur agricole, Lanoraie

« En tant que producteur agricole, je crois que la loi 106 peut affaiblir la rentabilité de mon entreprise et même provoquer sa fermeture. La fracturation peut avoir des effets néfastes sur l’eau potable de mon puits qui répond aux besoins en eau de ma famille ainsi qu’à ceux de mes animaux. Pour moi, il est impensable d’envisager qu’une compagnie pétrolière puisse m’exproprier de ma maison et de mes terres sous prétexte que du pétrole se trouve dans le sol. »
– Stéphane Sansfaçon, producteur agricole, L’Épiphanie

SCIENCE

« Le projet de loi 106 ouvre la porte de façon irréfléchie à tous les types d’exploitation d’hydrocarbures, y compris les non conventionnels qui demandent la fracturation hydraulique. »
– Marc Durand, docteur-ingénieur en géologie appliquée et géotechnique, professeur retraité, Département des Sciences de la Terre et de l’atmosphère, UQAM

« Il est légitime que les résidents du territoire décident de leur qualité de vie, car ce sont eux et les générations futures qui subiront les conséquences de l’exploitation pétrolière. »
– Chantal Savaria, ingénieur géologue, évaluatrice environnementale de site agréée (ÉESA), vérificatrice environnementale agréée (VEA) de l’Association québécoise de vérification environnementale (AQVE), experte inscrite sur la liste du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC)

MOUVEMENT CITOYEN

« Comment pouvons-nous féliciter le gouvernement pour le Pl-106 quand s’y trouvent au chapitre 4 les pires contradictions en matière de réduction des GES et surtout, les pires trahisons envers les citoyens qui ont clairement fait valoir la non-acceptabilité sociale des techniques de complétion et de fracturation dont ce projet de loi ouvre grandes les portes? Si d’une part les trois premiers chapitres de ce projet de loi sont prometteurs, le quatrième chapitre portant sur les hydrocarbures nécessite une refonte majeure et doit être étudié séparément et sérieusement. Jamais n’avons-nous vu un projet de loi aussi bâclé et surtout aussi partial envers l’industrie. »
– Serge Fortier, Collectif Moratoire Alternatives Vigilance Intervention – CMAVI

« À Gaspé, les citoyens et l’environnement sont sacrifiés au nom d’un développement décrié par tous. Tout est envisagé pour la pétrolière à une centaine de mètres des habitations : de la fracturation à la vapeur à la fracturation hydraulique, bannie à plusieurs endroits sur la planète, en passant par la stimulation chimique et des opérations à l’acide. Il faut arrêter immédiatement ces travaux et établir un plan de sortie commun de notre dépendance au pétrole. »
– Lise Chartrand, Ensemble pour l’avenir durable du Grand Gaspé

« Le projet de loi sur les hydrocarbures permet l’impensable : la fracturation hydraulique et les autres techniques non conventionnelles. Il livre le territoire québécois aux pétrolières et gazières en transformant les permis en droits réels immobiliers sur le sous-sol, distincts des droits sur la surface du sol, et en assortissant les permis d’un droit d’accès prépondérant aux propriétés. Le gouvernement Couillard ne peut pas s’imaginer qu’il lui suffit d’aller vite pour faire passer ça. »
– Carole Dupuis, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec – RVHQ

« Le temps presse pour le climat, ce n’est plus le temps de lancer des projets de pétrole et de gaz de schiste. »
– André Lafrance, Alerte Pétrole Rive-Sud

« “On leur doit ben ça!” disait notre Premier Ministre concernant les droits des pétrolières de traverser le Québec avec leurs pipelines, leurs trains, leurs bateaux et leurs foreuses. Je ne suis pas d’accord. On ne leur doit rien! Et surtout pas obéissance à leurs lois économiques inhumaines. Rien ne presse quand il s’agit de passer au feu! »
— Jici Lauzon, artiste et citoyen

ENVIRONNEMENT

« La précipitation est toujours mauvaise conseillère, la question du développement des hydrocarbures est trop explosive pour ne pas l’aborder avec patience et prudence. Par contre la transition énergétique a été retenue trop longtemps et comme elle fait l’objet d’un large consensus, il est temps d’agir. Pensons à la production de biométhane par exemple. »
– André Bélisle, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique – AQLPA

« Le projet de loi 106 propose une transition énergétique hors des combustibles fossiles, tout en établissant un cadre pour développer le secteur des hydrocarbures au Québec. Que dirait-on si un projet de loi pour contrer le tabagisme encourageait la culture du tabac? Le gouvernement ferait erreur en refusant de scinder le projet de loi en deux. Plus qu’une question de principe, c’est une question de crédibilité. »
– Karel Mayrand, Fondation David Suzuki

« En signant l’Accord de Paris en décembre dernier, les gouvernements ont marqué le début de la fin pour les combustibles fossiles dont nous devons nous libérer complètement d’ici 2050. Le seul moyen de respecter l’Accord de Paris est de refuser tout nouveau projet d’exploitation du charbon, du pétrole ou du gaz et d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables. Au lieu d’ouvrir la porte à exploitation du pétrole et du gaz au Québec, le gouvernement devrait légiférer pour garder les combustibles fossiles dans le sol et ainsi être cohérent avec ses engagements climatiques. »
– Patrick Bonin, Greenpeace

« C’est un projet de loi qui embrasse trop large et qui étreint très mal. Il ouvre la porte à l’exploration pétrolière en milieu marin, de même qu’aux techniques de production aux impacts négatifs sur les milieux naturels. Il demeure de plus très flou sur la transition, l’efficacité énergétique et la lutte aux changements climatiques. »
– Christian Simard, Nature Québec