Le réseau est dans le trou en ce qui a trait au financement des soins de santé mentale

Alors que l’on souligne aujourd’hui la journée mondiale de la santé mentale, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) dénonce le fait que le réseau n’a pas les montants nécessaires pour répondre aux besoins grandissants de la population.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les établissements du réseau de la santé et des services sociaux subissent un manque à gagner majeur pour parvenir à donner les services de santé mentale. La FSSS-CSN a calculé ce manque à gagner cumulatif depuis 2013-2014.

  • Pour la mission de la santé mentale, le manque à gagner est de 322 millions de dollars.
  • Pour la mission de la déficience intellectuelle, le manque à gagner est de 449 millions de dollars.

La FSSS-CSN évalue que la mission de la santé mentale subit plus de 101 millions de dollars de coupes budgétaires pour l’année en cours. Ce montant est de plus de 156 millions de dollars pour la mission de la déficience intellectuelle.

« Tout au long de la journée, nous verrons plusieurs acteurs de la société parler de l’urgence d’agir en santé mentale. Malheureusement, un des acteurs majeurs pour aider la population est dans le trou. Le réseau de la santé et des services sociaux accuse un manque à gagner qui se creuse année après année. Si on ne veut pas continuer d’échapper des gens qui ont besoin d’aide, le gouvernement doit utiliser une part des surplus qu’il a en poche pour redresser la situation », explique Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

Il faut avant tout avoir les moyens de donner des soins de qualité

Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), le projet de loi 43 déposé par la ministre McCann n’atteindra pas sa cible tant et aussi longtemps que le gouvernement n’aura pas mis fin à la crise de surcharge de travail dans le réseau.

Le projet de loi 43 vise à donner plus de responsabilités aux infirmières praticiennes spécialisées, notamment pour le suivi de maladies courantes, pour déterminer des traitements médicaux et pour le suivi de certaines grossesses. Si ce projet de loi a le mérite de mieux reconnaître les compétences des professionnel-les en soins, la FSSS-CSN s’inquiète du contexte dans lequel il apparaît. Depuis des mois, les professionnel-les en soins et l’ensemble du personnel du réseau dénoncent la surcharge de travail permanente qu’elles subissent, notamment pour ce qui est du temps supplémentaire obligatoire (TSO).

Effacer le manque à gagner des établissements du réseau pour donner les moyens au personnel de soigner

Lors du dépôt du premier budget du gouvernement Legault, la FSSS-CSN avait démontré que l’austérité des dernières années portait le manque à gagner pour les établissements du réseau à plus de 9 milliards de dollars depuis 2013-2014. Ces investissements manquants sont ce qui nuit le plus à l’autonomie professionnelle et qui nourrit la crise de surcharge de travail permanente. À cet effet, la FSSS-CSN demande au gouvernement Legault de revoir sa prévision de retour à l’austérité dès l’année prochaine.

« Les compressions des dernières années ont mis à mal les conditions de travail. Les professionnel-les en soins vivent une réelle détresse actuellement dans le réseau. Reconnaître davantage l’autonomie des IPS, c’est bien. Mais on ne parviendra pas à changer le visage du réseau et à régler la crise sans s’attaquer à la source des maux. Et ça, c’est le fait que les investissements ne sont pas au rendez-vous pour permettre au personnel de souffler », lance Félix-Olivier Bonneville, infirmier et représentant des professionnel-les en soins à la FSSS-CSN.

Entente de principe entre les enseignantes et enseignants et leur employeur

Après une rencontre de conciliation qui s’est terminée tard hier soir, une entente de principe a été conclue entre les enseignantes et enseignants et leur employeur, le Collège Jean de la Mennais. Le contenu de l’entente ne sera pas divulgué avant que les membres ne puissent se prononcer à ce sujet dans les prochains jours, en assemblée générale.

Rappelons que la négociation achoppait principalement sur la question de la tâche éducative et du maintien de la contribution de l’employeur au régime d’assurance collective. Les enseignants demandaient notamment une réduction de la tâche afin d’être en mesure de mieux encadrer les élèves dans leur apprentissage.

 

 

Groupe Capitales Médias : Une occasion à saisir pour les communautés locales

Protéger un bien public
« Les dernières semaines nous ont permis de constater à quel point nos communautés tiennent à leurs journaux locaux. Tout le monde comprend que ce qui est actuellement en jeu, c’est la survie d’une couverture professionnelle et indépendante de leur réalité politique, économique et culturelle. Nos communautés sont inquiètes de voir leurs enjeux passer sous le radar du débat public. Elles n’ont pas tort, l’information régionale fait face à de l’adversité, mais nous souhaitons lancer un message positif et transformer la situation actuelle en opportunité. Nous avons une réelle possibilité de nous mobiliser collectivement et de nous assurer de la survie de nos journaux », explique Louis Tremblay, du journal Le Quotidien et porte-parole du comité provisoire chargé de développer le projet.

Une campagne intensive
Pilotée par les membres de ce comité provisoire, composé de représentants de chacun des journaux, la campagne « Je coopère pour mon journal » se déploiera dès cette semaine. Les personnes, organisations et entreprises qui le souhaitent pourront contribuer via la plateforme web coopmonjournal.com ou lors de sollicitations officielles qui se dérouleront dans les régions où sont implantés les journaux.

« Ce qu’on demande à nos communautés respectives, c’est d’abord de signer des lettres d’engagement comportant des montants de contribution volontaire pour le démarrage de la coopérative de leur journal. Notre objectif est de déposer une offre de reprise cohérente, soutenue par un plan d’affaires viable sur un horizon de cinq ans. D’ailleurs, des experts comptables travaillent actuellement sur cet aspect du projet. Malgré le contexte difficile et le temps qui presse, nous sommes emballés devant la perspective d’offrir aux communautés concernées la possibilité de participer avec nous à une reprise collective des journaux par la création de coopératives. C’est novateur comme approche et pour un milieu qui est en crise, c’est aussi une lueur d’espoir pour l’avenir. Pour y arriver, nos régions doivent se serrer les coudes et nous sommes persuadés qu’elles seront au rendez-vous », commente Louis Tremblay.

Rappelons que les parties intéressées à reprendre les journaux ont jusqu’au 25 octobre pour déposer une offre.

Le comité provisoire représente tous les employés, syndiqués et non syndiqués. Il est composé de sept représentants, soit Louis Tremblay (Le Quotidien), Jérôme Savary (La Voix de l’Est), Louis Ménard (Le Nouvelliste), Jean-François Néron (Le Soleil), Patrick Duquette (Le Droit), Isabelle Pion (La Tribune) et Gilles Carignan (cadres GCM). Le comité provisoire est soutenu par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, ainsi que par la Fédération nationale des communications – CSN.

Les jeunes enseignantes et enseignants : l’avenir de la profession

C’est sur le thème des jeunes enseignantes et enseignants que s’inscrit cette année la Journée mondiale des enseignantes et des enseignants célébrée annuellement le 5 octobre. La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) saisit l’occasion pour souligner le professionnalisme des enseignantes et des enseignants et pour rappeler un des plus importants défis pour l’avenir de la profession : contrer le manque d’enseignantes et d’enseignants au Québec.

Selon la Fédération, cette pénurie est exacerbée par le décrochage enseignant, particulièrement considérable dans les premières années d’exercice. Certaines études parlent même d’un taux de décrochage se situant entre 25 % et 30 % après la première année et entre 40 % et 50 % après cinq ans. C’est considérable ! On peut reconnaitre, sans faire d’erreur, que l’entrée dans la profession présente des embûches importantes.

Les solutions sont pourtant bien connues. Pour contrer le décrochage enseignant, il importe d’offrir des conditions qui permettent d’en réduire les facteurs de risque, comme la taille importante des groupes, le manque de personnel professionnel et de soutien ainsi que des conditions de travail laissant à désirer.

Pour Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN, la solution réside aussi dans l’accompagnement et dans la mise en place d’un processus d’insertion professionnelle. «Nous croyons que la pleine intégration d’une jeune enseignante ou d’un jeune enseignant dans son milieu est un facteur qui favorise le succès de l’entrée dans la profession. Un environnement axé sur la collégialité, la reconnaissance et le respect du personnel enseignant est un avantage indéniable», souligne-t-elle.

La Journée mondiale des enseignantes et enseignants a été instaurée conjointement par l’Internationale de l’éducation (IÉ) et l’UNESCO. Elle vise à reconnaitre et à valoriser le rôle déterminant joué par les enseignantes et les enseignants à travers le monde entier.

Cap sur le congrès

Le mot du président

C’est dans un contexte de profondes mutations de l’économie et de nos milieux de travail, qui changent la nature même du travail ainsi que notre rapport à celui-ci, que se tiendra en mai prochain le 66e Congrès de la CSN.

Notons d’abord les changements démographiques importants que traverse le Québec actuellement. Le vieillissement de la population et les nombreux départs à la retraite subséquents ont entraîné l’une des plus grandes vagues de renouvellement de main-d’œuvre de notre histoire récente. Les employeurs, tous secteurs confondus, se butent à de réels problèmes de pénurie et de rareté de main-d’œuvre. Les conséquences pour les travailleuses et les travailleurs sont loin d’être négligeables : hausse du recours aux heures supplémentaires, augmentation des charges de travail, pression pour augmenter l’âge de la retraite, pour ne nommer que celles-là.

On serait porté à croire que le mouvement syndical, dans un tel contexte, puisse tirer son épingle du jeu et améliorer les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs. Il est vrai que certains employeurs concèdent actuellement des augmentations salariales de 4 %, 5 %, voire 6 %, afin d’améliorer leur capacité à recruter de la main-d’œuvre, mais cette situation est-elle généralisée ? D’un autre côté, doit-on craindre que les salarié-es, forts de leur propre pouvoir de négociation (« octroie-moi des vacances, boss, sinon je vais travailler chez ton concurrent »), puissent être tentés de délaisser l’action syndicale collective pour privilégier l’approche individuelle ?

Au même moment, la révolution technologique modifie grandement nos façons de travailler. L’arrivée du numérique, de la robotique et de l’intelligence artificielle n’a pas entraîné les pertes d’emplois que certains craignaient, mais elle transforme la nature même du travail ainsi que les modèles d’affaires des entreprises.

Le fait que certaines et certains profitent très bien de cette situation (avec des emplois nécessitant une forte scolarisation), alors que d’autres sont condamnés à des emplois de plus en plus précaires (parce qu’ils ne bénéficient pas de la formation professionnelle requise pour s’adapter aux nouvelles réalités du travail), risque fort d’entraîner une polarisation et une accentuation des inégalités.

Par ailleurs, le déploiement de plateformes numériques – on n’a qu’à penser aux Uber de ce monde – s’accompagne de nouvelles formes de travail atypiques qui ne cadrent pas avec les lois du travail et qui remettent en question nos formes de représentation collective et nos modèles de syndicalisation.

On l’a vu ces derniers jours avec la mani­­festation monstre qui a mobilisé un demi-million de personnes dans les rues de Montréal et des dizaines de milliers dans la capitale et les régions du Québec, la conscientisation sur l’urgence d’apporter des solutions aux changements climatiques n’a jamais été aussi élevée. Des transformations radicales s’imposent, non seulement dans nos comportements de consommation, mais également dans nos modes de production afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Dans certains cas, les changements pourraient considérablement bouleverser nos façons de travailler et la nature de nos emplois. Le mouvement syndical devra être excessivement proactif afin de s’assurer que les travailleuses et les travailleurs reçoivent une formation adéquate pour s’adapter à ces changements et que cette nécessaire transition énergétique soit juste pour toutes et tous. De toute évidence, les compétences et les expertises qui seront exigées seront fort différentes.

Si l’essence même du travail est appelée à se transformer en fonction des bouleversements technologiques, démographiques et climatiques, il va sans dire que l’on doit repenser le sens de notre action syndicale, que ce soit en matière de négociation, de mobilisation ou de syndicalisation. Personnellement, je ne vois pas de meilleure fenêtre de réflexion pour les syndicats de la CSN que notre prochain congrès. C’est pour cette raison que je vous invite à y participer en grand nombre

La planète s’invite au Québec

Nous sommes le changement et ce changement arrive, que vous l’aimiez ou non – Greta Thunberg

Ces mots lancés aux décideurs politiques couronnaient la plus importante mobilisation jamais tenue au Québec et au Canada. La militante suédoise Greta Thunberg les a prononcés devant une foule d’un enthousiasme débordant, évaluée à plus de 500 000 personnes à Montréal, l’une des plus importantes à l’échelle mondiale.

Le 27 septembre dernier, partout au Québec, des centaines de milliers de personnes ont rejoint le mouvement mondial Week for future qui, du 20 au 27 septembre 2019, aura rassemblé plus de 7 millions de personnes autour de la planète.

Même si les messages des manifestantes et des manifestants étaient nombreux et qu’ils touchaient à plusieurs questions écologiques fondamentales, le mouvement visait principalement à interpeller les décideurs politiques du monde entier en réclamant que cesse immédiatement leur inaction face aux changements climatiques.

Photo : P. Sicotte

Les effets des changements climatiques se font sentir, et ce, tant dans le nord du Québec – où la fonte du pergélisol force déjà des villages entiers à l’exode –, qu’en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine où l’érosion des berges menace plusieurs municipalités.

Les premiers réfugiés climatiques du Québec ?
Le Point syndical s’est entretenu avec Serge Saint-Pierre, président du Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine–CSN.

« En Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, les bouleversements climatiques causent déjà des problèmes importants. Depuis plusieurs années déjà, nous sommes témoins de l’érosion accélérée des berges et l’on voit poindre à l’horizon la disparition complète de certaines parties du territoire.»

À plusieurs reprises, la route qui ceinture la côte nord de la Gaspésie a été littéralement coupée par la force des vagues en provenance du Golfe du Saint-Laurent, isolant quelques villages puisqu’aucune route alternative n’est présente à l’intérieur des terres. « Depuis une quinzaine d’années, on a dû reconstruire des sections de la route 132 qui borde la Baie-des-Chaleurs sur le banc de Maria afin de la protéger et faire un barrage pour sécuriser les maisons qui se situent de l’autre côté de la route.»

Aux îles, les scénarios pessimistes laissent croire que les liens fragiles qui unissent les îles sont plus que jamais menacés par des tempêtes plus fréquentes et plus fortes qui frappent de tous les côtés.

« Habituellement, les tempêtes d’automne et d’hiver arrivent du nord ou de l’est, mais Dorian nous a durement frappé au sud en septembre dernier, là où le territoire est le plus fragile. Le 1 % qui dirige le monde doit prendre la juste mesure du message que nous portons aujourd’hui à savoir qu’il faut radicalement changer nos habitudes de vie. Si aucun changement n’est mis en œuvre rapidement au niveau planétaire, il y aura vraisemblablement des millions de réfugiés climatiques et le Québec ne sera manifestement pas épargné. »

Rentrée politique à Québec

La première année d’un premier mandat de la CAQ en aura surpris plus d’un. Malgré l’inexpérience de son cabinet ministériel, le gouvernement de François Legault a tout de même réussi à déposer un menu législatif plutôt costaud, rendant à terme – parfois sous le bâillon, il est vrai – plusieurs projets de loi. Somme toute, malgré certaines bévues, ses ministres n’ont pas multiplié les faux pas.

C’est probablement sur le plan budgétaire que les craintes du mouvement syndical étaient les plus élevées à l’endroit du gouvernement. Surfant sur les surplus entraînés par les années d’austérité et par une hausse inattendue des revenus de l’État, le ministre des Finances a pu saupoudrer des sommes ici et là. Les prévisions budgétaires d’Éric Girard entretiennent néanmoins de sérieuses interrogations. Malgré un réel réinvestissement au cours de l’année 2019-2020, la croissance des dépenses prévue pour les prochaines années ne pourra égaler la hausse des dépenses de programmes – ce qui risque fort de nous entraîner dans une nouvelle vague de compressions de services.

Alors que François Legault livre, en bonne partie, les engagements qu’il a pris en campagne électorale, son entêtement à imposer les maternelles 4 ans aura toutefois réussi à plomber l’aura de son gouvernement auprès de la population. Plusieurs coups de sonde ont démontré que les Québécoises et les Québécois tiennent fermement à leur réseau de la petite enfance.

Cependant, force est de constater que, selon les sondages, la population conserve une très haute estime pour le gouvernement Legault. Si des élections avaient lieu demain matin, il conserverait sa forte majorité de sièges, ce qui lui donne les coudées franches pour la rentrée parlementaire au cours de laquelle plusieurs projets législatifs seront poursuivis ou entamés.

Des orientations lourdes de conséquences
Nombre de dossiers parlementaires auront un impact direct sur les conditions de vie et de travail des membres de la CSN. En voici quelques-uns qui mériteront un suivi rapproché.

Les syndicats du secteur public doivent déposer leurs cahiers de demandes le 30 octobre prochain. Augmentations salariales et améliorations des conditions de travail et de pratique figureront parmi les priorités syndicales. Le projet de loi 33 portant sur les services essentiels, discuté en commission parlementaire le mois dernier, viendra modifier le rapport de force. En effet, à la suite d’une contestation juridique menée par la CSN, le gouvernement fut forcé d’abolir les seuils uniformes de services devant être maintenus lors de grève (comme le fameux 90 % dans les centres hospitaliers) pour revenir à la stricte notion de santé et de sécurité de la population.

Le ministre Boulet a été clair sur sa volonté de revoir la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) et la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP). Tant les acteurs patronaux que syndicaux seront à l’affût.

Le gouvernement est ferme dans son intention d’abolir les élections scolaires. Même s’il prétend ne pas vouloir fusionner certains des nouveaux centres de services appelés à remplacer les commissions scolaires, d’importants enjeux de gouvernance demeurent, notamment en ce qui a trait à une possible centralisation des lieux décisionnels.

Le gouvernement n’a toujours pas renié son engagement à revoir le mode de scrutin. François Legault indique toutefois que la nouvelle formule devra être soumise à un référendum en 2022, reniant ainsi son engagement à ce que les prochaines élections se déroulent sous un mode proportionnel mixte. Pire, le premier ministre affirme qu’il ne prendra pas position lors de la campagne référendaire.

Le recours du Groupe Capitales Médias pour se mettre à l’abri de ses créanciers aura illustré de façon fulgurante l’urgence d’apporter des mesures d’aide aux médias. La commission parlementaire tenue au mois d’août aura certes permis d’exposer la situation plus en détail, mais aucun projet législatif n’est à l’ordre du jour. Le comité ministériel, piloté depuis le printemps par le bureau du premier ministre et les ministères des Finances, de l’Économie et de la Culture et des Communications, a toutefois tous les moyens pour mettre en place les mesures de soutien à la presse écrite attendues depuis trop longtemps.

La dernière année aura démontré les limites du champ d’intervention de nos gouvernements quant à la protection de nos emplois. Quand ce n’est pas Ottawa qui tergiverse à octroyer des contrats à la Davie ou une société de la Couronne qui lève le nez sur Bombardier de La Pocatière, c’est François Legault qui demeure sans moyens devant l’exode des équipements et des emplois de Vélan vers l’Inde ou les États-Unis. Élu avec la volonté de renouer avec le nationalisme économique, on est en droit de s’attendre à plus de muscles de la part du premier ministre.

Le gouvernement a annoncé un plan détaillé de lutte contre les changements climatiques en 2020 ainsi qu’un chantier pour le recyclage et la consigne du verre et du plastique. Des interventions seront nécessaires dans une perspective de développement durable et de transition juste, notamment par un appui aux syndicats dont les milieux de travail seront affectés par ces transformations. La mobilisation sur les questions environnementales se poursuivra aussi au cours des prochains mois et la CSN sera au rendez-vous avec le collectif La planète s’invite au travail.

Faire une différence, du Sud au Nord

Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Amy Côté, agente de mobilisation chez Oxfam-Québec, et Jacques Létourneau, président de la CSN. Un échange autour de la solidarité internationale et la façon dont elle s’opère sur le terrain. En voici quelques extraits.

Jacques : En quoi consiste ton travail d’agente de mobilisation ? C’est un titre assez large !

Amy : Je travaille chez Oxfam depuis une douzaine d’années. Différents mandats, différents projets. Depuis cinq ans, je suis agente de mobilisation pour les programmes au Québec. Je suis spécialement dédiée à la mobilisation de nos stagiaires et de nos coopérants volontaires, une fois qu’ils sont de retour. On envoie des gens travailler à l’international, mais une fois qu’ils reviennent, ils veulent garder des liens avec nous, rester engagés, contribuer à Oxfam. Mon travail, c’est de communiquer avec eux, de développer des activités dans lesquelles ils peuvent s’impliquer.

Jacques : Donc, tu restes au Québec ?

Amy :  Je ne me promène plus tant que ça. J’ai aussi fait deux ans comme coopérante en Bolivie, donc j’ai une expérience de coopérante moi-même, ce qui est essentiel pour la réalisation de mon travail. Je connais leur réalité, ce qu’ils vivent au retour, quels sont leurs besoins.

Jacques : Concrètement, ça ressemble à quoi un projet en Bolivie ?

Amy : J’étais conseillère en développement et gestion, donc j’ai appuyé la gestion de projets, dont le développement et la conception. Je travaillais avec une école partenaire de formation technique, un peu l’équivalent du volet technique du cégep. Ils voulaient bâtir une garderie, puisque plusieurs jeunes étudiantes qui voulaient étudier étaient souvent freinées par la réalité d’être mère. L’école voulait donc offrir un accès à un service de garde éducatif pour les enfants des étudiantes. On a embauché une conseillère en gestion de garderie, ici au Québec, pour accompagner l’école partenaire dans le développement de ce projet-là. C’était une éducatrice qui connaissait très bien le milieu des CPE et des garderies en milieu familial, qui est allée en Bolivie pour accompagner le partenaire. Mais ce n’est pas juste de prendre notre formule ici, et de l’imposer là-bas, il faut être au courant des bonnes pratiques, et d’essayer de les adapter là au contexte local.

Jacques : Tu expliques que tu t’occupes de ceux et celles qui reviennent, qui ont acquis un bagage et de l’expérience pendant leur période à l’étranger. C’est quoi le type de suivi qui se fait avec eux à leur retour ? Est-ce qu’ils s’engagent dans des causes ?

Amy : Je pense que, pour la majorité, ils reviennent avec un vécu qu’ils veulent partager, et ce, de différentes façons. Ça peut être autant contribuer à des campagnes d’Oxfam qu’encourager d’autres jeunes à y participer. On souhaite que les gens deviennent ou restent des gens engagés, que ce soit pour la solidarité internationale ou pour d’autres causes. On désire que ces gens-là restent avec un côté « indigné » et un sentiment de pouvoir changer les choses. Mon travail, essentiellement, c’est de leur proposer des occasions. C’est un peu difficile parce que je travaille avec un réseau de gens invisibles, avec des gens qui sont à l’autre bout de leur courriel ou de Facebook, alors j’ai un défi d’innover dans nos communications.

La privatisation de la vieillesse

De 8 % en 1971, la proportion de personnes âgées au Canada (65 ans et plus) est passée à 17 % en 2018. Le vieillissement de la population n’est pas un fait nouveau et ces chiffres n’étonneront personne. Or, dans le sillon de ce fait démographique, se faufile une lucrative occasion d’affaires avec l’augmentation constante de cette clientèle. Déjà, dans les coulisses du libéralisme, les chasseurs de marges bénéficiaires et de taux de rendement trépignent d’impatience et s’activent à saisir l’opportunité que leur tend la « main invisible du marché » : le prometteur secteur des centres d’hébergement privés (CHP).

Pour s’en faire une idée, il suffit de mettre en relief le vieillissement de la population avec les investissements prévus afin de construire de nouveaux CHP. Selon les estimations du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), environ un milliard de dollars seront consacrés annuellement à la construction de nouvelles résidences au cours des 20 prochaines années. Dit autrement, il faudra construire 6000 logements par an pour répondre à la demande de ce segment de la population.

À ce rythme, ce sont 1000 emplois qui seront créés chaque année, dont la moitié à temps plein. Si l’avenir semble radieux pour les investisseurs, qu’en est-il des travailleuses et des travailleurs du milieu ? Qu’en est-il des usagers, dont la plupart ont 75 ans et plus ?

Des conditions de travail difficiles
Réunis autour de la même table, Gilles Gagné, Guy Trichard et Marlène Ross, tous à l’emploi d’un CHP depuis plus de 20 ans, en ont long à dire sur les conditions de travail qui caractérisent le secteur.

C’est le Far West dans notre milieu. On parle beaucoup de temps supplémentaire obligatoire (TSO) dans le secteur public, mais nous vivons exactement la même réalité. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg, car en matière de conditions de travail, il reste beaucoup à faire et nous allons continuer à nous battre », explique Gilles Gagné.

Illustration d'un homme d'affaire qui vole de l'argent des poches d'un ainé

Illustration : Alain Reno

Son cri du cœur, il faut le mettre en contexte. Depuis des années, le milieu s’organise et mène d’importantes batailles, notamment pour l’obtention d’un salaire digne à l’embauche. L’objectif de 15 $ l’heure demeure présent, mais se heurte à l’intransigeance des propriétaires. « On se bat pendant des mois, voire des années, pour des augmentations de 0,25 $, 0,50 $, et ensuite les employeurs rechignent à les indexer aux hausses du salaire minimum », ajoute-t-il. Il faut savoir qu’en CHP, la moyenne salariale oscille aux alentours de 13 $ l’heure. Un taux qui est bien en deçà du salaire horaire de 15,10 $ considéré comme viable pour vivre décemment au Québec selon une étude de 2016.

Les CHP ont-ils les moyens de verser des salaires décents ? Le Point syndical a posé la question à Anne Plourde, chercheuse à l’Institut de recherches et d’informations socio-éco­nomiques (IRIS), qui s’est tout récemment penchée sur la question. Sa réponse est sans équivoque : oui.

« D’un point de vue structurel, le secteur change rapidement, on assiste actuellement à une concentration de très grands joueurs au profit de plus petites résidences. C’est un marché très lucratif et il s’organise de plus en plus autour de groupes capables de mobiliser énormément de capital en échange d’une promesse d’investissements stables et lucratifs », affirme-t-elle. Chartwell, Groupe Maurice, Sélection et Cogir sont les visages du nouveau Klondike et leur taux de rentabilité peut atteindre jusqu’à 8 % annuellement.

C’est avec la mine basse et désemparée que Gilles, Guy et Marlène accueillent cette statistique. Un contraste difficile à encaisser pour ceux et celles qui composent quotidiennement avec des conditions de travail peu enviables. « La pénurie de main-d’œuvre affecte aussi notre secteur et c’est une spirale sans fin. Les gens ne sont pas attirés par des salaires de misère, le résultat est que ça crée un énorme problème de roulement de personnel où tout le monde en paie le prix. Le manque de personnel nous oblige à faire du TSO et à cumuler plusieurs tâches, cela génère un climat de travail difficile occasionnant des tensions avec les gestionnaires et nos collègues. Et on ne parle même pas de conciliation travail-famille ! Lorsqu’il manque des employé-es pour assurer la prestation du service, on n’a pas le choix, il faut rester, sinon nous risquons des mesures disciplinaires. Sans compter que la sécurité des résidents nous tient à cœur », affirme Guy Trichard avant d’ajouter : « On constitue une main-d’œuvre précaire et facile à intimider avec tout ce que cela implique pour notre capacité à nous mobiliser et à mener une syndicalisation efficace et durable. »

Quels impacts sur les usagers ?
D’un côté, un marché lucratif de plus en plus investi par une concentration de très grands joueurs mobilisant des milliards de dollars. De l’autre, des travailleuses et des travailleurs précaires qui peinent à faire entendre leur voix. À l’épicentre de la question : les aîné-es.

« Le gouvernement doit se poser plusieurs questions, alors que le vieillissement de la population demeure une réalité aux impacts sociaux et politiques, ajoute Anne Plourde. Avec l’âge, le besoin de recevoir un certain nombre de soins s’accroît, or rien n’indique que nos choix collectifs vont dans le sens d’assurer une accessibilité à ces soins. »

Son assertion n’est pas difficile à illustrer. Les résidences pour aîné-es qui, rappelons-le, accueillent majoritairement une population de 75 ans et plus, participent à une logique pour le moins pernicieuse : transférer au privé la gestion d’une population aux besoins grandissants.

Certes, selon leur situation, les personnes âgées reçoivent différentes allocations et crédits d’impôt, donc de l’argent public, pour répondre à leurs besoins. Une donnée qu’il importe d’ajouter au fait qu’un aîné sur cinq se retrouve en CHP. Les résidences deviennent donc, de facto, les lieux de prestations de certains soins.

Tout est tarifé
Lorsqu’on aborde la question des tarifs, la tablée s’emballe. Les exemples sont nombreux, le constat est le même : cela coûte cher aux aîné-es, avec des conséquences tristes. « Dans mon CHP, le coût pour apporter un repas à l’appartement d’un résident est de 3 $ chaque fois. J’ai reçu récemment l’appel d’une dame aux prises avec des problèmes de motricité et qui ne pouvait pas se rendre à la salle à manger pour quelques jours. Résultat : elle ne pouvait assumer le coût quotidien de se faire apporter son repas trois fois par jour ! Elle m’a affirmé qu’elle s’en passerait », mentionne Marlène Ross.

Imaginez ceci. Votre médecin vous prescrit de mesurer impérativement votre tension artérielle tous les jours pendant une semaine. Coût de cette opération dans certaines résidences ? 12 $ l’acte ou 84 $ pour la semaine. Votre condition ne vous permet pas de mettre vous-même vos bas de contention ? Votre résidence s’en occupe… pour 382 $ par mois.

« C’est peu connu, mais nous sommes sur la première ligne pour le constater, nos aînés sont à risque de vivre de la détresse psychologique en raison de la pression financière. Nous avons vu des résidents entrer dans un trois et demi, changer pour un deux et demi et finir dans un un et demi, faute de moyens. Cela a des impacts », ajoute Gilles Gagné.

Conditions de travail difficiles, secteur investi par de grands groupes financiers, clientèle vulnérable et soumise aux logiques du marché, État qui se fait discret… Il se profile une réalité inquiétante pour laquelle nous devrons nous poser collectivement des questions. Plus tôt que tard.


Exemples de tarifs pratiqués dans certains CHP :

Soins
Bas de contention (pose et retrait)
17 $ / l’acte
382 $ / mois
Distribution de médicaments à l’appartement
12 $ / l’acte
3 fois par jour : 300 $ / mois
Appartement
Changement d’ampoule :
8 $ / l’acte
Installation d’air climatisé :
52 $
Frais d’électricité en extra pour climatiseur :
37 $ / mois

Une bonne nouvelle pour les chômeuses et les chômeurs

Les travailleuses et les travailleurs victimes des injustices causées par le programme d’assurance-emploi, dont le fameux trou noir, peuvent enfin se réjouir… en partie. Le gouvernement annonçait en août le rétablissement du tribunal tripartite de contestation de l’assurance-emploi pour 2021.

À ce tribunal tripartite d’appel, dorénavant nommé Commission d’appel de l’assurance-
emploi, siégeront des représentants du gouvernement, des employeurs et des organisations syndicales. Rappelons que les conservateurs de Stephen Harper avaient aboli, par pure idéologie, l’ancien modèle pour le remplacer par un tribunal qui s’est finalement avéré inefficace quant aux délais, à l’équité, à la transparence, à l’accessibilité et à la protection des chômeuses et chômeurs. Rien de moins.

Pour la CSN et l’ensemble des organisations syndicales, même si le problème du trou noir, qui prive des milliers de personnes de prestations, n’est pas réglé, le retour du tribunal constitue un pas dans la bonne direction. « Nous aurions espéré le rétablissement du tribunal avant 2021, mais c’est quand même une bonne nouvelle pour les travailleuses et travailleurs qui pourront enfin être traités avec justice et respect, explique Jean Lacharité, vice-président de la CSN. Cette victoire fait suite à une campagne de longue haleine menée par les organisations syndicales, les groupes de défense des chômeurs et les groupes de femmes pour permettre aux personnes en chômage qui interjettent appel de bénéficier d’un traitement équitable. »

Le gouvernement devra maintenant s’attaquer à trouver des solutions au trou noir qui péna­lise injustement des travailleuses et travailleurs de certaines régions au pays.

À chaque génération ses défis

Perché entre les montagnes et le lac Stukely, le camp de villégiature Jouvence devient chaque mois d’août le terrain de jeux des syndicalistes de l’École de la relève syndicale.

Cet été, c’est là qu’un gardien d’animaux de zoo, une préposée aux bénéficiaires et un travailleur de l’Usine Bridgestone ont trouvé qu’ils ont beaucoup plus en commun qu’ils ne pouvaient l’imaginer.

Fondée par le comité national des jeunes de la CSN, pour et par les jeunes syndiqué-es, l’École de la relève syndicale en est à sa 15e année d’existence. Ce sont donc les membres du comité qui planifient, organisent et animent la formation. Une spécificité qui plaît et inspire certainement les militantes et militants présents. « C’est le fun de voir que les animatrices et animateurs, qui ont le même âge que nous, possèdent des connaissances aussi profondes sur les conventions collectives et leur application, des trucs que je commence à comprendre un peu. Ça m’inspire à en apprendre plus », a mentionné l’une des participantes.

Comme à chaque édition, les invité-es ont insufflé une dose de détermination chez les participantes et participants. L’un des fondateurs du comité national des jeunes, Jean Lortie, était d’ailleurs de la partie. Bien du chemin a été parcouru depuis les débuts du comité — qui, à l’époque, s’appropria un placard à balais afin d’en faire son quartier général. L’ancien président du comité a toutefois tenu à rassurer les militantes et militants présents : « Il n’y a pas d’âge d’or du syndicalisme, chaque génération doit faire face à ses propres défis. Ne laissez pas les donneurs de leçons vous impressionner. »

De la formation à l’action
« On est plein de nouvelles et de nouveaux et on ne sait même pas comment proposer des choses dans nos assemblées générales. On a besoin de savoir comment ça fonctionne pour faire changer les choses, et c’est pour ça qu’on est venus ici », ont souligné d’une même voix Lina Munger et Jean-Benoît Barrette, qui travaillent tous les deux au Cégep de Chicoutimi. Au retour de l’école de la relève, Lina, motivée par les conseils et les échanges qu’elle y a eus, a postulé au comité exécutif du personnel de soutien du Cégep de Chicoutimi, et a été élue vice-présidente !

« Ce que j’apprécie le plus de cette formation, c’est de voir que les jeunes ne façonnent pas seulement le futur du syndicalisme, ils en représentent le visage actuel », fait remarquer Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN et responsable politique du comité national des jeunes.  On accueille une diversité de jeunes, venant des quatre coins du Québec, et ça nous rappelle que le syndicalisme est bien vivant et fort à la CSN. » Il s’agit sans contredit d’un moment privilégié pour les jeunes syndicalistes de discuter entre eux d’expériences similaires, malgré des milieux de travail qui ne peuvent être plus diversifiés.

Une affaire de famille
Avec un programme bien rempli de formations, discussions et conférences, les après-midi libres permettent aux participantes et participants de se ressourcer pour les prochaines luttes. Les enjeux de conciliation travail-famille-études font d’ailleurs partie des préoccupations récurrentes entendues lors des échanges. « C’est un immense défi, et mon employeur n’est pas toujours conciliant avec notre réalité. Ça va certainement faire partie des enjeux de notre prochaine négociation », pouvait-on entendre pendant les ateliers.

Conciliation famille-travail-études, militantisme, disparité de traitement, pénurie de main-d’œuvre et changements climatiques : les militantes et militants présents sont bien conscients de l’immensité des défis qu’ils auront à relever dans le futur. Il y a encore beaucoup de pain sur la planche, mais tous quittent l’École de la relève syndicale avec de nouvelles cordes à leur arc et, surtout, en sachant qu’ils ne sont pas seuls.

La vérité sur le secteur public

Alors que s’achève la consultation des 150 000 membres du secteur public de la CSN sur les demandes à formuler en vue des prochaines négociations, et à quelques semaines du dépôt des cahiers de revendications auprès du gouvernement, les fédérations réunies au sein du Comité de coordination des secteurs public et parapublic (CCSPP), soit la FEESP, la FNEEQ, la FP et la FSSS, lancent une campagne de sensibilisation aux réalités des travailleuses et des travailleurs des services publics.

La campagne Ben voyons !, développée sous la forme d’un jeu-questionnaire, se déploiera sur plusieurs semaines par un affichage massif dans l’espace public, par une opération de visibilité via le microsite www.benvoyons.quebec, ainsi que par une offensive sur les médias sociaux. Elle vise principalement à poursuivre l’opération de démystification du travail fait quotidiennement par les employé-es de l’État, une opération menée par la CSN depuis plusieurs années. « Les mythes sur le secteur public ont la vie dure. Ils font partie des sujets de prédilection de plusieurs chroniqueurs et sont encore propagés par certains politiciens. Nous devons encore, malheureusement, remettre les pendules à l’heure quant aux réelles conditions de vie de celles et ceux qui soignent, éduquent et accompagnent la population, et qui répondent à ses besoins », explique Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN et responsable des négociations du secteur public.

La campagne vise aussi à outiller les membres, afin qu’ils puissent répliquer aux propos erronés et parfois désobligeants qui peuvent être tenus par des personnes de leur entourage. L’opération Ben voyons !, en parlant entre autres de surcharge et de précarité, s’attaque notamment aux mythes des salaires supposément exorbitants du secteur public et de la fameuse sécurité d’emploi. Avec des questions simples et des réponses surprenantes qui mettent de l’avant des faits encore méconnus sur les conditions de travail et les conditions salariales du personnel des services publics, la CSN jette donc ainsi, dès maintenant, les bases de son argumentaire pour la négociation qui s’amorce.

Le gouvernement du changement, vraiment ?
Bien que certains aient pu espérer que les troupes de François Legault, après avoir été élues en promettant du changement, s’inscrivent dans un réel exercice de restauration et de mise en valeur des services à la population, il n’en est rien. À peine un an après son élection, voilà que le gouvernement caquiste semble vouloir jouer dans le même film que son prédécesseur libéral. En septembre dernier, malgré des surplus budgétaires historiques de près de huit milliards, François Legault a tenu à informer les quelque 500 000 travailleuses et travailleurs des services publics que les coffres de l’État seraient vides lorsque viendrait le temps d’injecter de l’argent dans les réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et dans les organismes gouvernementaux. Alors qu’il disait vouloir réparer les dégâts causés par des années de compressions budgétaires, il semble bien que ses lubies (maternelles 4 ans, troisième lien à Québec, etc.) l’aient emporté sur les autres considérations.

« Les surplus appartiennent aux Québécois ; ils n’appartiennent pas aux groupes de pression ; ils n’appartiennent pas aux syndicats », répète le premier ministre depuis quelques semaines. C’est aussi à cette ligne de communication que la campagne Ben voyons ! répond ; une ligne des troupes caquistes qui, tout en étant méprisante pour le personnel des réseaux, semble être l’argument phare du gouvernement en vue des prochaines négociations. « Que dit monsieur Legault lorsqu’il s’exprime ainsi ? Que ses propres employé-es ne sont pas des citoyennes et des citoyens à part entière ? Pourtant ils paient des impôts, comme tout le monde, et ils contribuent grandement à la vie économique du Québec, particulièrement dans les régions, où ils forment une part importante de la population active », ajoute Caroline Senneville.

La question du nécessaire réinvestissement est aussi abordée par la campagne, sous l’angle de la crise dans les réseaux. Les travailleuses et les travailleurs des établissements de santé et de services sociaux, d’éducation et des organismes gouvernementaux sont, encore aujourd’hui, les personnes les plus touchées par les conséquences désastreuses de la gouvernance libérale. Ils ont vécu doublement les effets de l’austérité : d’abord en subissant, comme l’ensemble de la population, la diminution de l’accessibilité à divers services et, ensuite, en voyant leurs conditions de travail se détériorer gravement.

Le secteur public étant le plus important secteur d’emploi au Québec, les conditions de travail et les salaires qui y seront négociés au cours des prochains mois influenceront l’ensemble du marché du travail québécois. C’est pourquoi les fédérations du CCSPP mettent dès maintenant leurs énergies à convaincre la population du bien-fondé de leurs revendications et invitent l’ensemble des membres de la CSN à prendre part à la campagne Ben voyons !

Le principe vital

De toutes les saisons, l’automne est celle de la grande rentrée. Et bien que nous l’évoquions dans sa grande singularité, cette rentrée est bien sûr multiple : tantôt scolaire et universitaire, tantôt politique et (parfois) électorale… La nôtre est syndicale avant tout. Mais il en est une autre plus rarement évoqué, parce que vécue dans l’individualité, celle qui nous pousse à rentrer en soi et à nous poser, malgré l’effervescence collective engendrée par nos luttes et revendications. Fort heureusement, elle coïncide avec la rentrée littéraire et ses incontournables salons du livre.

C’est d’ailleurs au Salon du livre de Montréal, en novembre, que la CSN décerne depuis neuf ans le prix Pierre-Vadeboncœur à un ou une auteure pour le meilleur essai en science humaine, sociale ou politique publié durant l’année au Québec. Vadeboncœur, bien connu dans notre organisation pour y avoir été conseiller syndical de 1950 à 1975, est surtout un écrivain d’exception, qui a remporté de nombreux prix et distinctions sur plus de 30 ans. La ligne du risque (1963) est l’une de ses œuvres les plus connues. Mais qui connaît L’Absence, un recueil d’une vingtaine de textes qui abordent des sujets comme l’art ou la littérature, la correspondance, et l’amour aussi ? « Il faut que vous entendiez bien ceci : qu’il est un tiers état dans l’être, où s’anéantit la distinction de la possession et la non-possession et où cette opposition ne veut plus rien dire. (…) La vie y est tout à fait libre. Présence

Avec une grande sensibilité, l’auteur mène sa réflexion vers plus de liberté (de penser, d’agir), de joie (de vivre) et vers l’Autre aussi, avec beaucoup d’humanité. Son écriture à la fois dense et limpide – parfois, ce qui semble a priori impénétrable, soudain, devient lumineux – porte à la méditation, si les conditions sont réunies. Sur le ton de la confidence, le propos vibre de ce que l’auteur nomme lui-même le « principe vital ». Et c’est là l’essentiel.

L’œuvre de Pierre Vadeboncoeur, décédé en 2010, est constituée de 29 ouvrages, dont le dernier La clef de voûte paru en 2008.

Une 7e Assemblée générale nationale réussie

C’est à Calgary, où se tient le fameux Stampede, qu’UCCO-SACC-CSN a tenu sa 7e Assemblée générale nationale (AGN), du 6 au 9 mai dernier. À l’instar du congrès de la CSN, l’AGN, la plus haute instance du Syndicat des agents correctionnels du Canada, se tient aux trois ans.

L’assemblée s’est ouverte en grand en présence du ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale. Devant une assemblée attentive, composée de quelque 250 délégué-es issus des 49 pénitenciers du pays, le ministre a voulu se faire rassurant à propos du Programme d’échange de seringues en prison, rappelant que son gouvernement avait réussi à obtenir une dérogation permettant l’installation de sites de prévention de surdose. Il a aussi fait mention du projet de loi C-83, qui met fin au recours à l’isolement, insistant sur le fait que le gouvernement devait composer avec cette nouvelle réalité due à des démarches judiciaires entamées par certains groupes de défense des détenu-es.

Les délégué-es se sont également prononcés sur de nombreux amendements, dont un concernant la possibilité de tenir des votes électroniques. Plusieurs agents correctionnels sont venus au micro pour expliquer à quel point, selon eux, le recours à cette technologie viendrait donner un coup très dur à la vie syndicale, à la qualité des débats et à la solidarité. La proposition a été battue à forte majorité.

De plus, l’assemblée fut le cadre d’un débat important, soit celui de l’offre gouvernementale d’indemnisation concernant le système de paye Phénix. Après des échanges costauds, le syndicat a finalement accepté l’offre sur la table, ce qui n’arrête en rien les recours et, surtout, n’efface pas la responsabilité du gouvernement de régler, une fois pour toutes, ce fiasco.

Finalement, l’AGN aura été l’occasion de rendre hommage à Jason Godin, président national sortant et membre fondateur d’UCCO-SACC-CSN, et d’élire un nouveau président, Jeff Wilkins, issu de la région de l’Atlantique.

50 ans à faire école

La FNEEQ–CSN souligne cette année le 50e anniversaire de sa fondation. Fière du syndicalisme engagé et humaniste qu’elle pratique, la fédération a choisi de célébrer cet important événement en rendant accessibles son histoire ou, plus précisément, ses histoires. Une équipe de militantes, de militants et de salarié-es ont recueilli souvenirs et écrits afin de faire connaître les luttes, les bons coups et les moments marquants qui ont fait de la fédération ce qu’elle est devenue. La fédération procédera au lancement de ce livre – qui dépeint sans complaisance certains pans méconnus de son histoire – à son conseil fédéral de décembre.

Une percée majeure pour tout le secteur de l’événementiel

Ce n’est rien de moins qu’une petite révolution qui s’est produite cet été dans le secteur de l’événementiel au Québec, alors que le Tribunal administratif du travail (TAT) a reconnu les travailleuses et les travailleurs du Festival du nouveau cinéma (FNC) comme salarié-es, au sens du Code du travail. Jusque-là, ceux-ci étaient considérés comme des travailleurs autonomes.

Cette nouvelle reconnaissance leur permet dorénavant de bénéficier de différentes protections prévues au code, dont le droit d’accumuler des indemnités de vacances ou encore des journées de maladie, du jamais vu dans le secteur de l’événementiel, souvent marqué par l’arbitraire en matière de conditions de travail.

Les travailleuses et travailleurs du FNC, réunis au sein du Syndicat de l’événementiel–CSN, ont adopté leur toute première convention collective en juillet dernier, un précédent très positif pour quiconque œuvre dans ce secteur d’activité.

Inverser le fardeau de la preuve

Réunis dans le cadre d’un colloque portant sur les chocs post-traumatiques, une centaine de représentantes et de représentants de syndicats affiliés à la CSN demandent au ministre du Travail, Jean Boulet, d’inverser le fardeau de la preuve des accidentés du travail ayant vécu un choc post-traumatique. Le colloque rassemble principalement des syndicats représentant des agents de la paix et correctionnels, des constables et des travailleurs paramédicaux.

« Le ministre Boulet s’est engagé à déposer un projet de loi visant à moderniser la Loi sur la santé et la sécurité du travail ainsi que la Loi sur les accidents de travail et les maladies professionnelles, rappelle Jean Lacharité, vice-président de la CSN. Alors que ces lois n’ont pas été revues depuis 1979, nous attendons cette réforme avec impatience. »

Jean Lacharité explique les difficultés que vivent actuellement les travailleuses et les travailleurs ayant vécu un choc post-traumatique. « Actuellement, il incombe au salarié de faire la preuve que sa maladie professionnelle est la conséquence directe du choc post-traumatique qu’il a vécu. Tant que cette démonstration n’est pas acceptée par la Commission des normes, de l’équité et de la santé et la sécurité au travail (CNESST), le salarié ne peut toucher d’indemnités financières. C’est un non-sens des plus absurdes : ces hommes et ces femmes tombent dans la dépression, sont aux prises avec une panoplie de problèmes psychologiques et on leur impose de s’engager dans une longue procédure juridique pour faire valoir leurs droits, tout en les privant de revenus. »

« En inversant le fardeau de la preuve, le travailleur ou la travailleuse victime d’un choc post-traumatique pourrait recevoir ses indemnités dès le départ. Il reviendra à l’employeur de démontrer que la maladie psychologique n’a pas été causée par l’accident de travail. Cette solution nous paraît non seulement beaucoup plus juste pour les travailleuses et les travailleurs, mais surtout plus humaine pour ceux et celles qui vivent ce type de drame des plus difficiles à traverser », affirme André Lajoie, secrétaire général de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN).

Dans le cadre de la réforme des législations en matière de santé et de sécurité, la CSN porte notamment les revendications suivantes :

  • étendre les mécanismes de prévention à l’ensemble des milieux de travail, et non plus seulement à certains groupes prioritaires ;
  • maintenir le programme de maternité sans danger, afin d’assurer un milieu de travail sécuritaire pour la femme enceinte et son enfant (à naître ou allaité) ;
  • faciliter l’admissibilité des lésions professionnelles. L’actualisation de la loi doit donc inclure les maladies à caractère psychologique ;
  • Déjudiciariser le régime d’indemnisation, notamment par la révision du système de financement et l’abolition du bureau d’évaluation médicale.

Une révision bâclée

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) déplore la fermeture annoncée de trois programmes techniques (bureautique, comptabilité et de gestion, gestion de commerce) par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES). Elle touchera des cégeps partout au Québec et pourrait avoir un effet particulièrement dévastateur pour les régions éloignées des grands centres urbains, puisque l’offre sera réduite à un unique programme qui, sous prétexte de polyvalence, risque de rater la cible.

Cette fermeture, du jamais vu en 30 ans, est d’autant plus inacceptable qu’elle résulte d’un processus bâclé de révision de programme qui manque de transparence et de rigueur. « Le MEES a maintenu les enseignantes et les enseignants du réseau dans la plus grande opacité tout au long du processus de révision alors qu’elles et ils ont une connaissance de proximité du milieu du travail ainsi qu’une expertise disciplinaire et pédagogique incontournable. », explique Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep de la FNEEQ.

Fait troublant, l’analyse de profession conduite par le MESS, qui sert à valider les compétences enseignées et celles recherchées en emploi et dont le rapport est rendu public sur son site Internet, semble avoir sciemment omis d’inclure des entreprises de comptabilité, de gestion de commerce et des entreprises publicitaires, alors que du personnel du MEES a fait partie de l’échantillonnage. « Il est pour le moins étonnant que le MEES ait écarté du processus de révision les employeurs reliés précisément aux trois programmes fermés, alors qu’il consulte sans gêne son propre personnel pour étayer son analyse. », dénonce Yves de Repentigny.

Il faut noter que ce sont en grande majorité des femmes qui étudient en Bureautique et qui y enseignent. Une fois ce programme fermé, les étudiantes seront confinées au diplôme d’études professionnelles du secondaire, qui les limitera tant sur le plan de l’avancement professionnel que sur celui du salaire. « Les cégeps offrent un enseignement supérieur qualifiant et accessible sur le plan financier, ce qui n’est pas le cas des études universitaires. Le gouvernement précarise la situation d’un bon nombre de femmes en limitant une offre de programmes qui les qualifie largement et nous le dénonçons », affirme Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN.

La CSN se réjouit des annonces gouvernementales

La CSN se réjouit des mesures annoncées aujourd’hui par les ministres Éric Girard et Nathalie Roy pour venir en aide aux médias écrits. La CSN y retrouve des dispositions qu’elle réclame depuis des années et qu’elle avait présentées lors de la commission parlementaire tenue en août dernier.

« Nous saluons les mesures annoncées par Québec aujourd’hui, a déclaré le président de la CSN, Jacques Létourneau. La crise est d’une telle ampleur qu’elle touche l’ensemble de la presse écrite. Nous espérons seulement qu’il ne soit pas trop tard et que les médias écrits, actuellement menacés, pourront traverser la crise. Il en va de l’intérêt, non seulement de milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur de l’information, mais également de l’ensemble de la population en droit d’avoir accès à une information diversifiée et de qualité. »

La présidente de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN), Pascale St-Onge, se montre satisfaite des dispositions mises en place aujourd’hui. « En fonction de l’urgence de la situation, le gouvernement devait s’assurer que les crédits d’impôt soient rétroactifs au 1er janvier dernier. Par l’entremise d’Investissement Québec, les entreprises de presse n’auront pas à attendre le remboursement d’impôt l’an prochain pour toucher les sommes auxquelles elles ont droit. Quand on pense à la situation du Groupe Capitales Médias, qui s’est mis sous la protection de ses créanciers, il s’agit d’une excellente nouvelle. »

La présidente de la FNC-CSN salue également l’audace du gouvernement de hausser les critères comparativement aux dispositions prévues par le gouvernement fédéral, qui ne sont toujours pas mises en application. « En commission parlementaire, nous avons déploré que le montant maximal éligible pour le crédit d’impôt de 25 % des mesures fédérales, soit 55 000 $, ne correspondait pas à la réalité des entreprises de presse. Nous sommes heureux que le gouvernement hausse la barre avec un crédit d’impôt de 35 % jusqu’à concurrence de 75 000 $, ce qui nous semble beaucoup plus réaliste. »

Pascale St-Onge rappelle toutefois que le travail est loin d’être terminé. « Nous avons été très clairs en commission parlementaire : nous avions besoin de mesures d’urgence, mais nous devons également travailler à long terme pour combler la fuite des revenus publicitaires vers les géants du numérique. Ce n’est pas seulement la presse écrite, mais l’ensemble des médias d’information qui font face à cette perte importante de revenus. Voilà pourquoi nous attendrons les conclusions de la commission parlementaire afin que des mesures structurantes soient mises en place, notamment par l’entremise d’un Fonds d’aide aux médias. »