Mon droit de parole, j’y tiens
La santé est un droit qui ne se limite pas à recevoir des soins et des services. Il implique également d’avoir une voix dans le système. De pouvoir intervenir et interagir, de pouvoir faire contrepoids, comme citoyen, à une bureaucratie parfois aveugle, à des lobbies souvent trop gourmands… ou à un ministre omnipotent.
La réforme Barrette a centralisé la gouvernance des établissements dans des mégastructures dont les citoyennes et les citoyens sont exclus. Les lieux de concertation régionaux disparaissent. Avec la réforme, le ministre s’est doté de pouvoirs élargis. De plus, il nomme les administrateurs des CA d’établissements qui n’ont plus de comptes à rendre qu’à lui. L’AQESSS, l’association regroupant les établissements, a par ailleurs été abolie.
Mais la réforme Barrette va encore plus loin : le ministre entend faire disparaître aussi le poste de Commissaire à la santé et au bien-être, ce chien de garde du réseau, indépendant et crédible, dont la mission consiste à informer la population sur tous les aspects du système de santé et de services sociaux et à formuler des recommandations au ministre. Le ministre Barrette prétend que sa décision répond à des impératifs budgétaires, mais on peut penser que les recommandations du commissaire à l’égard de la réforme en cours n’auraient pas toutes été en harmonie avec sa propre vision des choses…
Un personnel sous pression
Et que dire d’un modèle de gestion importé du privé, qui a pour conséquence d’augmenter la charge du travail du personnel sans améliorer les services à la population? De plus en plus d’établissements adoptent des méthodes d’optimisation qui viennent segmenter et minuter le travail du personnel. Or, le travail en santé et services sociaux repose sur le contact humain! À trop vouloir contrôler et comptabiliser les moindres faits et gestes du personnel, tout en continuant de couper dans les budgets, on mine la relation d’aide avec le patient.
Enfin, la loi 10, en fusionnant de nombreux établissements, entraîne des réorganisations complexes partout au Québec. Depuis plus d’un an, les travailleuses et travailleurs vivent de l’incertitude, tant la réforme semble improvisée. Seront-ils appelés à changer de lieu de travail? Leur équipe de travail sera-t-elle modifiée? Autant de bouleversements structurels épuisent et démobilisent le personnel sans pour autant améliorer l’accès aux services à la population, bien au contraire.
Bâillon et structures mammouths en santé: la lutte se poursuit
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