Équité salariale : la CSN déplore la multiplication des recours juridiques du gouvernement

La CSN déplore la multiplication des recours juridiques utilisés par le gouvernement du Québec qui a pour effet de retarder, encore une fois, l’application d’une décision de la Cour suprême concernant certaines dispositions de la Loi sur l’équité salariale discriminatoires envers les femmes. La Procureure générale s’adresse aujourd’hui à la Cour d’appel pour demander, une nouvelle fois, le rejet de la contestation logée par la CSN et d’autres organisations syndicales.

« Le cirque ne peut plus durer, tranche la vice-présidente de la CSN, Caroline Senneville. Nous sommes devant un gouvernement qui, malgré la clarté de la décision de la Cour suprême, a d’abord tenté d’adopter des modifications à la loi qui contredisent cette décision, tout comme le droit de centaines de milliers de travailleuses d’obtenir une rémunération équivalente à celle de leurs collègues qui occupent des emplois majoritairement masculins. Ce même gouvernement tente aujourd’hui de perpétuer ces discriminations en multipliant les recours juridiques. Près de 20 ans après l’adoption de la Loi sur l’équité salariale, on ne s’attendrait pas à autant de résistance de la part du gouvernement, qui demeure le plus gros employeur du Québec ! »

Rappelons qu’en mai 2018, la Cour suprême avait invalidé certains articles de la Loi sur l’équité salariale et forcé le gouvernement du Québec à la modifier. Le plus haut tribunal du pays avait tranché : les correctifs salariaux doivent être rétroactifs au moment où une discrimination est apparue plutôt qu’au moment où l’évaluation du maintien de l’équité est effectuée, laquelle constitue un exercice obligatoire tous les cinq ans

Pour se conformer à cette décision, le gouvernement avait adopté en juin 2019 le projet de loi 10. La CSN avait toutefois contesté certaines dispositions de cette loi en Cour supérieure. Cette contestation portait notamment sur les dispositions créant une mesure d’exception pour les plaintes déjà déposées ou amorcées avant l’adoption des modifications législatives et sur le mode de correction salariale préconisé (en montant forfaitaire plutôt que par l’application aux taux et aux échelles de salaire).

La Procureure générale du Québec avait alors contesté le bien-fondé de cette requête, arguant qu’il revenait à chaque travailleuse s’estimant lésée de contester les nouvelles dispositions législatives… devant le Tribunal administratif du travail. La Cour supérieure avait promptement refusé la requête en rejet du gouvernement.

PL59 : la réforme devra prioriser la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs

La CSN salue la détermination du ministre du Travail, Jean Boulet, à mener à terme une réelle réforme en matière de santé et de sécurité au travail. En ce sens, le projet de loi 59, qui vise principalement à réformer, pour une première fois en quarante ans, la Loi sur la santé et la sécurité du travail et la Loi sur les accidents de travail et les maladies professionnelles constitue un pas important.

La CSN déplorait depuis fort longtemps le fait que les mécanismes de prévention prévus à la loi ne sont pas accessibles pour la totalité des milieux de travail. Le projet de loi déposé par le ministre semble corriger la situation. La centrale syndicale est néanmoins préoccupée par les pouvoirs consentis aux comités de santé et de sécurité prévus par la loi.

« Que les mécanismes de prévention s’appliquent à tous constitue certainement une réelle avancée pour les travailleuses et les travailleurs, souligne le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Mais il ne faudrait surtout pas diluer ces mécanismes en leur retirant toute forme de contrainte envers les employeurs. Pour nous, il n’a jamais été question de niveler par le bas ! » Dans cette optique, la CSN estime que la décision du ministre de considérer le réseau de la santé et des services sociaux comme constituant un secteur à risque « faible » semble pour le moins incohérente, compte tenu du nombre de réclamations très élevé des salarié-es de ce secteur auprès de la CNESST – sans parler des risques accrus entraînés par l’actuelle pandémie.

La confédération salue par ailleurs l’inclusion des travailleuses et travailleurs domestiques ainsi que des stagiaires en milieu d’emploi, qui seront dorénavant couverts par la loi, de même que les nouvelles modalités applicables au secteur de la construction. La CSN est également satisfaite de voir que les employeurs devront dorénavant prendre les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs exposés à des situations de violence conjugale ou familiale

Le maintien des dispositions concernant le retrait préventif de la travailleuse enceinte, que certains employeurs auraient préféré voir extraites du cadre législatif en matière de santé et de sécurité du travail, constitue également un point positif du projet de loi.

La CSN félicite la décision du ministre d’inclure l’évaluation des risques psychosociaux dans le programme de prévention et de reconnaître, enfin, le syndrome de stress post-traumatique au sein de la liste des maladies professionnelles présumées. La centrale syndicale est toutefois d’avis que cette liste ne peut se résumer à une seule maladie d’ordre psychologique.

Enfin, la CSN voudra étudier plus en profondeur les impacts de la permission offerte aux employeurs de ne convenir que d’un seul programme de prévention pour l’ensemble de ses établissements dont les opérations sont similaires. Pour l’organisation syndicale, malgré une certaine logique apparente, une telle centralisation des efforts en matière de santé et de sécurité au travail pourrait contenir le risque de déposséder les travailleuses et les travailleurs d’un regard direct sur les risques et les dangers inhérents à leur propre milieu de travail.

Compte tenu de l’ampleur du projet de loi et des amendements législatifs qu’il entraîne, la CSN s’attellera, au cours des prochaines semaines, à une analyse approfondie des nombreux amendements législatifs. La centrale syndicale exprimera ses observations supplémentaires dans le cadre de la commission parlementaire qui aura lieu et à laquelle elle entend bien sûr participer.

La solution pour les familles et les travailleuses, c’est de sortir du privé

Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), le ministre de la Famille met le doigt sur le bobo sans prendre les moyens de faire le meilleur pour les familles et les travailleuses et travailleurs. La solution est de miser sur le réseau des services de garde éducatifs à l’enfance et sur l’amélioration des conditions des travailleuses.

« Le ministre Lacombe a tout à fait raison d’attaquer les décisions du précédent gouvernement de développer le privé dans les services de garde. Dommage qu’il n’ait pas le courage politique de faire la seule solution qui s’impose pour donner le meilleur à nos enfants. C’est en misant sur les CPE et les RSG et en augmentant considérablement le nombre de places qu’on peut répondre aux besoins des familles », lance Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS–CSN.

Plutôt que d’annoncer la conversion de places du privé non subventionné vers des CPE, le ministre Lacombe annonce une conversion vers du privé subventionné. Cela ne règle en rien le besoin criant des familles pour de nouvelles places et ne permettra pas de donner les services de la meilleure qualité. Les études démontrent toutes que la meilleure qualité de services est dans le réseau des services de garde éducatifs à l’enfance. C’est pourquoi la FSSS–CSN demande la conversion de places vers les CPE et les RSG. Elle déplore d’ailleurs que l’annonce d’aujourd’hui n’inclue encore une fois rien pour les services de garde en milieu familial. La FSSS–CSN surveillera de près la question des conditions des travailleuses des places converties. Elle rappelle l’urgence d’améliorer rapidement les conditions de travail et les salaires des travailleuses du réseau.

À propos de la FSSS–CSN 

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) compte plus de 110 000 membres dans les secteurs publics et privés. La FSSS est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux et dans les services de garde. La FSSS–CSN agit en faveur d’une société plus équitable, plus démocratique et plus solidaire.

 

La clé pour protéger le personnel, c’est une réforme de la SST

Au terme de la semaine nationale de la santé et sécurité au travail (SST), la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) réclame d’urgence une réforme des lois en SST.

Tout au long de la semaine, plusieurs travailleuses et travailleurs de la santé, des services sociaux et des services de garde éducatifs ont interpellé le ministre du Travail, Jean Boulet, pour qu’il dépose rapidement la modernisation du régime de SST qui permettra de mieux protéger le personnel. Le ministre a d’ailleurs annoncé qu’il déposera sa réforme la semaine prochaine.

« Nous n’arriverons tout simplement pas à bien protéger celles et ceux qui prennent soin de la population si on ne se donne pas des lois en SST qui ont du mordant. Le laxisme des dernières années nous a mené à une catastrophe dont il faut prendre toute la mesure. Pour ne pas revoir autant de travailleuses infectées, le gouvernement doit envoyer le signal qu’il donne les moyens d’agir en prévention. Aujourd’hui, je demande au ministre Boulet de déposer une réforme qui protège le personnel », explique Judith Huot, vice-présidente de la FSSS–CSN.

Quatre propositions pour protéger les travailleuses et travailleurs

Le réseau de la santé et des services sociaux possède un triste record, celui du milieu de travail ayant le plus grand nombre de travailleuses et travailleurs infectés. Il est d’ailleurs un des pires à l’échelle canadienne. Le réseau des services de garde éducatifs fait aussi subir plusieurs risques au personnel. C’est pourquoi la FSSS et la CSN réclament une modernisation du régime de SST misant sur quatre exigences :

  1. Instaurer l’intégralité des mécanismes de prévention à l’ensemble des secteurs;
  2. Faire une mise à jour complète des maladies professionnelles, entre autres pour que soient reconnus les problèmes de santé psychologique;
  3. Déjudiciariser le régime d’indemnisation de la CNESST, notamment par l’élimination du BEM, et revoir le financement du régime d’indemnisation;
  4. Faire en sorte que la CNESST joue pleinement son rôle en prévention et qu’elle en contrôle l’efficacité dans nos réseaux.

« La pandémie nous a montré toutes les lacunes en santé et dans les services de garde. Ça saute aux yeux que le statu quo nous mène à notre perte et pourtant le gouvernement refuse toujours de rehausser les mesures de protection. C’est inutilement inquiétant pour notre monde qui continue de se mettre à risque chaque jour et qui attend une réponse forte du gouvernement. Il faut que ça change ! », de conclure Jeff Begley, président de la FSSS–CSN.

À propos de la FSSS–CSN 

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) compte plus de 110 000 membres dans les secteurs publics et privés. La FSSS est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux et dans les services de garde. La FSSS–CSN agit en faveur d’une société plus équitable, plus démocratique et plus solidaire.

Le gouvernement est déconnecté de l’urgence d’agir, déplore la FSSS-CSN

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) est extrêmement déçue du plus récent dépôt patronal sectoriel dans les négociations visant le renouvellement des conventions collectives de ses 100 000 membres du réseau public. Ce nouveau dépôt ne peut toujours pas constituer une base de règlement. En effet, dans cette mise à jour de leurs demandes, les représentants patronaux maintiennent le cap vers une détérioration des conditions de travail des salarié-es. Le gouvernement n’offre aucune réponse sur les demandes d’améliorations des conditions de travail et de pratique des salarié-es.

Contrairement aux déclarations publiques récentes du gouvernement, il ne propose pas d’ajouter quelque somme que ce soit permettant d’éliminer les surcharges de travail qui affectent l’ensemble des titres d’emploi du réseau, bien au contraire, il veut sabrer dans les conditions de travail. Il ne répond pas non plus aux principales revendications du personnel en ce qui a trait, notamment, à la santé et la sécurité du travail, à l’attraction et la rétention du personnel ni à la conciliation famille-travail-études, et ce, malgré des dizaines de rencontres d’échanges depuis le début des négociations, en octobre 2019. Entre autres exemples de demandes patronales particulièrement troublantes, notons une révision des dispositions entourant les heures supplémentaires, non pas pour en réduire les recours, mais pour pouvoir en diminuer le coût pour les employeurs.

Déception

« Nos services à la population étaient déjà en crise, avant même la pandémie, rappelle la vice-présidente de la FSSS–CSN, Josée Marcotte. Les derniers mois nous ont montré à quel point ils ont été malmenés. En ce sens, ces propositions sont extrêmement décevantes. Lorsque vient le temps d’aider des entreprises privées, la CAQ trouve toujours les fonds nécessaires. Mais le même gouvernement n’a plus aucune marge de manœuvre quand c’est le temps de corriger les lacunes de notre réseau et de redonner un peu d’oxygène aux centaines de milliers de personnes qui sont au front, chaque jour, pour le mieux-être de la population. C’est vraiment irrespectueux ».

Mobilisation

« Malheureusement, le gouvernement ne reconnaît pas l’urgence d’agir, poursuit Josée Marcotte. Alors nous allons nous assurer qu’il en prendra conscience au cours des prochaines semaines et qu’il sentira, enfin, l’urgence de convenir de solutions négociées. Les travailleuses et les travailleurs méritent le plein respect et une véritable négociation. Nous refusons de reporter, encore une fois, la mise en place de solutions durables pour le personnel.

Un mois de lock-out chez Jean Coutu: L’employeur s’enferme dans un cadre financier rigide

Alors que Metro, propriétaire de Jean Coutu, a augmenté ses profits de plus de 20 % au troisième trimestre de cette année, il se contente d’offrir à ses membres un montant forfaitaire de moins de 2 % pour 2020. Sauf pour 2021, année au cours de laquelle il y aura une intégration de l’ensemble des employé-es à une même échelle salariale, l’augmentation de la masse salariale est limitée à 2 % par an pour les trois années qui suivent (2022, 2023 er 2024).

« Depuis le début de la négociation sur les clauses salariales, l’employeur demeure enfermé dans son cadre financier de 2 %, alors qu’il a grandement profité de la pandémie. Les 680 travailleuses et travailleurs qui ont été jetés à la rue depuis un mois méritent plus de considération », lance Audrey Benoit, présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses de l’entrepôt Pharmacie Jean Coutu–CSN. Cette dernière estime qu’il n’y a aucune raison pour que les employé-es du centre de distribution de Varennes soient moins bien traités que les autres employé-es d’entrepôts de Metro. La marge bénéficiaire sur les médicaments est d’ailleurs importante.

Au surplus, l’employeur a refusé presque toutes les propositions à incidence financière (régime de retraite, vacances, congés mobiles, heures supplémentaires, primes).

« Nous avons fait des compromis importants à la table de négociation et les chiffres rapportés par l’employeur le 13 octobre ne représentent pas l’état actuel de la négociation. Il faut maintenant que l’employeur fasse un bout de chemin. Le Groupe Jean Coutu et Metro ont la capacité de faire une meilleure offre tout en continuant à réaliser des profits », ajoute Audrey Benoit.

Manifestation aujourd’hui

Une manifestation se tiendra aujourd’hui devant huit pharmacies Jean Coutu de Laval et de Montréal pour continuer de sensibiliser la population à l’instablité de l’approvisionnement généré par le lock-out. Les médias sont conviés devant la succursale située au 1221 Fleury Est à Montréal. La manifestation se tiendra de 11 h à 13 h et la présidente du syndicat ainsi que plusieurs travailleuses et travailleurs seront sur place.

PL66 ne dispose pas d’un réel plan de relance

Pour la CSN, le projet de loi 66 portant sur l’accélération de certains travaux d’infrastructures ne dispose pas de la nécessité de se doter d’un véritable plan de relance économique. Dans son mémoire transmis à la Commission des finances publiques, la centrale syndicale invite le gouvernement à réunir les acteurs socioéconomiques afin d’élaborer une véritable stratégie pour une reprise qui bénéficiera à l’ensemble de la société québécoise.

« Le gouvernement a un rôle primordial à jouer dans la relance, souligne d’emblée le président de la CSN, Jacques Létourneau. Il est urgent qu’il pose des gestes structurants en matière de formation des travailleuses et des travailleurs. Certains pôles de développement économique doivent de plus être appuyés, alors que d’autres secteurs plus frappés par la crise doivent être soutenus. Après plus de sept mois de crise, il est temps pour le gouvernement de convier l’ensemble des intervenants et de dépasser le simple stade des travaux d’infrastructures. »

La CSN regrette que les exigences environnementales soient présentées dans le projet de loi comme des obstacles à la relance économique. Alors que la reprise offre des opportunités en matière de décarbonisation de l’économie et de transition juste pour les communautés, la CSN se désole de constater que le gouvernement de la CAQ tente, une nouvelle fois, de contourner les balises environnementales dont le Québec s’est doté.

La CSN salue néanmoins la décision de vouloir accélérer la réalisation de projets de transport en commun. À ce titre, elle préconise un renforcement du projet de loi afin de favoriser l’accès de producteurs québécois aux marchés publics. La centrale syndicale suggère au gouvernement d’introduire des mesures particulières permettant un meilleur arrimage entre les soumissionnaires aux contrats publics et les fournisseurs québécois de matériaux et d’équipement. Elle est également d’avis que le projet de loi doit contenir une obligation d’achat local pour les projets qui seront développés dans des endroits où ce type d’obligation est permis par les accords commerciaux. On peut penser, à ce titre, au matériel de transport roulant relatif à certains projets prévus par PL66.

L’organisation syndicale estime par ailleurs que les projets de construction de maisons des aîné-es doivent être complétés par un plan rigoureux de prise en charge de la perte d’autonomie liée au vieillissement. Le nombre de places nécessaire dépasse largement les places qui sont prévues dans ces établissements ; il s’avère donc primordial de corriger cette situation par le développement massif des soins et des services à domicile, par le rehaussement substantiel des conditions de travail et par l’ajout de personnel.

« Par l’entremise de son service public, le gouvernement constitue un réel levier de croissance économique, précise Jacques Létourneau. Juste en matière d’éducation et d’accès aux soins de santé, on est loin de répondre actuellement à l’ensemble des besoins de la population. Le gouvernement doit embaucher le personnel nécessaire et veiller à lui donner les conditions de travail adéquates. À ce sujet, d’ailleurs, nous l’incitons à éviter de se concentrer uniquement sur les projets d’infrastructures qui profitent largement aux hommes, mais qui laissent bien peu de place aux femmes. »

Pour une réforme en santé et sécurité du travail

En 1979 et en 1985, la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) ainsi que la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP) entraient respectivement en vigueur. Lors de leur adoption, ces lois constituaient de réelles avancées pour les travailleuses et les travailleurs. Le Québec pouvait se targuer, avec raison, de figurer parmi les chefs de file en matière de santé et de sécurité du travail.

Or, depuis leur adoption, ces lois n’ont pas évolué ; avec la pression accrue occasionnée par la pandémie, il devient plus qu’urgent de déposer auprès des parlementaires le projet de réforme législative du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, maintes fois promis et reporté. Car faut-il le rappeler, les lacunes du régime actuel sont criantes.

Encore aujourd’hui, 75 % des travailleuses et des travailleurs ne bénéficient d’aucun des mécanismes de prévention pourtant prévus à la loi. Ces derniers sont en effet réservés à un nombre restreint de secteurs. Des mesures aussi simples que la présence d’un représentant à la prévention choisi par ses pairs restent ainsi hors de la portée de la majorité de la main-d’œuvre québécoise. Nous sommes d’ailleurs d’avis que si tous les milieux de travail avaient pu bénéficier d’un représentant à la prévention et d’un comité paritaire en bonne et due forme, nous aurions été en mesure de réduire la propagation de la COVID-19 dans les milieux de travail. Nous n’avons qu’à prendre en exemples le réseau de la santé et des services sociaux et celui de l’éducation, qui sont actuellement au front pour affronter la crise et qui n’ont recours à aucun mécanisme de prévention prévu à la loi. Il est ainsi autant nécessaire qu’urgent d’assujettir la totalité des milieux de travail au régime de santé et sécurité du travail.

La réforme tant attendue en santé et sécurité du travail doit également être l’occasion de mettre à jour la liste des maladies professionnelles reconnues par le régime de santé et sécurité du travail. Cette liste, en dehors de laquelle tout le fardeau de la preuve repose sur la travailleuse ou le travailleur, n’a jamais été revue depuis plus de 30 ans. Tout comme les machines et les processus de production ont évolué, les maladies professionnelles se sont également transformées avec le temps. Il est par ailleurs éloquent qu’aucune maladie d’ordre psychologique ne figure sur cette liste alors que les travailleuses et les travailleurs du Québec sont confrontés plus que jamais à des enjeux de santé mentale. Les avancées de la science en cette matière doivent être reconnues par notre cadre légal.

Le renforcement des mesures de prévention pour éliminer les risques sur la santé et la sécurité du travail sera d’ailleurs freiné par un manque d’inspecteurs et d’inspectrices à la CNESST si rien n’est fait pour combler ce manque. Le Québec, toutes proportions gardées, ne peut en effet compter que sur la moitié du nombre d’inspecteurs recommandé par l’Organisation internationale du travail. La volonté du ministre Boulet d’utiliser temporairement des ressources d’autres ministères en temps de pandémie ne résout malheureusement pas le problème criant de manque d’inspecteurs auquel le gouvernement doit remédier.

Le mode de financement du régime de santé et de sécurité du travail doit finalement être entièrement revu. À l’origine, celui-ci était conçu de façon à pénaliser les employeurs fautifs en les faisant payer davantage s’ils cumulaient un nombre trop important de réclamations. Mais plutôt que de veiller à corriger la situation en réglant le problème à la source, nombre de ceux-ci préfèrent contester à tous les paliers possibles toute forme de réclamation. On assiste ainsi à une judiciarisation des dossiers au détriment des efforts de prévention. Cette dynamique malsaine contribue amplement à l’engorgement des tribunaux administratifs et du fonctionnement même de la CNESST. Pour les victimes d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, ce dédale de contestations est un véritable calvaire qui s’ajoute au stress entraîné par la maladie ou l’accident de travail.

Nous pouvons comprendre que l’agenda législatif du gouvernement ait pu être bousculé par la pandémie. Mais nous voici devant une réelle opportunité d’améliorer en profondeur et de manière pérenne la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs. La pandémie a d’ailleurs révélé ce que nous savions déjà : la LSST et la LATMP sont désuètes et comportent d’énormes failles. Il est urgent de les moderniser.

Texte signée par Jacques Létourneau, président de la CSN, Daniel Boyer, président de la FTQ, Sonia Ethier, présidente de la CSQ
Luc Vachon, président de la CSD

Les 3 000 RSG–CSN acceptent sans enthousiasme l’entente de principe recommandée par le médiateur

Après la tenue de six assemblées régionales virtuelles la semaine dernière, les 3 000 responsables de service de garde en milieu familial de la CSN (RSG–CSN) ont accepté dans une proportion de 86 % l’entente de principe recommandée par le médiateur Nicolas Dionne. « Ce taux d’acceptation ne doit pas cacher le grand mécontentement des femmes qui choisissent d’accueillir chez elles des milliers d’enfants québécois, de les éduquer et d’en prendre soin », nuance d’entrée de jeu Karine Morisseau, représentante du secteur des RSG à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

En effet, les travailleuses comprennent que le contexte actuel de pandémie, dont personne n’aurait pu prédire l’ampleur, a complètement chamboulé la négociation. Des parents angoissés à juste titre, des RSG obligés d’appliquer les mesures sanitaires strictes et des restrictions importantes en matière de rassemblement ont sans doute compliqué les pourparlers avec le ministère de la Famille.

« Le contexte sanitaire qui afflige l’ensemble des RSG en milieu familial leur ajoute un stress important. Cependant, il faut d’ores et déjà préparer la suite du combat pour la pérennité du métier de RSG en milieu familial. Nous serons au rendez-vous », prévient Jeff Begley, président de la FSSS–CSN. Tout indique malheureusement que cette entente recommandée par le médiateur ne freinera aucunement l’exode massif des RSG vers d’autres professions.  

Par ailleurs, le comité chargé de l’analyse du revenu annuel inéquitable des RSG en milieu familial doit reprendre ses travaux au plus tard le 1er janvier prochain. « Les trois représentants nommés par la FSSS–CSN veilleront à ce que le gouvernement soit de bonne foi afin d’en arriver à des recommandations communes à la fin du mois de septembre prochain », rappelle Lucie Longchamp, vice-présidente de la FSSS–CSN, qui demeure convaincue qu’il est inacceptable de travailler 55 heures par semaine pour moins de 30 000 $ par année.

L’entente de quatre ans recommandée par le médiateur prévoit tout de même une augmentation de 11,8 % en matière de rémunération et un allégement de la lourdeur des tâches administratives exigées aux RSG en milieu familial.

Le SNAQ–CSN prêt à entamer les négociations !

Les membres du Syndicat national des archéologues du Québec (SNAQ–CSN) ont approuvé à l’unanimité leur cahier de demandes au terme d’une rencontre de l’assemblée générale ayant eu lieu en fin de semaine.

« L’exercice démocratique a engendré des débats très respectueux et incroyablement productifs, s’est réjoui le président du SNAQ–CSN, Maxime Vaillancourt. Les propositions des membres nous ont permis de peaufiner notre cahier de demandes. Nous arriverons donc aux tables de négociation avec un document solide et des demandes raisonnables et mûrement réfléchies. »

Les revendications retenues par les membres visent à établir de nouvelles fondations pour la profession d’archéologue au Québec. Ces demandes sont divisées en cinq enjeux, nommément : la santé et la sécurité au travail, la conciliation vie-travail-famille, le droit au rappel et l’ancienneté, la reconnaissance de la profession et, bien sûr, les considérations financières.

« Il s’agit d’une première négociation pour ce nouveau syndicat dont le secteur d’activités présente certaines caractéristiques très particulières, explique la présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Ginette Langlois. Les conditions de travail actuelles des archéologues fluctuent énormément d’une firme à l’autre. Dans certains cas, elles ne satisfont même pas au minimum requis par la loi. Les demandes élaborées par les membres du SNAQ–CSN deviendront la norme à respecter au sein de la profession. »

À la suite de l’adoption de son cahier de demandes, le syndicat invitera sous peu chacun des employeurs où il est accrédité — ou en voie d’être accrédité — à s’asseoir à la table de négociation.

À propos

Le Syndicat national des archéologues du Québec (SNAQ–CSN) a été fondé le 1er mars 2020 et représente la presque totalité des archéologues professionnels au Québec. Il s’est donné pour mission d’améliorer les conditions de travail et d’assurer une pratique saine et viable de l’archéologie au Québec, assurant ainsi des fondations solides pour la profession.

Une victoire importante pour le syndicat des archéologues

Le Syndicat national des archéologues du Québec (SNAQ–CSN) accueille avec une grande satisfaction la décision du Tribunal administratif du travail qui ordonne à la firme Archéotec de respecter le droit d’association et de mettre fin aux mesures de représailles antisyndicales de l’entreprise.

La juge administrative, Karine Blouin, s’est ralliée aux arguments de la plaignante, Alexandra LaPerrière, selon lesquels l’employeur avait cessé de faire appel à ses services en raison de son implication dans la création et l’accréditation du syndicat. En conséquence, l’entreprise se voit dans l’obligation de réintégrer Mme LaPerrière dans son emploi « avec tous ses droits et privilèges » et de lui verser une indemnité.

« C’est une victoire importante, car nous sommes un nouveau syndicat et nos membres doivent avoir l’assurance qu’ils peuvent faire respecter leurs droits et s’impliquer dans le syndicat sans avoir peur d’être punis, explique Maxime Vaillancourt, président du SNAQ–CSN. Cela démontre aussi toute l’importance d’encadrer le droit au rappel alors que nous nous apprêtons à entamer les négociations dans les prochaines semaines. »

Du côté de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), on espère que cette décision servira de mise en garde à d’autres employeurs qui seraient tentés d’utiliser des tactiques déloyales pour mettre des bâtons dans les roues du syndicat.

« Nous avons su démontrer que nous faisons preuve de bonne foi lorsque les employeurs se montrent raisonnables. Une plainte similaire a d’ailleurs récemment abouti à un règlement à l’amiable avec un autre employeur, rappelle Ginette Langlois, présidente de la FP–CSN. Par contre, s’il y en avait d’autres qui nourrissaient l’intention de s’opposer au droit des archéologues d’unir leurs forces, ils ont maintenant la preuve que la loi n’est pas de leur côté. »

À propos

Le Syndicat national des archéologues du Québec (SNAQ–CSN) a été fondé le 1er mars 2020 et représente la presque totalité des archéologues professionnels au Québec. Il s’est donné pour mission d’améliorer les conditions de travail et d’assurer une pratique saine et viable de l’archéologie au Québec, assurant ainsi des fondations solides pour la profession.

« On fonce tout droit dans un mur! »

« Si rien n’est fait pour améliorer les conditions dans lesquelles travaillent les profs de cégep durant la pandémie de COVID-19, on fonce tout droit dans un mur! »

C’est ainsi que réagit Yves de Repentigny, vice-président responsable du regroupement cégep de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), aux résultats d’un sondage mené à l’initiative de plusieurs syndicats affiliés à cette dernière auprès de plus de 2 400 enseignantes et enseignants. Il s’agit d’un échantillon d’une taille impressionnante puisqu’il constitue environ 16 % de l’effectif total que la Fédération représente dans les collèges publics. Cela traduit la préoccupation majeure de ce dernier pour un ajout de ressources à l’enseignement de toute urgence.

Ce sondage révèle que la tâche du personnel enseignant du réseau collégial s’est considérablement alourdie. Par exemple, un pourcentage important des répondant-es estiment que la préparation des cours (93 %), l’encadrement des étudiantes et des étudiants (83 %), la préparation des stages (74 %) et la correction (69 %) leur prennent plus de temps, passant dans certains cas du simple au double. Le questionnaire révèle aussi qu’en conséquence, une forte majorité d’enseignantes et d’enseignants se disent notamment incapables de réaliser à leur entière satisfaction les activités particulières d’encadrement (80 %), l’adaptation des cours en fonction des groupes (76 %) et l’encadrement au quotidien des étudiantes et des étudiants (73 %). La crise actuelle crée sans équivoque une véritable « surtâche »; le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) doit impérativement le reconnaître et agir concrètement pour que cela se traduise dans la réalité du corps professoral.

Plus alarmant encore, d’après les réponses à une question destinée à évaluer la santé psychologique, 22 % des personnes ayant participé à l’enquête se sont classées à un niveau élevé de détresse dans une échelle appelée Kessler-6 ou K6. « Le Ministère doit injecter des ressources dans l’enseignement le plus tôt possible, particulièrement pour réduire la taille des groupes; autrement, des gens y laisseront leur santé. Les profs s’impatientent. Peut-on leur envoyer un signal clair qu’on leur permettra de mieux respirer la session prochaine? », demande Yves de Repentigny. « Le gouvernement doit investir des sommes substantielles pour faire une réelle différence dans le travail de celles et de ceux qui se dévouent afin d’assurer la persévérance et la réussite de toutes les populations étudiantes en dépit de la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons », conclut-il.

COVID-19 : le gouvernement doit dépoussiérer d’urgence les lois en matière de santé et sécurité au travail

Deux vagues de pandémie de COVID-19 qui frappent : jamais nos milieux de travail n’auront été aussi fortement soumis aux multiples défis que représente la santé-sécurité au travail (SST). Nos 300 000 membres doivent adapter leur quotidien et placer la SST au centre de leurs préoccupations. Or, il s’agit d’une responsabilité partagée.

« Je veux inciter les travailleuses et les travailleurs du Québec à se protéger, mais aussi à être très vigilants face aux employeurs pour que ceux-ci fournissent les équipements de protection individuelle adéquats. Il est primordial de défendre le droit de travailler sans risquer sa vie ou celle de nos proches », martèle Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

Le Québec en queue de peloton

Pour accroître la protection des travailleuses et des travailleurs, le gouvernement Legault doit agir de toute urgence. « Je demande au ministre du Travail, Jean Boulet, de déposer au plus vite les projets de loi qu’il devait présenter en 2019 afin de moderniser la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) et la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP). Ces deux lois doivent être dépoussiérées sans délai », exhorte Jean Lacharité.

En effet, si le Québec agissait en réel précurseur dans les années 80 en matière de SST, nous traînons désormais en queue de peloton. Aujourd’hui, 75 % des travailleuses et travailleurs ne sont pas protégés par les mécanismes de prévention législatifs. Aussi, alors que le monde du travail change à la vitesse grand V, la liste des maladies professionnelles reconnues n’a été ni revue ni mise à jour depuis son adoption en 1985. Par exemple, les maladies à caractère psychologique n’y figurent même pas.

Du 18 au 24 octobre, lors de la Semaine nationale de la santé et de la sécurité du travail (semaineSST.org), la CSN réitère l’importance d’adopter des mesures préventives visant l’élimination des dangers à la source. En ce sens, la réforme des lois est un allié incontournable.

 

Favoriser l’accès à la formation

Par Jacques Létourneau

C’est demain qu’aura lieu le forum sur la requalification de la main-d’œuvre et l’emploi organisé par le ministre du Travail, Jean Boulet, et auquel la CSN participera avec beaucoup d’attention. En ces temps incertains, l’accès à de la formation qualifiante, reconnue et transférable sera crucial pour de nombreux travailleurs et travailleuses et essentiel à la relance économique. À ce titre, nous croyons que le gouvernement a un rôle primordial à jouer.

Pour développer une réelle culture de formation continue au Québec, il nous faut améliorer l’accessibilité à de la formation, car l’un des plus grands freins demeure les modalités d’accès trop restreintes aux différents programmes. Le gouvernement doit élargir l’enveloppe de la formation générale des adultes afin de maximiser le nombre de personnes pouvant accéder aux différents programmes. Il faudra bonifier les bourses d’études, soutenir financièrement la main-d’œuvre en formation et améliorer l’accès aux formations à temps partiel en formation professionnelle. La relance économique devra s’appuyer sur un vaste chantier visant à améliorer la littéracie, la numératie et la littéracie numérique des travailleuses et des travailleurs.

On en parle depuis longtemps, mais cela s’impose plus que jamais : le gouvernement doit également faciliter les mécanismes de reconnaissance des acquis et des compétences de la main-d’œuvre. Cette perspective permet une pleine reconnaissance des nombreuses compétences acquises tout au long d’une vie, notamment pour les personnes immigrantes. En ce sens, elle facilite la mobilité des travailleuses et des travailleurs dont le secteur d’emploi a été frappé par la crise. Le gouvernement doit également améliorer les modalités de financement de la formation se donnant dans les commissions scolaires et les cégeps.

Il serait néanmoins illusoire de croire qu’une solution universelle puisse s’appliquer à l’ensemble des secteurs. Le marché du travail comportait déjà son lot de défis, bien avant la pandémie. Les innovations technologiques, la création d’emplois demandant un plus haut niveau de compétences et la nécessaire décarbonisation de notre économie continueront d’influence le marché du travail.

Nous avons fait part au gouvernement de l’ensemble de nos griefs à l’égard du programme de formation accélérée de nouveaux préposé-es aux bénéficiaires, des fausses promesses concernant leur salaire et la création de « jobs à temps plein », de la surcharge de travail des préposé-es déjà à l’emploi qui sont appelés en pleine crise à encadrer les nouveaux ainsi que des risques de dévalorisation des emplois en raison des formations accélérées.

Néanmoins, nous devons reconnaître un mérite à cette initiative : rémunérer les personnes qui suivent la formation a permis de recruter un nombre impressionnant de candidates et de candidats. Le gouvernement aurait ainsi tout avantage à utiliser la même stratégie et à faciliter l’accès à de la formation qualifiante et transférable pour d’autres titres d’emploi qui, tant en santé qu’en éducation, connaissent également des problèmes de rareté de main-d’œuvre. De façon plus particulière, il n’a pas d’autre choix que d’agir en faveur d’un meilleur accès aux programmes de formation professionnelle en éducation s’il veut dépasser le stade des vœux pieux avec son programme Répondez présent !. Bien entendu, ces travaux devront se faire en concertation avec les principaux intervenants du milieu de l’éducation et de l’enseignement supérieur. La crise ne doit pas servir de prétexte pour mettre la table à une panoplie de formations au rabais.

Bien entendu, faciliter l’accès à la formation ne sera d’aucune efficacité si les conditions de travail ne suivent pas. Quand un employeur n’offre que le salaire minimum et quelques miettes, pas besoin d’avoir la tête à Papineau pour comprendre les raisons de ses difficultés à embaucher.

Enfin, il est plus que temps que les travailleuses et les travailleurs aient leur mot à dire sur les programmes et les budgets alloués à la formation, et ce, jusque dans les milieux de travail eux-mêmes. Combien de fois avons-nous constaté avec désarroi la futilité de l’utilisation des budgets correspondant à 1 % de la masse salariale par les employeurs? Alors que cette crise frappe d’abord et avant tout les personnes qui travaillent, celles-ci sont en droit d’exiger que la formation soit qualifiante, transférable et accessible pour tous et pour toutes.

Marche mondiale des femmes 2020 : résistons pour vivre, marchons pour transformer !

La Marche mondiale des femmes 2020, qui marque cette année sa cinquième action internationale, se déroule dans un contexte inédit, bien sûr, en raison de la crise sanitaire. Plus que jamais, en raison de la pandémie, les inégalités vécues par les femmes au Québec et ailleurs dans le monde sont exacerbées. Les féministes de la CSN joignent leur voix à celles de milliers de femmes qui doivent aujourd’hui combattre ces inégalités et se mobiliser pour l’obtention de meilleures conditions de vie et de travail.

Depuis les débuts de la Marche mondiale des femmes (MMF), la CSN n’a jamais manqué de participer à l’organisation de ses actions et d’y prendre part. Afin de témoigner de sa constante solidarité, le slogan « Quand les inégalités envers les femmes reculent, la société avance » est depuis aujourd’hui affiché sur la devanture extérieure du siège social de la CSN, au 1601, avenue De Lorimier, à Montréal. S’ajoute à ce slogan fort la mise en exergue sur les tableaux électroniques en vitrine de l’ensemble des revendications québécoises de la MMF qui portent sur la pauvreté, les violences faites aux femmes, la justice climatique, les difficultés vécues par les femmes migrantes, immigrantes et racisées ainsi que celles que connaissent les femmes autochtones.

Des femmes qui luttent
C’est dans la foulée de la marche Du Pain et des roses, en 1995 au Québec, que le mouvement des femmes organise en l’an 2000 une première action internationale qui se tient dans plus de 160 pays. Au Québec, l’organisation des actions est assumée par la Coordination du Québec pour la Marche mondiale des femmes (CQMMF), un regroupement féministe qui a pour mission de contribuer à éliminer les causes de la pauvreté des femmes et de la violence qu’elles vivent. La CSN est membre de la CQMFF. Pour en savoir plus sur cette organisation et ses revendications, visitez cqmmf.org.

Jean Coutu: l’employeur quitte la table après trois semaines de lock-out

En pleine pandémie, Jean Coutu maintient son lock-out depuis trois semaines et refuse maintenant de négocier, créant ainsi un climat d’instabilité. Les impacts du lock-out au centre de distribution de Jean Coutu se font de plus en plus sentir sur l’approvisionnement des pharmacies en produits courants et même en médicaments. Cela ne semble pas inquiéter les représentants patronaux qui n’ont même pas voulu déposer une contre-proposition concernant les demandes salariales déposées par le syndicat le 13 octobre.

Les négociateurs patronaux ont tout simplement quitté la table, devant le conciliateur du ministère du Travail, en demandant au syndicat de réduire l’offre qu’il venait tout juste de déposer dans les minutes précédentes. Cette proposition syndicale avait été approuvée par 100 % des membres en téléconférence le 12 octobre. La fin de non-recevoir patronale a été déclarée sans aucune analyse approfondie et sans question d’éclaircissement. Aucune autre date de négociation n’a par ailleurs été fixée.

« Nous voulons que nos salaires soient équivalents à ceux qui ont le même titre d’emploi chez notre employeur, soit les employé-es du centre de distribution de Metro sur la rue Maurice Duplessis. Si l’employeur voit les choses autrement, qu’il fasse une contre-proposition. C’est complètement irresponsable de quitter la table de négociation et de laisser perdurer ce lock-out en pleine pandémie », insiste Audrey Benoit, présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses de l’entrepôt Pharmacie Jean Coutu (CSN). Notons en particulier que le régime de retraite n’a pas été amélioré depuis huit ans et que la contribution de l’employeur, à 4,25 % par an, n’est pas des plus généreuses.

Metro est le véritable employeur depuis son achat du Groupe Jean Coutu en 2017. C’est Metro qui a décidé du début et de la fin de la prime COVID chez Jean Coutu et c’est Metro qui paye les avocats qui rédigent les injonctions limitant la capacité de piquetage du syndicat. « Si Metro peut payer de tels salaires pour charger des camions de légumes, elle peut certainement le faire pour des camions de médicaments qui sont beaucoup plus payants pour un même volume », lance la présidente.

Rappelons que les profits de Metro étaient en hausse de plus de 20 % au troisième trimestre, et ce, malgré le paiement d’une prime COVID de 2 $ l’heure de mars à juin dernier.

Des besoins urgents pour le personnel de la santé et des services sociaux

Les travailleuses et les travailleurs de la santé ne pourront pallier les lacunes du système encore très longtemps, prévient la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). Elle presse le gouvernement d’agir sans attendre pour appliquer les solutions nécessaires pour éviter une autre catastrophe.

« Cela fait des mois que nous le disons. Il aurait fallu profiter de la période estivale pour terminer les négociations des conventions collectives et bien se préparer à une seconde vague, explique le président de la FSSS–CSN, Jeff Begley. Le gouvernement n’a rien voulu entendre. Malgré son échec à mettre en place les mesures nécessaires pour protéger le personnel du réseau et contenir la propagation lors de la première vague, il continue dans son approche unilatérale, top-down. Il faut absolument changer de cap, car sinon, je le crains, l’exode des travailleuses et des travailleurs se poursuivra et on va s’en aller dans le mur; ça fera encore plus mal que la première fois ».

Des mesures spécifiques à la crise
Au printemps dernier, la FSSS–CSN s’est acharnée à tenter de conclure une entente avec les représentantes et les représentants patronaux sur différentes mesures nécessaires pour protéger non seulement les travailleuses et les travailleurs, mais également toute la population, notamment celles et ceux qui sont soignés et hébergés dans les établissements. Le gouvernement avait refusé cette main tendue. Il a mis en place unilatéralement des protections qui se sont avérées insuffisantes. Finalement, le personnel du réseau compte pour pas moins du quart des infections à la COVID-19 au Québec, une proportion plus élevée qu’ailleurs au Canada. En outre, les gestionnaires maintiennent, encore aujourd’hui, des mouvements de personnel à l’intérieur et entre les établissements et ils continuent de faire appel aux agences de placement, ce qui constitue un vecteur important de propagation de la contagion.

« Les gestionnaires nous proposent de nous « efforcer » de respecter les consignes émises par la Santé publique, poursuit Jeff Begley. C’est clairement insuffisant. Le réseau se doit, au contraire, de montrer la voie, de se distinguer comme un employeur modèle face à la pandémie. Et ce n’est vraiment pas le cas! »

La FSSS–CSN réclame notamment :

  • De meilleurs canaux de communication entre le MSSS, le CPNSSS, la FSSS-CSN et les syndicats locaux
  • Des mesures en santé et sécurité du travail (isolement, équipements de protection, déplacement, soutien psychologique, etc.)
  • L’encadrement de l’utilisation du personnel d’agences
  • Des mesures favorisant la conciliation famille-travail
  • Des adaptations dans l’organisation du travail
  • Des compensations justes pour le personnel au front

Personnel demande la reconnaissance
Au printemps dernier, le gouvernement a choisi d’instaurer un cocktail de différentes primes visant à reconnaître le travail du personnel au front. Ces primes génèrent encore beaucoup d’insatisfaction, parce que leur application est injuste aux yeux du personnel. Ces primes sont restreintes à certains titres d’emploi précis, dans certaines zones désignées. Comment expliquer, par exemple, que les brancardiers en soient exclus, eux qui transportent des patients infectés? Il en va de même pour le personnel qui manipule les instruments médicaux ou le matériel souillés à la COVID ou le personnel des laboratoires dont la contribution à la lutte est clairement indispensable? Pourquoi le travail du personnel administratif n’est-il pas davantage reconnu, alors que ces travailleuses ont été nombreuses à contracter la COVID-19? Ce ne sont là que quelques exemples de titres d’emploi à qui le gouvernement envoie le message qu’ils ne sont pas importants.

Par conséquent, les gens quittent le réseau en masse, ce qui annonce des difficultés de main-d’œuvre encore plus aiguës. Seulement au CIUSSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal, plus de 1800 personnes ont démissionné depuis le début de l’année. L’établissement se retrouve notamment avec 250 agentes administratives, 85 préposé-es à l’entretien et 120 préposé-es aux services alimentaires en moins depuis le début de l’année. Bien que leur travail dans nos établissements soit rarement mis sous la lumière, il demeure que leur rôle est primordial. Cela entraîne une surcharge de travail pour tous les autres salarié-es, cela non sans impact sur les services auxquels la population est en droit de s’attendre. « Il faut agir de toute urgence, sinon, c’est un mur qui nous attend, prévient Jeff Begley ».

Des négociations qui traînent en longueur
Une bonne marque de reconnaissance pour tout le personnel serait bien entendu de conclure le renouvellement des conventions collectives, échues depuis le 31 mars 2020. Or, le gouvernement refuse jusqu’à maintenant toutes les solutions apportées par la partie syndicale pour attirer la relève et retenir et stabiliser le personnel dans tous les titres d’emploi. Les problèmes de main-d’œuvre des établissements ne se limitent pas seulement au PAB ou au personnel soignant. Ils touchent de nombreux titres d’emploi des établissements, du personnel administratif aux ouvriers spécialisés, qui gagnent parfois beaucoup moins que ce qu’ils gagneraient dans le secteur privé. En l’absence de solutions, les établissements doivent demander à du personnel aux soins de remplir plus de paperasse ou encore faire appel à des entreprises sous-traitantes, qui chargent le prix fort pour entretenir les installations ou assurer l’hygiène et la salubrité des milieux de soins.

Le gouvernement ne veut même pas discuter avec les syndicats en matière de santé et sécurité, alors que le réseau est un des milieux de travail où on compte le plus d’accidents de travail et de maladies professionnelles, et ce, même avant la crise. Le gouvernement ne veut parler que de ses propres demandes de recul, par exemple, revoir l’application des dispositions sur le paiement des heures supplémentaires et l’aménagement de la semaine de travail, pour économiser des sommes et montrer un portrait trompeur sur le recours réel aux heures supplémentaires dans le réseau.

« Chaque jour, le trio santé de la CAQ nous répète que le réseau est très fragile, qu’il est au bord de la rupture, rappelle la vice-présidente de la FSSS–CSN, Josée Marcotte. C’est vrai. C’est précisément parce que, depuis des décennies, les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas voulu aborder de front ces enjeux avec les syndicats en négociation. L’heure n’est certainement pas à rogner encore davantage dans les conditions de travail du personnel, au contraire! Un changement de cap s’impose! Le gouvernement doit prendre au sérieux le cri du cœur des salarié-es. Si le gouvernement n’entend pas ce message maintenant, nous serons prêts à augmenter la pression, car il y a urgence de rebâtir nos services de santé et sociaux! »

Faire mieux pour affronter la deuxième vague dans les résidences privées pour aîné-es

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) réclame que le gouvernement prenne les mesures nécessaires pour retenir le personnel des résidences privées pour aîné-es et des institutions religieuses alors que la deuxième vague s’annonce difficile.

La restriction de la prime accordée par le gouvernement dans ces résidences touche plusieurs préposé-es aux bénéficiaires (PAB) et s’ajoute aux nombreux défis pour attirer et retenir le personnel. Depuis août dernier, le gouvernement a établi un maximum salarial de 21,27 $ de l’heure pour l’application de la prime COVID dans ces résidences. Ce n’est ainsi plus tous les PAB qui ont maintenant accès à la prime de 4 $ de l’heure. Dans les derniers mois, de nombreux PAB ont quitté les résidences privées et les institutions religieuses, notamment pour prendre part à la formation abrégée dans le secteur public. Cela ne fait qu’accentuer le manque de personnel criant dans ces résidences pourtant au premier front de la lutte à la pandémie.

« Il faut dès maintenant régler ce problème. Bien des gens qui travaillent dans les résidences privées pour aîné-es ont quitté dans les derniers mois et on se retrouve avec encore moins de monde sur le plancher pour faire face à la deuxième vague. Nous avons déjà des éclosions dans nos résidences, il faut tout faire pour arrêter ça », explique Gilles Gagné, représentant des centres d’hébergement privés à la FSSSCSN.

À cela s’ajoute le fait que les travailleuses et travailleurs sont mal équipés. De plus en plus d’études indiquent que le virus peut se transmettre par aérosol. Les équipements de protection individuelle disponibles ne protègent pas contre ce mode de transmission. La FSSSCSN réclame un rehaussement des mesures de protection pour mieux protéger le personnel.

Régimes de retraite à prestations cibles : la CSN salue le dépôt du projet de loi 68

La CSN accueille favorablement le dépôt du projet de loi 68 du ministre des Finances, Éric Girard, qui rendra désormais possible la mise sur pied de régimes de retraite à prestations cibles. Ce projet de loi pourra enfin permettre aux syndicats affiliés à la CSN qui ont négocié de tels régimes de retraite auprès de leur employeur au cours des derniers mois de mettre en application leurs ententes.

« Nous sommes conscients que les régimes de retraite à prestations cibles ne sont pas la solution à tous les problèmes que nous vivons avec l’ensemble des régimes de retraite », indique d’emblée la vice-présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Mais il s’agit néanmoins d’une possibilité supplémentaire pour épargner et atteindre un revenu adéquat à la retraite. »

En permettant de partager non seulement les risques économiques, mais aussi les risques liés à la longévité, les régimes à prestations cibles sont des outils plus performants que les régimes d’accumulation de capital tels que les REER collectifs et les régimes à cotisations déterminées, estime la centrale syndicale pour qui les régimes à prestations déterminées demeurent tout de même la meilleure des options. « Le dépôt de ce projet de loi ne signifie aucunement que nous ne continuerons pas à nous battre pour préserver nos régimes de retraite à prestations déterminées ni à chercher toutes les solutions nécessaires pour en assurer la pérennité », souligne Caroline Senneville.

La récente bonification du Régime des rentes du Québec constitue un pas dans la bonne direction, rappelle la vice-présidente de la CSN. « Mais cette bonification n’est pas suffisante. Des régimes collectifs de retraite sont toujours nécessaires. En ce sens, le projet de loi déposé ce matin permettra de réunir plusieurs groupes d’employé-es au sein d’un même régime et de favoriser ainsi l’accès à de bons régimes de retraite pour un plus grand nombre de travailleuses et de travailleurs. »

Au cours des prochains jours, la CSN étudiera en détail les modalités du projet de loi afin de s’assurer que les mécanismes en matière de transparence, d’équité et de sécurité des prestations sont adéquats.

Fondée en 1921, la CSN regroupe 300 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec.

Les RI-RTF attendent toujours leur prime

Malgré la seconde vague de la COVID-19 qui sévit actuellement, les ressources intermédiaires et ressources de type familial (RI-RTF) attendent toujours le versement de leur prime qui demeure impayée depuis le 1er juillet dernier.

« Nous trouvons scandaleux de voir l’argent pleuvoir de toutes parts lorsqu’il s’agit des grandes entreprises, mais de constater que les autres travailleuses et travailleurs qui sont au front auprès des personnes vulnérables doivent attendre des mois avant d’en voir la couleur, de dénoncer Renée Desnoyers, représentante des RI-RTF à la Fédération de la santé et des services sociaux-CSN (FSSS–CSN). Depuis le 1er juillet dernier, la bonification temporaire de 20 % des dépenses raisonnables de fonctionnement que nous devrions recevoir n’a pas été versée, ce qui peut représenter des milliers de dollars pour les ressources qui comptent plusieurs usagers et qui sont aux prises avec des mesures sanitaires contraignantes au quotidien. Les efforts soutenus des travailleuses pour maintenir des milieux de vie sains pour les usagers doivent être compensés, car elles sont toujours au front, et ce, 24 h sur 24 h. »

Le 29 mars dernier, Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, annonçait une aide d’urgence de plus de 133 millions $ pour les milieux de vie privés du réseau de la santé et des services sociaux, dont 73 millions $ pour les RI-RTF. Cette aide devait être rétroactive au vendredi 13 mars 2020, jour qui a marqué le début officiel de la crise sanitaire.

« Cet appui financier vise à compenser l’intensité des services durant la crise sanitaire. Du 13 mars au 30 juin, toutes les ressources ont reçu cette aide dont elles ont cruellement besoin, mais depuis le 1er juillet, les sommes demeurent bloquées par le Secrétariat du Conseil du trésor (SCT), déclare pour sa part Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS–CSN. À ce sujet, lors de notre rencontre de négociation du 24 septembre dernier, nous avons interpellé le Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux (CPNSSS), lequel nous a précisé que le renouvellement de la prime devait être approuvé par le SCT. Nous sommes rendus au mois d’octobre, en pleine deuxième vague de COVID-19, et le gouvernement de François Legault ne tient aucunement compte des RI-RTF. »