Des profs de cégeps de tous les coins du Québec réunis à Baie-Comeau

Plus de 120 représentantes et représentants des cégeps provenant de tous les coins du Québec ont convergé vers Baie-Comeau pour la tenue de leur réunion du regroupement cégep de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).

Après notamment, Montmagny, Saint-Georges, Trois-Rivières, Joliette et Chicoutimi, c’est donc maintenant au tour de Baie-Comeau d’être l’hôte de l’événement. Certains participantes et participants sont venus d’aussi loin que Rouyn-Noranda, Granby et Gatineau. La FNEEQ-CSN représente 85 % de tous les profs de cégeps au Québec, et plus précisément 80 % des profs en région, dont celles et ceux qui enseignent dans l’Est de la province à Baie-Comeau, Sept-Îles, Carleton et Grande-Rivière.

« L’apport des cégeps au développement régional est essentiel et notre présence ici est aussi là pour le souligner. Nous sommes cependant inquiets des impacts du déclin démographique sur les cégeps de petite taille qu’on retrouve principalement en région. C’est au centre de nos préoccupations et la solution passe par une solidarité à tous les niveaux », précise Yves de Repentigny, vice-président et responsable du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN.

Le colloque à Saguenay sur le développement des cégeps en région initié par la FNEEQ-CSN en 2013, a d’ailleurs permis d’identifier des pistes de solution. La FNEEQ-CSN s’attend à ce que le ministre Roberge s’en inspire et annonce prochainement un nouveau mode de financement des petites cohortes d’étudiantes et d’étudiants assurant ainsi la pérennité de certains programmes. « Ce serait un pas dans la bonne direction, mais le ministre Roberge devra en faire davantage pour réellement consolider les établissements en région », poursuit Yves de Repentigny.

La négociation nationale
La réunion qui se déroule jeudi et vendredi à l’Hôtel Le Manoir Baie-Comeau est une étape importante pour la négociation nationale de la convention collective qui débutera à l’automne.

« Nous sommes à déterminer le cahier de négociation afin de pouvoir consulter nos membres. Les travaux ont débuté il y a quelques mois déjà. Nous tenons à ce que les demandes syndicales reflètent bien la volonté des profs de cégep sur le terrain. Nous sommes engagés dans une démarche réellement démocratique et transparente », souligne, pour sa part, Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN.

Fondée en 1969, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ) représente près de 18 000 profs de cégep, soit 85 % des enseignantes et des enseignants du réseau collégial, répartis dans 46 syndicats dans toutes les régions du Québec. Elle est l’organisation syndicale la plus représentative de l’enseignement supérieur au Québec.

Le Canada ne doit pas laisser tomber le bois d’œuvre

Le premier ministre Trudeau s’est réjoui à juste titre de la fin des tarifs américains sur l’acier et l’aluminium, mais il ne doit pas oublier le conflit au sujet du bois d’œuvre avant de ratifier le nouvel Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).

« Si nous avons dû repousser la ratification lorsque l’acier et l’aluminium étaient injustement taxés, pourquoi ne pas adopter la même approche pour le bois d’œuvre qui est pourtant un produit important d’est en ouest au Canada ? », soutient Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN).

Ce dernier rappelle que nous en sommes au cinquième conflit au sujet du bois d’œuvre et que lors de tous les autres conflits, le Canada a obtenu des décisions favorables tant devant le tribunal de l’OMC que devant celui de l’ALENA. « Après la ratification, le Canada n’aura plus le même rapport de force pour pouvoir accélérer le règlement du conflit au sujet du bois d’œuvre », estime Louis Bégin, qui demande au gouvernement Trudeau de repousser la ratification de l’ACEUM tant et aussi longtemps que ce conflit commercial majeur perdure entre deux pays qui disent pourtant vouloir le libre-échange.

Seulement au Québec, l’industrie forestière génère près de 30 000 emplois directs et indirects. « On ne doit pas oublier le secteur du bois d’œuvre », réitère Louis Bégin.

À propos

La Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) rassemble plus de 30 000 travailleuses et travailleurs réunis au sein de 320 syndicats, partout au Québec.

Des demandes concrètes pour répondre aux immenses besoins

Des réseaux publics désorganisés, une main-d’œuvre qui se fait rare et des travailleuses et des travailleurs à bout de souffle; c’est dans ce contexte difficile, où il est urgent d’agir, que la CSN lance une vaste opération de consultation de ses membres pour déterminer les demandes à déposer au gouvernement du Québec pour la prochaine ronde de négociation. Les conventions collectives arrivant à échéance le 31 mars 2020, quelque 150 000 membres CSN du secteur public seront appelés, au cours des prochains mois, à se prononcer en assemblée générale sur diverses propositions, notamment sur les conditions de travail et de pratique et sur les salaires. Ils devront aussi évaluer si le projet qui leur est soumis répond aux besoins criants des femmes et des hommes qui s’occupent chaque jour de la population québécoise.

Des milieux de travail en crise
« Ça fait des années qu’on le répète, les travailleuses et les travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux font face à une surcharge de travail importante et se retrouvent trop souvent en situation de précarité, affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN. La situation est difficile depuis longtemps, mais elle s’est aggravée avec les compressions massives et le sous-financement chronique des années de gouvernance libérale. La CAQ dit vouloir faire les choses autrement; M. Legault ne devra donc pas s’étonner de retrouver des revendications pour des investissements majeurs pour améliorer la qualité et l’accessibilité des services publics. »

Les conditions de travail et de pratique se négociant essentiellement aux tables sectorielles, les investissements demandés devront permettre de dégager des marges financières importantes pour permettre aux différents secteurs de convenir des solutions à mettre en place pour régler les nombreuses problématiques dans les milieux de travail. « C’est souvent au détriment de leur santé que les travailleuses et les travailleurs ont réussi à maintenir des services de qualité pour la population. Ça ne peut plus durer. »

Des salaires insuffisants et non compétitifs
« On sera aussi en demande sur les salaires, ajoute Mme Senneville. Au fil des conventions collectives, certaines fois négociées, d’autres fois décrétées, les hausses salariales de nos membres ont presque toujours été inférieures à l’augmentation du coût de la vie. N’ayons pas peur des mots, le personnel des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux s’est appauvri. » Pour contrer tout éventuel appauvrissement, la demande salariale soumise aux membres propose l’introduction aux conventions collectives d’une clause de protection du pouvoir d’achat, assurant l’indexation annuelle des salaires à l’inflation.

Avec la détérioration des conditions de travail et les faibles hausses salariales des deux dernières décennies, le secteur public est maintenant très peu attractif pour les personnes qui arrivent sur le marché de l’emploi. « Dans le contexte actuel de rareté de la main-d’œuvre, cette situation est extrêmement préoccupante. C’est pourquoi nous proposons d’augmenter tous les salaires de 3 $ l’heure, et ce, dès la première année. Tout en ayant un effet positif important pour toutes et tous, ce montant fixe aurait un impact majeur pour les personnes qui œuvrent dans les emplois les moins bien payés », poursuit Mme Senneville. Actuellement, plus de 125 000 travailleuses et travailleurs, soit près du tiers des effectifs du secteur public, gagnent moins de 25 $ l’heure.

Pour chacune des deux années subséquentes, la demande salariale soumise aux membres propose une augmentation de 3 %. « Les prévisions pour les hausses salariales à l’extérieur du secteur public se situent autour de 2,5 %. La proposition soumise permettrait un rattrapage par rapport à l’ensemble des salariés québécois qui, rappelons-le, gagne en moyenne 6,6 % de plus, en rémunération globale, que les salarié-es du secteur public. »

Régime de retraite et investissement responsable
« Nous voulons aussi entendre ce que les membres ont à dire sur leur régime de retraite. Nous avons certaines demandes à proposer, dont une qui est en droite ligne avec la préoccupation grandissante de la population sur la question environnementale. Nous proposons de revendiquer que la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui gère le régime de retraite des travailleuses et travailleurs du secteur public, procède à un désinvestissement des énergies fossiles dans un délai de cinq ans », conclut Caroline Senneville.

D’autres demandes, notamment sur les assurances collectives, seront également soumises au débat dans les assemblées générales. À l’automne, les fédérations du secteur public de la CSN se réuniront à nouveau et feront le point afin de déterminer ce qui sera officiellement déposé au gouvernement du Québec, en vue de la prochaine ronde de négociation.

Les personnes LGBT+ demandent la pleine égalité

 La Confédération des syndicats nationaux (CSN) tient à souligner aujourd’hui la journée internationale contre l’homophobie et la transphobie. Pour l’occasion, la CSN déploiera un drapeau arc-en-ciel devant son édifice situé sur l’avenue de Lorimier, soulignant ainsi son appui maintes fois démontré aux luttes des personnes LGBT+.

La CSN est d’avis que les syndicats ont un rôle majeur à jouer pour lutter contre l’homophobie et la transphobie dans les milieux de travail. Malgré les avancées significatives pour les droits des personnes LGBT+, un long chemin reste à parcourir avant que la pleine acceptation sociale des personnes LGBT+ ne soit acquise.

À l’occasion des congrès des conseils centraux, organisations régionales de la CSN, le comité national LGBT+ de la confédération sillonne le Québec depuis déjà quelques semaines afin de sensibiliser les membres des syndicats aux enjeux des personnes LGBT+ dans les milieux de travail. Plusieurs centaines de personnes ont été rencontrées à cette occasion.

La CSN a également produit un guide d’animation sur la diversité sexuelle et de genre intitulé Ni plus ni moins, comme tout le monde !. Celui-ci représente une ressource syndicale qui permet d’agir collectivement contre la discrimination au travail dont sont trop souvent victimes les personnes LGBT+. Pour consulter le guide : https://www.csn.qc.ca/2017-06-01_lgbt_publication_csn/

La journée internationale contre l’homophobie et la transphobie commémore la décision prise par l’Organisation mondiale de la santé le 17 mai 1990 de retirer l’homosexualité de la liste des maladies psychologiques.

La CSN salue les amendements proposés au projet de loi 2

La CSN se réjouit des amendements proposés au projet de loi 2 qui permettront « de manière transitoire aux préposé-es de la Société québécoise du cannabis (SQDC) qui sont actuellement âgés de 18, 19 ou 20 ans d’accéder aux points de vente pour qu’ils puissent préserver leur emploi. »

« Nous sommes soulagés de voir que le ministre est revenu sur sa décision. Se priver d’employé-es déjà formés alors que nous sommes dans un contexte de pénurie et de rareté de main-d’œuvre, c’est un non-sens », a déclaré Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN). « Nous mettons de la pression sur le gouvernement depuis plusieurs mois sur cette question. Alors que nous sommes à l’aube de la première négociation de la convention collective pour les travailleuses et travailleurs de la SQDC, il va sans dire qu’ils pourront encore une fois compter non seulement sur l’expérience du SEMB-SAQ, mais également sur l’ensemble de la CSN pour les supporter », a rajouté Katia Lelièvre, présidente du Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la Société des alcools du Québec (SEMB-SAQ–CSN)

Avec Mascouche, Trois-Rivières et deux autres à Montréal (Peel et Marché Central), la CSN représente désormais une majorité des succursales syndiquées de la SQDC. Après avoir tenu des assemblées générales pour consulter l’ensemble des membres qu’il représente, le syndicat a envoyé des avis de négociation pour l’ensemble des succursales la semaine dernière.

Plusieurs têtes passeront sous le rasoir au courant des prochaines semaines!

En cette période de congrès pour les conseils centraux, certains membres de deux d’entre eux ont décidé d’organiser des Défi têtes rasées Leucan comme façon pour amasser des fonds pour le Camp Vol d’été Leucan-CSN. C’est justement lors des congrès que leurs cheveux tomberont suite à une collecte réalisée dans un élan de solidarité. C’est aussi un geste de soutien envers les enfants qui subissent, lors de la chimiothérapie, une modification de leur image corporelle par la perte des cheveux.

Vous pouvez les encourager!
Le 16 mai prochain, Sylvain Pratte, secrétaire général et trésorier du Conseil Central du Cœur du Québec — CSN, a décidé d’offrir sa tête (du moins ces cheveux!) pour la cause du Camp et des enfants atteints de cancer. Il était important pour ce père de famille responsable politique de la campagne Leucan-CSN pour son conseil central d’y participer. Encouragez-le ici!

C’est en équipe qu’ils passeront sous le rasoir le 13 juin prochain pour le Conseil central de Montréal. Ces femmes et hommes de cœur n’hésitent pas de le faire pour permettre aux familles avec un enfant atteint de cancer de passer du temps magique au Camp Vol d’été Leucan-CSN. Encouragez-les ici!

Soyez solidaire! Vous pouvez les encourager en leur écrivant un petit mot et pourquoi pas, participez à leur collecte de fonds. Aidez-les à atteindre leurs objectifs, voir les dépasser.

Bon Défi et… merci à l’avance!

La CSN–Construction demande un mandat fort pour inclure l’obligation de fournir des toilettes sur les chantiers de construction

La CSN–Construction salue la décision de la juge du Tribunal administratif du travail (TAT), Anne Vaillancourt, qui s’est rangée du côté de l’interprétation syndicale de la règlementation concernant les toilettes du chantier de l’échangeur Turcot le 6 mai dernier. Pour la prochaine ronde de négociation, la CSN–Construction demande donc à toutes les travailleuses et tous les travailleurs de l’industrie de la construction un mandat fort pour inclure dans les quatre conventions collectives l’obligation, pour tous les employeurs, de fournir des toilettes, et ce, sur tous les chantiers de construction.

« Il est inconcevable que nous soyons, encore en 2019, contraints de nous battre pour que les femmes et les hommes qui travaillent sur les chantiers de construction aient accès à des toilettes normales. Aussi, la meilleure façon de faire appliquer la décision du TAT est de l’inclure dans nos conventions collectives », a souligné le vice-président de la CSN–Construction, Jean-Luc Deveaux, préoccupé depuis plusieurs années par la question sanitaire qui prévaut sur les chantiers.

Cette décision stipule notamment que l’installation de toilettes chimiques contourne la volonté du Code de sécurité pour les travaux de construction et amoindrit l’objectif premier qui est de remplacer les toilettes chimiques par des toilettes à chasse pour des raisons d’hygiène et d’équité homme-femme.

Selon Jean-Luc Devaux, il est stupéfiant de constater que sur plusieurs chantiers, les travailleuses et travailleurs doivent encore utiliser des toilettes chimiques sans lavabo et sans eau courante. « Plusieurs chantiers ne sont même pas équipés de toilettes ! », s’exclame-t-il. La décision du TAT est une excellente nouvelle. Il faut maintenant contraindre les employeurs à se conformer à cette obligation, et c’est pourquoi j’interpelle les travailleuses et les travailleurs de la construction, afin qu’ils mandatent leur organisation respective à cette fin. C’est une question de dignité et d’hygiène élémentaire qui ne peut plus être balayée sous le tapis. »

La Coalition pour la pratique sage-femme souligne des décennies de luttes

En cette année de célébration du 20e anniversaire de la légalisation de la profession, la Coalition tient à souligner les années de luttes qui ont abouti à l’intégration des services de sage-femme au réseau public de la santé. Concrètement, l’année 1999 a vu naître le programme de formation universitaire et l’Ordre des sages-femmes du Québec.

Bien que des avancées aient été réalisées dans les dernières années, le gouvernement doit dorénavant assurer une réelle accessibilité au suivi sage-femme pour l’ensemble des régions du Québec. Il doit également s’assurer de mieux planifier le déploiement pour prévenir une nouvelle pénurie de main d’œuvre. À ce jour, seulement 4,2 % des suivis sont assurés par les sages-femmes, et plusieurs régions demeurent sans possibilité d’accéder à leurs services, telles que Laval – la 3e ville en importance au Québec, où les citoyennes réclament pourtant une maison de naissance depuis près de dix ans. C’est également le cas de plusieurs communautés autochtones, de même que la Côte-Nord, l’Abitibi-Témiscamingue et la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, notamment. « La demande pour le suivi sage-femme ne cesse de croître » a lancé Mounia Amine, présidente du Regroupement Les sages-femmes du Québec. « À ce sujet, la communauté Cri de Chisasibi a accueilli la première naissance sous les soins des sages-femmes il y a quelques jours ! » souligne-t-elle en ajoutant que c’est un premier pas significatif pour le retour attendu des naissances dans leur communauté. « Rappelons que la pratique sage-femme est née de la demande des familles, nous devons donc veiller à poursuivre ce développement avec la population, main dans la main. »

En ce sens, Lorraine Fontaine, coordonnatrice de la CPPSF, insiste sur la nécessité que le gouvernement et les établissements instaurent des moyens concrets pour soutenir les efforts citoyens pour la mise en place de maison de naissance où l’implication citoyenne et le caractère “milieu de vie” sont privilégiés. Mme Fontaine a aussi tenu à rappeler l’importance du libre choix des femmes sur leur maternité. « L’ensemble des membres de la Coalition, les groupes communautaires en périnatalité ainsi que les groupes citoyens continueront à travailler ensemble et à revendiquer, tant que les droits des femmes d’accoucher dans le lieu qui leur convient avec la professionnelle de leur choix ne seront pas respectés. » a-t-elle conclu.

À propos
La Coalition pour la pratique sage-femme (CPSSF) milite pour l’accès aux services de sage-femme et aux maisons de naissance, dans toutes les régions du Québec, au sein du système public de la santé et services sociaux. Composée de 15 groupes, elle travaille pour que les sages-femmes puissent soutenir et protéger l’accouchement naturel et physiologique, en reconnaissant que les processus liés à la maternité appartiennent aux femmes.

Le Regroupement Les Sages-femmes du Québec (RSFQ) est l’association professionnelle des sages-femmes du Québec. Il travaille au développement de la profession et défend le libre choix des lieux d’accouchement pour les femmes. Il est reconnu par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) comme porte-parole des sages-femmes exerçant leur profession légalement au Québec.

Le gouvernement doit investir notre argent judicieusement

La CSN constate que les coûts pour l’implantation de la maternelle 4 ans sont beaucoup plus élevés que prévu et propose de développer considérablement plus de places avec le même argent dans le réseau des CPE ou des services de garde en milieu familial régis et subventionnés.

« Si le ministre veut mettre autant d’argent pour la petite enfance, nous avons une chance historique de compléter le réseau des services de garde éducatifs subventionnés et de créer beaucoup plus de places pour le même montant », lance Jacques Létourneau. Il fait également valoir que le réseau des CPE et des milieux familiaux régis et subventionnés permet l’identification des vulnérabilités chez les enfants dès les premières années, et ce, avant même l’âge de quatre ans et qu’il dispose d’un programme éducatif et d’un horaire qui convient mieux aux familles et aux tout-petits. « D’autant plus que nous pourrions également embaucher du personnel supplémentaire pour dépister efficacement les troubles d’apprentissage et en assurer le suivi, et ce, dès le plus jeune âge », d’ajouter le président de la CSN.

La CSN demande au gouvernement de donner clairement toutes les informations relatives aux coûts des maternelles 4 ans, en comparaison avec ceux des services de garde subventionnés (CPE et milieu familial régi), autant au niveau de la construction que pour le fonctionnement.

« Il est surprenant que le gouvernement continue tête baissée vers son objectif de maternelles 4 ans mur à mur, alors que les parents préfèrent les CPE (sondage Léger) ou les milieux familiaux régis et subventionnés et que ceux-ci conviennent mieux aux enfants de 4 ans », insiste Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS—CSN qui représente plus de 13 000 membres travaillant dans les CPE et les milieux familiaux.

1,9 G$ en construction de classes seulement

Le ministre Jean-François Roberge veut aller de l’avant même s’il confirme qu’il en coûtera 10 300 $ par an par enfant en frais récurrents et 800 000 $ par classe construite.

Or, selon un sondage rendu public par le ministre, les commissions scolaires du Québec peuvent fournir 959 classes pour les groupes de prématernelles. Comme le projet du gouvernement est d’ajouter 3400 classes de maternelle 4 ans au total, il faudra donc en construire plus de 2400. Une facture de plus de 1,9 G$ ! On ne compte pas dans ce montant les rénovations qui sont probablement nécessaires dans les classes déjà disponibles. Ce serait moins cher dans le réseau des services de garde éducatifs. Un CPE de 65 places peut coûter près de 1,5 M$ à construire et c’est l’équivalent de quatre classes en nombre de places disponibles. C’est donc environ la moitié moins cher en coût de construction.

L’économie de ce dernier réseau serait ensuite récurrente en ce qui concerne les frais annuels de fonctionnement. Selon des chiffres dévoilés par la députée Marwah Rizky en commission parlementaire, les services aux enfants en CPE et en milieu familial coûtent au plus 5400 $ par an par enfant pour 200 jours (l’équivalent du calendrier scolaire). Or, ce montant s’élève à 10 300 $ dans le réseau scolaire.

« Le gouvernement doit faire la lumière sur tous ces chiffres et expliquer pourquoi il ne prend pas l’option la plus populaire, la plus économique et celle qui donne des résultats probants. C’est la solution la plus censée, tant pour les enfants que pour les parents », insiste Jacques Létourneau.

À propos

La CSN représente plus de 13 000 travailleuses dans le secteur des services de garde éducatifs au sein de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS—CSN).

Fondée en 1921, la CSN est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs, principalement sur le territoire du Québec.

Un plan qui passe à côté de l’essentiel

Le gouvernement Legault a rendu publiques les mesures du plan d’action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées 2017-2022. La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) constate que ces mesures sont muettes sur un élément central : la maltraitance systémique que fait subir notre réseau malmené aux aîné-es.

Les mesures du plan d’action gouvernemental portent principalement sur de la sensibilisation, la diffusion d’information et d’outils et sur de l’offre de formation. Si plusieurs des mesures proposées par le gouvernement permettront d’accentuer la discussion publique sur la maltraitance des aîné-es, la FSSS-CSN doute forte que nous parviendrons à mettre fin à la maltraitance des aîné-es sans nous attaquer à la maltraitance systémique.

L’austérité mène à la maltraitance systémique des aîné-es
Les CHSLD et les soins à domicile offerts par le réseau public sont malmenés après des années de coupes budgétaires. Lors du dépôt du budget 2019, la FSSS-CSN établissait le manque à gagner des établissements du réseau depuis 2013-2014 à 9 milliards de dollars. Ce sous-financement chronique a eu pour effet de freiner l’accès aux services publics pour les aîné-es et de les forcer à avoir recours au privé où les cas de maltraitance sont plus importants. À cela s’ajoute la pénurie qui illustre que le réseau parvient mal à attirer et retenir le personnel. Pour plusieurs aîné-es, les cas de maltraitance viennent d’abord et avant tout du manque de personnel et de la surcharge de travail constante du personnel. Malheureusement, le plan gouvernemental ne propose rien sur cette question.

Des solutions pour lutter contre la maltraitance systémique des aîné-es
Pour freiner la maltraitance systémique des aîné-es, la FSSS-CSN réclame un investissement immédiat de 500 M$ pour l’embauche et l’amélioration des conditions de travail des préposé-es aux bénéficiaires et du personnel des CHSLD. Un financement récurrent de 500 M$ est aussi nécessaire en soins à domicile pour augmenter le personnel des CLSC, notamment les auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS).

« Sensibiliser la population contre la maltraitance des aîné-es, c’est bien, mais il est temps de parler de maltraitance systémique, celle que fait subir l’austérité imposée par nos gouvernements aux aîné-es et au personnel qui les soignent. Ce plan est muet sur l’urgence d’agir pour améliorer les conditions de travail du personnel surchargé, ce qui a de quoi inquiéter les aîné-es », lance Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

DERNIÈRE HEURE : Le SEMB-SAQ signe une nouvelle convention collective

Après des mois de négociation et de mobilisation, le Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB—SAQ—CSN) est fier d’annoncer que la nouvelle convention est désormais signée et entrera en vigueur dès maintenant.

« Grâce à la solidarité dont nous avons fait preuve tout au long de cette négociation, nous avons réussi à améliorer les conditions de travail pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs de la SAQ », a déclaré Katia Lelièvre, présidente du SEMB—SAQ. « Encore une fois, nous avons fait la démonstration de notre force lorsque nous décidons de nous mobiliser collectivement, à l’échelle de la province », a-t-elle ajouté.

Les 5500 membres du SEMB—SAQ—CSN étaient sans convention collective depuis le 31 mars 2017. La nouvelle convention collective sera en vigueur jusqu’au 31 mars 2023. Le SEMB—SAQ est affilié à la Fédération des employé-es de services publics (FEESP—CSN).

Des milliers de personnes marchent pour la planète

À l’initiative de La Planète s’invite au Parlement, une multitude de groupes environnementaux, syndicaux, communautaires, du secteur de la santé et étudiants ont convergé vers le Mont-Royal aujourd’hui afin de dénoncer l’inaction de nos gouvernements en matière d’environnement et de lutte aux changements climatiques.

Dans tous les milieux, la crise climatique aura des impacts qui, si nous ne faisons rien pour les mitiger, viendront mettre un terme au monde comme nous le connaissons. Pourtant, nos gouvernements continuent d’opposer les travailleuses et les travailleurs à la lutte écologiste en brandissant le spectre de la perte d’emplois ou la nécessité d’en créer à court terme. Mais il n’y a pas de travail sur une planète morte. Pas plus qu’il n’y a d’écoles, de garderies, de soins ou d’avenir. Alors que les dérèglements climatiques constituent une menace réelle et immédiate, nous devons revoir les bases mêmes de notre système pour assurer notre survie.

Depuis l’automne, une myriade d’initiatives a vu le jour un peu partout à travers le monde. Inspirés notamment par Greta Thunberg, les jeunes nous ont montré qu’ils sont inquiets pour leur avenir. Et pour cause. Nous leur devons de rester à leurs côtés et de faire grandir ce mouvement pour que nos gouvernements se mettent au travail. Il en va de notre survie et de celle de nos enfants.

En septembre dernier, António Guterres, secrétaire général des Nations unies, a averti qu’il ne reste que deux ans pour agir afin d’éviter des conséquences désastreuses pour l’humanité. Les scientifiques nous indiquent que nous fonçons vers l’un des pires scénarios envisagés et que les cibles fixées à l’arraché dans l’Accord de Paris s’avèrent largement insuffisantes pour l’éviter. Il est temps que nos gouvernements regardent la vérité en face : il faut hausser ces cibles de façon draconienne et, surtout, se doter de moyens radicaux. Cette transition énergétique doit par ailleurs être porteuse de justice sociale et de rêve. Nous demandons que nos gouvernements cessent de protéger les intérêts des plus riches pour se mettre à protéger le climat.

La santé publique n’a pas les moyens de faire face aux changements climatiques

Alors que des milliers de personnes manifesteront demain pour marquer la Semaine de la Terre, le réseau de la santé et des services sociaux n’a pas les moyens de faire face aux effets des changements climatiques comme les canicules ou les inondations. C’est ce que constate la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) en analysant le budget de la santé publique.

Depuis 2013-2014, le budget dédié à la santé publique accuse un manque à gagner de plus de 580 millions de dollars. Ce manque à gagner est plus important que le budget de 420 millions de dollars consenti à la santé publique en 2019-2020. L’austérité des dernières années fait mal à la santé publique, mission pourtant essentielle pour planifier les actions gouvernementales dans le dossier des changements climatiques. La compression de près de 10 % du budget de la santé publique en 2015-2016 a entraîné un lourd manque à gagner jamais rétabli depuis.

L’effet grandissant des changements climatiques entraîne des risques pour la santé mentale et physique qui doivent être mieux évalués pour trouver des mesures de mitigation. Le manque à gagner dans le budget de la santé publique ne permet pas de réaliser ce travail actuellement.

« Les inondations que nous vivons illustrent l’urgence d’agir pour la transition écologique. L’épisode de canicule de l’été dernier a démontré l’impact majeur des changements climatiques sur la santé de la population, notamment sur les résident-es des CHSLD. Le personnel du réseau est appelé à intervenir pour aider la population face à ces conséquences des changements climatiques. Pour y parvenir, le gouvernement Legault doit investir en prévention et dans la santé publique », lance Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

226 décès liés au travail en 2018

Cette année encore, la CSN soulignera la Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail. Exceptionnellement, le 28 avril étant un dimanche, une minute de silence sera observée le lundi 29 avril à 10 h afin de rendre hommage aux victimes.

Des chiffres alarmants
Les statistiques dévoilées par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) nous rappellent, une fois de plus, l’ampleur du travail qu’il reste à accomplir en matière de prévention. « Les chiffres de cette année donnent froid dans le dos et nous sommes consternés d’apprendre qu’encore aujourd’hui, tant de travailleuses et travailleurs perdent la vie dans leur milieu de travail. Pour l’année 2018, on parle de 62 décès à la suite d’un accident et 164 décès à la suite d’une maladie professionnelle, c’est tout simplement inacceptable et nous réitérons qu’il y a urgence d’agir pour mettre fin à cette déplorable situation », affirme Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

Le gouvernement doit agir
La CSN le martèle depuis des années, il faut absolument revoir l’application de la Loi sur la santé et la sécurité du travail puisque, à l’heure actuelle, les mécanismes de prévention prévus dans cette loi ne s’appliquent qu’à environ 20 % des travailleuses et travailleurs du Québec. « Notre message est clair, le mouvement syndical continuera de faire sa part, mais il revient au gouvernement de procéder aux modifications législatives nécessaires, et ce, afin d’élargir l’application de la loi et d’assurer ainsi une couverture adéquate à l’ensemble de la population. Nous avons une responsabilité collective en ce sens et il est grand temps pour nos décideurs d’agir en conséquence », conclut Jean Lacharité.

Le personnel administratif : au cœur du système de santé et services sociaux

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs des Laurentides en santé et services sociaux – CSN lance aujourd’hui une campagne nationale de valorisation du personnel de bureau et de l’administration du réseau. Cette campagne, appuyée par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), vise à mieux faire connaître la contribution de travailleuses qui œuvrent souvent dans l’ombre et dont le travail quotidien permet d’assurer la dispensation des soins à la population.

Une campagne nationale pour mettre de l’avant le personnel de bureau et de l’administration
Le lancement de la campagne Le personnel administratif. Au cœur du système de santé et services sociaux s’est tenu dans les Laurentides à l’initiative du syndicat CSN du CISSS des Laurentides, notamment avec la parution d’une capsule vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. De son côté, la CSN mène actuellement la campagne Vous êtes les services publics. Merci pour valoriser le travail du personnel du secteur public.

« Le rôle du personnel de bureau et de l’administration est névralgique. Ce sont des femmes et des hommes qui œuvrent dans l’ombre, mais sans qui c’est tout le réseau qui ne fonctionnerait pas. Pourtant, monsieur madame tout le monde connaît peu leur travail et c’est pour cette raison qu’on lance aujourd’hui notre campagne », explique Dominic Presseault, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des Laurentides en santé et services sociaux — CSN.

La crise du réseau se répercute sur le personnel de bureau et de l’administration
Depuis la réforme Barrette, 70 % des répondantes au récent sondage mené par la FSSS-CSN provenant de la catégorie du personnel de bureau et de l’administration ont vu le nombre de leurs tâches administratives augmenter. Lorsque ces tâches augmentent, cela limite le temps où ce personnel peut appuyer les soignant-es et les usagers et usagères. À cela s’ajoute la pénurie qui frappe de plein fouet le réseau et qui touche directement le personnel de bureau et de l’administration. Dans plusieurs régions, cela a pour conséquence de reporter des chirurgies et de surcharger davantage les soignant-es.

« Les premières touchées par la réforme bureaucratique de Gaétan Barrette, ce sont les femmes du personnel de bureau et de l’administration. Elles vivent avec la désorganisation entraînée par cette réforme. Aujourd’hui, on lance le message à la ministre McCann. Si elle veut régler la crise du réseau, il faut qu’elle se mette à l’écoute du personnel de bureau et de l’administration », de conclure Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS-CSN.

Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter la page Facebook de la campagne

L’indifférence de François Legault

Le mot du président

L’objectif paraît fort louable. Viser des jobs à 30 ou 35 $ l’heure, rehaus­ser le revenu médian au Québec à la moyenne de nos voisins ontariens. On serait mal avisé de reprocher à notre nouveau premier ministre de convoiter notre confort et notre bien-être.

Créer de la richesse, en remet­tre dans les poches d’une classe moyenne prise au piège de la stagnation des salaires depuis 40 ans, voilà bien un message qui, admettons-le, obtient une certaine résonnance auprès de l’électorat québécois – ou une résonnance certaine, c’est selon.

Néanmoins, comme le répète trop souvent l’adage, la vie ne se résume pas à une colonne de chiffres. La richesse du Québec ne peut être comprise qu’à travers les réalités vécues par les huit millions de citoyennes et citoyens qui le composent. Par leur travail quotidien pour nourrir leur famille. Par leur volonté d’offrir la meilleure éducation à leurs enfants. Par les sacrifices qu’ils font pour prendre soin de cette génération précédente qui leur a donné les meilleures chances pour réussir leur vie. Et, pourquoi pas, s’offrir le luxe d’une semaine de vacances auprès de leurs proches au cours de l’été qui vient.

Il est ainsi désolant de voir le gouvernement Legault dérèglementer le secteur du taxi qui, certes, connaît ses difficultés. Cette industrie a néanmoins permis à des milliers de travailleurs de faire vivre leur famille décemment. Nombre d’immigrants, constatant que la société québécoise refusait de reconnaître leurs compétences académiques et professionnelles, sont parvenus à régler leurs fins de mois et à accumuler de l’épargne qu’ils ont par la suite investie dans l’économie du Québec. Autant de familles aujourd’hui sacrifiées à l’abreuvoir des Uber de ce monde.

La richesse québécoise, c’est aussi le dur labeur de ces hommes et ces femmes qui, chaque matin, prenaient la route de l’aluminerie de Bécancour. La remarque du premier ministre ces derniers jours, après 15 mois de lock-out décrété par ABI ? Les syndiqués sont trop gourmands — ignorant par le fait même que les salaires ne sont aucunement au cœur du litige. Et ce, à peine quelques jours après que ceux-ci eurent le culot, il va sans dire, de refuser une nouvelle offre… nettement inférieure à celle déposée par l’employeur l’an dernier. Une intervention inacceptable de la part d’un premier ministre dans une libre négociation.

Notre richesse, c’est également les réseaux publics que nous avons collectivement d’abord revendiqués, puis construits. Le réseau des centres de la petite enfance et des services de garde en milieu familial en fait certainement partie. Ce secteur a largement contribué, notamment dans la région de Montréal, à l’intégration puis à l’essor des communautés immigrantes — en plus de répondre plus qu’adéquatement aux besoins de nos enfants. En voulant imposer des maternelles 4 ans partout au Québec, François Legault vient directement fragiliser ce réseau. De plus, sans rassurer personne, les récentes annonces de son gouvernement quant à la création de places en garderie menacent tout particulièrement les responsables de services de garde en milieu familial, dont plusieurs risquent de perdre leur emploi.

On ne parle même pas du sort des 18 000 immigrantes et immigrants qui, après avoir logé une demande de résidence permanente, devront retourner à la case départ sans réclamer 200 $. Avec leur famille, on parle de plus de 50 000 individus confinés aux limbes des nouveaux logiciels du ministère de l’Immigration qui peinent à traiter une infime fraction des requêtes.

Diriger le Québec ne peut se résumer à une lecture comptable de la situation. Encore faut-il chercher à comprendre la complexité de la richesse québécoise, qui s’affirme d’abord et avant tout par le travail, le savoir-faire et les acquis de ses citoyennes et citoyens. Balayer du revers de la main autant de luttes menées par la population du Québec n’est certainement pas compatible avec son confort et son bien-être. L’indifférence du premier ministre non plus.

Inséminateur bovin: un métier des plus inusités

Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Maxime Labelle, travailleur au Centre d’insémination artificielle du Québec et membre de la Fédération du commerce, et Pierre Patry, trésorier de la CSN. Un échange surprenant sur un métier des plus inusités. En voici quelques extraits :

Pierre : Ton métier gagne à être mieux connu. Pourrais-tu expliquer le travail que vous effectuez ?

Maxime : On a deux fonctions de travail. Certains font de la vente et du conseil auprès des producteurs agricoles, surtout pour vendre de la semence de taureau de toutes sortes de races bovines… Et les autres font de l’insémination. À chaque matin, ils prennent les messages des producteurs agricoles et des tournées d’insémination s’organisent.

Pierre : Côté santé-sécurité, est-ce qu’il y a beaucoup de blessés au travail ?

Maxime :  La santé-sécurité est un énorme enjeu en ce moment parce que les fermes grossissent et le système de production change. Anciennement, on avait 20 à 40 vaches dans une étable conventionnelle où elles étaient attachées. On arrivait pour inséminer et la vache était identifiée avec une petite pancarte, on l’inséminait avec la dose que le producteur avait choisie, on facturait et on partait. Maintenant, le système d’exploitation est différent ; on arrive dans des étables où l’animal est libre dans son environnement, alors il faut la trouver, la vache, quand on arrive pour inséminer… On s’en va la chercher carrément à travers le troupeau. Ces vaches ont leur petit caractère ! Il y en a qui sont fines, d’autres qui le sont moins… On parle quand même de grosses vaches de 750 kilos. Alors ça comporte certains risques et, oui, il y a eu des accidents dernièrement…

Pierre : Est-ce qu’il y a des filles dans votre industrie ? Est-ce qu’il y en a beaucoup ?

Maxime : Dernièrement, j’ai fait une tournée des régions et il y a plus de femmes qu’il y en avait. Il était un temps où, au total, il y avait peut-être quatre, cinq, six femmes, mais aujourd’hui, il y en a beaucoup plus. Dans certaines régions, il y a quasiment autant de femmes que d’hommes !

Pierre : À ce jour, voyez-vous les effets des accords mondiaux ?

Maxime : L’impact est vraiment au niveau des producteurs. Ces accords ont un effet sur leur moral et sur le prix du lait, qui a eu tendance à diminuer ces dernières années. Alors quand on arrive pour faire affaire avec ces producteurs, c’est plus difficile, un peu. Ils ont tendance à diminuer le prix des achats de semence parce qu’ils subissent des impacts économiques sur leur ferme.

Pierre : Pourrais-tu nous raconter une anecdote ou une histoire ?

Maxime : On est toujours sur la route et on travaille à l’année. Les journées de méga tempête de neige partout au Québec, imaginez-vous qu’il y a 115, 120 inséminateurs qui sont sur la route… Quand un producteur appelle le matin parce qu’il y a une vache à inséminer, ça ne peut pas être fait demain, c’est aujourd’hui ! Et ça, ça entraîne plein d’anecdotes… Par exemple, l’année passée, il y avait des inondations, et il y a un inséminateur qui a dû se rendre à la ferme en chaloupe !

Des solutions syndicales s’imposent

On voyait la crise venir. Aujourd’hui, elle est là, bien installée et pour longtemps. Les problèmes de pénurie et de rareté de main-d’œuvre qui frappent durement la plupart des milieux de travail sont le résultat du vieillissement de la population, des départs massifs à la retraite et d’une conjoncture économique plutôt bonne.

Réunis les 26 et 27 février dernier au Palais des congrès de Montréal, militantes et militants de la CSN, dirigeantes et dirigeants des centrales syndicales, spécialistes de l’emploi et représentantes et représentants patronaux et gouvernementaux ont cherché et partagé ensemble des solutions à cette crise sans précédent.

Avec un taux d’emploi record et un niveau de chômage qui atteint un creux historique, le Québec manque cruellement de main-d’œuvre. « Il y a en ce moment au Québec 118 000 postes vacants dans tous les domaines d’activité, en particulier dans les secteurs du tourisme, de l’hébergement, du commerce de détail et de la santé. Pour les entreprises, c’est un vrai casse-tête, mais pour les chercheurs d’emplois, c’est une bonne nouvelle. Le rapport de force s’est inversé : ce sont maintenant les travailleuses et les travailleurs qui choisissent leur employeur. Et c’est loin d’être terminé, car d’ici dix ans, 1,4 million d’emplois seront à combler au Québec. C’est du jamais vu », a expliqué Roger Tremblay, sous-ministre responsable d’Emploi-Québec, à l’occasion du Forum CSN sur la pénurie et la rareté de main-d’œuvre.

La rareté de main-d’œuvre : une crise sociale
La rareté de main-d’œuvre est un phénomène complexe et ses conséquences sur le monde du travail ressemblent à un tsunami, nous dit Jean Lortie, secrétaire général de la CSN. « Pendant quarante ans, on a revendiqué le plein emploi au Québec. Aujourd’hui, on y est et cela se traduit par une crise sociale importante. On réalise que nos conventions collectives ne sont pas adaptées à cette réalité-là. On découvre que les valeurs des jeunes générations face au travail ont profondément changé ; le travail n’est plus leur priorité, la conciliation travail-famille arrivant loin devant. On constate que les plus anciens aimeraient rester au travail, mais pas avec les mêmes conditions. La crise de la main-d’œuvre nous force aussi à revoir toute la question de l’immigration, de la formation en entreprise ou de la formation générale. »

Le constat est amer, sans précédent. L’heure est à la concertation, mais ce n’est pas nécessairement des employeurs que viendront les solutions miracles, nous dit Jean Lortie. « Bien des employeurs sont mal pris, ils ne l’ont pas vu venir et sont en état de choc. Plusieurs commencent à réaliser que leurs critères d’embauche sont souvent trop élevés. Il manque de monde, des restaurants ferment trois soirs par semaine, des entreprises fonctionnent au ralenti et perdent des contrats. Tout ça affecte la croissance économique. En même temps, cette crise force les employeurs à être plus créatifs et surtout à réaliser que leur main-d’œuvre est précieuse, qu’ils doivent en prendre soin et qu’ils ne peuvent pas s’en débarrasser comme auparavant. »

Certains employeurs l’ont bien compris, mais pas tous, loin de là. Selon Julien Laflamme, économiste à la CSN, « ce sont les travailleuses et les travailleurs en emploi qui en font les frais : intensification de la cadence et de la charge de travail, non-remplacement des absences, impossibilité d’obtenir des congés, manque de soutien et de moyens, hausse des problèmes physiques et psychologiques ». Il constate aussi qu’à travers le Québec, « malgré une croissance économique continue, les salaires n’ont pratiquement pas augmenté ces dernières années. La durée moyenne des vacances a diminué et les congés personnels stagnent ». En un mot, la classe moyenne tire de l’arrière.

Des solutions qui vont au-delà des salaires
Actuellement, 60 % des 118 000 postes vacants au Québec requièrent très peu de formation ou d’années d’expérience. Ce sont souvent des emplois moins bien rémunérés qui offrent des conditions de travail peu alléchantes. Pour attirer et retenir les travailleurs, il faut agir sur plusieurs fronts, notamment en augmentant le salaire minimum à 15 $ l’heure. La CSN en a fait une priorité, nous rappelle son président Jacques Létourneau. « Le salaire minimum à 15 $ va avoir un effet sur les autres travailleuses et travailleurs. Le boulanger qui gagne 20 $ l’heure va vouloir en gagner 22. Ça va avoir un effet domino et c’est exactement ça qu’on veut ». L’économiste Julien Laflamme ajoute que les solutions reposent aussi sur la formation de base et en emploi, sur l’alphabétisation et sur la conciliation travail-famille-études. « On doit également s’attaquer à la pénibilité du travail et à l’organisation du travail, tout en investissant dans les innovations technologiques. »

La revalorisation des métiers et de toute la formation professionnelle fait aussi partie de la solution. Le Québec manque de soudeurs, d’électriciens et de travailleurs manuels dans une foule de domaines. Il faut améliorer les conditions des stagiaires et mieux adapter la formation générale aux besoins du marché du travail, sans oublier que ceux-ci peuvent changer rapidement. Pour retenir les travailleuses et travailleurs d’expérience ou attirer les retraité-es, il faut modifier la fiscalité et offrir des horaires flexibles.

Travailleurs immigrants : comment leur faire une place
On sait qu’il y aura 1,4 million de postes à combler d’ici 10 ans au Québec. Selon Emploi-Québec, la moitié de ces postes seront pourvus par les jeunes actuellement aux études. On compte aussi sur les travailleuses et travailleurs expérimentés, les retraité-es et celles et ceux qui sont aujourd’hui absents du milieu du travail. Les travailleuses et les travailleurs issus de l’immigration viendront combler, à eux seuls, 22 % des besoins de main-d’œuvre.

Le monde du travail constate néanmoins qu’il faudra en faire davantage pour les accueillir, les soutenir, les former et, surtout, les garder en emploi, nous dit Julie Marquis, conseillère syndicale au Service des relations du travail de la CSN. « Comme mouvement, nous devons favoriser l’intégration syndicale, mettre en place des formes de parrainage, encourager la francisation et aborder les questions liées aux différences culturelles ». Elle rappelle qu’au Québec, « un homme immigrant gagne en moyenne 7000 $ de moins qu’un non-immigrant et cela, même si les travailleurs étrangers sont souvent plus scolarisés. »

Chez les minorités ethnoculturelles racisées, dont les personnes sont régulièrement victimes de racisme et de discrimination à l’embauche, le taux de chômage est très élevé. « Les syndicats ont un rôle essentiel à jouer, un rôle d’accompagnement, affirme Jacques Létourneau. Nous ne pouvons pas laisser les employeurs profiter de la situation et niveler par le bas les conditions de travail. »

Le défi est aussi d’attirer les travailleurs immigrants en région, là où les besoins de main-d’œuvre sont très importants, selon Stéphane Forget, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec. « On constate que 86 % des immigrants s’installent dans la grande région de Montréal, alors que 55 % des postes à combler se trouvent à l’extérieur de Montréal. »

Pour Audrey Murray, présidente de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT), « le dialogue social est essentiel si on veut inciter les travailleurs immigrants à s’installer en région. Les municipalités, les organismes du milieu et le monde du travail doivent travailler ensemble pour créer un milieu de vie accueillant et faciliter leur intégration. »

Des initiatives syndicales
Chez Canam-Structal, une entreprise de Québec spécialisée dans la construction de ponts et de viaducs, l’employeur a tout essayé pour combler la pénurie de main-d’œuvre : l’embauche de travailleurs immigrants, l’achat de robots-soudeurs et le recours aux agences de placement. Des expériences coûteuses et sans lendemain, nous dit Jean-François Veilleux, président du syndicat CSN, qui représente aujourd’hui 280 travailleurs. « L’employeur a compris finalement qu’il fallait qu’on travaille ensemble pour régler les problèmes. Il nous a consultés, on a fait des ateliers et on a travaillé en collaboration. On a de meilleures primes de nuit et on a créé des horaires pour rejoindre les jeunes. L’employeur investit beaucoup dans la formation, on travaille sur l’idée d’une école de formation interne. L’employeur a aussi beaucoup travaillé sur son image pour attirer les travailleurs, et ça marche. On a un boni au recrutement. L’employeur est ouvert et le taux de rétention s’améliore. On a un journal syndical, des t-shirts avec notre logo, des activités et des soupers pour nos syndiqués. Les gars s’identifient au syndicat et à la compagnie. On va recevoir vingt travailleurs colombiens dans les prochains mois et, cette fois, on va mieux les accompagner et les intégrer. »

Chez Bombardier transport de La Pocatière, les départs à la retraite et l’augmentation des contrats de matériel ferroviaire ont provoqué une sérieuse pénurie de soudeurs, qui menaçait à la fois la production et les emplois. Le syndicat et les travailleurs ont donc trouvé eux-mêmes des solutions, nous dit Claude Michaud, président du Syndicat des employés de Bombardier La Pocatière (CSN). « Il nous manquait cinquante soudeurs à un moment donné. La première chose qu’on a faite, c’est de rappeler des soudeurs à la retraite. On a fait des heures supplémentaires sur une base volontaire et les gens ont embarqué. On a aussi convaincu l’employeur de former des travailleurs à l’emploi pour qu’ils puissent effectuer certaines tâches supplémentaires pour pouvoir ajouter deux nouvelles catégories d’emplois de travailleurs qui venaient donner un coup de main aux soudeurs et préparaient les pièces. Les solutions, on les a trouvées en collaboration avec l’employeur. »

À la Commission scolaire des Découvreurs de Québec, le syndicat a trouvé le moyen de forcer l’employeur à s’asseoir et à discuter des problèmes causés par la rareté de main-d’œuvre : surcharge de travail, absentéisme et démissions en cascade. Isabelle Larouche est présidente du Syndicat du personnel de soutien scolaire des Découvreurs (CSN). « Comme syndicat, on a déposé une plainte à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST). Depuis ce temps-là, l’employeur nous parle. On a revu les exigences des emplois pour permettre à nos gens d’avoir accès aux postes vacants. Ce qu’on veut maintenant, c’est remodeler les tâches pour améliorer le fonctionnement et attirer du nouveau monde. »

À l’hôpital Sainte-Justine de Montréal, la rareté de main-d’œuvre se vit tous les jours, nous dit Sophie Leclair, présidente du syndicat CSN qui regroupe 1600 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes. « Pour nous, la pénurie de main-d’œuvre, ça signifie une surcharge de travail quasi continuelle. On nous force à faire des heures supplémentaires. On connaît beaucoup d’épuisement et d’absence pour maladie. Environ 10 % de nos travailleuses sont en arrêt de travail. »

Malgré tous ces écueils, le syndicat est parvenu à faire des gains non négligeables, nous dit Sophie Leclair. « Ce qui fonctionne bien chez nous, ce sont les horaires comprimés. On a mis en place des quarts de 12 heures sur une base volontaire, des horaires qui profitent cette année à 250 infirmières. Ça permet de faire du temps complet et de venir moins souvent au bureau ». Le syndicat a créé un comité de fardeau de tâches à l’urgence, où il manquait vraiment du personnel. « Notre rêve, c’est de travailler département par département pour trouver des solutions dans chaque milieu ». Le travail à faire est colossal, mais les travailleuses ne baissent pas les bras. Une bataille à la fois, elles comptent bien trouver des solutions durables à la rareté de main-d’œuvre au sein de leur établissement.

Le vice-président de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Danny Roy, demeure convaincu que la meilleure des solutions pour répondre aux pénuries de personnel du réseau de la santé et des services sociaux est de rehausser les conditions de travail. « Dans la région de Québec, après avoir épuisé le bassin de main-d’œuvre intéressée, l’employeur a dû ratisser les régions environnantes. C’est rendu que le CIUSSS multiplie les démarches en Europe pour attirer des techniciens et des professionnels. Le goût de venir travailler dans le réseau, ça doit se développer dès le milieu scolaire. Mais pour ça, il faut améliorer les conditions de travail, notamment en termes de rémunération et de conciliation famille-travail. »

Quelques consensus

      • S’engager dans la négociation des conditions de travail et des avantages sociaux favorisant l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre : revoir les horaires de travail et les mécanismes d’octroi des congés, faciliter la conciliation famille-travail-études et obtenir des emplois stables et à temps complet.
      • Travailler de concert au sein du mouvement CSN — conseils centraux, fédérations et syndicats — pour trouver des solutions régionales à la rareté de main-d’œuvre.
      • Poursuivre la campagne 5-10-15 : le droit de connaître son horaire de travail cinq jours à l’avance ; l’obtention de dix jours de congés payés pour cause de maladie ou de responsabilités familiales ; le rehaussement du salaire minimum à 15 $ l’heure.
      • Développer une vision stratégique de l’emploi : le secrétaire général, Jean Lortie, en a pris l’engagement devant les 600 participants au Forum CSN sur la rareté et la pénurie de main-d’œuvre. « Notre objectif au comité exécutif de la CSN, c’est d’atterrir au prochain congrès avec une stratégie de l’emploi. »

Maternelles 4 ans : un gain pour les enfants ?

L’objectif des maternelles 4 ans serait d’améliorer la scolarisation des enfants, de faciliter le passage à l’école des tout-petits qui vont moins bien. Et si ce remède n’était pas le bon ?

Si on en croit le renommé pédiatre Jean-François Chicoine, on pourrait bien provoquer l’effet contraire à celui recherché. Dans une longue entrevue accordée au Point syndical, le docteur Chicoine de l’hôpital Sainte-Justine, qui est également professeur à l’Université de Mont­réal, nous explique son point de vue très critique envers les maternelles 4 ans pour tous.

« Une maternelle 4 ans, plutôt qu’un CPE, pour un petit enfant de quatre ans, c’est moins d’apaisement et de soins personnalisés puisque le rapport à l’adulte n’est pas le même. C’est donc, éventuellement, un petit qui pourrait se dire dans sa tête d’enfant qu’on ne l’aime pas ou encore, qui pourrait devenir plus stressé, plus peureux. Et ces éléments-là vont se manifester comme des empêchements à la scolarisation », a résumé Jean-François Chicoine.

Pour ce spécialiste, les enfants les plus à risque ont besoin d’un référent stable au fil des jours, pérenne d’une année à l’autre. L’aspect affectif est important. « Les enfants les plus pauvres, les plus démunis, qui viennent de familles très marginalisées, on a avantage à les mettre dans un milieu de garde dès l’âge de six mois ou un an », affirme le docteur Chicoine, qui se souvient même d’avoir donné des « prescriptions de CPE ». Il déplore d’ailleurs le fait que le réseau des services de garde éducatifs n’ait jamais été complété et que nous n’ayons pas plus investi collectivement dans ce projet.

Pour ces enfants plus fragiles, le pédiatre ne prévoit aucun gain avec la maternelle 4 ans. « Ce sont des enfants qui, du point de vue éducatif, cognitif et de leurs connaissances, ne vont pas progresser plus vite que d’autres », estime celui qui précise que la seule étude québécoise sur le sujet (Christa Japel, 2017) conclut qu’il n’y a « rien de bénéfique » aux maternelles 4 ans pour les enfants issus de milieux défavorisés.

« À mon sens, c’est beaucoup nuire aux enfants qui ont déjà des problématiques affectives. C’est que ces enfants ne sont pas capables de faire face à la situation sur le plan académique », conclut Jean-François Chicoine.

L’importance du jeu libre
Jean-François Chicoine ne s’entend pas avec son ancien collègue de Sainte-Justine, Lionel Carmant, ex-chercheur spécialiste de l’épilepsie chez les enfants, aujourd’hui ministre délégué dans le gouvernement de la Coalition avenir Québec. Le docteur Chicoine estime qu’il faut préserver au minimum trois heures par jour de jeu complètement libre à cet âge. « Si on force les enfants à ne plus jouer librement, et ça, c’est vraiment mon dada, j’ai peur qu’on diminue beaucoup l’imagination de ces enfants-là, leur capacité à se réfugier dans un monde qui est le leur », indique le pédiatre, qui a déjà constaté dans sa pratique une augmentation du nombre d’enfants stressés ou anxieux au fil des années.

La proximité des éducatrices
Pour le pédiatre, le rapport direct avec un adulte significatif est primordial et ne sera pas le même dans un grand groupe.

« Si l’enfant n’est pas capable de faire quel­que chose, il faut lui dire en s’agenouillant, en le regardant dans les yeux : “je vais t’aider”. Et pour faire ça, ça prend une relation d’un individu à un autre. Un bon rapport entre l’éducatrice et l’enfant, ça se peut avec 7, 8, 10 ou 12 enfants, mais certainement pas avec 14, 16 ou 18 », évalue Jean-François Chicoine.

Le diagnostic vraiment précoce
L’argument de favoriser les diagnostics précoces à la maternelle 4 ans ne tient pas la route pour le docteur Chicoine. « Quand on parle de diagnostic précoce à l’âge de quatre ans, pour un pédiatre, c’est comme si vous me demandiez d’agir dans un CHSLD de bébés », lance le pédiatre d’expérience pour illustrer l’absurdité de la situation. Plusieurs diagnostics importants peuvent se faire à 18 mois avec un accès au spécialiste approprié.

Il estime par ailleurs que les éducatrices peuvent jouer un rôle majeur pour dépister les premiers troubles moteurs ou de la communication en très bas âge. Jean-François Chicoine déplore cependant que les ressources spécialisées pour assurer un suivi après le diagnostic aient « diminué comme peau de chagrin » ces dernières années. Certains enfants qu’il a diagnostiqués attendent deux ans pour avoir accès à des services !

« Plus on dépiste tardivement, moins on permet la scolarisation », remet en perspective le pédiatre, qui fait une grande différence entre un diagnostic à deux ans plutôt qu’à quatre, lorsque c’est possible.

Encore faudrait-il avoir les ressources de dépistage nécessaires dans le secteur de la petite enfance, plutôt que d’engouffrer des millions afin de répondre à une promesse électorale…

Des réinvestissements qui ciblent les mauvaises priorités

La scène avait ce quelque chose d’ironique : à peine quelques minutes après qu’Éric Girard eut présenté son budget aux représentants des médias, reclus près de l’Assemblée nationale, les députés libéraux Carlos Leitão et Gaétan Barrette tentaient de convaincre ceux-ci qu’ils auraient tout autant dépensé les surplus budgétaires que le nouveau gouvernement. Normal, affirmaient-ils aux journalistes, il s’agit des surplus qu’ils ont eux-mêmes engendrés. Alors, hein ?

Force est d’admettre que le ministre des Finances, après avoir scrupuleusement respecté ses obligations quant au remboursement de la dette à la hauteur de 2,5 milliards, a utilisé la totalité des 1,7 milliard de surplus budgétaires à sa disposition.

Mais pour le président de la CSN, les priorités du gouvernement ratent la cible : elles n’apportent pas les solutions durables qui permettraient de renflouer le réseau public et de régler les problèmes qui l’accablent.

« Il faut d’abord reconnaître qu’une très grande partie des réinvestissements répond à trois promesses électorales de la CAQ : les maternelles 4 ans, les maisons pour les aîné-es et la réduction de la taxe scolaire, affirme Jacques Létourneau. Or, ces choix sont encore grandement débattus au Québec et sont loin de faire l’unanimité. Le premier ministre n’est plus en campagne : il doit aujourd’hui gouverner pour l’ensemble de la société québécoise. »

À elles seules, fait-il remarquer, les maisons pour les aîné-es accaparent près de la moitié des réinvestissements en santé pour ne créer que 2600 places. La réduction de la taxe scolaire, bien que totalement assumée par Québec, amputera néanmoins son budget, à terme, de l’ordre de 800 millions de dollars. Par ailleurs, le déploiement des maternelles 4 ans force le ministre des Finances à anticiper d’importants investissements immobiliers afin de prévoir les salles de classe nécessaires.

« Nous n’avons jamais été contre les maternelles 4 ans. Nous croyons néanmoins que son déploiement mur à mur est loin d’être la meilleure façon d’aider nos tout-petits. Imaginez si toutes ces sommes avaient été investies pour créer de nouvelles places en CPE et en milieu familial ; ce réseau possède les installations nécessaires et peut compter sur le personnel le plus qualifié pour répondre aux besoins de la petite enfance. Le gouvernement aurait pu embaucher des centaines de spécialistes pour détecter les troubles d’apprentissage dès le plus jeune âge. Le choix de François Legault d’investir dans du béton pour respecter à la lettre une promesse électorale largement contestée est regrettable », se désole le président de la CSN.

« Les libéraux ont coupé dans nos écoles, dans nos hôpitaux et dans nos CHSLD pour parvenir à ces surplus. On a supprimé des postes, on n’arrive plus à recruter de la main-d’œuvre et tout ça finit par alourdir la tâche des salarié-es du secteur public. Oui, le gouvernement réinvestit les surplus, mais vraiment pas aux bonnes places ! », laisse tomber Jacques Létourneau.

Du go-and-stop ?
En prévoyant une croissance des dépenses de l’ordre de 5,4 % en santé et services sociaux et de 5,1 % en éducation, le gouvernement couvre l’expansion des coûts liés à ces systèmes, estiment les analystes. Le hic, pour Pierre Patry, trésorier de la CSN, est que cette croissance des dépenses n’est bonne que pour la première année.

« Dès 2020-2021, les caquistes prévoient une croissance des dépenses qui ne parviendra pas à couvrir les coûts de système et le vieillissement démographique. Après le stop-and-go auquel nous avaient habitués les libéraux, la CAQ nous annonce du go-and-stop, c’est-à-dire une forte croissance des dépenses cette année et un nouveau ressac budgétaire dès l’an prochain. En somme, une nouvelle période d’austérité où l’État québécois, en fonction de la croissance normale des dépenses, ne parviendra plus à offrir le même panier de services à la population », souligne Pierre Patry.

L’environnement est le grand perdant de ce budget, déplore le trésorier. « Il est atterrant de constater qu’après avoir abandonné les objectifs de 2020, aucune cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne figure à l’ordre du jour du nouveau gouvernement. »

La CSN voit néanmoins d’un bon œil le relèvement de l’enveloppe d’Investissement Québec, qui pourrait avoir jusqu’à cinq milliards à investir dans plusieurs secteurs de l’économie. De cette somme, un milliard pourrait être consacré à protéger les sièges sociaux québécois et favoriser les entreprises stratégiques.

« François Legault semble répondre adéquatement à ses engagements économiques, reconnaît Pierre Patry. Le gouvernement doit s’assurer de pouvoir jouer un rôle interventionniste afin de préserver nos emplois et nos entreprises, particulièrement dans un contexte où les accords internationaux minent sa capacité à favoriser nos industries locales. Nous l’avons vu avec Bombardier, avec SICO et avec Vélan, encore tout récemment. François Legault se définit comme nationaliste économique, il doit aujourd’hui en faire la preuve. »