La CSN invite les parlementaires à mettre la partisannerie de côté

Les parlementaires auront l’occasion ce soir de se saisir de pétitions importantes notamment celle demandant un moratoire sur les transferts de ressources publiques vers les GMF et celle réclamant le maintien du poste de Commissaire à la santé et au bien-être, deux initiatives soutenues par la Confédération des syndicats nationaux. La CSN invite les députés siégeant à la Commission de la santé et des services sociaux à étudier ces questions avec rigueur et à mettre de côté la partisannerie politique comme ils ont su si bien le faire sur la question des conditions de vie des adultes hébergés en Centre d’hébergement et de soins de longue durée. La CSN avait salué la pertinence de ce rapport de la commission, déposé en juin dernier.

« Nos préoccupations sur ces deux enjeux sont connues et elles sont partagées par une partie significative de la population, et pas seulement dans les milieux syndicaux, explique le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Mettre les ressources publiques des CLSC au service des médecins dans les GMF, des groupes qui ont pour vocation de générer des profits, est une décision lourde de sens qui a de nombreuses implications. Cette commission est toute désignée pour poser un regard objectif sur cette nouvelle orientation que veut donner le gouvernement à notre réseau. Quels sont les risques, pour l’accessibilité aux services ou pour l’autonomie professionnelle des intervenants ? Qu’est-ce qui doit être mis en œuvre pour protéger les personnes les plus vulnérables qui ont besoin des services actuellement offerts en CLSC ? ».

Plusieurs mois après les premiers transferts de ressources vers le privé, la CSN milite toujours pour l’instauration d’un moratoire. Pour la confédération syndicale représentant plus de 120 000 travailleuses et travailleurs du réseau public, les réponses tentées par les établissements et par le gouvernement sont insatisfaisantes.

Commissaire
De même, la CSN espère que cette commission saisira l’occasion d’étudier les conséquences de la disparition du poste de Commissaire à la santé et au bien-être. Véritable chien de garde indépendant, le rôle du commissaire est plus important que jamais en cette période de bouleversements majeurs induits par les réformes pilotées par le ministre Gaétan Barrette. « De son propre aveu, le ministre a plus que jamais centralisé tous les pouvoirs entre ses mains. On ne peut pas accepter que, parallèlement, il fasse disparaître le seul organisme indépendant capable d’évaluer globalement le réseau. Dans le passé, les interventions du commissaire ont souvent permis de corriger ou d’améliorer plusieurs volets de nos services sociaux et de santé. Son rôle est essentiel », explique Jean Lacharité.

Ma place en santé, j’y tiens
L’instauration d’un moratoire sur les transferts de ressources publiques vers les GMF et le maintien du poste de Commissaire à la santé et au bien-être font partie des revendications portées par la CSN dans le cadre de la campagne Ma place en santé, j’y tiens.

La CSN exhorte le gouvernement à réinvestir dans les centres jeunesse

Alors qu’elle passera en commission parlementaire aujourd’hui au sujet du projet de loi 99 modifiant la loi sur la protection de la jeunesse, la CSN entend bien rappeler au gouvernement que les centres jeunesse, sous-financés depuis de nombreuses années, peinent à remplir adéquatement leur mission. « Le gouvernement ratera la cible s’il pense réformer la loi sur la protection de la jeunesse sans tenir compte de la situation de crise qui sévit actuellement dans les centres jeunesse. Il faut qu’il réinvestisse, c’est urgent ! », affirme le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

En plus d’être largement sous-financé, le réseau des centres jeunesse a épongé, entre 2010 et 2014, des compressions de 50 millions de dollars. « Le personnel des centres jeunesse ne fournit pas. Pendant que le nombre de signalements ne cesse d’augmenter qui combinent des problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de violence, les intervenantes et intervenants d’en faire plus avec de moins en moins de ressources », dénonce pour sa part la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Mélissa Gaouette.

« Face à la surcharge de travail, plusieurs tombent comme des mouches ou bien quittent le réseau. Ceux qui restent vivent des surcharges de travail importantes en plus de ne pas disposer des ressources nécessaires pour faire le travail. Inutile de dire que la qualité des services aux enfants et aux familles s’en trouve grandement affectée », ajoute la vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Nancy Corriveau.

Dans la foulée des fugues du centre jeunesse de Laval, le vérificateur André Lebon avait lui aussi incité le gouvernement à revoir et à augmenter le financement afin de permettre aux centres jeunesse d’assumer pleinement leur mission. « La meilleure volonté et le dévouement sans bornes des intervenantes et intervenants jeunesse ne seront pas suffisants, à eux seuls, pour répondre aux besoins grandissants et complexes des jeunes en difficulté. Le gouvernement doit assumer ses responsabilités et réinvestir dans les centres jeunesse et, de manière générale, dans le réseau de protection de la jeunesse, et ce, à la hauteur des besoins des enfants et adolescents vulnérables ! », martèle Jean Lacharité.

La CSN réclame un moratoire sur les coupes budgétaires, ainsi qu’un réinvestissement majeur dans les centres jeunesse. Du même souffle, elle appelle la tenue d’États généraux pour réfléchir à la situation des jeunes en difficulté du Québec ainsi qu’aux services qui leur sont offerts.

Autres éléments du projet de loi 99
La CSN convient par ailleurs que certaines dispositions du projet de loi 99 sont intéressantes, notamment la reconnaissance de l’exploitation sexuelle en tant qu’abus. De même, la volonté d’impliquer davantage les communautés autochtones doit être soulignée. La CSN demande cependant au gouvernement d’impliquer directement les communautés autochtones dans l’élaboration des programmes sociaux et économiques qui les concernent. « Elles connaissent mieux que quiconque les besoins qui se manifestent au sein de leurs communautés », conclut Jean Lacharité.

 

La CSN est heureuse de constater que les moyens de pression portent fruit

La CSN est satisfaite de l’annonce du ministre Barrette d’abolir les frais accessoires facturés aux patients pour des services assurés, tout en invitant à la prudence avant de crier victoire. « Depuis longtemps, les critiques fusent de toutes parts concernant cette pratique illégale qui instaurait un régime à deux vitesses et qui compromettait l’accès aux services de santé, particulièrement pour les personnes à revenu plus modeste » souligne d’entrée de jeu le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Nous sommes donc bien contents d’apprendre l’annonce du ministre. Enfin, il entend raison. »

La campagne Ma place en santé, j’y tiens insiste notamment sur la protection de l’accès au réseau de la santé par l’abolition de ces frais. « Il est encourageant de constater que la mobilisation populaire, dont celle de la CSN avec sa campagne, a fait reculer le ministre sur la question de ces frais indus. Nous allons poursuivre la bataille sur les autres cibles de notre campagne », ajoute Jean Lacharité.

Rappelons que l’application de frais accessoires instaure la double facturation en permettant à un petit nombre de médecins de réaliser d’énormes profits – jusqu’à 80 millions – sur le dos des usagères et des usagers du système de santé. « Ceux-ci n’ont pas à payer des sommes supplémentaires pour des services qu’ils financent déjà par leurs taxes et impôts. C’est inconcevable », souligne-t-il aussi.

« Même si sous sommes heureux d’entendre que le ministre veut aujourd’hui abolir ces frais, nous devons rester prudents. Comment s’y prendra-t-il ? Dans son projet de loi 20, il ouvre la voie à leur légalisation en disant vouloir les « encadrer ». Le ministre annonce à présent le dépôt prochain d’un règlement qui devrait interdire cette pratique. Nous lui demandons également d’amender sa loi afin d’en retirer les éléments qui légalisent cette pratique. Il faut que celle-ci soit enrayée de façon définitive. Les sommes illégalement facturées aux citoyens doivent de plus leur être remboursées », conclut le vice-président de la CSN.

Les employés du CHU expriment leurs inquiétudes

L’activité de la rentrée du personnel du CHU Sainte-Justine qui se tient aujourd’hui et demain prendra cette année des allures de manifestation. Alors que le projet de modernisation Grandir en santé, dont la construction a débuté en 2012, s’achève, les membres de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS­–CSN) et de la Fédération des professionnèles (FP–CSN) s’inquiètent du manque criant de ressources et des surcharges importantes qu’amènera la réorganisation.

Un milliard dans le béton et rien pour le personnel qui assure les services
En 2010, lorsque le gouvernement libéral de l’époque avait présenté le projet d’agrandissement et de modernisation du CHU Sainte-Justine, Jean Charest s’était montré rassurant en affirmant qu’un budget de fonctionnement suffisant serait alloué. Près de six ans plus tard, à quelques mois de l’ouverture officielle des nouvelles installations qui augmenteront la superficie du CHU de 65 %, aucune annonce en ce sens n’a été faite. À l’étude des documents budgétaires déposés en juin dernier, on remarque même une baisse du budget de fonctionnement de 416 656 044 $ en 2015-2016 à 392 836 658 $ pour 2016-2017.

Plusieurs départements du CHU, très affectés par les compressions, sont déjà en manque de personnel. Au centre de prélèvements, les agentes et les agents administratifs ne suffisent pas à la tâche. La priorité étant accordée aux patients sur place, les personnes qui tentent de joindre le centre par téléphone n’y parviennent souvent pas. « Lorsque des patients attendent 1 h 45 au téléphone sans réussir à avoir la ligne, comment le ministre Barrette peut-il encore dire que les compressions n’affectent pas la qualité des services ? », déclare Gilles Charrois, président du Syndicat national des employé-es du CHU Sainte-Justine – SNE (FSSS–CSN) .

Avec les mises à pied d’une dizaine de psychologues et de travailleurs sociaux du CHU en décembre, la situation est aussi invivable pour les professionnel-les et les techniciens et techniciennes. « C’était déjà difficile de répondre à la demande avant les mises à pied de l’hiver dernier. Les démarches que nous entreprenons avec les jeunes patients et patientes et leur famille nécessitent du temps, ce que nous n’avons plus », affirme Dominique Pallanca, présidente du Syndicat des techniciens-nes et professionnels-les de la santé et des services sociaux du Québec – STEPSSSQ (FP–CSN).

Des problèmes de manque de personnel affectent aussi les professionnel-les en soins infirmiers et cardio-respiratoires de Sainte-Justine. Le refus de faire rentrer des employé-es en temps supplémentaire pour effectuer des remplacements, entre autres en néonatalogie, entraîne inévitablement une dégradation de la qualité des soins et un nombre croissant d’incidents.

Un taux d’absence maladie en nette augmentation

Les dernières données disponibles sur les employé-es en absence maladie au CHU sont pour le moins préoccupantes. Le ratio d’heures en assurance salaire est passé de 5,67 % en 2011-2012 à 7,23 % en 2014-2015. Pour la présidente du Syndicat des professionnels en soins infirmiers et cardio-respiratoires – SPSIC (FSSS–CSN), Louise Laplante, les chiffres parlent d’eux-mêmes. « Notre catégorie oscille habituellement autour de 140 personnes en assurance salaire. Nous en avons présentement 200. C’est beaucoup trop ! Si ces données ne suffisent pas à alerter le ministre, il y a lieu de se poser de sérieuses questions sur sa capacité à diriger le réseau ».

Face à la multiplication des problèmes liés au manque de ressources, les employé-es du CHU Sainte-Justine sont épuisés. Ils somment aujourd’hui le ministre Barrette d’investir dans l’humain en octroyant les fonds nécessaires à l’embauche de personnel au centre hospitalier Sainte-Justine avant l’entrée officielle dans les nouveaux bâtiments en décembre.

La CSN prête pour le vote d’allégeance syndicale

Les détails entourant le vote d’allégeance syndicale dans le réseau de la santé et des services sociaux sont maintenant connus. Le vote se tiendra au début de 2017, soit du 30 janvier au 24 février. L’opération sera chapeautée par le Tribunal administratif du travail (TAT). Les travailleuses et les travailleurs du réseau qui sont touchés par l’opération auront à voter par la poste, entre le 30 janvier et le 24 février.

Les résultats seront dévoilés entre la mi-mars et la mi-avril. Les nouveaux syndicats seront accrédités le 21 avril 2017.

Réforme Barrette
Le vote d’allégeance syndicale résulte de la réforme imposée en 2015 par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette. Le projet de loi 10 force la fusion de plus de 180 établissements du réseau qui, au bout du compte, ne seront qu’une trentaine, incluant les nouveaux CISSS et CIUSSS. Une réforme austère qui fera passer le nombre d’accréditations syndicales de plusieurs centaines à moins de 100.

La CSN, une force incontournable
Bien avant la période du vote, la CSN mènera une vaste opération mettant en avant les arguments qui font d’elle une véritable force incontournable dans le réseau de la santé et des services sociaux. Au cours des prochains jours, la CSN lancera sa campagne de visibilité partout à travers le Québec. Restez à l’affût.

Avec ses 120 000 membres en santé et en services sociaux, la CSN est la plus importante organisation du réseau. À elle seule, elle y représente 47 % des travailleuses et des travailleurs.

Le gouvernement favorise encore le privé plutôt que de consolider le réseau public

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) réagit vivement à l’annonce d’investissement du gouvernement Couillard dans les services à domicile. Encore une fois, le gouvernement profite de l’occasion pour investir des fonds publics et favoriser le privé plutôt que de consolider l’offre de services dans le système public de santé et de services sociaux. La CSN demande plutôt que des investissements majeurs soient faits dans les services à domicile donnés par les établissements du réseau afin que le secteur public soit en mesure de répondre efficacement à la demande grandissante de la population.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, annonçait hier un investissement de 22 millions de dollars dans les services à domicile. Pour la CSN, ces sommes devraient être injectées dans le système public de santé et de services sociaux, afin notamment d’embaucher du personnel pour répondre à la demande croissante de la population. La CSN constate à regret que ces sommes serviront plutôt à développer le secteur privé des services à domicile, représentant ainsi une énième forme de privatisation du règne libéral. La CSN mène actuellement la campagne Ma place en santé, j’y tiens, qui dénonce justement le démantèlement du système public de santé et de services sociaux.

« Le réseau public mise sur la présence de milliers de travailleuses et travailleurs qui se rendent chaque jour à domicile pour donner des soins de qualité à la population. C’est le cas notamment des auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS), qui sont les yeux et les oreilles du réseau public dans les domiciles. Grâce à la présence des ASSS, le réseau est en mesure d’adapter l’offre de soins selon les besoins réels des patients et des patientes. Comment parviendrons-nous à faire cela avec un morcellement de l’offre de services entre plusieurs entreprises privées? », se demande Guy Laurion, vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

« Si nous martelons sans cesse l’importance d’investir dans le réseau public pour développer les services à domicile, c’est que c’est de cette manière que l’on peut le mieux s’assurer de la coordination des soins. Actuellement, quand le travail est pris en charge par le public, les équipes multidisciplinaires s’assurent de répondre en temps réel à l’évolution de la situation des patients. Comme professionnels, nous sommes inquiets parce que ce lien est presque inexistant quand les services sont donnés par le privé. La situation d’un patient pourrait ainsi se dégrader sans que nous en soyons informés », explique Nancy Corriveau, vice-présidente de la Fédération des professionèles (FP–CSN).

« Le jupon dépasse plus que jamais. Ceux et celles qui pensaient que le rôle d’un ministre de la Santé et des Services sociaux était de valoriser et de consolider nos services publics seront déçus. Encore une fois, le gouvernement Couillard utilise des fonds publics pour favoriser le privé. Quand on s’intéresse à la qualité des services qui sont offerts par le privé, il y a de quoi s’inquiéter. Lorsque les services offerts à domicile proviennent de sources aussi diverses, la sécurité des personnes n’est pas assurée. Si le gouvernement a réellement à cœur le sort des personnes en perte d’autonomie, il doit investir dans nos services publics », conclut Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

 

Les mésententes laissent présager le pire pour la suite

À la lumière de l’intensification des tensions entre la firme SNC-Lavalin et le CUSM, la CSN revient à la charge et exhorte le gouvernement de rapatrier les contrats de construction et d’entretien du CHUM et du CUSM dans le giron public.

« Nous l’avons répété encore et encore au cours de la campagne Ma place en santé, et bien avant : les partenariats public-privé sont inefficaces et minent les services à la population. La guérilla judiciaire engagée entre les deux partenaires public et privé dans la saga CUSM et SNC-Lavalin en est une preuve flagrante. Ce conflit interminable est navrant. Ces poursuites siphonnent les ressources du système de santé, ressources qui devraient plutôt être investies dans les services à la population. Pendant que les travaux stagnent et que l’établissement peine à répondre aux besoins des patients, on s’enfonce dans les querelles juridiques », lance Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

La CSN estime que l’état actuel de la situation est extrêmement inquiétant pour la suite des choses. « L’hôpital est tout neuf et les tensions sont déjà extrêmes. Si rien n’est fait, le contrat du CUSM ne prendra fin qu’en 2044! Combien nous coûtera cette saga des PPP avant que le gouvernement Couillard ne rachète enfin ces contrats », ajoute Guy Laurion, vice-président de la FSSS–CSN.

Le vice-président de la CSN rappelle que les PPP au CHUM et au CUSM ont déjà engendré des retards et des coûts supplémentaires exorbitants. « Il est urgent que le gouvernement reprenne le contrôle de la situation et retourne au mode conventionnel d’opération qui a fait ses preuves. Les hôpitaux du Québec devraient être le symbole de l’excellence et d’une médecine de pointe : la recherche de profits ainsi que le manque de transparence et de flexibilité nous ont conduits dans une impasse. L’entêtement du gouvernement à maintenir ces PPP est incompréhensible. Combien de fois faudra-t-il le répéter? Nos soins et nos services publics ne passent pas par un affaiblissement de l’État. Il faut en finir avec ces contrats qui ne sont que des gouffres financiers », conclut Jean Lacharité.

Pour une large représentation du milieu en enseignement supérieur

Hier, lundi, la ministre de l’Enseignement supérieur annonçait des consultations sur l’implantation d’un Conseil des universités du Québec et d’un Conseil des collèges du Québec, consultations qui seront menées par MM. Claude Corbo et Guy Demers. La ministre Hélène David les a également mandatés afin de déterminer les paramètres d’une Commission mixte de l’enseignement collégial et universitaire.

Lors du Sommet sur l’enseignement supérieur et des travaux du chantier portant sur un éventuel Conseil national des universités en 2013, la CSN avait recommandé qu’un tel conseil ait pour objectif de partager une vision commune du développement des universités et d’améliorer la coordination et la cohérence entre les établissements tout en respectant leur autonomie. La CSN insistait afin que son fonctionnement repose sur la collégialité et que sa composition inclue une majorité forte de la communauté universitaire; le conseil doit assurer une participation représentative de chaque catégorie de personnel et d’étudiants. Dans cette optique, la création d’un conseil pour les cégeps pourrait être une mesure à envisager.

Par contre, la CSN s’oppose à ce que ces conseils jouent un rôle de contrôle de la qualité de l’enseignement supérieur ainsi qu’à la création de nouveaux organismes d’assurance qualité. « Il est pour le moins étonnant que la ministre David mandate MM.  Corbo et Demers pour établir les paramètres d’une commission mixte alors qu’il n’y a jamais eu de consensus à cet égard tout au long des travaux entourant le Sommet », observe Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN.

D’ailleurs, la volonté de la ministre « d’assouplir » le Règlement sur le régime des études collégiales (RREC) et de mettre en œuvre certaines des recommandations du rapport Demers est également inquiétante. Par exemple, modifier le RREC afin de permettre aux établissements d’établir localement la liste des compétences reconnues par les programmes d’études collégiales (DEC) n’est ni plus ni moins qu’une brèche au diplôme national. Cela risque de fragiliser la reconnaissance des diplômes et de limiter la mobilité étudiante, ce qui va à l’encontre des objectifs. La possibilité d’offrir des DEC par cumul d’attestations d’études collégiales (AEC) est une autre forme d’assouplissement qui risque de dénaturer l’enseignement collégial qui doit comprendre une solide base de formation générale.

« Enfin, nous nous questionnons sur l’urgence de lancer un tel exercice compte tenu de la difficulté de consulter tous les partenaires en pleine période estivale, tranche Véronique De Sève. Bien entendu, la CSN sollicitera MM. Corbo et Demers pour tenir de rencontres dès le début de la rentrée scolaire. »

À propos

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) est une organisation syndicale composée de près de 2 000 syndicats qui regroupe plus de 325 000 travailleuses et travailleurs, principalement sur le territoire du Québec, réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux.

Trois fédérations représentent plus directement les intervenantes et les intervenants du réseau de l’enseignement supérieur :

  • La Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec représente la majorité des enseignantes et des enseignants de cégeps et des chargé-es de cours à l’université;
  • La Fédération des professionnèles représente les professeur-es de l’UQÀM, de l’UQO ainsi que des professionnelles et professionnels d’universités;
  • La Fédération des employées et employés de services publics représente la majorité du personnel de soutien des cégeps et des universités.

Les travailleurs du réseau de la santé de Thetford Mines lancent un autre message clair au ministre Barrette

Dans le cadre de la campagne Ma place en santé, j’y tiens, de nombreux travailleurs et travailleuses du réseau de la santé se sont réunis aujourd’hui devant l’hôpital de Thetford Mines pour protester contre le déplacement d’activités des CLSC vers les groupes de médecine de famille (GMF) et le transfert de 11 postes à temps complet vers le mégalaboratoire de Lévis. Ils en ont profité pour distribuer de l’information à la population et pour inciter les gens à signer la pétition Tous unis contre Optilab !

Un personnel qualifié… et épuisé
« Le personnel de la région de Thetford n’a plus à démontrer ses qualifications pour effectuer analyses et prélèvements dans les règles de l’art. Il a à cœur d’offrir à la population des services de grande qualité et il est le seul à pouvoir bien s’acquitter de cette importante responsabilité. Or, le gouvernement persiste et signe en transférant 11 postes qui affecteront une vingtaine de personnes, afin de mettre en place une structure beaucoup moins efficace pour les usagers », a d’abord souligné la présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CSSS de la région de Thetford (CSN), Lyna Marois. Celle-ci a par ailleurs profité de l’événement pour le répéter : les compressions budgétaires qui s’abattent année après année sur le réseau sont catastrophiques pour la charge de travail du personnel. « Les arrêts en raison d’épuisement professionnel dépassent des sommets. »

Des impacts concrets sur le public
« Tous les patients, y compris ceux qui sont en attente de résultats de tests importants pour leur santé, auront à subir des délais beaucoup plus longs pour l’obtention des résultats. Le transport des échantillons vers Lévis aura par ailleurs comme conséquence le dépassement des délais de conservation des échantillons. L’entêtement du ministre Barrette à aller dans cette voie nous inquiète profondément », ajoute le secrétaire du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches, Yves Fortin.

« Ici, à l’hôpital de Thetford, nous disposons de toutes les installations requises pour traiter dans les meilleurs délais les échantillons et transmettre le plus rapidement possible les résultats aux médecins. Avant d’être ministre, le docteur Barrette avait émis des réserves face à ce projet, car il redoutait la sécurité du transport et se questionnait sur l’efficacité d’un tel système. Pourquoi ce revirement ? Quelle raison empêche le gouvernement de stopper ce projet injustifié et insensé du ministre de la Santé ? Y a-t-il un pilote dans l’avion? », a lancé la vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Nancy Corriveau.

« Les effets se feront sentir longtemps trop longtemps, si rien n’est fait pour l’arrêter. Que fera-t-on des personnes qui n’auront plus accès aux services dans leur CLSC et qui se cogneront le nez aux portes des GMF ? On ne peut rester les bras croisés à attendre que le ministre vide les CLSC de leur personnel pour le rediriger, aux frais de la population, vers ces supercliniques privées à but lucratif. Cela réduira l’accès de trop de gens aux soins de santé : nous avons toutes et tous le droit de bénéficier des services pour lesquels nous payons notre juste part », a conclu le président de la CSN, Jacques Létourneau.

Des économies présumées sur le dos des patients fragilisés

C’est avec colère et inquiétude que la CSN, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et la Fédération des professionnèles (FP–CSN) prennent acte de la décision du CIUSSS du Centre-Sud de Montréal de transférer trois des dix programmes du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau dans l’Ouest de Montréal.

Il s’agit pourtant du seul établissement répondant aux besoins des personnes qui souffrent de handicaps physiques ou neurologiques dans l’Est de l’Île. « C’est un bel exemple d’un manque flagrant de sensibilité à l’endroit des patients, pour réaliser des économies de bout de chandelle, seulement à court terme », dénonce Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

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En effet, pour des centaines de patients vulnérables, le transfert des soins dans l’arrondissement Outremont peut signifier près d’une heure additionnelle en transport adapté, plusieurs fois par semaine, alors que, déjà épuisés, ils tentent de se remettre d’accidents de toutes sortes. « Est-ce que certains patients, à bout de souffle, risquent d’abandonner leur traitement thérapeutique ou encore verront leur progrès physiques limités en raison de la fatigue provoquée par le transport interminable ? » questionne Nancy Corriveau, vice-présidente de la FP–CSN. La distance à parcourir, en provoquant stress et douleur, est en effet une barrière importante pour les usagers, comme en témoignent des usagers dans une vidéo produite par la CSN.

De surcroît, le gouvernement admet que huit lits seront coupés à cause de cette décision administrative. « On veut nous faire croire que les mégastructures du Dr Barrette visent à améliorer les soins. Comment compte-t-il s’y prendre en coupant des lits ? » lance avec dérision, Guy Laurion, vice-président de la FSSS–CSN. La réduction des lits en internat pourrait provoquer une pénurie de lits auprès de la clientèle lors des périodes d’achalandage plus élevées. Ce qui signifie une rupture de soins.

Abandonner l’Est de Montréal pour rénover dans l’Ouest

Le déménagement des programmes pour les blessés à la moelle épinière, pour les traumatisés crâniens et pour les blessés orthopédiques graves exigera la rénovation de l’Institut Gingras-Lindsay, situé dans l’arrondissement Outremont. Combien cela va-t-il coûter, alors que ces services surspécialisés sont déjà dispensés dans les locaux et dans un quartier parfaitement adaptés au Centre de réadaptation Lucie-Bruneau ? En effet, une étude de la firme MCE-Conseils révèle que les installations tels la piscine, le gymnase et les équipements de conditionnement physique sont primordiaux pour les traitements des patients dans le cadre des programmes de réadaptation du Centre Lucie-Bruneau. Disposer des mêmes installations à l’Institut Gingras-Lindsay apparaît impossible en raison du manque d’espace et des coûts importants que cela engendrerait.

Les explications comptables du CIUSS cachent-elles plutôt des motivations politiques ? « Dire que le gouvernement Couillard prétendait favoriser l’accès aux services avec sa loi 10… En vérité, la création de mégahôpitaux et les compressions à répétition qu’il impose au réseau compromettent jour après jour l’accès aux services de proximité, partout au Québec », de conclure Jean Lacharité.

Une autre lubie centralisatrice du Dr Barrette

La CSN craint que la réorganisation des laboratoires médicaux en Montérégie entraîne plus d’erreurs et de délais et qu’elle nuise à l’économie de la région. En ce qui a trait à la défense des droits et de la pratique professionnelle des technologistes médicales qui seraient touchées, la CSN veillera au grain, notamment par l’entremise d’un comité patronal–syndical prévu à la convention collective, portant sur les enjeux de main-d’œuvre en technologies médicales.

 Le projet « Optilab » reconfigure la carte des laboratoires médicaux au Québec en centralisant la plupart des analyses dans quelques laboratoires des grandes villes. Ainsi, les huit laboratoires médicaux publics de la Montérégie, dont celui de l’Hôpital Honoré-Mercier, verraient la majeure partie de leurs activités être transférées vers celui de l’Hôpital Charles-Lemoyne, à Longueuil. Le transport des échantillons prélevés à l’hôpital, dans les CLSC, les cliniques, les centres d’hébergement et les pharmacies de Saint-Hyacinthe et des alentours, serait assuré par le secteur privé.

« Conserver notre laboratoire médical à Honoré-Mercier est vital pour toute la population, explique la présidente du Syndicat des technicien-nes et des professionnel-les du CSSS Richelieu–Yamaska (FSSS–CSN), Lucy Mousseau, à l’occasion d’une manifestation tenue aujourd’hui devant l’hôpital. Ce sont nos patients de la région qui subiront des délais plus longs, ce sont tous les résidents de Saint-Hyacinthe et des environs qui seront perdants si on concentre toute l’expertise à 50 kilomètres d’ici. »

Craintes                  

La CSN craint qu’en multipliant les transports et la manutention, on assiste à un nombre accru de pertes et de dégradations des échantillons. Par conséquent, les délais quant au traitement des analyses, à la transmission des résultats, au suivi diagnostique et à l’amorce du traitement d’un patient seront plus longs. En cas de perte ou de détérioration de spécimens, des patients pourraient, par exemple, être obligés de se soumettre à une nouvelle biopsie ou autre intervention nécessitant une chirurgie. Pour les premières années du projet, les systèmes informatiques et de communication entre les intervenants ne seront prêts pour une telle centralisation. Par ailleurs, cette perte de services de proximité pourrait amener des technologistes médicales ainsi que des médecins et des cliniques spécialisées à déménager vers les centres où l’expertise sera concentrée.

« Pour nous, un laboratoire médical, c’est essentiel pour un centre de santé, ça fait partie intégrante de sa mission, renchérit la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Mélissa Gaouette. Cette réforme est précipitée et nous pensons que toutes les conséquences n’ont pas été analysées adéquatement. Le CISSS forme un tout : un tel changement dans les laboratoires peut avoir des conséquences importantes sur les autres secteurs ou sur la population » La CSN revendique un moratoire sur le déploiement d’« Optilab » afin de mieux étudier le projet et d’associer les travailleuses et les travailleurs dans la recherche d’une alternative. « On nous dit que ça va permettre des économies mais nous sommes sceptiques car s’il y a plus d’erreurs, il faudra reprendre plus de tests et il y a tous les coûts de transport et de manutention qui doivent être pris en compte, et ce, sans compter l’allongement des périodes d’hospitalisations pour les patients qui en découlera. »

Coup dur pour l’économie

La réduction des activités au laboratoire médical de l’Hôpital de Saint-Hyacinthe signifie la perte de bons emplois pour l’agglomération. Seuls les tests jugés urgents continueront d’y être effectués, soit environ 30 % du volume actuel. « Le secteur public a toujours joué un rôle structurant et stabilisateur dans l’économie régionale, rappelle la présidente du Conseil central de la Montérégie CSN, Annette Herbeuval. Avec la fusion des établissements, et maintenant la centralisation des laboratoires, plusieurs emplois disparaîtront ou migreront vers Longueuil. C’est une perte nette pour la région et personne ne peut prétendre que les citoyennes et les citoyens de Saint-Hyacinthe en retireront de meilleurs services, au contraire. »

Un comité national patronal–syndical

Les transferts d’activités vers les laboratoires « serveurs », comme celui de Charles-Lemoyne, s’effectueront d’ici le printemps 2017. Il est difficile pour les syndicats d’avoir un portrait précis des changements qui s’opèrent ainsi que des travailleuses qui seront touchées. Il faudra notamment s’assurer que les techniciennes en laboratoire de Saint-Hyacinthe pourront joindre l’équipe de Longueuil et qu’elles pourront recevoir toute la formation nécessaire à l’utilisation des nouveaux appareils. C’est en partie pour pallier ce manque d’information que la CSN a obtenu des représentants patronaux la mise en place d’un comité national paritaire afin d’échanger de l’information et surtout d’aborder différents enjeux posés par « Optilab ».

Rappelons que la CSN mène campagne actuellement pour la défense du réseau public de santé et de services sociaux sous le thème, Ma place en santé, j’y tiens. Le maintien de laboratoires médicaux dans les communautés fait partie des enjeux de cette campagne.

Nouvelle convention collective pour les techniciens et les professionnels de la santé et des services sociaux

Les représentantes et les représentants de la Fédération des professionnèles (FP–CSN) ont signé, aujourd’hui, la nouvelle convention collective des techniciennes et des techniciens ainsi que des professionnel-les qu’ils représentent.

Cette nouvelle convention permettra de favoriser la stabilité de la main-d’œuvre et de diminuer la précarité des emplois. De nouveaux mécanismes paritaires verront à améliorer la qualité et l’efficience des services aux usagers, notamment en revoyant la charge de travail et le transfert d’expertise. Dans chaque établissement, un comité local d’amélioration continue verra à apporter des changements favorables des conditions de pratiques professionnelles et de l’organisation du travail. Les mesures de conciliation famille-travail-études seront également bonifiées. Enfin, certaines primes qui avaient été abolies unilatéralement par le gouvernement (notamment celles accordées aux psychologues et au personnel travaillant auprès des clientèles présentant des troubles graves de comportement) seront reconduites rétroactivement au 1er avril 2015.

Les membres de la FP–CSN bénéficieront de hausses salariales de 1,5 %, 1,75 % et 2 %, en 2016, 2017 et 2018, ainsi que de montants forfaitaires de 0,30 $ pour chaque heure travaillée en 2015 et de 0,16 $ l’heure en 2019. En 2019, dans le cadre des relativités salariales, les hausses seront de 2,4 % en moyenne. La convention collective viendra à échéance le 31 mars 2020.

Au plus tard en septembre, les membres de la FP-CSN pourront toucher l’ensemble des sommes rétroactives au 1er avril 2015.

« Nous sommes fiers du travail accompli tout au long de ces négociations, affirme la vice-présidente de la FP-CSN, Nancy Corriveau. Il n’a pas été facile de forcer le gouvernement à laisser tomber ses nombreuses demandes de recul, qui auraient été catastrophiques tant pour nos conditions d’exercice de travail que pour la qualité des services à la population. Nous avons souligné à de nombreuses reprises que nos demandes ne visaient qu’à améliorer les conditions dans lesquelles nous exerçons nos professions afin que les usagères et les usagers que nous servons puissent bénéficier de meilleurs soins. Avec les gains que nous sommes allés chercher, c’est ce que nous avons obtenu. »

À propos

La Fédération des professionnèles (FP-CSN) compte quelque 8000 membres qui œuvrent dans plusieurs secteurs, dont ceux de la santé et des services sociaux

 

 

Ma place en santé, j’y tiens

C’est sous l’impulsion du mouvement syndical, notamment celle des ouvrières et des ouvriers du secteur privé, que s’est mis en place au Québec un système public où les citoyens ont dorénavant droit à des services en fonction de leurs besoins, sans égard à leur situation financière familiale, ce que seuls leurs patrons pouvaient jusqu’alors se payer. Cet acquis précieux est en danger.

C’est pourquoi, fin mai, la CSN lançait une vaste campagne : Ma place en santé, j’y tiens. Certes, le gouvernement libéral de Philippe Couillard n’est pas le premier à appliquer au réseau une médecine de cheval néolibérale. Toutefois, par son ampleur et par son opacité, la réforme pilotée par le Dr Gaétan Barrette, plus que jamais, ouvre la voie à un système à deux vitesses. Ce sont les fondements mêmes de notre réseau public qui sont menacés.

Ainsi, la CSN entend bien démontrer au cours des prochains mois qu’il est totalement faux de prétendre, comme le fait le gouvernement, que sa réforme améliore les services et qu’elle renforce le réseau. C’est bien le contraire. Et ce qui est inacceptable, par-dessus tout, c’est que ce démantèlement s’opère sans débat public : le gouvernement n’en a certainement pas le mandat!

Le 24 mai, la CSN lançait une vaste offensive contre le démantèlement du réseau public de santé et de services sociaux. Ci-dessus : le 19 mai, à Trois-Rivières, des militants du Cœur-du-Québec ont manifesté pour la sauvegarde de notre réseau de santé et de services sociaux. | Photo : Thierry Charland
Le 19 mai, à Trois-Rivières, des militants du Cœur-du-Québec ont manifesté pour la sauvegarde de notre réseau de santé et de services sociaux. | Photo : Thierry Charland

Des attaques concertées

Ces deux dernières années, les attaques ont été nombreuses et elles visent toutes les sphères du réseau. Les choix du gouvernement libéral posent des enjeux cruciaux. En voici quelques exemples.

CLSC • Les CLSC devraient être tout désignés pour améliorer l’accès à des services de proximité, puisqu’ils existent déjà sur tout le territoire et qu’ils fonctionnent en interdisciplinarité, c’est-à-dire que les professionnel-les de divers horizons travaillent en équipe pour répondre aux besoins de la population. Le gouvernement a plutôt choisi de créer une cinquantaine de supercliniques privées subventionnées et dirigées exclusivement par des médecins. De plus, il finance directement le déménagement de ressources professionnelles des CLSC vers les groupes de médecine de famille, des cliniques à but lucratif. Faudra-t-il être inscrit à un GMF pour obtenir les services auparavant offerts au CLSC ? Faudra-t-il consulter un médecin pour être référé à une travailleuse sociale ? Ces questions et plusieurs autres sont sans réponse à l’heure actuelle et inquiètent.

Laboratoires • Actuellement, chaque établissement ou presque bénéficie des services d’un laboratoire qui permet au personnel soignant d’obtenir rapidement des analyses sanguines ou autres. Ces services, essentiels, sont donc disponibles dans toutes les communautés sur l’ensemble du territoire. Or, le gouvernement, pour des raisons budgétaires, et ce, sans preuve d’économies à la clé, a décidé de procéder à un regroupement des laboratoires, par région.

Les risques d’erreurs et liés à la sécurité sont nombreux : certains cas ont déjà été recensés dans les médias bien que le processus débute à peine. Dans le milieu, on considère qu’un échantillon doit être analysé dans un délai de deux heures, ce qui sera la plupart du temps impossible.

Soins à domicile • L’État se désengage des soins à domicile. Des entreprises d’économie sociale sont appelées à prendre la place du personnel du secteur public, bien formé au soutien à domicile et expérimenté dans le domaine. La pression se fait également sentir du côté du personnel professionnel qui, faute des ressources, assiste impuissant à l’allongement des listes d’attente tout en sachant fort bien que la conséquence directe sera une dégradation de l’état de santé de leurs bénéficiaires.

Réadaptation • Dans les centres de réadaptation en déficience intellectuelle et troubles envahissants du développement (CRDITED), la poursuite de transferts massifs de résidentes et de résidents vers des ressources intermédiaires et de type familial (RI-RTF) pourrait reprendre. En 2011, la CSN avait obtenu un moratoire sur ces transferts, en faisant valoir que la mission des RI-RTF — maintenir et intégrer les usagères et usagers dans leur communauté — est très différente de celle des CRDITED, seuls établissements véritablement en mesure d’offrir les services spécialisés nécessaires à la réadaptation.

En réadaptation physique et en dépendance, les compressions budgétaires ont entraîné un fort alourdissement de la tâche chez les professionnel-les. Orthophonistes, physiothérapeutes et psychologues, entre autres, voient les listes d’attente s’allonger et les cas s’alourdir.

Centres jeunesse • En quatre ans, les Centres jeunesse ont subi des compressions de 50 millions de dollars. De plus en plus de jeunes sont livrés à eux-mêmes ou placés trop tard en centre jeunesse. Le traitement des demandes est ralenti. Les cas moins urgents, comme la négligence ou les mauvais traitements psychologiques, sont délaissés, afin de pouvoir traiter tous les cas prioritaires, avec moins de ressources qu’avant. Dans plusieurs centres, on n’est plus en mesure d’assurer les interventions de groupe comme celles sur les habiletés parentales ou encore le soutien aux parents de jeunes toxicomanes.

Frais accessoires • Les frais accessoires, bien qu’illégaux selon la loi canadienne, ne sont pas nouveaux. Ce qui est nouveau, c’est la volonté du Dr Barrette de légaliser ces frais que des médecins peuvent facturer lors de consultations, en plus de ce qu’ils reçoivent du régime public. Tout récemment, le ministre faisait volte-face et promettait d’abolir les frais accessoires en profitant des négociations actuellement en cours avec les représentants des médecins… À suivre.

Les structures mammouths • En fusionnant tous les établissements du Québec, de toutes les missions, en quelques méga­établissements, le gouvernement nuit aux communautés éloignées qui ne sont plus représentées dans les conseils d’administration. Tous les services d’une région sont maintenant centralisés autour d’un hôpital. La réforme donne encore plus de pouvoirs aux médecins. Le ministre Barrette va plus loin dans sa quête du contrôle absolu en abolissant le poste de Commissaire à la santé et au bien-être qui a un rôle de chien de garde complètement indépendant du ministère.

Santé publique • La santé publique a été fortement mise à mal par les compressions budgétaires. À la suite de la réforme, il n’y a plus d’organisme régional dédié à la santé publique. Il est à craindre que la santé publique écope, surtout que le travail qui y est associé est souvent accompli dans l’ombre. Et pourtant, comme société, nous gagnons quand le tabagisme recule, quand la violence faite aux femmes diminue, quand des mesures de prévention font diminuer le nombre de chutes des personnes aînées.

Effritement du secteur public

Ce ne sont que quelques exemples, car force est d’admettre que, globalement, le gouvernement a un fort préjugé favorable envers le secteur privé. Les services auxiliaires et administratifs, notamment, sont dans la ligne de mire de celles et ceux qui y voient des occasions d’affaires. La CSN sera là pour les défendre, comme elle a su stopper la privatisation des services de buanderie de Lanaudière et de Québec.

Enfin, ces privatisations vont de pair avec une pression croissante imposée aux salarié-es du réseau public. Dans toutes les catégories de personnel, les surcharges de travail et la dégradation des conditions de travail rendent la tâche encore plus difficile. Les bilans d’accidents de travail et de cas de lésions psychologiques s’alourdissent chaque année dans de nombreux titres d’emploi du réseau public.

Pour une véritable reconnaissance des sages-femmes

Les sages-femmes exercent une profession exceptionnelle. Dotées de compétences multiples et d’un grand sens de l’empathie, elles peuvent être appelées à assister un accouchement ou à répondre à une situation urgente à tout moment. En quelques mots : les sages-femmes concrétisent à elles seules le sens du mot vocation.

« Nous ne savons jamais de quoi la journée sera faite », souligne d’emblée Claudia Faille, qui quitte le poste de la présidence du Regroupement Les sages-femmes du Québec (RSFQ), après sept ans à en assurer les fonctions. Lorsqu’une sage-femme reçoit un appel, elle doit être en mesure d’évaluer très rapidement la situation. Et elle peut être demandée à toute heure pour un accouchement ou un suivi urgent. « Il nous arrive de rentrer très tard après une nuit de travail et de nous faire rappeler deux ou trois heures après. Ça aussi, c’est notre réalité. »

Pour pouvoir pratiquer au Québec, les étudiantes sages-femmes doivent compléter une formation de quatre ans à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Bon an mal an, de 20 à 25 sages-femmes obtiennent leur diplôme, mais le manque d’accessibilité aux services dans plusieurs régions demeure criant. Selon un sondage CROP réalisé en 2010, une femme sur quatre souhaiterait accoucher à domicile ou dans une maison de naissance. « Les sages-femmes sont les seules professionnelles à répondre à leur demande, souligne Claudia Faille. À certains endroits, les femmes ne s’inscrivent même plus sur les listes d’attente, car elles sont convaincues de ne pouvoir obtenir de place. Et on ne parle que des régions où les services sont disponibles ! »

Claudia Faille, présidente sortante du RSFQ | Photo : Cédric Martin
Claudia Faille, présidente sortante du RSFQ | Photo : Cédric Martin

La Politique de périnatalité 2008-2018 du gouvernement du Québec prévoit pourtant que les sages-femmes devraient assister 10 % de tous les accouchements d’ici 2018. « On est passé de huit maisons de naissance en 2008 à treize en 2016, alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) en prévoyait vingt et une pour 2018. De plus, le nombre de suivis complets et d’accouchements, qui se situe autour de 3 % par année, est encore bien en deçà de l’objectif fixé », déplore la présidente sortante du RSFQ.

Pour atteindre cette cible, le gouvernement devrait donner un soutien concret au programme universitaire, pour l’attraction et la rétention des sages-femmes, pour la promotion de la pratique et celle de l’accouchement naturel qui diminue les interventions obstétricales non nécessaires. Ces éléments sont cruciaux. « Malheureusement, il faut se battre contre le lobbyisme médical et la méconnaissance de notre pratique chez bien des professionnel-les de la santé », renchérit Claudia Faille.

Les conditions de pratique des sages-femmes laissent quant à elles encore à désirer, même si leur ténacité leur a permis de réaliser certains gains.

Une première négociation difficile

« La première entente conclue en 2004 avec le MSSS, alors sous l’autorité de Philippe Couillard, devait être complètement revue, puisqu’elle avait été négociée sans aucun rapport de force », précise Claudia Faille, qui s’est impliquée au comité de négociation en 2006, un an après avoir reçu son diplôme. Lors de cette première négociation, les salaires sont revus à la baisse. Alors que les sages-femmes gagnaient de 50 000 $ à 55 000 $ entre 1994 et 1999, époque où des projets-pilotes étaient en place avant la légalisation de la profession en 1999, leur salaire au premier échelon chute à 42 000 $ en 2004. Les sages-femmes sont outrées. C’est alors que le RSFQ prend une entente de service en 2009 avec la Fédération des professionnèles (FP–CSN) afin d’accompagner les sages-femmes dans l’amélioration de leurs conditions de travail et le développement de la profession. C’est à ce moment que Claudia devient présidente du RSFQ.

Lorsque Claudia Faille prend la relève de la présidence, elles sont prêtes à livrer la bataille. « On doit à Céline Lemay avant moi d’avoir fixé les fondements de la pratique », tient-elle à préciser. On arrivait à une deuxième étape. Avec le soutien indéfectible de la FP-CSN, la pression s’accentue et les actions de visibilité se multiplient pour sensibiliser l’opinion publique à leur réalité. Des comités de relations de travail, de mobilisation et de négociation sont mis en place. À l’époque, de nombreuses sages-femmes accumulent les heures supplémentaires sans être payées en retour. N’ayant pas encore acquis le réflexe de revendiquer leurs droits, elles n’utilisent pas les mécanismes prévus à l’entente. Une sage-femme est donc désignée pour la faire respecter.

Photo : Maxime Picard
Photo : Maxime Picard

En 2004, la prime qu’elles recevaient pour la garde s’élevait à 3600 $ par année. Autant dire qu’elles étaient rémunérées 1 $ l’heure de garde pour être disponibles 10 jours sur 14, 24 heures sur 24, afin de répondre à toute éventualité. « Il a fallu se battre pour défendre notre modèle de pratique centré sur la continuité, donc sur la garde », évoque Claudia Faille. Cette continuité favorisée par la garde permet aux sages-femmes de répondre directement aux besoins des femmes et des familles ; elle apporte d’excellents résultats, diminue les coûts de suivis et d’accouchement et favorise une plus grande satisfaction de la clientèle. Il en résulte également une augmentation des accouchements naturels, de l’allaitement maternel, de l’autonomie et de l’empowerment pour les femmes et les familles.

Des lacunes à corriger

Des lacunes importantes subsistent pour que les conditions de travail des sages-femmes, notamment celles qui sont reliées à la garde, soient à la hauteur de leur travail et de leur responsabilité.

En 2010, alors que s’amorce la deuxième négociation de leur entente avec le gouvernement, l’ampleur de la tâche est très vaste. Certes, elles réalisent certaines avancées, dont l’obtention de congés sans solde, le financement d’activités de perfectionnement, la prime de consolidation et d’attraction pour la responsable des services de sage-femme, mais des demandes importantes restent toujours lettre morte, tel le modèle de rémunération qu’elles souhaitent plutôt basé sur les suivis complets que sur les heures supplémentaires, à l’image des pratiques autonomes à travers le Canada.

Une des demandes centrales lors de la dernière négociation était la bonification du forfait de garde, qui finalement sera modifié à la hausse pour atteindre 8250 $. « Ceci représente dans les faits un peu plus de 2 $ l’heure de garde. C’est un peu mieux, mais toujours largement insuffisant. »

Photo : Michel Giroux
Photo : Michel Giroux

La politique de remboursement du kilométrage n’est toujours pas adaptée à la réalité des sages-femmes, dont le travail exige de nombreux déplacements, souvent à partir de leur domicile. « Les employé-es et les cadres du gouvernement sont remboursés à partir de leur point de service pour leurs déplacements, ce qui ne s’applique pas à notre travail. Nous devons à tout moment être en mesure de nous déplacer », explique-t-elle. Encore une fois, c’est une fin de non-recevoir de la part du gouvernement. Autre refus encaissé par les sages-femmes : l’intégration à l’entente des primes et des conditions dont bénéficient depuis 2008 celles qui œuvrent dans le Grand Nord. « Elles s’occupent de clientèles qui présentent des caractéristiques particulières et sont en plus responsables de la formation théorique et pratique des sages-femmes autochtones. Leurs conditions doivent officiellement être consignées à l’entente. »

La négociation de 2016 présente donc plusieurs défis. Le gouvernement a la possibilité de régler rapidement cette négociation, s’il se met en mode écoute et gros bon sens. Malheureusement, il semble très peu pressé à négocier. « Je ne serai plus à la présidence du RSFQ, mais j’accompagnerai le comité de négociation jusqu’à la conclusion d’une entente satisfaisante. Ma contribution au cours des sept dernières années me rend fière et satisfaite du travail accompli, même s’il reste beaucoup à faire », conclut Claudia Faille.

Une réussite toute québécoise

Les produits alcooliques du Québec ont longtemps souffert d’une perception négative auprès des consommateurs qui se montraient souvent réticents à consommer des produits de chez nous. « Cependant, le vent est en train de tourner, affirme Martine Provost, analyste marketing. Les gens avaient certains préjugés, surtout au sujet des vins. Nous avons voulu leur démontrer qu’il y avait d’excellents produits à découvrir. » L’une des stratégies élaborées par l’équipe des experts-produits pour s’attaquer à ces préjugés et pour promouvoir ces vins fut d’organiser des dégustations à l’aveugle lors de salons de vin. « Les clients préféraient en majorité les vins québécois aux vins français », rappelle-t-elle.

À travers des événements promotionnels, un travail de sensibilisation a donc été effectué. Des producteurs ont notamment été invités en succursale lors de dégustations pour parler de leurs produits, ce qui a séduit plusieurs consommateurs. Peu à peu, ceux-ci ont appris à découvrir et à apprécier les vins québécois avec leurs caractéristiques uniques liées à l’utilisation de cépages adaptés à notre réalité climatique. « Il y a encore du travail à faire, mais jusqu’à maintenant, la campagne est un succès », conclut Martine Provost. En effet, les ventes de vins québécois ont augmenté de plus de 80 % au cours de la dernière année, ce qui s’avère un franc succès, facilité par la présence de sections Origine Québec dans plus de 260 succursales.

De dégustation en dégustation, les Québécois ont appris à apprécier bon nombre de produits québécois, de l’hydromel aux produits de l’érable, en passant par les alcools à base de petits fruits, sans oublier les différentes gammes de cidre. La création de la marque Origine Québec a également contribué à leur apporter une notoriété, une mise en valeur appréciée des producteurs québécois, dont les produits sont en compétition avec ceux du monde entier.

La qualité au rendez-vous

« Si le volume des ventes a augmenté, c’est surtout en raison de la qualité des produits, qui a fait de grands pas au cours des dernières années, en particulier dans le domaine des vins, assure François Primeau, agent d’information au développement des affaires pour la campagne Origine Québec. Pour mener la campagne Origine Québec, les astres étaient alignés : les vins locaux arrivaient à maturité, alors que les consommateurs voulaient les découvrir et que la volonté du gouvernement et de la SAQ était au rendez-vous. » Il rappelle par ailleurs qu’il s’agit d’une jeune industrie : « Les premières vignes ont été plantées au Québec il y a 30 ans, et le premier vin à être commercialisé a été vendu à la SAQ en 1996. On commence donc à récolter les fruits d’un travail de longue haleine. Aujourd’hui, il ne fait plus de doute que la qualité est au rendez-vous ».

Les professionnel-les de la SAQ ont d’ailleurs un rôle à jouer dans l’amélioration des produits. Le chimiste Joseph Tartaglia, qui œuvre au sein du service de gestion de la qualité, accompagne les producteurs dans leur démarche pour développer de meilleurs produits. « Pour tous les vins, peu importe leur origine, il y a toujours un risque de détérioration. Nos analyses chimiques permettent de guider les producteurs dans leurs efforts pour corriger les anomalies et ainsi s’assurer qu’ils correspondent aux normes ». Selon Joseph Tartaglia, ce service d’analyse gratuit contribue à améliorer les vins québécois d’année en année.

Le travail comme passion

Les usagers dont s’occupe Laurier Courtemanche ont, pour la plupart, subi des accidents — parfois bénins, d’autres fois plus violents — et ont des séquelles importantes au cerveau. « Généralement, ils n’ont pas de grandes séquelles physiques, mais c’est surtout leur tête qui est endommagée. Ils souffrent de fatigabilité et peuvent avoir de la difficulté à organiser leur journée, ou à suivre une simple conversation, explique-t-il. Moi, j’interviens à la phase trois, à la RAIS (réadaptation axée sur l’intégration sociale), et toujours en étroite collaboration avec une équipe multidisciplinaire. C’est l’étape juste avant leur réintégration en milieu du travail. Chez nous, c’est un usager sur deux qui retournera sur le marché du travail. »

Les usagers qui fréquentent le centre Lucie-Bruneau vivent sans contredit des moments difficiles. « Ce n’est ni plus ni moins un processus de deuil auquel ils doivent faire face. Heureusement, la solution, c’est le temps, relate le kinésiologue. Il y a 18 fois plus de séparation chez notre clientèle que dans la société en général. Ça demande un immense effort d’adaptation autant pour la personne que pour sa conjointe ou son conjoint, ses enfants et sa famille ». Au centre Lucie-Bruneau, l’usager est au cœur des préoccupations. Les interventions sont adaptées à leurs besoins et la thérapie est propice aux confidences. « Souvent, les usagers ont le moral à terre et certains parlent de suicide. Je leur demande alors si je peux en parler en équipe multidisciplinaire pour qu’on puisse s’occuper de cet aspect aussi. »

Travailler auprès d’hommes et de femmes dont la vie vient de basculer du tout au tout peut parfois être difficile. « T’es fait ou t’es pas fait pour ça. Faut être passionné, ça c’est certain. Être constamment dans une relation d’aide, ça nourrit beaucoup, mais ça épuise aussi », note Laurier Courtemanche. Mais la passion est toujours au rendez-vous. « Même en vacances à Cuba, si je croise quelqu’un qui a un handicap, c’est certain que je vais aller lui parler. Ça me suit ! », explique avec enthousiasme celui qui prendra sa retraite dans quelques années.

Exercer le métier de kinésiologue en centre de réadaptation fait aussi réaliser que la vie est, malgré tout, bien faite. « Les gens développent d’autres compétences, trouvent une nouvelle voie. Même chose pour les proches qui n’ont pas d’autre choix que de s’adapter. Pour ma part, je suis toujours vigilant. Chaque matin quand j’enfourche mon vélo, je suis conscient qu’un accident peut m’arriver. »

Mais la véritable récompense vient quand les usagers — ceux avec qui les intervenants travaillent présentement ou les anciens — témoignent de leur reconnaissance envers leur travail. « Je me souviens d’une enseignante, victime d’un accident de vélo plutôt anodin — elle avait roulé dans un trou —, mais qui avait été sérieusement blessée. C’était une battante. Elle a réussi a réintégrer son travail, à raison de deux jours par semaine. Elle était revenue au centre pour nous dire que nous avions été une équipe extraordinaire. Ça, ça vaut pas mal plus que mon salaire aux deux semaines », relate Laurier Courtemanche, les yeux dans l’eau.

Un comité patronal-syndical est mis sur pied

La Confédération des syndicats nationaux annonce la formation d’un comité provincial sur la main-d’œuvre en technologie médicale, ce qui permettra aux représentants syndicaux et patronaux d’échanger sur l’avenir de ces professions et de formuler des avis au ministère de la Santé et des Services sociaux. Entre autres dossiers qui y seront abordés, notons « Optilab », une vaste réorganisation engagée par le gouvernement visant la centralisation des services en biologie médicale et qui suscite de nombreuses craintes dans le réseau public de santé et de services sociaux.

Pour la CSN, « Optilab » comporte de multiples enjeux, non seulement pour les travailleuses et les travailleurs des laboratoires et du réseau de la santé et des services sociaux, mais pour toute la population, qu’il s’agisse d’accès à des services de proximité, de sécurité, d’environnement, d’efficacité, de respect des obligations professionnelles et de coûts.

Le transport des échantillons par des entreprises privées sur de longues distances, fait craindre la perte et la dégradation d’un nombre accru d’échantillons, ainsi que la multiplication d’erreurs de manipulation et une augmentation significative des délais de traitement. Il n’y a pas de système provincial de traçabilité des spécimens et le projet de système d’échange d’informations entre les laboratoires et avec les autres intervenants comme les médecins n’est pas optimal. Des cas d’erreurs ont déjà été mis au jour par Radio-Canada concernant des échantillons de l’Abitibi–Témiscamingue analysés au CUSM, à Montréal.

De plus, la CSN craint que cela contribue encore davantage à la dévitalisation de nombreuses communautés éloignées car du personnel serait appelé à quitter les régions et la perte de services de laboratoires dans les hôpitaux éloignés compliquera davantage les efforts de recrutement des établissements aux prises avec des pénuries de personnel.

Bien commun
Pour le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, la formation de ce comité conventionné est une bonne nouvelle. « Nous utiliserons tous les leviers à notre disposition pour nous assurer que le bien commun sera la seule boussole guidant une réorganisation dans ce secteur absolument vital dans le réseau public de santé et de services sociaux. Je salue l’ouverture du comité patronal national de la santé et des services à discuter de ces enjeux avec les représentants du personnel. Il serait sage de la part du ministre Gaétan Barrette d’accéder à notre demande d’instaurer un moratoire sur le déploiement d’« Optilab » afin que nous ayons le temps d’en étudier sérieusement toutes les conséquences ».

Ce comité patronal-syndical est une initiative de la CSN. La vice-présidente de la FSSS–CSN, représentante des techniciennes, techniciens et professionnel-les, Mélissa Gaouette, considère que ce comité constituera un forum privilégié pour dégager une vision d’ensemble sur « Optilab » et tous les enjeux visant la main-d’œuvre en technologie médicale. « La raison première de cette lettre d’entente à la convention collective et du comité qui en découle, c’est évidemment de veiller à la défense adéquate des droits du personnel des technologies médicales et au respect de ses obligations professionnelles. Toutefois, en travaillant sur l’emploi, la formation, l’organisation du travail et sur les besoins actuels et futurs en terme de développement des ressources humaines, nous assurons à la population le maintien de services de qualité et accessibles, et leur renforcement ».

Solidarité
La vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Nancy Corriveau, souligne qu’un vent d’opposition souffle de plus en plus fort sur « Optilab ». « Le milieu socioéconomique se lève car la perte de tels services de proximité n’aidera en rien à revitaliser les communautés déjà fortement ébranlées par les effets des politiques d’austérité. Nous avons bon espoir qu’en poursuivant la sensibilisation et la mobilisation à tous les paliers dans ce dossier, nous pourrons convaincre le Dr Barrette que le réseau a tout avantage à travailler de concert avec les véritables spécialistes du domaine : celles et ceux qui oeuvrent au quotidien dans nos laboratoires ».

Ma place en santé, j’y tiens
« Optilab » compte au nombre des enjeux abordés par la CSN dans le cadre de la campagne Ma place en santé, j’y tiens ! Cette campagne de mobilisation et d’information vise à défendre les services publics de santé et de services sociaux contre la privatisation et l’effritement.