L’information, un bien public

Cinq solutions à portée de main

Réductions de personnel, faillites, fermetures : au cours des derniers mois, les annonces faisant état de la crise du secteur de l’information se sont multipliées. Complètement bousculés par l’arrivée des géants du numérique, les médias d’information ont été grandement affaiblis dans leur capacité à produire de l’information journalistique juste et rigoureuse, qui demeure essentielle à notre système démocratique.

Des régions entières sont aujourd’hui déstabilisées. Agissant en tant que véritables liants sociaux, les médias d’information s’avèrent indispensables à la vitalité, au développement et au rayonnement de nos communautés. Les difficultés actuelles du secteur de l’information mettent en péril le développement social, économique et culturel de ces régions.

Pour nos communautés, l’information locale, régionale et nationale constitue un bien commun, un service essentiel. La Fédération nationale des communications et de la culture–CSN (FNCC–CSN) ainsi que la CSN considèrent qu’il est impératif de sauver notre droit à l’information, aujourd’hui menacé.

Des revenus aspirés

Les lectrices et les lecteurs n’ont jamais été aussi nombreux. Pourtant, les revenus publicitaires se sont volatilisés. Aspirés et accaparés par une poignée de multinationales du numérique, faudrait-il préciser.

Si la presse écrite en fut la première victime, force est de constater qu’aujourd’hui, les salles de rédaction radio et télé sont tout autant frappées par la disparition de 75 % des revenus publicitaires. Visiblement, le modèle économique des médias d’information a été rompu par ces géants du Web.

Depuis les 10 dernières années, les médias d’information doivent composer avec 800 millions de moins en revenus publicitaires :

0 millions

Radio

0 millions

Télévision

0 millions

Quotidiens

0 millions

Magazines

0 millions

Hebdos

Les derniers mois ont été particulièrement éprouvants pour nos médias d’information : alors qu’ils étaient déjà asphyxiés par une diminution constante de leurs revenus, le blocage des nouvelles par Meta n’a fait qu’empirer la situation. Pendant qu’Ottawa peine à faire respecter sa nouvelle législation par les géants du numérique, les mauvaises nouvelles se succèdent : fermeture de Métro Média, licenciement de 547 employé-es du Groupe TVA, 125 départs volontaires à la CN2i, abolition de 800 postes à Radio-Canada, etc.

Accablés par les fermetures et les pertes d’emplois, nos médias d’information doivent être appuyés par nos gouvernements : ceux-ci demeurent les seuls acteurs ayant la capacité de compenser la disparition quasi complète de leurs revenus publicitaires.

À une époque où la mésinformation et la désinformation figurent en tête de liste des risques internationaux, il est urgent que Québec et Ottawa répondent adéquatement à la crise qui affecte les médias d’information afin de renforcer l’accès à une information locale, régionale et nationale pour l’ensemble de la population. 

01

Renforcer le crédit d’impôt à la masse salariale des médias d’information

Le crédit d’impôt à la masse salariale des salles de rédaction de la presse écrite doit être prolongé et sa portée être élargie. À l’approche de la publication de leurs budgets, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération nationale de la culture et des communications (FNCC–CSN) demandent aux gouvernements du Québec et du Canada d’adopter les mesures fiscales suivantes :

02

Un infofrais pour soutenir l’information

L’avènement du numérique a complètement chamboulé les habitudes de consommation d’information. Mais si les multinationales étrangères se montrent insensibles à la nécessité de préserver un environnement économique sain permettant aux salles de rédaction de survivre, l’État, lui, doit s’en assurer.

Un fonds récurrent et réservé au soutien de l’information locale, régionale et nationale doit ainsi être mis pied par l’entremise d’un infofrais de 2 % appliqué sur les achats d’appareils munis d’un écran (téléphones, tablettes, ordinateurs) ainsi que sur les services Internet et mobiles.

En générant des revenus de l’ordre de 200 millions à l’échelle du Québec, cette contribution-redevance établit un mécanisme direct entre le consommateur de contenu d’information et le producteur du contenu en question. En plus d’appuyer financièrement le fonctionnement des salles de rédaction, ce fonds d’appui aux médias d’information pourra également répondre aux défis soulevés par les déserts médiatiques et la lutte à la désinformation.

03

Doubler la déduction d’impôt pour les achats publicitaires auprès d’un média d’information

Les annonceurs du secteur privé ayant déserté les médias d’information devraient pouvoir bénéficier d’incitatifs pour y revenir : ainsi faudrait-il qu’ils puissent déduire de leurs impôts le double de leurs dépenses effectuées auprès de médias d’information locaux.

À portée de main des gouvernements du Québec et du Canada, une telle mesure favoriserait la canalisation des budgets publicitaires vers nos médias d’information.

04

Se doter d’une réelle politique gouvernementale d’achat publicitaire

Alors que la multinationale Meta se comporte comme une véritable brute face à une loi dûment adoptée par nos parlementaires, il est inconcevable que des ministères ou des organismes publics, au Québec et au Canada, continuent de faire affaire avec l’une de ses filiales. Tout comme il est inconcevable que les gouvernements du Québec et du Canada n’aient toujours pas adopté une politique d’achat publicitaire responsable depuis le début de la crise qui secoue nos médias d’information. Ainsi, la CSN et la FNCC–CSN revendiquent que les gouvernements québécois et canadien :

05

« Ma ville » appuie l’information locale

Les médias d’information sont au cœur de la vie économique, sociale et culturelle de nos communautés. Ils contribuent au rayonnement des entreprises d’une région, constituent de précieux liens entre une municipalité et ses résidents et participent à l’effervescence socioculturelle de nos milieux de vie.

Il est dans l’intérêt de toutes et de tous de soutenir ces médias et de les reconnaître comme des acteurs clés du développement social, économique et culturel de nos communautés.

Ainsi, les municipalités du Québec sont invitées à adopter la déclaration « Ma ville » appuie l’information locale, une déclaration de principe prévoyant la mise en place :

Et chez vous ?
Votre ville appuie-t-elle l’information locale ?