Le SAPSCQ veut obtenir un réel rapport de force

Le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ – CSN) a déposé un pourvoi visant à faire déclarer inconstitutionnels les articles 76 et 69 de la Loi sur la fonction publique (LFP).

« Par le dépôt de ce recours, nous tenons à obtenir un réel rapport de force lorsque nous négocions nos conditions de travail avec le gouvernement. Sans le droit de faire la grève et sans moyen de régler les différends de façon efficace et indépendante, les membres du Syndicat se voient retirer la possibilité de négocier leur convention collective sur un pied d’égalité avec ce dernier.

Nous demandons d’invalider deux articles de la LFP qui nous posent actuellement problème en ce sens : l’article 76 qui nous impose un cadre de règlement des différends qui laisse entièrement à l’employeur le pouvoir d’accepter ou de rejeter une sentence arbitrale statuant sur nos conditions de travail, et l’article 69 qui nous interdit de recourir à la grève comme ultime moyen de pression. L’arrêt Saskatchewan ayant constitutionnalisé le droit de faire la grève, il est légitime de demander un nouveau mode de règlement des différends adéquat, par lequel la sentence rendue par un arbitre serait exécutoire. Il s’agit d’une revendication historique du Syndicat.  Nous déposons un recours tout comme les autres corps d’agents de la paix de la fonction publique du Québec qui eux aussi contestent la constitutionnalité de ces dispositions », de souligner Mathieu Lavoie, président du SAPSCQ.

À propos

Le SAPSCQ est le syndicat de tous les agents et agentes de la paix en services correctionnels du Québec et regroupe près de 2800 membres. Il est membre de la Fédération des employées et employés de services publics qui compte plus de 425 syndicats affiliés représentant environ 60 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Politique de la réussite éducative du ministre Sébastien Proulx

En réaction à la nouvelle politique de la réussite éducative, la CSN invite le gouvernement à faire preuve de cohérence. « Alors que d’un côté, il reconnaît que la réussite éducative débute avant l’entrée au préscolaire, de l’autre, il ralentit, avec ses politiques d’austérité, notamment le développement des services éducatifs à la petite enfance (CPE et services de garde en milieu familial régis). Une incohérence totale », précise Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN. 

Avec quels moyens et avec qui ?

Cette cohérence devra se traduire par la mise en place de moyens, financiers et autres, afin que les objectifs visés soient atteints. « Pour l’instant, aucun argent frais n’a été annoncé, déplore Mme De Sève.  Cette vision ambitieuse ne pourra être réalisée sans que le gouvernement n’investisse. » 

La CSN entend aussi garder un œil attentif afin de s’assurer que l’ensemble du personnel soit mis à contribution dans ce projet. « Pour l’instant, il n’y a rien qui garantit concrètement la participation des acteurs des réseaux, particulièrement le personnel éducateur, professionnel et de soutien. La CSN s’assurera qu’ils ne soient pas relégués au simple rôle de spectateur », ajoute la vice-présidente de la CSN. 

Précisions demandées

D’autre part, la CSN invite le ministre à préciser ses intentions concernant l’accès à la maternelle quatre ans. « Le milieu des services éducatifs à la petite enfance est le plus approprié pour remplir adéquatement les objectifs visés par la maternelle quatre ans. Le gouvernement doit se tourner vers cette solution. D’autant plus que l’arrivée soudaine de milliers d’enfants dans les écoles soulève des inquiétudes quant aux ratios et à la formation qui devra absolument être fournie aux enseignants ». La CSN met aussi en garde le ministre Proulx afin qu’il ne tombe pas dans deux pièges bien précis : celui d’une scolarisation précoce en voulant, à tout prix, développer dès le plus jeune âge la littéracie, ainsi que celui d’une numérisation à outrance, au détriment d’autres formes d’enseignement. 

Toujours à l’affût, la CSN entend demeurer vigilante sur les suites qui seront données à cette politique, notamment dans la mise en œuvre des plans d’action qui se déploieront au cours des prochains mois. « Nous aurons le gouvernement à l’œil, particulièrement au regard de la proposition touchant la contribution du milieu des affaires à la réussite éducative, et de l’annonce de la mise sur pied d’un groupe de travail en vue de la création d’un institut d’excellence en éducation, qui nous préoccupent », conclut Véronique De Sève.

La CSN revendique une véritable consultation

La Confédération des syndicats nationaux revendique une véritable consultation sur la réforme de la consigne touchant à tous les contenants, notamment ceux en verre.

« L’annonce d’hier du ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, cible des priorités sur le recyclage des matières résiduelles issues des contenants de plastique à usage unique. Alors qu’elle devrait figurer au centre d’une politique audacieuse et durable, la consigne des contenants en verre demeure complètement absente des préoccupations du gouvernement et du comité qui doit se pencher sur la modernisation de cette politique », de souligner Pierre Patry, trésorier de la CSN et responsable politique du dossier environnement.

« Nous attendons une nouvelle politique depuis fort longtemps et nous déplorons le fait que le comité de partenaires consulté par le gouvernement ne rassemble pas tous les intervenants touchés par la réforme de la consigne. À l’heure actuelle, environ 75 % des contenants de verre vendus sur le marché se retrouvent au dépotoir du fait qu’ils sont mélangés à d’autres matières qui les rendent impropres à une seconde vie. À titre de partie intéressée, nous devons impérativement participer aux travaux de ce comité afin de faire valoir les arguments, autant environnementaux qu’économiques, qui serviront de base à cette nouvelle politique touchant à la consigne », de renchérir David-Bergeron Cyr, vice-président de la Fédération du commerce–CSN.

« Il nous faudra du leadership et de la créativité pour que cette politique intègre tous les enjeux environnementaux et tous les acteurs en lien avec la valorisation des contenants à usage unique. À titre d’exemple, nous revendiquons depuis trop longtemps une consigne sur tous les produits vendus par la Société des alcools du Québec, un des plus grands détaillants de la province dont les contenants de verre se retrouvent presque tous au dépotoir, de déplorer Nathalie Arguin, secrétaire générale de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN. Il est clair que pour nous, l’exemple de la consigne sur les bouteilles de bière, qui assure un retour de 95 %, qui génère des emplois ainsi qu’une meilleure utilisation des ressources, devrait guider les politiques publiques en cette matière. »

Importante victoire de la FSSS–CSN

Après plusieurs mois de démarches juridiques, la FSSS–CSN est parvenue à une entente aujourd’hui avec le Conseil du trésor permettant aux agents d’intervention en milieu psychiatrique du réseau de la santé et des services sociaux de recevoir d’importants ajustements salariaux rétroactivement au 13 avril 2011.

Rappelons que lors de la négociation du secteur public en 2010, la FSSSCSN avait obtenu la création du titre d’emploi d’agent d’intervention en milieu psychiatrique (AIMP). À ce moment, le MSSS et le Conseil du trésor ont déterminé unilatéralement une échelle salariale.

En vertu de l’article 31 de la convention collective de la FSSSCSN, le comité national des emplois devait discuter du libellé et déterminer le juste salaire de ce nouveau titre d’emploi. À défaut d’entente entre les parties, les litiges pouvaient être soumis à l’arbitrage. Après plusieurs mois de discussions, le Conseil du trésor et le MSSS se sont entêtés à ne modifier ni le libellé ni l’échelle salariale. Déterminée, laFSSSCSN a poursuivi la bataille avec un arbitrage qui a débuté le 6 juin 2016.

Une entente pour reconnaître la contribution des agents d’intervention en milieu psychiatrique

L’entente prévoit que l’échelle salariale des AIMP sera modifiée dans les 30 jours de la signature de l’entente ainsi que le libellé, ce qui permettra une plus grande accessibilité à l’emploi. Le titre d’emploi des AIMP sera maintenant classé au rangement 8, et ce, rétroactivement au 13 avril 2011. Au maximum de l’échelle salariale, au 13 avril 2011, les AIMP recevront une augmentation de 1,46 $ de l’heure, soit un ajustement salarial de 7,78 %.

C’est la ténacité de la FSSS-CSN qui a fait fléchir un gouvernement qui prétendait que les AIMP avaient un juste salaire et que le libellé était conforme.  « Le gouvernement libéral va continuer de trouver la FSSSCSN sur son chemin pour s’assurer que le personnel du réseau reçoit un juste salaire », déclare Josée Marcotte, vice-présidente à la FSSSCSN.

« La FSSSCSN va continuer de tout faire pour que le personnel du réseau soit mieux valorisé. Les travailleuses et travailleurs veillent sur la population. Il faut leur donner les meilleures conditions pour donner les services », lance Guy Laurion, vice-président de la FSSSCSN.

Contenu local et canadien exigé

Ce matin, le député Norbert Morin de la circonscription de Côte-du-Sud dans la région de la Chaudière-Appalaches a déposé une pétition à l’Assemblée nationale réclamant une intervention du gouvernement relativement au contenu régional et canadien dans le matériel roulant.

Initiée par le Syndicat des employés de Bombardier La Pocatière–CSN, celle-ci demande au gouvernement de revoir la décision de l’Agence métropolitaine de transport (AMT) d’abaisser les exigences de contenu canadien de 25 à 15 % dans le matériel roulant qu’elle acquiert pour ses opérations.

Dans les faits, l’AMT n’est pas obligée de fixer et de respecter les exigences de contenu qui se retrouvent dans les contrats qu’elle octroie, ce qui menace directement des milliers d’emplois directs et indirects du secteur manufacturier au Québec et l’économie de plusieurs régions, dont celle de la ville de La Pocatière où Bombardier transport fabrique du matériel roulant.

Clément Allard

Mario Guignard, président du Syndicat des employés de Bombardier La Pocatière–CSN, Kathy Beaulieu, secrétaire générale de la Fédération de l’industrie manufacturière–CSN (FIM) et Nancy Legendre, présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent–CSN étaient à l’Assemblée nationale pour le dépôt de la pétition.

 

 

 

Le Canada adhère enfin à la Convention 98 sur la liberté de négociation de l’OIT

Pas moins de 68 ans après son adoption par l’Organisation internationale du travail (OIT), le Canada ratifie enfin la Convention 98 portant sur le droit d’association et de négociation collective.

Le 14 juin devient donc une journée historique pour les travailleuses et les travailleurs canadiens, estime la Confédération des syndicats nationaux (CSN) qui est intervenue à maintes reprises pour amener le gouvernement fédéral à signer les huit conventions fondamentales de l’OIT, dont la Convention 98. Ces dernières concernent l’éradication du travail forcé et du travail des enfants, le droit à l’égalité en emploi ainsi que la liberté d’association et de négociation.

La ministre du Travail, Patricia Hadju,et le directeur général du Bureau international du travail, Guy Rider.
Photo: Anne Pineau

L’adhésion du Canada a une valeur surtout symbolique puisque le droit canadien l’oblige déjà, au même titre que les provinces, à respecter la liberté d’association prévue à la Charte canadienne des droits.

La Cour suprême du Canada a établi depuis 2007 que la liberté d’association inclut la liberté de négociation. La Cour avait indiqué « reconnaître que le droit des travailleurs de négocier collectivement est inhérent à leur liberté d’association (et) réaffirme les valeurs de dignité, d’autonomie de la personne, d’égalité et de démocratie, intrinsèques à la Charte. »

En 2015, la Cour franchissait un autre pas en reconnaissant le droit de grève comme droit fondamental « en raison de sa fonction cruciale dans le cadre d’un processus véritable de négociation collective ».

En campagne

En 1995, l’OIT lançait une campagne intensive de ratification des huit conventions fondamentales. À ce jour, il manque encore 129 ratifications pour que l’objectif de ratification universelle soit atteint. L’adhésion du Canada à la Convention 98 est donc déterminante sur le plan international. À deux ans du centenaire de l’OIT, il devenait urgent pour le Canada de signifier sa pleine adhésion aux principes et aux droits fondamentaux du travail.

Selon la CSN, le fait de ratifier des conventions n’est pas suffisant. Encore faut-il respecter les obligations qu’elles édictent. On est loin du compte au Québec où de nombreuses lois ont été adoptées qui contreviennent au droit de négocier, par exemple, récemment, la Loi 15 sur les régimes de retraite du secteur municipal et les décrets mettant fin à la grève en ordonnant le retour au travail des juristes de l’État et des ouvriers de la construction. Ajoutons à cela la loi 8 qui retire aux travailleurs agricoles le droit de se syndiquer et de négocier collectivement leurs conditions de travail. Le gouvernement Couillard, prétendument si respectueux des chartes des droits, se montre en réalité bien peu tolérant lorsqu’il s’agit de la liberté d’association. La CSN espère que ce gouvernement prendra acte de la ratification de la convention 98 par le Canada.

Pour cette 106e conférence internationale du travail, la CSN était représentée par Anne Pineau, adjointe au comité exécutif.

Cannabis : l’État québécois a un rôle primordial à jouer !

Version complète de la lettre publiée dans Le Devoir

La légalisation du cannabis au Canada vise des objectifs sociaux, de santé publique et de sécurité, qui seront beaucoup plus difficiles à atteindre si Québec choisit de confier la commercialisation au secteur privé. Le gouvernement québécois dit réfléchir actuellement à la question et il annonce une période de consultation qui aura lieu durant l’été. Nous espérons que cette consultation permettra une véritable réflexion qui était jusqu’à maintenant confinée au conseil des ministres et alimentée par un grand nombre de lobbyistes qui œuvrent dans l’ombre pour s’approprier ce marché légalisé. C’est un changement très sérieux qui se profile. Le gouvernement Couillard aurait intérêt à considérer le rôle primordial de l’État si on veut atteindre les objectifs fixés.

En légalisant le cannabis, le gouvernement canadien souhaite que les provinces puissent en encadrer la vente par des règles d’abord motivées par la santé publique. En contrôlant directement la vente, l’État pourra davantage s’assurer que toutes les règles qu’il édicte seront entièrement respectées, voire intégrées aux pratiques d’affaires d’une éventuelle entreprise d’État. N’oublions pas que, pour l’entreprise privée, le leitmotiv, ce sont les profits, pas l’état de santé de la population ! Ces entreprises se bousculent pour accaparer ce marché. Elles possèdent des millions de dollars et plusieurs sont cotées en bourse, car elles sont déjà présentes dans le marché thérapeutique.

De même, en contrôlant la vente de cannabis,  tant thérapeutique que récréatif, l’État serait mieux à même de garantir que les produits disponibles partout sur le territoire proviennent d’une filière économique légitime, dont les pratiques sont rigoureusement encadrées et qui paie ses taxes et ses impôts. Bien que l’État puisse réglementer le secteur privé, même sévèrement, il est utopique de penser, considérant les profits en jeu, qu’aucune entreprise ne cherchera à contourner ses obligations aux dépens de notre intérêt commun, tant en termes de santé publique que de lutte contre la criminalité.

Sortir le crime organisé du commerce du cannabis ne se fera pas par magie en légalisant la vente. Il faudra bien sûr que le cannabis légal soit vendu à un prix concurrentiel mais aussi qu’il soit disponible partout sur le territoire afin de couper les ailes aux trafiquants. Actuellement, même si cela se fait dans la clandestinité, le cannabis est à la portée de tous les adolescents et adolescentes, alors qu’on sait que les jeunes sont plus vulnérables aux conséquences de cette consommation. Pour les trafiquants, ce marché est secondaire car la véritable source de profits se trouve chez les consommateurs plus âgés. C’est en offrant une alternative légale et accessible aux consommateurs adultes qu’on diminuera considérablement le marché noir. Il serait bien sûr utopique de penser que les jeunes n’auront plus jamais accès au cannabis, mais à tout le moins, on peut penser qu’il sera plus difficile pour une personne mineure de s’en procurer, un peu comme c’est le cas pour l’alcool. Il faut saisir l’occasion pour faire en sorte que la logique de la prévention prédomine et que l’information qui est distribuée aux consommateurs soit en accord avec le développement des données de la recherche sur la question.

Pour le moment, beaucoup de données restent à acquérir, tant pour la consommation thérapeutique que récréative. Il faut s’assurer que les commentaires diffusés sur les produits sont en lien avec le développement de la recherche et ne relèvent pas de la fumisterie pour accroître les ventes. De plus, une grande partie des ventes se fera par internet et par la poste. Il faut des sigles gouvernementaux bien identifiés pour que le consommateur sache bien quels sites sont sécuritaires et bien contrôlés. Enfin, il faut s’assurer, considérant la nouveauté de ces produits, que le personnel est bien formé et bénéficie d’une formation continue, surtout considérant que, dans un premier temps, seuls les produits fumés seront disponibles, mais que par la suite, arrivera une foule de produits infusés. Ce personnel ne doit pas non plus subir une pression de vente à tout prix, comme on peut le voir dans les commerces où les vendeurs sont payés à la commission. Il faut s’assurer que l’intégration verticale des compagnies ne puisse être possible, car cela rendrait les contrôles beaucoup plus difficiles sur les produits vendus ainsi que sur l’information qui est donnée au consommateur.

Enfin, de récents sondages montrent qu’une bonne part de la population entretient des craintes légitimes à l’égard de la légalisation. Il nous apparaît qu’un contrôle de la vente par l’État, davantage orienté vers l’atteinte de nos objectifs collectifs que vers la croissance des ventes, sera mieux à même d’apaiser ces craintes face à ce changement important qui interviendra dans un an. Nous croyons que la vente du cannabis ne doit pas se faire dans les établissements où on vend d’autres substances psychoactives, tel que l’alcool. Afin de s’assurer que les objectifs de santé et de sécurité publiques demeurent la priorité d’un tel réseau, il est opportun d’envisager que la responsabilité en soit confiée au Ministère de la santé et des services sociaux ou encore à une entité complètement indépendante du Ministère des finances.

Des profits pour le privé ou pour notre santé et notre sécurité ?

Comme tout commerce, celui du cannabis – tant thérapeutique que récréatif – génèrera des profits. Toutefois, dans les premières années, des investissements importants seront nécessaires pour poursuivre les deux objectifs de santé publique et de sécurité. Notamment, il faudra investir dans :

  • la recherche et la formation continue en lien avec ses résultats;
  • la formation des divers intervenants (dans les écoles, les lieux de vente, les centres d’intervention, etc.) afin qu’ils puissent effectuer la prévention nécessaire et distribuer une information juste pour promouvoir de saines habitudes de vie;
  • la sécurité publique;
  • la mise en place d’une infrastructure de contrôle des marchés de distribution qui fasse en sorte que la réglementation en place soit respectée.

Pour ce faire, il est primordial que ces profits aillent entièrement à l’État et soient consacrés formellement à ces priorités, avec une transparence dans l’usage des fonds. Ceci doit être clair et concret dès le début de la commercialisation. C’est d’autant plus important que l’État tirera d’autres bénéfices financiers de la légalisation par une éventuelle diminution des coûts sociaux, policiers et carcéraux liés à la lutte contre le petit trafic et la consommation clandestine.

La meilleure réglementation, sans les investissements nécessaires pour en faire le suivi, échouera, que la distribution soit publique ou privée.  De plus, une telle réglementation face à une industrie privée puissante sera difficile à mettre en œuvre.

Ainsi, le réinvestissement des profits du cannabis pour les objectifs de santé publique et de sécurité ne peut se faire que si l’État en gère la distribution, tant thérapeutique (pour assurer un suivi adéquat des personnes en besoin de soins), que récréative (pour informer adéquatement le public et prévenir les usages problématiques), et ce en magasin comme en ligne.

Jacques Létourneau
Président, Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Jean-Sébastien Fallu
Professeur agrégé, École de psychoéducation, Université de Montréal

Ianik Marcil
Économiste indépendant

Yves Francoeur
Président, Fraternité des policiers et policières de Montréal

Yves Georges
Président, Fondation Québécoise d’Éducation en Sécurité Routière

Line Beauchesne
Professeure titulaire au département de criminologie, Université d’Ottawa.

David-Martin Milot
M.D., Président, Jeunes médecins pour la santé publique

Kenneth Lester
Professeur adjoint, Faculté de gestion Desautels, Université McGill et Président, Lester Asset Management

Qu’attend Justin Trudeau pour agir ?

La CSN invite ses membres et la population à participer à l’un des rassemblements soulignant les cinq années d’emprisonnement de Raif Badawi en Arabie Saoudite, le jeudi 15 juin à Sherbrooke et Ottawa, et le vendredi 16 juin à Montréal, Québec, Rimouski et Thetford Mines.

La CSN exhorte en outre le premier ministre Justin Trudeau à intervenir personnellement pour faire libérer le blogueur qui est incarcéré depuis le 17 juin 2012. « Personne n’était surpris de constater que Stephen Harper n’agisse pas et laisse croupir Raif Badawi en prison, a déclaré le président de la CSN, Jacques Létourneau. Mais que le premier ministre Justin Trudeau refuse d’assumer un rôle de leader sur la scène internationale sur de la question des droits de la personne dépasse l’entendement. S’il est réellement préoccupé par la liberté d’expression et les droits de la personne, il doit agir sans délai. »

Les rassemblements organisés par Amnistie Internationale

Le jeudi 15 juin

Sherbrooke : à 19 h à Sherbrooke devant l’Hôtel de ville

Ottawa : à 17 h devant l’Ambassade d’Arabie saoudite, 201 Sussex Drive

Le vendredi 16 juin

Montréal : à 17 h 30 devant le Métro Mont-Royal

Québec : à 19 h au coin Grand Allée Ouest et Cartier

Thetford Mines : à 19 h 30 à la Place de la Paix devant le cégep de Thetford Mines (671 boulevard Frontenac Ouest)

Rimouski : à 19 h au centre-ville (Place des Vétérans, rue Saint-Germain)

Exploitation des travailleurs d’agence : qu’attend le gouvernement pour légiférer?

Blogue de Jean Lacharité

Avez-vous lu la série d’articles parus dans le quotidien La Presse, ce samedi, à propos, notamment, des travailleuses et des travailleurs d’agence? À la lecture de ces articles, une question surgit : qu’attend le gouvernement pour légiférer afin de faire cesser l’exploitation dont sont victimes les travailleuses et les travailleurs employés par des agences de placement? C’est la question qu’avait posée la CSN dans le cadre du Rendez-vous national sur la main-d’œuvre en février dernier, et qu’elle réitère ces jours-ci. À l’époque, le premier ministre lui-même avait avoué que la situation était insoutenable « On m’a raconté des histoires à faire dresser les cheveux sur la tête. Ce sont des entreprises instables, qui font faillite et qui renaissent sous un autre nom; les travailleurs se retrouvent souvent abandonnés », avait lancé le premier ministre. Pourtant, depuis, c’est le silence radio.

Soyons honnêtes : c’est une exploitation qui frôle l’esclavagisme, rien de moins. Au 21e siècle, il est tout à fait inconcevable que des femmes et des hommes, immigrants et vulnérables, travaillent dans des conditions aussi affligeantes. Et ne nous y trompons pas, les agences n’emploient pas que des travailleurs sans papiers. Bon nombre d’immigrants reçus n’ont d’autre choix que de se tourner vers ces agences, étant incapables de se dénicher un emploi stable.

L’article le plus frappant de La Presse relate l’expérience d’une femme qui s’est infiltrée incognito dans ces milieux de travail qui sont, avouons-le, d’un autre temps. Cette dernière décrit en détail les conditions déplorables dans lesquelles elle et des centaines d’hommes et de femmes doivent travailler, parfois jusqu’à l’épuisement.

La CSN presse donc le gouvernement de Philippe Couillard de donner suite à sa promesse lancée en février dernier de rouvrir la Loi sur les normes du travail pour améliorer les conditions de travail de ces travailleurs. Il y a urgence d’agir, d’autant plus que le Québec est la seule province canadienne où les agences ne sont pas encadrées légalement.

Selon des données de Statistique Canada, les revenus des agences de placement du Québec se chiffraient, en 2012, à 1,5 milliard de dollars. Rappelons que pour tenir une telle agence et poursuivre ses activités, il n’existe au Québec aucune obligation, ni de s’enregistrer, ni d’obtenir un permis, ni même de faire preuve de solvabilité. Cette absence d’encadrement laisse donc les agences libres de déterminer elles-mêmes leur mode de fonctionnement sans avoir à rendre compte de leurs activités ou des normes qu’elles se donnent.

De plus, puisque les agences n’ont pas à prouver leur solvabilité, plusieurs travailleuses et travailleurs vivent des embûches lorsque vient le temps de recouvrer les sommes qui leur sont dues, particulièrement lorsque les agences ont des difficultés financières, déclarent faillite ou ferment leurs portes tout simplement. Il n’y a aucune obligation d’accorder au salarié-e d’agence les mêmes conditions de travail que celles dont bénéficient, à qualification et à expérience égales ou équivalentes, ceux de l’entreprise cliente qui font le même travail. Cela entraîne d’importantes disparités de traitement en fonction du statut d’emploi.

Un patronat complice?

Dès 2013, la CSN, en collaboration avec d’autres organisations syndicales, déposait au Conseil consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM), une importante recherche mettant en lumière l’urgence d’encadrer légalement ces milieux d’emploi. Mais les représentants patronaux, siégeant aussi au CCTM, avaient refusé de donner suite aux recommandations syndicales. Comment le patronat peut-il tolérer une telle situation? N’a-t-il pas à cœur le sort de ces femmes et de ces hommes?

Poser la question, c’est un peu y répondre.

 

Qu’attend le gouvernement pour légiférer?

Le gouvernement doit légiférer rapidement afin de faire cesser l’exploitation dont sont victimes les travailleuses et les travailleurs employés par des agences de placement. C’est le message qu’avait livré la CSN dans le cadre du Rendez-vous national sur la main-d’œuvre en février dernier, et qu’elle réitère ces jours-ci à la suite de la publication d’une série d’articles dans le quotidien La Presse.

« C’est une exploitation qui frôle l’esclavagisme, dénonce Jean Lacharité, vice-président de la CSN. Au 21e siècle, il est tout à fait inconcevable que des hommes et des femmes, immigrantes et vulnérables, travaillent dans des conditions aussi affligeantes », note-t-il. La CSN presse le gouvernement de Philippe Couillard de donner suite à sa promesse lancée en février dernier de rouvrir la Loi sur les normes du travail pour améliorer les conditions de travail de ces travailleurs. « Il y a urgence d’agir, d’autant plus que le Québec est la seule province canadienne où les agences ne sont pas encadrées légalement. »

Un patronat complice ?

Dès 2013, la CSN, en collaboration avec d’autres organisations syndicales, déposait au Conseil consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM), une importante recherche mettant en lumière l’urgence d’encadrer légalement ces milieux d’emploi. Mais les représentants patronaux, siégeant aussi au CCTM, avaient refusé de donner suite aux recommandations syndicales. « Comment le patronat peut-il tolérer une telle situation? N’a-t-il pas à cœur le sort de ces femmes et de ces hommes? », déclare Jean Lacharité en conclusion.

Jacques Létourneau réélu à la présidence de la CSN

Au terme du 65e Congrès, qui s’est déroulé à Montréal du 5 au 9 juin, les délégué-es des syndicats ont réélu Jacques Létourneau à la présidence de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) pour le prochain mandat d’une durée de trois ans.

Les quelque 1300 délégué-es ont également réélu par acclamation Jean Lortie au secrétariat général, Pierre Patry à la trésorerie, Jean Lacharité à la deuxième vice-présidence, et Véronique De Sève à la troisième vice-présidence. Caroline Senneville a, pour sa part, été portée à la première vice-présidence de la CSN.

Sur le thème Voir loin, viser juste, les délégué-es ont débattu d’un plan d’action conduisant à la prochaine élection québécoise, en octobre 2018. L’objectif sera alors d’interpeller les partis politiques et les différents candidats et candidates sur un ensemble de positions sociales et liées au monde du travail. « Après trois ans d’austérité, nous souhaitons un changement majeur dans les décisions qui sont prises à Québec, a poursuivi Jacques Létourneau. Au bout du compte, nous pourrons appeler nos membres à sortir les libéraux de Philippe Couillard de l’Assemblée nationale. »

De gauche à droite, Véronique De Sève, 3e vice-présidente, Pierre Patry, Trésorier, Caroline Senneville, 1re vice-présidente, Jacques Létourneau, président, Jean Lortie, secrétaire général, Jean Lacharité, 2e vice-président. | Photo : Michel Giroux

ident de la CSN. Ce Manifeste a été rédigé à la suite d’une consultation menée auprès des syndicats au cours de l’automne et de l’hiver derniers. »

Au cours de ce congrès, qui a réuni plus de 2500 personnes, des propositions sur la vie syndicale ont aussi été adoptées par les délégué-es afin de renforcer l’action des syndicats à tous les niveaux. Il est possible de visionner l’ensemble des vidéos réalisées durant le congrès.

Deuxième mandat pour Véronique De Sève

Véronique De Sève a remporté l’élection face à Félix Sylvestre, officier du syndicat des employé(e)s du centre hospitalier universitaire de Montréal. Elle entame donc son deuxième mandat à la vice-présidence avec un programme défini dont la vie syndicale, la relève et l’égalité femmes-hommes sont les pierres angulaires.

« Le congrès a été clair, la question de la vie syndicale est délaissée depuis les dernières années et tout doit être mis en œuvre pour la revaloriser. On va devoir prendre le taureau par les cornes, mais au fond, il s’agit d’une sorte de retour aux sources! Tous les prétextes vont être bons pour travailler à une vie syndicale dynamique. Il faut nous reconnecter avec la base, lancer des discussions et inviter les membres à y participer activement, les sensibiliser aux enjeux qui les concernent, donner de la formation politique. Il va falloir le faire de concert avec les fédérations et les conseils centraux, qui sont une force extraordinaire pour le mouvement. Concrètement, ça implique d’être plus présents sur le terrain, se mêler aux membres, échanger avec eux dans le cadre d’assemblées de cuisine, de pique-niques, etc.

La question de la relève syndicale sera également prioritaire pour les trois prochaines années. On n’a pas le choix : il faudra redoubler d’ardeur pour susciter la curiosité des jeunes envers le syndicalisme, et bien évidemment, pour mieux favoriser l’intégration des membres des communautés culturelles et des femmes aux exécutifs syndicaux.

Une meilleure participation des femmes passe par une reconnaissance concrète de leur réalité. La CSN a développé des outils pour que les syndicats, les conseils centraux et les fédérations puissent mieux encourager l’implication syndicale des femmes, entre autres par le biais de l’analyse différenciée selon les sexes. Une telle analyse appliquée projet par projet, mesure par mesure, est la meilleure façon d’y parvenir. On va mettre tous les efforts nécessaires afin que l’analyse différenciée selon les sexes devienne un réflexe pour nos syndicats sur le terrain. »

L’union fait la force

L’Accord économique et commercial global (AÉCG) entre l’Union européenne et le Canada et le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) actuellement en négociation avec les Américains créeront non pas une zone de libre-échange, comme certains le prétendent, mais bien un marché commun. Ils transformeront les services publics en marchandise et feront reculer les États en mettant en avant un marché qui devra s’autoréguler. Une nouvelle conception de la politique émerge. La pression pour harmoniser les normes de production, environnementales et en santé, deviendra insupportable pour les gouvernements qui ont déjà instauré des mesures de régulation. Pire, les États devront faire approuver toutes nouvelles normes nationales par un organisme international de coopération réglementaire.

Les citoyennes et citoyens organisent leur riposte et deviennent activistes. En Belgique, se multiplient Flash mob durant les réunions politiques et économiques et détournement du message des panneaux publicitaires. Une pétition recueille trois millions de signatures contre le TTIP. Soumis à la pression populaire, le Parlement wallon bloque l’AÉCG et demande à la Cour de justice européenne d’examiner les aspects juridiques de la nouvelle Cour d’arbitrage prévue au traité. Jérôme Vivenza, Membre de la Commission exécutive confédérale de la Confédération générale du travail (CGT) souligne respectueusement que c’est l’un des plus petits pays d’Europe qui est parvenu à bloquer cet accord.

En toute objectivité, la Confédération des syndicats chrétiens (CSC-ACV) et la Fédération générale du travail (FGTB), deux organisations syndicales belges, ne s’en attribuent pas le mérite. « La société civile s’est mobilisée. Les syndicats étaient présents, mais d’égal à égal avec les organismes populaires et non gouvernementaux. L’exposé de Christian Nadeau cadre assez bien avec le fil des événements en Belgique. C’est un véritable mouvement citoyen qui a forcé les politiciens à questionner les dispositions du traité », souligne pour sa part Silvana Bossio, secrétaire nationale de la CSC-ACV.

Les politiciens ont bien tenté de diviser les Belges notamment en plantant le clou de la vieille rancœur entre les Flamands et les Wallons. « Les impacts d’un tel traité sont trop importants. Nous avons travaillé ensemble et nous continuerons à mener cette bataille ensemble avec la société civile », précise Yolanda Lamas du Service des relations internationales et européennes de la FGTB.

La mobilisation se poursuit. « Notre force est la société civile. Aucun syndicat ne doit jouer le rôle de chef d’orchestre d’un tel mouvement de contestation, mais il doit cependant en faire partie », conclut Jérôme Vivenza.

Soulignons que la devise nationale de la Belgique est « L’union fait la force ».


Photo : Michel Giroux

Un vaste chantier s’amorce

Une importante proposition portant sur la vie syndicale a été adoptée mercredi en fin de journée. Après de longs, mais constructifs débats, la proposition mise au jeu à la première journée du congrès a finalement fait consensus.

Que dit cette proposition ? Qu’au plus tard au 31 décembre prochain, une analyse des besoins des syndicats en matière de vie syndicale soit menée dans tous les conseils centraux, en collaboration avec les fédérations. Bien évidemment, les syndicats seront au cœur de cette consultation. Un rapport d’étape devra aussi être présenté, un plan d’action sera par la suite élaboré.

L’importance de la vie syndicale   

Tous conviendront que la vie syndicale est au cœur de l’action militante. Sans une vie syndicale active, c’est le rapport de force qui tombe à plat. Mais comment s’y prendre pour réussir sa vie syndicale ? Comment faire pour que nos assemblées générales soient davantage fréquentées, pour que nos membres soient entendus, pour partager les solidarités ?

Personne n’est mieux placé pour répondre à ces questions que les syndicats eux-mêmes. Que ce soit en partageant leurs bons coups, en échangeant sur les difficultés rencontrées, et en n’ayant pas peur de revoir les façons de faire traditionnelles, les syndicats auront l’occasion de dégager des pistes de solutions intéressantes qui profiteront à l’ensemble du mouvement.

Place aux échanges.

Debout malgré tout 

« En Palestine, c’est pas comme ici. Notre réalité, nos défis sont d’un autre ordre », lance d’entrée de jeu Manawel Issa Abdelall, membre du comité exécutif de la Palestine General Federation of Trade Union.  

L’organisation syndicale compte environ 200 000 membres. De ce nombre, 30 000 travaillent en Israël et possèdent un permis de travail, 30 000 autres travaillent aussi en Israël, mais ne possèdent pas de permis. La Fédération compte aussi plusieurs dizaines de milliers de membres qui travaillent dans les territoires occupés alors que d’autres ne possèdent qu’un permis commercial et non de travail, mais se rendent tout de même en Israël pour y trouver un travail. Des réalités complexes, qui soulèvent de nombreux défis pour les représentants de la Fédération, qui reçoivent en cotisation la modique somme de 8 $ par année, par membre. « Mais bien souvent, nos membres sont tellement pauvres que nous n’exigeons pas les sous. Ils en ont trop besoin », explique M. Abdelall. 

Les besoins des syndiqués palestiniens

Malgré la présence de l’organisation syndicale, les Palestiniens ne connaissent que très peu leurs droits. C’est pourquoi la fédération travaille très fort pour créer des alliances avec les groupes militants bien structurés ailleurs dans le monde. « En Palestine, on a besoin du support de tous. L’apport des organisations syndicales, des ONG, est primordial pour nous aider à informer nos membres de leurs droits, à l’aide notamment de documents », note-t-il. 

En Palestine, il existe deux lois touchant au travail. Une loi israélienne et une loi palestinienne. « Selon la loi palestinienne, le salaire minimum est de 1400 $ par mois. Selon la législation israélienne, le salaire minimum est de 400$ par mois. Mais trop souvent, lorsque le conciliateur doit trancher, il impose la loi jordanienne, qui prévoit un salaire encore beaucoup plus bas », relate, impuissant, l’élu de la fédération. 

La réalité du travail en Israël

De nombreux membres de la Palestine General Federation of Trade Union se rendent travailler en Israël. Ceux qui possèdent un permis sont relativement mieux protégés que ceux qui n’en ont pas. « Si un travailleur se blesse, son employeur viendra le porter au point de contrôle à la frontière et téléphonera à sa famille afin qu’il vienne le chercher. Il ne recevra pas d’aide. Si un travailleur qui possède un permis de travail se blesse, il aura les soins nécessaires. Mais aucun d’entre eux n’ont droit au moindre avantage social. S’ils perdent leur emploi, ils n’auront rien ». Généralement, les travailleurs reviennent en Palestine après leur journée de travail. Mais il arrive parfois qu’un travailleur traverse, et qu’on n’en entende plus parler pendant un mois. « Le travailleur va coucher dans les montagnes ou des cavernes pour se cacher. »

Deux milliards dans les coffres israéliens

« Un de nos plus importants problèmes, c’est que toutes nos cotisations de sécurité sociale payées depuis les années 70 à ce jour sont retenues dans les coffres du gouvernement israélien », dénonce Manawel Issa Abdelall. Pourtant en 1994, dans le cadre de l’Entente de Paris convenue entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine, il avait été convenu que les sommes détenues par Israël seraient transférées au moment où la Palestine se doterait d’un programme de sécurité sociale. « Aujourd’hui, même si la structure est en place, Israël refuse de transférer notre argent. C’est un immense problème ! », note M. Abdelall.

Malgré tous les obstacles, Manawel Issa Abdelall et ses militants se tiennent debout. Et étonnamment, notre congrès les aide dans leurs luttes. « Participer à des congrès comme celui-ci, c’est tellement précieux, ça permet de tisser des liens avec des collègues du Canada bien sûr, mais aussi d’Afrique, d’Amérique latine, d’Europe, etc. Mine de rien, ça aide tous les travailleurs de la Palestine », conclut M. Abdelall, qui participe pour une deuxième fois au congrès de la CSN.

Appuyer l’autonomisation des femmes au Mali et au Sénégal

Thérèse Diarra et Mame Saye Seck sont deux militantes syndicales africaines impliquées dans des projets d’économie sociale et solidaire. La première est une sage-femme malienne. La deuxième une enseignante sénégalaise. Toutes deux participent à des projets appuyés par la CSN. Leur objectif : aider les femmes de l’économie informelle à s’organiser et à s’autonomiser.

Permettre aux femmes du Mali de se prendre en charge

Thérèse Diarra est responsable du Département de l’économie informelle, de la protection sociale et des retraité-es à la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM). Elle a profité de sa présence à son premier congrès de la CSN pour témoigner de l’impact du projet d’économie sociale et solidaire sur les femmes.

Cette initiative créée par la CSTM a permis de former des femmes et des hommes qui travaillent dans plusieurs secteurs de l’économie informelle. C’est le cas pour les teinturières, pour celles et ceux qui travaillent dans le sable et le gravier et pour les vendeuses de poisson.

Le projet qu’elle a coordonné a été un véritable succès. En trois ans, il a permis à plus de 900 femmes de s’organiser. Dès la deuxième année, la demande des femmes était tellement forte qu’il n’a pas été possible de répondre à la demande de tout le monde.

Un bon exemple de ce succès est celui de la présidente du premier groupe formé par le projet du Mali. Depuis sa formation et son implication auprès des femmes de son groupe, elle visite maintenant plusieurs pays d’Afrique pour former d’autres groupes de femmes.

L’implication de ces femmes leur a permis de se prendre en charge et d’améliorer leur niveau de vie. En se regroupant, elles ont fondé une caisse d’entraide pour financer des améliorations de leurs activités. À terme, l’objectif serait de créer une coopérative qui regrouperait l’ensemble des secteurs touchés par le projet.

Thérèse Diarra lance ce message aux délégué-es du congrès de la CSN : la solidarité internationale permet d’aider ces femmes qui se battent dans l’ombre.

Contre l’injustice, les femmes sénégalaises s’organisent

Le projet mené au Sénégal a permis d’appuyer des travailleuses dans cinq secteurs de l’économie informelle. Mame Saye Seck a été au cœur du projet dès le départ à titre de chargée des projets de l’économie sociale et solidaire à l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS).

Photo : Raynald Leblanc

Pour s’assurer que le projet soit un succès, ils ont pris la décision de le concentrer à Dakar et ses banlieues. L’objectif était de trouver une alternative aux fonds de microfinance en permettant aux travailleuses de s’organiser entre elles et d’épargner pour financer leurs activités. Trop souvent les fonds de microfinance mettent une pression forte sur les travailleurs et travailleuses. C’est pourquoi il est important d’appuyer l’autonomisation économique de ces travailleuses.

Durant les trois années du projet, plusieurs femmes ont reçu des formations. Pour ces travailleuses, l’économie sociale et solidaire est un levier pour leur développement. Tout naturellement, ces femmes ont choisi le modèle coopératif pour développer leur projet.

Avec l’aide de la CSN, ces femmes ont obtenu les outils pour bâtir leurs activités sur des bases solidaires. Ces formations étaient d’ailleurs ajustées pour que ces travailleuses, dont plusieurs sont analphabètes, soient en mesure d’améliorer leurs conditions de vie. Et ces formations permettent même d’aider à les alphabétiser en rendant plus concret l’apprentissage de la langue.

Énergisée par les débats du congrès, Mame Saye Seck retournera au Sénégal pour poursuivre le travail avec les femmes de l’économie informelle. Le syndicalisme combatif reste la clé pour œuvrer ici comme ailleurs pour la justice sociale.

Les robots et nous

Ce mercredi, des délégué-es ont participé à un dîner-causerie sur les impacts des robots en santé et sécurité du travail. Apparus pour la première fois en contexte industriel dans les années 60, les robots et les machines automatisées se sont multipliés de façon exponentielle. Depuis le début des années 2000, le phénomène est en explosion et ces technologies sont au cœur de la 4e révolution industrielle actuellement à l’œuvre dans les économies avancées.

Ingénieur à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail, Damien Burlet-Vienney se spécialise dans les liens entre la robotisation des milieux de travail et la santé-sécurité. En ouverture, il a d’abord dressé un portrait de la situation. Il y a actuellement plus de deux millions de robots industriels dans le monde, dont quelques milliers au Québec. Les progrès réalisés ces dernières années en intelligence artificielle, en miniaturisation, en informatique, en robotique, ont ouvert un éventail de possibilités presque infini. Bref, les robots sont là pour rester et ils seront de plus en plus nombreux. Et ils se raffinent!

Il y a à peine quelques décennies, les robots industriels étaient d’énormes machines automatisées travaillant dans des endroits isolés de tout contact direct avec les travailleuses et les travailleurs. Toutefois, l’avenir est dans les robots collaboratifs, les « cobots » et d’autres robots qui interagissent avec l’individu. Il s’agit de robots capables de « penser », ils sont programmables et puissants. L’étendue des tâches qu’ils peuvent faire « en équipe » avec un humain est pratiquement sans limites. Des petits transporteurs aidant à la manutention de colis aux véhicules automatisés aux bras robotisés et aux exosquelettes complets, la technologie évolue à un rythme effarant. Au Japon et en Allemagne, des robots d’assistance à la personne ont été testés avec succès pour le transport de patients dans les hôpitaux !

Bref, les interactions avec les robots seront de plus en plus présentes dans nos milieux de travail. Afin de prévenir tout risque pour la santé et la sécurité, diverses variables devront être prises en compte. Comment ce robot réagira-t-il devant un risque de collision avec un humain ? Peut-il être guidé manuellement ou facilement reprogrammé ? Est-il pleinement sécurisé sur le plan informatique ? Comment contrôle-t-il sa vitesse de déplacement ? L’IRSST finalise d’ailleurs actuellement une étude de quatre cas québécois qui sera bientôt en ligne sur son site Web.

Certes, des normes sont édictées afin de s’assurer de la sécurité. Le chercheur note toutefois que l’Europe est beaucoup plus avancée que l’Amérique du Nord en termes de normalisation et de règlementation.

Prévention des risques

Il y a quatre grandes catégories de risques qui doivent être pris en compte dans la prévention des accidents et des maladies dans ce nouveau rapport entre l’humain et la machine en milieu de travail.

Premièrement, il y a tout ce qui a trait aux risques de collision. La technologie évolue rapidement pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de collision ou qu’elles n’entraînent pas de blessures. Néanmoins, toutes les situations de contact ne sont pas équivalentes et le robot n’est pas toujours en mesure de faire la différence entre une tête ou une main.

Deuxièmement, il y a une panoplie de risques psychosociaux, un domaine que l’IRSST devra approfondir davantage de l’aveu du chercheur. Pensons à l’isolement, au rythme du travail et la transformation de l’organisation du travail induits par l’apparition de ces robots.

Troisièmement, il y a les troubles musculo-squelettiques. En théorie, les cobots devraient réduire ces risques en effectuant à la place du travailleur des tâches répétitives ou en lui prêtant assistance dans la réalisation de travaux très physiques. Néanmoins, il y a un risque que les outils ne soient pas utilisés correctement ou que la cadence de travail soit trop rapide. Bref, si on ne fait pas de prévention correctement, il pourrait en découler un simple déplacement de ces problèmes à une autre partie du corps !

Enfin, il y a tout le volet de l’entretien de ces équipements sophistiqués qui est capital. Il doit être adapté, régulier et assurer en tout temps le respect des normes de sécurité.

Bref, c’est tout un champ d’action syndicale qui s’ouvre avec cette nouvelle révolution technologique et pas seulement en santé et sécurité du travail. Pour Damien Burlet-Vienney, la robotisation peut contribuer positivement à la santé-sécurité, si elle est bien encadrée. Notons la possibilité d’éloigner les travailleuses et les travailleurs des zones de danger, de diminuer la nécessité de travailler dans des positions contraignantes et de multiplier les efforts physiques, la diminution des gestes répétitifs en plus de faciliter l’employabilité de personnes avec contraintes physiques ainsi que de favoriser et stimuler la créativité des travailleuses et des travailleurs.

Des pays et des luttes

Confrontés à des défis importants, des représentants syndicaux de France, de Belgique, d’Haïti et du Sénégal, ont mis en commun les éléments de leurs stratégies d’action pour se renouveler ou s’implanter, voire pour survivre.

Avec les coupes budgétaires répétées dans les services publics en Belgique, les gouvernements successifs ont contribué sans le vouloir à la création d’un mouvement citoyen sans précédent. Les militantes et militants d’organisations diverses ont travaillé à des objectifs communs, malgré des modes de fonctionnements aux antipodes. Il n’y a pas juste au Québec qu’on peut lutter ensemble. En France, on fait le constat qu’il faut connaître son monde pour orienter son action! Une vaste enquête a donc été lancée par la Confédération française démocratique du travail auprès de 200 000 travailleuses et travailleurs, syndiqués comme non syndiqués. La quantité impressionnante des données recueillies sera fort utile.

En Haïti, l’État et les patrons s’unissent pour réprimer tout mouvement de défense des droits au travail. Dans un contexte où les syndicats agissent sur une base bénévole puisqu’ils ne bénéficient d’aucune cotisation, la lutte est aride. Parfois, elle porte sur la survie même du mouvement. Le combat vise la corruption et l’exploitation et se fait surtout par de la mobilisation et de l’activisme politique.

Au Sénégal, l’économie informelle échappe à la régulation de l’État, alors qu’elle génère 85 % des emplois au pays. L’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal a investi ce secteur grâce à une approche participative impliquant le mentorat, l’alphabétisation, la formation, l’entreprenariat collectif, le développement de l’estime de soi, la production d’outils de gestion. Pour mesurer le succès de l’entreprise, rien de mieux que de citer les mots de l’une de ces militantes. « Quand je me retourne, je me demande comment nous avons pu, nous les exclues, faire tout ce chemin. Comment nous avons pu prendre la parole, acquérir une coopérative à nous, un terrain à nous. Aujourd’hui, j’arrive à signer des papiers, à utiliser mon téléphone et à lire. J’ai confiance en l’avenir. »


Dans la photo :

  • Silvana BOSSIO, Secrétaire nationale, Confédération des syndicats chrétiens – Belgique
  • Mariano FANDOS, Secrétaire confédéral, Confédération française démocratique du travail
  • Georges Wilbert FRANCK, Coordonnateur général, Union Nationale des Normaliens/nes et Educateurs/trices d’Haïti
  • Mame Saye SECK, Coordonnatrice de projets chargée de l’économie sociale et solidaire, Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal

Photographe: Raynald Leblanc

Travailler sans salaire

Les enseignantes et enseignants ont toujours œuvré dans des conditions difficiles en Haïti. Le plus criant pour Georges Wilbert Franck, coordonnateur général de l’Union nationale des normaliens/normaliennes et éducateurs/trices  d’Haïti (UNNOEH), est le problème du salaire. On compte environ 30 000 enseignantes et enseignants au niveau des institutions publiques de formation. Cependant, près de 5000 sont en situation irrégulière et ne reçoivent aucun traitement depuis… cinq ans. Celles et ceux qui reçoivent un salaire – dérisoire – peinent à faire face devant la dégradation de la situation économique, l’augmentation vertigineuse du prix des produits pétroliers et les catastrophes naturelles. La vie est chère et difficile.

Le syndicaliste souhaite des changements majeurs dans son pays. Comme ici et dans plusieurs pays du monde, l’UNNOEH revendique que l’éducation devienne une véritable priorité nationale. L’Union nationale soutient avec fermeté le développement d’un système d’éducation de qualité, universel, accessible et gratuit permettant, à terme, la fin du financement public des écoles privées. Québec, Haïti, même combat !