Bilan des négociations du secteur public avant la saison estivale

À la veille de la période estivale, le Front commun a rencontré les médias, mardi matin, pour dresser le bilan des négociations du secteur public.

« Contrairement à ce que laisse entendre la présidente du Conseil du trésor, des solutions sont mises sur la table par les syndicats. Nous nous attendons donc à ce qu’elles fassent également partie des discussions et que le gouvernement ne se borne pas à vouloir discuter uniquement de ses priorités. L’objectif, pour nous, est toujours d’en arriver à un règlement rapidement, mais pas à n’importe quel prix. En ce sens, nous espérons que l’été permettra de donner un nouveau souffle aux discussions et fera en sorte que les échanges s’accélèrent aux tables de négociations », ont d’emblée fait valoir François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Robert Comeau, président de l’APTS, et Magali Picard, présidente de la FTQ.

« Nous avons beaucoup parlé d’intensification de la mobilisation dans les dernières semaines. Partout au Québec, les couleurs du Front commun ont été bien visibles, dans nos milieux de travail, dans des rassemblements festifs, pour accueillir des visites de ministres, devant des bureaux de circonscriptions, etc. Mais chose certaine, la dynamique sera différente en termes de mobilisation pour nous dès la rentrée. Nous rappelons que les organisations qui forment le Front commun ont reçu le mandat unanime de planifier le recours stratégique à la grève, ce à quoi nous nous consacrons depuis plusieurs semaines », d’ajouter les leaders syndicaux.

Pour le Front commun, il est temps que les échanges aux tables prennent une tournure différente. Rappelons qu’à l’heure actuelle, l’offre salariale proposée par le Conseil du trésor est toujours de 9 % sur 5 ans alors que l’inflation a été de 6,7 % uniquement pour l’année 2022.

« Ce n’est pas sérieux. Le gouvernement tente de nous cantonner dans un rôle d’antagonistes, mais la réalité, c’est que l’état de nos réseaux publics nécessite des solutions ambitieuses et de l’ouverture aux propositions des travailleuses et des travailleurs. Il faudrait que ça se reflète dans les échanges aux tables. »

Pour mettre un frein à la saignée de nos réseaux publics, le Front commun parle d’améliorer les conditions de travail pour attirer du personnel et retenir celui déjà en poste – tant en éducation que dans la santé et les services sociaux et qu’en enseignement supérieur. À contre-courant de cette vision, le gouvernement mène des attaques frontales contre le RREGOP qui risquent de pousser vers la sortie une proportion importante de personnes approchant de la retraite. Faut-il rappeler que notre régime de retraite est en bonne santé financière et qu’il constitue l’un des rares avantages du secteur public lorsque l’on se compare au secteur privé?

« Si le gouvernement Legault se cherchait encore une façon de fâcher notre monde, il l’a trouvée! »

Les leaders syndicaux insistent sur le fait qu’il ne faut pas sous-estimer la volonté des membres et leur capacité de mobilisation. « Ils en ont vu d’autres, eux aussi. Ils connaissent la rengaine qui leur est servie actuellement, et franchement, à l’heure actuelle, le gouvernement suscite plus de grogne qu’autre chose. Le Front commun, c’est une réponse aux stratégies de division du gouvernement, qui ne font que nuire aux réseaux publics. Au-delà des tractations de négociations, il y a un manque flagrant de vision sociale à long terme. Et ça, c’est franchement triste. C’est le message que nous portons, pour nos services publics. »

Grande manifestation nationale le 23 septembre

Le Front commun organise une grande marche nationale le 23 septembre prochain, à Montréal, et y convie l’ensemble de la population. « Toutes celles et tous ceux qui sont touchés de près ou de loin, qui connaissent des travailleuses et des travailleurs de nos réseaux, qui veulent soutenir notre lutte et manifester l’importance qu’ils accordent aux services publics, ce sera le moment de le crier haut et fort. Nous aurons besoin de toutes les voix possibles pour se joindre à la nôtre! »

Rappel des revendications du Front commun

Sur le plan salarial, le Front commun revendique l’application d’un mécanisme permanent d’indexation annuelle basé sur l’indice des prix à la consommation (IPC), ainsi qu’un enrichissement visant un rattrapage salarial.

  • Pour 2023 : une hausse de 100 $ par semaine pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs OU IPC + 2 % (selon la formule la plus avantageuse);
  • Pour 2024 : IPC + 3 %;
  • Pour 2025 : IPC + 4 %.

Le Front commun porte également d’autres revendications à la table centrale, notamment en ce qui concerne :

  • la retraite;
  • les droits parentaux;
  • les disparités régionales;
  • les assurances collectives;
  • les lanceurs d’alerte.

Pour plus d’information sur la négociation en cours : https://www.frontcommun.org/.

À propos du Front commun

Ensemble, la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur. Les conventions collectives sont échues depuis le 31 mars 2023.

Universités – Pas de liberté académique sans autonomie financière

Les universités doivent cesser de dépendre des dons privés ou des contributions des entreprises. C’est l’un des messages cruciaux portés par la CSN à l’occasion de la consultation gouvernementale afin de revoir la Politique québécoise de financement des universités. La CSN estime qu’une hausse du financement public des universités et une révision des conditions s’y rattachant sont impératives pour assurer la mission de ces organisations essentielles au bien commun. « Pour la CSN, un financement stable et une réelle autonomie financière sont incontournables si le gouvernement tient véritablement au principe de liberté académique », rappelle Caroline Senneville, présidente de la CSN.

La CSN estime que trop de financement conditionnel est calculé à partir de la population étudiante à temps plein (alors qu’un tiers de la population étudiante est à temps partiel) ou sur des partenariats avec le privé. La fluctuation annuelle des budgets empêche les universités de prévoir et d’engager les meilleures ressources.

La CSN souligne par ailleurs l’iniquité envers les universités francophones au Québec. Les universités anglophones obtiennent 47 % des dons philanthropiques et accueillent 43 % des étudiantes et des étudiants étrangers, alors qu’elles représentent seulement 25 % de la population étudiante au Québec. « Le gouvernement doit en faire plus pour l’ensemble du réseau universitaire en portant une attention particulière aux universités francophones, nommément au réseau de l’Université du Québec qui est essentiel pour l’accès aux études supérieures de plusieurs Québécoises et Québécois, notamment en région », ajoute la présidente de la CSN.

Les universités ne sont pas au service des entreprises

La CSN et ses fédérations s’inquiètent également des attentes formulées par le gouvernement à l’égard des universités pour répondre aux besoins des entreprises.

Selon le gouvernement, la politique vise notamment à « améliorer la contribution des établissements universitaires aux enjeux de main-d’œuvre dans les secteurs stratégiques pour l’économie québécoise » et « à renforcer la capacité des établissements de valoriser, sur le plan économique, la recherche et l’innovation. »

« Les universités ne sont pas des usines à fabriquer des travailleuses et des travailleurs pour combler la pénurie de main-d’œuvre. Détourner les missions fondamentales de ces institutions du savoir en les assujettissant aux besoins du marché du travail ne fait que nous appauvrir collectivement, à long terme », met en garde Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec-CSN et responsable du regroupement université.

L’enseignement supérieur est un service public reposant sur les principes d’accessibilité, d’autonomie et d’indépendance propres à la création et à la transmission du savoir ainsi qu’au développement de l’esprit critique.

Gratuité scolaire

Le Québec doit se doter d’une politique sur les droits de scolarité fondée sur le principe de la gratuité scolaire, et ce, à tous les ordres d’enseignement. Cela diminuerait d’autant la trop grande dépendance financière des universités avec le nombre d’inscrits à temps plein chaque année.

« Alors que de plus en plus d’étudiantes et d’étudiants choisissent de délaisser leurs études pour aller sur le marché du travail, il faut plus que jamais assurer une plus grande accessibilité aux études supérieures, notamment à l’université. Un des leviers les plus puissants pour y parvenir demeure la gratuité scolaire, insiste Danny Roy, président de la Fédération des professionnèles-CSN. Contrairement à certaines idées souvent véhiculées, la gratuité de l’enseignement universitaire n’est ni marginale ni utopique, comme en témoigne son application dans les pays scandinaves. De plus, la gratuité permettrait de répondre aux objectifs que s’est fixés la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, comme celui d’augmenter le taux de diplomation et surtout, le nombre d’inscriptions qui est en chute libre, notamment dans le réseau UQ. »

Les moyens de nos ambitions

« Avec un financement insuffisant et instable d’une année à l’autre, les universités sont incapables de conserver leur personnel de soutien qui joue pourtant un rôle essentiel. Dans les universités comme dans l’ensemble du réseau de l’enseignement supérieur, les défis de recrutement et de rétention du personnel de soutien sont importants. Afin d’être en mesure de répondre adéquatement à cet enjeu, il faut offrir des conditions de travail et des conditions salariales attractives. Pour y arriver, il faut s’assurer que les universités obtiennent enfin un financement public, stable, prévisible et à la hauteur des besoins », martèle Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics-CSN.

Des solutions novatrices

Dans son mémoire, la CSN fournit à la ministre de nombreuses solutions pour rajuster le tir, pour soutenir un réinvestissement public et pérenne des universités et pour accroître l’accessibilité aux études.

Le mémoire contient 20 recommandations, dont la fin de la déréglementation des frais pour les personnes étudiantes étrangères, l’ajustement à la hausse du financement global et des sommes reliées à celles qui s’inscrivent à temps partiel ou encore la hausse du financement pour la recherche et la création, notamment pour la recherche en français.

Mémoire disponible sur demande.

À propos

Fondée en 1921, la CSN est la première grande centrale syndicale québécoise. Composée de près de 1 600 syndicats, elle compte près de 80 000 membres dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur qui sont répartis dans trois fédérations.

Le SAPSCQ–CSN dépose ses demandes

En ce 19 juin au matin, le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec–CSN a déposé l’ensemble de ses demandes au Secrétariat du Conseil du trésor, à Québec.

« À la suite d’une consultation nationale de nos membres, nous avons défini nos priorités de la négociation qui débute aujourd’hui même avec le dépôt de nos demandes ce matin au Secrétariat du Conseil du trésor. La question des heures supplémentaires obligatoires (le fameux TSO), que nous appelons aussi le gel, sera au cœur de nos échanges, puisque cette obligation d’effectuer plus d’un quart de travail a des impacts importants sur les agents de la paix en milieu carcéral, souligne Mathieu Lavoie, président du syndicat. Les problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre sont au cœur de la question de ce TSO qui mine le moral de nos membres. Nous avons environ 400 postes vacants au Québec et seulement que pour 2022, 175 agents ont démissionné de leurs fonctions. Malgré l’obligation de l’employeur d’engager 240 recrues par année, environ 50 % d’entre elles ne restent pas à l’emploi. Pour garder notre monde, il nous faut des conditions de travail bonifiées ».

« Pour nous, la question salariale est évidemment très importante, mais il ne faut surtout pas oublier que le travail en milieu carcéral demeure très éprouvant sur la santé psychologique des travailleuses et des travailleurs. Nous avons toujours mis de l’avant la question de la santé et de la sécurité au travail, la prise en charge rapide et efficace des événements qui sont souvent potentiellement traumatiques et le financement adéquat du programme d’aide aux employé-es adaptés aux besoins très précis des agentes et des agents correctionnels, précise Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN. Pour attirer et retenir ses travailleuses et ses travailleurs, l’employeur doit également leur offrir un solide soutien en matière de SST ».

À propos

Le SAPSCQ–CSN est un syndicat autonome affilié à la Fédération des employées et employés de services publics de la Confédération des syndicats nationaux depuis 2006. Il représente plus de 2 800 agentes et agents de la paix en services correctionnels, répartis dans 18 établissements de détention partout au Québec.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

 

 

C-18 : la FNCC–CSN demande à Québec et à Ottawa de suspendre l’achat de publicité sur Facebook et sur Google

Devant l’utilisation de menaces et de représailles de la part des groupes Meta/Facebook et Google/Youtube en opposition à l’adoption prochaine du projet de loi C-18, la Fédération nationale des communications et de la culture–CSN demande aux gouvernements du Québec et du Canada de cesser d’acheter de la publicité sur ces plateformes, et ce, tant que le projet de loi ne sera pas adopté.

La FNCC–CSN rappelle qu’en mars dernier, Google a volontairement cessé d’afficher sur les plateformes de milliers de citoyennes et de citoyens canadiens des articles d’actualité. Du même coup, il a menacé de le faire définitivement si Ottawa osait adopter le projet de loi, qui vise à forcer les géants du Web à conclure des ententes avec les entreprises de presse pour le partage de leurs contenus journalistiques. Depuis, le groupe Meta, propriétaire de Facebook, a également retiré les contenus d’actualité de ses plateformes, menaçant de les bloquer de façon permanente si le projet de loi C-18 est adopté.

« Nous ne pouvons tolérer de tels gestes d’intimidation envers nos institutions démocratiques », affirme la présidente de la FNCC–CSN, Annick Charette.

« Alors que le gouvernement tente justement de corriger le profond déséquilibre du secteur des médias engendré par la montée en puissance des géants du numérique, il faudrait les laisser venir menacer les travaux parlementaires sans rien dire ? Les deux paliers de gouvernement doivent réagir fortement et aviser les multinationales du Web qu’ils prendront les moyens appropriés pour défendre le droit à une information libre et indépendante », poursuit la présidente de la FNCC–CSN.

Réunis en bureau fédéral à Québec la semaine dernière, les délégué-es de la FNCC–CSN ont adopté une résolution demandant aux gouvernements du Canada et du Québec de cesser d’acheter de la publicité sur les plateformes Meta/Facebook et Google/Youtube, tant que le projet de loi ne sera pas adopté et que ces multinationales n’auront pas annoncé leur intention de s’y conformer.

La FNCC–CSN regroupe 6 000 membres dans 80 syndicats œuvrant dans les domaines des communications, du journalisme et de la culture. Elle est l’une des huit fédérations de la CSN qui réunit près de 325 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec.

Prendre notre pouvoir, maintenant

Ce numéro arrive tout juste après la clôture du 67e Congrès de la CSN. Grand événement attirant quelque 2 000 participantes et participants tous les trois ans, le congrès représente la plus haute instance de la confédération, celle qui guide les grandes orientations du mouvement.

C’est sous le thème Pouvoir, maintenant que s’est déployée cette semaine de réflexion et de mobilisation. Depuis plus de 100 ans, la Confédération des syndicats nationaux est le moteur d’un grand mouvement qui permet aux travailleuses et aux travailleurs d’obtenir les meilleures conditions de travail possibles. Au sortir de trois années de pandémie qui nous auront éloignés les uns des autres, il est important de reprendre ce pouvoir. Comme centrale syndicale, il aura fallu recréer les liens, se donner les moyens de partager nos réalités et déterminer des objectifs concrets pour mieux reprendre nos luttes.

Ces luttes, elles ont été nombreuses, comme vous le verrez dans ces pages. La forte inflation – du jamais vu depuis des décennies – couplée à la rareté de main-d’œuvre a donné à de nombreux syndicats un rapport de force inespéré, des entreprises n’hésitant pas à rouvrir les conventions collectives avant leur terme pour hausser les salaires. Quand le fer est chaud, il faut le battre : des syndicats sont allés chercher des augmentations de 30, 40, voire 50% sur trois ou cinq ans. Un record.

Ces luttes ont été soutenues par la CSN de bien des façons, en commençant par un appui financier incomparable, alors que le Fonds de défense professionnelle CSN a octroyé près de 26 millions de dollars à ses membres en grève au cours du dernier mandat. C’est ce fonds, unique pour une centrale syndicale québécoise, qui a permis toutes les luttes dont il est question ici, et bien plus encore. Des épisodes souvent majeurs, parfois crève-cœur. Mais toujours solidaires.

Nos luttes se poursuivent tant dans le secteur public que privé où des efforts coordonnés (en front commun, en intersyndicale, en interfédération) augmentent notre rapport de force et notre Pouvoir, maintenant. Plusieurs dossiers dans lesquels nous avons investi nos énergies au cours des derniers mois ont porté fruit. Je pense aux conventions du privé pour lesquelles la grande majorité des négociations de 2022 ont permis d’éliminer complètement les taux horaires de moins de 18 $ l’heure. Ou au gouvernement qui a dû revenir sur sa décision de hausser l’âge d’admissibilité au régime de retraite québécois. Ou encore à nos démarches pour que le travail des enfants soit mieux balisé, lesquelles ont abouti à la loi sur l’encadrement du travail des enfants. Idem pour la loi anti-briseurs de grève au fédéral. Nous pouvons être fiers de notre contribution à ces avancées et à bien d’autres.

Bien que nos réalités nous placent souvent en situation de lutte, que ce soit aux tables de négociation ou dans la rue, la base de notre action prend racine dans nos valeurs de justice et de liberté ainsi que dans la recherche d’une dignité toujours plus grande pour les femmes et les hommes qui constituent la force de travail du Québec. C’est dans le syndicalisme de centrale, où tant de titres d’emplois sont représentés, que l’on se soutient les uns les autres, qu’on soit machiniste à Saguenay ou préposée aux bénéficiaires à Saint-Hyacinthe.

Alors que notre mouvement entreprend un autre mandat de trois ans avec de nouvelles propositions, avec des souhaits et oserais-je dire, des rêves, nous avons tout en main pour faire entendre nos demandes, comme travailleuses et travailleurs. Nous savons qu’on n’est jamais aussi forts que lorsque nous parlons d’une seule et même voix.

Les combats pour lesquels nous nous levons chaque matin sont multiples et la route syndicale ne sera jamais un long fleuve tranquille. Mais nous croyons à l’égalité des chances et à un avenir meilleur pour tous les travailleurs et les travailleuses.

Transport scolaire – « Le couteau entre les dents » 

Les revendications des conductrices et des conducteurs de véhicules scolaires affiliés à la CSN sont enfin entendues, après tant d’années. Les augmentations salariales spectaculaires se succèdent, certaines allant jusqu’à 60 % sur six ans.

Est-il besoin de rappeler que la majo­rité de ces personnes n’ont pas d’assurances collectives ou de régime de retraite et que leur salaire annuel avoisine les 20 000 $ ? En 2015, la CSN avait revendiqué et mis en œuvre un processus rigoureux d’évaluation de l’emploi auquel le gouvernement et les associations de transporteurs avaient participé. Les partis avaient reconnu un taux horaire minimal de 19,14 $ l’heure en janvier 2015, ce qui est nettement insuffisant aujourd’hui. C’est plutôt 23 $ l’heure qui pourrait représenter à l’heure actuelle un équivalent du salaire horaire établi en 2015 par le comité. Or, dès le début de 2015, malgré les demandes répétées et les diverses pressions politiques exercées, le gouvernement avait refusé de donner suite aux conclusions de ce comité qu’il partageait pourtant.

Le début de la crise
En 2017, plusieurs régions vivent déjà des problèmes répétés de bris de service et une pénurie de main-d’œuvre se dessine dans le secteur, en raison des piètres conditions de travail. Dès octobre, les syndicats tirent la sonnette d’alarme et proposent une avenue afin de sortir de la crise annoncée : le versement d’enveloppes budgétaires bonifiées, réservées et fermées afin de financer adéquatement l’amélioration des conditions générales d’emploi dans le secteur. Cette revendication sera défendue sur la place publique jusqu’à ce que la crise dégénère au point d’obliger le gouvernement à agir… en août 2022.

On aura notre dû !
Le gouvernement et les transporteurs finissent par négocier une bonification des enveloppes budgétaires, mais sans obligation de verser les sommes reçues du gouvernement aux salarié-es.

« À partir du moment où les transporteurs ont reçu ces sommes que nous réclamions depuis si longtemps, nos membres avaient le couteau entre les dents », souligne la présidente du secteur du transport scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN, Josée Dubé. Le problème, explique-t-elle, c’est que les enveloppes budgétaires ne sont pas réservées et que chaque syndicat doit se battre individuellement en négo pour aller chercher les sommes qui devraient leur revenir. La pénurie est toujours bien présente, les employeurs ont l’argent, les syndiqué-es sont déterminés et ils ont la population derrière eux. « Ils y vont en grève, et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça marche ! », conclut Josée Dubé.

Secteur public : en mode mob active

« Comme travailleur dans les services publics depuis plusieurs années, j’ai la conviction que notre cause est juste. » C’est ainsi qu’un délégué amorce son intervention lors des instances conjointes du secteur public de la CSN qui se sont déroulées le 31 mars 2023 et qui traitaient principalement de mobilisation dans l’actuelle négociation avec le gouvernement.

Ce sentiment habite la totalité des personnes qui militent pour l’amélioration des conditions salariales et de travail dans ce milieu difficile que sont devenus les services publics. Toutefois, devant le gouvernement actuel de la CAQ, la raison et le discernement ne pourront être les seuls outils stratégiques.

Gonflés à bloc
Marcel Pepin, ancien grand président de la CSN, disait, à la suite du premier Front commun en 1972, qu’« en négociation, il ne s’agit pas d’avoir raison, il faut la force requise pour obtenir que la raison triomphe ». Cela est d’autant plus vrai lorsque l’employeur est également le faiseur de lois et qu’il représente plus de 70 % des député-es élus depuis la dernière élection. C’est dans ce contexte que les organisations syndicales qui composent le Front commun de 2023, soit la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS, tiennent une tournée de consultation jusqu’à la mi-mai afin de se doter d’un mandat pour intensifier les moyens de pression et préparer la grève dans tous les syndicats du secteur public.

Un événement impressionnant par son envergure et par la solidarité qui s’y faisait sentir a été organisé par le Front commun le 30 mars dernier pour lancer cette consultation. Plus de 2 000 militantes et militants étaient rassemblés à Québec pour préparer ensemble la suite de leur négociation. En soi, ce moment était une démonstration de force : la suite du plan d’action est déjà prise en charge par des milliers de personnes de toutes les régions du Québec qui partagent le but commun de se servir de leur négociation pour relever les services publics.

La CAQ forte, oui mais…
La force que représentent les résultats de la CAQ aux élections de 2022 reste toutefois au centre de l’analyse que les syndicats font de leur rapport de force. Une vague qui donne au gouvernement 90 des 125 sièges confère une force à ce dernier selon plusieurs observateurs. Les organisations syndicales rappellent, cependant, que ce n’est pas la majorité de la population qui a appuyé ce parti qui détient 100 % du pouvoir, mais plutôt un maigre 27 %. Les travailleuses et les travailleurs auront à miser en partie sur cette réalité qui pourrait bien leur servir.

« Peu importe le nombre de candidatures caquistes portées au pouvoir, nous faisons face à un caucus très réactif aux mouvements sociaux, considère François Enault, 1er vice-président de la CSN et responsable de la négociation du secteur public. Le recul face au troisième lien ne sera pas leur seul. »

Le Front commun, qui rassemble 420 000 personnes de presque tous les titres d’emploi du secteur public au Québec, est un des plus gros depuis 1972, l’année qui a vu naître la première alliance de ce type. Pour les syndicats, cette stratégie est justement l’occasion de réagir plus fortement à l’État employeur.

« Des actions, les membres vont en faire et ça va mettre de la pression. Pour moi, le nombre plus élevé de député-es de la CAQ doit être vu comme un nombre d’occasions plus grand pour organiser nos actions, pour se faire voir et pour montrer que nos revendications sont des solutions nécessaires afin de répondre à la crise qui se poursuit dans nos réseaux », ajoute le 1er vice-président.

Action-réaction
Déjà, le terrain s’active et plusieurs actions sont organisées en réaction aux offres du gouvernement, qui demeurent bien en dessous de ce que les membres revendiquent. Des dizaines de milliers de salarié-es portent, depuis quelques semaines, un chandail ou un foulard aux couleurs du Front commun tous les jeudis, en appui à leur négociation. Des visites de bureaux de député-es ou lors de réunions de conseils d’administration sont entamées et se répéteront jusqu’à ce qu’une entente intervienne. Dans les milieux de travail, des membres font preuve d’imagination : marche des anges gardiens déchus, thermomètre géant pour montrer que la pression monte, chaises vides pour bloquer les bureaux administratifs, à l’image de l’exode du personnel qui persiste. Une action a aussi rassemblé des centaines de travailleuses et de travailleurs à Sherbrooke lors du congrès de la CAQ. Une occasion pour exprimer directement aux dirigeants le mécontentement ambiant.

Automne chaud en perspective
Au cœur de ces actions, une tactique détonne, soit la décentralisation dans l’escalade des moyens de pression. Les comités de mobilisation et leur syndicat ont en main des ressources pour s’organiser et un espace de créativité afin de donner lieu à des initiatives qui doivent avoir pour effet de susciter chaque fois une plus grande participation. La démarche va se poursuive en gradation tant que la négociation l’exigera et jusqu’à un possible exercice de la grève.

« À l’automne, si les boss ne nous écoutent pas, nous consulterons les membres sur la grève, tranche François Enault. Il faut la préparer [la grève], il va y avoir des moyens d’action qui vont progresser et qui vont devoir être faits par tout le monde ensemble. C’est cela qui va faire mal ; aussi longtemps que le gouvernement va voir que les 420 000 membres font les moyens de pression étape par étape, c’est là que nous allons le faire shaker ! »

Oser la combativité

Le mouvement CSN traîne une longue réputation de savoir « tenir la minute de plus ». Bon an, mal an, cette combativité amène dans nos rangs de nouveaux syndicats qui font le pari (gagnant) de la CSN.

Chez Rolls-Royce Canada, le changement de culture s’est orchestré dans un syndicat qui cumule 70 ans d’histoire. « Les relations de travail, c’était du partenariat entre l’employeur et le district. Nous nous faisions le plus souvent dire non », raconte Richard Dufour, vice-président général.

Le syndicat CSN est accrédité en juin 2021. L’employeur multiplie alors les efforts pour faire dérailler la négociation. En pleine assemblée pour un vote de grève, Rolls-Royce décrète un lock-out. « Nos meilleurs mobilisateurs ont été bien malgré eux les dirigeants de la compagnie ! Ils ont sous-estimé la solidarité des membres et l’efficacité de la CSN », explique M. Dufour.

Après cinq mois et demi de conflit sauvage, les quelque 500 membres signent une entente qui devient la référence en aérospatial.

Reconnus à leur juste valeur
Du côté de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), les professeur-es des secteurs professionnel, collégial et universitaire ne gagnaient pas le même salaire que leurs homologues dans les écoles, les cégeps et les universités. « L’ITHQ était gérée comme un ministère plutôt qu’une école ! explique le président du syndicat, Éric Guay. Il n’y avait pas de culture syndicale et la CSN nous a permis d’en installer une. » Du premier BBQ au carré Saint-Louis jusqu’au port du traditionnel t-shirt de mobilisation, les moyens de pression ont évolué au rythme des 140 membres. « Nous nous sommes rendus jusqu’à la grève, souligne le professeur. Maintenant, les conditions salariales équivalent à ce qui se fait ailleurs. Nous avons fait un grand bout de chemin. »

Archéologues
Après des années à réclamer de meilleures conditions de travail, notamment en matière de santé et de sécurité, les archéologues en ont eu assez. Assez de devoir travailler en plein hiver sans abri chauffé ni toilette. Assez que l’octroi des postes se fasse bien souvent par « copinage », avec des écarts salariaux de près du double pour des emplois identiques. L’uniformisation des conditions de travail est devenue la pierre fondatrice du syndicat. « C’est l’avènement d’une culture professionnelle grâce à la CSN. C’est pas facile, mais avec ses 100 ans derrière la cravate, l’organisation en a vu d’autres ! », conclut le président du syndicat, Maxime Vaillancourt.

Aide juridique : tenir le coup en mobilisant son monde

Juin 2022 : on peut difficilement imaginer pire queue de poisson à la fin d’un blitz de négociation. Une organisation indépendante regroupant des syndicats de l’aide juridique ayant quitté la CSN à la fin des années 1980 entérine une entente de principe avec Québec.

Les syndicats CSN représentant l’autre moitié des avocats et avocates de l’aide juridique du Québec la rejettent fortement. Avec raison : la question salariale – et celle de la parité avec les procureur-es de la Couronne enchâssée dans les conventions collectives depuis 1987 – est renvoyée à un comité de travail n’ayant aucun pouvoir décisionnel. Pire : les avocates et les avocats de l’aide juridique n’allaient même pas y siéger.

« On s’est fait répéter ad nauseam par la partie patronale : « Il n’y aura pas deux conventions ». À chaque rencontre de négociation. Jusqu’en février dernier où le début d’une démarche exploratoire a coïncidé avec l’arrivée de deux groupes à la CSN », indique la présidente du syndicat de Montréal et de Laval, Justine Lambert-Boulianne.

Car il y a aussi de la grogne au sein de la fédération indépendante qui accepte, en juin, de remettre la parité aux calendes grecques. La Montérégie rejette l’entente de principe et se désaffilie peu après – les membres allaient pouvoir se prononcer sur une affiliation à la CSN peu après. Des maraudages sont également effectués avec succès pour rallier la Mauricie–Centre-du-Québec et le Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Ces nouveaux syndicats rejoignent donc la table de négociation. « Quand on a commencé à entendre la porte-parole patronale parler de la nécessité de s’entendre “avec la grosse gang”, on a su que le vent avait tourné ».

Mais les mandats des vis-à-vis sont d’une rigidité extrême : jamais le conseil du Trésor ne va s’engager à consigner le principe de parité noir sur blanc dans une convention. Exercées une à la fois, les quelques journées de grève utilisées ne changent pas la donne.

Les syndicats se dotent donc, à l’automne, d’une banque supplémentaire de 10 jours de grève. « On est allés chercher la confiance des membres », insiste Justine Lambert-Boulianne. « On leur a demandé de nous donner un gros mandat, on leur a dit qu’on allait utiliser les journées de grève à bon escient ».

En mars, alors que ça bouge tranquillement à la table, les syndicats donnent le grand coup. Le 6 avril, les avocates et avocats de l’aide juridique sortent pour une dernière séquence de 10 jours de grève. À partir de là, la négociation s’accélère pour se conclure sur une entente de principe maintenant la parité avec la Couronne et leur accordant toute la reconnaissance de la spécificité de leur travail. Comment on dit, déjà ? C’est avec la CSN qu’on gagne.

Le rapport de force se renforce

En janvier 2015, la Cour suprême du Canada rendait une décision fondamentale reconnaissant que le droit de grève est protégé par la Charte des droits et libertés. Au Québec, cette décision est venue modifier la façon dont le tribunal encadre dorénavant le maintien des services essentiels dans les services publics. Tour d’horizon.

Dorénavant, les services essentiels à maintenir dans les services publics en cas de grève doivent être examinés strictement en fonction de leurs impacts sur la santé et la sécurité de la population. Forte de cette décision, la CSN obtient une autre victoire, en août 2017, en faisant invalider un article du Code du travail qui imposait des pourcentages arbitraires de temps de grève en santé et services sociaux.

C’est dire à quel point l’exercice de la grève dans les services publics ainsi que dans le réseau de la santé et des services sociaux aura dorénavant beaucoup plus d’impact et combien il permettra mieux aux salarié-es de déployer un rapport de force véritable.

En l’absence d’un mécanisme d’arbitrage obligatoire, la seule manière de permettre aux salarié-es de négocier vraiment leurs conditions de travail est d’assurer leur droit de déployer leur rapport de force pour que cela ait des conséquences sur l’employeur. À cet égard, le législateur a apporté un changement majeur : le maintien des services essentiels n’est plus dorénavant la seule obligation des salarié-es, mais relève également de l’employeur. Par conséquent, le personnel-cadre doit maintenant contribuer au maintien des services essentiels. Ainsi, l’exercice de la grève dans les services publics entraîne une pression sur l’employeur plus importante qu’auparavant.

Les paramédics sont parmi les premiers groupes des services publics à avoir testé ces nouvelles possibilités. Dès 2017, ils cessent certaines tâches, notamment celles qui sont liées à la facturation. Il faut souligner qu’avant la décision de la Cour suprême, les paramédics étaient légalement tenus au maintien de 100 % des services en tout temps. Au Québec, en dehors de Montréal et de Laval, les services ambulanciers sont assurés par des entreprises privées ou par des coopératives financées en grande partie par les fonds publics. Ainsi, en cessant de remplir les formulaires de facturation, les paramédics ont ajouté une pression importante sur les employeurs.

Puis, en 2021, ils élargissent encore leurs moyens de pression en ajoutant une grève de temps. Chaque jour, certains paramédics étaient en grève pour une durée de quatre heures et remplacés sur la route par du personnel-cadre disposant de toute la formation nécessaire. Notons qu’en parallèle, ils se sont dotés d’un fonds de grève complémentaire au Fonds de défense professionnelle de la CSN (FDP) afin que tous les travailleurs et les travailleuses se partagent le fardeau financier de la grève.

Dans la même veine, ces nouvelles possibilités ont été utilisées par différents secteurs. Chaque fois, les syndicats améliorent leur rapport de force. Entre autres secteurs, pensons aux centres d’hébergement privés où les salarié-es peuvent à présent effectuer une grève qui a plus d’impact. Ce rapport de force renouvelé leur a permis jusqu’à maintenant de conclure des ententes satisfaisantes avec plus de la moitié de la quarantaine de résidences en négociation coordonnée à la CSN, et les autres sont en bonne voie d’atteindre également leurs objectifs.

Dans le secteur préhospitalier, les répondantes et répondants médicaux d’urgence (RMU) et le personnel de bureau exercent actuellement la grève de temps en plus de la grève de tâches. Lorsque des RMU font grève, ils sont remplacés par du personnel-cadre. Épuiser les cadres en les confrontant à la réalité quotidienne d’un travail exigeant en sous-effectif chronique, n’est-ce pas un bon moyen de leur faire prendre conscience de la nécessité de reconnaître adéquatement le travail des salarié-es ?

Quant à elles, les infirmières et les infirmières auxiliaires de Héma-Québec ont repoussé les limites jusqu’à forcer l’employeur à reporter des rendez-vous de prélèvement de sang de certains types en fonction du niveau des réserves de sang. Elles ont récemment eu gain de cause auprès du Conseil du trésor en maintenant intégralement leur parité salariale avec les professionnel-les en soins du secteur public.

En imposer aussi davantage dans le réseau de la santé
La prochaine grève se fera bien plus sentir que par le passé au sein des établissements du réseau de la santé et des services sociaux et par le gouvernement. Le personnel-cadre devra aussi contribuer au maintien des services essentiels.

Début avril, toutes les organisations membres du Front commun (CSN, CSQ, FTQ et APTS) ont déposé, en même temps, leurs listes de services essentiels auprès de tous les employeurs. Une première ! « On peut dire que c’est la première fois qu’on va pouvoir faire la grève pour vrai en santé et services sociaux, si cela devient nécessaire, explique le 1er vice-président de la CSN, François Enault. Les cadres, il va falloir qu’ils travaillent au lieu de nous regarder aller. Ils vont subir eux aussi les inconvénients de la grève. Nous pourrons déployer un véritable rapport de force et mettre plus de pression que jamais sur les administrations. »

Le privé en santé : ce n’est pas la panacée

La crise de la COVID-19 a montré clairement à la population du Québec que le système de santé et de services sociaux est mal en point. Plusieurs y voient l’échec du réseau public et se disent maintenant prêts à faire encore plus de place au secteur privé à but lucratif.

Pourtant, les problèmes du système, le personnel les vit depuis des décennies. Et quand on remonte à la source de plusieurs de ces problèmes, on trouve… le secteur privé à but lucratif ! Car il faut être bien clair, notre système de santé n’a jamais été vraiment public. De Jean Rochon à Christian Dubé en passant par Philippe Couillard et Gaétan Barrette, chacun leur tour avec leur réforme, ils ont choisi de faire toujours plus de place au privé dans un système de moins en moins public.

Avant même de prendre le nom de CSN, en 1960, la CTCC revendiquait l’instauration d’un régime public de soins de santé et de services sociaux. Cette revendication visait d’abord à assurer à toute la population l’ensemble des soins requis sans égard à ses moyens financiers et sans devoir contracter de lourdes dettes. Cet objectif demeure au cœur de l’engagement de la CSN, raison pour laquelle elle fait encore aujourd’hui de la défense du service public l’une de ses priorités.

Si le privé fonctionnait, on le saurait !
Ce ne sont pas les exemples d’inefficacité du secteur privé à but lucratif en santé et services sociaux qui manquent. En voici quelques-uns.

Pénuries de main-d’œuvre :  Les établissements privés à but lucratif font partie du problème de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans les établissements publics. Où ces entreprises privées trouvent-elles leurs salarié-es, si ce n’est dans les établissements publics ?

Les agences de placement privées pullulent. Elles offrent souvent à leur personnel de meilleurs salaires que le secteur public. Ces travailleuses et travailleurs du secteur privé ont aussi un meilleur contrôle sur leur horaire de travail, ce qui a pour conséquence que seuls les salarié-es du public subissent les heures supplémentaires obligatoires. Aussi, certains établissements sont devenus carrément dépendants de ces entreprises qui engrangent les profits. En 2022, près d’un milliard de dollars de fonds publics ont été versés aux agences…

Des coûts plus élevés : Le gouvernement se veut rassurant en affirmant que l’assurance-maladie continuera de payer même quand les services seront donnés dans les futurs hôpitaux privés. Il s’agit toutefois de fonds publics, donc de l’argent des contribuables. Or, en santé et services sociaux, le privé coûte plus cher. C’est comme ça partout dans le monde. Plus les États font place au privé, plus la facture globale en santé est élevée quand on additionne les dépenses privées et publiques. Encore tout récemment, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) démontrait que les chirurgies coûtent plus cher au privé qu’au public. La multiplication de frais accessoires réclamés par les cliniques privées, l’explosion des coûts des régimes d’assurances complémentaires ou encore les frais exorbitants exigés par des centres d’hébergement privés qui exploitent leurs travailleuses et leurs travailleurs donnent un bon indicateur du coût réel des services dans le secteur privé à but lucratif.

Où sont les résultats ? Celles et ceux qui font la promotion de la marchandisation en santé nous serinent également que le privé est plus performant, plus innovant. Cela reste à démontrer… Prenons le cas des groupes de médecine familiale (GMF), gérés par le privé. Ceux-ci ont été mis sur pied il y a déjà plus de 20 ans, rappelons-le, comme une solution aux problèmes d’accès à la première ligne pour la population. Ce faisant, les gouvernements ont miné considérablement le rôle des CLSC publics qui, dès leur création, devaient et devraient encore être LA porte d’entrée du système pour toute la population. Par conséquent, ce sont non seulement les services médicaux qui sont moins accessibles aujourd’hui en CLSC, mais également les services psychosociaux : on constate en effet une baisse de plus de 50 % du nombre d’heures de consultation en psychothérapie offertes dans les CLSC publics depuis la création des GMF.

La privatisation, c’est aussi dans les services de l’ombre. Est-il normal qu’un établissement public de santé fonctionnant 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, ne puisse compter entièrement sur son propre personnel pour entretenir et réparer les installations et les bâtiments ? Une enquête menée au CHUM il y a quelques années montrait clairement qu’il coûtait quatre fois plus cher à l’établissement d’avoir recours à des sous-traitants plutôt qu’à ses propres ouvriers. Il faut savoir que les ouvriers du secteur public, comme presque tous les autres salarié-es de l’État, gagnent un meilleur salaire dans le secteur privé, pour le même travail.

Pour la CSN, l’enjeu de l’accès aux soins de santé et aux services sociaux pour toute la population devra être ardemment défendu au cours des prochains mois. La confédération propose plusieurs solutions réalistes pour améliorer le réseau public. Pour les consulter, c’est par ici !

Un congrès rassembleur

Le 67e Congrès de la CSN a marqué les retrouvailles des membres de la confédération six ans après le dernier à s’être tenu en personne, en 2017. L’enthousiasme était proportionnel à l’attente ; les gens ont été revigorés par le contact humain et par la présentation visuelle impressionnante sur un immense écran qui prenait toute la largeur de la salle.

« L’atmosphère était intense, c’était agréa­ble. C’est ce que je voulais, un congrès le fun, ce qui ne l’a pas empêché d’être en tous points démocratique, avec plusieurs débats et même une élection ! », commente Caroline Senneville, présidente de la CSN réélue après un vote contre un candidat imprévu, Cheikh Fall, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Bridor–CSN. Ce dernier s’est rallié devant le congrès et les délégué-es ont chaudement applaudi la réélection de Caroline Senneville.

Bons débats
« Je sens une grande adhésion aux deux sujets principaux abordés par le congrès : la transformation et la protection des emplois ainsi que le rapport de force », se réjouit Caroline Senneville. Les ateliers sur les propositions ont permis aux congressistes de mener des réflexions intéressantes qui ont ensuite été rapportées en plénière. L’analyse du rapport de force est selon eux primordiale. La prise en compte d’éléments conjoncturels – pénurie de main-d’œuvre, télétravail, nouveaux membres, etc. – permet de s’ajuster en conséquence. Le rapport de force doit être travaillé en continu et non seulement en période de négociation. La construction d’alliances, l’information et la vie syndicale sont aussi des éléments majeurs pour le maximiser.

Comité exécutif de la CSN réélu pour 2023-2026 : Katia Lelièvre, 3e vice-présidente ; David Bergeron-Cyr, 2e vice-président ; François Enault,
1er vice-président ; Yvan Duceppe, trésorier ; Nathalie Arguin, secrétaire générale ; Caroline Senneville, présidente.

En ce qui concerne les conséquences de la transformation des emplois entraînée par les changements climatiques et démographiques, par les progrès technologiques, par la robotisation et l’intelligence artificielle et par la délocalisation des emplois, les congressistes ont insisté sur « l’importance d’écouter les gens qui sont au cœur de la machine » afin de s’assurer d’une transition durable et juste qui ne laisse personne derrière. Ils ont aussi réclamé plus de moyens pour pouvoir accompagner les travailleuses et les travailleurs dans ces transformations. La présidente note par ailleurs la solidarité des congressistes de différents secteurs qui ont atteint un consensus en environnement, faisant ainsi preuve de beaucoup d’ouverture et d’écoute.

Une grande solidarité s’est également exprimée durant ce congrès lors de la rétrospective des luttes et de l’accueil des nouveaux syndicats. Le dernier passage à un congrès de la CSN du président du Syndicat de l’usine d’Olymel de Vallée-Jonction, Martin Maurice, fut pour sa part très émotif en raison de la fermeture imminente de l’usine de 1 100 employé-es.

Enfin, pour faire connaître l’apport des syndicats dans la société québécoise, le congrès propose de mieux partager les bons coups, de travailler à contrer la désinformation et de s’affirmer davantage sur la place publique.

Et fait particulièrement intéressant à noter, il a été décidé de tenir des états généraux du syndicalisme après qu’une volonté claire en ce sens a été exprimée.

Santé financière solide
Bonne nouvelle sur le plan du budget : la santé financière de la CSN se porte bien. On note un excédent du budget de fonctionnement pour le mandat précédent qui a entre autres choses permis à la CSN d’investir dans de nouvelles ressources, comme dans un programme temporaire de mentorat pour assurer la transmission adéquate des connaissances et du savoir-faire à la nouvelle cohorte de conseillères et de conseillers syndicaux.

Quelque 2 000 participantes et participants ont pris part au congrès, un nombre que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. « J’espère qu’il y aura encore plus de monde au prochain ! », conclut la présidente.

La CSN va au théâtre

La réforme majeure du statut des artistes québécois, dont la CSN et la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) ont été des instigatrices, fête bientôt sa première année. Grâce à cette réforme, l’Association québécoise des auteurs dramatiques (AQAD) prépare un projet d’entente collective avant d’entamer cet été des négociations.

Affiliée à la CSN et à la FNCC–CSN depuis juin 2022, l’AQAD défend les droits des autrices et des auteurs dramatiques du Québec. Sa directrice générale, Marie-Ève Gagnon, décrit le contexte injuste qui touchait ces auteurs avant la réforme. « Leur pratique était comme séparée en deux, avec une loi quand ils écrivaient des textes et une autre qui ne permettait pas la négociation collective au moment des représentations. »

Pressions systémiques et pénurie culturelle
De cette contrainte découlaient les abus, les pressions, le chantage. Faire respecter son œuvre, c’était prendre le risque de ne plus travailler. Mais les temps changent. Ce système injuste trouve son troisième acte à la fois dans le contexte du mouvement citoyen MeToo de prise de conscience et de parole contre les abus systémiques dans l’art, puis des années COVID de pénurie culturelle. Jugées non essentielles, les activités culturelles de la scène québécoise s’étaient alors arrêtées brutalement, privant les artistes de leur gagne-pain.

Mi 2020, la CSN et la FNCC–CSN s’unissent avec neuf organisations, dont l’AQAD. « La CSN a permis, avec la FNCC, ce rassemblement historique pour un but commun : la révision des lois sur le statut de l’artiste. Elle a agi comme leader en apportant une structure et une organisation d’associations », ajoute Marie-Ève Gagnon. La campagne, approuvée par l’opinion publique à 75 % est à la fois simple dans son objectif – avoir les mêmes droits – et ambitieuse, car elle vise à réparer des décennies d’anomalies.

Une victoire historique
En juin 2022, le gouvernement fusionne les deux régimes. « La loi a été bonifiée pour ajouter des protections et la possibilité de conclure des ententes collectives au lieu d’obliger les autrices et les auteurs à négocier de gré à gré lorsque les œuvres sont jouées », résume Marie-Ève qui souligne l’écoute et l’effort réel de compréhension des enjeux de la part de la ministre de la Culture, Nathalie Roy. Dans ce nouveau contexte, l’AQAD, soutenue par la CSN, aura pour objectif de négociation de consolider les conditions de travail des autrices et des auteurs dramatiques au nom de l’exception culturelle québécoise et de sa vitalité intellectuelle.

Agir pour la reconnaissance et l’inclusion

Créé par une résolution du congrès en 2011, le groupe de travail sur les réalités autochtones de la CSN a œuvré, en collaboration avec plusieurs organisations autochtones partenaires, afin de lancer un ambitieux plan d’action visant à outiller et à mobiliser toutes les composantes du mouvement pour agir contre la discrimination envers les Autochtones et pour le respect de leurs droits.

Adopté par le conseil fédéral en février dernier, ce plan d’action promeut notamment la sensibilisation des membres de la CSN à la réalité des Autochtones ainsi que leur inclusion dans les syndicats et les instances du mouvement.

our télécharger la brochure – aussi disponible en version papier sur commande – ou pour en apprendre plus sur la longue histoire d’appui aux peuples autochtones par la CSN, rendez-vous au https://www.csn.qc.ca/autochtones.

Boutique de la CSN : Affichez vos couleurs

Lancée au début de la pandémie, la boutique en ligne de la CSN connaît un franc succès depuis sa création. On y trouve une variété de produits aux couleurs de notre centrale, tous vendus au prix coûtant.

La boutique reprend le matériel promotionnel de la CSN déjà existant et élargit l’offre. Aux traditionnelles tuques s’ajoutent casquettes, chandails, bouteilles d’eau, sacs, carnets de notes, épinglettes et écussons. En 2021, une collection du centenaire se greffe à la boutique pour offrir, entre autres choses, des verres de bière rendant hommage aux manifestantes et aux manifestants qui ont marqué notre mouvement depuis la naissance de la CSN il y a un siècle.

L’ensemble des produits respecte le programme d’approvisionnement responsable de la CSN.

L’indécence des ultrariches

C’est à un véritable parcours à travers l’opulence outrancière des ultrariches de ce monde que nous convie Dahlia Namian dans La société de provocation parue en avril. Bien documentée, l’essayiste se promène comme dans un musée des horreurs entre les excès des uns et la démesure des autres pour nous inviter à voir cette faune indûment privilégiée sous son vrai jour. Pour camper son propos, elle évoque Elon Musk qui, en février 2018, plaçait une voiture Tesla à bord de la fusée de Falcon Heavy afin qu’elle se promène dans le vide intersidéral. Celui dont la fortune est évaluée à 200 milliards n’a pu résister à l’envie de réaliser cette petite excentricité…

Dès lors, la table est mise et les aberrations s’enchaînent. Expositions universelles pour les mieux nantis qui rasèrent des quartiers ouvriers complets dans le monde ; banquets somptueux dignes de Néron le décadent tenus pour célébrer la royauté au Canada ; industrie florissante des super­yachts, dont le nombre grandissant est lié à la concentration des richesses dans le monde… pour l’anecdote, la flotte de ces palais sur mer consomme environ 2 000 litres de carburant par heure…

Et au moment où ces mastodontes flottants s’approprient les mers, des milliers de réfugié-es meurent chaque année en quête d’une vie meilleure sur des rafiots dangereux. Alors que l’Arabie Saoudite annonce la création de la cité futuriste Neom qui comprendra une lune artificielle, des taxis volants, des jardins suspendus et des plages phosphorescentes qui brilleront la nuit, près de 20 000 membres de la tribu Howeita devront quitter leur terre ancestrale sur laquelle la métropole sera érigée. Pendant que le dirigeant de Loblaw s’enrichit de 2 milliards grâce à la COVID-19, ses employé-es « crèvent la dalle ».

Dans cet essai percutant, Namian démontre aussi que l’opium du peuple, comme le désignait Marx, s’ajuste aux sociétés. Pour réconforter le commun des mortels et inciter à banaliser ces excès, les dîners en blanc, les exils québécois en Floride, les virées dans les quartiers Dix30 et Royalmount de ce monde, ces hauts lieux de consommation conçus pour satisfaire tous les besoins en un seul endroit, ont la cote. Dans cette société de provocation, on s’exerce à détourner le regard des abus des ultrariches, à leur seul bénéfice. Tout le doigté de l’essayiste réside dans cette démonstration fine et sans équivoque.

Les syndicats de la santé dénoncent un projet centralisateur et favorable au secteur privé

En cette veille de clôture des travaux parlementaires, l’ensemble des organisations syndicales du milieu de la santé et des services sociaux rappelle au gouvernement du Québec que le projet de loi no 15, tel que formulé à l’heure actuelle, ne constitue pas la réforme souhaitée pour le Québec.

Lors d’une activité de mobilisation tenue à l’Assemblée nationale ce matin, les porte-parole des organisations, accompagnés de militantes et de militants, ont déployé une banderole et distribué des tracts aux députés et au personnel politique.

« Par cet événement, nous transmettons ce message au gouvernement du Québec : l’été ne nous fera pas oublier le projet de loi no 15, qui est excessivement centralisateur et beaucoup trop favorable au secteur privé. Ce projet de loi est voué à l’échec si on n’améliore pas substantiellement les conditions de travail sur le terrain. Si le ministre de la Santé veut travailler cet été à améliorer avec nous son projet de loi, nous sommes disponibles. L’ensemble du personnel, quelle que soit sa catégorie d’emploi, mérite que l’on s’attarde à réduire la pression et la pénurie de personnel. C’est une simple question de respect », indiquent les porte-parole de l’APTS, la CSN, la CSQ, la FSQ-CSQ, la FIQ, la FP-CSN, la FSSS-CSN, la FTQ, le SCFP, le SPGQ et le SQEES.

Des principes à rappeler

Les organisations syndicales réitèrent l’affirmation contenue dans leur déclaration de principes, à savoir que toute refondation du réseau doit reposer sur une réaffirmation forte de son caractère public. En outre, elles jugent nécessaire de répondre aux véritables défis de décentralisation, de démocratisation et d’accessibilité aux services publics du système de santé québécois.

Elles réaffirment également la nécessité de garantir l’accessibilité de l’offre de soins et de services dans le réseau public à l’ensemble de la population du Québec. « Le secteur privé accapare le financement et les ressources humaines qui devraient être consacrés au réseau public. La marchandisation de la santé et l’allocation de ressources pour financer et enrichir le secteur privé n’ont pas leur place dans ce projet de loi. De plus, nous observons une accélération inquiétante de la perte de pouvoir démocratique de la population et du personnel dans le réseau depuis 20 ans. La décentralisation et la démocratisation du réseau par la concertation avec les acteurs des milieux s’avèrent incontournables pour prioriser et adapter les soins et les services aux besoins et aux réalités spécifiques. Nous pourrons alors agir en prévention sur les déterminants sociaux qui sont actuellement écartés du projet de loi no 15 », concluent les porte-parole.

 

 

 

Centres d’hébergement privés : la région de Québec complète ses négociations

Le 31 mai, les travailleuses et les travailleurs de la Résidence Ste-Geneviève dans la région de Québec ont adopté à 73 % une entente de principe.

L’accord respecte la plateforme de revendications du secteur des centres d’hébergement privés, dont l’atteinte du salaire minimum de 18 $ l’heure.

Cette nouvelle entente met aussi fin à la ronde de négociation coordonnée pour le Syndicat des travailleuses et travailleurs des centres d’hébergement privés de la région de Québec–CSN. À l’échelle de la province, cette nouvelle entente constitue la 27e de la négociation coordonnée.

Au cours des deux dernières semaines du mois de mai, le secteur des CHP a conclu quatre ententes.

La CSN réclame l’abandon du projet de loi 23

La CSN, qui sera en commission parlementaire tard ce soir, afin d’expliquer pourquoi le projet de loi 23 du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, rate la cible en ce qui concerne les enjeux actuels en éducation, comme les retards scolaires postpandémiques, le personnel insuffisant et à bout de souffle, la limitation nécessaire de l’enseignement à distance ainsi que l’accroissement de la détresse psychologique et de la violence.

« Le ministre ne fixe pas ses priorités à la bonne place si l’éducation est censée être une priorité nationale. La centralisation contenue dans le projet de loi ne règle aucun des problèmes de l’heure », insiste Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Malgré cela, la CSN pense qu’un projet de loi ou un projet de règlement portant uniquement sur la collecte de données et l’accès à l’information concernant le réseau de l’éducation serait pertinent, si on s’assure d’une diffusion de l’information auprès des partenaires.

La nécessité de préserver l’intégralité du Conseil supérieur de l’éducation

La fin annoncée du mandat du Conseil supérieur de l’éducation pour les niveaux primaire et secondaire est dénoncée par la CSN et s’avérerait une perte colossale pour le milieu de l’éducation, de la maternelle à l’université. « Le Conseil supérieur de l’éducation a été fondé en 1964, en même temps que le ministère de l’Éducation. Il a fait ses preuves, son expertise est reconnue et son indépendance est un élément indispensable », affirme Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

Le nouvel institut national d’excellence en éducation ne répondrait pas à un réel besoin alors qu’il existe déjà des organismes de recherche et d’innovation en éducation. Segmenter l’analyse ne ferait qu’encourager une vision en silo, nocive pour l’enseignement de façon générale. Les réseaux ont besoin de cohésion, pas de division.

Centralisation des pouvoirs à Québec et entrave à l’autonomie

La possibilité d’intervenir sur les services aux élèves en fonction de l’information qui sera recueillie est ce qui fait le plus sourciller la CSN. « Il ne faut pas qu’on se fasse dire comment ça va se passer dans nos classes et que des services soient décidés en fonction du tableau de bord à Québec sans tenir compte des réalités régionales et du type de clientèle. Les personnes qui sont proches des élèves sont celles qui savent le mieux comment intervenir auprès des jeunes. » insiste Frédéric Brun, vice-président de la FEESP–CSN.

La CSN s’inquiète aussi de la possibilité prévue au projet de loi, que le ministre de l’Éducation puisse choisir les directions générales, annuler des décisions prises par les centres de services scolaires et de leur imposer des ententes de gestion et d’imputabilité. « Les risques de microgestion de la part du ministre, notamment lors des sorties médiatiques, sont énormes », ajoute Caroline Senneville.

Enfin, la possibilité de limiter par règlement les choix de formation par les employé-es eux-mêmes est, selon la CSN, une entrave à l’autonomie professionnelle.