Appel à une solidarité renforcée

Comme le veut la tradition, les autres centrales syndicales ont été invitées au 67e Congrès de la CSN. La dirigeante de la FTQ ainsi que les deux dirigeants de la CSQ et de la CSD se sont adressés aux délégué-es de la confédération, en cette première journée d’événement. En pleine négociation du secteur public, les allié-es de la CSN dans le Front commun ont salué cette collaboration et lancé un appel à une solidarité encore plus tissée serrée.

D’entrée de jeu, Magali Picard, présidente de la FTQ, a souligné la belle complicité qui s’est établie au sein du Front commun. « C’est là qu’on voit que les valeurs syndicales vont bien au-delà du nom qu’on porte. Sachez que le Front commun est bien enraciné. On est une équipe de feu ! On a une belle lutte devant nous », a poursuivi Mme Picard. La présidente de la FTQ a rappelé l’adoption, lors du congrès de son organisation, d’une résolution demandant la tenue d’États généraux sur le syndicalisme. « On va avoir besoin de se tenir les coudes serrés. Vos valeurs sont les nôtres. La journée qu’on va toutes et tous vraiment travailler ensemble, ça va être un nouveau Québec et il n’y a rien qui va pouvoir nous arrêter », a-t-elle conclu.

« Malgré la pluralité syndicale, on est capables de travailler ensemble, de pousser dans le même sens. C’est notre force au Québec », a poursuivi Éric Gingras, président de la CSQ. Bien que la CSN et la CSQ soient différentes à bien des égards, dans la forme et sur le fond, M. Gingras a invité les congressistes de la CSN à « mettre le focus sur les choses qui nous rassemblent ». Il a également proposé de « reprendre notre position d’acteur social crédible dans l’espace public. Partout, on se fait dire qu’on est trop forts, qu’on n’a plus notre place », a-t-il rappelé en soulignant que les différentes centrales auront probablement un prochain rendez-vous lors d’États généraux sur le syndicalisme.

« Les luttes qu’on fait au Québec, ce n’est pas juste pour nos membres, mais pour la société tout entière », a enchaîné Luc Vachon, président de la CSD. M. Vachon a voulu saluer l’importance de l’implication des militantes et des militants pour des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs. « Être militante et militant, ce n’est pas toujours choisir la voie simple, la facilité. On fait souvent face à l’adversité, mais vous continuez, parce que vous êtes convaincus que c’est ensemble que notre voix porte plus loin. Vous donnez une voix à celles et à ceux qui n’en ont pas ou qui n’osent pas parler », a terminé le dirigeant.

En route pour un autre cent ans !

L’un des moments importants de tous les congrès est la présentation du rapport du comité exécutif. C’est l’occasion de revenir sur les événements marquants du dernier mandat du comité exécutif, élu en 2021, et sur les défis qui attendent la CSN au cours des prochaines années. C’est ainsi que s’est ouvert hier le 67e Congrès de la CSN, alors que la présidente de la CSN, Caroline Senneville, dressait le décor entourant les discussions qui se tiendront toute la semaine et qui visent à nous donner collectivement des objectifs et des orientations pour les trois prochaines années.

Des bouleversements profonds
Ces dernières années, on a assisté à des bouleversements importants qui interpellent encore les syndicats. Bien entendu, on ne peut passer sous silence la pandémie qui a révélé de nombreuses lacunes dans nos services publics. En santé, nous avons eu du mal à faire face à la pandémie, notamment à cause d’une gestion déshumanisante que nous dénoncions depuis longtemps : manque de personnel, horaires atroces, conditions de travail et salariales laissant à désirer, manque de valorisation et de reconnaissance… C’est dans ces conditions déjà difficiles que la pandémie s’invitait.

En éducation et en enseignement supérieur, la pandémie a forcé le recours désorganisé, voire improvisé, à l’enseignement à distance, entraînant de la détresse tant chez les enseignants que chez les apprenants. Dans ce milieu scolaire déjà en manque criant de ressources, on a assisté à un accroissement des épisodes de violence.

Dans le secteur privé également, la pandémie a frappé fort. Elle a mis en lumière à quel point le travail des salarié-es du commerce de détail, du secteur de l’alimentation ou de la rénovation est essentiel dans notre société. Pourtant, nous le savons, les conditions de travail y sont difficiles. De plus, dans certains milieux comme les commerces à fort achalandage ou les usines de transformation de viande, on a assisté à des taux de contamination très élevés au virus de la COVID-19.

Comme syndicats et comme travailleuses et travailleurs, nous nous sommes démenés pour que les services soient maintenus, pour que les industries roulent, pour que les biens soient transportés, les personnes logées, les bâtiments construits…

La pandémie a eu des répercussions sur notre organisation elle-même. Il a fallu repenser la mobilisation en contexte de crise tout en recréant des liens pour nous donner les moyens de partager nos réalités et nous redonner des objectifs concrets.

« Certes, des emplois manufacturiers se perdent, mais des usines ont continué de croître. Dans l’adversité, plusieurs ont su explorer le potentiel de reconversion des entreprises, rajeunir les procédés et les équipements, voire parfois réorienter les activités de production. La CSN croit en cet élan et nos gouvernements doivent y croire aussi. »

Par ailleurs, la pandémie nous a rappelé cruellement notre dépendance à l’égard de l’importation dans des secteurs stratégiques, pensons à l’approvisionnement déficient en équipements de protection individuelle pour le personnel au front dans la santé et les services sociaux.

Ces dernières années, les transformations se sont également accélérées dans le secteur culturel. On a déploré de nouvelles coupes de postes dans les salles de presse au moment où tous les médias voient leurs sources de revenus publicitaires se tarir au profit de géants du Web qui utilisent notamment, en toute impunité, le contenu de nos médias québécois sur leur plate-forme. Dans le milieu des arts et des spectacles, la pandémie a aussi laissé des traces. Heureusement, on assiste actuellement à une certaine reprise dans le milieu et la réforme des lois sur le statut de l’artiste devrait permettre de combattre la précarité.

Montée de la droite
Ces deux dernières années, les événements dramatiques se sont multipliés sur la planète. Guerres, catastrophes, crises économiques, reculs des droits des femmes dans certains pays… Cette instabilité mondiale est d’autant plus préoccupante qu’on assiste également à la progression partout dans le monde de mouvements populistes de droite et d’extrême droite.

Cette montée de la droite n’épargne pas le Canada ni le Québec. À Ottawa, l’arrivée de Pierre Poilièvre à titre de chef de l’opposition du parti conservateur est préoccupante, alors qu’il met en avant des idées complètement opposées à celles que nous défendons, par exemple l’abolition de la taxe carbone, la fermeture de CBC, le pendant anglophone de Radio-Canada et ses énoncés flous sur le droit à l’avortement et sur ceux de la communauté LGBT+. Quant au parti libéral, force est de constater qu’une certaine usure du pouvoir pourrait mettre en péril le projet de régime public d’assurance médicaments ainsi que la réforme du régime d’assurance-emploi, une revendication phare de la CSN depuis des années. En début de mandat, le comité exécutif de la CSN a pu saluer l’entrée en vigueur de la Loi sur l’équité salariale au fédéral. Enfin, une loi anti-briseurs de grève, semblable à celle qu’on connait au Québec depuis 45 ans, entrera prochainement en vigueur pour les salarié-es qui travaillent dans des organisations de compétence fédérale.

Inflation et main-d’œuvre
En pleine pénurie, plutôt que de décider d’accueillir les personnes migrantes et leur famille pour qu’elles puissent pleinement contribuer à la société québécoise, on fait venir du cheap labor. Si ces personnes sont suffisamment intéressantes pour venir travailler chez nous, elles le sont également pour venir y vivre : elles ont le droit de vivre au Québec dignement, comme elles l’entendent.

Au Québec, des taux d’inflation à 7 %, c’est du jamais vu depuis des décennies. Les écarts de richesse se creusent encore davantage. Pendant que les multinationales de l’alimentation en profitent pour augmenter leurs marges de profits, on voit plus que jamais des travailleuses et des travailleurs à temps plein visiter les banques alimentaires. Ils peinent à se trouver un logement abordable ; ils n’ont pas accès à la propriété. Le mouvement syndical doit agir comme un rempart contre la pauvreté, comme le redistributeur de la richesse par excellence.

Comme la main-d’œuvre se fait plus rare, on peut penser que les salarié-es ont le gros bout du bâton. Pourtant, un trop grand nombre d’entre eux écopent : multiplication des heures supplémentaires, intensification du travail, épuisement, perte de sens du travail, manque de temps pour l’accompagnement des personnes nouvellement embauchées, diminution de la qualité des services offerts, diminution des critères d’embauche…

Certaines solutions se trouvent également à l’extérieur des conventions collectives. La CSN a contribué aux travaux menant au projet de loi sur l’encadrement du travail des enfants au Québec. Avec la rareté de main-d’œuvre, on assiste à l’arrivée massive de personnes immigrantes. Certaines de ces personnes n’ont même pas le droit d’offrir leur force de travail à un autre employeur. La CSN recommande que ces « travailleurs étrangers temporaires » ainsi que les sans-papiers puissent se voir octroyer le statut de résident permanent. De plus, les efforts doivent redoubler en francisation, en particulier en milieu de travail.

Perspectives
Bénéficiant d’une majorité confortable grâce au mode de scrutin qu’elle avait promis de modifier cinq ans plus tôt, la CAQ poursuit ses stratégies populistes pour un second mandat. En bonne partie des gestionnaires du privé, les élu-es caquistes, et surtout, le premier ministre, ne consultent pas, négocient sur la place publique, agissent en fonction des sondages et font leurs annonces via les médias sociaux.

Les choix économiques et fiscaux caquistes favorisent généralement les mieux nanti-es. Le gouvernement s’est privé de 5 milliards cette année au lieu d’investir pour répondre aux besoins qui sont nombreux : pensons aux services publics, au logement, à la francisation des personnes immigrantes ou encore à la nécessaire décarbonisation du Québec.

Soulignons que l’opposition généralisée a forcé le ministre de l’Économie à renoncer à repousser l’âge d’accès au Régime des rentes du Québec de 20 à 62 ans.

En santé et services sociaux, tout pointe vers encore plus de privatisation et un vaste rebrassage de structures. La CAQ se sert des difficultés vécues sur le terrain durant la pandémie pour mieux vendre l’idée de la privatisation à la population.

En éducation, elle peine à répondre aux besoins qui vont de la ventilation des écoles aux services de soutien. Saura-t-elle répondre aux enjeux du numérique, de l’enseignement à distance et de la montée de l’intelligence artificielle ? Le manque de places en services de garde éducatifs représente également tout un défi.

Négociations
Le renouvellement des conventions collectives du secteur public, en front commun CSN–FTQ–CSQ–APTS sera également des priorités confédérales à court terme.

Dans le secteur privé, les négociations récentes nous montrent que les travailleuses et les travailleurs retrouvent un certain rapport de force dans cette conjoncture économique faite d’inflation et de pénurie de main-d’œuvre. Plusieurs syndicats ont obtenu des augmentations record de 20, 30 voire 40 %. Notre Fonds de défense professionnelle (FDP) aura joué son rôle pour aider les grévistes à tenir la minute de plus : plus de 26 millions $ en prestations ont été versés ces trois dernières années.

Le dernier mandat a aussi été marqué par la coordination des négociations sur quelques enjeux, soit aucun salaire sous 18 $ l’heure, la déjudiciarisation et la négociation de clauses en santé–sécurité. Cela a porté ses fruits, puisque 70 % des syndicats dont la convention venait à échéance en 2022 ont complètement éliminé les salaires de moins de 18 $ l’heure. En parallèle, nous poursuivons la lutte pour l’augmentation du salaire minimum à 18 $ l’heure, avec nos allié-es, une cible qui sera revue cet automne.

Santé–sécurité
En santé et en sécurité du travail, on a vu l’entrée en vigueur de nouvelles dispositions. Malheureusement, nous pensons que le gouvernement aurait pu faire beaucoup mieux. Notre mobilisation et nos sorties publiques, en alliance, ont tout de même permis de faire reculer le ministre sur certains aspects.

Le travail se poursuivra lors du prochain mandat, notamment avec nos allié-es. Nous organiserons un grand sommet santé–sécurité, en 2025.

Transitions
Nous entrons dans deux périodes de transition majeure qui marqueront les prochaines années, notamment les relations de travail et notre action syndicale. La première transition est liée aux changements climatiques. Plus que jamais, il faut défendre une transition juste : rendre l’économie plus verte, mais aussi plus équitable et plus inclusive !

L’autre transition en cours est celle du numérique. L’économie numérique et l’intelligence artificielle sont en déploiement. Cela pose de nombreuses questions en ce qui a trait à l’emploi, à la protection de la vie privée, à l’autonomie professionnelle ainsi qu’à la constitution du rapport de force en négociation. Une des clés sera la formation qualifiante.

Il faut innover, investir, former, et surtout, mettre les travailleuses et les travailleurs au cœur des processus de transformation.

Protection du français au Québec : une histoire de lutte des classes

Dans son documentaire Une histoire sur le goût de la langue, Hélène Choquette brosse le portrait des luttes menées pour la reconnaissance et la protection de la langue française au Québec, de l’arrivée des premiers colons à aujourd’hui. À travers les témoignages divers, elle montre comment la langue est devenue une composante essentielle de l’identité et de la cuture québécoises.

« Porteurs d’eau, scieurs de bois, locataires et chômeurs dans leur propre pays »
La lutte pour la reconnaissance du français au Québec est avant tout une lutte des classes, le français étant historiquement la langue de la classe ouvrière. L’infériorisation linguistique des Québécoises et des Québécois francophones va donc de pair avec leur exploitation économique. La question linguistique est présente dès la fondation des premiers syndicats catholiques. Dans les années 1950, la CSN s’est battue pour le droit de travailler et de négocier en français. Le documentaire retrace des grèves marquantes comme celles des ouvriers d’Arvida en 1957 et des réalisateurs de Radio-Canada en 1959 qui marquera le début de la carrière politique de René Lévesque et un déclencheur de son engagement en faveur de la souveraineté du Québec.

La langue, c’est l’ADN d’un peuple
La défense du français est au cœur du projet souverainiste et fait partie intégrante de l’affirmation de l’identité québécoise. Du foisonnement culturel des années 1970 aux deux référendums de 1980 et 1995, le documentaire inscrit la lutte pour la protection du français dans le projet souverainiste, alors porté majoritairement par les mouvements de gauche, syndicalistes et féministes. Ces derniers s’inspirent des mouvements sociaux de libération, dont ceux des communautés noires pour les droits civiques aux États-Unis.

L’adoption de la loi 101 en 1977 marquera un tournant majeur dans la reconnaissance du statut du français comme langue publique commune de toutes les personnes qui vivent au Québec. Alors que René Lévesque parlait du Québec comme « la patrie de tous les Québécois qui l’habitent et qui l’aiment », le documentaire met le doigt sur le rapport complexe, parfois difficile, entre immigration et protection de la langue française au Québec. Le témoignage d’un « enfant de la loi 101 » souligne qu’historiquement, les communautés immigrantes ont joué un rôle essentiel dans le maintien du français au Québec. D’un autre côté, les propos de Jacques Parizeau lors de l’échec du deuxième référendum ont provoqué une rupture majeure entre des communautés immigrantes et le mouvement souverainiste.

« Je trouve que le documentaire met bien la table au débat actuel, alors que les mouvements de droite instrumentalisent la protection de la langue française au profit d’un discours nationaliste anti-immigration. « Pourtant, les personnes immigrantes sont majoritaires à étudier et à travailler en français », partage une déléguée présente à la projection.

À la toute fin du documentaire, on évoque les solidarités à créer entre les Québécoises et les Québécois francophones et les peuples autochtones autour de ces enjeux. « J’aurais trouvé intéressant que le documentaire développe davantage cet aspect, car selon moi, notre lutte pour protéger la langue française est inséparable des luttes menées par les peuples autochtones pour défendre leurs langues et leur droit à l’autodétermination », soulève un autre délégué.

Produit à l’initiative de la CSN, le documentaire a été diffusé juste avant l’ouverture du 67e Congrès de la CSN. Il est accessible en ligne sur le site de la CSN.

« Négocier, obtenir des droits pour les salarié-es, c’était ça l’objectif »

Délégué représentant au congrès de la CSN, le plus grand syndicat français, la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Pascal Catto, nous raconte son parcours professionnel et syndical et livre des clés pour comprendre la crise des retraites dans l’hexagone.

Originaire du nord de la France, Pascal Catto vient aussi de l’industrie du transport de devises. « L’employeur était un ancien militaire qui ne nous respectait pas, alors on est allés voir un syndicat. Mon grand-père était un cheminot membre de la CFTC (une majorité issue de la CFTC a créé la CFDT en 1964). Négocier, obtenir des droits pour les salarié-es, c’était ça l’objectif ».

Enjeux de sécurité au travail
Une épidémie de « braquages » violents touche alors la France au début des années 2000. Plusieurs camarades la paieront de leur vie, assassinés au travail. Pour être enfin respectés, les « convoyeurs » entament 15 jours de grève pour améliorer leur sécurité. « On a beaucoup travaillé pour renforcer la sécurité des blindages, de l’armement, on a négocié des primes de risque, créé des certificats de qualification professionnelle avec formation au tir et augmenté les salaires. » Nicolas Sarkozy – alors ministre de l’Intérieur – est à l’écoute. La CFDT obtient que des technologies (comme la « valise intelligente » qui asperge les billets d’encre en cas de vol) soient développées et financées par les banques. Vingt ans plus tard, la sécurité dans l’industrie est telle que les vols à main armée de fourgons de transport ont presque disparu.

Secrétaire général local dans la commune de Boulogne-sur-Mer pendant sept ans, Pascal devient représentant régional dans le nord de la France en 2002 avant d’intégrer le Bureau national confédéral en 2010. « Le nord a connu beaucoup de fermetures du jour au lendemain comme celle de MetalEurop Nord (filiale de Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne au Québec) ». Par le dialogue social et la consultation, la CFDT élabore alors avec les gouvernements successifs des plans de reclassement économique et d’aide aux chômeuses et aux chômeurs qui sont désormais la norme.

Du nord de la France aux îles du Pacifique
Pascal est actuellement chargé du dialogue avec neuf espaces français d’outre-mer, dont le plus proche de nous est Saint-Pierre-et-Miquelon, dans le golfe du Saint-Laurent. L’outre-mer désigne une mosaïque de cultures, sur les deux hémisphères et sur quatre océans, héritées de l’empire colonial français. Là-bas vivent 2,8 millions d’habitants, soit 4 % de la population française. « Les réponses ne peuvent pas venir de Paris. Mon travail, c’est de construire avec les habitants de ces territoires un peu abandonnés, de les former et de les aider, de faire remonter leurs problèmes ». Ces territoires sont marqués par des enjeux rappelant parfois les territoires autochtones canadiens : des taux de chômage extrêmement élevés, la vie chère, des enjeux de dialogue social entre cultures, des défiscalisations qui ne profitent qu’aux riches, des problèmes environnementaux et d’accès à l’eau.

Retraites et crise démocratique
Analysant la mobilisation record contre la réforme des retraites françaises, Pascal déplore que le gouvernement ait choisi de financer d’autres budgets avec les régimes de retraite en faisant fi des sujets de société comme l’emploi des aîné-es. « Le gouvernement a pris le problème à l’envers, avec son totem de l’âge qui est un non-sens, car il pénalise les emplois pénibles commencés jeunes, malgré une durée de cotisation réalisée. Aujourd’hui, différents régimes coexistent et les salarié-es ne travaillent plus dans la même entreprise pendant 40 ans. Ce qui fait que des tas de salarié-es passés d’un régime à l’autre se voient pénaliser pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Pour ces raisons, la CFDT demande un régime universel par points. Passée en force par un pouvoir plus impopulaire que jamais malgré une mobilisation “jamais vue de mémoire de syndicaliste”, la loi retraite (refusée par 90 % des salarié-es) est validée par le Conseil constitutionnel. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, parle de “grave crise démocratique”. La CFDT est régalienne, nous prenons acte de la décision. Mais on se rend compte que le gouvernement est en train de sortir des décrets en corrigeant ses erreurs, donc on est en train de gagner des choses sur ces questions ».

Promettant de rouvrir des discussions sur des sujets négligés comme l’usure au travail, la CFDT souhaite revoir le dialogue social. « On veut un accord de méthode avec le gouvernement sur les discussions qui vont s’ouvrir. La CFDT travaille toujours en intersyndicale à la mobilisation du 6 juin pour appuyer l’initiative de parlementaires visant à annuler la réforme ».

« On a enregistré un nombre d’adhésions record depuis le début du mouvement en France ! »

Spécialiste des relations internationales et invité au congrès de la CSN, Pierre Coutaz est permanent syndical à la Confédération générale du travail (CGT), la deuxième plus grande organisation syndicale de France. Il a accepté de répondre à quelques questions.

Bonjour camarade, pourrais-tu stp nous décrire ton mandat ?

J’anime avec 12 camarades l’espace international chargé des relations bilatérales — comme le congrès de la CSN — et multilatérales dans le cadre de la Confédération syndicale internationale (CSI) et de la Confédération européennes des syndicats (CES). Je suis chargé de la solidarité concrète dans les zones du monde souffrant d’attaques aux droits sociaux et humains et de catastrophes. J’ai également travaillé avec la CSN et la FTQ sur des dossiers comme le rôle du français au travail.

La nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, est une femme, cadre, écologiste. Que t’inspire cette première en 130 ans de CGT ?

Nous avons eu un congrès tendu, marqué par des oppositions fortes. C’est un signe d’intelligence collective remarquable d’avoir su surmonter des divisions en trouvant une camarade charismatique et investie qui incarne le changement !

On l’a vue refuser des entrevues à des chaines de télévision très antisyndicales et conservatrices, c’est une stratégie personnelle ?

Non, c’est une décision collective qui date des élections de 2022, compte tenu de l’orientation de ces chaines sanctionnées pour incitation à la haine et leur participation active aux campagnes de candidates et de candidats d’extrême droite. Sophie l’a exprimé de façon très forte en tête de cortège.

Dans une France réputée pour ses grèves, la très forte mobilisation (jusqu’à 3,5 millions de manifestantes et de manifestants) contre la réforme des retraites a surpris. Pourquoi ?

Il y a le sentiment d’une réforme injuste et inutile qui légitime totalement la lutte. On nous dit qu’il faut reculer de deux ans l’âge de départ. Mais les experts ne signalent pas de problème de financement. Et une travailleuse/un travailleur sur deux termine sa vie active sans travail, car les employeurs ne veulent pas des ainé-es. L’espérance de vie en bonne santé en France est de 64 ans, donc on prend les deux seules années de retraite en bonne santé. Il y a aussi l’obligation de cotiser 43 ans pour espérer bénéficier d’une retraite à taux pleins. Là où d’autres pays permettent de partir plus tôt, la France impose une « double peine ».

Est-ce que la mobilisation s’est traduite par une hausse des adhésions ?

On a enregistré un nombre d’adhésions record depuis le début du mouvement, avec 31 000 cartes supplémentaires, soit +5 %. Et ça continue !

La CGT a renoué avec une très vieille pratique de grève : les interruptions d’électricité ciblées. Et les Françaises et les Français font du « charivari » lors des déplacements de ministres. Comment expliquer ces réappropriations ? As-tu d’autres exemples ?

Quand un pouvoir est sourd, aveugle et muet, on n’a pas d’autres solutions que de se faire entendre en tapant sur des casseroles ou en « coupant le jus ». Nos camarades de la Guyane (Amérique du Sud) ont même empêché en avril le décollage de la fusée spatiale Ariane ! Et à Paris, l’orchestre symphonique est venu jouer pour les manifestantes et les manifestants.

Parfois, le mécontentement social général, par exemple des « gilets jaunes », se mêle avec des problématiques liées au monde du travail. Comment la CGT traite-t-elle cette « convergence des luttes » ?

Depuis six ans, Emmanuel Macron piétine la démocratie dans un « libéral -autoritarisme » permanent. Il a asséché l’hôpital, l’école, les transports publics, bref le ciment social. Il y a un mécontentement général contre les politiques libérales qui ont mis à sac notre patrimoine social. On est en lutte sur de multiples fronts, par-delà l’intersyndicale historique sur les retraites, par exemple les luttes sectorielles. Il y a aussi les inquiétudes de la jeunesse concernant son intégration au marché du travail, le changement climatique et l’eau comme on l’a vu lors des manifestations contre les méga-bassines à Sainte-Soline.

Quels enseignements la CSN peut-elle tirer de la situation française ?

J’ai regardé avec envie votre Printemps érable (rires). On s’intéresse aussi à ce qui se passe chez vous. Un mouvement social est une alchimie un peu magique qui transforme une énergie populaire en source de progrès sociaux. Personne n’a la recette et je n’ai pas de conseils même si l’internationalisme adresse des enjeux similaires avec une temporalité différente.

Déclaration de reconnaissance territoriale autochtone de la CSN

De nombreuses organisations débutent leurs rencontres officielles par une brève déclaration reconnaissant le territoire autochtone où elles se trouvent réunies. Pour certaines organisations, c’est un effet de mode, mais pour d’autres, c’est loin d’être le cas.

La CSN s’est rangée publiquement en faveur des droits des peuples autochtones dès 1973 et elle vient d’adopter un nouveau plan d’action en ce sens. Pour la CSN, la reconnaissance du lien qui unit les Autochtones au territoire n’est donc pas un simple geste pour faire bonne figure. Il s’agit plutôt d’un acte d’éducation à l’endroit des personnes réunies et d’un engagement organisationnel en faveur de la vérité et de la réconciliation.

De nos jours, il ne fait aucun doute que toutes les Amériques ont été peuplées par diverses nations autochtones depuis des millénaires et que nous vivons sur leurs territoires ancestraux. Un territoire ancestral est la zone géographique identifiée par une première nation comme la terre occupée et utilisée par ses ancêtres, dont elle est gardienne jusqu’à aujourd’hui.

Ces nations habitent le continent depuis la dernière période glaciaire, il y a 15 000 ans. Les Premiers Peuples sont arrivés sur le territoire désigné aujourd’hui comme le Québec il y a 12 000 ans, lorsque les eaux glaciaires de la mer de Champlain se sont retirées. Quand les Européens sont arrivés à leur tour, il y a cinq siècles, les Amériques étaient habitées par les Autochtones depuis déjà 150 siècles.

On dit souvent que les territoires autochtones sont « non cédés », ce qui signifie qu’aucune entente ni aucun traité n’a été signé pour officialiser l’abandon définitif et le transfert des droits territoriaux vers les colons par les Autochtones au sens de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, c’est-à-dire par un consentement libre, préalable et éclairé (CLPÉ). Le congrès de la CSN a endossé la déclaration en 2008, le Québec en a appuyé les principes en 2019 et le Canada en a fait une loi en 2021.

Une partie importante du territoire du Québec n’a jamais été cédée par les Autochtones, sauf les territoires qui sont touchés par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois signée en 1975 et ceux touchés par la Convention du Nord-Est québécois signée avec la Nation naskapie en 1978 à laquelle, par ailleurs, la nature du consentement au sens de l’ONU ne fait pas l’unanimité aujourd’hui.

La recherche historique démontre que les territoires peuvent avoir été occupés par plus d’un peuple autochtone au fil du temps. Il importe donc de bien s’informer avant de citer un territoire comme étant celui d’un peuple ou d’un autre, lors d’une rencontre dans une région ou une autre.

Entente de principe à Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Une entente de principe est intervenue entre le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec–CSN et l’employeur.

Le contenu de l’entente sera présenté sous peu aux membres en assemblée générale. Aucune entrevue ne sera accordée d’ici là.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de BAnQ–CSN rassemble 350 salarié-es œuvrant dans 13 établissements de BAnQ.

Indigné, le Front commun intensifie les moyens de pression

Plus d’un millier de personnes se sont réunies samedi pour manifester lors du congrès de la Coalition Avenir Québec (CAQ), réclamant de meilleurs salaires et une amélioration des conditions de travail dans les réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et de l’enseignement supérieur, alors que le gouvernement s’apprête lui-même à rehausser immédiatement de près de 30 % la rémunération des parlementaires. Pour la même année, l’offre qu’il fait à ses travailleuses et travailleurs des services publics est dix fois moindre, soit 3 % au 1er avril 2023.

Devant ces offres méprisantes, le Front commun a obtenu le mandat d’intensifier la pression sur le gouvernement du Québec et se prépare à franchir les différentes étapes menant à l’acquisition du droit de grève. L’objectif est de s’assurer d’avoir en mains toutes les cartes et les leviers nécessaires si le gouvernement nous force à y avoir recours.

« Jeudi matin, le gouvernement caquiste rajoutait une couche d’insultes en présentant un projet de loi afin d’augmenter ses propres salaires. Ce qui est bon pour pitou doit être bon pour minou. La hausse du coût de la vie pèse lourdement sur l’ensemble des 420 000 membres du Front commun, dont le salaire annuel moyen est de 43 916 $. Devant les offres insultantes et l’intransigeance du gouvernement aux tables de négociation, nos membres nous ont confié un message très clair : nous appauvrir, pas question! La dévalorisation des réseaux publics, c’est terminé », ont déclaré les porte-paroles du Front commun François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ, et Robert Comeau, président de l’APTS.

« Plus d’un mois après l’échéance des conventions collectives, le gouvernement doit mettre des offres sérieuses sur la table. En ce moment on ne sent pas le leadership de la part de François Legault. Le gouvernement doit arrêter de vouloir imposer obstinément ses priorités et ses solutions et se mettre en mode écoute » ont ajouté les porte-paroles syndicaux alors que le premier ministre sera soumis à un vote de confiance des membres de la CAQ.

Vers une grande manifestation nationale

Fort de son mandat d’intensification des moyens de pression le Front commun tiendra, au cours des prochaines semaines, des actions dans les établissements des réseaux et dans l’espace public aux quatre coins du Québec. Une grande manifestation nationale se prépare pour le mois de septembre dans le cas où les travaux aux tables de négociation ne permettront pas d’arriver à une entente d’ici là.

Rappelons que, pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre dans les services publics, le Front commun réclame un mécanisme permanent de protection contre l’inflation d’une part et, d’autre part, un enrichissement visant un rattrapage salarial général. Ainsi, il revendique une augmentation de 100 $ par semaine pour l’année 2023 ou l’indice des prix à la consommation (IPC) +2 % (selon la formule la plus avantageuse), l’IPC +3 % pour 2024 et, finalement, l’IPC +4 % pour 2025.

Pour plus d’information sur la négociation en cours : https://www.frontcommun.org/.

À propos du Front commun

Ensemble, la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur.

La Cour d’appel reconnaît le caractère antisyndical de la Loi 15

La Cour d’appel a confirmé le 10 mai que le gouvernement du Québec a « compromis de façon substantielle la liberté des employé-es du secteur municipal de négocier collectivement » en adoptant la Loi 15 en décembre 2014.

La Loi favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées du secteur municipal (Loi 15) avait alors modifié unilatéralement les régimes de retraite du secteur municipal. Plus précisément, la Loi 15 avait notamment fixé la répartition des charges entre employeurs et employé-es à 50/50, pour tous les régimes de retraite municipaux, même si des travailleuses et des travailleurs avaient négocié une autre répartition plus avantageuse pour eux en échange de concessions sur d’autres points dans les négociations antérieures.

Les juges estiment en effet qu’il s’agissait d’une entrave substantielle pour les syndicats, mais que cette entrave était justifiée dans les circonstances de l’époque. « Même si le jugement ne permettra pas de corriger rétroactivement les régimes de retraite, au moins les trois juges reconnaissent que le gouvernement était allé trop loin et cela a créé un précédent sur lequel s’appuyer si jamais d’autres lois similaires étaient débattues à l’Assemblée nationale dans le futur », souligne Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Notons par ailleurs que le jugement confirme le droit des retraité-es aux bénéfices d’une indexation automatique de leurs rentes.

La CSN analysera rigoureusement le jugement et déterminera les actions à prendre dans ce dossier dans les prochaines semaines.

Le STTuBAnQ–CSN déclenche à nouveau la grève

Ce jeudi 11 mai, les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (STTuBAnQ–CSN) déclenchent une seconde séquence de grève de 5 jours, et ce, dans les 13 points de service de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

« Nous sommes en négociation depuis octobre 2021 et toujours sans contrat de travail depuis le mois de mars 2020. Nous sommes rendus à cinq ans sans augmentation salariale, nos salaires sont parmi les plus bas dans notre domaine et l’inflation actuelle touche durement la majorité de nos membres. Notre négociation traîne inutilement depuis plus d’un an et la colère des salarié-es de BAnQ nous pousse à déclencher cette seconde séquence de cinq jours de grève. Nous envisageons même la grève générale illimitée si nos demandes demeurent sans réponse satisfaisante. Pour en arriver à une entente, le Conseil du trésor devra bonifier ses offres à incidence financière, puisque celles-ci ne comblent toujours pas nos attentes, souligne la présidente du syndicat, Sylviane Cossette. Nous revendiquons toujours un rehaussement salarial conséquent qui reconnaîtra enfin notre travail à sa juste valeur. »

Le 16 janvier dernier, les membres du STTUBAnQ–CSN ont voté à 94 % en faveur d’une banque de 10 jours de grève à déclencher au moment jugé opportun. Un premier bloc de cinq jours a été exercé à partir du 14 février dernier.

« Les budgets de BAnQ ne sont pas indexés et dans le contexte de rareté de main-d’œuvre et d’inflation, l’établissement doit assumer un déficit constant qui augmente chaque année et qui affecte directement ses opérations. Le Conseil du trésor doit donc obligatoirement bonifier les budgets de BAnQ afin de favoriser l’attraction et la rétention de ses salarié-es, ajoute Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN. Rappelons que les demandes du syndicat sont basées sur des comparatifs d’emplois rédigés de concert avec la direction de BAnQ, elles sont donc plus que légitimes, réalistes et nécessaires pour la viabilité de l’organisation. Nous interpellons donc à nouveau Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, afin qu’elle comprenne cet enjeu majeur pour la survie de BAnQ. »

« Le sous-financement de BAnQ est tout simplement scandaleux. Il cause des problèmes de stabilité de la main-d’œuvre et provoque des vagues de mises à pied à chaque augmentation salariale, puisque l’employeur ne peut plus soutenir ses coûts de main-d’œuvre. Le gouvernement ne peut pas traiter nos institutions culturelles de la sorte et prétendre qu’il défend la culture québécoise. Alors que l’établissement se positionne comme LA référence en bibliothéconomie et en archivistique, le Conseil du trésor ignore volontairement la réalité du marché de l’emploi dans ce secteur, les villes et les universités offrant à leur personnel qualifié de bien meilleures conditions salariales », conclut Chantal Ide, vice-présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN.

À propos

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs unis de BAnQ–CSN rassemble 350 salarié-es œuvrant dans 13 établissements de BAnQ.

Projet de loi 15 – Il faut agir, mais par une véritable décentralisation du réseau, estime la CSN

En commission parlementaire aujourd’hui, la CSN estime que le projet de loi 15 doit être modifié en profondeur, dans le but de véritablement faciliter l’accès au réseau, de laisser tomber le recours au privé et de s’assurer d’une réelle décentralisation qui tienne compte des régions et des acteurs du réseau de la santé et des services sociaux.

Le projet de loi 15 du ministre Christian Dubé a été vendu sur la place publique comme une nécessité étant donné l’état actuel du réseau de la santé et des services sociaux. Les solutions proposées ne sont toutefois pas les plus efficaces pour améliorer à court terme les soins à la population du Québec.

« Ça va mal dans le réseau, il y a un problème d’accès et de manque de main-d’œuvre, il faut agir. Tout le monde le dit et nous aussi le disons. Cependant, le projet de loi actuel ne résout pas le problème d’accès, il risque même de l’empirer », affirme Caroline Senneville, présidente de la CSN, qui sera en commission parlementaire aujourd’hui en compagnie du président de la FSSS–CSN, Réjean Leclerc et de celui de la FP–CSN, Danny Roy.

Le projet de loi 15 mise également sur des mots avec lesquels il est difficile d’être en désaccord : efficacité et décentralisation. Mais au-delà des mots, où sont les mesures qui vont réellement en ce sens et qui règlent les problèmes constatés sur le terrain?

« Le réseau de la santé et des services sociaux, c’est notre filet social. Il est remis en question sans que le ministre Dubé ait fait des consultations préalables à son projet de loi », constate Caroline Senneville.

Le leitmotiv de l’efficacité pourrait par ailleurs mener à des décisions qui manquent d’humanité. « La mission d’efficacité de Santé Québec et la reddition de compte qui l’accompagnera vont se concentrer sur les statistiques de temps d’attente, sur la longueur des listes ou sur le temps consacré à chaque traitement. Cette approche comptable n’aura pas le bien-être de la population et des employé-es du réseau au centre de ses préoccupations », craint la présidente.

Pourquoi le privé?
Le projet de loi mise sur l’apport du privé plutôt que sur la valorisation du réseau public qui a été passablement ébranlé par trois réformes centralisatrices depuis 30 ans. Plus on avance, moins on s’améliore. Or, la solution du privé est loin d’être efficace. La santé ne devrait pas servir à générer du profit aux dépens des contribuables.

Sans attendre l’adoption du projet de loi, le gouvernement prévoit déjà lancer des appels d’offres auprès des cliniques privées d’ici la fin de l’été. « « Le choix du gouvernement de mettre le secteur public et celui à but lucratif sur un pied d’égalité sans tenir compte des différents impacts financiers ou humains n’est pas responsable. Le nombre de personnel disponible étant limité, celui-ci va se déplacer vers le privé, ce qui va aggraver la pénurie dans le secteur public, ce sont des vases communicants. C’est une improvisation dangereuse pour le maintien des soins à la population », déclare Réjean Leclerc, président de la FSSS–CSN.

Où est la décentralisation?
Sur le plan de la décentralisation, le projet de loi 15 ne tient pas plus la route. « Monsieur le Ministre, plutôt que de poursuivre dans la même direction que vos prédécesseurs en pensant obtenir des résultats différents, nous vous invitons à renverser la tendance actuelle en décentralisant véritablement les pouvoirs vers celles et ceux qui offrent les services sur le terrain. C’est là, de notre point de vue, la meilleure façon d’apporter un réel changement de culture et la méthode la plus efficace d’ébranler les colonnes du temple », affirme Danny Roy, président de la FP–CSN.

« Il nous semble que le moment pour déclencher des états généraux sur la santé est plus que jamais de mise », conclut Caroline Senneville.

Pour consultation du mémoire : memoire-pl15_CSN

Comportement sexualisé inapproprié ou discriminatoire : des constats accablants qui nécessitent une réponse urgente

Devant les constats accablants du rapport Mettre fin au harcèlement sexuel dans le cadre du travail : se donner les moyens pour agir, la CSN en appelle à une réforme législative majeure et urgente pour mettre fin à la banalisation des abus et à la souffrance des victimes.

Le portrait brossé par le comité d’expertes indépendantes donne froid dans le dos. On apprend qu’en 2020, au Québec, presque une personne sur deux (49 %) a observé ou subi un comportement sexualisé inapproprié ou discriminatoire en milieu de travail au cours des 12 mois précédant le sondage. De plus, les femmes ont été deux fois plus nombreuses que les hommes à déclarer avoir subi de tels comportements (26 % et 13 % respectivement).

Ces chiffres déjà alarmants ne constituent que la pointe de l’iceberg puisque seule une proportion minime des victimes fait une dénonciation formelle. « Prévenir et contrer la violence et le harcèlement au travail représente une responsabilité collective et le devoir de tout le monde », insiste Caroline Senneville, présidente de la CSN.

La CSN prendra le temps d’analyser en profondeur le rapport et ses 82 recommandations, mais déjà des constats se dessinent. « Il est impératif que ce rapport ne soit pas tabletté. Il faut que la santé psychologique soit traitée au même niveau que la santé physique, souligne Mme Senneville. Pour paraphraser les auteures de ce rapport coup de poing : le harcèlement sexuel produit des effets corrosifs sur le bien-être physique et psychologique des personnes victimes et infléchit indûment le parcours professionnel de celles-ci. »

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) doit aussi offrir plus de soutien. « Il faut de la proactivité de la part de la CNESST et de ses inspectrices et inspecteurs afin que les différents milieux de travail agissent en prévention en obligeant par exemple de la formation sur le sujet. La CSN invite le ministre du Travail, Jean Boulet, à agir rapidement. Le ministre peut compter sur l’entière collaboration de tout le mouvement pour faire changer les choses, une fois pour toutes », conclut la dirigeante.

Agir pour que ça cesse
En tant qu’organisation syndicale soucieuse du bien-être au travail, la CSN a développé la campagne Agis pour que ça cesse dans le but d’accroître les connaissances générales de ses membres. La campagne vise à les outiller et leur permettre de reconnaître les manifestations de harcèlement et de violence au travail et d’intervenir pour y mettre fin. Elle rejoint ainsi les objectifs des recommandations du rapport du comité d’expertes. La campagne peut être consultée ici :

https://www.csn.qc.ca/agir/

Le nouveau Conseil de l’enseignement supérieur perdrait une vision globale indispensable

Depuis 1964, dans la foulée du Rapport Parent, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) veille au développement de l’éducation au Québec, avec une vision globale et indépendante des enjeux, de la maternelle à l’université. Le projet de loi 23, dévoilé jeudi matin, circonscrit le mandat du nouveau Conseil de l’enseignement supérieur, appelé à le remplacer, uniquement aux questions relatives aux cégeps et aux universités.

« Tantôt critique et tantôt en accord avec les avis fournis aux ministres par le CSE, notre fédération n’a jamais remis en question la pertinence d’un regard étendu et interordres sur les défis rencontrés par l’ensemble de notre profession. Segmenter l’analyse ne ferait qu’encourager une vision en silo, nocive pour l’enseignement de façon générale. C’est insensé », tranche Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN).

Par exemple, comment adopter une stratégie éclairée sur la problématique de la réussite en enseignement supérieur si les analyses ne peuvent porter sur tout le bagage transmis aux personnes étudiantes en amont, c’est-à-dire au primaire et au secondaire ? « Faut-il voir dans cette pièce législative une autre stratégie du gouvernement Legault pour donner plus de pouvoir aux ministres tout en s’assurant de réduire la portée des avis indépendants en provenance du milieu de l’éducation ? », se questionne Caroline Quesnel.

Par ailleurs, la FNEEQ–CSN s’oppose à la création d’un Institut d’excellence en éducation calqué sur l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) où, malheureusement, la performance et la rentabilité sont les leitmotivs.

Tout en poursuivant son analyse du PL-23, la FNEEQ–CSN veut s’assurer d’être entendue en commission parlementaire afin d’expliquer l’importance de la cohérence en éducation et en enseignement supérieur au moment où le Québec fait face à des défis importants en matière de diplomation et de formation.

Pour consulter le mémoire que la CSN a présenté en 2017 au Groupe de travail sur la création d’un institut national d’excellence en éducation mis sur pied par le gouvernement libéral :

https://bit.ly/3HHZHWh

 

Réforme Drainville : un autre brassage de structure sans consultation, selon la CSN

Selon les premières informations disponibles, la réforme Drainville (projet de loi 23) du réseau de l’éducation vise avant tout à donner plus de pouvoir au ministre et à centraliser plusieurs décisions, ce qui préoccupe la CSN et ses syndicats du milieu de l’éducation.

« Est-ce que cette énième réforme viendra régler les importants problèmes que vivent les élèves et le personnel du réseau de l’éducation ? La réponse est non », lance Caroline Senneville, présidente de la CSN, qui reproche au ministre de l’Éducation de ne pas avoir consulté les employé-es ou plus largement, les parents, avant de ficeler son projet de loi. « Ça sent encore une fois l’improvisation », ajoute la présidente.

Tenir davantage compte des études et obtenir des données probantes en éducation est une bonne idée à la base. On pourrait, par exemple, clarifier le nombre d’écoles vétustes. « Il faut toutefois se méfier de l’uniformisation des directives strictes qui ne font pas toujours consensus dans la communauté scientifique et qui pourraient aussi donner l’impression au personnel du réseau de ne pas avoir de voix au chapitre », ajoute Caroline Senneville, qui craint la démotivation de plusieurs si tout est dicté à partir de Québec, sans consultation et sans discussion préalable.

« Vouloir garder le contrôle à Québec peut sembler rassurant pour les hauts fonctionnaires ou le ministre, mais c’est un mode de gestion dépassé qui ne tient pas compte de l’apport des travailleuses et des travailleurs du réseau, notamment du personnel de soutien. Par ailleurs, toutes les régions ne sont pas identiques et il n’est pas rare que des adaptations soient nécessaires », conclut la présidente.

Le Conseil supérieur de l’éducation a fait ses preuves
Le ministre enlève l’éducation primaire et secondaire au conseil supérieur de l’éducation. « Ce n’est pas une bonne idée de mettre fin aux travaux du Conseil supérieur de l’éducation en matière d’éducation primaire et secondaire. Il existe depuis 1964 et a fait ses preuves avec le primaire et le secondaire », estime Caroline Senneville.

La CSN va étudier le projet de loi en profondeur et commentera plus en détail par la suite.

On ne profite pas de l’inflation, nous!

Journée internationale des travailleuses et des travailleurs

Nous le savons, l’augmentation du coût de la vie a des impacts importants et multiples sur une grande partie de la population. De fait, de plus en plus de travailleuses et de travailleurs se retrouvent dans une situation financière précaire. Ainsi, non seulement un grand nombre de femmes et d’hommes peinent à joindre les deux bouts, mais elles et ils n’arrivent même plus à combler des besoins de base pour eux -mêmes et leurs proches.

Dans ce contexte, se loger, se nourrir et se déplacer deviennent des défis de tous les jours pour un nombre grandissant de travailleuses et de travailleurs. Pendant ce temps, ce sont encore les mêmes personnes, les riches et les grandes corporations, notamment les chaînes d’alimentation et pétrolières, qui en profitent allègrement et se remplissent les poches sans scrupules.

Ne pas profiter de l’inflation… et avoir de la difficulté à se loger

Nous ne le dirons jamais assez, avoir accès à un toit est un droit et non un privilège. Or, la crise du logement perdure depuis plusieurs années et rien n’a été fait pour la contenir, si bien que l’accès au logement est de plus en plus difficile. Malheureusement, nous assistons à une flambée du prix des logements, à de la surenchère, aux méthodes douteuses de certains propriétaires, dont la réno-éviction, à une hausse des taux hypothécaires ainsi qu’à l’absence quasi totale de logements sociaux. Toutes ces problématiques finissent par porter atteinte au droit de se loger comme jamais. Pour nous, il est impératif que nos gouvernements réagissent enfin.

Ne pas profiter de l’inflation… et avoir de la difficulté à se nourrir

Il va sans dire que la hausse des prix des aliments est un enjeu de tous les jours pour plusieurs travailleuses et travailleurs. Le coût du panier d’épicerie ne cesse d’augmenter alors que les grandes chaînes d’alimentation engrangent sans cesse des profits faramineux. Du même souffle, les banques alimentaires n’arrivent plus à répondre aux besoins grandissants et font face à un achalandage inégalé. D’ailleurs, de plus en plus de travailleuses et travailleurs doivent avoir recours aux banques alimentaires pour se nourrir. Mais est-il normal de devoir faire appel à une banque alimentaire lorsque l’on travaille? Poser la question, c’est y répondre. Subséquemment, nos élus doivent cesser de se complaire dans l’aveuglement volontaire et plutôt gouverner dans l’intérêt du bien commun.

Ne pas profiter de l’inflation… et avoir de la difficulté à se déplacer

Pouvoir se déplacer librement sur le territoire est un gage important permettant l’épanouissement individuel et collectif. De fait, la mobilité permet d’exercer des droits fondamentaux comme le droit au travail, le droit à l’éducation et bien d’autres. Or, l’augmentation du prix des voitures, la flambée du coût de l’essence, de même que les transports collectifs déficients et de plus en plus chers ont des impacts réels sur la mobilité des travailleuses et travailleurs.

Pour nous, plus que jamais, il est grand temps que nos élus gouvernent dans l’intérêt du plus grand nombre!

Manifestation

Ce lundi 1er mai aura lieu à Montréal une marche à compter de 17 h 30 au parc du Souvenir, à quelques pas de la station de métro Verdun. La marche se terminera au parc Madeleine-Parent. Toutes et tous sont les bienvenus à se joindre à la marche.

Outils et matériel promo

Pour les outils et matériel promo du 1er mai, incluant affiches, bandeaux Facebook, gif animé, et autre, visitez la page du 1er mai sur le site de la CSN.

Signataires

Catherine Beauvais-St-Pierre, Alliance des professeures et professeurs de Montréal
Jérémie Dhavernas, Mouvement Action-Chômage (MAC) de Montréal

*Les auteurs agissent à titre de porte-parole de la Coalition montréalaise du 1er mai, qui regroupe les organisations suivantes : l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), l’organisme Au bas de l’échelle, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI), le Conseil central du Montréal métropolitain – CSN, le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain (CRFTQMM), la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), le Mouvement Action-Chômage (MAC), la Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire de Montréal (TROVEP), l’Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades (UTTAM) et l’Union étudiante du Québec (UEQ).

Un 28 avril qui marque un désolant record

Le 28 avril, la Confédération des syndicats nationaux souligne chaque année la Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs décédés ou blessés au travail. Les données de 2022 marquent un sommet inégalé qui doit impérativement induire une prise de conscience collective en ce jour de mémoire.

« En 2022, ce sont 216 travailleuses et travailleurs, des sœurs, des frères, des pères, des mères, des ami-es et des collègues, qui sont décédés et qui ont laissé dans le deuil leurs proches à cause du travail. L’exposition à l’amiante et à la silice cristalline représente encore une fois les causes principales des maladies professionnelles meurtrières au Québec. Si on veut changer cette triste statistique, on doit constamment agir en prévention auprès d’équipements et de machines dangereuses, on doit assainir l’organisation du travail afin de corriger les climats toxiques et on doit encourager et soutenir les bonnes pratiques en matière de santé et sécurité du travail (SST) », déclare Caroline Senneville, présidente de la CSN.

« Chaque année, c’est environ 300 000 blessures et lésions professionnelles qui entrent dans les statistiques canadiennes. Au Québec en 2022, c’était près de 162 000 accidents du travail et lésions professionnelles, une augmentation de près de 57 000 accidents du travail, soit 61 % de plus qu’en 2021. Ce désolant record nous invite à redoubler d’ardeur dans notre prise de conscience et dans nos actes concrets qui changent la donne en matière de SST. Le 28 avril, nous invitons tous les milieux de travail à tenir une minute de silence, à porter un ruban noir ou à tenir des activités de sensibilisation afin que l’on se souvienne de toutes ces travailleuses et ces travailleurs décédés ou blessés au travail », poursuit madame Senneville.

« Après un an du début de l’application de la Loi 27, des mécanismes de prévention et de participation intérimaires sont déployés davantage dans plusieurs milieux de travail qui ne bénéficiaient d’aucune couverture en matière de prévention. Malheureusement, au lieu d’étendre les mécanismes éprouvés dont bénéficiaient les groupes prioritaires I et II – présence de comités paritaires en santé et sécurité du travail, de représentantes et représentants à la prévention et de programmes de prévention et de santé –, des mécanismes insuffisants et décevants ont été déployés dans les autres milieux de travail. Or, les données de 2022 nous indiquent clairement qu’il nous faut plus de prévention partout pour arriver à renverser cette tendance », conclut Chantal Ide, vice-présidente du Conseil central du Montréal métropolitain-CSN et responsable politique du dossier SST.

À propos

Affilié à la Confédération des syndicats nationaux, le Conseil Central du Montréal métropolitain-CSN regroupe plus de 100 000 membres des secteurs public et privé répartis au sein de 360 syndicats de la région du Montréal métropolitain, de Laval, du Nunavik et du territoire Eeyou Istchee Baie-James.

Le gouvernement veut dévaluer plusieurs titres d’emploi

Bien que les organisations syndicales soient satisfaites de certaines ententes dans le cadre des travaux du comité national des emplois, elles dénoncent la mauvaise foi de la partie patronale dans l’évaluation de plusieurs titres d’emploi créés il y a de cela plusieurs années.  Malgré une pénurie de personnel sans précédent, le gouvernement cherche à déprécier la valeur des titres d’emploi d’infirmière clinicienne spécialisée, d’acheteuse et de sexologue clinicienne/clinicien.

« On le sait, en ce moment, le personnel quitte massivement le réseau, et le gouvernement va malgré tout de l’avant avec des propositions qui visent à diminuer des cotes d’évaluation des infirmières cliniciennes spécialisées, des acheteuses et des sexologues cliniciennes/cliniciens. Là où sa mauvaise foi est flagrante, c’est que dans le cadre des travaux, il a cherché à diminuer l’évaluation qu’il nous avait lui-même déposée en 2015 », de dénoncer les porte-paroles de la FSSS–CSN, de l’APTS, de la FIQ, de la FP–CSN, de la FSQ-CSQ, du SCFP-FTQ, et du SQEES-FTQ.

Rappelons que selon les conventions collectives de ces organisations syndicales, il est prévu que lors de la création d’un nouveau titre d’emploi, ce dernier est inscrit à la nomenclature avec un rangement temporaire jusqu’à ce qu’une entente paritaire intervienne quant à son évaluation. Notons que ces ententes sont des plus importantes, car ce sont les rangements qui déterminent l’échelle salariale des différents titres d’emploi en fonction de leurs responsabilités. S’il n’y a pas d’entente sur l’évaluation, une décision arbitrale doit alors être rendue.

Dans les derniers mois, les titres d’emploi de sexologue, de sexologue clinicienne/clinicien, d’acheteuse, d’adjointe à la direction et d’infirmière clinicienne spécialisée ont été évalués dans le cadre du comité national des emplois. Bien qu’une entente soit survenue quant à l’évaluation des titres d’emploi d’ajointe à la direction et de sexologue, reste à déterminer la façon dont les ajustements salariaux seront portés. Il est maintenant prévu que les titres d’emploi d’acheteuse, de sexologue clinicienne/clinicien et d’infirmière clinicienne spécialisée soient pour leur part référés en arbitrage.

« Nous ne pouvons accepter le fait que c’est encore une fois des emplois que nous reconnaissons comme majoritairement féminins qui écopent. Les travailleuses et les travailleurs du réseau public ont besoin de plus de reconnaissance, pas d’une dévalorisation » de conclure les organisations syndicales.

Service de garde en milieu familial : des pistes pour stopper l’effritement du réseau

Alors que le manque de places en garderie se fait toujours aussi criant et que le réseau actuel s’effrite rapidement, les responsables de service de garde éducatif en milieu familial (RSGE) membres de la CSN, proposent des solutions.

D’un côté, le gouvernement de la CAQ a promis de créer 37 000 nouvelles places subventionnées en garderie d’ici 2024-2025. De l’autre, la province a perdu près de 20 000 places en milieu familial entre 2018 et 2022, selon les données du ministère de la Famille.

Réunies en conseil sectoriel, des représentantes des quelque 3 000 RSGE affiliées à la CSN ont ciblé plusieurs pistes de solution qui permettraient d’endiguer l’exode des RSGE en milieu familial vers d’autres professions.

Les RSGE proposent notamment l’accès à un régime de retraite, l’inclusion de l’emploi comparateur (éducatrice en CPE, échelon 3, non qualifiée) à l’entente collective, une clause de non-appauvrissement de même que des primes pour la reconnaissance de l’expérience et pour les régions éloignées.

De la grande visite
Le 21 avril, les représentantes des RSGE ont déposé leurs demandes à la ministre de la Famille, Suzanne Roy. Il s’agit d’un geste symbolique puisqu’un tel dépôt du cahier de demandes directement au ministre constitue une première pour le secteur.

« Ce gouvernement répète que le développement des enfants lui tient à cœur. Ce développement démarre dès la période 0 à 5 ans. C’est nous, les éducatrices, qui outillons les tout-petits. Il nous faut plus de reconnaissance et du soutien pour que le réseau reste fort », indique Chantal Racicot, représentante du secteur des RSGE à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

« C’est une véritable vocation, mais il y a une limite à s’appauvrir. Actuellement, les responsables pigent à même leurs revenus pour fournir des repas équilibrés. La hausse du panier d’épicerie est l’un des éléments qui met en péril la situation financière de milliers de RSGE. Il faut rapidement établir un mécanisme de protection sans quoi plusieurs devront fermer leurs portes », souligne Lucie Longchamps, vice-présidente à la FSSS–CSN.

« Les RSGE peuvent compter sur le soutien des syndicats de toute la grande région de la Montérégie afin de faire reconnaître, une fois pour toutes, la véritable valeur de leur travail. Ces responsables, majoritairement des femmes, méritent de meilleures conditions », conclut Jean-Philippe Dell’Aniello, premier vice-président du Conseil central de la Montérégie–CSN.

La CSN préoccupée par les exceptions au projet de loi encadrant le travail des enfants

En commission parlementaire aujourd’hui à propos du projet de loi visant à encadrer le travail des enfants, la CSN s’est dite tout à fait en accord avec l’imposition d’un âge minimal de 14 ans pour occuper un emploi. Idem en ce qui concerne l’encadrement du nombre d’heures de travail par semaine ainsi que les moments durant lesquels ces heures peuvent être effectuées. La centrale syndicale s’est toutefois montrée préoccupée par les demandes d’exception formulées par certains groupes, qui pourraient miner le principe même de la loi à venir.

« Nous sommes heureux de voir que le projet de loi reprend l’essentiel des consensus développés au sein du Comité consultatif sur le travail et la main-d’œuvre du gouvernement (CCTM) auquel nous avons participé avec d’autres organisations syndicales et patronales. Son objectif est d’assurer la réussite scolaire et la santé et sécurité de nos enfants, déclare Caroline Senneville, présidente de la CSN. On demande que la porte soit fermée le plus possible aux exceptions. »

Il faut savoir par ailleurs que Québec accuse un grand retard sur le resserrement des normes entourant le travail des enfants, alors que la plupart des autres provinces l’ont déjà encadré de façon plus stricte. « Au Québec, il n’y a à l’heure actuelle qu’un minimum d’encadrement, rien au niveau de l’âge minimal et d’un nombre maximal d’heures de travail, affirme François Enault, 1er vice-président de la CSN. Ce projet de loi doit être adopté rapidement et reposer sur une ligne claire, et non sur des demandes de dérogation. »

Une économie solide ?

Le ministre du Travail aurait tort de donner raison aux lobbys patronaux qui réclament des exceptions. Même en période de rareté de main-d’œuvre. « Oui, il faut trouver des solutions à la pénurie. Mais ce n’est pas en mettant des préados à l’ouvrage qu’on va avoir une économie saine et robuste », ajoute le vice-président. En effet, l’économie d’aujourd’hui, comme celle de demain, ne doit pas compter sur des enfants pour faire fonctionner ses entreprises. Elle doit compter sur des citoyennes et des citoyens qui auront eu la chance de compléter leur formation et leur développement, afin de contribuer à l’évolution économique et sociale du Québec.

« Un jeune de 11, 12 ou 13 ans, sa place est sur les bancs d’école ou sur les terrains de jeux, pas ailleurs. Il aura toute sa vie pour travailler », conclut François Enault.

Pour consulter le mémoire de la CSN : https://www.csn.qc.ca/2023-04-14_memoire_pl19_csn/

Projet de loi 15 – Les syndicats de la santé établissent les bases du dialogue  

À l’aube des consultations parlementaires sur le projet de loi 15 du ministre de la Santé, Christian Dubé, l’ensemble des organisations syndicales du milieu de la santé et des services sociaux unissent leurs voix en rendant public aujourd’hui un énoncé de principes détaillant les bases et les fondements de leur vision pour proposer des améliorations au réseau. Le statu quo n’étant pas une option, les organisations syndicales, fortes de l’expérience de leurs membres sur le terrain, sont prêtes à entamer le dialogue avec le ministre à propos de cette vaste réforme.

« Nous considérons que la refondation du réseau doit reposer sur une réaffirmation forte de son caractère public, et qu’il est nécessaire de répondre aux véritables défis de décentralisation, de démocratisation et d’accessibilité aux services publics du système de santé québécois », peut-on lire notamment dans l’énoncé endossé par l’APTS, la CSN, la CSQ, la FSQ-CSQ, la FIQ, la FP–CSN, la FSSS–CSN, le SCFP, le SPGQ et le SQEES.

Universalité d’accès et gratuité

Parmi les principes fondamentaux défendus par les organisations syndicales, on retrouve l’universalité de l’accès ainsi que la gratuité des soins et services pour l’ensemble de la population, principes qui reposent sur un financement entièrement public, de même que sur une gestion et une prestation publiques. En ce sens, les syndicats misent sur le caractère résolument public du réseau, et souhaitent mettre fin à toute nouvelle intrusion du privé, tout en limitant au maximum le recours qu’on en fait actuellement. « Il n’y a pas de place pour de la marchandisation de la santé ni de ressources pour financer des profits au privé », affirment les organisations.

Décentralisation et démocratisation

La coalition intersyndicale s’inquiète également de la perte de pouvoir démocratique au sein des établissements du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) : « la décentralisation et la démocratisation du réseau par la concertation avec les acteurs des milieux de toutes les régions du Québec sont des facteurs incontournables pour agir afin de mieux prioriser et adapter les soins et services aux besoins et aux réalités spécifiques et ainsi nous permettre d’agir en prévention sur les déterminants sociaux, tels que le revenu et le statut social, qui sont actuellement mis à l’écart ».

Enfin, les organisations syndicales réclament d’une même voix une nette amélioration des conditions de travail pour l’ensemble du personnel du RSSS, facteurs clés de la névralgique attraction/rétention des travailleuses et travailleurs au sein du réseau public.

Pétition

En outre, toujours à l’initiative de la coalition intersyndicale, une pétition parrainée par le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, reprenant l’essentiel de ces revendications, a été publiée hier sur le site de l’Assemblée nationale.

Pour consulter l’énoncé de principes :  https://bit.ly/3KG1iN5
Pour consulter la pétition : https://bit.ly/3mEo5AJ