Oser la combativité

Le mouvement CSN traîne une longue réputation de savoir « tenir la minute de plus ». Bon an, mal an, cette combativité amène dans nos rangs de nouveaux syndicats qui font le pari (gagnant) de la CSN.

Chez Rolls-Royce Canada, le changement de culture s’est orchestré dans un syndicat qui cumule 70 ans d’histoire. « Les relations de travail, c’était du partenariat entre l’employeur et le district. Nous nous faisions le plus souvent dire non », raconte Richard Dufour, vice-président général.

Le syndicat CSN est accrédité en juin 2021. L’employeur multiplie alors les efforts pour faire dérailler la négociation. En pleine assemblée pour un vote de grève, Rolls-Royce décrète un lock-out. « Nos meilleurs mobilisateurs ont été bien malgré eux les dirigeants de la compagnie ! Ils ont sous-estimé la solidarité des membres et l’efficacité de la CSN », explique M. Dufour.

Après cinq mois et demi de conflit sauvage, les quelque 500 membres signent une entente qui devient la référence en aérospatial.

Reconnus à leur juste valeur
Du côté de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), les professeur-es des secteurs professionnel, collégial et universitaire ne gagnaient pas le même salaire que leurs homologues dans les écoles, les cégeps et les universités. « L’ITHQ était gérée comme un ministère plutôt qu’une école ! explique le président du syndicat, Éric Guay. Il n’y avait pas de culture syndicale et la CSN nous a permis d’en installer une. » Du premier BBQ au carré Saint-Louis jusqu’au port du traditionnel t-shirt de mobilisation, les moyens de pression ont évolué au rythme des 140 membres. « Nous nous sommes rendus jusqu’à la grève, souligne le professeur. Maintenant, les conditions salariales équivalent à ce qui se fait ailleurs. Nous avons fait un grand bout de chemin. »

Archéologues
Après des années à réclamer de meilleures conditions de travail, notamment en matière de santé et de sécurité, les archéologues en ont eu assez. Assez de devoir travailler en plein hiver sans abri chauffé ni toilette. Assez que l’octroi des postes se fasse bien souvent par « copinage », avec des écarts salariaux de près du double pour des emplois identiques. L’uniformisation des conditions de travail est devenue la pierre fondatrice du syndicat. « C’est l’avènement d’une culture professionnelle grâce à la CSN. C’est pas facile, mais avec ses 100 ans derrière la cravate, l’organisation en a vu d’autres ! », conclut le président du syndicat, Maxime Vaillancourt.

Aide juridique : tenir le coup en mobilisant son monde

Juin 2022 : on peut difficilement imaginer pire queue de poisson à la fin d’un blitz de négociation. Une organisation indépendante regroupant des syndicats de l’aide juridique ayant quitté la CSN à la fin des années 1980 entérine une entente de principe avec Québec.

Les syndicats CSN représentant l’autre moitié des avocats et avocates de l’aide juridique du Québec la rejettent fortement. Avec raison : la question salariale – et celle de la parité avec les procureur-es de la Couronne enchâssée dans les conventions collectives depuis 1987 – est renvoyée à un comité de travail n’ayant aucun pouvoir décisionnel. Pire : les avocates et les avocats de l’aide juridique n’allaient même pas y siéger.

« On s’est fait répéter ad nauseam par la partie patronale : « Il n’y aura pas deux conventions ». À chaque rencontre de négociation. Jusqu’en février dernier où le début d’une démarche exploratoire a coïncidé avec l’arrivée de deux groupes à la CSN », indique la présidente du syndicat de Montréal et de Laval, Justine Lambert-Boulianne.

Car il y a aussi de la grogne au sein de la fédération indépendante qui accepte, en juin, de remettre la parité aux calendes grecques. La Montérégie rejette l’entente de principe et se désaffilie peu après – les membres allaient pouvoir se prononcer sur une affiliation à la CSN peu après. Des maraudages sont également effectués avec succès pour rallier la Mauricie–Centre-du-Québec et le Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Ces nouveaux syndicats rejoignent donc la table de négociation. « Quand on a commencé à entendre la porte-parole patronale parler de la nécessité de s’entendre “avec la grosse gang”, on a su que le vent avait tourné ».

Mais les mandats des vis-à-vis sont d’une rigidité extrême : jamais le conseil du Trésor ne va s’engager à consigner le principe de parité noir sur blanc dans une convention. Exercées une à la fois, les quelques journées de grève utilisées ne changent pas la donne.

Les syndicats se dotent donc, à l’automne, d’une banque supplémentaire de 10 jours de grève. « On est allés chercher la confiance des membres », insiste Justine Lambert-Boulianne. « On leur a demandé de nous donner un gros mandat, on leur a dit qu’on allait utiliser les journées de grève à bon escient ».

En mars, alors que ça bouge tranquillement à la table, les syndicats donnent le grand coup. Le 6 avril, les avocates et avocats de l’aide juridique sortent pour une dernière séquence de 10 jours de grève. À partir de là, la négociation s’accélère pour se conclure sur une entente de principe maintenant la parité avec la Couronne et leur accordant toute la reconnaissance de la spécificité de leur travail. Comment on dit, déjà ? C’est avec la CSN qu’on gagne.

Le rapport de force se renforce

En janvier 2015, la Cour suprême du Canada rendait une décision fondamentale reconnaissant que le droit de grève est protégé par la Charte des droits et libertés. Au Québec, cette décision est venue modifier la façon dont le tribunal encadre dorénavant le maintien des services essentiels dans les services publics. Tour d’horizon.

Dorénavant, les services essentiels à maintenir dans les services publics en cas de grève doivent être examinés strictement en fonction de leurs impacts sur la santé et la sécurité de la population. Forte de cette décision, la CSN obtient une autre victoire, en août 2017, en faisant invalider un article du Code du travail qui imposait des pourcentages arbitraires de temps de grève en santé et services sociaux.

C’est dire à quel point l’exercice de la grève dans les services publics ainsi que dans le réseau de la santé et des services sociaux aura dorénavant beaucoup plus d’impact et combien il permettra mieux aux salarié-es de déployer un rapport de force véritable.

En l’absence d’un mécanisme d’arbitrage obligatoire, la seule manière de permettre aux salarié-es de négocier vraiment leurs conditions de travail est d’assurer leur droit de déployer leur rapport de force pour que cela ait des conséquences sur l’employeur. À cet égard, le législateur a apporté un changement majeur : le maintien des services essentiels n’est plus dorénavant la seule obligation des salarié-es, mais relève également de l’employeur. Par conséquent, le personnel-cadre doit maintenant contribuer au maintien des services essentiels. Ainsi, l’exercice de la grève dans les services publics entraîne une pression sur l’employeur plus importante qu’auparavant.

Les paramédics sont parmi les premiers groupes des services publics à avoir testé ces nouvelles possibilités. Dès 2017, ils cessent certaines tâches, notamment celles qui sont liées à la facturation. Il faut souligner qu’avant la décision de la Cour suprême, les paramédics étaient légalement tenus au maintien de 100 % des services en tout temps. Au Québec, en dehors de Montréal et de Laval, les services ambulanciers sont assurés par des entreprises privées ou par des coopératives financées en grande partie par les fonds publics. Ainsi, en cessant de remplir les formulaires de facturation, les paramédics ont ajouté une pression importante sur les employeurs.

Puis, en 2021, ils élargissent encore leurs moyens de pression en ajoutant une grève de temps. Chaque jour, certains paramédics étaient en grève pour une durée de quatre heures et remplacés sur la route par du personnel-cadre disposant de toute la formation nécessaire. Notons qu’en parallèle, ils se sont dotés d’un fonds de grève complémentaire au Fonds de défense professionnelle de la CSN (FDP) afin que tous les travailleurs et les travailleuses se partagent le fardeau financier de la grève.

Dans la même veine, ces nouvelles possibilités ont été utilisées par différents secteurs. Chaque fois, les syndicats améliorent leur rapport de force. Entre autres secteurs, pensons aux centres d’hébergement privés où les salarié-es peuvent à présent effectuer une grève qui a plus d’impact. Ce rapport de force renouvelé leur a permis jusqu’à maintenant de conclure des ententes satisfaisantes avec plus de la moitié de la quarantaine de résidences en négociation coordonnée à la CSN, et les autres sont en bonne voie d’atteindre également leurs objectifs.

Dans le secteur préhospitalier, les répondantes et répondants médicaux d’urgence (RMU) et le personnel de bureau exercent actuellement la grève de temps en plus de la grève de tâches. Lorsque des RMU font grève, ils sont remplacés par du personnel-cadre. Épuiser les cadres en les confrontant à la réalité quotidienne d’un travail exigeant en sous-effectif chronique, n’est-ce pas un bon moyen de leur faire prendre conscience de la nécessité de reconnaître adéquatement le travail des salarié-es ?

Quant à elles, les infirmières et les infirmières auxiliaires de Héma-Québec ont repoussé les limites jusqu’à forcer l’employeur à reporter des rendez-vous de prélèvement de sang de certains types en fonction du niveau des réserves de sang. Elles ont récemment eu gain de cause auprès du Conseil du trésor en maintenant intégralement leur parité salariale avec les professionnel-les en soins du secteur public.

En imposer aussi davantage dans le réseau de la santé
La prochaine grève se fera bien plus sentir que par le passé au sein des établissements du réseau de la santé et des services sociaux et par le gouvernement. Le personnel-cadre devra aussi contribuer au maintien des services essentiels.

Début avril, toutes les organisations membres du Front commun (CSN, CSQ, FTQ et APTS) ont déposé, en même temps, leurs listes de services essentiels auprès de tous les employeurs. Une première ! « On peut dire que c’est la première fois qu’on va pouvoir faire la grève pour vrai en santé et services sociaux, si cela devient nécessaire, explique le 1er vice-président de la CSN, François Enault. Les cadres, il va falloir qu’ils travaillent au lieu de nous regarder aller. Ils vont subir eux aussi les inconvénients de la grève. Nous pourrons déployer un véritable rapport de force et mettre plus de pression que jamais sur les administrations. »

Le privé en santé : ce n’est pas la panacée

La crise de la COVID-19 a montré clairement à la population du Québec que le système de santé et de services sociaux est mal en point. Plusieurs y voient l’échec du réseau public et se disent maintenant prêts à faire encore plus de place au secteur privé à but lucratif.

Pourtant, les problèmes du système, le personnel les vit depuis des décennies. Et quand on remonte à la source de plusieurs de ces problèmes, on trouve… le secteur privé à but lucratif ! Car il faut être bien clair, notre système de santé n’a jamais été vraiment public. De Jean Rochon à Christian Dubé en passant par Philippe Couillard et Gaétan Barrette, chacun leur tour avec leur réforme, ils ont choisi de faire toujours plus de place au privé dans un système de moins en moins public.

Avant même de prendre le nom de CSN, en 1960, la CTCC revendiquait l’instauration d’un régime public de soins de santé et de services sociaux. Cette revendication visait d’abord à assurer à toute la population l’ensemble des soins requis sans égard à ses moyens financiers et sans devoir contracter de lourdes dettes. Cet objectif demeure au cœur de l’engagement de la CSN, raison pour laquelle elle fait encore aujourd’hui de la défense du service public l’une de ses priorités.

Si le privé fonctionnait, on le saurait !
Ce ne sont pas les exemples d’inefficacité du secteur privé à but lucratif en santé et services sociaux qui manquent. En voici quelques-uns.

Pénuries de main-d’œuvre :  Les établissements privés à but lucratif font partie du problème de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans les établissements publics. Où ces entreprises privées trouvent-elles leurs salarié-es, si ce n’est dans les établissements publics ?

Les agences de placement privées pullulent. Elles offrent souvent à leur personnel de meilleurs salaires que le secteur public. Ces travailleuses et travailleurs du secteur privé ont aussi un meilleur contrôle sur leur horaire de travail, ce qui a pour conséquence que seuls les salarié-es du public subissent les heures supplémentaires obligatoires. Aussi, certains établissements sont devenus carrément dépendants de ces entreprises qui engrangent les profits. En 2022, près d’un milliard de dollars de fonds publics ont été versés aux agences…

Des coûts plus élevés : Le gouvernement se veut rassurant en affirmant que l’assurance-maladie continuera de payer même quand les services seront donnés dans les futurs hôpitaux privés. Il s’agit toutefois de fonds publics, donc de l’argent des contribuables. Or, en santé et services sociaux, le privé coûte plus cher. C’est comme ça partout dans le monde. Plus les États font place au privé, plus la facture globale en santé est élevée quand on additionne les dépenses privées et publiques. Encore tout récemment, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) démontrait que les chirurgies coûtent plus cher au privé qu’au public. La multiplication de frais accessoires réclamés par les cliniques privées, l’explosion des coûts des régimes d’assurances complémentaires ou encore les frais exorbitants exigés par des centres d’hébergement privés qui exploitent leurs travailleuses et leurs travailleurs donnent un bon indicateur du coût réel des services dans le secteur privé à but lucratif.

Où sont les résultats ? Celles et ceux qui font la promotion de la marchandisation en santé nous serinent également que le privé est plus performant, plus innovant. Cela reste à démontrer… Prenons le cas des groupes de médecine familiale (GMF), gérés par le privé. Ceux-ci ont été mis sur pied il y a déjà plus de 20 ans, rappelons-le, comme une solution aux problèmes d’accès à la première ligne pour la population. Ce faisant, les gouvernements ont miné considérablement le rôle des CLSC publics qui, dès leur création, devaient et devraient encore être LA porte d’entrée du système pour toute la population. Par conséquent, ce sont non seulement les services médicaux qui sont moins accessibles aujourd’hui en CLSC, mais également les services psychosociaux : on constate en effet une baisse de plus de 50 % du nombre d’heures de consultation en psychothérapie offertes dans les CLSC publics depuis la création des GMF.

La privatisation, c’est aussi dans les services de l’ombre. Est-il normal qu’un établissement public de santé fonctionnant 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, ne puisse compter entièrement sur son propre personnel pour entretenir et réparer les installations et les bâtiments ? Une enquête menée au CHUM il y a quelques années montrait clairement qu’il coûtait quatre fois plus cher à l’établissement d’avoir recours à des sous-traitants plutôt qu’à ses propres ouvriers. Il faut savoir que les ouvriers du secteur public, comme presque tous les autres salarié-es de l’État, gagnent un meilleur salaire dans le secteur privé, pour le même travail.

Pour la CSN, l’enjeu de l’accès aux soins de santé et aux services sociaux pour toute la population devra être ardemment défendu au cours des prochains mois. La confédération propose plusieurs solutions réalistes pour améliorer le réseau public. Pour les consulter, c’est par ici !

Un congrès rassembleur

Le 67e Congrès de la CSN a marqué les retrouvailles des membres de la confédération six ans après le dernier à s’être tenu en personne, en 2017. L’enthousiasme était proportionnel à l’attente ; les gens ont été revigorés par le contact humain et par la présentation visuelle impressionnante sur un immense écran qui prenait toute la largeur de la salle.

« L’atmosphère était intense, c’était agréa­ble. C’est ce que je voulais, un congrès le fun, ce qui ne l’a pas empêché d’être en tous points démocratique, avec plusieurs débats et même une élection ! », commente Caroline Senneville, présidente de la CSN réélue après un vote contre un candidat imprévu, Cheikh Fall, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Bridor–CSN. Ce dernier s’est rallié devant le congrès et les délégué-es ont chaudement applaudi la réélection de Caroline Senneville.

Bons débats
« Je sens une grande adhésion aux deux sujets principaux abordés par le congrès : la transformation et la protection des emplois ainsi que le rapport de force », se réjouit Caroline Senneville. Les ateliers sur les propositions ont permis aux congressistes de mener des réflexions intéressantes qui ont ensuite été rapportées en plénière. L’analyse du rapport de force est selon eux primordiale. La prise en compte d’éléments conjoncturels – pénurie de main-d’œuvre, télétravail, nouveaux membres, etc. – permet de s’ajuster en conséquence. Le rapport de force doit être travaillé en continu et non seulement en période de négociation. La construction d’alliances, l’information et la vie syndicale sont aussi des éléments majeurs pour le maximiser.

Comité exécutif de la CSN réélu pour 2023-2026 : Katia Lelièvre, 3e vice-présidente ; David Bergeron-Cyr, 2e vice-président ; François Enault,
1er vice-président ; Yvan Duceppe, trésorier ; Nathalie Arguin, secrétaire générale ; Caroline Senneville, présidente.

En ce qui concerne les conséquences de la transformation des emplois entraînée par les changements climatiques et démographiques, par les progrès technologiques, par la robotisation et l’intelligence artificielle et par la délocalisation des emplois, les congressistes ont insisté sur « l’importance d’écouter les gens qui sont au cœur de la machine » afin de s’assurer d’une transition durable et juste qui ne laisse personne derrière. Ils ont aussi réclamé plus de moyens pour pouvoir accompagner les travailleuses et les travailleurs dans ces transformations. La présidente note par ailleurs la solidarité des congressistes de différents secteurs qui ont atteint un consensus en environnement, faisant ainsi preuve de beaucoup d’ouverture et d’écoute.

Une grande solidarité s’est également exprimée durant ce congrès lors de la rétrospective des luttes et de l’accueil des nouveaux syndicats. Le dernier passage à un congrès de la CSN du président du Syndicat de l’usine d’Olymel de Vallée-Jonction, Martin Maurice, fut pour sa part très émotif en raison de la fermeture imminente de l’usine de 1 100 employé-es.

Enfin, pour faire connaître l’apport des syndicats dans la société québécoise, le congrès propose de mieux partager les bons coups, de travailler à contrer la désinformation et de s’affirmer davantage sur la place publique.

Et fait particulièrement intéressant à noter, il a été décidé de tenir des états généraux du syndicalisme après qu’une volonté claire en ce sens a été exprimée.

Santé financière solide
Bonne nouvelle sur le plan du budget : la santé financière de la CSN se porte bien. On note un excédent du budget de fonctionnement pour le mandat précédent qui a entre autres choses permis à la CSN d’investir dans de nouvelles ressources, comme dans un programme temporaire de mentorat pour assurer la transmission adéquate des connaissances et du savoir-faire à la nouvelle cohorte de conseillères et de conseillers syndicaux.

Quelque 2 000 participantes et participants ont pris part au congrès, un nombre que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. « J’espère qu’il y aura encore plus de monde au prochain ! », conclut la présidente.

La CSN va au théâtre

La réforme majeure du statut des artistes québécois, dont la CSN et la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) ont été des instigatrices, fête bientôt sa première année. Grâce à cette réforme, l’Association québécoise des auteurs dramatiques (AQAD) prépare un projet d’entente collective avant d’entamer cet été des négociations.

Affiliée à la CSN et à la FNCC–CSN depuis juin 2022, l’AQAD défend les droits des autrices et des auteurs dramatiques du Québec. Sa directrice générale, Marie-Ève Gagnon, décrit le contexte injuste qui touchait ces auteurs avant la réforme. « Leur pratique était comme séparée en deux, avec une loi quand ils écrivaient des textes et une autre qui ne permettait pas la négociation collective au moment des représentations. »

Pressions systémiques et pénurie culturelle
De cette contrainte découlaient les abus, les pressions, le chantage. Faire respecter son œuvre, c’était prendre le risque de ne plus travailler. Mais les temps changent. Ce système injuste trouve son troisième acte à la fois dans le contexte du mouvement citoyen MeToo de prise de conscience et de parole contre les abus systémiques dans l’art, puis des années COVID de pénurie culturelle. Jugées non essentielles, les activités culturelles de la scène québécoise s’étaient alors arrêtées brutalement, privant les artistes de leur gagne-pain.

Mi 2020, la CSN et la FNCC–CSN s’unissent avec neuf organisations, dont l’AQAD. « La CSN a permis, avec la FNCC, ce rassemblement historique pour un but commun : la révision des lois sur le statut de l’artiste. Elle a agi comme leader en apportant une structure et une organisation d’associations », ajoute Marie-Ève Gagnon. La campagne, approuvée par l’opinion publique à 75 % est à la fois simple dans son objectif – avoir les mêmes droits – et ambitieuse, car elle vise à réparer des décennies d’anomalies.

Une victoire historique
En juin 2022, le gouvernement fusionne les deux régimes. « La loi a été bonifiée pour ajouter des protections et la possibilité de conclure des ententes collectives au lieu d’obliger les autrices et les auteurs à négocier de gré à gré lorsque les œuvres sont jouées », résume Marie-Ève qui souligne l’écoute et l’effort réel de compréhension des enjeux de la part de la ministre de la Culture, Nathalie Roy. Dans ce nouveau contexte, l’AQAD, soutenue par la CSN, aura pour objectif de négociation de consolider les conditions de travail des autrices et des auteurs dramatiques au nom de l’exception culturelle québécoise et de sa vitalité intellectuelle.

Agir pour la reconnaissance et l’inclusion

Créé par une résolution du congrès en 2011, le groupe de travail sur les réalités autochtones de la CSN a œuvré, en collaboration avec plusieurs organisations autochtones partenaires, afin de lancer un ambitieux plan d’action visant à outiller et à mobiliser toutes les composantes du mouvement pour agir contre la discrimination envers les Autochtones et pour le respect de leurs droits.

Adopté par le conseil fédéral en février dernier, ce plan d’action promeut notamment la sensibilisation des membres de la CSN à la réalité des Autochtones ainsi que leur inclusion dans les syndicats et les instances du mouvement.

our télécharger la brochure – aussi disponible en version papier sur commande – ou pour en apprendre plus sur la longue histoire d’appui aux peuples autochtones par la CSN, rendez-vous au https://www.csn.qc.ca/autochtones.

Boutique de la CSN : Affichez vos couleurs

Lancée au début de la pandémie, la boutique en ligne de la CSN connaît un franc succès depuis sa création. On y trouve une variété de produits aux couleurs de notre centrale, tous vendus au prix coûtant.

La boutique reprend le matériel promotionnel de la CSN déjà existant et élargit l’offre. Aux traditionnelles tuques s’ajoutent casquettes, chandails, bouteilles d’eau, sacs, carnets de notes, épinglettes et écussons. En 2021, une collection du centenaire se greffe à la boutique pour offrir, entre autres choses, des verres de bière rendant hommage aux manifestantes et aux manifestants qui ont marqué notre mouvement depuis la naissance de la CSN il y a un siècle.

L’ensemble des produits respecte le programme d’approvisionnement responsable de la CSN.

L’indécence des ultrariches

C’est à un véritable parcours à travers l’opulence outrancière des ultrariches de ce monde que nous convie Dahlia Namian dans La société de provocation parue en avril. Bien documentée, l’essayiste se promène comme dans un musée des horreurs entre les excès des uns et la démesure des autres pour nous inviter à voir cette faune indûment privilégiée sous son vrai jour. Pour camper son propos, elle évoque Elon Musk qui, en février 2018, plaçait une voiture Tesla à bord de la fusée de Falcon Heavy afin qu’elle se promène dans le vide intersidéral. Celui dont la fortune est évaluée à 200 milliards n’a pu résister à l’envie de réaliser cette petite excentricité…

Dès lors, la table est mise et les aberrations s’enchaînent. Expositions universelles pour les mieux nantis qui rasèrent des quartiers ouvriers complets dans le monde ; banquets somptueux dignes de Néron le décadent tenus pour célébrer la royauté au Canada ; industrie florissante des super­yachts, dont le nombre grandissant est lié à la concentration des richesses dans le monde… pour l’anecdote, la flotte de ces palais sur mer consomme environ 2 000 litres de carburant par heure…

Et au moment où ces mastodontes flottants s’approprient les mers, des milliers de réfugié-es meurent chaque année en quête d’une vie meilleure sur des rafiots dangereux. Alors que l’Arabie Saoudite annonce la création de la cité futuriste Neom qui comprendra une lune artificielle, des taxis volants, des jardins suspendus et des plages phosphorescentes qui brilleront la nuit, près de 20 000 membres de la tribu Howeita devront quitter leur terre ancestrale sur laquelle la métropole sera érigée. Pendant que le dirigeant de Loblaw s’enrichit de 2 milliards grâce à la COVID-19, ses employé-es « crèvent la dalle ».

Dans cet essai percutant, Namian démontre aussi que l’opium du peuple, comme le désignait Marx, s’ajuste aux sociétés. Pour réconforter le commun des mortels et inciter à banaliser ces excès, les dîners en blanc, les exils québécois en Floride, les virées dans les quartiers Dix30 et Royalmount de ce monde, ces hauts lieux de consommation conçus pour satisfaire tous les besoins en un seul endroit, ont la cote. Dans cette société de provocation, on s’exerce à détourner le regard des abus des ultrariches, à leur seul bénéfice. Tout le doigté de l’essayiste réside dans cette démonstration fine et sans équivoque.

Les syndicats de la santé dénoncent un projet centralisateur et favorable au secteur privé

En cette veille de clôture des travaux parlementaires, l’ensemble des organisations syndicales du milieu de la santé et des services sociaux rappelle au gouvernement du Québec que le projet de loi no 15, tel que formulé à l’heure actuelle, ne constitue pas la réforme souhaitée pour le Québec.

Lors d’une activité de mobilisation tenue à l’Assemblée nationale ce matin, les porte-parole des organisations, accompagnés de militantes et de militants, ont déployé une banderole et distribué des tracts aux députés et au personnel politique.

« Par cet événement, nous transmettons ce message au gouvernement du Québec : l’été ne nous fera pas oublier le projet de loi no 15, qui est excessivement centralisateur et beaucoup trop favorable au secteur privé. Ce projet de loi est voué à l’échec si on n’améliore pas substantiellement les conditions de travail sur le terrain. Si le ministre de la Santé veut travailler cet été à améliorer avec nous son projet de loi, nous sommes disponibles. L’ensemble du personnel, quelle que soit sa catégorie d’emploi, mérite que l’on s’attarde à réduire la pression et la pénurie de personnel. C’est une simple question de respect », indiquent les porte-parole de l’APTS, la CSN, la CSQ, la FSQ-CSQ, la FIQ, la FP-CSN, la FSSS-CSN, la FTQ, le SCFP, le SPGQ et le SQEES.

Des principes à rappeler

Les organisations syndicales réitèrent l’affirmation contenue dans leur déclaration de principes, à savoir que toute refondation du réseau doit reposer sur une réaffirmation forte de son caractère public. En outre, elles jugent nécessaire de répondre aux véritables défis de décentralisation, de démocratisation et d’accessibilité aux services publics du système de santé québécois.

Elles réaffirment également la nécessité de garantir l’accessibilité de l’offre de soins et de services dans le réseau public à l’ensemble de la population du Québec. « Le secteur privé accapare le financement et les ressources humaines qui devraient être consacrés au réseau public. La marchandisation de la santé et l’allocation de ressources pour financer et enrichir le secteur privé n’ont pas leur place dans ce projet de loi. De plus, nous observons une accélération inquiétante de la perte de pouvoir démocratique de la population et du personnel dans le réseau depuis 20 ans. La décentralisation et la démocratisation du réseau par la concertation avec les acteurs des milieux s’avèrent incontournables pour prioriser et adapter les soins et les services aux besoins et aux réalités spécifiques. Nous pourrons alors agir en prévention sur les déterminants sociaux qui sont actuellement écartés du projet de loi no 15 », concluent les porte-parole.

 

 

 

Centres d’hébergement privés : la région de Québec complète ses négociations

Le 31 mai, les travailleuses et les travailleurs de la Résidence Ste-Geneviève dans la région de Québec ont adopté à 73 % une entente de principe.

L’accord respecte la plateforme de revendications du secteur des centres d’hébergement privés, dont l’atteinte du salaire minimum de 18 $ l’heure.

Cette nouvelle entente met aussi fin à la ronde de négociation coordonnée pour le Syndicat des travailleuses et travailleurs des centres d’hébergement privés de la région de Québec–CSN. À l’échelle de la province, cette nouvelle entente constitue la 27e de la négociation coordonnée.

Au cours des deux dernières semaines du mois de mai, le secteur des CHP a conclu quatre ententes.

La CSN réclame l’abandon du projet de loi 23

La CSN, qui sera en commission parlementaire tard ce soir, afin d’expliquer pourquoi le projet de loi 23 du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, rate la cible en ce qui concerne les enjeux actuels en éducation, comme les retards scolaires postpandémiques, le personnel insuffisant et à bout de souffle, la limitation nécessaire de l’enseignement à distance ainsi que l’accroissement de la détresse psychologique et de la violence.

« Le ministre ne fixe pas ses priorités à la bonne place si l’éducation est censée être une priorité nationale. La centralisation contenue dans le projet de loi ne règle aucun des problèmes de l’heure », insiste Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Malgré cela, la CSN pense qu’un projet de loi ou un projet de règlement portant uniquement sur la collecte de données et l’accès à l’information concernant le réseau de l’éducation serait pertinent, si on s’assure d’une diffusion de l’information auprès des partenaires.

La nécessité de préserver l’intégralité du Conseil supérieur de l’éducation

La fin annoncée du mandat du Conseil supérieur de l’éducation pour les niveaux primaire et secondaire est dénoncée par la CSN et s’avérerait une perte colossale pour le milieu de l’éducation, de la maternelle à l’université. « Le Conseil supérieur de l’éducation a été fondé en 1964, en même temps que le ministère de l’Éducation. Il a fait ses preuves, son expertise est reconnue et son indépendance est un élément indispensable », affirme Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

Le nouvel institut national d’excellence en éducation ne répondrait pas à un réel besoin alors qu’il existe déjà des organismes de recherche et d’innovation en éducation. Segmenter l’analyse ne ferait qu’encourager une vision en silo, nocive pour l’enseignement de façon générale. Les réseaux ont besoin de cohésion, pas de division.

Centralisation des pouvoirs à Québec et entrave à l’autonomie

La possibilité d’intervenir sur les services aux élèves en fonction de l’information qui sera recueillie est ce qui fait le plus sourciller la CSN. « Il ne faut pas qu’on se fasse dire comment ça va se passer dans nos classes et que des services soient décidés en fonction du tableau de bord à Québec sans tenir compte des réalités régionales et du type de clientèle. Les personnes qui sont proches des élèves sont celles qui savent le mieux comment intervenir auprès des jeunes. » insiste Frédéric Brun, vice-président de la FEESP–CSN.

La CSN s’inquiète aussi de la possibilité prévue au projet de loi, que le ministre de l’Éducation puisse choisir les directions générales, annuler des décisions prises par les centres de services scolaires et de leur imposer des ententes de gestion et d’imputabilité. « Les risques de microgestion de la part du ministre, notamment lors des sorties médiatiques, sont énormes », ajoute Caroline Senneville.

Enfin, la possibilité de limiter par règlement les choix de formation par les employé-es eux-mêmes est, selon la CSN, une entrave à l’autonomie professionnelle.

Christian Dubé garde le cap sur sa réforme, la mobilisation s’élargit

En commission parlementaire, les député-es de tous les partis ont fini de recevoir les commentaires de la société civile sur le projet de loi 15 de Christian Dubé. En deux semaines, la CAQ en a assez entendu. Les organisations syndicales s’y sont exprimées et bien d’autres acteurs sont venus expliquer aux législateurs les failles qu’ils voient du projet de loi.

Alors que cette énième réforme n’a fait l’objet d’aucune consultation au préalable, des dizaines d’organismes se sont vu refuser le passage en commission parlementaire : le gouvernement n’a pas voulu prendre le temps de les ajouter au calendrier de ces consultations, car il souhaite procéder rondement pour «passer aux choses sérieuses » et adopter rapidement le projet de loi de 308 pages, comme il l’a déjà annoncé.

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On peut penser qu’il voudra peser sur l’accélérateur à l’automne prochain afin que le projet de loi soit adopté avant la fin de l’année. La CSN travaille actuellement avec de multiples partenaires de la société civile afin de construire un mouvement capable de forcer un changement de cap à l’égard du PL 15 ainsi que de l’ensemble du plan santé de la CAQ.

LA SANTÉ ET LE BIEN-ÊTRE DE LA POPULATION NE SONT PAS UNE BUSINESS

« Ce dont nous avons besoin au Québec, c’est d’une vision collective et sociale de la santé et des services sociaux. Notre gouvernement est dirigé par une bande d’hommes d’affaires, dont le ministre de la santé lui-même. Ils doivent comprendre que nous avons besoin d’une vision progressiste et non capitaliste de la santé et des services sociaux. Ils doivent prendre en compte des déterminants sociaux afin d’agir davantage en prévention : c’est ça aussi, prendre soin de la population. Les travailleurs et les travailleuses du Québec ne doivent pas accepter ces reculs majeurs de notre filet social. Nous continuerons à militer pour un réseau universel, gratuit, équitable et accessible! Nos solutions : décentraliser, déprivatiser et démocratiser. »

— David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN

Semaine québécoise des services de garde éducatifs : reconnaître leur apport fondamental

La Semaine québécoise des services de garde éducatifs à l’enfance se déroulera du 29 mai au 4 juin 2023 sous le thème : « Le départ pour la grande aventure ».

Dès les premiers jours de fréquentation au CPE ou chez une responsable en service de garde éducatif (RSGE), pour le tout-petit ayant la chance d’avoir une place, « La grande aventure débute ». Ce milieu deviendra un peu sa 2e maison et saura mettre en place tout ce qu’il faut pour que chaque jour devienne un jour de fête et que chaque expérience complète son petit sac à dos de vie. En ce sens, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) souligne qu’il reste du chemin à faire afin de reconnaitre à sa juste de valeur l’importance que les milieux éducatifs régis et subventionnés ont sur les premières années de vie des enfants, mais aussi sur leur avenir.

Les premières années, de 0 à 5 ans, fleurissent de moments cruciaux où tout se joue pour les tout-petits. C’est à ce moment qu’ils développent les assises fondamentales qui leur permettront de construire les adultes de demain, épanouis et équilibrés. « Il est plus qu’urgent de reconnaitre à sa juste de valeur l’importance que les milieux éducatifs régis et subventionnés ont dans la vie des enfants et de leurs familles, et ce, pendant la fréquentation, mais aussi des années plus tard. En effet, ils auront un impact dans toutes les sphères du développement de l’enfant, que ce soit en relation sociale, en savoir-être, en habileté verbale, motrice ou autres. Ces compétences et ces acquis sont tellement importants qu’il est impératif d’offrir à tous les acteurs de notre réseau le soutien et les services qui contribueront à ce que cette grande aventure soit l’élément clé du plein développement de nos tout-petits » de déclarer Lucie Longchamps, représentante du secteur de la petite enfance à la FSSS–CSN.

Or, on le voit avec le manque de place en service de garde éducatif, la pénurie de personnel est toujours très présente dans notre réseau. « Nous réitérons le souhait et la nécessité de reconnaitre à sa juste valeur ces professions si l’on veut attirer et surtout maintenir les jeunes recrues dans le métier. Nous souhaitons que notre réseau de service de garde éducatif demeure bien vivant et surtout attrayant pour le bien des générations futures » d’ajouter Chantal Racicot, représentante des RSGE à la FSSS–CSN.

« Trop souvent, les éducatrices nous quittent très rapidement, certaines même pendant leur période de stage, constatant la charge de travail et les conditions auxquelles elles devront faire face pour les vingt ou trente prochaines années. De plus, toutes peuvent malheureusement témoigner du nombre croissant d’enfants qui vivent des difficultés à divers niveaux et qui nécessitent des soins appropriés. Il faudra que le ministère soit plus créatif et agile, afin que des sommes soient mises à disposition pour améliorer le soutien à ces tout-petits, sans oublier les travailleuses pour qui la charge de travail s’est alourdie au fil des années » de poursuivre Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la FSSS–CSN.

Depuis maintenant plusieurs années que le réseau des CPE et des RSGE est bien ancré dans notre société, toutefois, il a été souvent été malmené au fil des ans. Il reste donc énormément de chemin à faire pour en assurer son plein développement tout en y garantissant la qualité et l’amélioration des services, notamment auprès des enfants à besoins de soutien particulier.

La géolocalisation, omniprésente chez les paramédics

Les enjeux liés à la géolocalisation sont multiples et bien que nous en saisissions désormais la portée, plusieurs travailleuses et travailleurs composent quotidiennement avec des outils qui les suivent pas à pas. Dany Chamberland, du Syndicat des paramédics et du préhospitalier de la Montérégie–CSN, en connait beaucoup sur la question et nous explique les implications de cette technologie dans son milieu de travail.

« Une surveillance totale est intégrée sur plusieurs composantes de notre véhicule. Le système agit en quelque sorte comme une boîte noire sur un avion. Nous parlons donc du déclenchement des gyrophares, de la vitesse du véhicule en lien avec les limites dans les différentes zones de circulation, du dérapage possible du véhicule l’hiver, du déclenchement du système de frein ABS et de plusieurs autres données mécaniques. »

Plusieurs de ces informations sont transmises en temps réel à l’employeur. La somme des autres données est téléversée, dès le retour à la caserne, via un système Wi-Fi qui achemine tous ces détails à un serveur central. Les paramédics ont donc intérêt à bien maîtriser tout ce qui se déroule lors de leurs interventions, même dans l’urgence et avec tout le stress occasionné.

« Notre moniteur défibrillateur s’ajoute également à la collecte d’informations, puisque nous l’avons toujours à portée de notre véhicule. Dès que nous activons le moniteur, tout ce que nous disons et ce que le patient dit est enregistré directement sur l’appareil, incluant l’utilisation de l’appareil et l’information médicale. Nous téléchargeons le tout sur les serveurs du CISSS auquel nous sommes rattachés à la fin de la journée. Et même si nous oublions la procédure de téléversement des données à la fin de notre quart de travail, les paramédics du quart suivant le feront à la toute fin de celui-ci », mentionne Dany.

Il va sans dire que les paramédics sont pleinement conscients que ces outils les surveillent constamment. La nature même de leur travail, le contexte d’urgence dans lequel ils côtoient les patients et les implications légales imposent une documentation des événements, et ce, afin de protéger tous les acteurs impliqués.

« Les implications syndicales sont aussi multiples, particulièrement pour toutes les informations médicales qui doivent demeurer confidentielles. Mais toutes ces informations factuelles protègent également nos membres en cas d’incident et d’enquête », précise Dany Chamberland.

 

 

 

 

Interpellation du ministre de l’Économie : la santé n’est pas une business

La CSN a interpellé aujourd’hui le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon, au palais des congrès de Montréal, pour le sensibiliser aux dangers associés au fait de développer le privé en santé et services sociaux au Québec comme si c’était un secteur de l’économie comme un autre.

La CSN estime que faire plus de place au privé en santé et des services sociaux, comme le prévoient la réforme Dubé et le projet de loi 15, n’est pas une bonne idée pour plusieurs raisons. « Pour faire de l’argent, les entreprises privées vont se concentrer dans les régions plus peuplées et sur les soins plus simples et plus payants », affirme Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Voici quelques raisons de s’opposer à la privatisation de l’offre de soins en santé ainsi que quelques solutions pour obtenir un meilleur réseau :

1-Le secteur privé n’aura pas l’obligation de couvrir tous les soins et toutes les régions.

2-Le secteur privé est là pour faire des profits et cette marge de bénéfice va se rajouter au coût réel des soins, et ce sont tous les Québécois et toutes les Québécoises qui vont payer la facture par leurs impôts, même si c’est la RAMQ qui paye.

3-Il manque de ressources partout dans le réseau de la santé. En embauchant du personnel, le réseau privé prendra de plus en plus de place avec la réforme Dubé, et les entreprises vont empêcher le secteur public de livrer les services nécessaires à la population et créer les conditions pour mettre encore plus de privé en place.

4-Ultimement, si le secteur privé prend le contrôle de la majorité des soins, le gouvernement et la population seront les otages des décisions prises par des hommes et des femmes d’affaires qui pourront dicter leurs conditions et leurs tarifs à Santé Québec. Les agences de personnel ne sont qu’un avant-goût de ce que le projet de loi 15 va générer si on ne le modifie pas profondément.

Des solutions venues du terrain

La CSN est présente dans tous les titres d’emploi du réseau de la santé et la plus importante centrale syndicale dans le secteur. Nous avons des solutions qui proviennent du terrain, pas des bureaux de Québec. Il faut vraiment décentraliser le réseau, toutes les études le disent. Il faut le démocratiser pour entendre la voix des régions et des employé-es, et il faut le déprivatiser pour conserver le contrôle sur l’organisation et l’offre de service qui ne devrait pas être dans les mains du privé. Or, c’est ce qui va arriver quand le privé va détenir une grande partie de l’offre de soins.         

Travailler son rapport de force

Cohésion

Dans le but d’assurer la meilleure cohésion possible entre les orientations des organisations composant la CSN, la majorité des participantes et des participants ont souligné l’importance de tenir compte des positions prises localement par les syndicats avant de s’engager dans de nouvelles mobilisations. Cela rappelle à quel point leur autonomie est importante à la CSN.

Soulignons également le besoin qui a été exprimé d’augmenter les échanges intersyndicaux sur des enjeux propres à la négociation et à la promotion de milieux de travail sains et sécuritaires. C’est de cette façon qu’on pourra générer des solidarités et favoriser une certaine émulation.

L’analyse, axe prioritaire

Les délégué-es étaient invités à déterminer l’axe prioritaire à développer afin de favoriser le rapport de force. À cet égard, l’analyse du rapport de force est primordiale pour la plupart des participantes et des participants. C’est ce qui permet de savoir si les membres sont prêts à passer à l’action et à évaluer jusqu’où ils veulent se rendre. L’analyse est également fondamentale dans l’exercice du rapport de force pour établir un calendrier d’actions et pour construire sa crédibilité.

Des éléments conjoncturels doivent être pris en compte dans l’analyse : pensons à la pénurie de main-d’œuvre généralisée, au télétravail, au travail de scabs à distance, à l’arrivée d’une nouvelle génération parmi nos membres et à l’intensification de la mondialisation de l’économie.

Bien que l’analyse soit un axe prioritaire, le développement et l’exercice du rapport de force demeurent des éléments majeurs, ont souligné les congressistes. La construction d’alliances, l’information et la vie syndicale sont les ingrédients principaux pour maximiser le rapport de force.

Il a de plus été souligné que le développement du rapport de force doit se travailler en continu et non seulement en période de négociation. Les récentes améliorations au Fonds de défense professionnelle contribuent également à la consolidation du rapport de force. Plusieurs participantes et participants ont souligné l’importance, pour les syndicats, de s’appuyer les uns les autres afin de favoriser la solidarité et l’entraide.

Parmi les difficultés particulières qui sont rencontrées par les syndicats, notons celles qui se présentent lorsqu’ils couvrent de nombreux sites de travail. Par ailleurs, en ce qui concerne plusieurs services publics, l’obligation de maintenir les services essentiels pose un défi particulier dans le développement du rapport de force. L’endettement des ménages peut aussi freiner la volonté des membres de mener les actions nécessaires, dans certaines circonstances. Autre difficulté à noter : l’effet d’une convention collective de longue durée sur la vie syndicale.

Partage de la richesse

Les congressistes devaient également cibler leurs priorités dans la défense des travailleuses et des travailleurs contre les injustices. Ce sont le partage plus équitable de la richesse et l’amélioration des conditions de travail qui sont ressorties le plus fortement.

États généraux
Enfin, les délégué-es étaient invités à dégager les sujets qui devraient être abordés par les futurs états généraux sur le syndicalisme qui seront organisés conjointement avec les autres organisations syndicales du Québec.

C’est sans équivoque l’amélioration de l’image médiatique du syndicalisme qui a été reconnue comme le sujet prioritaire. Plusieurs pistes à explorer ont été nommées, notamment faire mieux connaître nos bons coups, mettre en place des moyens de mieux contrer la désinformation et s’affirmer davantage sur la place publique.

La création d’alliances intersyndicales et avec d’autres organisations de la société civile permet d’augmenter notre rapport de force quant aux grands enjeux de société et constitue également un sujet qui devra être traité lors des états généraux.

Une soirée de solidarité déconfinée en grand

On sentait bien, depuis le début de ce congrès, que les militantes et les militants syndicaux étaient heureux de se retrouver. Un sentiment confirmé hier lors de la soirée de solidarité du jeudi, qui fut un franc succès.

C’est dans une ambiance survoltée que plusieurs centaines de congressistes ont célébré la solidarité syndicale. Campée dans le décor épuré du Centre des sciences de Montréal, sur le bord du fleuve, la soirée a réservé bien des surprises aux participantes et aux participants.

Il fallait d’abord sustenter les troupes affamées après des heures de débat sur le budget, sur les statuts et règlements et des ovations pour le trésorier Yvan Duceppe : les congressistes ont donc eu droit à des kiosques de cuisines diverses. Une mention spéciale pour le kiosque de poutine au poulet frit, où la longueur de la file d’attente a permis aux congressistes de se raconter de long en large leurs aventures syndicales des dernières années, ce qui n’était pas mauvais étant donné que c’était le premier congrès en personne depuis la pandémie. Commentaire d’un congressiste sur ce plat de résistance national : « La poutine n’était pas très grosse, mais il faut leur donner ça, ils étaient généreux sur le fromage ! ».

Bien sûr, côté bar, tout avait été prévu. On y retrouvait des bières de la microbrasserie Archibald et de chez Labatt, syndiquées chez nous. Katia Lelièvre, troisième vice-présidente, a privilégié les produits de son alma mater, la SAQ. La compétition fut féroce chez les férus de sport de salon, qui ont pu se délier les mains aux tables de baby-foot. D’ailleurs, David Bergeron-Cyr, deuxième vice-président, a été vu rôdant autour des tables une bonne partie de la soirée pour tenter de syndiquer les petits bonhommes de plastique.

Les congressistes ont aussi eu le plaisir de découvrir une salle consacrée au karaoké, pour les ténors et les sopranos, professionnel-les ou de salon. La file d’attente pour chanter était impressionnante, et ce, dès le début de la soirée ! D’ailleurs, François Enault, premier vice-président, a taquiné le micro en interprétant la chanson Sweet Caroline, de Neil Diamond. Un clin d’œil à la présidente fraîchement réélue, Caroline Senneville ? Demandez-lui quand vous le croiserez !

La piste de danse, animée jusqu’à tard le soir – ou très tôt le matin, c’est selon – par un DJ dont l’habillement respectait le style vestimentaire de sa profession, nous a permis d’admirer les jeux de pieds de bien des congressistes.

« Les délibérations démocratiques, c’est important. Mais il faut pouvoir danser après ! », nous rappelait un congressiste croisé ce matin, les yeux petits, un très grand café à la main.

Plusieurs auront noté que la secrétaire générale, Nathalie Arguin, avait plutôt bonne voix au micro se matin. Doit-on en déduire qu’elle a été plutôt sage ?

Signe que cette soirée fut fort appréciée, plusieurs militantes et militants mentionnaient, lors d’un vox pop mené ce matin où on leur demandait le moment fort du congrès, « est-ce que je peux répondre le party d’hier ? »

Bref, une soirée parfaite pour mousser une solidarité syndicale trop longtemps confinée !

Les robots et nous

Que ce soit à l’usine d’Alcoa à Baie-Comeau ou à l’entrepôt de Jean Coutu à Varennes, les impacts de l’informatisation et de la robotisation des procédés de production se font déjà sentir. À un rythme tel qu’il devient parfois difficile de bien en évaluer les conséquences sur les emplois.

« Il n’y a pas trop de risques pour nous parce qu’on fait plus d’alliage et c’est ce qui est le plus payant », affirme Hervé Deschênes, président du Syndicat national des employé-es de l’aluminium de Baie-Comeau–CSN. Ce dernier explique que deux nouveaux procédés d’automatisation ont eu des effets bénéfiques sur la santé et la sécurité, puisqu’elles éloignent les employé-es des risques d’éclaboussures du métal en fusion et des explosions causées lors du contact entre l’eau et le métal.

Il y a notamment le robot écumeur. « Avant, ce travail était fait à bras avec une grosse louche pour enlever la croûte qui se forme sur le métal en fusion », indique le président. Cette machine en place depuis 2015 n’a pas eu de répercussions à la baisse sur les emplois.

« On a aussi la machine à gueuse, qui est une roue de coulée automatisée », explique Mathieu Nadeau, vice-président. Cette machine épargne du temps et réduit grandement, elle aussi, les risques d’éclaboussures. Le métal va directement dans le puits de coulée sans passer par le four. Cette machine remplace des emplois, mais elle ne peut pas servir à couler des alliages. Or, l’aluminerie de Baie-Comeau fabrique en grande partie des alliages.

« On passe maintenant au travail connecté, avec des IPad, ajoute Mathieu Nadeau. Dès qu’une pièce brise, la commande est immédiatement passée et le bon de travail est créé. Ça risque de coûter des emplois de planificateurs et de cadres. Les planificateurs restent pour le moment en poste, puisque le système n’est pas encore rodé. »

L’aluminerie installe également des caméras pour jauger les anodes sur les ponts roulants. Au cours du procédé, une vieille anode doit être changée par une nouvelle de la même hauteur. Encore là, l’automatisation est plus sécuritaire, mais des emplois d’opérateurs de pont pourraient être touchés.

Ce sont surtout les camions sans conducteurs qui inquiètent le syndicat. Déjà, un chariot élévateur automatique est en activité à l’aluminerie Alouette. À long terme, une centaine d’emplois seraient en jeu. « Ça fait 31 ans que je suis là et chaque fois qu’on entend parler de quelque chose, ça finit par se faire », craint Hervé Deschênes.

L’impact psychologique de l’automatisation chez Jean Coutu

 Il est plus difficile de se faire un ami en travaillant à l’entrepôt de Jean Coutu depuis l’automatisation de la préparation des commandes pour les pharmacies du groupe.

« Il y a moins de travail en équipe et plus de troubles musculosquelettiques », mentionne Audrey Benoit, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de PJC entrepôt–CSN de Varennes. Alors qu’ils étaient en équipe de deux, les employé-es travaillent dorénavant seuls. À l’aide d’un simple bouton semblable au bouton de volume d’une radio, les cadres peuvent augmenter la cadence. « C’est la machine qui dicte ton rythme », précise la présidente.

Différentes techniques d’automatisation des commandes ont déjà été mises en place. Prochaine étape ? La consolidation des commandes, qui se feront prochainement avec des bras robotisés qui déposeront la marchandise sur les palettes. D’autres projets sont également à l’étude. Le poste de magasinier sera éventuellement retiré et il y aura de 100 à 150 personnes à relocaliser. « On a de la misère à croire que personne ne perdra son emploi », affirme Audrey Benoit.