La CSN prône la distribution du cannabis par un organisme étatique

Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), l’État québécois doit prendre en charge la distribution du cannabis afin d’en assurer un commerce responsable et de contrôler tous les leviers permettant d’atteindre les objectifs gouvernementaux en termes de santé et de sécurité publiques. La CSN présentera son mémoire sur la question vendredi matin, de même que le Syndicat des employé(e)s de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB–SAQ), à l’occasion de la consultation publique sur l’encadrement du cannabis.

« À notre avis, le défi du gouvernement est de trouver un mécanisme de régulation capable de minimiser les principaux problèmes sociaux et de santé associés à l’usage du cannabis tout en neutralisant l’action du crime organisé sur ce marché, explique le président de la CSN, Jacques Létourneau. Selon nous, la légalisation du cannabis doit se faire dans cette perspective et la mise en place d’un réseau relevant directement de l’État est le meilleur moyen d’atteindre ces objectifs ».

Pour la CSN, la SAQ pourrait être appelée à jouer un rôle primordial grâce à l’expertise acquise dans la commercialisation de l’alcool. Il faut toutefois éviter que le commerce de l’alcool et du cannabis ne se fassent dans une même boutique. La CSN estime qu’un monopole public garantirait la qualité et constituerait le meilleur rempart contre le commerce illicite. De plus, il s’agit d’un modèle qui a fait ses preuves pour limiter l’accès des jeunes au produit.

Une société d’État serait en mesure de limiter le nombre de point d’accès, de s’assurer qu’ils ne soient pas situés près des clientèles à risque, de restreindre les heures d’ouverture des magasins. Une société d’État peut en effet intégrer à même son mandat des considérations sociales.

De son côté, le secteur privé n’est motivé que par les profits qu’il peut réaliser. L’État aurait fort à faire pour assurer un contrôle étroit de l’approvisionnement et des pratiques de multiples commerces privés. En outre, la CSN souligne que pour contrer le crime organisé sans encourager la consommation, un équilibre devra être trouvé quant au prix de vente. La promotion de ces produits devrait être bannie. Enfin, pour atteindre les objectifs, il faudra que le personnel en magasin soit stable, qu’il connaisse la clientèle et qu’il soit bien formé pour être en mesure d’informer correctement les clients et les accompagner dans leurs choix. Or, en général, dans le commerce de détail, le taux de roulement du personnel est très élevé et les employeurs offrent trop peu de formation.

 « La légalisation doit être l’occasion de mettre la santé publique et la prévention à l’avant-plan, poursuit Jacques Létourneau. On ne peut pas en faire une business comme les autres. On a des responsabilités collectives, en particulier envers les personnes qui sont les plus vulnérables, notamment les jeunes. Nous sommes d’avis que la légalisation ne doit pas être un moyen pour l’État de financer ses services ; encore moins pour des entreprises privées de réaliser plus de profits. Nous invitons d’ailleurs le gouvernement à s’engager à investir toutes les recettes éventuelles du commerce du cannabis pour le financement d’activités et de services de prévention, d’éducation et d’information ».

La loi 101 : 40 ans de fierté

À l’occasion du 40e anniversaire de la Charte québécoise de la langue française, la table de concertation Partenaires pour un Québec français (PQF) lance une campagne nationale de fierté sur la loi 101. Sous le thème : La loi 101 : 40 ans de fierté. Toujours à la mode, depuis 1977, PQF souhaite notamment rappeler les progrès réalisés grâce à l’adoption de la Charte. Ces célébrations seront l’occasion pour la dizaine d’organisations de la société civile formant PQF de réitérer l’importance du français comme seule langue commune et officielle du Québec. En s’appuyant sur les progrès réalisés depuis 40 ans, PQF fera valoir ses revendications auprès du gouvernement dans les prochaines semaines, notamment un renforcement de la loi 101 .

« Notre objectif est de faire en sorte que la société québécoise se réapproprie avec fierté cet outil, toujours aussi utile que nécessaire, qu’est la Charte de la langue française. Aujourd’hui, nous lançons un appel à poursuivre le renforcement du français au Québec tout en entretenant la fierté de faire du français la langue commune du Québec, et ce, dans tous les domaines de la vie ! », déclare Éric Bouchard, coordonnateur de PQF. « La loi 101, ce n’est pas une relique d’une autre époque. Elle demeure tout à fait pertinente en 2017. Nous pensons qu’il est important de profiter de ce 40e anniversaire pour rappeler à quel point la Charte a permis de définir le Québec contemporain ».

Des succès sur tous les fronts

« Avec la loi 101, le français est devenu la langue d’enseignement et de l’intégration au Québec, rappelle la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot. Même si notre langue doit toujours être promue et protégée, nous pouvons dire aujourd’hui que le français permet à de nombreux Québécois et Québécoises de se réunir, peu importe leur origine. C’est un acquis précieux pour le vivre-ensemble au sein de notre société. »

« L’apprentissage et la maîtrise de la langue française permettent non seulement d’accéder au patrimoine culturel du Québec et de se l’approprier, mais aussi de partager et d’enrichir une culture commune, peu importe nos origines. De plus, comme langue d’enseignement, le français donne à l’école publique un moyen d’assurer sa mission de mixité sociale, d’où l’importance de la préserver et de la célébrer aujourd’hui ! », renchérit le président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Sylvain Mallette.

« De même, en instaurant le français comme langue des institutions publiques, le Québec a marqué clairement que le français est la seule langue commune au Québec. Il faudra demeurer vigilant devant certaines tendances à une ’’ bilinguisation ’’ de nos institutions », poursuit le président du Syndicat de la fonction publique et parapublique (SFPQ), Christian Daigle.

« Dans les milieux de travail, les progrès réalisés en 40 ans sont remarquables. Il n’y a pas si longtemps, l’anglais était répandu dans toutes les usines où travaillaient une écrasante majorité de francophones, rappelle le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jacques Létourneau. Les obligations édictées par la loi, les comités de francisation, tout comme le progrès général du français langue commune ont contribué à franciser les milieux de travail. Il y a encore des progrès à faire dans certains milieux mais il convient de souligner tout le chemin parcouru ».

« Nos artistes et leurs œuvres incarnent depuis des décennies une prise de conscience sur notre culture distincte, francophone et fière de l’être. L’adoption de la loi 101 symbolise le volet législatif de cette éclosion de la culture québécoise enracinée dans la langue française, ainsi que de notre volonté de l’affirmer et de la protéger, ajoute la présidente de l’Union des artistes (UDA), Sophie Prégent. Confrontée aux changements démographiques, sociaux ou technologiques, cette loi doit aujourd’hui être renforcée pour s’adapter aux mouvements de notre société. »

La campagne nationale s’étalera sur les prochaines semaines, notamment dans les médias sociaux des organisations de PQF. Des affiches seront également apposées dans de nombreux lieux publics et milieux de travail. Elle vise à rappeler les grands progrès réalisés par le français langue commune, grâce à la Charte, autour de quatre grands thèmes, soit : l’enseignement et l’inclusion, la langue de travail, la langue des institutions et la culture. Sur le site Web de PQF, on retrouvera divers contenus dressant un portrait historique mais également les grands enjeux actuels. PQF appelle donc la population à afficher fièrement son amour pour la langue française et à souhaiter un joyeux anniversaire à la Charte de la langue française. Vive la loi 101 !

Court métrage

De plus, PQF a dévoilé ce matin la bande-annonce du nouveau court métrage « L’adoption de la Charte de la langue française » réalisé dans le cadre de la série Je me souviens, un projet du Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ) dont la production déléguée a été confiée à Babel Films. Le court métrage sera disponible dès samedi matin 26 août sur la page Facebook du collectif Je me souviens ainsi que sur le site du MNQ.

PQF presse le gouvernement d’agir

Le 40e anniversaire de la Charte représente aussi l’occasion, pour PQF, de faire valoir, une fois de plus, ses revendications auprès du gouvernement. Depuis novembre 2012, la table fait pression pour que des modifications législatives soient apportées à la loi 101 afin de rehausser le statut du français dans l’espace public. Malgré ses multiples interventions auprès des élu-es et dans les médias, rien n’a été fait par le gouvernement du Québec.

« Non seulement le gouvernement ne peut plus ignorer le recul du français au Québec, mais il y a urgence d’agir, notamment sur le plan de la langue au travail. Il faut également combattre le bilinguisme institutionnel et les organisations partenaires pour un Québec français comptent toutes mettre l’épaule à la roue. C’est pourquoi nous exigeons du gouvernement une réforme majeure de la Charte de la langue française. Le 5 septembre, nous aurons l’occasion de présenter nos arguments lors d’une rencontre avec le ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française, Luc Fortin », conclut le président de la Société Saint-Jean-Baptiste, Maxime Laporte.

Pour connaître les propositions de PQF, visitez le site : partenairesquebecfrancais.com.

Les mauvaises conditions en cause

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) est catégorique : le Regroupement québécois des résidences pour aîné-es se trompe de cible lorsqu’il dit que les résidences privées pour aîné-es peinent à trouver des préposé-es en raison de la concurrence déloyale du secteur public.

« Prétendre que le secteur public est en cause, c’est faire abstraction des très sérieux problèmes dans les centres d’hébergement privés, s’exclame le président de la fédération, Jeff Begley. Si ces centres ont du mal à recruter, il ne faut pas chercher de midi à quatorze heures pour en trouver les raisons : les conditions de travail dans ces centres sont souvent mauvaises. Dans bien des endroits, la rémunération frise le salaire minimum. Et maintenant, M. Desjardins et ses membres envahissent les tribunes en se disant surpris d’avoir du mal à trouver des préposé-es ? Moi, je ne pense pas qu’ils sont à ce point surpris . Je pense qu’ils connaissent le vrai problème. »

Pour Gilles Gagné, représentant du secteur des centres d’hébergement privés à la CSN, la difficulté de ces résidences à trouver des préposé-es résulte aussi, en grande partie, de la surcharge de travail et du manque de formation du personnel. « On demande aux travailleuses et travailleurs des résidences de tout faire : une cuisinière sera appelée à remplacer à la réception, une préposée aux chambres devra servir les résidents lors des repas… Les gens courent et sont à bout de souffle. Ce n’est pas étonnant du tout que le personnel ne reste pas. Dans certaines résidences, le taux de roulement est de 100 % ! », souligne-t-il.

« La condition des aîné-es dans ces résidences s’alourdit d’année en année alors que les préposé-es ne reçoivent pas la formation nécessaire pour faire face à cette clientèle. C’est intenable », ajoute Gilles Gagné.

« Nous l’avons répété depuis le début de notre négociation coordonnée : les travailleuses et travailleurs de ce secteur méritent mieux. Beaucoup mieux. Ils travaillent à la sueur de leur front pour nos aîné-es à des conditions dérisoires. Tout au long de cette négociation, nous avons notamment revendiqué une augmentation de salaire de 1,50 $ l’heure sur trois ans, et une meilleure formation des employé-es. Bien sûr, nous avons eu gain de cause dans plusieurs endroits, mais non sans batailler ferme. Ce n’est qu’un petit pas dans la bonne direction. Les employeurs se font encore tirer l’oreille alors qu’il s’agit de demandes tout à fait raisonnables. Qu’ils cherchent donc dans leur cour les raisons de leurs problèmes de rétention de personnel, ils vont trouver les réponses », conclut Jeff Begley.

 

Des risques pour la qualité de vie des nouveaux arrivants

La CSN est préoccupée par les chiffres alarmants de Statistique Canada selon lesquels le français a continué de reculer en 2016 au Québec. Elle estime en outre que les montants alloués en matière de francisation ne correspondent pas aux besoins réels, puisqu’ils ne sont pas établis selon le nombre d’immigrants reçus.

La situation est particulièrement préoccupante dans les milieux de travail, estime la centrale. L’exigence de bilinguisme augmente et la proportion de personnes travaillant généralement en français est de 66 %, soit un taux similaire à ce qui existait avant l’adoption de la Charte de la langue française. « Le français se détériore d’année en année et les moyens pour appliquer la loi 101 sont insuffisants. Or, c’est elle qui garantit aux Québécoises et aux Québécois, entre autres choses, le droit de travailler en français. Si la langue française n’est pas perçue comme étant utile dans les milieux de travail, les nouveaux arrivants ne seront pas portés à l’apprendre », souligne le trésorier de la CSN, Pierre Patry.

Rappelons qu’une récente étude de l’IREC relatait que plus de 200 000 immigrants et immigrantes, soit 20 % de l’ensemble de la population immigrée du Québec, ne parlaient toujours pas français en 2011. « Quand elles s’installent au Québec, les personnes ont souvent plusieurs obligations financières et doivent se trouver rapidement un emploi. Un meilleur financement en francisation est absolument nécessaire pour que l’apprentissage du français soit plus attrayant, autant pour les emplois à temps plein que pour les postes à temps partiel », poursuit Pierre Patry.

Le trésorier de la CSN n’en démord pas : l’apprentissage de la langue est la meilleure façon pour les nouveaux arrivants d’avoir de meilleures conditions de travail et de vie, de se prémunir contre les risques associés aux accidents et aux maladies professionnelles et de faire respecter leurs droits. « Différentes études consultées ont montré comment les barrières linguistiques limitent la nature des emplois occupés par les immigrants, nuisent à la connaissance des lois et des ressources en santé et sécurité et isolent les travailleurs et travailleuses. Apprendre le français, c’est travailler socialement à la qualité de vie de toutes et de tous au Québec », conclut-il.

 

 

Hoodstock we rise / on s’élève – édition 2017

Le 11, 12 et 13 août 2017 se tiendra la quatrième édition du forum social de Montréal-Nord, Hoodstock. Cette édition a été pensée dans la continuité de la précédente et fera écho aux conférences et discussions qui s’y sont tenues, tout en donnant un élan supplémentaire et en transformant les discussions et apprentissages en actions. Ainsi, Hoodstock 2017 sera consacré à la célébration du génie des personnes racisées qui déploient leur plein potentiel pour devenir les acteurs et les actrices de leur élévation collective.

HOODSTOCK est un «hub» générateur de projets innovants
Hoodstock en 2017 se transforme en «hub» générateur de projets pouvant transformer concrètement la vie des citoyen-nes de Montréal-Nord. Ainsi le samedi 12 août de 13h à 15h, six projets seront présentés par des militant-e-s qui œuvrent au quotidien à améliorer la vie citoyenne, en s’attaquant de front aux injustices et aux inégalités systémiques par des projets et des idées ingénieuses. Les projets mis de l’avant cette année seront axés sur la culture, les médias, la santé, la recherche, le numérique, la justice et la création d’emploi.

Certains de ces projets, tels que le projet des cliniques de proximité et le service Juripop, seront même expérimentés grâce à des kiosques éphémères de services publics offerts aux citoyen-nes toute la journée du 12 août.

HOODSTOCK bâtit un réseau de solidarité international
Par ailleurs, plusieurs conférences-ateliers sont prévus avec des invités de renom venus de France, des États-Unis et du Canada pour échanger sur leurs meilleures pratiques et réfléchir, le temps d’un forum, à comment bâtir un réseau de solidarité à l’international. En effet, nous avons la conviction que dans le contexte mondial actuel, nous devons urgemment centrer les marges et nous organiser pour contrer le racisme, les inégalités et toutes les injustices. Assa Traoré (auteure et fondatrice du collectif Justice pour Adama, France), Kali Akuno (militant et fondateur de Cooperation Jackson, USA) Desmond Cole (journaliste et documentariste, Toronto), Viviane Michel (Présidente de Femmes Autochtones du Québec)… ont toutes et tous répondu.e.s présent.e.s et seront parmi nous le samedi 12 août pour témoigner de leur solidarité et joindre leurs efforts aux nôtres.

HOODSTOCK mise sur la jeunesse
Les jeunes sont à nouveau au coeur de Hoodstock puisque cinq formations leur seront dédié.e.s. Des ateliers de rap et d’écriture, de création de jeux vidéo, de breakdance, d’introduction aux médias visuels /vidéo seront offerts gratuitement et seront animés par des artistes engagé.e.s et de renom, tels que Webster (Historien et rapper de Québec), Meryem Saci (de Nomadic Massive) et Henri Pardo (réalisateur, comédien et créateur).

HOODSTOCK est aussi un rendez-vous artistique et culturel
Nous célébrons l’ouverture de la première librairie entièrement dédiée aux autrices et auteurs racisé-es : Racines qui accueillera le dimanche 13 aout une rencontre littéraire dédiée aux auteur-es queer, trans et racisé-es. Nous ouvrons également une scène, le samedi 12 août à partir de 19h30, à plusieurs artistes qui viennent nombreuses et nombreux  célébrer avec nous l’engagement, la résilience et l’autodétermination de nos communautés.

Entente de principe avec Urgences-Santé

Le comité de négociation national du secteur préhospitalier de la FSSS–CSN est parvenu à conclure une entente de principe avec Urgences-Santé, qui inclut un volet normatif négocié au préalable par le comité de négociation du Syndicat du préhospitalier. Ce règlement fixe la hauteur des conditions à atteindre pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses du secteur préhospitalier, au regard de leurs enjeux et matières nationales communes.

« Le gouvernement offre à tous les travailleurs et les travailleuses du secteur préhospitalier une nouvelle solution quant au régime de retraite, qui prend la forme d’un régime à prestations déterminées assujetti à la loi RCR (régimes complémentaires de retraite) », explique Dany Lacasse, vice-président des secteurs privés à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

« La négociation est loin d’être terminée, seule la première période est jouée », lance Jean Gagnon, représentant du secteur préhospitalier. « Le message à l’ensemble des employeurs du secteur préhospitalier à travers le Québec doit être clair : peu importe les divergences qui les opposent au gouvernement, nous ne devons pas en faire les frais, et le règlement ne saurait se faire sans une entente sur les horaires de faction. »

Le comité de négociation national laisse quelques semaines aux employeurs et au gouvernement pour qu’ils nous reviennent avec les mandats nécessaires pour un règlement à la hauteur de nos demandes.

Voir loin, viser juste

Le bilan de la première moitié du mandat des libéraux de Philippe Couillard a donné le ton aux délibérations du 65e Congrès de la CSN qui s’est tenu à Montréal, du 5 au 9 juin. Devant le démantèlement de l’État social québécois, la montée d’un courant antisyndical, l’absence de vision sur le plan de l’emploi et du développement des régions, la CSN a lancé un manifeste sur ce Québec que nous voulons, soutenu par un plan d’action qui sollicite tous les syndicats, en vue de la prochaine élection, prévue en octobre 2018. Au cours des prochaines semaines, ces derniers convieront leurs membres à une assemblée générale pour déterminer une priorité afin de les mobiliser autour d’elle et de mandater la CSN à la porter. La priorité du mouvement demeure certes les relations de travail, mais son action sera aussi politique pour amener les différents partis ainsi que les candidates et les candidats à réagir à notre vision d’un Québec plus juste, plus équitable, où il est possible d’aspirer à de meilleures conditions de vie.

Le résultat des votes d’allégeance syndicale, imposés par ces mêmes libéraux, a été l’occasion pour les quelque 1300 délégué-es de réfléchir à la redynamisation d’une vie syndicale active à tous les niveaux de la CSN. Toutes les énergies  seront donc déployées pour permettre au syndicalisme à la manière CSN de continuer à jouer son rôle déterminant dans les lieux de travail et dans la société.

Un reportage de Denis Guénette

Un plan d’action qui vise juste

Voir loin, viser juste, c’est le fondement du plan d’action présenté aux délégué-es du 65e Congrès de la CSN. Ce plan d’action est le reflet des préoccupations soulevées par les syndicats rencontrés lors de la tournée précongrès, autour de cinq grands thèmes touchant l’emploi, le revenu, la lutte contre les changements climatiques, la consolidation des services publics et le renforcement de la démocratie.

Au cours des trois prochaines années, les syndicats seront appelés à mettre en œuvre les mesures nécessaires à la réalisation du plan d’action de la CSN, qui s’avère ambitieux et dont le succès dépend de l’engagement de tous.

Parmi les priorités, la protection des services publics, car depuis l’élection des libéraux de Philippe Couillard, malgré tous les efforts déployés pour contrer l’entreprise de démolition de l’État social québécois, l’obsession du déficit zéro a privé des dizaines de milliers de Québécoises et Québécois des services auxquels ils ont droit. Les mesures d’austérité ont eu des effets dévastateurs, non seulement sur les travailleuses et travailleurs du réseau public de santé, de services sociaux et d’éducation, mais aussi chez tous les citoyens et citoyennes qui ont subi des hausses tarifaires répétées, notamment en matière de frais de garde, d’accès aux soins de santé ou de coûts d’électricité.

Au cours des trois prochaines années, la CSN veut investir le terrain politique, à sa façon, par l’action syndicale, pour mettre un terme au saccage de nos services publics. L’orientation idéologique de ce gouvernement met en péril la qualité de vie et des emplois des classes moyennes et populaires, et l’approche d’une élection permettra de susciter des débats et une mobilisation sur ces enjeux cruciaux pour la société québécoise. Le plan d’action propose donc d’aller à la rencontre des membres dans leurs milieux de travail pour ouvrir un espace de réflexion sur le Québec que nous voulons.

Pour Karine L’Écuyer, du Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep Montmorency, « il est important de poursuivre les batailles sociales qui mettent de l’avant l’ensemble de nos valeurs. Il faut qu’on s’inquiète pour l’ensemble de la société. Nous sommes dans des mesures d’austérité permanentes, alors il faut qu’on soit en lutte permanente, à mon avis ».

Nécessaire réforme des lois du travail

La CSN propose une réforme majeure de la Loi sur les normes du travail et de ses règlements, qui touchent à la fois le salaire minimum, les congés, les vacances, l’équité de traitement ou les licenciements collectifs. La CSN veut garantir des emplois de qualité, ce qui inclut un salaire décent pour toutes et tous dans l’ensemble des régions du Québec.

Pour Kevin Gagnon, président du Syndicat des travailleurs et travailleuses de Bridgestone Joliette, la campagne du 5-10-15 est essentielle. « Les travailleurs, chez nous, gagnent plus de 15 $ l’heure, mais pour ce qui est des 10 jours de congé payés pour cause de maladie ou pour la famille, même dans un syndicat mature de 40 ans comme le nôtre, on n’en bénéficie pas. C’est la Loi sur les normes qui s’applique, 10 congés pour obligations familiales, c’est tout. On n’a pas de congés payés. Même chose pour la demande qui réclame cinq jours d’avis pour les changements d’horaire, c’est important pour nous, pour l’organisation de la vie des jeunes familles. »

Josée Chamberland, du Syndicat du soutien scolaire des Appalaches, partage également ce point de vue. À ses yeux, la campagne 5-10-15 est très importante. « C’est fondamental pour nous, il faut en parler à nos membres, démystifier ça. Plusieurs d’entre eux nous disent que ça n’a pas de bon sens d’augmenter le salaire minimum à 15 $ l’heure. Que nos entreprises vont devoir augmenter les prix, vont faire faillite, alors qu’on sait très bien que ce n’est pas la réalité, que ce sont des entreprises qui font des profits importants. »

Pour Michel Paré, président du Syndicat des travailleurs de l’Hôtel Bonaventure à Montréal, « l’amélioration de la Loi sur les normes du travail et la réforme du Code du travail, c’est une priorité. Plusieurs syndicats ont dû faire la grève ou ont subi des lock-out. Mon syndicat a fait cinq semaines de grève et ce qui a fâché les collègues, ça a été de constater qu’il y avait quelqu’un d’autre qui faisait leur travail pendant qu’ils étaient dans la rue et qu’ils n’avaient pas de salaire. Notre employeur a continué d’opérer pendant qu’on était en grève grâce au personnel des agences, du personnel qu’il cachait dans des chambres. On était impuissants devant ça. L’inspecteur du travail ne pouvait pas être là tout le temps. Les briseurs de grève, les agences de placement, il y a un gros ménage à faire là. »

Maintien d’emplois de qualité

La CSN réclame depuis très longtemps, une véritable politique industrielle accompagnée de ressources financières. Un projet qui compte beaucoup pour Kevin Gagnon. « Le secteur manufacturier a connu de lourdes pertes dans les dernières années, c’est important qu’on soit capable de mettre des balises et qu’on garde des emplois de qualité au Québec. Il faut être capable d’obliger les entreprises à faire de la deuxième et de la troisième transformation ici. » Une préoccupation que partage entièrement Raphaël Jobin, président du Syndicat des travailleurs du Chantier naval de Lauzon. « C’est une grande priorité pour nous. Ce qu’on a voulu, c’est inclure la construction navale dans une politique industrielle. C’est le nerf de la guerre pour notre fédération, la Fédération de l’industrie manufacturière. Si on n’a pas quelque chose de concret à amener aux politiciens fédéraux et provinciaux, on ne pourra pas survivre comme chantier. On a déjà eu des engagements clairs, mais ça a été balayé après les élections. On a été fermé pendant sept ans. Notre combat, c’est aussi celui d’une partie de la population. »

Développement durable et transition juste

Sur le plan environnemental, la CSN propose la mise en place d’une Charte de l’environnement qui favorise une transition juste et écologique des emplois. Une proposition qui rejoint Karine L’Écuyer. « La question de l’environnement est intéressante quand il est question de trouver des nouveaux secteurs d’emploi pour aider les gens qui travaillent actuellement dans des secteurs polluants, dans des secteurs où on ne veut pas investir pour l’avenir. Pour ça, la CSN a un gros travail à faire pour convaincre la population qu’il y a d’autres options, rassurer les travailleuses et travailleurs et ne pas les laisser tomber. »

Sauvegarde de services publics de qualité

La CSN veut s’assurer du maintien de l’universalité, de l’accessibilité et de la qualité des services publics. Elle réclame un réinvestissement dans les services publics et les programmes sociaux. Le plan d’action de la CSN entend contrer la privatisation des services publics et la prolifération de la sous-traitance dans tous les secteurs d’activité. « Ce qui m’interpelle le plus, c’est l’accessibilité et la défense des services publics », nous dit Marie-Claire Desbiens, secrétaire générale du Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. « Les libéraux sont en train de tout détruire. La privatisation me fait très peur, parce que Barrette, c’est ça qu’il veut, et c’est là qu’on s’en va. Il va falloir être très présent. Être visible, faire connaître nos luttes, intéresser les médias. »

Consolidation de la démocratie

Pour renforcer la démocratie, la CSN exige depuis des années une révision en profondeur du mode de scrutin et le maintien d’une information de qualité dans toutes les régions du Québec. En cette ère de désinformation, les citoyens ont plus que jamais besoin d’une information équilibrée et de qualité qui touche leurs préoccupations, où qu’ils se trouvent.

Une drôle de bibitte ?

L’analyse différenciée selon les sexes (ADS) est sans doute un terme que vous avez déjà entendu, mais qui demeure assez nébuleux et semble complexe. Pourtant, elle est essentielle !

Depuis la 4e Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes de 1995 à Beijing, plusieurs pays ont accepté de mettre en place différentes mesures pour l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes. Les pressions des organisations féministes sur les décideurs visant à obtenir autre chose que de vaines déclarations avaient sans doute porté leurs fruits! Le Canada et le Québec se sont dès lors engagés à utiliser des outils d’analyse différenciée ou comparative selon les sexes. Pourquoi ?

« Parce que l’ADS a pour objet de discerner de façon préventive les effets distincts sur les femmes et les hommes que pourra avoir l’adoption d’un projet à l’intention des citoyennes et citoyens, et ce, en tenant compte des réalités et des besoins différents de ces femmes et de ces hommes. Elle s’effectue au cours de l’élaboration, de la mise en œuvre, de l’évaluation et du suivi d’un projet. Dans certaines situations, l’ADS mènera à l’offre de mesures différentes aux femmes et aux hommes en vue de réduire les inégalités. »

Nous n’avons qu’à observer les effets de l’austérité sexiste du gouvernement libéral actuel, qui s’avèrent plus pernicieux pour les femmes : les coupes et les compressions dans les secteurs de la santé et des services sociaux ont particulièrement touché les femmes comme travailleuses et utilisatrices de ces services.

Application dans nos organisations et nos syndicats

Prenons la peine de nous interroger sur les répercussions différentes sur les travailleuses et sur les travailleurs que pourraient avoir nos demandes de négociation, nos horaires de piquetage, nos mesures mises en place en santé-sécurité au travail, etc. Il faut s’assurer de la présence de travailleuses à toutes les étapes d’élaboration de nos projets, même s’ils sont d’apparence neutre et asexuée. Les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes vécus et ne se butent pas aux mêmes obstacles, que ce soit sur le marché du travail ou dans la vie de tous les jours. Encore aujourd’hui au Québec, il existe des écarts salariaux importants entre les femmes et les hommes. Les emplois occupés majoritairement par les femmes sont moins bien payés et l’accès aux emplois mieux rémunérés dans les milieux majoritairement masculins est plus difficile pour elles. De plus, ce sont elles qui assument la majorité des tâches domestiques et des soins aux enfants tout en travaillant, souvent à temps plein, comme leur conjoint.

Assurons-nous d’avoir un portrait précis du groupe que nous représentons, de connaître ses caractéris­ti­ques et ses besoins généraux et spécifiques et d’obtenir les données sexuées pour réaliser cette analyse. Il est essentiel d’utiliser l’ADS, qui se veut une mesure préventive, afin de nous assurer de ne pas reproduire les inégalités de genre et la discrimination systémique envers les travailleuses membres de nos organisations et de nos syndicats. Cessons de considérer l’ADS comme une bibitte complexe et difficile d’utilisation.

Travaillons ensemble afin que l’égalité de fait devienne une réalité !

Parcours d’un conflit

Ce n’est pas d’hier que le bois d’œuvre génère tensions et émotions entre le Canada et son voisin du Sud. Pour mieux comprendre cette guerre commerciale à finir, Perspectives CSN a interviewé Carl Grenier, chargé de cours à l’Université Laval et vice-président exécutif du Conseil du libre-échange pour le bois d’œuvre de 1999 à 2006.


Quelle est l’origine de la crise du bois d’œuvre entre les deux pays ?

Au tournant des années 1980, les prix du bois flambent aux États-Unis. La récession de 1982 accule plusieurs producteurs américains à la faillite alors que nos producteurs continuent d’y vendre leurs produits. Une plainte pour subventionnement (concurrence déloyale) à travers les droits de coupes perçus par les provinces est déposée contre le Canada le 7 octobre 1982 par la Coalition for Fair Lumber Imports (CFLI) devant l’International Trade Administration (ITA), une division du Département du commerce. Le 31 mai 1983, l’ITA rend sa décision : l’industrie canadienne n’est pas subventionnée. C’est le Lumber I.

Insatisfaite, la CFLI dépose une requête semblable en mai 1986 et obtient gain de cause devant l’ITA. Pour éviter des droits compensatoires de 15 % et le risque d’empoisonner les négociations du libre-échange, le Canada accepte d’imposer lui-même une taxe à l’exportation de 15 % qui obtient l’assentiment des États-Unis. Le Lumber II, d’une durée indéterminée, est conclu en décembre 1986.

Comment nos producteurs encaissent-ils le coup ?
Pour diminuer cette taxe, la Colombie-Britannique augmente ses droits de coupe d’un seul coup de 600 millions de dollars et le Québec relève graduellement les siens, si bien qu’après cinq ans, le Québec paye 3,4 % de taxes et la Colombie-Britannique en est exemptée.

Au début de 1991, sous les pressions de la Colombie-Britannique, le gouvernement fédéral veut mettre fin à l’accord de 1986. La réaction américaine est virulente. Sans attendre le dépôt d’une plainte, le Département du commerce s’appuie sur une clause de la loi américaine habituellement réservée aux pays en développement pour imposer 15 % de taxes au bois d’œuvre canadien. Il ouvre sur-le-champ une nouvelle enquête en subventionnement. Le Canada riposte en se servant d’un mécanisme de règlement des différends prévu au chapitre 19 du traité de l’ALÉNA et a gain de cause. Bill Clinton retire cette taxe et autorise le remboursement intégral des 900 millions de dollars de dépôts canadiens, tout en exigeant la tenue de consultations pour trouver une solution au conflit. Or, les consultations tournent en négociations et le 28 mai 1996, le Lumber III, avec quotas de limites d’entrée du bois canadien aux États-Unis, est signé pour cinq ans.

À l’échéance de cet accord en avril 2001, une nouvelle plainte est déposée par la CFLI. Lorsque le Canada remporte la cause devant l’ALÉNA en juillet 2005, c’est George W. Bush qui en refuse le verdict.

Quelle est la réaction du Canada face à ce nouveau refus des États-Unis de reconnaître la décision des tribunaux ?
Le premier ministre Paul Martin, alors en fin de mandat, a des mots très durs envers le président Bush et se rend à New York, devant l’Economic Club, pour dénoncer l’attitude américaine. Il avait promis des garanties de prêts de 800 millions à l’industrie. Or, les libéraux perdent le pouvoir et Stephen Harper signe avec les États-Unis un accord encore plus restrictif en septembre 2006, pour une période de neuf ans. C’est le Lumber IV. Le Canada doit laisser sur la table un milliard de dollars en droits déjà payés, une véritable rançon. On imagine bien la suite : lorsque l’entente se termine en octobre 2015, la CFLI revient à la charge avec le dépôt d’une plainte de même type en novembre 2016. Nous en vivons actuellement les conséquences.

Quel est le fondement de la plainte de 2016 ?

En plus de subventionnement allégué par le biais des droits de coupes, on reproche aux producteurs canadiens de vendre leur bois aux États-Unis en-dessous du coût de production. En d’autres mots, de faire du dumping. Le Département du commerce a d’ailleurs annoncé en juin une taxe antidumping
de près de 7 % sur le bois d’œuvre canadien, laquelle s’ajoute au droit compensatoire de 20 % qui lui est imposé depuis avril.

L’industrie canadienne a-t-elle raison d’être sur un pied d’alerte ?

Oui, nos exportations pourraient passer de 33 % à 22 % du marché américain du bois d’œuvre. Une telle baisse serait un désastre. Des dizaines d’usines fermeraient et des dizaines de milliers de travailleurs perdraient leur emploi. Déjà, l’accord 2006-2015 avait produit une perte de 20 000 emplois au Québec et d’environ 65 000 au Canada. Cette situation affecterait durement l’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Haute-Mauricie, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-Nord et de la Gaspésie.

Comment réorganiser l’industrie pour qu’elle se renouvelle ?
Au Québec, le bois d’œuvre est un coproduit de l’industrie du papier. La crise que vivent les médias écrits actuellement a entraîné la fermeture de plusieurs papetières. Le papier surcalandré pour les magazines ou les encarts occupe encore une place intéressante, mais seulement dans un marché de niche. Par ailleurs, des ressources importantes sont consacrées à la recherche et au développement, notamment pour mettre au point des produits biotechnologiques ; les retombées commerciales de ce virage ne sont toutefois pas pour demain. Dans l’immédiat, il faut promouvoir l’utilisation des produits de troisième transformation, comme les bois d’ingénierie. À Québec, on est en train de construire pour la première fois un immeuble à condos de 12 étages à partir de ce bois. On peut aussi réactualiser les produits de troisième transformation plus anciens, en construisant par exemple davantage de maisons usinées. Cela dit, nous ne consommons qu’environ 20 % de notre bois d’œuvre. Il faudrait utiliser notre bois sur une plus large échelle au pays et développer de nouveaux marchés d’exportation pour éviter de dépendre autant des États-Unis.

Quelles cartes le Canada peut-il jouer dans ce contexte ?
Il est hasardeux de faire des prévisions pour l’instant. Robert Lighthizer, le représentant au Commerce américain, a placé le dossier du bois d’œuvre au sommet de sa liste des priorités en prônant la ligne dure envers le Canada. Il tient à régler la crise avant la renégociation de l’ALÉNA, qui doit être lancée à la mi-août. Si les deux questions doivent se chevaucher, on risque d’y perdre beaucoup. On connaît la volonté belliqueuse du gouvernement Trump sur l’ALÉNA et son intention de se débarrasser du chapitre 19 qui régit les conflits liés aux exportations.

Le Canada doit évoquer les besoins des Américains pour le bois canadien. Les États-Unis ne sont plus autosuffisants depuis plus d’un siècle. En période de croissance économique, la demande américaine augmente. L’imposition d’une taxe ou d’un quota fera diminuer les exportations et créera une rareté ainsi qu’une hausse du prix de la ressource. Les consommateurs américains seront pénalisés, sans compter la perte d’emplois aux États-Unis. Ce sont des arguments dont la ministre Freeland devra se servir. D’ailleurs, elle doit consulter les provinces et l’industrie canadienne sur les positions à défendre durant la négociation. Cela dit, la Colombie-Britannique qui compte pour 60 % du bois d’œuvre canadien exporté aux États-Unis donne souvent le ton dans ces négociations.

Quel est le rôle de la CSN dans cette crise ?

La CSN siège avec des représentants des trois paliers de gouvernement, de l’industrie et des travailleurs forestiers à la Table de concertation pour le bois d’œuvre. L’union des forces a permis d’adopter un plan pour soutenir notre industrie forestière et nos 60 000 travailleurs. Les acteurs à la table doivent continuer à se coordonner pour que le gouvernement fédéral intègre leurs revendications communes dans sa négociation imminente avec les États-Unis.

Rappelons que le Québec s’est doté depuis 2013 d’un régime forestier innovateur en vendant 25 % du bois provenant des forêts publiques à l’encan et en appliquant au 75 % du bois restant les prix obtenus durant ces encans. À la CSN, nous continuerons à nous battre pour que la spécificité du régime forestier du Québec soit reconnue. – Jacques Létourneau, président de la CSN

Travail unique, contrat différent

Alors que leur convention collective est échue depuis plus de trois ans, les membres du Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC-CSN) poursuivent leur mobilisation pour obtenir des conditions de travail qui répondent à leurs besoins particuliers.

Au cours des derniers mois, la lenteur des négociations et le manque d’ouverture de la partie patronale ont mis à rude épreuve la patience de ces travailleuses et travailleurs qui évoluent dans un environnement souvent hostile. Ils se sont serré les coudes et ont participé massivement aux nombreuses actions de mobilisation qui se sont tenues à travers tout le Canada.

Sans véritable droit de grève, les agentes et agents correctionnels ont fait preuve de créativité dans l’élaboration de leurs actions : manifestations de toutes sortes, modification de l’uniforme, campagne sur les médias sociaux, etc.

En juin dernier, après le dépôt d’une proposition globale par l’employeur, les membres d’UCCO-SACC–CSN ont une fois de plus démontré leur détermination en rejetant à plus de 99 % cette offre méprisante qui ne reconnaissait aucunement le caractère unique de leur travail. Leur lutte se poursuit.

Un travail essentiel et intrigant

Si les quelque 1000 arpenteuses et arpenteurs en construction du Québec n’existaient pas, il faudrait les inventer. En leur absence, les édifices pousseraient tout croches ; les tuyaux d’aqueduc passeraient n’importe où ; et les ponts et viaducs seraient à côté de la coche. Regard sur une occupation méconnue sans laquelle les travaux de génie civil ou de voirie ne sauraient voir le jour.

Certains arpenteurs se plaisent à dire que les navigateurs qui découvrirent le Nouveau Monde il y a 400 ans exerçaient le même travail qu’eux. Le père des arpenteurs se nommerait Samuel de Champlain ; c’est lui qui développa les plans des premières seigneuries. Si on s’amuse à remonter le fil de l’histoire, on peut retracer l’existence d’activités d’arpentage 2000 ans avant notre ère, notamment chez les Égyptiens et les Gaulois. Le mot lui-même provient du terme celtique arapennis. Il désigne une mesure agraire surtout utilisée pour les terrains boisés et les superficies de vignes.

Un arpenteur, ça mange quoi en hiver ?

Comme ce fut le cas pour ceux qui de tout temps firent de l’arpentage, les arpenteuses et arpenteurs en construction doivent avoir le compas dans l’œil et la précision à cœur. Ce sont eux qui mettent en lumière les écarts et les empiètements des travaux et qui permettent d’éviter les problèmes relatifs à l’emplacement des limites sur les chantiers. Ils fournissent des données sur l’alignement, l’altitude, l’orientation, les dimensions et la superficie de divers terrains ou projets d’infrastructures. Ils sont appelés à travailler à la construction de réseaux d’aqueduc et d’égout, de stations de métro, de complexes industriels ou commerciaux, de routes et d’autoroutes, etc. Ils collectent, transfèrent, calculent et mettent en plan les données d’arpentage à l’aide d’instruments spécialisés pour délimiter les balises des constructions projetées. À cette fin, ils utilisent, entre autres, un carnet de notes électronique, une station totale robotisée, un récepteur GPS et des logiciels de calcul et de dessin.

Voyage, voyage

En plus de faire preuve d’une grande conscience professionnelle, l’arpenteur doit se montrer mobile et très disponible. Lorsque l’entrepreneur veut savoir si les travailleuses et travailleurs de son chantier peuvent rentrer au travail le week-end, il tient généralement pour acquise la présence de l’arpenteur. « On n’a pas le choix d’être là. Sans nous, les travaux n’avancent pas », soutient Jean-Louis Simard, qui baigne dans le milieu depuis sa jeunesse. Celui qui se destine à cette occupation spécialisée doit aussi être prêt à s’éloigner. « J’ai fait mon bonhomme de chemin un peu partout au Québec. Quand je pars un mois, ça peut vouloir dire rester plus longtemps, voire même jusqu’à un an ! Bien sûr, la vie personnelle en prend un coup. » Ce travail est idéal pour les esprits à la fois bohèmes et cartésiens, puisqu’il implique méthode et analyse d’une part et changement de décor, d’autre part. « J’ai bourlingué dans mon jeune temps, évoque Richard Galarneau, qui pratique l’arpentage depuis une dizaine d’années. Lorsque mon enfant est né, j’ai eu besoin de plus de stabilité, mais une chose était non négociable : travailler dehors. Comme j’étais doué en mathématiques et dans la lecture de plans, l’arpentage m’a semblé une voie évidente. » Son boulot lui permet ainsi de vivre les quatre saisons du Québec tout en parcourant des centaines de kilomètres chaque année. « C’est comme la suite d’un voyage », dit-il en souriant.

Munis de leur équipement, les arpenteurs sont appelés à travailler sur des terrains accidentés ou difficiles d’accès et doivent être en bonne forme physique. La température peut aussi représenter un obstacle. « J’aime mieux travailler à –20 qu’à 30 », souligne Jean-Louis Simard. Richard Galarneau, lui, apprécie autant les grands froids que les grosses chaleurs. Mais la pluie l’embête : « Elle affecte les équipements et rend la tâche plus ardue. »

Les deux font la paire

L’implantation des limites constitue la partie visible du travail. Pourtant, l’étape des calculs, qui se fait dans les bureaux par une personne désignée, est tout aussi cruciale : si un calcul est erroné, l’implantation le sera de facto. Le travail de l’arpenteur s’exécute donc souvent à deux ; il exige un bon esprit d’équipe et des habiletés sur le plan interpersonnel. « Moi, je dis toujours, l’arpentage, c’est une question de confiance à trois niveaux : il faut que j’aie confiance en mes moyens, il faut que les personnes qui comptent sur moi — contremaîtres, surintendants, autres corps de métier — aient confiance en mes moyens, et enfin, il faut que j’aie confiance en mon collègue qui me fournit les données avec lesquelles je travaille. Si l’un des maillons fait défaut, tout fout le camp », précise Jean-Louis Simard.

Jamais si bien servi que par un arpenteur

Durant leur formation de 18 mois et les 4000 heures de travail qu’ils complètent pour être reconnus classe 2 par la Commission de la construction du Québec, les arpenteurs accumulent des connaissances et des compétences fondamentales. Or, il arrive de plus en plus qu’une personne d’un autre corps de métier exécute certains travaux d’arpentage. Cela représente un risque, puisqu’elle n’est pas formée pour la tâche. Et l’erreur peut coûter cher. « Si une borne empiète sur une propriété privée, la ville doit acheter la portion de terrain nécessaire pour la laisser en place et apporter une dérogation au cadastre, affirme Richard Galarneau. Parfois, au moment de refaire des bordures de rue, on se rend compte qu’un puisard est mal positionné. Le coût de l’opération pour modifier son emplacement tourne autour de 6000 $. Si tous les puisards de la rue doivent être déplacés, c’est pas mal plus coûteux. » Voilà des exemples où la précision de l’arpenteur est indispensable.

D’autres types d’erreurs peuvent aussi se produire : l’inversion de pompe d’un tuyau sanitaire dans un immeuble empêchera l’eau de sortir et sera susceptible de créer des problèmes. « Quand ça arrive, c’est le bordel ! », s’exclame encore Richard Galarneau. Fait à noter : les arpenteurs, qui sont représentés à près de 65 % par la CSN, demandent l’exclusivité de leur travail depuis 2007. Cette reconnaissance qu’ils méritent bien permettrait aux entrepreneurs de s’éviter ce genre d’ennuis. Bien que les arpenteurs ne l’aient toujours pas obtenue, ils ont quand même réussi à décrocher, en 2007, un rattrapage salarial de 29 %.

Compte tenu des lourds impacts de leur travail, les arpenteurs doivent savoir supporter le stress. « Il faut être très productif pour ne pas ralentir les équipes qui doivent procéder rapidement », renchérit Jean-Louis Simard, qui cumule plus de 50 000 heures dans le domaine. Le temps de déplacement entre les chantiers à visiter dans une même journée ajoute au stress. « Il est impératif de se forger une carapace pour parvenir à faire notre job sans se laisser ronger par la pression. »

Dans l’ombre et la lumière

Quoi qu’il en soit, les arpenteurs souffrent toujours d’un autre manque de reconnaissance. Il est en effet rare qu’ils reçoivent des félicitations quand un trottoir est à l’équerre ; mais dès qu’une erreur se produit, les répliques sont automatiques : « Je me suis fié aux données de l’arpenteur ! », entendent-ils trop souvent. Le fardeau leur revient donc de prouver l’exactitude de leurs données. « On doit toujours démontrer qu’on ne s’est pas trompé, ajoute Richard Galarneau. Il m’est souvent arrivé de retrouver le trou initial que j’avais creusé dans la terre à l’aide de mon piquet : c’est une sorte de pièce à conviction. »

Malgré le stress et les bons mots qui se font rares, les arpenteurs en construction adorent leur travail. « J’aime apprendre et je continue tous les jours à améliorer mes techniques, à découvrir de nouveaux trucs et à les perfectionner. J’éprouve aussi une fierté de savoir que ma job est indispensable », lance Jean-Louis Simard. Et son frère d’armes Galarneau de conclure : « Faire de l’arpentage est exigeant, mais extrêmement stimulant. Ce travail me permet de raisonner et de participer à la réalisation de grands projets, au grand air. Que pourrais-je demander de mieux ? »

Une expérience unique qui porte ses fruits

Les formations de l’École de la relève syndicale se donnent deux fois par année, durant l’été, à la base de plein air de Jouvence, à Orford.

Chaque session est grandement appréciée par les participantes et participants qui tissent des liens, apprennent les bases du syndicalisme et de l’histoire de la CSN et entendent des témoignages de militantes et de militants. Au fil des années, on peut dire qu’il s’agit d’une formule gagnante. En 2017, la première session d’hiver a été une grande réussite.

Lors du 65e Congrès de la CSN, le comité national des jeunes (CNJ) a eu l’occasion de prendre toute la mesure des effets bénéfiques de l’École de la relève. La tenue du kiosque du CNJ fut l’occasion toute désignée pour revoir plusieurs jeunes qui y sont passés. Ils sont venus nous témoigner des retombées positives que cela a entraîné sur leur parcours. Nous les avons retrouvés motivés, allumés, portant déjà le flambeau dans leurs syndicats. Ils nous ont donné le sentiment que l’École de la relève, c’est payant !

Nous avons été à même de constater le chemin parcouru par les militantes et militants, qui se sont vus transformés par leur expérience de formation. Certains n’avaient que peu de notions sur le fonctionnement d’un syndicat ou encore se questionnaient sur la pertinence d’un syndicat avant de suivre la session. Pour plusieurs d’entre eux, ce fut l’élément déclencheur, c’est là qu’ils ont eu « la piqûre ». Ils sont maintenant délégué-es ou élu-es à leur comité exécutif ou encore au comité jeunes de leur conseil central. Ils insufflent une vitalité dans leurs syndicats, gravissant les échelons, animés par un optimisme et un engagement que nous n’aurions pu espérer plus grands. Cet engouement est aussi contagieux : « On vous envoie deux personnes cet été », nous ont confirmé plusieurs. Pour le CNJ, c’est ce qui constitue la plus belle récompense pour leurs efforts, le sentiment que leur travail touche les gens, se répercute dans nos syndicats et contribue à former une nouvelle génération de syndicalistes acquis aux valeurs de la CSN.

Xavier Corbeil du STT en Loisirs de la Ville de Laval raconte que « le bagage et les idées que nous avons rapportés dans notre syndicat local, qui est composé exclusivement de jeunes, nous ont été très bénéfiques. Ça m’a apporté la motivation et les connaissances nécessaires pour m’impliquer plus à fond que de simplement faire la trésorerie dans mon syndicat local. »

Pour Kevin Gagnon, président du STT de Bridgestone à Joliette, ce fut le début d’un impressionnant parcours. Disposant de peu de connaissances syndicales en 2012, il a assisté à la formation. « Je suis revenu gonflé à bloc. Je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses à changer dans mon syndicat et qu’il ne fallait pas avoir peur de défoncer les barrières. Les formateurs m’ont donné le goût de transmettre les connaissances que j’ai acquises. » Après avoir été 2e vice-président, et après avoir formé un comité jeunes, il a été élu en 2016 président du syndicat, qui compte quelques 1100 membres. Le syndicat envoie maintenant deux membres chaque session. « Plusieurs membres de notre exécutif sont passés par là. “Envoyez-nous des membres, on va vous retourner des militants”, nous disait le CNJ. J’ai été très impressionné. Et ça marche ! »

Sur la route

Tout l’été, une caravane a sillonné les routes du Québec. Pour les représentantes et représentants du secteur préhospitalier, c’était l’occasion d’aller à la rencontre des 3600 paramédics, répartitrices, répartiteurs et employé-es de soutien, en grève depuis plus de quatre mois. Leurs conventions collectives sont échues depuis mars 2015 et les négociations sont ardues, notamment parce que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a décidé de se désengager complètement des discussions. Les salaires, la retraite ainsi que la réduction de la charge de travail et l’abolition des horaires de faction sont au cœur de leurs priorités.

Un premier rendez-vous fédérateur

Réunir quelque 500 personnes passionnées d’éducation et inquiètes des dérives actuelles en enseignement supérieur pour marquer un temps d’arrêt et réfléchir à l’avenir : voilà l’objectif atteint lors du lancement des États généraux de l’enseignement supérieur (ÉGES) tenus à l’Université Laval à Québec en mai dernier.

S’il a été aisé de rassembler autant de participants — bien davantage que dans les plans originaux des organisateurs — c’est signe que les artisans du réseau, ceux qui le construisent au quotidien, de même que celles et ceux qui le fréquentent, désirent s’exprimer sur sa pérennité et dénoncer les maux qui le rongent un peu plus chaque année : la marchandisation, l’austérité ambiante et la privatisation du mode de gestion.

Une table ronde, de grandes conférences thématiques et des ateliers participatifs ont favorisé les échanges pendant trois jours. Le collectif des vingt-cinq a regroupé des organisations professionnelles, étudiantes et syndicales dont la Fédération des professionnèles (FP–CSN), la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) et la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), initiatrice des ÉGES. Elles s’étaient donné le mandat de trouver une vision commune et de se fédérer, malgré les différences de point de vue sur certains enjeux, afin d’exiger que le gouvernement du Québec remette le cap sur l’essence même de la mission de l’enseignement supérieur. Pari réussi.

Cesser la marchandisation de l’éducation

Participants et panélistes ont déploré unanimement la volonté manifeste de réduire les institutions du savoir à des pépinières de travailleuses et travailleurs préparés uniquement à répondre aux besoins du marché de l’emploi. « Le réseau subit des pressions dues à une logique marchande. Les entreprises réclament qu’il y ait une adéquation entre leurs besoins à court terme en entreprise et les formations offertes. Mais la mission de l’enseignement supérieur est bien plus ambitieuse que ça », rappelle Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN. S’il est nécessaire de gagner sa vie grâce, notamment à l’obtention d’un diplôme postsecondaire, les cégeps et les universités doivent toutefois viser à former des citoyennes et des citoyens à part entière, critiques, informés, capables de vision. En cela, le collectif admet sans détour que la marchandisation de l’éducation, une tendance lourde, est un travers à combattre ensemble, solidairement.

Pour ce faire, il faut la volonté politique d’assurer une plus grande accessibilité pour toutes et tous à l’enseignement supérieur, et partout sur le territoire québécois, un enseignement de qualité inscrit dans la tradition humaniste du rapport Parent. « L’éducation, c’est d’abord et avant tout un droit humain. Ce n’est pas une marchandise, les étudiantes et étudiants ne sont pas une clientèle. C’est un service public et c’est comme ça qu’il doit s’incarner dans la société. Il faut sortir d’une vision managériale, clientéliste ou utilitariste. Actuellement, on constate une course à la “clientèle” des étudiants internationaux, par exemple, parce qu’ils sont source de revenus. Sommes-nous devenus une business ou sommes-nous toujours, en 2017, des institutions au service de la population du Québec, comme le voulaient celles et ceux qui ont bâti le réseau ? », questionne Caroline Senneville — à l’époque présidente de la FNEEQ–CSN, aujourd’hui vice-présidente de la CSN —, en exergue des trois grandes conférences thématiques portant sur la mission du réseau, l’accessibilité et le financement public.

Austérité ambiante

Depuis plus de deux décennies, le financement du gouvernement québécois ne suit plus les coûts du système. Des compressions de plus d’un milliard de dollars dans le réseau universitaire et de 155 millions dans les cégeps compromettent leur capacité à contribuer pleinement au développement économique, social et culturel du Québec. L’austérité, omniprésente, créée de toutes pièces par les politiciens au pouvoir, réduit lamentablement les services que l’État doit rendre à sa population et atrophie le financement adéquat des réseaux collégial et universitaire. Et quoi qu’en dise le gouvernement du Québec, les crédits supplémentaires annoncés dans le budget 2017-2018 sont loin de rétablir la situation. Plus cynique encore, le rehaussement du financement général des établissements d’enseignement supérieur annoncé dans le dernier Plan économique du Québec « n’engage » le gouvernement libéral que s’il est réélu en 2018 !

Les conséquences se répercutent partout : situation de précarité pour les individus et les établissements, dévoiement des missions, dégradation des conditions d’enseignement, de recherche et d’études, ainsi qu’une montée d’un centralisme autoritaire dans l’administration des établissements, ce qui a immanquablement transformé les orientations des institutions.

Privatisation du mode de gestion

Le contexte d’austérité a favorisé le développement de tensions dans les établissements. Les nouvelles pratiques de gouvernance soutiennent la montée d’une gestion autoritaire qui se traduit par une judiciarisation croissante des conflits et des rapports entre les acteurs et le recul de la collégialité et de la liberté académique. La liberté de parole et la représentation de la communauté universitaire dans les instances sont en péril. La censure contamine nos institutions. On tente même d’évincer des conseils d’administration les voix dérangeantes, celles qui questionnent et celles qui critiquent.

Celles et ceux qui sont préoccupés par l’avenir de l’éducation au Québec n’ont pas le choix : ils doivent réunir leurs forces pour exiger des changements majeurs dans la manière de financer, d’administrer et de développer l’enseignement supérieur. C’est là le premier consensus des États généraux de l’enseignement supérieur. Le second : la création d’un espace politique autonome, horizontal et non partisan, à l’image de ce premier rendez-vous des ÉGES qui a favorisé la libre expression. « Ces consensus reposent, notamment, sur la solidarité entre toutes et tous et sur la reconnaissance pleine et entière du travail des divers groupes de personnel et de la précarité professionnelle, émotive et matérielle, tant chez les étudiantes et étudiants que chez les travailleuses et travailleurs », souligne Johanne Cadieux, présidente du Secteur soutien cégep de la FEESP–CSN.

Un plan d’action et un second rendez-vous déjà en chantier

Pour les participantes et participants, le temps n’est plus aux constats, mais bien aux propositions et à l’action. Ce premier rendez-vous des ÉGES a été marqué par la dénonciation du malaise qui mine l’enseignement supérieur. En ce sens, le mandat donné au collectif des 25 partenaires est sans équivoque. Il faut consolider les forces et échafauder un plan détaillé de lutte. Un comité de mobilisation et d’information pourrait être rapidement créé pour favoriser la participation des différents groupes dans la conception et la création d’outils de mobilisation et de réflexion collective. Les étudiants, les professeurs, les chargés de cours, les étudiants salariés, les tuteurs, le personnel de soutien et les professionnels convergeront tous vers un même objectif : faire de l’éducation une véritable priorité nationale.

Il y a urgence d’agir et des gestes concrets seront posés dans les prochains mois. « La campagne électorale provinciale de 2018 est le moment idéal pour placer nos demandes et faire valoir les éléments fondamentaux qui vont constituer nos revendications communes. Surtout, on ne veut pas se battre seulement contre quelque chose, mais plutôt se battre POUR quelque chose : POUR l’enseignement supérieur », précise Louise Briand, vice-présidente du secteur universitaire à la FP–CSN.

D’ailleurs, un second rendez-vous se prépare pour porter l’enjeu de l’enseignement supérieur au cœur du débat public.

Nos hormones perturbées par des imposteurs invisibles

L’avènement de l’ère industrielle, suivi de celui de la société de consommation, a profondément transformé nos modes de vie. Cette période a entraîné la prolifération de substances chimiques dans les produits de consommation courants.

Depuis peu, une centaine de substances chimiques sont considérées et reconnues comme des perturbateurs endocriniens (PE). Mais qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ? Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit d’une substance ou d’un mélange extérieur qui, une fois absorbé par notre corps, interfère avec notre système hormonal et l’influence négativement.

Les hormones naturelles sont sécrétées par des glandes comme l’hypophyse, l’hypothalamus, la thyroïde, le pancréas, les surrénales, les ovaires et les testicules. Elles émettent des messages chimiques et interviennent sur la croissance et la puberté, la température corporelle, le métabolisme des graisses, la faim et la satiété, le sommeil, la libido, le contrôle de l’humeur ou le rythme cardiaque. Certaines actions des PE leur permettent d’imiter les hormones naturelles ou de les bloquer à la surface d’une cellule appartenant à un organe, et elles diffèrent selon que le PE s’attaque à un fœtus, à un enfant, à un adulte féminin ou masculin.

Sources d’exposition

L’exposition professionnelle et environnementale aux PE ne date pas d’hier et certains de leurs effets sur la santé et les écosystèmes sont connus. Par exemple, le suivi médical de travailleuses et de travailleurs agricoles exposés à des pesticides, dont le Mirex utilisé pour lutter contre les fourmis dans les cultures de tabac, ou à d’autres employés pour les cultures de bananes et d’agrumes en Virginie aux États-Unis, dans les Antilles et en Espagne, a permis de démontrer qu’ils ou elles souffraient d’infertilité, de cancer de la prostate, de malformation de leur système reproducteur, d’une féminisation des hommes ou d’une masculinisation des femmes.

Plusieurs centaines de substances sont considérées comme des PE et sont inscrites sur la liste du REACH depuis 2016. Plusieurs produits de consommation sont fabriqués à partir de PE qui se retrouveront dans l’environnement une fois périmés. Les PE peuvent être constitués de plastiques (bisphénols A et phtalates), de déchets dangereux (BPC), de textiles d’ameublement (retardateurs de flamme bromé), de produits cosmétiques (parabènes) ou de pesticides (atrazine), et leurs principales portes d’entrée dans notre corps sont les voies cutanées, le système digestif (l’eau et l’alimentation) et le système respiratoire.

Problèmes potentiels de santé

D’après l’OMS et le Centre international de recherche sur le cancer, les PE pourraient être responsables de plusieurs types de cancer hormono-dépendants qui touchent plusieurs organes du système reproducteur de la femme, de l’homme, des enfants et des fœtus, et de la thyroïde (ce type de cancer est en augmentation depuis une trentaine d’années). Ils sont de plus en plus soupçonnés d’être à l’origine de dysfonctionnement des systèmes reproducteur et immunitaire, d’anomalies congénitales et d’infertilité, et d’effets neurologiques.

L’importance de la prévention

Éliminer le danger à la source reste la principale avenue pour préserver l’intégrité physique et psychologique des travailleurs et de la population. Au Québec, il n’y a ni réglementation ni étiquetage spécifique pour informer les travailleurs ou les consommateurs des risques. En s’impliquant syndicalement, et en s’informant adéquatement, il devient possible d’intervenir pour obtenir des changements. Pour nous, travailleurs et citoyens, et pour les générations futures.

Repenser la syndicalisation pour ouvrir toutes grandes les portes

Permettre un accès facile à la syndicalisation à tous les travailleurs et travailleuses du Québec pour améliorer leurs conditions de vie, peu importe leur lieu de travail et le nombre de salarié-es de leur entreprise ou de leur organisation, voilà une des missions premières de la CSN.

C’est avec cet objectif en tête que plusieurs propositions avaient été amenées et adoptées en 2014, lors du 64e Congrès de la CSN. Ces propositions se déclinaient en trois volets : développer un plan stratégique pour favoriser la syndicalisation dans le secteur privé, examiner et modifier au besoin les structures d’accueil existantes pour les petites unités de négociation et identifier des modèles possibles de regroupement en fonction des groupes cibles.

La FIM–CSN prend les devants

La Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) a de son côté choisi lors de son congrès de 2015 de se fixer des objectifs concrets de syndicalisation des PME. Selon les derniers chiffres de l’Institut de la statistique, plus de 99 % des entreprises du Québec sont des PME et près de 80 % de celles-ci ont moins de 20 employé-es, de là l’importance de s’assurer que le droit à la syndicalisation, un droit protégé par les chartes, soit respecté pour ces millions de travailleuses et de travailleurs du secteur privé.

Une fois cela dit, la fédération devait trouver des solutions. « On a regardé en profondeur quels étaient les obstacles pour les petits groupes et on s’est vite aperçu que la difficulté de bâtir une structure assez solide pour assumer l’autonomie complète et continue d’une unité avec un nombre restreint d’employé-es représentait l’enjeu principal », explique Mathieu Lafleur, président de la FIM–CSN.

Le travail de réflexion quant au nouveau modèle s’est donc articulé autour de la possibilité d’offrir un service « clé en main », tout en respectant les valeurs CSN, soit la démocratie, la solidarité et le respect. La FIM–CSN tenait aussi à s’assurer que cette approche facilitante ne déposséderait pas les futurs syndiqué-es des enjeux propres à leur unité locale. « Nous tenions à ce que les employé-es de chaque section conservent les rênes de leur négociation et de leurs relations de travail avec l’employeur », ajoute Mathieu Lafleur.

Ce sont toutes ces réflexions qui ont mené à la création du Syndicat des travailleuses et travailleurs des industries manufacturières (STTIM–CSN).

Accessibilité et efficacité

Le STTIM–CSN a tenu sa première assemblée générale le 18 mai, à Trois-Rivières, lors du conseil fédéral de la FIM–CSN. La constitution du nouveau syndicat stipule qu’il fonctionne avec des sections qui représentent les accréditations ou les regroupements d’un même employeur. Chacune de ces sections a un ou plusieurs délégué-es (selon le nombre de membres) qui travaillent avec le comité exécutif. Dans un souci d’efficacité et afin de ne pas ajouter une nouvelle structure qui complexifierait le modèle, c’est l’exécutif de la FIM–CSN qui agit à titre de comité exécutif du STTIM–CSN.

Le modèle proposé par la FIM–CSN, avec le soutien de la CSN, suscite déjà beaucoup d’enthousiasme. Une première unité a déjà été accréditée au sein du STTIM–CSN et plusieurs autres envisagent actuellement de joindre ses rangs.

Pour Stéphane Savoie, syndiqué de l’entreprise Demix à Mirabel et premier délégué officiel du nouveau syndicat, le STTIM–CSN répond efficacement aux besoins du petit groupe d’employé-es qu’il représente. « Lorsque je suis arrivé à la carrière de Mirabel, nous étions affiliés à un autre syndicat, mais c’était pratiquement comme si nous n’étions pas syndiqués du tout. Nous n’avions pas d’aide, pas de ressources et aucune autonomie. Avec seulement 16 employé-es, c’est évident qu’un groupe comme le nôtre a besoin d’un soutien important, mais les travailleurs veulent que la section ait la possibilité de prendre les décisions importantes, de façon autonome. C’est ce que nous offrent le STTIM et la CSN. »