Donnons-nous les moyens de répondre aux besoins de la population du Québec

« Les Québécoises et les Québécois méritent mieux. » C’est ce qu’affirme la CSN en déposant ce matin une contre-proposition au Conseil du trésor pour le renouvellement des conventions collectives des 500 000 travailleuses et travailleurs des services publics. En revendiquant des augmentations salariales qui accordent une attention particulière à celles et ceux qui gagnent le moins et des investissements significatifs pour améliorer les conditions de travail dans les réseaux, la contre-proposition présentée aujourd’hui par la CSN vise un objectif bien précis : régler les problèmes criants d’attraction et de rétention du personnel dans l’ensemble du secteur public.

« La crise de la COVID-19 est venue révéler toute l’étendue des dégâts causés par des années de négligence gouvernementale, une négligence qui s’est exprimée par des compressions massives et d’importantes mesures d’austérité budgétaire au cours des dernières décennies. Les pénuries de personnel que nous vivons en sont une des conséquences directes. Même Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux, le dit : les réseaux publics étaient mal en point bien avant la pandémie », lance Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

La centrale syndicale souligne qu’il manque actuellement plusieurs milliers de travailleuses et de travailleurs dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux de même que dans les organismes gouvernementaux pour assurer à la population du Québec les services auxquels elle a droit. « Les problèmes de recrutement de préposé-es aux bénéficiaires sont la pointe de l’iceberg. La liste des emplois pour lesquels il existe de tels problèmes est longue et touche tous les secteurs. On manque également d’éducatrices en services de garde, de travailleurs sociaux, de secrétaires médicales, d’orthophonistes, de matelots sur les traversiers, de techniciennes en éducation spécialisée, de psychologues, d’enseignantes et d’enseignants de plusieurs disciplines des formations régulière et continue des cégeps, d’ouvriers spécialisés et plusieurs autres catégories d’emploi. C’est un problème généralisé et l’importance de chacun ne doit pas être ignorée, même s’ils ne font pas les manchettes », ajoute Mme Senneville.

Dans sa contre-proposition, la CSN revendique des augmentations salariales de 2 $ l’heure en 2020 et de 0,75 $ l’heure ou 2,2 % (selon ce qui est le plus avantageux des deux pour la travailleuse ou le travailleur) en 2021 et 2022. « Le premier ministre l’a répété à plusieurs reprises : pour réussir à attirer de nouvelles personnes, ça prend de meilleurs salaires. Nous sommes d’accord avec M. Legault sur ce point; un coup de barre est nécessaire. Certains salaires du secteur public ne permettent même pas de vivre décemment et c’est pourquoi nous insistons sur la nécessité de hausser davantage la rémunération de celles et ceux qui gagnent le moins. L’augmentation en montant fixe permet de répondre à ce besoin. » La CSN rappelle que le personnel du secteur public accuse un retard de rémunération globale de 6,2 % par rapport à l’ensemble des salarié-es québécois et de 13,4 %, si on s’en tient uniquement aux salaires.

Pour l’organisation syndicale qui représente 150 000 travailleuses et travailleurs dans les services à la population, le gouvernement doit saisir l’opportunité qu’offre la négociation actuelle pour répondre aux besoins des réseaux et, par la même occasion, de la population. « Nous ne pouvons pas attendre la prochaine négociation pour réparer les pots cassés. Nous devons le faire maintenant afin d’être en mesure de traverser la crise actuelle », conclut Caroline Senneville.

Rentrée scolaire: De l’écoute de la ministre, mais beaucoup de travail reste à faire !

À quelques jours près du début de la session d’automne, les trois fédérations de la CSN présentes dans le milieu collégial et universitaire ont enfin rencontré la ministre de l’Enseignement supérieur pour la première fois depuis sa nomination. Elles apprécient son écoute et son engagement à poursuivre d’autres rencontres, mais plusieurs points restent à éclaircir.

Si la ministre Danielle McCann estime qu’il y a un équilibre à faire entre les orientations ministérielles et la flexibilité à accorder aux établissements, elle doit comprendre qu’il n’y a pas une seule rentrée scolaire cette année ; il y en a plusieurs. Certaines étudiantes et certains étudiants ont droit à des cours en présentiel, d’autres y ont accès occasionnellement ou pas du tout, mais toutes et tous devront atteindre les mêmes objectifs académiques sans pour autant avoir les mêmes outils.

Bien que les fédérations saluent les 30 millions de dollars pour le soutien pédagogique, rien n’est prévu pour le personnel enseignant. De plus, cet argent sera difficilement déployable puisqu’il arrive très tard: les horaires sont faits, les plans établis, les horaires assignés. Une annonce en juin aurait été préférable.

Citations :

« Il y a un besoin que le ministère émette des lignes directrices claires afin d’assurer une cohésion dans les établissements, permettant ainsi de mieux coordonner le travail. Par exemple, il est tout à fait possible de conserver le télétravail pour le personnel administratif alors que certains cégeps les rappellent en présentiel. La précarité est aussi un enjeu qui préoccupe le personnel de soutien depuis de nombreuses années et qui est encore plus criant durant la pandémie. Par exemple, plusieurs heures de laboratoires ont été coupées à l’horaire alors que des ajouts de poste auraient pu les conserver », affirme Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN), qui représente 6300 membres du personnel de soutien dans les cégeps et 1200 personnels de soutien dans les universités.

« Les enseignantes et les enseignants ont mis en place des conditions inédites d’apprentissage afin d’accompagner les étudiantes et les étudiants durant cette session hors normes. Des groupes ont été fractionnés pour permettre que certains cours soient donnés dans les salles de classe. D’autres ont été fusionnés parce qu’offerts à distance. Cela a un impact considérable sur la charge de travail des enseignantes et des enseignants. Qu’aucune ressource supplémentaire ne leur soit accordée dans le cadre de l’investissement de 30 millions de dollars pour le soutien pédagogique est tout simplement aberrant », soutient Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), qui représente 35 000 enseignantes et enseignants de tous les niveaux d’enseignement.

« Les directions d’établissement sont en train de remplir les classes virtuelles et ça déborde. L’autonomie des universités ne signifie pas que les directions peuvent faire n’importe quoi et n’importe comment. La ministre doit assumer son autorité morale et assurer un leadership pour que tous les étudiants, peu importe leurs régions, bénéficient d’une rentrée sous le signe de l’équité et non au gré de chaque établissement. Le risque de reproduire l’improvisation connue aux niveaux primaire et secondaire le printemps dernier est là », avance Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN), qui représente les professeur-es de l’UQO et de l’UQAM, ainsi que les professionnel-les de l’Université Concordia.

Circonspection et ouverture

La Fédération des professionnèles de la CSN (FP‑CSN) salue le courage du gouvernement du Québec de procéder à un remaniement ministériel en pleine crise de la COVID-19. Toutefois, elle émet des réserves quant aux choix des nouveaux et des nouvelles ministres.

« Ce nouveau portrait du conseil des ministres affecte grandement tous les principaux secteurs de notre fédération. Bien que nous demeurons ouverts à la discussion avec chacune et chacun, nous accueillons les principales venues avec circonspection en raison de leur style de gestion ou de leur parcours », déclare la présidente de la FP-CSN, Ginette Langlois.

Santé

 La santé a toujours été un ministère majeur et encore plus depuis la COVID-19, et l’arrivée d’un érudit de la finance fait sourciller. La FP-CSN comprend que le gouvernement souhaite mettre l’accent sur une plus grande gestion et imputabilité à la suite de la difficile implantation de plusieurs directives et de nombreuses tragédies dans les CHSLD, mais il ne faut pas oublier l’essentiel.

« La santé est d’abord et avant tout une histoire humaine autant pour les usagers que pour ceux et celles qui portent le réseau à bout de bras. Il y a urgence d’améliorer les conditions de travail et ainsi favoriser une meilleure rétention et attraction de la main-d’œuvre qui mine notre capacité à donner les meilleurs services à la population. Le dialogue demeure donc ouvert avec le ministre à la négociation du secteur public, mais cette fois-ci, à la table sectorielle et non à la table centrale », soutient le vice-président, secteur santé, Danny Roy. La FP-CSN représente les professionnèles et les techniciens et techniciennes du CIUSSS de la Capitale-Nationale et du CHU Sainte-Justine.

Éducation

La FP-CSN a longtemps réclamé la scission du poste de ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Elle ne peut donc que se réjouir de l’ajout d’une nouvelle ministre, d’autant plus que la FP-CSN a été échaudée par son expérience depuis le début de la pandémie. La FP-CSN espère que la recherche sera éventuellement rapatriée sous son ministère et non au ministère de l’Économie et de l’Innovation.

« Nous saluons la capacité d’écoute reconnue de la nouvelle ministre. Considérant qu’elle ne possède pas de bagages dans le milieu universitaire, ni dans le milieu de la recherche scientifique, nous espérons qu’elle prendra le temps de bien saisir les enjeux complexes, particulièrement en ce qui a trait au financement des universités, à la formation en ligne et au soutien à la recherche. Nous sommes heureux d’entendre du premier ministre que l’éducation est sa priorité et qu’il faut accorder de l’importance à la recherche fondamentale et appliquée », affirme la vice-présidente, secteur universitaire, Louise Briand. La FP‑CSN représente les professeures et professeurs de l’UQAM et de l’UQO, ainsi que les professionnèles de l’Université Concordia.

Justice et Conseil du trésor

La Fédération des professionnèles de la CSN représente les avocats de l’aide juridique des régions de Montréal, Lanaudière – Laurentides et Bas-Saint-Laurent – Gaspésie, actuellement en renégociation de leur convention collective, ainsi que les travailleurs et travailleuses de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).

Alors que le système de la justice fait face à de colossaux défis de modernité et de surcharge, les solutions ne pourront s’imposer de façon unilatérale : elles devront se faire dans la collégialité et le consensus.

« Nous souhaitons toujours obtenir la parité avec les juristes de l’État et les procureurs de la couronne, nous estimons que tous les avocats et avocates travaillant pour l’État devraient obtenir la même rémunération, peu importe leur secteur. Nous avions bon espoir d’y parvenir avec la ministre précédente; nous espérons que la porte reste ouverte avec son successeur », avance Ginette Langlois.

Et enfin, nous saluons l’arrivée d’une femme au sein du trio économique du gouvernement. Nous espérons que son sens du droit et du respect des champs de compétences se poursuivront dans les négociations du secteur public. À sa demande de collaboration de la part des syndicats, elle pourra compter sur la bonne foi de la FP-CSN.

 

Une entente de principe serait la meilleure entrée en scène pour Mme LeBel

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) espère que ce remaniement ministériel inattendu annoncé aujourd’hui par François Legault permettra de donner un nouveau souffle aux négociations du secteur public.

Pour Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN et responsable des négociations du secteur public, « ce remaniement devra donner l’élan nécessaire pour faire débloquer les enjeux qui achoppent ».

La CSN note que ce remaniement ministériel survient dans les réseaux de la santé et des services sociaux ainsi que de l’éducation, alors que la partie patronale, comme la partie syndicale, ont émis le souhait d’une intensification des discussions aux tables de négociation. « Nous sommes assez surpris de voir toute la pression qui est mise par le Conseil du trésor pour arriver à un règlement avant la fin du mois de juin, alors que subitement, il y a un changement de ministre responsable. Espérons qu’avec l’arrivée de madame LeBel, nous verrons plus de cohérence entre les déclarations des élu-es responsables et les mandats portés par leurs porte-parole aux tables de négociation », affirme Mme Senneville.

Pour l’organisation syndicale qui représente plus de 150 000 personnes dans le secteur public, la présente ronde de négociation doit être l’occasion de régler les problèmes urgents de surcharge de travail et de précarité et doit aussi permettre d’améliorer les salaires des travailleuses et des travailleurs, notamment ceux des bas salarié-es des réseaux. La grande détérioration des conditions de travail au cours des dernières années a fait en sorte qu’il est devenu extrêmement difficile d’y attirer et d’y retenir le personnel.

« Les services publics étaient en crise avant la pandémie, ils le resteront si rien n’est fait. Nous espérons que la nouvelle présidente du Conseil du trésor saura discuter avec nous, sans politiser à outrance la négociation du secteur public. Nous avons des solutions pour les réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et pour les organismes gouvernementaux, encore faut-il que le gouvernement accepte de nous écouter. Un règlement satisfaisant des conventions collectives pour les 500 000 travailleuses et travailleurs des services publics serait une excellente entrée en scène pour la nouvelle présidente du Conseil du trésor », conclut-elle.

La convention collective de l’ensemble des travailleuses et travailleurs des services publics est échue depuis le 31 mars 2020.

Des projections urbaines pour réclamer des investissements dans les services publics

Ce soir, dès la tombée du jour, les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN utiliseront des projections urbaines dans le centre-ville de Montréal pour envoyer un message clair au gouvernement de la CAQ, en vue de l’énoncé économique qui sera déposé demain : Le Québec doit faire mieux et investir massivement dans les services publics.

« La crise actuelle met en lumière les dégâts causés par des années de compressions et de mesures d’austérité. Dans bien des secteurs, la situation était déjà critique avant la pandémie; et ça ne va pas en s’améliorant. Ça prend des investissements importants pour mettre en place des mesures structurantes, pas de simples pansements », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Pour la CSN, ces investissements dans les services publics doivent permettre d’améliorer à la fois les salaires et les conditions de travail. L’organisation syndicale rappelle qu’en novembre dernier, l’Institut de la Statistique du Québec confirmait à nouveau que le personnel des services publics était moins bien rémunéré que le reste des salariés québécois. « Il faut briser cette spirale qui tire tout le secteur public vers le bas : des salaires insuffisants qui n’attirent plus, des pénuries de personnel qui se multiplient, des surcharges de travail qui entraînent des maladies professionnelles, de nouvelles pénuries qui s’ajoutent… Ça ne peut plus continuer comme ça ».

Les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN sont conscients que le Québec doit faire des choix. Ils demandent aujourd’hui à la CAQ de choisir le bien-être de la population.

« La négligence des derniers gouvernements envers les besoins criants des réseaux publics a rendu l’attraction et la rétention du personnel extrêmement difficiles. Le gouvernement de la CAQ a maintenant le devoir de réparer ce qui a été brisé pour que la population du Québec puisse bénéficier des services auxquels elle a droit », conclut Caroline Senneville.

Mieux préparer la 2e vague dans le réseau de la santé et des services sociaux

Inquiètes des graves lacunes qui perdurent en matière de santé et sécurité au travail, toutes les organisations syndicales du réseau de la santé et des services sociaux du Québec lancent à l’unisson un appel clair au gouvernement : il est impératif de corriger la situation en vue d’une deuxième vague de propagation de la COVID-19. Dans le meilleur scénario, il reste trois mois tout au plus pour les préparatifs. Ces lacunes, marquées avant la pandémie, expliquent en bonne partie le bilan sombre du Québec en fait de contaminations, de décès et d’arrêts de travail.

Les syndicats précisent que cet automne, le Québec devra absolument éviter un nouvel enchaînement de contaminations et d’arrêts de travail du côté du personnel, déjà gravement fragilisé par les répercussions de la première vague. Alors que le gouvernement garde certains chiffres confidentiels, des données obtenues sur le terrain laissent présager que des situations difficiles persistent dans certains établissements ou certaines régions.

Revendications
La première phase de la crise de la COVID-19 a été un échec. En plus d’avoir coûté la vie à six personnes salariées du réseau de la santé et des services sociaux, elle a mis en lumière les lacunes en prévention dans les milieux de travail, comme en témoigne le fait que 5000 travailleuses et travailleurs ont été infecté.e.s. C’est pourquoi les organisations syndicales présentent les demandes suivantes :

  1. Avoir des données fiables sur le nombre de membres du personnel infectés par établissement, par mission, par service, par centre d’activités et par titre d’emploi pour mieux planifier les ressources disponibles.
  2. Avoir l’heure juste sur l’état des stocks d’équipements de protection individuelle (ÉPI) pour assurer un approvisionnement adéquat et le plus haut niveau de protection pour le personnel du réseau.
  3. Avoir des moyens de faire de la prévention sur le terrain pour limiter le nombre d’infections.
  4. Appliquer d’urgence l’intégralité des quatre mécanismes de prévention prévus à la Loi sur la santé et la sécurité du travail, dans l’ensemble des établissements du réseau, à commencer par l’identification d’un représentant à la prévention. Cette mesure devra être suivie par l’instauration de programmes de prévention et de programmes de santé ainsi que la mise sur pied de comités de santé et sécurité.

Citations

« La prévention en santé et sécurité au travail est déficiente dans le réseau et la pandémie nous le montre comme jamais. Il faut renverser la vapeur et se donner les moyens de protéger le personnel en vue de la deuxième vague. Et pour ça, il faut que le gouvernement fasse ce qu’il faut pour identifier un représentant à la prévention dans chaque installation. Cette personne doit avoir les pouvoirs nécessaires pour faire fonctionner la prévention au plus vite », explique Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

« Dès le début de la pandémie, on a pu constater que les recommandations de l’INSPQ étaient guidées par le peu d’équipements de protection individuelle en stock. Le Québec a commencé cette crise mal préparé, mal équipé, avec un réseau de la santé déjà à bout de souffle. Le gouvernement Legault a refusé de nous informer correctement sur les inventaires d’ÉPI disponibles et plusieurs résidences et CHSLD ont souffert d’un approvisionnement insuffisant. Le personnel de la santé a été mis à risque par absence de prévention. On n’acceptera pas ça pour la deuxième vague! », a averti Linda Lapointe, vice-présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ.

« Après bientôt trois mois de crise, c’est inacceptable qu’on ne parvienne toujours pas à obtenir un portrait clair de la situation. Pour préparer adéquatement le réseau à la deuxième vague, il nous faut une vue d’ensemble pour comprendre ce qui nous attend. Il est urgent d’avoir un rapport statistique clair et précis permettant d’établir combien de personnes salariées ont été infectées », souligne Andrée Poirier, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

« La toute première étape, urgente, doit être de nommer des représentants à la prévention dans chacun des milieux de travail, avec tous les pouvoirs prévus dans les règlements de la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Ces personnes impartiales et autonomes auront tous les pouvoirs pour inspecter et prescrire des correctifs sans délai. C’est un moyen très rapide et extrêmement efficace pour nous sortir du chaos actuel », a déclaré Benoit Bouchard, président de la division québécoise du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-Québec).

« Depuis le début de la crise, à travers les établissements, les comités et ressources en matière de santé et sécurité qui existaient déjà ont été réduits au minimum. Ça n’a aucun sens! Il faut maintenant faire machine arrière et multiplier les travaux de prévention. Ce sont des moyens extrêmement utiles en temps normal, alors en temps de pandémie, c’est une question de vie et de mort », selon Sylvie Nelson, présidente du SQEES-FTQ.

« La première vague de COVID-19 a mis en lumière un nombre considérable de lacunes dans les établissements de santé. La ministre elle-même a reconnu que les exigences croissantes de mobilité imposées depuis la création des mégas structures, le recours à la main-d’œuvre indépendante des agences de placement privées et les nombreux déplacements du personnel d’un établissement à l’autre ont agi comme vecteur de propagation de la COVID-19. En plus du matériel adéquat, la stabilité des équipes de soins doit être prioritaire, non seulement en termes de ratios, mais également en termes d’équipes dédiées permettant de développer et de consolider les expertises requises. Il faut que des actions soient mises de l’avant dès maintenant et rapidement » – Claire Montour, présidente de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ).

« Nous sommes conscients qu’il y a une forte demande pour les ÉPI à travers le monde. Toutefois, nous avons l’impression que les directives sanitaires varient en fonction des stocks disponibles et nous doutons grandement de l’efficacité de certains ÉPI fournis au personnel. Il n’est donc pas étonnant de voir autant de travailleurs et travailleuses infectés ou décédés. Nous croyons même que le personnel immunodéprimé ou qui a une maladie chronique en réaffectation est plus en danger qu’il ne le pense », soutient Christian Naud, Responsable du dossier politique de la santé et sécurité au travail à la Fédération des professionnèles (FP-CSN).

N’attendons pas la prochaine crise

Plus d’une centaine de travailleuses et de travailleurs du secteur public se sont rassemblés aujourd’hui à Montréal devant les bureaux du premier ministre François Legault. Tous munis d’un couvre-visage et respectant la distanciation physique, des membres de la CSN œuvrant dans les réseaux de la santé et des services sociaux et de l’éducation ainsi que dans les organismes gouvernementaux ont manifesté leur mécontentement quant au déroulement de la négociation actuelle et ont indiqué au gouvernement que l’offre globale qu’il propose est insuffisante tant sur le plan des conditions de travail que sur celui des salaires.

« Ce qui est sur la table actuellement ne répond pas aux besoins du personnel des services publics et, malheureusement, avec les problèmes catastrophiques d’attraction et de rétention dans les réseaux, on constate aujourd’hui les conséquences graves de ne pas agir en ce sens », a affirmé Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

La CSN a tenu à rappeler qu’il y a plusieurs mois, elle sonnait déjà l’alarme sur l’état préoccupant de nos services publics après des années de négligence institutionnelle. Pour l’organisation syndicale, l’absence de volonté réelle du gouvernement d’améliorer les conditions de travail de tout le personnel qui assure les services à la population est à la fois incompréhensible et inacceptable. « Les réseaux étaient mal en point bien avant la pandémie. Les problèmes ne disparaîtront pas dans les prochains mois, bien au contraire. La négociation en cours, bien qu’elle se fasse dans une période de crise sans précédent, doit absolument permettre d’améliorer significativement le sort des travailleuses et des travailleurs des services publics », a ajouté Caroline Senneville.

Dans son projet d’offre globale, le gouvernement fait la sourde oreille à bon nombre d’enjeux soulevés par la CSN. Parmi ceux-ci, on trouve notamment la nécessité d’assurer une immunité aux lanceurs d’alerte. « Les travailleuses et travailleurs des réseaux publics doivent pouvoir dénoncer des situations inacceptables sans craindre des représailles. Pour mettre fin à l’omerta une fois pour toutes, il faut reconnaître ce droit dans nos conventions collectives, comme nous le demandons depuis le début de la négociation. Dans le contexte actuel, c’est particulièrement choquant que le gouvernement s’entête à refuser cette demande on ne peut plus légitime. »

Pour Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN), il est clair que le gouvernement doit prendre acte du message porté par les militantes et les militants qui se sont rassemblés aujourd’hui. « Malgré toutes les contraintes qui résultent de la crise sanitaire, plus d’une centaine de personnes ont tenu à venir ici, devant le bureau du premier ministre, pour réclamer des services publics plus humains tant pour celles et ceux qui y travaillent au quotidien que pour l’ensemble de la population. Ces personnes se font la voix de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui se dévouent comme jamais pour le Québec. Elles doivent être entendues. »

Alors que le gouvernement ne cesse de répéter publiquement qu’il souhaite parvenir rapidement à des ententes avec les organisations syndicales, il ne démontre pourtant pas cet empressement à négocier en bonne et due forme. C’est d’ailleurs sur un appel clair à la négociation que la vice-présidente de la CSN, Caroline Senneville, a souhaité conclure le rassemblement. « M. Legault, nous avons, ensemble, la responsabilité de regarder les problèmes en face, de réparer ce qui est brisé et de redonner aux Québécoises et aux Québécois les services publics auxquels ils ont droit. Venez vous asseoir aux tables de négociation; c’est là que sont les solutions. N’attendons pas la prochaine crise. »

Déconfinement à vitesse grand V pour les familles d’accueil d’enfants de la DPJ

Caroline Paquin est vice-présidente au litige pour le Syndicat des familles d’accueil et des ressources intermédiaires destinées aux enfants de Lanaudière—CSN. En plus de ses trois enfants biologiques, elle a également la charge de trois enfants en situation de handicap qui lui ont été confiés par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

Quand on lui demande comment se vit la pandémie de la COVID-19 sur le terrain pour elle et les autres ressources de type familial de la région, elle fait état d’une crise qui s’est déroulée en deux temps.

« Pour la majorité de la crise, on était complètement confinés. Personne ne sortait — même pour aller faire l’épicerie — et les visites et les contacts physiques avec les parents étaient suspendus, explique-t-elle. Pour nous, ça s’est relativement bien passé. Certains enfants qui ont des enjeux affectifs aiment qu’on soit tout le temps ensemble. »

Puis, le 5 mai dernier, dans la foulée de la politique du déconfinement qui est maintenant en vigueur au Québec à l’extérieur de la région métropolitaine, un arrêté ministériel adopté par la ministre de la Santé et des Services sociaux a décrété que la DPJ est tenue « d’aménager, d’une façon qui permet de protéger la santé de la population, l’exercice d’un contact en présence physique d’un enfant avec ses parents. »

« Un jour, personne ne peut sortir parce que ce serait trop dangereux pour les usagers, puis le lendemain, la DPJ nous dit qu’on est obligés de laisser nos enfants aller en visite chez leurs parents, sinon on risque de se faire poursuivre, s’étonne Mme Paquin. En même temps, les familles d’accueil qui ont des usagers adultes avec une déficience psychologique, elles, n’ont toujours pas le droit de sortir. On est à la limite de la région du Grand Montréal. Je suis toute seule pour m’occuper de six enfants. Qui va venir m’aider si j’attrape la COVID et je tombe malade ? »

Bien que l’arrêté ministériel énumère certaines conditions qui devraient être réunies pour que les contacts physiques avec les parents soient acceptés, Mme Paquin précise que ces directives se concrétisent d’une façon bien différente sur le terrain.

« Les parents des enfants qu’on nous confie ont souvent eux-mêmes des troubles du comportement ou des déficiences intellectuelles. La DPJ ne fait aucun discernement pour évaluer si les parents sont responsables et prennent les précautions nécessaires. On a un enfant qui fait une pneumonie, mais la DPJ a exigé qu’on le laisse aller en visite quand même. Il me semble que la prudence et la santé des enfants devraient avoir priorité », conclut-elle.

Une prime qui confirme que les salaires sont insuffisants

« Bien entendu, cette nouvelle prime est bienvenue, mais cette augmentation temporaire de salaire sous forme de prime vient encore une fois confirmer que les travailleuses et les travailleurs des services publics sont sous-payés. »

La CSN réagissait ainsi à l’annonce faite aujourd’hui par le premier ministre d’une nouvelle prime pour le personnel soignant travaillant à temps plein dans les CHSLD ou les zones chaudes des hôpitaux. L’organisation syndicale, qui représente plus de 150 000 personnes dans les services publics, réclame depuis le tout début de la crise une prime de 3 $ l’heure pour tout le personnel au front contre la COVID-19 et de 4 $ l’heure pour ceux et celles qui offrent plus de disponibilité.

« Le fait que cette nouvelle prime soit en montant fixe plutôt qu’en pourcentage répond à nos demandes exprimées et répétées depuis le 23 mars, soit que la reconnaissance du risque ait la même valeur pour toutes et tous. Toutefois, nous déplorons que cette prime ne s’applique toujours pas à toutes les travailleuses et tous les travailleurs au front, notamment à l’ensemble du personnel en santé et services sociaux et au personnel des services de garde d’urgence qui est aussi sur la première ligne depuis le début », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

« Il ne faut pas perdre de vue que la seule solution à long terme pour contrer la rareté de main-d’œuvre qui sévissait déjà avant la pandémie dans le secteur public, c’est de reconnaitre pleinement la valeur du travail de tout le personnel. Si on veut agir pour retenir les travailleuses et les travailleurs des réseaux, c’est ce qu’il faut faire ». La CSN convie le gouvernement à convenir dès maintenant de telles solutions adaptées et durables.

« Au cœur de cette crise, on le constate plus que jamais, les services publics sont les piliers de notre société. Ces piliers sont fragiles, la population le comprend aujourd’hui. Il faut s’assurer de les renforcer en améliorant significativement et de façon permanente les conditions de travail et de pratique ainsi que les salaires de celles et ceux qui sont là pour nous, pour nos grands-parents, pour nos enfants, pour nos amis », conclut Caroline Senneville.

Surcharge et manque de concertation

Dans son mémoire présenté hier devant la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, la CSN estime qu’il est urgent pour le gouvernement d’investir temps, énergie et argent afin de redresser la situation des services sociaux. Résultant d’une consultation des membres ayant une expérience significative auprès d’enfants et de familles en contexte de vulnérabilité, le mémoire donne la parole aux intervenantes sur le terrain.

Organisation et financement
La majorité des intervenantes interrogées ont indiqué ne pas avoir l’impression d’offrir des services de qualité et selon l’intensité requise : la rupture dans le continuum des services, le manque de personnel et la surcharge de travail font en sorte qu’elles doivent trop souvent s’improviser « pompières » et éteindre des feux de cas plus critiques. Pendant ce temps, d’autres cas doivent patienter plus longtemps. Une organisation offrant davantage de souplesse, dans un plus grand respect de l’autonomie professionnelle et du jugement clinique, permettrait d’offrir des services selon la qualité et l’intensité requises. Quant au financement, le constat est clair : les investissements sont insuffisants en raison du sous-financement chronique. De plus, les sommes investies sont mal réparties, engendrant ainsi un accès difficile aux soins et aux services. Devant la représentante de la Commission, Jean Lacharité, vice-président de la CSN, a souligné « l’urgente nécessité de réinvestir de façon majeure dans les CLSC de manière à pouvoir travailler en amont sur le plan de la prévention de la maltraitance envers les jeunes ».

Pour assurer l’accès et la continuité des services à la jeunesse, le financement adéquat et stable des missions sociales du réseau de la santé et des services sociaux ainsi que des partenaires du réseau, comme les organismes communautaires, est essentiel.

Conditions de pratique
Plus de la moitié des intervenantes relatent avoir une trop grande charge de travail et ne pas arriver à suffire à la tâche pendant les heures normales de travail. En plus d’être trop grande, cette charge est complexe et émotionnellement difficile. Dans une très forte majorité, les intervenantes ont pointé manque de personnel comme étant le facteur principal de la surcharge. Les problèmes d’attraction et de rétention de personnel ainsi que les conditions d’exercice ne favorisant pas la conciliation famille-travail-études n’aident certainement pas à régler la situation. « La protocolisation des soins et le peu de consultations de la part des gestionnaires ou supérieurs immédiatsur les pratiques cliniques contribuent assurément à la démotivation de ces professionnelles », a rapporté devant la Commission Jessica Goldshleger, responsable du secteur santé et services sociaux de la Fédération des professionnèles–CSN. Pour la CSN, l’organisation du travail doit être revue afin de favoriser un réel travail interdisciplinaire et un véritable respect du jugement clinique des intervenantes.

Finalement, les personnes sondées ont constaté une complexification des cas et une augmentation des comorbidités chez les jeunes. S’ajoute à cela une augmentation importante des problèmes de santé mentale, tant chez les parents que chez les enfants. Pour la CSN, cela démontre l’importance de la prévention qui doit être faite auprès des parents.

Concertation des réseaux
Une meilleure collaboration entre les réseaux s’est aussi avérée un enjeu non négligeable. La CSN précise que selon ses membres, il est nécessaire d’instaurer de nouveaux mécanismes de concertation entre les réseaux. Or, les principaux obstacles à la concertation des réseaux sont le manque de communication, de collaboration et de coordination ainsi que la méconnaissance du rôle de chacun. La mise sur pied d’une coordination, de lieux d’échange et de discussions pourrait à cet égard s’avérer utile.

Les réalités spécifiques aux communautés autochtones
La CSN compte parmi ses membres des intervenantes et des intervenants qui travaillent auprès des jeunes et des familles au Nunavik, dans le Nord-du-Québec et sur les Terres-Cries-de-la-Baie-James. L’enquête menée par la CSN a permis de mettre en lumière des éléments qui nuisent à l’accès et à la qualité des services offerts à la jeunesse. Le haut taux de roulement du personnel, la surcharge de travail, la méconnaissance des cultures et des traditions autochtones et le manque de ressources spécialisées ont été cités comme nuisant à la qualité des services. En ce sens, Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN, a fait ressortir devant la Commission que « la mise en place d’un processus de reconnaissance des compétences des personnes autochtones, l’accès à de la formation professionnelle et du soutien clinique pour ces dernières, ainsi que des activités d’échanges interculturels pour les non-autochtones nouvellement embauchés constituent des pistes de solutions intéressantes ».

Les sages-femmes font plus que jamais partie de la solution

Le Regroupement Les Sages-femmes du Québec (RSFQ) souhaite souligner la Journée internationale de la sage-femme. Cette édition 2020 est d’autant plus significative qu’elle s’inscrit dans l’Année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier (2020) et que la Journée mondiale de la santé (7 avril 2020) portait sur la même thématique.

« C’est une triple reconnaissance internationale qui est forte de sens en ces temps difficiles. Même s’il s’agit de l’un des plus vieux métiers, notre pratique évolue continuellement et s’adapte aux nouveaux défis. Le contexte actuel de la COVID-19 en est un bon exemple. Dès les débuts de la crise, nous avons réfléchi à des solutions qui ont été mises en œuvre », déclare la présidente du RSFQ, Mounia Amine.

Le Québec compte plus de 250 sages-femmes et le Canada près de 1900. En 2018, plus de 43 000 naissances étaient assistées par des sages-femmes, soit 11,8 % de l’ensemble des naissances au Canada. Le Québec, qui accuse un important retard par rapport à ces provinces comparables, se situe à 4,2 %.

Le Québec : leader de l’accouchement hors hôpital
Il est toutefois intéressant de noter qu’ici, plus de 95 % des femmes suivies par les sages-femmes choisissent d’accoucher en dehors des centres hospitaliers. Qui plus est, au Québec, comme partout au Canada et dans le monde, la demande pour le suivi sage-femme, et particulièrement pour la possibilité de mettre son enfant au monde ailleurs qu’à l’hôpital, a explosé.

La versatilité des sages-femmes à agir dans toutes les sphères du continuum prénatal, pernatal et postnatal, de même que leur capacité à offrir des services à domicile et en maison de naissance, sont des atouts pour le système de santé, d’autant plus que les structures hospitalières sont mises à dure épreuve. La pratique sage-femme fait partie de la solution et permet de désengorger les services en obstétrique dans les hôpitaux.

Solidarité dans la crise
En plus d’accueillir un nombre croissant de femmes enceintes en raison de la forte demande, certaines équipes de sages-femmes ont également pris en charge des tâches supplémentaires d’infirmières en suivi postnatal, alors que ces dernières sont appelées en renfort dans les CHSLD. D’autres initiatives similaires sont en élaboration.

Pourtant, la majorité des équipes manquaient déjà de sages-femmes en raison de la rareté de la main-d’œuvre. L’isolement nécessaire de plusieurs sages-femmes, en raison de la COVID-19, amplifie ce manque de ressources. Les équipes de certaines maisons de naissance ont donc conclu des ententes de collaboration pour prévenir d’éventuels bris de service à la population et éviter de surcharger les hôpitaux affiliés, le cas échéant.

« Les sages-femmes font tout en leur pouvoir pour que les familles du Québec bénéficient de services de qualité malgré la crise. Les défis organisationnels à relever sont nombreux et les responsables des services de sage-femme coordonnent les changements nécessaires avec rigueur et détermination. La concertation des différentes instances ainsi que la solidarité entre les professionnel-les du réseau sont incontournables pour y arriver », précise Mounia Amine.

Soutenir la créativité
Les idées ne manquent pas pour faire face aux besoins en constante évolution, mais la pratique sage-femme se bute régulièrement à des obstacles administratifs.

En ce 5 mai, le RSFQ appelle le gouvernement à reconnaître la place et l’efficacité des services de sage-femme et à mettre en place des solutions pour que l’opérationnalisation puisse prendre forme sur le terrain. Le gouvernement a toutes les cartes en main pour lever les contraintes auxquelles elles font face et les compenser équitablement.

« La profession de sage-femme a longtemps été banalisée et marginalisée. La Fédération des professionnèles (FP–CSN) continuera à appuyer les sages-femmes pour qu’elles soient pleinement reconnues et valorisées dans le réseau de la santé et des services sociaux », soutient la présidente de la FP–CSN, Ginette Langlois.

Plus que jamais, les sages-femmes font partie de la solution, en offrant leur expertise en périnatalité pour l’amélioration de la santé des mères et de leurs bébés.

Elles font partie de nos anges gardiens !

Renforçons le réseau universitaire québécois

La présente est une version écourtée de la lettre envoyée au ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur par les membres de la Table des partenaires universitaires (TPU).

Jamais encore n’avons-nous autant eu collectivement besoin de la science! Pour faire face à la pandémie actuelle, partout on se tourne vers les scientifiques. Pour affronter et vaincre cette crise, pour en tirer les indispensables leçons, la pandémie révèle le besoin pour la société québécoise et le gouvernement québécois de s’appuyer sur des citoyens et citoyennes dotés d’une solide formation et sur des recherches et études de pointe menées dans des établissements universitaires.

Il y aura au Québec, comme dans le reste du monde, un avant et un après COVID-19. Des leçons devront être tirées pour le secteur de la santé et des services sociaux, pour le milieu de l’éducation, pour les entreprises privées, etc. Le réseau universitaire ne doit pas échapper à l’examen. La crise est en effet une occasion de renforcer le réseau universitaire, c’est-à-dire de réviser son financement, de pallier l’absence de coordination entre les diverses composantes et de réaffirmer les fondements de la gestion des établissements.

Un financement public adéquat, prévisible et équitable
La crise constitue le bon moment pour le gouvernement d’assurer un financement à long terme de l’enseignement et de la recherche.

La combinaison d’un paramètre inadéquat du financement actuel de l’enseignement, soit l’étudiant en équivalence au temps plein (EETP), et de la déréglementation des droits de scolarité des étudiants et étudiantes internationaux qui ne seront vraisemblablement plus au rendez-vous cet automne pousse les directions des établissements à effectuer une gestion à courte vue qui est préjudiciable à leur mission d’enseignement et de formation.

Le financement de l’enseignement universitaire doit être révisé afin de freiner la concurrence et le gaspillage de fonds publics auquel elle a donné lieu (« branding » des établissements, mise en marché, déploiement de campus satellites dans des régions déjà desservies, etc.) Les universités ne doivent pas dépendre non plus des fonds accordés par les entreprises et les philanthropes.

Le financement doit aussi tenir compte des besoins et des conditions de la population étudiante (première génération, temps partiel, parents-étudiants, population autochtone, en situation de handicap, stress, incertitude financière, etc.) Il doit soutenir la nécessité de maintenir des infrastructures et de l’expertise dans toutes les régions du Québec. C’est pourquoi la gratuité scolaire et le soutien aux études sont essentiels.

De plus, la précarité sous toutes ses formes et dans les divers corps d’emplois doit faire l’objet d’une sérieuse remise en question. Les conditions de travail du personnel se sont terriblement dégradées au fil des années et le taux de précarité des personnes chargées de cours, des professionnel-les et des personnels de soutien est effarant. Il faut mettre fin aux attaques à la sécurité d’emploi. Le recours à la sous-traitance dans tous les secteurs est une tendance qu’il faut pourfendre.

Un rehaussement substantiel du financement public (canadien et québécois) de la recherche universitaire est incontournable ainsi qu’un accès équitable de tous les acteurs qui font de la recherche, soit les professeur-es, les professionnel-les de recherche, les personnes chargées de cours, de même que les étudiant-es à ces ressources. Au cours des dernières années, les compressions dans les budgets de recherche, jumelées à une volonté de soutenir des projets répondant à des priorités gouvernementales ou des entreprises, ont porté atteinte à la recherche libre et à l’indépendance intellectuelle et scientifique.

Bref, l’État québécois doit assurer un financement adéquat, stable, prévisible et équitable de la mission des universités.

La coordination, la collaboration et la gestion
L’élaboration d’une loi-cadre et la création d’un conseil des universités amélioreraient la cohésion au sein du réseau et la collaboration entre les établissements. La crise que nous vivons aujourd’hui exprime plus que jamais ce besoin. Non seulement ces deux dispositifs auraient pu freiner la concurrence que se livrent les directions des établissements depuis plusieurs années – et le gaspillage de fonds publics qui l’accompagne, mais ils auraient aussi pu empêcher des prises de décision locales, modifiant la mission universitaire de façon irréfléchie, auxquelles nous assistons actuellement dans certains établissements. Le conseil des universités doit toutefois être composé d’une majorité de membres issus des différents groupes appartenant à la communauté universitaire et ne pas conduire à l’implantation de mécanismes d’assurance qualité ni à une standardisation des contenus pédagogiques et de la recherche.

Enfin, nous croyons que la création d’un ministère entièrement dédié à l’enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation contribuerait à accroitre la collaboration des universités entre elles.

Les crises sont propices à la transformation des rapports de pouvoir au sein des organisations. La crise actuelle ne fait pas exception à la règle. Elle a été une nouvelle occasion d’éroder la gestion collégiale qui est pourtant au cœur du fonctionnement des universités depuis leur création. Il nous faut revenir à des modes de gestion qui favorisent la collégialité et la représentation de tous les groupes de la communauté au sein des instances : cadres, professeur-es, personnes chargées de cours, professionnel-les, personnels de soutien, ainsi que les étudiant-es. Il faut de plus assurer que les décisions relatives à l’enseignement et à la recherche soient entièrement dévolues au personnel universitaire par l’intermédiaire d’instances au sein desquelles les membres de la communauté universitaire sont nettement majoritaires.

Nous savons que la pandémie que nous vivons actuellement ne sera pas la dernière crise que le Québec devra affronter. D’autres crises s’annoncent déjà et menacent la santé publique, l’agriculture, l’aménagement du territoire, l’économie, la cohésion et la solidarité sociale. Ces crises exigeront elles aussi des décisions difficiles de la part des responsables politiques. Pour nous préparer à les affronter, la société québécoise aura à nouveau besoin des savoirs construits par une multitude de disciplines. Des savoirs libres et engagés pour affronter et résoudre les problèmes auxquels sociétés, communautés et individus doivent faire face. Pour que les universités soient à la hauteur des nouveaux défis qui se présenteront, et capables de satisfaire les attentes de la société québécoise à leur égard, il faut renforcer le réseau universitaire.

Signataires, membres de la Table des partenaires universitaires :
Caroline Quesnel, présidente, Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec-CSN
Louise Briand, vice-présidente, secteur universitaire, Fédération des professionnèles – CSN
Jean Portugais, président, Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU)
Bernard Gaucher, président, Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche
Carole Neill, présidente, Conseil provincial du secteur universitaire du SCFP-Québec.
Philippe Lebel, président, Union étudiante du Québec
Andréanne St-Gelais, présidente de la Fédération des associations étudiantes universitaires québécoises en éducation permanente

Des radiographies de poumons, essentielles en temps de COVID

Les poumons figurant parmi les organes les plus affectés par le nouveau coronavirus, la prise d’images de ceux-ci devient essentielle au traitement de la maladie. Un rôle crucial qui est rempli par les technologues en imagerie médicale.

« On ne fait que des patients potentiellement atteints de la COVID et quelques autres cas d’urgence, comme des fractures », explique Jenny Poulin, technologue en imagerie médicale à l’hôpital Chauveau de Québec. Il faut donc enfiler l’équipement de protection (blouse, visière, masque et gants) et trimbaler l’appareil mobile vers l’urgence où les radiographies des patients sont prises alors qu’ils sont dans leur lit, avec une plaque derrière le dos qui est recouverte d’une taie d’oreiller. Il faut tout désinfecter entre chacun des patients.

« Ce n’est pas évident, les patients toussent, bougent, enlèvent leur masque pour tousser », précise Marie-Josée Lambert, technologue au même hôpital. Les deux spécialistes de l’imagerie médicale soulignent par ailleurs que l’appareil mobile ne donne pas des images optimales, comme l’appareil habituel en salle dédiée. Chaque radiographie prend de trois à quatre fois plus de temps, en raison des déplacements et de la désinfection qui est requise.

L’équipement de protection n’a pas manqué à l’hôpital Chauveau, même si le magasin était a été à sec pendant une courte période. « Il faut penser d’avance à commander, car le matériel n’est pas toujours sur place », explique la technicienne.

« On est pas mal stressés et un peu à cran », résume Jenny Poulin, en précisant que la tension peut parfois monter quand un collègue oublie certaines procédures, alors que le risque de contamination est constant. Parlant de procédures, les deux techniciennes ont remarqué un nombre important de changements de procédures, surtout au début de la crise. 

« Notre gros point, c’est que nous ne sommes pas reconnus », affirme Marie-Josée Lambert qui aurait souhaité avoir accès à la prime de 8 % qui a été offerte à plusieurs salarié-es dans le secteur de la santé. « Notre travail se fait essentiellement à l’urgence ces temps-ci. Le contact avec les patients atteints par la COVID est constant. »

Inquiétude pour les mois à venir
Avec la COVID-19, de multiples radiographies électives sont reportées et la liste d’attente s’allonge de jour en jour. Parallèlement à cela, le personnel diminue en nombre puisque certains sont en arrêt de travail, notamment les femmes enceintes qui doivent quitter le travail plus tôt qu’à l’habitude en raison du virus. Marie-Josée s’inquiète donc de savoir s’il y aura des finissants au cégep cette année pour venir leur prêter main-forte. « Si je tombe malade et que je contamine des collègues, le département pourrait pratiquement fermer », anticipe-t-elle.

La technologue ajoute en outre que les autres maladies continuent d’affecter plusieurs patients. Un cardiologue a d’ailleurs réalisé quelques échographies cardiaques en disant que celles-ci étaient essentielles à la vie des personnes concernées. La pression sera forte quand les suivis radiologiques électifs reprendront.

« Intervenantes en santé communautaire… avec une majeure dans notre domaine ! »

Alors que les personnes âgées sont confinées à domicile et que les visites sont interdites dans les résidences pour aîné-es, les employé-es des programmes de soutien à domicile des CLSC sont souvent les seuls à leur rendre visite en cette période de pandémie.

C’est le cas de Mélanie Deschesnes, physiothérapeute au CLSC de Charlesbourg, qui travaille auprès des personnes âgées pour prévenir les chutes.

« Ces jours-ci, on dit plutôt qu’on est des intervenantes en santé communautaire… avec une majeure dans notre domaine ! », blague-t-elle lorsqu’on l’a jointe au téléphone durant sa pause du matin. « On est parfois les seules à entrer en contact avec les personnes âgées ces jours-ci. Il y a beaucoup d’angoisse, de stress, particulièrement chez celles qui n’ont pas perdu leurs capacités cognitives et qui passent une partie de leur journée devant TVA Nouvelles… Habituellement, elles voient leurs enfants toutes les semaines et, tout d’un coup, elles n’ont plus aucune visite. Elles sont dans l’isolement total, elles ne voient plus personne. C’est très difficile pour leur moral. »

Malgré les risques de contamination, le programme de soutien à domicile pour lequel travaille Mélanie poursuit son cours. « C’est vraiment pas le bon moment pour chuter, se casser une hanche et se ramasser à l’hôpital ! », souligne-t-elle. Bien entendu, elle et ses collègues prennent toutes les précautions nécessaires pour éviter la contamination, notamment en portant les équipements de protection individuelle adéquats.

« Mais la relation d’aide n’est pas facile en portant un masque… », reconnaît-elle. Particulièrement pour les personnes qui ont des problèmes d’audition et qui sont habituées à s’aider en lisant sur les lèvres.

La durée du confinement préoccupe grandement la physiothérapeute.

« Pour plusieurs aîné-es, marcher vers la cafétéria constituait le plus grand effort physique dans une journée. Même ça, elles n’y ont plus droit. Une dame qui a subi son opération pour la hanche juste avant l’épidémie me disait l’autre jour qu’elle était préoccupée par son rétablissement, parce qu’elle ne pouvait plus faire sa promenade. Ça, c’était un beau rayon de soleil de l’entendre me dire ça ! »

« Mais moi aussi, je m’inquiète. Nos personnes âgées bougent beaucoup moins en raison de la crise. Les gens n’iront pas mieux après la pandémie. Une journée alitée, c’est l’équivalent d’une semaine pour récupérer. Je m’attends à un boom, à une augmentation des problèmes de mobilité en lien avec le déconditionnement : perte de force, perte d’endurance, perte de capacité à la marche… Les gens vont être essoufflés beaucoup plus rapidement. »

Mélanie se console, car malgré les difficultés, elle peut poursuivre son travail. « Ce qu’on aime, c’est aider le monde. Au moins, on peut continuer à les visiter, à les aider. À travers tout ça, on se réalise ! »

Québec doit intervenir pour autoriser les personnes accompagnantes

Le 3 avril dernier, l’Hôpital général juif de Montréal a émis une nouvelle directive stipulant qu’aucun partenaire ni autre accompagnant-e ne serait autorisé en salle d’accouchement laissant ainsi les femmes et les personnes enceintes seules pour accoucher. Nous souhaitons interpeller le gouvernement du Québec et lui demander de prendre une position claire contre cette mesure.

Nous comprenons que de telles directives soient motivées par la nécessité de protéger toute personne déambulant à l’hôpital, mais surtout le personnel soignant sur la ligne de front face à la COVID-19. Néanmoins, les groupes que nous représentons ont tous été interpellés par des femmes en détresse, de même que par des professionnel-les en désaccord profond avec cette mesure, certain-es allant jusqu’à envisager des démissions en bloc. Nous sonnons donc l’alarme : cette directive va trop loin. Elle ne sert ni la population ni les professionnel-es de la santé.

Protéger la santé de la personne qui accouche et de son nouveau-né passe par la prévention des complications, laquelle est intrinsèquement liée à la préservation des processus physiologiques. Les études le démontrent et toutes les instances de santé sont unanimes : la présence d’une personne significative est une condition essentielle au bon déroulement d’un accouchement.

De sérieux risques
D’autre part, nous sommes alarmés qu’un nombre croissant de femmes et de personnes qui accouchent envisagent in-extremis la possibilité d’accoucher chez elles sans assistance et de faire appel aux services ambulanciers lorsque la naissance sera imminente. Non seulement ce choix de dernière minute comporte de sérieux risques pour la sécurité des accouchements, mais il menace également d’engorger les services ambulanciers déjà sous tension. Il est évident qu’advenant l’adoption d’une telle directive par d’autres établissements de santé, ce mouvement serait amplifié.

Ceci étant dit, nous comprenons la crainte des professionnel-les de s’exposer à la COVID-19, en particulier lorsque des personnes mentent sur leur état de santé. Il nous paraît essentiel de continuer à enjoindre la population à suivre les directives tout en priorisant l’octroi d’équipement de protection pour les professionnel-les plutôt que d’opter pour des mesures aussi controversées et punitives. Soulignons que les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Société des obstétriciens-gynécologue du Canada (SOGC) stipulent que même les personnes diagnostiquées COVID-19 positif devraient être accompagnées durant leur accouchement.

Des situations contraignantes similaires ont eu lieu en France et dans la ville de New York. Les autorités gouvernementales ont dû se rétracter après avoir imposé de telles mesures en constatant les conséquences gravissimes d’une telle directive sur la santé mère-enfant. Nous croyons qu’il est possible de concilier protection du personnel de la santé et du public d’un côté et respect des droits fondamentaux des femmes et des personnes qui accouchent de l’autre. Le gouvernement du Québec doit rétablir la présence d’une personne accompagnante lors d’accouchement.

Signataires
Regroupement Les Sages-femmes du Québec
Groupe MAMAN Mouvement pour l’autonomie dans la maternité et l’accouchement naturel
Regroupement Naissance Respectée
Association québécoise des accompagnantes à la naissance
Confédération des syndicats nationaux
Fédération des professionnèles (FP–CSN)
Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN)
Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN)
Association canadienne des sages-femmes
Association québécoise des infirmières et infirmiers

Une prime insuffisante et inéquitable

« Pour le gouvernement, les travailleuses et les travailleurs du secteur public au front contre la COVID-19 n’ont pas toutes et tous la même valeur. C’est inacceptable. Ces femmes et ces hommes qui luttent pour nous méritent mieux », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Après un premier arrêté ministériel en éducation, le 18 mars, qui venait suspendre certains droits des travailleuses et des travailleurs et un second le 21 mars, qui venait faire la même chose dans le secteur de la santé et des services sociaux, c’est à nouveau par une décision unilatérale que le gouvernement est venu fixer les modalités entourant la prime COVID-19, un geste fortement décrié par la CSN. « Les discussions avec le Conseil du trésor sur la prime COVID-19 étaient loin d’être terminées. Nous déplorons le manque d’écoute du gouvernement envers celles et ceux qu’il ne cesse d’appeler ses anges gardiens », ajoute Caroline Senneville.

Toutefois, au-delà de la façon de faire, la prime en elle-même est loin de satisfaire la CSN. Comme cela est libellé dans l’arrêté ministériel déposé hier, le Conseil du trésor choisit d’offrir à certains salariés du réseau de la santé et des services sociaux une prime de 8 %, et à d’autres, une prime de 4 %, alors que tous les salarié-es sont sous pression de façon continuelle durant cette crise. « La prime est nettement insuffisante; elle ignore complètement bon nombre de travailleuses et de travailleurs au front eux aussi, notamment le personnel des services de garde d’urgence et des services à domicile. »

Pour la CSN, il est clair que les iniquités qu’entraîne une prime exprimée en pourcentage sont injustifiables. « Que ce soit dans un établissement de santé, un centre de laboratoire, un domicile privé, un CHSLD ou une école, le danger est bien réel pour tout le monde et le travail de l’ensemble du personnel au front doit être reconnu et valorisé. Une prime en pourcentage, qui se traduit forcément par des montants plus bas pour les salaires les moins élevés, envoie le message aux travailleuses et aux travailleurs que de mettre sa vie en danger ne mérite pas la même reconnaissance pour toutes et tous », poursuit Caroline Senneville.

À l’instar de ce que le gouvernement a mis en place pour le secteur privé (prime de 4 $ l’heure en montant fixe et montant fixe de 100 $ par semaine), la CSN demande à nouveau au gouvernement d’établir la prime spéciale sous forme d’un montant fixe. Rappelons que la centrale syndicale a demandé, le 23 mars dernier, une série de mesures à mettre en place immédiatement pour passer à travers la crise, dont une prime de 3 $ à 4 $ l’heure pour le personnel du secteur public appelé à contribuer aux efforts des mesures d’urgence de lutte contre la COVID-19.

Depuis le début de la crise, la CSN se bat pour que la contribution de TOUS les anges gardiens soit reconnue à sa juste valeur et elle poursuivra les discussions en ce sens dans les prochains jours. « Dans le contexte actuel, le gouvernement doit faire mieux », conclut Caroline Senneville.

Soigner les poilus en temps de crise

Il va de soi que les animaux domestiques apportent un grand réconfort à plusieurs individus et familles actuellement en isolement. En ces temps incertains, l’amour et la compagnie d’un petit chat ou d’un chien peuvent beaucoup aider à passer à travers la journée. Mais ces animaux ne choisissent pas le moment de tomber malades ou de rendre l’âme. Heureusement, les travailleuses et les travailleurs des cliniques vétérinaires sont là pour soutenir la population et aider les gens à traverser certaines difficultés qui n’attendent pas la fin de la crise sanitaire pour surgir.

Alexandra Fortin-Boulay, technicienne en santé animale (TSA) au Centre Vétérinaire Rive-Sud (CVRS) et présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs du Groupe Vétéri-Médic–CSN, admet que la situation actuelle lui rappelle la raison pour laquelle elle a choisi son métier. « J’ai toujours aimé mon travail, mais ces jours-ci, disons que je suis doublement fière du travail qu’on fait et du rôle qu’on joue pour la société. Nous avons la vie des poilus entre nos mains. Et les gens en ont besoin de leurs animaux, maintenant plus que jamais. Notre travail n’est pas facile, mais il est essentiel. C’est à nous de soigner ces petites bêtes. De veiller à leur confort et à leur bien-être. Mais pour y arriver, on doit être extrêmement vigilant quant à notre propre santé. Parce que si la COVID-19 rentre à l’hôpital, ça va exploser. »

Le CVRS a justement mis en place une série de mesures pour minimiser le risque d’infection et de propagation entre ses murs. On vise notamment à éliminer tout contact avec la clientèle. Les consultations se font par téléphone. En plus de parler des symptômes de leur animal, les clients doivent également informer la clinique de leur propre état de santé.

Demeurer alerte tout en se protégeant
Si une visite est jugée nécessaire, les personnes doivent se présenter sur place et contacter la clinique en restant dans leur voiture. L’évaluation se poursuit alors et les TSA procèdent à un triage afin de déterminer par quelle porte l’animal entrera. Les TSA les attendent par la suite à la porte et les clients doivent déposer l’animal devant eux. Une désinfection complète de l’animal se fait à l’intérieur avant qu’il puisse rentrer dans une salle de chirurgie. Il faut agir vite, parce qu’on n’accepte actuellement que les cas urgents ; il s’agit donc parfois de minutes avant qu’il ne soit trop tard.

Ça, c’est si tout va bien.

Souvent, dans la foulée de l’émotion, les clients n’écoutent pas les consignes ou l’animal est trop en détresse ; on le dépose alors directement dans les bras des TSA. Malgré le fait qu’elles portent des gants et un sarrau, ces travailleuses doivent maintenant procéder à une désinfection complète de leur personne. Pour être le plus rapides possible, elles portent maintenant deux couches de vêtements. Elles doivent dire à l’ensemble du personnel qu’elles sont contaminées et que personne ne devrait les toucher avant qu’elles puissent se laver et mettre la première couche de linge à la laveuse.

Les clients reconnaissent les efforts titanesques de ces travailleuses et travailleurs, même s’il leur est excessivement difficile de ne pas pouvoir accompagner leur animal une fois à l’hôpital. Et bien que ce soit assez éprouvant quand il s’agit simplement d’une intervention médicale, le processus de fin de vie apporte un tout autre niveau de bouleversement.

Un rituel malgré la COVID-19
C’est la raison pour laquelle l’hôpital a érigé un abri temporaire uniquement dédié à l’euthanasie des animaux. Les clients peuvent donc demeurer avec leur animal pour les derniers moments de sa vie. « C’est évidemment des moments très tristes, et ils ne peuvent pas y rester longtemps, mais au moins ils peuvent lui dire au revoir en paix », souligne la présidente du syndicat.

Ces nouveaux protocoles ne sont pas sans poser plusieurs défis. Le fait de tout effectuer par téléphone peut être ardu. Il est difficile de savoir si le client écoute bien, car celui-ci peut être en train de pleurer sans même que le ou la salarié-e le sache. Le lien de confiance se bâtit plus facilement lors d’un échange en personne, mais malgré ces obstacles, Alexandra et les autres membres du STT Groupe Vétéri-Médic–CSN savent qu’ils vont s’en sortir.

« L’énergie des troupes est forte. On se serre les coudes et on reste protégés. On a une job à faire, et on est fiers de ce qu’on est capable de réaliser pour nos amis poilus et leur famille en cette période de crise. »

Le Transit, un centre de crise toujours disponible

Alors que les services d’aide communautaire et les services en santé et services sociaux débordent, une petite lueur brille toujours au cœur de l’Île de Montréal. Le centre de crise Le Transit, qui dessert le Centre-Est de la ville, a même constaté une légère diminution de la clientèle depuis la crise sanitaire liée à la COVID-19. Et pourtant.

« On s’attend à ce que la demande arrive plus tard dans la crise ; présentement, les gens sont en mode survie. Toutefois, on sait qu’il y a déjà des personnes en détresse en raison des pertes d’emploi ou en raison de la situation conjugale. On est prêt à les aider. C’est juste que le gouvernement ne nous a pas encore mis sur la map dans les services offerts », confie l’intervenant psychosocial, André Lapierre, qui est aussi le président du syndicat de l’organisme.

Le Transit vient en aide gratuitement aux personnes qui se sentent dépassées par un événement stressant ou par une difficulté qui semble insurmontable. Entre 25 et 30 « anges gardiens » offrent ces services d’urgence de courte durée en tout temps. Même en cette période de confinement.

« Notre priorité, ce sont les interventions téléphoniques. Pour quelques exceptions, si les règles sont balisées, on peut aussi intervenir face à face. Même nos services d’hébergement demeurent disponibles. C’est sûr qu’on ne peut pas accueillir des personnes qui ont des symptômes ou qui sont en quarantaine, mais nos chambres sont là. »

Le centre de crise peut héberger jusqu’à quatre personnes en même temps, pour une durée maximale de 10 jours. Les personnes en situation de crise – ou leurs proches – peuvent contacter l’organisme à l’adresse suivante : https://www.centredecrise.ca/le-transit

Prime COVID-19 : réaction de la CSN

À la suite des revendications répétées de la CSN, le Conseil du trésor a modifié sa proposition pour la prime COVID-19.

Alors qu’il nous disait ce matin même (2 avril) que la prime COVID-19 qu’il envisageait ne s’appliquerait qu’à une partie du personnel de la santé et des services sociaux, il nous informe maintenant, et ce par un point de presse, qu’il propose une première prime de 8 % pour les travailleurs et les travailleuses qu’il considère de « première ligne », soit tous les professionnels de la santé œuvrant directement auprès de la clientèle, que ce soit aux urgences, aux soins intensifs, dans les centres de confinement, les cliniques de dépistage, ou les CHSLD. Il met aussi sur la table une autre prime de 4 % pour tout le reste du personnel du réseau public de la santé et des services sociaux. Ces primes seraient rétroactives au 13 mars et en vigueur jusqu’au 1er mai, et pourraient être renouvelées. Pour la CSN, il est clair que ces primes sont toujours nettement insuffisantes quant à leur hauteur et à leur application limitée à certains secteurs ou réseau.

Au moment d’écrire ces lignes, nous ne pouvons affirmer avec certitude quels titres d’emploi constituent la « première ligne » aux yeux du gouvernement. Le gouvernement a précisé que cette mesure serait incluse à un arrêté ministériel à paraître prochainement. Nous vous tiendrons informé-es de tout développement.

Soulignons que ces primes présentées aujourd’hui par le gouvernement n’ont pas fait l’objet d’une entente à aucune table de négociation. Il en va de même des mesures particulières à la COVID-19, pour assurer la santé et la sécurité du personnel.

Les syndicats CSN du CHU Sainte-Justine obtiennent le retrait du personnel à risque

Les trois syndicats CSN, représentant l’ensemble des salarié-es du CHU Sainte-Justine annoncent aujourd’hui que l’établissement accepte de retirer les femmes enceintes avec pleine rémunération via le programme Pour une Maternité Sans Danger (PMSD). Les personnes immunosupprimées présentant un billet du médecin et celles âgées de 70 ans et plus qui en font la demande seront aussi retirées.

Les syndicats se réjouissent que le CHU Sainte-Justine fasse preuve de leadership en mettant en œuvre cette mesure nécessaire, afin de protéger adéquatement l’ensemble du personnel de l’établissement. Les syndicats demeureront extrêmement vigilants dans la suite des choses afin d’assurer la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs tout au long de la crise. Rappelons que les fédérations représentant ces syndicats, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et la Fédération des professionnèles (FP–CSN) ont décidé de faire de la santé et de la sécurité du personnel leur priorité absolue. Elles tentent actuellement de convenir au niveau national, avec les représentants des employeurs du réseau, des mesures d’urgence à mettre en place immédiatement pour faire face à la crise de la COVID-19. Le retrait des femmes enceintes, celles qui allaitent ainsi que des personnes immunosupprimées ou d’autres personnes vulnérables des milieux non sécuritaires, avec pleine rémunération, fait partie de ces mesures.

« Le CHU Sainte-Justine a pour mission de se consacrer à la santé et au bien-être des mères et de leurs enfants. En ce sens, la direction devait montrer l’exemple en protégeant les travailleuses enceintes ainsi que le personnel le plus à risque. Nous pensons que cette mesure devrait être de mise dans tous les établissements du réseau », plaide le président du syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires du CHU Sainte-Justine – CSN, Félix-Olivier Bonneville.

« C’est nous qui sommes au front au quotidien et nous le faisons avec cœur et engagement. Il est primordial d’agir rapidement pour protéger l’ensemble du personnel », poursuit la présidente du Syndicat des techniciens-nes et professionnels-les de la santé et des services sociaux du Québec – CSN, Jessica Goldschleger.

« C’est un cri du cœur au nom de tous nos collègues qui s’inquiètent pour leur santé et pour leur sécurité que nous avons lancé à la direction. Nous nous réjouissons qu’il ait été entendu par la direction et nous espérons que tous les établissements suivront la voie que nous traçons aujourd’hui, pour le bien de l’ensemble du personnel », conclut Simon Bouclin, président du syndicat national des employé-es du CHU Sainte-Justine – CSN.

Des mesures d’urgence pour l’ensemble du personnel, partout
Pour les fédérations CSN, ce problème ne concerne pas que le CHU Sainte-Justine, mais bien l’ensemble des établissements : c’est la responsabilité de l’ensemble du réseau et de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, qui est en cause. Outre le retrait de personnes à risque, les deux fédérations tentent depuis plusieurs jours de convenir d’autres mesures d’urgence liées à la crise de la COVID-19. Malgré l’urgence de la situation et les nombreuses heures de discussion, il n’y a toujours pas d’entente avec le ministère de la Santé et des Services sociaux afin de convenir des mesures ciblées essentielles dans ce contexte de crise, pour protéger les travailleuses et les travailleurs.

Ensemble, la FSSS–CSN et la FP–CSN regroupent près de 100 000 salarié-es du réseau public de la santé et des services sociaux, et ce, dans toutes les catégories de personnel, partout au Québec.