« Sans nous, les services publics sont HORS SERVICE »

C’est habitée par un réel sentiment d’urgence que la CSN lance aujourd’hui la campagne HORS SERVICE. « Après plusieurs séances de négociation, tant à la table centrale qu’aux tables sectorielles, il est maintenant on ne peut plus clair que le gouvernement de François Legault ne saisit pas l’ampleur de la crise qui sévit dans nos réseaux », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Après avoir tenté par tous les moyens, et ce, depuis l’élection de la CAQ, de faire prendre conscience au gouvernement Legault que rien ne va plus dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux ainsi que dans les organismes gouvernementaux, la CSN choisit maintenant de s’adresser directement aux Québécoises et aux Québécois qui sont plus d’un million et demi à utiliser, chaque jour, les services publics. « Notre message est simple : sans de meilleures conditions de travail, il n’y aura plus de travailleuses et de travailleurs. Et sans les travailleuses et les travailleurs, il n’y a pas de services publics. Nous ne sommes pas alarmistes, nous sommes réalistes », ajoute Mme Senneville. « Il manque de ressources, les charges de travail sont insoutenables, les cas d’épuisement professionnel se multiplient, alors il manque encore plus de ressources… Il faut à tout prix briser ce cercle vicieux. »

De plus, c’est avec une grande inquiétude que la CSN constate que le Conseil du trésor n’envoie pas de signaux positifs aux tables de négociation, comme en témoigne son refus d’hier à maintenir en place jusqu’à la conclusion de nouvelles ententes des primes d’attraction et de rétention ainsi que certains budgets de formation et d’encadrement. « Le gouvernement opte pour des économies de bouts de chandelle sur le dos des travailleuses et travailleurs au lieu de saisir la chance de valoriser le personnel. La CSN ne baissera pas les bras et les discussions se poursuivent afin de les maintenir au-delà du 30 mars. »

Puisque le gouvernement ne reconnait pas la nécessité de donner un sérieux coup de barre dès maintenant pour améliorer les conditions de travail et de pratique et les salaires dans les réseaux, les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN considèrent qu’il est aujourd’hui de leur devoir d’informer la population de l’état de la situation sur le terrain. « Les bris de services sont à nos portes. De nombreux secteurs et départements sont constamment en sous-effectifs, ce qui nuit grandement à l’accessibilité et à la qualité des services. »

La CSN rappelle que, depuis plus de deux mois, elle se présente aux tables de négociation avec des solutions concrètes qui répondent aux besoins des travailleuses et des travailleurs des réseaux; des solutions qui permettraient au secteur public de redevenir attractif et ainsi de réduire les problèmes de pénurie de main-d’œuvre qui aggravent actuellement la situation dans les établissements. « Pendant que nous mettons des propositions solides sur la table, le gouvernement, de son côté, ne semble pas vouloir travailler à améliorer les conditions de travail du personnel. De plus, il nous confirme à travers le budget qu’il souhaite appauvrir les travailleuses et les travailleurs du secteur public en offrant des hausses de salaire sous l’inflation. N’est-il pas indécent que le président du Conseil du trésor, millionnaire de surcroît, propose d’appauvrir celles et ceux qui se consacrent au quotidien à offrir des services à la population? »

Avec comme objectif de parler à l’ensemble de la population, la campagne HORS SERVICE se déploiera dans toutes les régions du Québec. Des actions sont prévues dès aujourd’hui dans plusieurs villes.

« Si rien n’est fait pour améliorer les conditions de travail du personnel des réseaux, il n’y aura plus de services publics. N’attendons pas que ça arrive! », conclut Caroline Senneville.

Réforme du mode de scrutin : des modifications s’imposent

Appuyant l’objectif général d’une réforme du mode de scrutin, la CSN estime néanmoins que des modifications doivent être apportées au projet de loi déposé par la ministre Sonia LeBel afin de mieux représenter la volonté populaire. C’est ce qu’a défendu la centrale syndicale, aujourd’hui, lors de la commission parlementaire portant sur le projet de loi 39.

Le président de la CSN, Jacques Létourneau, a d’abord souligné que les parlementaires détenaient toute la légitimité pour adopter une réforme du mode de scrutin sans avoir à passer par voie référendaire. « Une forte majorité de députés provient de partis politiques qui se sont clairement engagés à réformer le mode de scrutin avant les élections de 2022, a-t-il rappelé. C’est un enjeu beaucoup trop important pour être abandonné aux considérations partisanes d’une campagne électorale. Il est quelque peu surréaliste de constater que le gouvernement de la CAQ dépose aujourd’hui un projet de loi qui l’empêcherait lui-même de militer en sa faveur lors d’un éventuel référendum. Mais si le gouvernement tient mordicus à soumettre la question dans le cadre d’un référendum, celui-ci doit se tenir avant les élections de 2022. »

La centrale syndicale a émis de sérieuses réserves quant à la formule de compensation privilégiée par le gouvernement, qui ne prend en considération que la moitié des circonscriptions gagnées dans une région. « L’objectif d’un mode de scrutin proportionnel est de trouver un juste équilibre entre le nombre de voix exprimées et le nombre de sièges accordés aux différents partis. Ce n’est certainement pas de récompenser en double le parti qui a remporté un siège de circonscription avec une minorité du suffrage ! En ce sens, la “prime au vainqueur” que comporte le projet de loi n’a aucune raison d’être », a indiqué le président de la CSN.

La CSN s’inquiète également du trop grand nombre de régions prévu par le projet de loi 39. « Nous appuyons l’objectif du gouvernement de conserver un volet de représentation régional au sein du mécanisme de compensation proportionnelle, a souligné Jacques Létourneau. Toutefois, le nombre élevé de régions, 17, fait en sorte que les régions moins populeuses se voient désavantagées et dilue considérablement le mode compensatoire. »

Par ailleurs, la centrale syndicale souhaite que le projet de loi oblige les partis politiques de présenter entre 45 % et 55 % de candidatures féminines pour les sièges de circonscription ainsi qu’une alternance femmes-hommes sur les listes des partis, dont la moitié débuterait par une femme. La CSN demande également que soit abaissé à 5 % le seuil national pour qu’un parti puisse bénéficier des mécanismes de compensation, plutôt que 10 %.

Enfin, le président de la CSN a rappelé aux membres de la commission parlementaire que le Québec ne peut se permettre de reporter aux calendes grecques une réforme tant attendue par la population. « Le parti au pouvoir tient à cette réforme. Trois des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale sont clairement en faveur de son adoption. Toutes les conditions sont réunies pour que le Québec se dote d’un mode de scrutin moderne, juste et foncièrement démocratique », a-t-il mentionné.

Les outils du 8 mars 2020 sont maintenant en ligne

C’est sur le thème « Féministes de toutes nos forces » que se déroulera cette année la Journée internationale des droits des femmes. Le 8 mars sera aussi l’occasion de célébrer le 20e anniversaire de la Marche mondiale des femmes, qui se tient tous les cinq ans depuis ses débuts en l’an 2000. Nous serons ainsi appelées à nous mobiliser et à prendre part aux activités de cet événement d’une importance majeure pour les femmes de partout à travers le monde.

Dans la foulée de la marche Du pain et des roses tenue en 1995, le mouvement des femmes au Québec a amorcé une grande aventure : réaliser la première édition de la Marche mondiale des femmes (MMF), qui a débuté le 8 mars 2000 pour culminer le 17 octobre de la même année. La MMF, c’est un mouvement international d’actions féministes rassemblant des groupes et des organisations de partout sur la planète qui vise l’élimination des causes de la pauvreté et des violences envers les femmes à travers le monde. La CSN n’a jamais manqué de s’y impliquer activement et cette 5e édition ne fait pas exception !

C’est donc dans le contexte de la Marche mondiale des femmes que les outils de la Journée internationale des droits des femmes ont été conçus. La thématique et le visuel du 8 mars incarnent l’importance de l’action et de la solidarité pour atteindre la reconnaissance pleine et entière et le respect total des droits des femmes. 

Bien que l’égalité de droit se soit renforcée durant les années 2000 au Québec, des progrès restent à faire pour améliorer la vie des femmes. La violence fait partie de leur quotidien et travailler à contrer ces violences, c’est s’engager dans une lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes et contre les inégalités socioéconomiques.

Au chapitre de l’autonomie économique, les femmes sont encore plus nombreuses que les hommes à travailler au salaire minimum. De plus, les mesures d’austérité mises en place dans le secteur public, composé d’une main-d’œuvre majoritairement féminine, ont mis à mal les conditions de travail de celles qui y œuvrent.

Tous les outils disponibles
Les outils du 8 mars 2020 développés autour du thème « Féministes de toutes nos forces » sont maintenant en ligne. Vous pouvez télécharger les visuels de l’affiche, de l’autocollant, de l’épinglette ainsi que ceux pour les réseaux sociaux. Dès le début du mois de février, la CSN procédera à l’envoi aux syndicats des affiches, des autocollants et de l’outil 8 mars CSN. Ce dernier, spécifique à la CSN, est un porte-crayon fait de carton rigide qui se décline en français et en anglais. Il peut aussi être utilisé comme range-tout, bonbonnière, cache-pot, etc. L’outil se veut une occasion pour les syndicats de sensibiliser leurs membres aux réalités et aux besoins des femmes et des travailleuses.

Restez à l’affût !

Image : Le Collectif 8 mars. Molotov communications. Illustration : Guadalupe Pérez Pita

La CSN, la CSQ et la FTQ contestent les modifications à la Loi sur l’équité salariale

La CSN, la CSQ et la FTQ ont déposé à la Cour supérieure aujourd’hui un recours pour que les femmes reçoivent enfin une rémunération juste. La discrimination salariale qu’elles continuent de subir doit cesser. Ce recours conteste trois modifications législatives apportées par le gouvernement du Québec à la Loi sur l’équité salariale.

Rappelons qu’en mai 2018, à la suite d’une longue bataille menée entre autres par les trois centrales syndicales, la Cour suprême avait invalidé certains articles de la Loi sur l’équité salariale et forcé le gouvernement du Québec à la modifier. Le plus haut tribunal du pays avait statué que les correctifs salariaux doivent être rétroactifs au moment où une discrimination est apparue plutôt qu’au moment où le maintien de l’équité est effectué, un exercice obligatoire tous les cinq ans.

En niant ce correctif pour les plaintes déjà déposées au moment du dépôt du projet de la loi, les centrales syndicales estiment que le gouvernement perpétue la discrimination envers les salariées qui se sont battues pour se rendre jusqu’en Cour suprême en les privant d’ajustements salariaux. Lors des audiences en commission parlementaire, les centrales avaient d’ailleurs indiqué au ministre qu’elles ne tolèreraient pas une telle discrimination.

Les centrales sont également d’avis qu’en choisissant de privilégier une correction par le biais d’un montant forfaitaire plutôt que par l’ajustement des structures salariales lors de l’exercice de maintien, Québec perpétue l’inégalité et la discrimination envers les femmes.

Pour les centrales syndicales, la possibilité octroyée à une organisation détenant la majorité dans une catégorie d’emploi d’imposer, lors de la conciliation des plaintes, son règlement à d’autres plaignantes brime leurs droits d’association et à la liberté d’expression et prive les organisations minoritaires de tout recours devant un tribunal impartial.

L’ensemble de ces dispositions a pour effet de priver les femmes victimes de discrimination d’une réparation efficace et perpétue la discrimination systémique envers les travailleuses, allant à l’encontre même de l’objet de la loi, estiment la CSN, la CSQ et la FTQ.

Déclarations

« L’exercice de maintien de l’équité salariale du secteur public réalisé en 2010 a été l’objet de milliers de plaintes le contestant, tout comme l’exercice de 2015, rappelle Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN. Les modifications législatives adoptées par le gouvernement priveraient des milliers de femmes d’ajustements salariaux rétroactifs auxquels elles ont droit. »

« Pour la FTQ, le gouvernement doit comprendre que la discrimination à l’endroit des travailleuses ne peut plus durer et doit respecter l’esprit et la lettre du jugement de la Cour suprême qui a invalidé en 2018 plusieurs articles de la Loi sur l’équité salariale. C’est assez de traiter son personnel comme des travailleuses de seconde classe », ajoute le président de la FTQ Daniel Boyer.

« Par les modifications législatives d’avril dernier, les femmes sont encore victimes d’un traitement différent. Pour la CSQ, le droit fondamental à l’équité salariale doit être respecté dans son intégralité. L’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas négociable », explique Sonia Ethier, présidente de la CSQ.

La FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD déposent leurs demandes prébudgétaires au ministre des Finances

Dans le cadre des consultations prébudgétaires du ministre des Finances, la FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD ont déposé aujourd’hui un mémoire contenant l’ensemble de leurs préoccupations.

Les centrales syndicales font état de plusieurs demandes communes au gouvernement du Québec au regard de la situation économique favorable dans laquelle se déroule l’exercice budgétaire. Dans le document remis aujourd’hui au ministre Éric Girard, les organisations de travailleuses et de travailleurs insistent sur la nécessité, après des années d’austérité imposées par le gouvernement du Québec, de réinvestir dans les services à la population et de revoir les priorités en matière de finances publiques.

Contexte économique
Sur le plan économique, les centrales mettent en lumière la vigueur actuelle du marché de l’emploi qui offre une performance enviable à bien des égards. Les organisations syndicales considèrent que ce contexte est propice à la mise en place de programmes qui permettent et facilitent la réinsertion sur le marché de l’emploi, tout en insistant sur la formation et l’instauration de mesures pour mieux répondre aux impératifs de la numérisation de l’économie et, surtout, à la rareté de main-d’œuvre. Finalement, le contexte économique actuel étant marqué par la lutte contre les changements climatiques, la FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD réclament plusieurs gestes concrets pour reconnaître l’urgence de la crise climatique et amorcer une transition énergétique visant à réduire notre dépendance aux hydrocarbures, le tout accompagné d’une transition juste pour les travailleurs et travailleuses.

Orientations générales en matière de finances publiques
Du côté des finances publiques, dans l’objectif de favoriser les réinvestissements dans les services publics et les programmes sociaux, les organisations syndicales dénoncent que les surplus budgétaires engrangés ne soient pas suffisamment réinvestis dans les services publics et réclament une réduction des versements au Fonds des générations.

En matière de fiscalité, les centrales demandent la fin des baisses générales d’impôts et mentionnent qu’elles jugeront au mérite toute nouvelle mesure ciblée ou toute nouvelle dépense fiscale. Différentes propositions touchant les impôts des particuliers et des entreprises sont abordées, avec une insistance particulière concernant la taxation des géants numériques et la lutte contre les paradis fiscaux.

Services publics et programmes sociaux
La FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD dénoncent dans leur mémoire le faible niveau des dépenses publiques par habitant au Québec, en comparaison des autres provinces. Après les années d’austérité imposées aux citoyens, les syndicats réclament des augmentations de dépenses afin de répondre aux besoins des familles et des citoyens.

En santé et en services sociaux, le constat est alarmant. Les centrales pointent du doigt le manque criant de ressources et de personnel pour couvrir les besoins et réclament un rehaussement important des conditions de travail dans les établissements de santé et de services sociaux. Par ailleurs, l’instauration d’un régime public et universel d’assurance médicaments est privilégiée, et ce, dans le respect des champs de compétence du Québec.

En éducation, le mémoire syndical demande davantage de ressources du gouvernement en faveur de la réussite éducative et de la persévérance scolaire. Du côté de l’enseignement supérieur, les organisations insistent sur l’augmentation du financement général, particulièrement afin d’offrir de meilleurs services aux étudiantes et étudiants en situation de handicap ou à besoins particuliers ainsi que pour octroyer de meilleures conditions de travail en formation continue dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.

Un réinvestissement majeur est attendu dans les services de garde éducatifs à la petite enfance, et ce, dans l’objectif de renforcer le réseau public. Ceci passe notamment par une plus grande reconnaissance des intervenantes en petite enfance, de meilleures conditions de travail et, finalement, l’appui du personnel spécialisé dont elles ont besoin.

Responsabilité de l’État comme employeur
La situation économique favorable du Québec permet au gouvernement de donner le sérieux coup de barre nécessaire dans les conditions de travail du personnel du secteur public, estiment les centrales syndicales. Ce n’est pas avec les offres insultantes déposées par le Conseil du trésor dans le cadre des négociations que le gouvernement parviendra à attirer et retenir la main-d’œuvre nécessaire à nos services publics, surtout compte tenu du retard de rémunération globale de 6,2 % qu’accusent les salariés du secteur public par rapport aux autres travailleurs. Il est demandé que le gouvernement prévoie des augmentations de dépenses de programmes qui prennent en compte à la fois un rattrapage en matière de rémunération, des ajouts de services et de ressources dans les réseaux et la réalisation de ses engagements. Les syndicats clament que les besoins du personnel doivent être pris en compte dans les décisions budgétaires. L’État doit prendre ses responsabilités et s’assurer que les sommes seront disponibles afin d’attirer une relève suffisante dans les ministères et les réseaux et d’octroyer une juste rémunération et des conditions d’exercice soutenables au personnel qui offre, sur une base quotidienne, les services à la population.

Déclarations
« Le gouvernement doit prendre acte des défis que doivent relever quotidiennement la population du Québec et les travailleurs et travailleuses de l’État, et œuvrer pour nous donner une société plus juste, plus égalitaire, plus démocratique et plus verte. Les Québécois et Québécoises ont le droit d’aspirer à une vie meilleure. Nos demandes sont raisonnables et surtout réalisables » — Daniel Boyer, président de la FTQ.

« La situation économique très favorable du Québec permet au gouvernement de répondre aux besoins criants de nos services publics, tant du côté de l’offre de services à la population que de celui des conditions de travail des travailleuses et des travailleurs. Le contexte de négociation s’y prête, le ministre doit prendre compte de cette réalité dans son budget » — Jacques Létourneau, président de la CSN.

« Au regard des années d’austérité imposées par le gouvernement du Québec à l’endroit des services à la population, les demandes que nous déposons aujourd’hui sont légitimes. Nos idées audacieuses pour plus d’équité et de justice sociale à l’endroit des familles et des plus vulnérables ne manquent pas ! Il est plus que temps pour le gouvernement d’investir en éducation, en enseignement supérieur et en petite enfance. » — Sonia Ethier, présidente de la CSQ.

« Le Québec fait face à des défis importants : la pénurie de main-d’œuvre, la lutte contre les paradis fiscaux, le nécessaire rattrapage du financement dans les services publics et l’indispensable transition écologique, pour ne nommer que ceux-là. Nous joignons nos voix pour demander à Québec d’agir et d’opérer une réorientation majeure en matière de finances publiques. Nous n’avons plus le luxe de ne rien faire » — Luc Vachon, président de la CSD.

En rappel
Les centrales syndicales à l’origine du mémoire (FTQ, CSN, CSQ et CSD) représentent près de 1,2 million de membres issus des quatre coins du Québec.

Une année de congrès et de centenaire pour la CSN

C’est dans un monde du travail en pleines mutations que la CSN tiendra son 66e congrès, du 25 au 29 mai prochain. Ce rendez-vous triannuel marquera également le début de la commémoration du centenaire de la centrale syndicale, fondée en 1921.

« Nous constatons d’importantes transformations de nos milieux de travail », a indiqué d’emblée le président de la CSN, Jacques Létourneau, lors de la conférence de presse annuelle de la centrale syndicale. « L’évolution technologique, en particulier en matière d’informatisation et de robotisation, a un effet considérable sur les procédés de production. La crise climatique que nous traversons nous oblige également à réduire notre empreinte énergétique, tout en nous assurant que cette transition s’effectue de façon juste pour les travailleuses et les travailleurs. Enfin, ces transformations s’effectuent dans un contexte où les pénuries et la rareté de main-d’œuvre touchent l’ensemble de nos entreprises. Voilà pourquoi nous souhaitons profiter de notre 66e congrès pour réfléchir avec nos syndicats aux défis et aux perspectives offertes par ces importants changements, et ce, autant en matière de négociation que de mobilisation et de syndicalisation. »

Ce congrès marquera également le coup d’envoi des activités soulignant le centenaire de la CSN, qui s’échelonneront jusqu’en septembre 2021. « Peu d’organisations québécoises peuvent se targuer d’avoir traversé 100 ans d’histoire. Nous désirons profiter de cet anniversaire pour célébrer l’évolution du travail et des conditions dans lesquelles nous l’exerçons. Grâce aux luttes que nous avons menées, tant sur le plan du travail que sur le plan social, nous sommes loin des conditions dans lesquelles vivaient les allumetières de Hull, même si beaucoup d’améliorations sont encore nécessaires », a souligné Jacques Létourneau.

Négociations à venir
L’année 2020 sera bien sûr marquée par les négociations du secteur public. La CSN y représente 150 000 travailleuses et travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux. Alors que les organisations syndicales demandent un important rattrapage salarial et une amélioration des conditions de travail et de pratique, le gouvernement Legault déposait, il y a quelques semaines, des offres qui condamneraient les travailleuses et les travailleurs du secteur public à un appauvrissement supplémentaire. « Le premier ministre et son président du Conseil du trésor doivent comprendre que pour attirer et maintenir la main-d’œuvre dont nos services publics ont cruellement besoin, un sérieux coup de barre s’impose, a mentionné le président de la CSN. Espérons que les négociations qui s’amorcent seront l’occasion de régler les problèmes récurrents que nous rencontrons, et ce, dans un souci d’améliorer la qualité et l’accessibilité aux services publics auxquels la population québécoise est en droit de s’attendre. »

Plusieurs renouvellements de conventions collectives sont également à prévoir du côté parapublic, notamment dans les secteurs universitaire, préhospitalier, de la petite enfance et des agents correctionnels. Le secteur privé n’est pas en reste : d’importantes négociations coordonnées auront lieu dans les milieux de l’hôtellerie et de l’alimentation, entre autres. Au total, plus des deux tiers des membres de la CSN seront en négociation au cours de l’année 2020.

Dossiers en cours
Plusieurs dossiers d’importance qui chemineront à l’Assemblée nationale auront une attention toute particulière de la centrale syndicale. C’est le cas de la réforme des lois en matière de santé et de sécurité du travail. « Nos lois n’ont pas été revues depuis une quarantaine d’années, a déploré M. Létourneau. Alors que le Québec était chef de file à l’époque en matière de santé et sécurité, il traine aujourd’hui en queue de peloton. Nous avons été clairs avec le ministre du Travail, Jean Boulet : nous devons impérativement étendre les mécanismes de prévention à l’ensemble des milieux de travail et mettre à jour – pour la première fois depuis 1985! – la liste des maladies professionnelles reconnues, notamment en incluant les maladies d’ordre psychologique. » En plus de maintenir le programme de maternité sans danger continuellement remis en question par les employeurs, la CSN exigera des mesures pour déjudiciariser le régime d’indemnisation.

L’actualité des dernières semaines, avec la mise sous protection du Groupe Capitales Médias contre ses créanciers, a démontré le manque flagrant de protection des régimes de retraite lors de faillite. « Depuis l’automne, nous avons évalué plusieurs pistes pour tenter d’amoindrir les conséquences extrêmement malheureuses de cette situation sur les retraités du Groupe Capitales Médias ainsi que sur de nombreux travailleurs actifs, qui ont perdu près de 30 % de leur rente, a précisé Jacques Létourneau. Les transactions entre les administrations antérieures font évidemment partie des pistes que nous analysons. Mais, au risque de me répéter, jamais la CSN n’acceptera de prendre le blâme pour la terminaison des régimes de retraite du Groupe Capitales Médias. »

La CSN suivra de près la poursuite des travaux parlementaires entourant le projet de loi 40 portant sur les commissions scolaires. « Nous l’avons maintes fois répété : ce n’est pas d’un brassage de structures dont nous avons besoin, mais d’une réelle consultation sur la place qu’occupe l’école publique dans notre société et les ressources que nous devons y consacrer afin d’assurer la réussite scolaire de toutes et de tous. Dans le même ordre d’idées, nous attendons impatiemment des mesures concrètes pour augmenter le nombre de places en CPE et en milieu familial régi pour l’ensemble de nos tout-petits. »

Entre autres dossiers, la CSN s’intéressera de près au plan d’électrification et de lutte aux changements climatiques promis par le gouvernement Legault ainsi qu’aux travaux portant sur la réforme du mode de scrutin. La révision du programme de l’expérience québécoise, dont les débuts furent pour le moins cahoteux, sera également suivie de près.

Les offres de la CAQ : appauvrir et asphyxier les services publics

« Le gouvernement ne comprend pas la nécessité de donner un coup de barre dès maintenant. Dans les services publics, rien ne va plus. Il y a urgence d’agir. » Ce sont les premières paroles lancées par la CSN après avoir pris connaissance des propositions du gouvernement en vue du renouvellement des conventions collectives du secteur public.

La CSN, qui représente plus de 150 000 travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux, est insultée par les offres déposées ce matin par le Conseil du trésor. « Le gouvernement a raté l’occasion de reconnaître la valeur du travail accompli par le personnel des réseaux », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN et responsable de la négociation du secteur public.

Pour la CSN, il est clair que les offres salariales du gouvernement, qui sont de 1,75 % pour chacune des deux premières années, de 1,5 % pour la troisième année et de 1 % pour chacune des deux dernières années, sont nettement insuffisantes. « Les offres sur la table ne répondent absolument pas aux besoins. Pour bon nombre de travailleuses et de travailleurs des réseaux publics, le salaire actuel ne permet même pas de vivre décemment. Notre revendication d’une augmentation de 3 $ l’heure la première année vient répondre à ces besoins en ayant un plus grand impact pour celles et ceux qui gagnent le moins, tout en donnant un coup de barre pour toutes et tous. »

La CSN considère que le gouvernement caquiste, en tant que plus grand employeur du Québec, devrait montrer l’exemple plutôt que de poursuivre dans la même voie que ses prédécesseurs libéraux et d’appauvrir ses travailleuses et ses travailleurs. « Des hausses de salaire sous l’inflation, c’est inacceptable. Ne pas s’appauvrir en travaillant, s’assurer que la hausse des salaires couvre l’augmentation du coût de la vie, ça ne devrait même pas être un enjeu de négociation. C’est la base. Quant à la proposition du gouvernement de verser un montant de 1 000 $ non récurent, se limitant aux personnes étant au dernier échelon, c’est de la poudre aux yeux », ajoute Mme Senneville.

L’absence d’un engagement précis du gouvernement d’investir significativement pour apporter les changements qui s’imposent sur le terrain est aussi vivement dénoncée par la CSN. « Du côté des conditions de travail, nous sommes prêts depuis longtemps à mettre en œuvre des solutions pour améliorer la situation. Avec une augmentation de près de 25 % des absences pour maladie des travailleuses et des travailleurs du secteur public au cours des cinq dernières années, on se demande bien ce que ça prendra pour que le gouvernement réalise que la charge est devenue insoutenable et qu’il faut agir immédiatement. »

De plus, avec les coffres de l’État québécois qui débordent de surplus et une situation de rareté de main-d’œuvre qui entraîne déjà des pénuries dans divers emplois du secteur public, la CSN affirme que le gouvernement actuel a les moyens et le devoir de faire beaucoup mieux que ses prédécesseurs. « On dirait que M. Legault et ses ministres ne réalisent pas à quel point le manque de personnel affecte déjà les services. Il n’y a absolument rien dans ce qui a été déposé ce matin qui permet d’attirer et de retenir le personnel dans le secteur public. Ça devrait pourtant être la priorité du gouvernement », conclut Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Une contribution inestimable

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) souligne le 22 novembre la Journée nationale des chargées et chargés de cours universitaires en lançant la dix-neuvième édition d’une campagne de valorisation amorcée en 2010. Sous le thème J’enseigne à l’université et…, cette campagne souligne la grande diversité des profils des personnes chargées de cours et leur apport inestimable à la formation des étudiantes et des étudiants.

Qu’ils soient chargés de cours, tuteurs en formation à distance, superviseurs de stage, chargés d’enseignement, chargés de formation pratique, chargés de clinique, coach ou accompagnateur musical, leur contribution n’est pas étrangère à la qualité de l’enseignement universitaire. Ils assument plus de 50 % de l’enseignement au premier cycle et de plus en plus aux cycles supérieurs. Les multiples facettes de leur implication sociale sont cependant méconnues, ce à quoi veut remédier cette campagne.

L’expertise et la passion de ces enseignantes et ces enseignants contractuels contrastent avec la précarité de leur statut. « C’est plutôt révoltant de voir des femmes et des hommes aussi qualifiés et socialement impliqués, être aussi peu reconnus, s’indigne Richard Bousquet, vice-président et responsable du regroupement université de la Fédération. Qu’attend le ministre Jean-François Roberge pour financer la stabilisation de leur emploi ? » questionne-t-il.

Pour souligner cette journée, la FNEEQ-CSN lance deux nouvelles capsules vidéos qui illustrent la diversité de ce corps d’emploi. Cette année, Selvin Cortez, chargé de cours en arts et design à l’Université Concordia, et Garrfield Du Couturier-Nichol, chargé de cours en psychologie industrielle à l’Université McGill, ont généreusement accepté de se prêter à l’exercice.

La FNEEQ-CSN regroupe quelque 35 000 membres, notamment, les membres des syndicats dans une douzaine d’institutions universitaires, dont 10 syndicats de chargées et chargés de cours, le Syndicat des tutrices et des tuteurs de la Télé-Université, l’Association des étudiants salariés diplômés de l’Université McGill et les chargées et chargés d’enseignement de l’ÉTS. Elle est l’organisation syndicale la plus représentative de l’enseignement supérieur au Québec.

Les demandes de la CSN: des services publics plus humains pour toutes les Québécoises et tous les Québécois

Aujourd’hui, les fédérations du secteur public de la CSN, qui représentent 150 000 personnes travaillant dans les réseaux de la santé et des services sociaux et de l’éducation ainsi que dans les organismes gouvernementaux déposent leurs demandes communes auprès du Conseil du trésor. Après avoir passé une année à consulter les membres et à débattre des solutions à proposer au gouvernement afin d’améliorer la situation dans les services publics, la CSN se présente à la table de négociation avec des revendications qui répondent aux besoins des travailleuses et des travailleurs, de même qu’à ceux de la population québécoise.

La négociation 2020 s’inscrit dans une conjoncture unique de crise sans précédent dans les réseaux après des années de compressions massives et d’une importante rareté de main-d’œuvre. La CSN considère que le gouvernement, avec des surplus budgétaires historiques, a pleinement les moyens de changer la donne en investissant substantiellement dans les services à la population. « Les surplus ne sont pas pour la CAQ. Ils doivent servir à améliorer la vie de l’ensemble des Québécoises et des Québécois, dont font partie les 500 000 travailleuses et travailleurs des services publics qui ont subi de plein fouet, et subissent encore, les conséquences désastreuses des mesures d’austérité des dernières années », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN et responsable de la négociation du secteur public.

Pour le personnel des réseaux, membre de la CSN, la crise qui sévit dans les services publics et la problématique d’attraction et de rétention de la main-d’oeuvre font en sorte qu’un important coup de barre s’impose de façon urgente. « La pénurie est bien réelle et elle ne touche pas seulement deux ou trois titres d’emploi, comme le prétend M. Legault. On a de la difficulté à recruter du personnel dans les écoles, les cégeps, les centres de santé et de services sociaux, les centres administratifs, les organismes gouvernementaux. Il manque de monde dans tous les secteurs », ajoute Mme Senneville.

Le nécessaire coup de barre revendiqué par la CSN est de 3 $ l’heure dès la première année de la convention collective pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs des réseaux. Ce montant fixe représente une augmentation significative pour toutes et tous, tout en ayant un plus grand impact pour celles et ceux qui gagnent le moins dans le secteur public, soit parce qu’ils sont dans des emplois moins bien rémunérés, soit parce qu’ils sont en début de carrière et, donc, au bas de leur échelle salariale. Pour la deuxième et la troisième année de la convention collective, la CSN revendique une augmentation de 1 $ l’heure ou de 3 %, selon ce qui est le plus avantageux pour chaque salarié-e. La revendication salariale de la CSN inclut aussi une clause de protection contre l’inflation. « Plus jamais personne ne doit s’appauvrir en travaillant pour la population québécoise », poursuit Mme Senneville.

Pour la CSN, il est clair que l’attraction et la rétention du personnel des réseaux publics passent aussi par l’amélioration des conditions de travail et de pratique. « La surcharge est maintenant la norme pour le personnel des services publics. La situation est devenue insoutenable dans tous les secteurs. On le voit par l’explosion des coûts liés à l’assurance-salaire », déclare Mme Senneville. Pour remédier à cette situation de crise, la CSN a choisi d’inclure une revendication sur les conditions de travail dans son cahier de table centrale, et ce, même si ces enjeux se négocieront généralement aux tables sectorielles. « Nous tenons à indiquer au Conseil du trésor que des marges financières importantes doivent être dégagées pour améliorer les conditions de travail et de pratique, notamment pour permettre la création de postes. »

Des revendications à portée sociale
Dans son cahier de demandes déposé aujourd’hui, la CSN formule aussi des revendications sur d’autres matières négociées avec le Conseil du trésor. Certaines de ces revendications ont une portée au-delà du secteur public. Par exemple, parmi ses demandes concernant le régime de retraite (RREGOP), la CSN revendique que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui assume la gestion des fonds du RREGOP, procède rapidement au désinvestissement dans les énergies fossiles.

Un autre exemple d’une demande à portée sociale est celle sur les lanceurs d’alerte : la CSN revendique une clause garantissant aux travailleuses et aux travailleurs du secteur public la liberté de dénoncer une situation problématique qui surviendrait sur leur lieu de travail et qui nuirait au bien-être de la population. La loi du silence n’est pas une option, comme l’affirmait récemment Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

« Le projet de négociation de la CSN est solide. Il est à la hauteur des besoins du personnel des services publics et bénéficiera à l’ensemble de la population québécoise », conclut Caroline Senneville.

À propos
La Confédération des syndicats nationaux (CSN) réunit plus de 300 000 travailleuses et travailleurs de tous les secteurs d’activité. Avec plus de 150 000 membres travaillant dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux ainsi que dans les organismes gouvernementaux, la CSN est la centrale la plus représentative dans le secteur public au Québec.

Réussir en prévention

Du 13 au 20 octobre se tient la Semaine nationale de la santé et de la sécurité du travail (SST). À cette occasion, la CSN souhaite rappeler à toutes les travailleuses et à tous les travailleurs, de même qu’à ses quelque 300 000 membres des secteurs privé et public l’importance de la prévention.

À titre d’exemple, le personnel du département de l’imagerie médicale du CHU Sainte-Justine compte une centaine de techniciennes et techniciens répartis dans huit secteurs. Avec l’augmentation constante des examens à effectuer, plusieurs d’entre eux ont éprouvé des symptômes d’épuisement, de stress, avec pour conséquence des arrêts de travail et un roulement de personnel.

Le syndicat a alors rencontré la partie patronale afin de créer un comité de travail pour résoudre cette problématique. Une démarche approfondie a alors été réalisée paritairement et une reconnaissance des problèmes de surcharge de travail et des facteurs de risque psychosociaux a permis d’élaborer des pistes de solutions sur le plan de l’organisation du travail.

Parmi ces solutions, on trouve la mise à jour des devis techniques, un plan de travail qui permet d’optimiser la distribution des tâches, un meilleur encadrement des nouveaux employé-es, ainsi qu’une révision des ressources financières allouées au département. Ces pistes de solution permettent de réduire la charge de travail et favorisent le climat de travail et la santé du personnel. Malgré les difficultés rencontrées au cours de la démarche, le syndicat est très heureux du climat de confiance qu’il a entretenu avec la direction et des résultats que cette démarche a apportés.

Bâtir la solidarité régionale pour développer une voix forte

Les conseils centraux de la CSN jouent un rôle politique important dans chacune de leur région, mais comment s’y prennent-ils pour que leur voix porte encore plus et que les préoccupations des travailleuses et des travailleurs soient entendues ?

Le Point syndical a interviewé les 13 présidentes et présidents de conseils centraux au sortir de leurs congrès pour qu’ils rendent compte des façons de faire qui ont fait leurs preuves, mais aussi des innovations en cours partout au Québec. Nous avons, du même coup, dressé un portrait des enjeux régionaux qui préoccupent le plus les conseils centraux à la veille de la rentrée.

S’appuyer sur la base
La participation des membres est au centre des préoccupations des conseils centraux. Leur proximité avec les syndicats qu’ils représentent a toujours été un atout, mais plusieurs approches nouvelles visent à renforcer ce lien.

On veut, par exemple, rendre les réunions moins formelles pour donner la parole aux membres dès le début, plutôt que de simplement valider des documents. Certaines régions mettent en place des réunions thématiques qui vont changer de secteur en fonction du sujet abordé. Cette façon de faire fonctionne d’ailleurs déjà très bien au Saguenay–Lac-Saint-Jean depuis trois ans. On veut aussi miser sur des rencontres informelles où il est plus facile de s’exprimer, même pour les membres qui ont tendance à rester muets dans les assemblées.

Photo des présidences des conseils centraux, prise d'un étage plus haut que les élu-e-s.

Présidences des conseils centraux // Photo : D. Morissette

Divers conseils misent par ailleurs sur un comité de mobilisation, souvent renouvelé, pour soutenir les enjeux des syndicats. Par endroits, les conseils centraux ont décidé de trouver le moyen de rendre davantage disponibles les membres du comité exécutif, même si cela signifiait parfois une diminution du nombre de personnes y siégeant. Des conseils ont aussi choisi de donner la responsabilité de secteurs (géographiques ou d’activité) à chacun des membres du comité exécutif, parfois en spécialisant une vice-présidence sur le secteur privé.

L’idée générale est de s’appuyer sur la base pour définir les enjeux régionaux et de mieux les porter, par une plus grande mobilisation des membres. On pense ici à des causes politiques ou sociales, mais aussi à la solidarité manifestée à l’égard des luttes des autres syndicats de la région.

Approches de communication
Pour communiquer avec les membres, au moins quatre conseils centraux ont déjà installé de l’équipement pour produire des vidéos, ou le feront bientôt. Ce dispositif sera offert aux syndicats qui veulent parler à leurs membres à distance.

Les régions ont toutes plus de facilité à communiquer avec les médias que la métropole. Les présidentes et présidents ont souvent des liens directs avec les journalistes depuis des années. Au Cœur-du-Québec, certains médias enregistrent même de longues entrevues qui servent dans différents topos dans les semaines suivantes.

Sur la Rive-Nord et la Rive-Sud dans la région de Montréal, c’est beaucoup plus difficile, et la présence de médias est plus aléatoire. Curieusement, la montréalisation de l’information n’aide pas vraiment à ce que la voix des travailleuses et travailleurs soit mieux entendue. La vente ou la fermeture de journaux a même empiré la situation par endroits.

Québec s’en tire mieux à cet égard, même si le conseil central a décidé de ne pas du tout compter sur les radios poubelles de la capitale.

En Outaouais, on mise sur des études chiffrées sur l’iniquité dont souffre la région en matière de services de santé, d’éducation et même en culture. Cette approche fonctionne bien avec les médias qui ont des données à se mettre sous la dent, qui sont basées sur des études.

Coalitions et rencontres
Les conseils centraux misent tous sur des coalitions intersyndicales ou basées sur des enjeux spécifiques pour se donner un plus grand poids régional. À Montréal, par exemple, on mise sur un comité intersyndical en place depuis plus de 45 ans, de même que sur des rencontres régulières avec les élu-es municipaux de tous les partis en place. De son côté, la coalition Équité Outaouais réussit à marteler son message, qui a même eu un impact électoral en 2018 en mettant fin au monopole d’un seul parti qui prévalait depuis plusieurs années. L’environnement est un sujet de plus en plus chaud et rassembleur un peu partout.


Ce que Les présidentes et présidents des conseils centraux ont dit :

« On veut attirer plus de monde pour les actions comme celle du 27 septembre. On mise beaucoup sur notre comité de mobilisation. »
– Manon Tremblay, Saguenay–Lac-Saint-Jean

« Il faut un meilleur réseau entre nous parce que le vent de droite souffle encore très fort. Quand tu t’intéresses plus aux autres syndicats, tu vas aussi t’intéresser plus au conseil central. »
– Patricia Rivest, Lanaudière

« Il faut s’investir dans différents milieux, se joindre à des tables et à différents groupes pour amener une vision CSN sur les façons de nous développer comme région. »
– Guillaume Tremblay, Côte-Nord

« Les membres participent déjà pas mal, mais ce sont souvent les mêmes. Notre défi, c’est d’essayer que ça descende plus. On veut inviter les gens à s’exprimer, notamment dans des activités informelles comme les 5 à 7. »
– Annette Herbeuval, Montérégie

« On veut consolider la solidarité intersyndicale avec notre réseau de mobilisation. »
– Dominique Daigneault, Montréal métropolitain

« Il faut se coller sur la réalité des syndicats, leurs enjeux sociaux. Quand ta voix et tes idées ont une importance, ça te donne plus envie de t’impliquer et on le constate. »
– Nancy Legendre, Bas-Saint-Laurent

« On croit que les liens entre les enjeux régionaux et nos syndicats sont là. Il faut les alimenter par une plus grande participation pour que nos luttes soient portées par les membres. »
– Alfonso Ibarra, Outaouais

« On a une bonne collaboration avec les médias régionaux, mais on veut redévelopper le réflexe des journalistes à nous interpeller. »
– Félix-Antoine Lafleur, Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec

« À toutes les interventions d’élu-es, on donne systématiquement notre opinion. Ça fait comprendre aux syndiqué-es à quoi sert le conseil central. On est un outil essentiel au développement régional. »
– Serge Saint-Pierre, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

« On a décidé d’interpeller davantage nos syndicats par téléphone et d’augmenter la présence des membres aux assemblées en rendant les rencontres moins formelles, en donnant plus de temps d’antenne aux membres. »
– Paul Lavergne, Cœur-du-Québec

« Les gens se sont aperçus qu’ils ne se connaissaient pas, mais qu’ils voulaient plus partager. On va organiser trois ou quatre rencontres par an sur les priorités régionales. »
– Chantal Maillé, Laurentides

« Plus nos membres sont au courant des luttes menées par d’autres syndicats, plus notre solidarité peut s’exprimer. Et si on peut syndiquer le concurrent d’à côté, plus notre rapport de force est grand. »
– Denis Beaudin, Estrie

« S’il y a une mauvaise nouvelle, le conseil central est tout de suite au jeu avec le syndicat. Le conseil central est un incontournable. »
– Ann Gingras, Québec–Chaudière-Appalaches.

Augmentations raisonnables ou grève générale illimitée chez Tshiuetin à Shefferville

Exaspérés par les propositions salariales inacceptables de l’employeur, les deux syndicats de transport ferroviaire de la compagnie Tshiuetin se préparent à déclencher la grève générale illimitée, vendredi à 00 h 01, si l’employeur ne fait aucune proposition satisfaisante durant la séance de négociation de demain.

Les membres refusent catégoriquement la proposition de l’employeur qui veut financer les augmentations de la majorité au détriment d’un petit groupe de travailleurs. Ces personnes doivent se montrer disponibles et prêtes à prendre les commandes du train durant 14 jours successifs pendant le mois. Or, leur travail dépend de la compagnie qui leur apporte le minerai. « Il se peut qu’il n’y ait aucune marchandise à transporter durant une journée et que ces employé-es n’aient pas à travailler; ils doivent tout de même rester en poste, dans le bois, et l’employeur voudrait réduire de moitié leur salaire durant cette période. Ça ne passe pas. », explique le président du Conseil central de la Côte-Nord, Guillaume Tremblay.

L’ensemble des demandes des travailleuses et travailleurs sont loin d’être excessives, estime le vice-président de la FEESP–CSN, Jean-Pierre Bourgault. Ceux-ci sont d’ailleurs prêts à mettre de l’eau dans leur vin, le temps que la compagnie procède à certaines restructurations dans la gestion. Mais ils tiennent à ce que leurs revendications soient prises en compte, car elles sont tout à fait légitimes. « Il ne faut pas oublier que les nombreux départs non remplacés de la dernière année les ont exposés à une surcharge de travail importante. Nous serons derrière eux pour les soutenir et pour qu’ils obtiennent ce qu’ils méritent », conclut-il.

 

 

Une nouvelle convention sans fausse note ni faux pas

Les enseignantes et les enseignants du Centre de musique et de danse de Val-d’Or ont entériné unanimement lundi l’entente de principe intervenue entre leur employeur et leur syndicat. La négociation a été brève ; à peine deux courtes rencontres de discussions ont permis aux parties d’arriver à une entente de type gagnant-gagnant.

Vincent Crépeault, président du Syndicat des enseignantes et enseignants du Centre de musique et de danse de Val-d’Or – CSN, se dit fier du travail accompli. « La nouvelle direction du Centre a accepté d’introduire certaines clauses reconnaissant l’autonomie professionnelle des enseignantes et des enseignants. Cette ouverture a été bien accueillie par nos membres », souligne-t-il. L’ajout de trois échelons à l’échelle salariale et une semaine supplémentaire de vacances pour les enseignants ayant le plus d’ancienneté sont quelques-uns des autres points positifs pour nos membres.

Contrairement à la croyance populaire, la plupart des négociations de convention collective se déroulent et se concluent dans le respect. C’est d’ailleurs ce qui vient de se produire au Centre de musique et de danse de Val-d’Or. « L’attitude de la direction à la table de négociation augure bien pour les relations de travail au Centre », mentionne, pour sa part, Léandre Lapointe, vice-président et responsable du regroupement privé de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).

Selon Félix-Antoine Lafleur, président du Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec – CSN (CCATNQ-CSN), « La bonne réputation du Centre est due à son corps enseignant. C’est heureux que la direction le reconnaisse. C’est un exemple pour bien des employeurs de la région. »

Parité femmes-hommes : l’exemple d’une usine du Témiscamingue

Manon Lalonde œuvre depuis 1995 pour l’usine de fabrication de composantes de bois lamellé-collé LVL Global, située à Ville-Marie, au Témiscamingue. Cette usine se distingue des autres entreprises du genre puisqu’en 1989, après de multiples interventions syndicales, la compagnie adoptait une politique de parité hommes-femmes à l’embauche. Une révolution incroyable !

Bon an, mal an, LVL Global maintient entre 90 et 100 employé-es. Quand Manon y fait ses débuts, elle bénéficie de la mesure de parité déjà négociée par le syndicat avec l’employeur quelques années auparavant. Les travailleuses d’alors étaient irritées, et pour cause : l’un des directeurs généraux voulait cesser l’embauche de femmes en raison des retraits préventifs et des remplacements qu’ils impliquent. La présidente du syndicat de l’époque, Francine Goyer, a mené la lutte et remporté son pari : une clause de parité a été intégrée à la convention collective.

À présent, pour éviter toute discrimination, l’embauche se fait en présence d’un membre du syndicat. « Nous tenions à être impliquées, pour nous assurer qu’aucune candidature de femme ne soit rejetée sous prétexte qu’elle n’aurait pas les compétences pour faire le travail », souligne Manon Lalonde, aujourd’hui trésorière de son syndicat.

Quand parité rime avec bien-être
Pendant plusieurs années, l’objectif de parité atteint parfaitement son but : l’usine emploie 52 femmes et 52 hommes. L’arrivée massive de femmes force des changements tant sur le plan de l’organisation du travail que sur le plan technologique. Ces transformations profitent à l’ensemble des travailleuses et travailleurs, notamment en ce qui a trait à la santé et à la sécurité au travail. Manon Lalonde illustre : « Quand je suis arrivée, je travaillais au séchoir, comme tout débutant. On devait tout le temps se retourner vers l’arrière pour exécuter nos tâches, alors que maintenant, tout est disposé devant nous. C’est beaucoup moins exigeant physiquement. »

Bonnes conditions de travail
En négociant la parité en emploi, les travailleuses et travailleurs de LVL Global ont choisi d’accroître l’accès des femmes à des postes bien rémunérés. Aujourd’hui, le salaire horaire est de 21,63 $ dès l’embauche, avec une augmentation de 0,55 $ l’heure par an, depuis 2017. Le diplôme de 5e secondaire n’est plus obligatoire. « Moi, je voulais absolument travailler à cet endroit, mais quand j’ai été embauchée, il fallait avoir son diplôme d’études secondaires. Je suis donc retournée à l’école pour décrocher mon diplôme. J’étais payée 16,43 $ l’heure. Aujourd’hui, grâce à la négociation menée par le syndicat, je suis payée 23 $ l’heure », précise-t-elle. De plus, la parité instaurée dans cette entreprise permet aux femmes d’occuper tous les types d’emplois : au déroulage, à l’assemblage, au séchoir, à l’emballage et à l’expédition. « On a eu une stagiaire en électrotechnique et une autre en mécanique. C’est vraiment merveilleux de voir que la lutte du syndicat porte fruit et que les femmes ont un meilleur accès à tous les postes de l’entreprise. Elles ne sont plus limitées à des postes en secrétariat, en tout respect pour ce travail honorable. »

Comme c’est souvent le cas, attirer les femmes dans un métier non traditionnel relève du défi. Dernièrement, la réception de curriculum vitae de femmes chez LVL Global a un peu diminué : le nombre d’employé-es se situe à 40 travailleuses et 55 travailleurs. Dans un tel contexte, les candidatures féminines sont priorisées : « Si cinq personnes passent en entrevue pour deux postes à combler, on choisira d’abord les femmes », explique encore la travailleuse.

Manon Lalonde estime que l’employeur devrait investir des efforts pour mieux faire valoir les atouts de son entreprise et susciter l’intérêt des femmes pour un milieu comme LVL Global, car les avantages d’y travailler sont réellement nombreux.

Les travailleuses et les travailleurs à la défense de l’environnement d’Abitibi-Témiscamingue

Les travailleuses et les travailleurs syndiqué-es à la CSN mettent sur la table la question environnementale qui se veut fort à propos avec la venue de projets qui menacent l’environnement de notre région, comme le gazoduc qui traverserait trois de nos rivières et le projet Authier Lithium de la Sayona Mining qui pourrait polluer l’esker St-Mathieu-Berry, une importante source d’eau potable qui alimente la région d’Amos et une usine d’embouteillage d’eau.

« C’est à nous de porter le flambeau pour défendre notre environnement. Les travailleuses et les travailleurs ne veulent plus être passifs sur cet enjeu et vont s’assurer du respect de l’environnement, autant dans leur région que dans leur propre milieu de travail. Le gouvernement doit assurer plus de surveillance », explique Félix-Antoine Lafleur, président du CCATNQ qui estime que la structure d’évaluation environnementale actuelle des entreprises n’est pas suffisante et que la Loi sur les mines doit absolument être révisée. « La CSN s’inquiète du risque environnemental que représente le projet de gazoduc qui va traverser l’Abitibi. Il serait préférable de travailler à une transition énergétique responsable qui ne laisse pas les travailleuses et les travailleurs de côté », a déclaré Pierre Patry, trésorier de la CSN et présent au congrès.

Réunis en congrès du 7 au 10 mai, les membres du CCATNQ se prononceront aussi sur la question de la pénurie de main-d’œuvre. « Il est temps que les employeurs de la région augmentent les salaires pour tenir compte, entre autres, de l’attraction des emplois miniers et du peu de main d’œuvre disponible », indique le président Lafleur. En Abitibi-Témiscamingue et au Nord-du-Québec, plusieurs enjeux, dont la pénurie de logements, l’internet haute vitesse, sont des éléments aggravant la pénurie de main-d’œuvre. En effet, pour attirer et retenir des travailleuses et des travailleurs d’autres régions, il faut en effet être en mesure de leur offrir un milieu de vie attrayant.

À propos
Le CCATNQ-CSN compte quelque 7 000 membres en Abitibi-Témiscamingue et au Nord-du-Québec qui sont répartis dans plusieurs secteurs d’activité. Fondée en 1921, la CSN est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs, principalement sur le territoire du Québec.

Le salaire minimum à 12,50 $ : encore trop loin de la cible

À l’occasion de l’entrée en vigueur du nouveau taux horaire du salaire minimum à 12,50 $ l’heure et de la Journée internationale des travailleuses et travailleurs, les porte-paroles des sept organisations membres de la campagne 5-10-15 tiennent à exprimer leur déception. En campagne électorale, le parti de François Legault, la Coalition avenir Québec, disait vouloir créer des « jobs payants ». Il aurait pu commencer par améliorer le salaire de près de 900 000 personnes qui travaillent sous les 15 $ l’heure, mais il a raté l’occasion. « Il ne faut pas oublier que 15 $ l’heure, c’est ce qui est nécessaire, quand on travaille à temps plein, pour sortir de la pauvreté au Québec et pour cesser de vivre dans la crainte constante d’une dépense imprévue », a déclaré Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

L’augmentation de 50 cents l’heure arrive dans un contexte économique extrêmement favorable qui aurait dû éliminer toutes les craintes, souvent non fondées, liées à un salaire minimum plus élevé. Le taux de chômage est à un plancher historique (5,4 %), la pénurie de main-d’œuvre affecte plusieurs secteurs et régions et l’inflation demeure faible malgré une croissance forte. « Le gouvernement aurait dû faire preuve de courage et avancer vers les 15 $ l’heure. Cela aurait été une action en faveur d’une plus grande égalité homme-femme, car les femmes occupent environ 58 % des emplois à moins de 15 $ l’heure au Québec », comme le rappelle Mélanie Gauvin, porte-parole du Front de défense des non-syndiquéEs.

Pour une obligation de donner l’horaire de travail au moins cinq jours à l’avance
Outre l’augmentation du salaire minimum, la campagne 5-10-15 porte deux autres revendications qui visent à permettre de mieux concilier le travail et la vie personnelle et familiale. D’abord, les organisations membres demandent à ce que les personnes salariées aient le droit de connaître leur horaire au moins cinq jours à l’avance. Dans un monde où les emplois atypiques sont la réalité pour une part de plus en plus importante des travailleuses et travailleurs, l’instabilité des heures de travail entraîne des défis de taille pour la planification de la vie personnelle et familiale et la gestion du budget. « Le gouvernement doit continuer sur la lancée de la récente réforme de la Loi sur les normes du travail (LNT). Celle-ci permet désormais à une personne de refuser de travailler si elle n’est pas avisée à l’intérieur d’un délai de cinq jours. Ce premier gain doit être bonifié. La responsabilité doit être mise du côté de l’employeur avec une règle qui oblige la divulgation de l’horaire à l’avance », d’expliquer Sonia Ethier, présidente de la CSQ.

Dix jours de congé payé en cas de maladie ou de responsabilités familiales
Actuellement, la Loi sur les normes du travail prévoit seulement deux jours de congé payé lorsque les travailleuses ou travailleurs s’absentent pour raisons familiales ou de santé. Au-delà de deux jours, les personnes salariées doivent choisir : soit s’appauvrir pour se soigner ou s’occuper d’un proche, soit travailler malgré la maladie ou une responsabilité familiale.

« Les chiffres démontrent que ce sont encore aujourd’hui les femmes qui souffrent davantage de cette situation, a expliqué Jacques Létourneau, président de la CSN. En 2016, les femmes se sont absentées en moyenne 74 heures pour des obligations personnelles ou familiales alors que chez les hommes, la moyenne était de moins de 20 heures. L’équité homme-femme s’en trouve lourdement affectée », précise-t-il. Pour contribuer à établir l’équité homme-femme, le gouvernement doit rendre accessibles dix jours de congé payé à toutes et à tous.

La théorie démentie par la réalité
Plusieurs exemples démontrent que l’augmentation du salaire minimum n’a pas les impacts défavorables sur l’emploi que présument certaines théories économiques. Le seuil théorique de 50 % du salaire moyen qui avait été établi, bien que ce dernier était hautement discutable, ne peut certainement plus apparaître comme un critère valable et encore moins représentatif de la réalité du marché du travail. « Surtout, les données choisies par le ministère pour établir le salaire moyen excluent toutes les personnes employées à salaire fixe, ce qui fait baisser lourdement la moyenne, a clarifié Luc Vachon, président de la CSD. S’il y a eu corrélation dans les années 1970 ou 1980 entre le dépassement du ratio de 50 % et la hausse du chômage des jeunes, d’autres facteurs sont aussi à prendre en compte tels que l’arrivée des baby-boomers sur le marché du travail ou les crises économiques. Le contexte actuel est totalement différent et doit appeler à une autre approche », a-t-il dit.

Richard Perron, président du SPGQ, renchérit : « D’ailleurs, les prévisions de pertes d’emploi lancées par certains opposants de la hausse ne se sont pas concrétisées ailleurs. En Ontario, la hausse du salaire minimum à 14 $ l’heure en janvier 2018 devait, selon eux, provoquer la perte de centaines de milliers d’emplois. Or, on constate en Ontario une croissance de 2 % de l’emploi entre l’année 2017 et le premier trimestre de 2019 alors que la moyenne canadienne est de seulement 1,2 % », a-t-il poursuivi.

Et si l’effet de la hausse sur l’emploi était positif? C’est ce que démontre une étude récente de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS). « On ne peut pas garantir qu’il n’y aura pas quelques pertes d’emploi, mais ça n’a rien à voir avec les prédictions catastrophistes, de mentionner Christian Daigle, président général du SFPQ. En contrepartie, la hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure stimulera l’économie locale en ajoutant de 2,2 à 3,4 milliards de masses salariales. Celles et ceux qui en bénéficieront dépenseront leurs revenus supplémentaires pour mieux combler leurs besoins essentiels, plutôt que de les placer dans un paradis fiscal! »

Secteur public : cinq organisations syndicales conviennent d’un protocole de solidarité

Les cinq plus grandes organisations syndicales présentes dans le secteur public ont convenu, cette semaine, d’un protocole de solidarité. Afin de concentrer toutes leurs énergies à la prochaine négociation du secteur public qui s’amorcera cet automne, la CSN, la CSQ, la FTQ, la FIQ (FIQP) et l’APTS se sont entendues sur un protocole de non-maraudage en prévision de la période de changement d’allégeance prévue en juillet prochain.

Ce protocole de non-maraudage s’appliquera pour tous les syndicats du réseau de la santé et des services sociaux, des commissions scolaires, des collèges et des organismes gouvernementaux affiliés aux organisations signataires. Celles-ci ont convenu de ne pas solliciter les membres d’une autre organisation et de n’appuyer aucune initiative locale allant en ce sens.

Les organisations syndicales rappellent que, pour ce qui est du secteur de la santé et des services sociaux, des votes d’allégeances syndicales ont été tenus il y a moins de deux ans. Bien que ces votes aient été imposés par le gouvernement libéral dans la foulée du projet de loi 10 fusionnant les établissements du réseau de la santé, la quasi-totalité des travailleuses et travailleurs de ce secteur a pu se prononcer sur l’organisation qui les représenterait.

Ensemble, les cinq organisations syndicales représentent plus de 425 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois. Les conventions collectives du secteur public viendront à échéance le 31 mars 2020.

Inséminateur bovin: un métier des plus inusités

Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Maxime Labelle, travailleur au Centre d’insémination artificielle du Québec et membre de la Fédération du commerce, et Pierre Patry, trésorier de la CSN. Un échange surprenant sur un métier des plus inusités. En voici quelques extraits :

Pierre : Ton métier gagne à être mieux connu. Pourrais-tu expliquer le travail que vous effectuez ?

Maxime : On a deux fonctions de travail. Certains font de la vente et du conseil auprès des producteurs agricoles, surtout pour vendre de la semence de taureau de toutes sortes de races bovines… Et les autres font de l’insémination. À chaque matin, ils prennent les messages des producteurs agricoles et des tournées d’insémination s’organisent.

Pierre : Côté santé-sécurité, est-ce qu’il y a beaucoup de blessés au travail ?

Maxime :  La santé-sécurité est un énorme enjeu en ce moment parce que les fermes grossissent et le système de production change. Anciennement, on avait 20 à 40 vaches dans une étable conventionnelle où elles étaient attachées. On arrivait pour inséminer et la vache était identifiée avec une petite pancarte, on l’inséminait avec la dose que le producteur avait choisie, on facturait et on partait. Maintenant, le système d’exploitation est différent ; on arrive dans des étables où l’animal est libre dans son environnement, alors il faut la trouver, la vache, quand on arrive pour inséminer… On s’en va la chercher carrément à travers le troupeau. Ces vaches ont leur petit caractère ! Il y en a qui sont fines, d’autres qui le sont moins… On parle quand même de grosses vaches de 750 kilos. Alors ça comporte certains risques et, oui, il y a eu des accidents dernièrement…

Pierre : Est-ce qu’il y a des filles dans votre industrie ? Est-ce qu’il y en a beaucoup ?

Maxime : Dernièrement, j’ai fait une tournée des régions et il y a plus de femmes qu’il y en avait. Il était un temps où, au total, il y avait peut-être quatre, cinq, six femmes, mais aujourd’hui, il y en a beaucoup plus. Dans certaines régions, il y a quasiment autant de femmes que d’hommes !

Pierre : À ce jour, voyez-vous les effets des accords mondiaux ?

Maxime : L’impact est vraiment au niveau des producteurs. Ces accords ont un effet sur leur moral et sur le prix du lait, qui a eu tendance à diminuer ces dernières années. Alors quand on arrive pour faire affaire avec ces producteurs, c’est plus difficile, un peu. Ils ont tendance à diminuer le prix des achats de semence parce qu’ils subissent des impacts économiques sur leur ferme.

Pierre : Pourrais-tu nous raconter une anecdote ou une histoire ?

Maxime : On est toujours sur la route et on travaille à l’année. Les journées de méga tempête de neige partout au Québec, imaginez-vous qu’il y a 115, 120 inséminateurs qui sont sur la route… Quand un producteur appelle le matin parce qu’il y a une vache à inséminer, ça ne peut pas être fait demain, c’est aujourd’hui ! Et ça, ça entraîne plein d’anecdotes… Par exemple, l’année passée, il y avait des inondations, et il y a un inséminateur qui a dû se rendre à la ferme en chaloupe !

La CSN interpelle la Fédération des caisses

Lors d’une manifestation tenue à Montréal devant le Complexe Desjardins, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a interpellé la Fédération des caisses Desjardins du Québec afin qu’elle intervienne dans le processus de négociation de ses caisses membres du Mouvement Desjardins.

« Actuellement, nous avons deux syndicats qui vivent des négociations difficiles : à la Caisse Desjardins de Rouyn-Noranda et à la Caisse populaire Desjardins de Hauterive, à Baie-Comeau. Les deux syndicats ont dû se doter de mandats de grève qu’ils ont exercés afin de contrer les demandes de reculs provenant de la Fédération des caisses Desjardins. Or, ces demandes de reculs risquent d’avoir un impact sur l’ensemble des salarié-es que nous représentons. Aujourd’hui donc, nous interpelons la Fédération des Caisses Desjardins afin qu’elle facilite l’obtention de règlements satisfaisants », souligne Jacques Létourneau, président de la CSN.

« Les dispositions relatives à l’évaluation de notre rendement constituent un des points importants qui achoppe à la table de négociation. Dans ce processus, l’employeur se retrouve à être juge et partie et les augmentations salariales sont généralement déterminées de manière complètement arbitraire, à la totale discrétion du gestionnaire. La position salariale finale aux tables de négociation est commandée par la Fédération des caisses et impose un appauvrissement à nos membres dans un contexte économique favorable où la rentabilité de l’employeur n’est pas un enjeu. Depuis le mois de janvier, les reculs incluent même la fin du régime d’assurance collective pour les retraité-es », précise Isabelle Frelas, présidente du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la Caisse populaire de Rouyn-Noranda–CSN (STTCPRN).

« Généralement, les conflits de travail sont rares dans le secteur de la finance. Dans un des deux conflits actuels, celui de la Caisse Desjardins de Rouyn-Noranda, nous en sommes à notre seconde plainte contre l’employeur qui multiplie les manœuvres illégales envers le syndicat et ses salarié-es. Le 5 février dernier, l’employeur a été condamné par le Tribunal administratif du travail (TAT). Ce dernier a statué que l’employeur avait fait preuve d’ingérence dans les affaires du syndicat, de mauvaise foi et d’intimidation par courriel envers les membres du STTCPRN », ajoute David Bergeron-Cyr, président de la Fédération du commerce–CSN.

« Nous aurions aimé que la Fédération des caisses se comporte selon ses valeurs plutôt que celles d’une institution financière privée qui n’en a que pour ses actionnaires. Le modèle coopératif des Caisses Desjardins devrait insuffler une toute autre dynamique dans les relations de travail avec ses salarié-es qui sont également les membres de ce mouvement. Nous souhaitons vivement que la Fédération des caisses entende notre message aujourd’hui », de conclure Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN).

Le Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la Caisse populaire de Rouyn-Noranda–CSN compte 70 membres affiliés à la Fédération du commerce (FC–CSN) qui rassemble quelque 28 000 membres regroupés dans plus de 350 syndicats présents dans les secteurs du commerce de détail, de gros et de services divers, de l’agroalimentaire, des finances et du tourisme. Le Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN) regroupe plus de 100 000 membres des secteurs public et privé, répartis au sein de près de 400 syndicats à Montréal, à Laval et dans le Grand Nord du Québec.

Dépôt d’une seconde plainte au TAT contre l’employeur

À la suite d’un incident survenu le vendredi 22 février, une seconde plainte pour intimidation sera déposée au Tribunal administratif du travail (TAT) contre la Caisse Desjardins de Rouyn-Noranda dans le cadre de la négociation visant le renouvellement de la convention collective des salarié-es.

« Nous déplorons à nouveau l’attitude moyenâgeuse du directeur général de notre institution. Vendredi dernier, alors qu’elle affichait du matériel de mobilisation, une de nos membres a été la cible d’une altercation physique perpétrée par monsieur Loranger sur le terrain de l’établissement. Nous sommes encore sous le choc d’avoir été témoin de cette manœuvre disgracieuse de la part du plus haut dirigeant de notre établissement », de dénoncer Isabelle Frelas, présidente du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la Caisse populaire de Rouyn-Noranda–CSN (STTCPRN).

Rappelons que le 5 février dernier, des manœuvres de Jean-Claude Loranger ont été condamnées par le TAT qui a reconnu l’ingérence de l’employeur dans les affaires du syndicat, sa mauvaise foi et l’intimidation par courriel dont il a fait preuve envers les membres du STTCPRN.

« Dans l’ensemble des rares conflits de travail auxquels nous devons faire face, jamais un directeur général n’a agi de la sorte envers ses propres salarié-es, d’autant plus que monsieur Loranger siège à titre de président de la Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda et, qu’en ce sens, il devrait se comporter de manière exemplaire », de renchérir Felix-Antoine Lafleur, président du Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec (CCATNQ–CSN).

Le Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la Caisse populaire de Rouyn-Noranda–CSN compte 70 membres affiliés à la Fédération du commerce (FC–CSN) qui rassemble quelque 28 000 membres regroupés dans plus de 350 syndicats présents dans les secteurs du commerce de détail, de gros et de services divers, de l’agroalimentaire, des finances et du tourisme. Le CCATNQ–CSN en rassemble 7000 en Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec.