Le festin du Dr Barrette perturbé

Comme un cheveu sur la soupe, une délégation du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN) s’est invitée à la dégustation organisée aujourd’hui par le Dr Barrette. Celui-ci avait invité les journalistes à goûter des mets servis en CHSLD à l’occasion d’un vaste « show de boucane » visant à contrer la perception du public à l’égard de la qualité des aliments servis en CHSLD. Le ministre promet une amélioration de ce côté, et ce sans ajout de ressources.

La présidente du CCQCA–CSN, Ann Gingras, a présenté aux journalistes une série de photos des mets servis au même moment aux aîné-es hébergés en CHSLD dans la région de la Capitale-Nationale. L’intervention a été fort remarquée ! Elle a rappelé au ministre que les services aux aîné-es reposent d’abord et avant tout sur un personnel qualifié en nombre suffisant.

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Cette mobilisation a été l’objet de quelques reportages :

Dégustation de repas dans les CHSLD : loin de la réalité, déplorent les syndicats

Le festin du Dr Barrette

Une perte énorme pour Thetford Mines

Les travailleuses et les travailleurs du CSSS de la région de Thetford Mines sont inquiets face aux répercussions qu’aura sur la région le projet Optilab visant à centraliser les laboratoires médicaux du Québec. Malgré l’annonce de transferts de personnel dès avril 2017, le gouvernement se montre incapable actuellement de répondre à des questions pressantes, ce qui jette un doute sur la viabilité d’Optilab. La CSN demande qu’un moratoire soit décrété sur cette réorganisation majeure le temps d’en évaluer correctement les conséquences.

Optilab prévoit que toutes les analyses médicales non urgentes de produits sanguins ou de tissus humains, par exemple pour le dépistage du cancer, prélevés dans la région, seront désormais traitées à l’Hôtel-Dieu de Lévis. À terme, près de 50 emplois de technologistes médicales seront perdus aux laboratoires de Thetford Mines, de la Beauce et de Montmagny, ce qui toucherait 57 personnes. Environ 25 emplois seront créés à Lévis. Si les technologistes médicales sont en première ligne, la réorganisation touche également d’autres travailleurs et travailleuses, dont le personnel administratif et les techniciennes et techniciens en génie biomédical.

Des risques pour la population
« Nous sommes inquiets pour les citoyennes et les citoyens de la région », explique la présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses du Centre de santé et des services sociaux de la région de Thetford–CSN, Lina Marois. « Inévitablement, le traitement des échantillons à 100 kilomètres d’ici veut dire des délais supplémentaires en raison du transport et de la manipulation accrus, des risques plus importants de perdre des échantillons ou de les endommager et une perte d’expertise dans les établissements de la région. Ce qui va arriver, c’est que des gens vont devoir parfois reprendre leur test. Leur médecin traitant obtiendra les résultats quelques jours plus tard qu’actuellement. Et les risques d’erreur sont décuplés. Pour nos membres qui travaillent au quotidien dans les laboratoires médicaux de la région, ces risques sont bien réels, mais ils n’ont pas le sentiment d’être entendus. »

Aperçu des conséquences à Thetford Mines
Avant même l’implantation complète d’Optilab, les travailleuses et travailleurs constatent déjà des défaillances sur le terrain dans le transport d’échantillons entre les établissements. En une seule journée, fin septembre, on a dû reprendre les prélèvements sur 28 patients parce que des échantillons ont été perdus par le transporteur privé qui fait la navette entre les établissements de la région. Le 26 octobre, neuf prélèvements ont été reçus à Lévis sans l’information nécessaire à leur analyse. C’est la même entreprise qui serait chargée de transporter les échantillons dans le cadre d’Optilab.

La durée de vie de tels échantillons est en moyenne de 4 heures. À terme, Optilab nécessitera environ six transports par jour entre l’hôpital de Thetford Mines et Lévis. On peut certainement craindre que de telles erreurs se multiplient et qu’il sera encore plus difficile de les corriger lorsque toutes les analyses seront concentrées au même endroit. C’est sans parler des tempêtes, des accidents ou de tout autre imprévu qui pourraient perturber le transport.

Pour la vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Nancy Corriveau, le projet Optilab est bien mal engagé. « Le ministère de la Santé et des Services sociaux a beau clamer qu’il réalisera des économies, dans nos rencontres avec eux, ses représentants nous ont avoué qu’ils ne savent même pas combien cela coûte actuellement. En plus de l’ajout d’équipements et de l’agrandissement des installations dans les laboratoires « serveurs » comme celui de Lévis, il faut compter les coûts de transport et de manipulation accrus, ainsi que le coût de toutes les analyses qui devront être reprises en cas de défaillance du système. »

« En général, les gens n’ont aucune idée de ces coûts et des risques que cela implique », poursuit le vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Denis Bertrand. « Nous allons continuer toutes nos interventions au niveau national ainsi que dans les communautés, comme ici, à Thetford où nous nous déploierons dans les prochaines semaines à la rencontre de la population qui doit savoir de quoi il retourne  ».

Enjeu économique
Le Conseil central de Québec­Chaudière-Appalaches (CSN) soutient la lutte contre la perte des laboratoires médicaux des hôpitaux plus éloignés et des emplois qui s’y rattachent. « Pour Thetford Mines, Optilab, c’est une catastrophe économique », dénonce la présidente de CCQCA–CSN, Ann Gingras. « L’économie régionale est déjà durement frappée par la perte de bons emplois qualifiés, bien rémunérés. C’est renversant de constater à quel point le gouvernement ignore les dommages irréparables qu’il impose au tissu social de la région. On est en train de dire aux citoyennes et aux citoyens de la région qu’il faut déménager à Lévis si on veut de bons emplois et une meilleure qualité de services publics. Le ministre Barrette, de par ses gestes, contribue à vider les régions. C’est inacceptable. Les élus municipaux de la région se sont déjà prononcés dans ce dossier. Nous n’attendons rien de moins du député de la région Laurent Lessard, car les enjeux sont énormes pour tout le monde ».

Comité syndical–patronal
Le 10 novembre, un comité composé de technologistes médicales membres de la CSN a rencontré des représentants patronaux des établissements. Plusieurs autres rencontres se tiendront au fil des prochaines semaines. Ce comité de travail, prévu aux conventions collectives de la CSN, doit permettre de formuler des recommandations au ministère, notamment sur Optilab. Pour la CSN, on devrait instaurer un moratoire immédiat sur le déploiement d’Optilab, le temps d’en évaluer tous les impacts et de trouver des solutions.

Campagne

La demande de moratoire sur le déploiement d’Optilab s’inscrit au cœur du plan d’action de la CSN dans le cadre de la campagne Ma place en santé, j’y tiens. Plus d’information au : www.maplaceensante.com

L’heure est à l’action !

La Confédération des syndicats nationaux et ses deux fédérations de la santé et des services sociaux (la FSSS et la FP) étaient représentées par quatre personnes au Forum sur les meilleures pratiques en CHSLD. La CSN s’est prêtée au jeu bien que les solutions pour améliorer la qualité de vie des aîné-es en perte d’autonomie soient déjà connues et bien documentées. La CSN déplore que l’implantation concrète de solutions n’ait pas été à l’ordre du jour du forum. Le réinvestissement de 65 millions annoncé à la clôture du forum par le ministre Barrette, pour l’embauche de personnel supplémentaire, constitue un pas dans la bonne direction mais des problèmes demeurent. 

« C’est bien beau les meilleures pratiques qui nous sont présentées, mais tout cela ne pourra pas se faire à coût nul. Il va falloir de l’investissement d’argent neuf à un moment donné. On nous annonce aujourd’hui un réinvestissement fort attendu. Mais il y a encore plus de 3550 personnes en lourde perte d’autonomie qui attendent une place en CHSLD. Il faudra faire plus », a rappelé Jean Lacharité.

Le travail en CHSLD est fort complexe, les préposé-es aux bénéficiaires sont des intervenants incontournables, il faut miser sur leurs compétences, leur donner de l’autonomie dans leur travail, les impliquer dans les décisions et valoriser leur travail. Il faut aussi miser sur des équipes interdisciplinaires, donner tous les soins et services requis, incluant les services professionnels, et tenir compte des particularités de chaque usager dans l’organisation des soins. Et il faut que le personnel soit assez nombreux pour répondre adéquatement aux besoins des usagères et des usagers.

En ce sens, la CSN accueille positivement l’annonce de l’ajout de 1150 préposé-es aux bénéficiaires, infirmières auxiliaires et infirmières dans les CHSLD. « Nous allons également suivre de près la stratégie d’attraction et de rétention des préposé-es aux bénéficiaires que le ministre entend déployer », assure Jean Lacharité.

Ces questions sont d’une importance capitale pour la CSN. Dès 2012, elle menait une campagne de sensibilisation Vieillir dans la dignité. En 2013, la CSN s’est dotée d’une Vision sur le continuum de services publics intégrés pour les aîné-es. De grandes orientations, des recommandations et des solutions y sont identifiées visant à améliorer l’accès et la qualité des soins et services aux aîné-es, dont les CHSLD, dont plusieurs ont été présentées dans le cadre du forum.

Soins à domicile
En outre, un volet important de la recherche de solutions pour améliorer les soins et services aux aîné-es concerne l’accès à des soins à domicile sous la responsabilité des CLSC, notamment en misant sur les auxiliaires en santé et services sociaux (ASSS). La plupart des aîné-es souhaitent pouvoir demeurer à domicile le plus longtemps possible. Pour la CSN l’amélioration de l’accès à des soins et services de soutien à domicile est un rouage essentiel de l’amélioration générale des conditions de vie des aîné-es et permet d’utiliser les ressources de façon plus optimale. La CSN participera d’ailleurs au prochain forum sur les soins à domicile, en janvier 2017.

Le jupon du démantèlement dépasse encore

« On ne peut passer sous silence qu’un des auteurs de l’étude, Robert Gagné, faisait également partie de la Commission Robillard, souligne le président du Syndicat des employé(e)s de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB–SAQ), Alexandre Joly. Comme ce fut le cas lors des travaux de cette commission, personne de la SAQ n’a été rencontré afin de permettre un éclairage complet sur la question étudiée par ce rapport. Selon nous, ce rapport est fort incomplet ; c’est un argumentaire politique dogmatique mis en avant par des tenants du démantèlement de la SAQ. Il est bien évident pour nos membres qui offrent le service au quotidien, que la productivité de la SAQ est loin d’avoir stagné au cours des 20 dernières années ! »

 Pour la présidente du Le Syndicat du personnel technique et professionnel de la SAQ (SPTP-SAQ), Sandrine Thériault, faire croire à la population que la SAQ ne s’est pas améliorée au cours des deux dernières décennies tient de la supercherie et démontre le caractère absurde et biaisé de cette nouvelle étude. « Au contraire, la SAQ, grâce, entre autres, au travail considérable de ses employés-es, a démontré sa grande souplesse et sa créativité en faisant passer ses charges d’exploitation sur les ventes de 25 % à moins de 18 % à ce jour, la rendant plus efficiente. » De plus, elle a pratiquement doublé son dividende à l’actionnaire, le faisant franchir le cap du milliard de dollars depuis 2005.

Les dénigreurs de la SAQ semblent déstabilisés par les dernières annonces visant une réduction de prix sur des milliers de produits. « Les efforts entrepris par la société d’État ne seront vraisemblablement jamais satisfaisants pour ceux qui ne prêchent que pour notre démantèlement. Si le gouvernement était moins gourmand au niveau du dividende attendu, la SAQ pourrait rapidement éliminer la différence de prix observée entre la SAQ et la LCBO », poursuit-elle.

Par ailleurs, rappelons que depuis 2008 la SAQ a suivi toutes les recommandations de firmes externes visant à améliorer la productivité des salarié-e, à «optimiser» le travail. Trop souvent, c’est sur le dos des salarié-es que ces gains ont été réalisés. Chaque fois, la SAQ martelait que ces efforts supplémentaires étaient nécessaires afin de protéger le monopole public contre les vautours de la privatisation.

Pour les syndicats CSN, il est déplorable que la SAQ ne se soit pas défendue avec plus de vigueur aujourd’hui, après tous ces efforts consentis par les salarié-es.
« Nous défendons le monopole public depuis des années, par tous les moyens, rappelle Alexandre Joly. Si la SAQ ne démontre pas plus de détermination qu’aujourd’hui dans la défense de cet acquis considérable, qui profite à toutes les Québécoises et tous les Québécois, nos syndicats le feront à sa place, avec l’appui de toute la CSN ».

À propos
Le Syndicat des employé(e)s de magasins et de bureaux de la SAQ (FEESP–CSN) représente quelque 5500 membres répartis sur tout le territoire du Québec. Le Syndicat du personnel technique et professionnel de la SAQ (FP–CSN) compte quelque 620 membres, principalement à Montréal et à Québec.

 

 

Le personnel de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont dénonce le projet Optilab

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) tenait une manifestation ce midi devant l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont pour dénoncer le projet Optilab. Pour la CSN, ce projet de fusion des laboratoires médicaux comporte des risques importants pour les patient-es et le personnel.

Plusieurs membres du personnel de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont ont manifesté ce midi devant leur établissement pour dénoncer le projet de fusion des laboratoires médicaux mis de l’avant par le ministre Barrette. Ce projet touche directement le personnel de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, des technologistes médicales, en passant par les infirmières, les préposé-es et les agent-es administratives, alors qu’il prévoit de centraliser la plupart des prélèvements dans un laboratoire-serveur, situé au CHUM.

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« Le projet Optilab comporte trop de risques pour être mené de l’avant dans sa forme actuelle. Il y a une expertise incontournable dans les laboratoires médicaux actuellement au Québec. Pourquoi vouloir encore tout centraliser? À l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, le personnel du laboratoire est au rendez-vous pour répondre aux besoins des patient-es et assister le personnel soignant. La lubie centralisatrice du ministre Barrette risque encore de faire diminuer la qualité des services à la population », déplore Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

« Les technologistes médicales de partout au Québec ont de nombreuses raisons de s’inquiéter du projet Optilab, qu’elles soit en milieu urbain ou rural. Combien d’échantillons seront perdus en raison de cette centralisation? Combien de prélèvements devrons-nous reprendre parce que trop de temps aura passé entre le prélèvement et l’analyse? Ce projet va dans le sens contraire de ce que nous devons faire pour améliorer les soins à la population », poursuit Nancy Corriveau, vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).

« La CSN poursuit ses interventions pour dénoncer cette fusion des laboratoires médicaux. Nous avons débuté les travaux d’un comité national pour faire état des préoccupations du personnel des laboratoires. Il faut absolument cesser les projets de centralisation qui éloigne les services de la population et ralentisse l’offre de services. Parce que mon labo, j’y tiens, la CSN continuera d’appuyer le personnel des laboratoires », de conclure Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

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Des syndiqués invitent les militants libéraux à faire bloc contre Barrette

Des syndiqué-es CSN provenant des régions du Montréal métropolitain, des Laurentides et de Lanaudière ont rendu visite aujourd’hui aux militantes et aux militants libéraux réunis en conseil général à Laval. Les travailleuses et travailleurs leur demandent de faire obstacle au gouvernement Couillard, et plus particulièrement au ministre Barrette, dans leur opération de destruction massive du réseau public de la santé et des services sociaux. Ils ont aussi décoché des flèches à l’endroit du gouvernement libéral au sujet de l’adoption du projet de loi 110 sur la négociation collective des employé-es municipaux.

« Dans nos trois régions, c’est plus de 40 000 employé-es CSN qui subissent au quotidien les effets de la réforme Barrette et qui sont témoins des impacts négatifs sur les services à la population. On est en train de démanteler complètement les CLSC, des services de proximité qui ont pourtant fait leurs preuves, pour miser plus que jamais sur les GMF et les supercliniques, des entités à but lucratif, sous gestion privée. On retire ainsi des services de première ligne de proximité qui pourtant, devraient demeurer accessibles et universels », a dénoncé la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN), Dominique Daigneault.

« Nos services de santé et nos services sociaux, ce ne sont pas des business. Nous avons à cœur le bien-être des gens et cela ne peut pas se résumer à des colonnes de chiffres. Avec le démantèlement des CLSC, les coupes dans la prévention et la santé publique, ou le projet Optilab, le gouvernement est en train d’imposer un modèle encore plus centralisé et éloigné de la population. Un modèle qui gravite de plus en plus autour des médecins et qui répond davantage à leurs besoins qu’à ceux des citoyennes et des citoyens. Nous ne voulons pas du modèle de Gaétan Barrette et il est hors de question que nous assistions passivement au saccage du réseau », a poursuivi le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

Le vice-président de la CSN s’est aussi indigné d’autres attaques frontales du gouvernement Couillard envers l’ensemble des travailleuses et travailleurs québécois depuis son élection. « Ce gouvernement s’en prend aux syndiqué-es du secteur public et municipal pour faire des économies indécentes sur leur dos. Il a nié le droit de négocier des employé-es municipaux avec l’adoption du projet de loi 110 qui ouvre la porte à des lois spéciales pour décréter leurs conditions de travail. Son but était de briser leur rapport de force et de réduire leurs conditions de travail à son profit. On va continuer à le talonner, on lui en passe un papier! », a-t-il lancé.

« Les travailleuses et des travailleurs des régions du Montréal métropolitain, des Laurentides et de Lanaudière peuvent compter sur la CSN pour défendre le système public de santé et de services sociaux et pour faire reculer le gouvernement sur l’ensemble de son œuvre. Gaétan Barrette et Philippe Couillard vont continuer à nous entendre, on vous le promet! », a conclu Dominique Daigneault.

 

Le ministre Barrette s’entête à nier les effets des compressions budgétaires

Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), l’augmentation des rapports d’incidents et d’accidents au CHU Sainte-Justine est une nouvelle démonstration de l’effet des compressions budgétaires sur les soins donnés à la population. Mais plutôt que de saisir la balle au bond, le ministre Barrette préfère insulter le personnel du réseau de la santé et des services sociaux en niant la réalité.

Une austérité qui se traduit par une augmentation des erreurs dans la prestation de soins

Dans un reportage de Radio-Canada, nous apprenions l’augmentation des rapports d’incidents et d’accidents à l’unité des naissances du CHU Sainte-Justine. Face à cette nouvelle démonstration des effets de l’austérité imposée par le gouvernement Couillard, le ministre Barrette a eu pour seul réflexe de rejeter cet énième signal d’alarme. Rappelons que les professionnel-les en soins ont la responsabilité de remplir des rapports d’incidents et d’accidents lorsqu’intervient un problème dans la prestation de soins à la population. Il s’agit d’un devoir professionnel qui permet d’évaluer concrètement la performance de notre réseau.

« Plutôt que de prendre acte du signal d’alarme lancé par les infirmières de Sainte-Justine, le ministre Barrette préfère nier la réalité. Quand les professionnel-les en soins nous indiquent qu’il y a plus d’erreurs, le rôle du ministre devrait être d’écouter et d’agir, pas d’insulter les infirmières ! En agissant comme il le fait aujourd’hui, il remet en cause le professionnalisme du personnel qui, jour après jour, prend soin de la population », lance Marie-Josée Tremblay, infirmière et vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS­–CSN).

« C’est l’ensemble du personnel de Sainte-Justine qui est touché par les compressions budgétaires et la réforme Barrette. Les techniciennes et techniciens et les professionnel-les sont de plus en plus épuisés et leur charge de travail ne fait que s’accroître sans cesse. Le ministre Barrette a beau déplorer nos critiques, nous avons le devoir d’alerter la population sur les effets des compressions et nous continuerons de le faire », poursuit Nancy Corriveau, vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).

L’urgence d’agir pour les soins à la population

En août dernier, la CSN est intervenue publiquement pour dénoncer le manque de personnel dans le département de néonatalogie du CHU Sainte-Justine. C’est maintenant dans l’unité des naissances que des problèmes surviennent aujourd’hui.

« Visiblement, rien n’a été fait dans les derniers mois pour améliorer les soins aux patientes et patients. Combien de crises comme celle-ci devrons-nous vivre avant que le ministre réponde aux préoccupations légitimes du personnel ? Ce qui se passe à Sainte-Justine, c’est ce qui se passe partout au Québec. Il faut absolument augmenter le personnel pour répondre aux besoins de la population. Il est grand temps de réinvestir massivement dans les soins aux patients avant que les erreurs ne deviennent tragiques », conclut Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

Les employés du CHU exhortent le ministre Barrette à investir dans le personnel

Invités à visiter le nouveau bâtiment des unités spécialisées et le nouveau centre de recherche, les employé-es du CHU Sainte-Justine, membres de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS­–CSN) et de la Fédération des professionnèles (FP–CSN) ont tenu à profiter de l’événement pour envoyer un message clair au ministre Barrette : Le béton ne s’occupe pas des enfants, nous oui ! Réinvestissez dans le personnel du CHU Sainte-Justine.

Après plus de 35 millions de dollars de compressions en cinq ans et près d’un milliard de dollars de dépenses pour agrandir et moderniser les bâtisses du CHU Sainte-Justine, toujours aucune mesure n’a été prise pour appuyer le personnel. « Derrière cette belle construction neuve et ces jolis oursons en pierre se cachent des compressions d’une violence inouïe. Le nombre de cas d’épuisement dans nos rangs ne cesse d’augmenter. Alors qu’on continue à vouloir offrir des soins de qualité, on se fait dire qu’on doit se contenter de fournir des soins sécuritaires. C’est extrêmement démoralisant », affirme Louise Laplante, présidente du Syndicat des professionnels en soins infirmiers et cardio-respiratoires – SPSIC (FSSS–CSN).

Même son de cloche du côté des professionnel-les et des techniciens et techniciennes. « Il sera de plus en plus difficile pour le gouvernement Couillard de cacher les impacts négatifs sur les services de cette réorganisation sauvage du réseau. Prenons par exemple le projet de centralisation des laboratoires d’analyses Optilab : c’est une évidence même que ce projet aura des conséquences graves. À Sainte-Justine, nous intervenons auprès de nourrissons et d’enfants; les prélèvements doivent être traités selon les spécifités de cette clientèle et non pas se retrouver noyés dans une mer d’échantillons », lance Dominique Pallanca, présidente du Syndicat des techniciens-nes et professionnels-les de la santé et des services sociaux du Québec – STEPSSSQ (FP–CSN).

À la suite des annonces de centaines de millions de réinvestissement en santé par le ministre des Finances, Carlos Leitao, les employé-es du CHU ont aussi tenu à dire haut et fort qu’ils ne sont pas dupes. « Qu’on ne vienne surtout pas nous parler d’argent neuf ! Ces investissements, ce n’est rien d’autre que le résultat des coupes insensées des dernières années. De l’argent qui a été amassé en bonne partie sur le dos des travailleuses et des travailleurs du réseau qui, depuis trop longtemps, essaient de minimiser les impacts sur la population, trop souvent au détriment de leur propre santé », ajoute Gilles Charrois, président du Syndicat national des employé-es du CHU Sainte-Justine – SNE (FSSS–CSN).

À propos
Le Syndicat national des employé-es du CHU Sainte-Justine, affilié à la Fédération de la santé et des services sociaux CSN, représente près de 2000 membres.

Le Syndicat des techniciens-nes et des professionnels-les de la santé et des services sociaux du Québec, affilié à la Fédération des professionnèles de la CSN, représente plus de 1000 membres à Sainte-Justine et au Centre de réadaptation Marie Enfant.

Le Syndicat des professionnels en soins infirmiers et cardio-respiratoires du CHU Sainte-Justine, affilié à la Fédération de la santé et des services sociaux CSN, représente plus de 1600 membres.

Un rôle accru pour le secteur privé maintenant consacré

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a procédé ce matin au dépôt du projet de loi 118 visant à encadrer les laboratoires médicaux, les centres de services orthopédiques et les centres de physiologie respiratoire du secteur privé. La CSN y voit, encore une fois, un transfert de ressources publiques vers le secteur privé.

La loi vient élargir la portée des activités des laboratoires privés en autorisant les examens et les analyses réalisés à des fins de recherche ou de développement, ainsi que ceux effectués en vue d’un dépistage ou d’un suivi de la condition physique. Tout indique que ce projet de loi vise à transférer de plus en plus d’examens d’imagerie médicale aux cliniques privées, le tout aux frais de la Régie de l’assurance-maladie du Québec. En juillet dernier, le ministre annonçait en effet la gratuité des services d’échographie en clinique médicale privée, ajoutant que le scan et l’IRM suivraient sous peu.

« Si on doit se réjouir du fait que des patientes et des patients n’auront plus à payer pour de nombreux examens médicaux et de laboratoires nécessaires à leur santé, il est déplorable que le gouvernement mise une fois de plus sur le privé pour rendre les services à même les fonds publics, dénonce le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

« Nous craignons qu’on draine encore les ressources publiques vers des entreprises privées. La responsabilité du gouvernement ne se limite pas à payer des services. Il doit aussi les organiser de façon à renforcer la santé publique, l’efficience et le continuum des services et en assurer la maîtrise. Alors qu’on s’apprête à vider des laboratoires de leur main-d’œuvre partout au Québec, avec le projet Optilab, comment se fait-il qu’on ne se soit même pas demandé s’il n’y avait pas moyen de rapatrier au moins une partie de ces activités dans le secteur public ? Veut-on confier toute l’imagerie médicale au privé ? »

La CSN mène campagne depuis plusieurs années contre la privatisation du réseau de la santé et des services sociaux et l’effritement du système public. Sous le coup des politiques d’austérité menées par le gouvernement Couillard et des réformes engagées par le ministre Barrette, le caractère public de nos services de santé et de nos services sociaux est menacé plus que jamais.

Les sages-femmes dénoncent la réforme Barrette

Le Regroupement Les sages-femmes du Québec (RSFQ), en entente de service avec la CSN, est préoccupé de l’intransigeance manifestée par le gouvernement dans l’amorce de leurs négociations. « Le porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a d’emblée exprimé une fin de non recevoir pour la majorité de nos demandes et soutient que la négociation se fera à coût zéro. Cette position idéologique du MSSS nous inquiète grandement », souligne d’entrée de jeu la présidente du RSFQ, Mounia Amine.

« Le ministre Barrette ajoute à sa fermeture l’obligation de nous soumettre à un exercice de reddition à outrance et à des mesures d’optimisation. Or, nous nous prêtons déjà à un exercice complet de reddition de comptes, demandé par le MSSS à la dernière ronde de négociation et mis en place avec sa participation. Cet exercice montre que les sages-femmes font les suivis complets pour lesquelles elles sont payées, voire plus. Nous savons que la reddition à outrance attendue du MSSS n’optimisera pas nos services comme il le prétend, mais aura plutôt comme conséquence de diminuer le temps clinique alloué à la clientèle. Nous refusons d’aller dans cette voie, qui mettrait en péril la qualité des services », enchaîne la présidente du Regroupement.

Des économies substantielles

L’analyse de coûts publiée le 5 mai dernier le démontre : la pratique sage-femme permet de réaliser des économies substantielles. « Un accouchement avec sage-femme coûte moins cher qu’avec un médecin. « Le système de santé canadien pourrait économiser près de 25 millions de dollars si le taux de césariennes (d’environ 26 % au Canada) était ramené au maximum de 15 % recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. C’est sans compter les autres économies engendrées par ce modèle de pratique. Les sages-femmes font partie de la solution et le MSSS le sait », ajoute Caroline Auclair, sage-femme de la Maison de naissance de la Rivière, à Nicolet.

« Sans compter qu’on ne peut, à ce jour, quantifier tous les bénéfices à moyen et long termes du suivi sage-femme pour la santé de la population. C’est précisément le fruit de la grande disponibilité dédiée à notre clientèle qui explique nos excellents résultats. Or, à ce jour, notre garde n’est pas compensée suffisamment, elle est de l’ordre de 2 $ l’heure », comparativement à 1 h /8 h de garde pour l’ensemble des professionnel-les », précise-t-elle.

Des promesses non tenues

Mounia Amine rappelle au gouvernement qu’il s’est engagé, en 2008, à ce que 10 % des femmes québécoises puissent accoucher avec une sage-femme, dans le cadre de sa Politique de périnatalité 2008-2018. Pourtant, après 17 ans de légalisation, on atteint à peine le 3 % en 2016, loin derrière nos comparables, l’Ontario, à 15 %, et la Colombie-Britannique, à 21 %. Pourquoi ce blocage dans le déploiement des services alors que les sages-femmes sont un atout au système de santé québécois ?

« Nous espérons que le ministre Barrette réalise la valeur ajoutée de ce notre modèle de pratique et que les mandats à la table de négociation en soient le reflet. Nous demandons donc au gouvernement de joindre la parole aux actes en investissant dans le déploiement des services de sage-femme et en reconnaissant équitablement ce modèle de pratique. Nous n’accepterons ni recul, ni négociation à coût zéro », conclut-elle.

Une force incontournable en santé et dans les services sociaux

Nous sommes en septembre 2014. Tel un magicien qui sort un lapin de son chapeau, Gaétan Barrette annonce une réforme majeure du réseau. Mais l’opération n’a rien de magique. La réforme Barrette, aussi connue sous le nom de loi 10, laissera une trace indélébile tant dans le réseau que dans les organisations syndicales et la population. Portrait d’un grand chamboulement.

Sans consulter le personnel du réseau ni la population, le ministre impose l’abolition de paliers administratifs et fusionne de nombreux établissements pour n’en retenir qu’une trentaine sur tout le territoire québécois, dont les fameux CISSS et CIUSSS. En fait, la réforme Barrette, qui est entrée en vigueur le 1er avril 2015, a fait passer le nombre des établissements de 182 à 34, dont treize centres intégrés en santé et en services sociaux (CISSS) et neuf centres intégrés universitaires en santé et en services sociaux (CIUSSS). Douze établissements ne sont pas visés par la loi ou ne sont pas fusionnés, dont l’Hôpital Sainte-Justine, le CHU de Québec–Université Laval, le CHUM et le CUSM. Cinq CIUSSS desservent le territoire de la Ville de Montréal, alors qu’en Montérégie, trois CISSS ont été créés.

Les CISSS et les CIUSSS — centres rattachés à une université — chapeautent tous les établissements d’une même région : centres hospitaliers, CHSLD, centres de protection de l’enfance et de la jeunesse (centres jeunesse), centres de réadaptation ainsi que santé publique.

Dans un climat rappelant l’improvisation, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette — qui n’est en poste à cette époque que depuis cinq mois — prétend que le virage majeur qu’il propose se fera au profit des usagers. Il avance que son plan permettra des économies de 220 millions de dollars en éliminant un palier organisationnel majeur, celui des agences de santé et de services sociaux. « Désormais, je peux dire que notre intention est de faire en sorte que notre système de santé ne rimera plus jamais avec bureaucratie, mais plutôt avec services », avance-t-il en conférence de presse, à la suite de la mise à pied de 1300 cadres du réseau. Du même coup, il en profite pour s’arroger des pouvoirs exceptionnels, du jamais vu au ministère.

Chaque étape de mise en place de la réforme est pénible, alors que les travailleuses et les travailleurs ne sont pas toujours informés des changements. Ce fut particulièrement le cas pour le personnel des agences, qui, à quelques jours de la dissolution de leur secteur d’activité, ne savaient toujours pas ce qu’il adviendrait d’eux.

Une réforme austère

La réforme Barrette s’inscrit parfaitement dans les politiques d’austérité imposées par le gouvernement libéral de Philippe Couillard. Malgré les belles promesses, le réseau de la santé et des services sociaux s’est aussi vu imposer des coupes de 219 millions pour 2014-2015, de 450 millions pour 2015-2016 et de 247 millions pour 2016-2017.

Le PL10 s’inscrit dans les politiques d’austérité du gouvernement Couillard auxquelles la CSN s’oppose depuis près de deux ans.
La réforme Barrette ou PL10 a fait passer de 182 à 34 le nombre d’établissements dans le réseau.

Deux ans plus tard, le réseau tente tant bien que mal de se remettre de cet électrochoc. Les bénéfices de la réforme promis par le ministre se font toujours attendre et les usagers n’ont pas vu l’accessibilité aux soins et aux services s’améliorer, au contraire. À ce propos, un sondage commandé par la CSN (incontournable.info), et paru en septembre 2016, indiquait que 70 % du personnel technique et professionnel du réseau estimait que les coupes budgétaires imposées avaient diminué l’accessibilité aux services et allongé le temps d’attente pour les patients. Ce même sondage démontrait, sans surprise, les effets dévastateurs de ces compressions sur les travailleuses et les travailleurs du réseau. Ainsi, 60 % des répondants estimaient être constamment ou fréquemment en surcharge de travail, alors que plus de 80 % des personnes interrogées affirmaient que leur surcharge de travail était due aux compressions.

Bouleversement syndical

La réforme structurelle du réseau de la santé et des services sociaux aura aussi des effets majeurs sur les syndicats. Car qui dit établissements fusionnés, dit auto­matiquement nouvelles accréditations syndicales. La réforme Barrette imposera donc la plus importante période de vote d’allégeance syndicale en santé et en services sociaux jamais connue au Québec. Des quelque 800 accréditations syndicales, il en restera moins de 100, ce qui créera des mégasyndicats répartis sur d’immenses territoires. La CSN, présente partout au Québec, demeurera l’organisation la mieux placée pour offrir des services de qualité aux syndicats de toutes les régions et pour appuyer la vie syndicale dans tout le Québec.

Les compressions ont des effets dévastateurs sur les travailleurs du réseau qui estiment à 60 % être constamment ou fréquemment en surcharge de travail.
Les compressions ont des effets dévastateurs sur les travailleurs du réseau qui estiment à 60 % être constamment ou fréquemment en surcharge de travail.

C’est ainsi que du 30 janvier au 24 février 2017, les 130 000 travailleuses et travailleurs du réseau auront à choisir l’organisation syndicale qui défendra le mieux leurs intérêts. C’est le Tribunal administratif du travail — le TAT, l’ancienne Commission des relations du travail — qui supervisera le processus. Chaque membre du personnel du réseau touché par l’opération recevra, à son domicile, un bulletin de vote qu’il devra retourner avant le 24 février 2017. Les résultats seront dévoilés entre la mi-mars et la mi-avril. Les nouveaux syndicats seront accrédités officiellement le 21 avril 2017.

L’opération n’est pas sans rappeler la période de vote d’allégeance syndicale découlant de la loi 30 du gouvernement libéral de Jean Charest. Cette loi, adoptée en 2003 sous le bâillon, avait imposé une réorganisation des unités de négociation, divisant en quatre catégories l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du réseau : la catégorie 1 regroupant les professionnel-les en soins (infirmière, infirmière auxiliaire, inhalothérapeute), la catégorie 2 regroupant le personnel paratechnique, auxiliaire et de métiers (préposé-e aux bénéficiaires, personnel d’entretien, préposé-e aux services alimentaires et de buanderies, ouvrier spécialisé, etc.), la catégorie 3 le personnel de bureau et de l’administration (agente administrative, secrétaire, etc.) et, finalement, la catégorie 4 le personnel professionnel et technique (psychologue, travailleuse sociale, technicienne de laboratoire, etc.).

La loi 30 avait toutefois été opérationnalisée en plusieurs vagues, alors que les votes s’étaient déroulés de 2004 à 2006. Cette fois-ci, le vote d’allégeance se tiendra en une seule vague, une opération périlleuse et historique.

La CSN, une force incontournable

Forcée de participer à ce maraudage sans précédent, la CSN ne sera pas en reste. Tout au long de l’automne et jusqu’au début de 2017, elle déploiera les efforts nécessaires pour s’assurer que ses membres demeurent à la CSN, mais aussi pour convaincre les autres travailleuses et travailleurs d’y adhérer. Elle sera la cible de tous les autres joueurs impliqués pendant la période de vote sur le changement d’allégeance syndicale, car elle est l’organisation la plus représentative du réseau de la santé et des services sociaux, regroupant 47 % de ses travailleuses et de ses travailleurs. Elle est présente dans tous les types d’établissements et dans toutes les catégories d’emplois. Les membres des catégories 1, 2 et 3 sont affiliés à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), alors que ceux de la catégorie 4 sont affiliés à la Fédération des professionnèles (FP–CSN) ainsi qu’à la FSSS–CSN. Rejetant plus que jamais le corporatisme et l’isolement, la CSN misera sur la solidarité pour améliorer les conditions de travail de ses membres, et sur sa crédibilité pour défendre avec vigueur et efficacité le réseau de la santé et des services sociaux.

La campagne « La CSN, une force incontournable » se déploiera sur le terrain, dans tous les établissements ; elle sera visible sur toutes les plateformes : réseaux sociaux, web, télévision, journaux, même le long des autoroutes.

Forte de ses 325 000 membres, la CSN est une force incontournable pour le réseau de la santé et des services sociaux.

Pour que la création d’un Conseil des universités du Québec ne tourne pas en histoire d’horreur

Des organisations syndicales et étudiantes s’entendent sur huit grands consensus devant guider la création d’un Conseil des universités du Québec (CUQ), considérant que le contenu du document de consultation de la ministre de l’Enseignement supérieur, Madame Hélène David, ne répond pas à leurs attentes.

Les signataires souhaitent la création d’un organisme public et indépendant dont le rôle serait de conseiller et de coordonner le développement du réseau universitaire, notamment en termes de répartition budgétaire, et dont la composition accorderait une place prépondérante aux membres de la communauté universitaire. « Nous sommes favorables à un organisme conseil, mais il devra avoir le mandat de faire la promotion d’une université libre, démocratique et accessible partout au Québec », soutient Sylvain Marois, vice-président de la FNEEQ–CSN responsable du regroupement université.

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« Il suffit de voir l’état de la situation depuis l’abolition du Conseil des universités dans les années 1990 pour comprendre la nécessité d’un CUQ. Nous demandons le retour d’un conseil depuis des années. Nous allons défendre ces consensus lors de la consultation ministérielle », poursuit-il. La communauté universitaire insiste sur son opposition ferme à tout mécanisme d’assurance qualité, un fléau pour la qualité de l’enseignement.

Signataires :

  • La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)
  • l’Association pour la voix étudiante du Québec (AVEQ)
  • la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM)
  • la Fédération des associations étudiantes universitaires québécoises en éducation permanente (FAEUQEP)
  • la Fédération des professionnèles (FP–CSN)
  • la Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche (FPPU)
  • la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU)
  • le Regroupement des syndicats universitaires (RSU-CSQ), et l’Union étudiante du Québec (UEQ)

Des solutions aux problèmes en santé et services sociaux

Alors que le ministre des Finances Carlos Leitão se prépare à faire sa mise à jour économique, la CSN lance une série de propositions pour remédier aux ratés qui se manifestent jour après jour dans le système de santé et de services sociaux. Elle demande notamment au gouvernement de réinvestir massivement dans les services à la population et l’incite également à revoir le mode de rémunération des médecins et à instaurer un régime entièrement public d’assurance médicaments. La CSN était accompagnée de l’avocat spécialisé en droit médical, Jean-Pierre Ménard.

Un consensus de plus en plus large sur les ratés de la réforme Barrette
Au courant des derniers mois, les révélations de plusieurs acteurs sont venues démontrer que la réforme du ministre Barrette n’atteint pas les objectifs qu’elle s’est fixés, notamment pour ce qui est de favoriser l’accès aux services pour la population. Aux dénonciations des organisations syndicales, communautaires et patronales et à celles de regroupements de médecins et d’usagères et d’usagers, se sont récemment ajoutés les rapports de la Protectrice du citoyen et du Commissaire à la santé et au bien-être. Force est de constater que la manière qu’a le gouvernement de gérer les finances publiques est un échec.

Clément Allard
Photo : Clément Allard

« La réforme Barrette qui devait, aux dires du ministre, régler les problèmes du réseau fait tout le contraire. Les délais d’attente ne se sont pas améliorés, au contraire, et le personnel est à bout de souffle comme jamais auparavant. Il faut être vraiment déconnecté pour ne pas constater l’ampleur des ratés. Cette réforme concentre de façon inquiétante les pouvoirs entre les mains du ministre et met des bâtons dans les roues du personnel qui tente du mieux qu’il peut de continuer à servir la population », explique Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).

« La réforme Barrette et l’austérité gouvernementale, c’est notamment la fusion des laboratoires médicaux qui entraîne des risques énormes sur plusieurs plans. C’est aussi la diminution de l’accessibilité aux services sociaux dans les CLSC en raison du transfert de ressources vers les GMF et l’étouffement de la mission des centres jeunesse. Les compressions et l’hypercentralisation qui s’abattent sur le réseau viennent renforcer des problèmes qui étaient déjà criants. Ça devient invivable pour les employé-es qui tentent tant bien que mal de donner les services à la population », poursuit Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN).

Solutions pour améliorer l’accès aux services à la population
En marge du congrès de la FSSS-CSN qui s’ouvre à Québec, la CSN et l’avocat Jean-Pierre Ménard mettent de l’avant des solutions pour améliorer l’accès aux services. Ces propositions émanent de nombreuses réflexions dans le réseau, notamment des Rendez-vous nationaux sur l’avenir du système public de santé et de services sociaux.

  1. Revoir le mode de rémunération des médecins, qui exerce une énorme pression sur le réseau et dont la rémunération à l’acte est associée à des coûts élevés;
  2. Instaurer un régime entièrement public d’assurance médicaments, ce qui permettrait d’économiser jusqu’à un milliard de dollars en augmentant notre pouvoir de négociation sur le coût des médicaments;
  3. Développer des équipes interdisciplinaires autonomes pour améliorer l’offre de services de première ligne;
  4. Profiter des surplus budgétaires (1,8 milliard pour l’année 2015-2016, sans compter le Fonds des générations) qui ont été dégagés à la suite des compressions draconiennes des libéraux pour réinvestir massivement dans les services publics et les programmes sociaux, dont le réseau de la santé et des services sociaux qui se trouve sous une pression extrême.

« L’équilibre budgétaire étant maintenant atteint, le gouvernement doit mettre de côté son projet de diminuer les impôts et de rembourser la dette dans des délais qui s’avèrent beaucoup trop courts. S’il se contente de saupoudrer les budgets des grands réseaux de montants supplémentaires, il installera le Québec dans une austérité permanente. Pour que les services répondent aux besoins de la population et, enfin, pour régler les problèmes d’attente dans le réseau, il doit réinvestir massivement dans les services publics qui sont complètement asphyxiés. Il faut aussi lancer sans tarder les chantiers sur la rémunération des médecins et sur l’assurance médicaments, car ce sont d’autres moyens concrets d’investir directement dans les services à la population. Ne manque maintenant que la volonté politique », conclut Jacques Létourneau, président de la CSN.

Entente de principe avec les professeurs de l’UQAM

Après deux ans de négociations pour le renouvellement de leur convention collective, les membres du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université du Québec à Montréal (SPUQ) ont accepté à 90 % l’entente de principe qui leur a été présentée en assemblée générale.

Cette entente, qui survient après 65 séances de négociation, met fin à un conflit marqué par l’intransigeance et le manque de transparence de l’administration. En avril dernier, le corps professoral avait d’ailleurs exigé la démission du recteur et de deux vice-recteurs.

De nombreux points d’achoppement entre la direction et le SPUQ avaient fait piétiner les négociations, malgré l’intervention d’une conciliatrice. Le corps professoral souhaitait renforcer le modèle participatif et démocratique de l’UQAM, créer de nouveaux postes de professeurs, soutenir la recherche et obtenir un rattrapage salarial par rapport aux autres universités québécoises, ce que refusait jusqu’à tout récemment l’administration de l’UQAM, qui proposait de nombreux reculs sur ces questions. L’entente permet un rattrapage salarial de 2 % en plus des hausses prévues dans la Politique salariale du gouvernement du Québec (PSG).

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La présidente du SPUQ, Michèle Nevert, explique les termes de l’entente de principe. Photo : Michel Giroux

 

L’entente permet également d’augmenter le plancher d’emploi de 1155 à 1200 professeurs et de bloquer les nombreux reculs prévus dans le projet patronal. « L’atmosphère ne nous porte pas à crier victoire, a mentionné d’entrée de jeu la présidente du SPUQ, Michèle Nevert. Mais l’impression que nous avons, c’est d’avoir sauvé les meubles. Nous avons fait reculer la direction sur son projet de négociation. »

Ce déblocage apparaît comme étant inattendu, compte tenu des grandes divergences entre les deux parties. Mais plusieurs événements ayant un impact sur la négociation sont survenus au cours des derniers jours. Notamment, les pressions exercées par le conseil syndical sur l’administration, ainsi que la nécessité de dialogue avec le corps professoral sur la décentralisation de l’UQAM ont permis de faire progresser la situation. La convention sera effective jusqu’en avril 2018.

 

Échantillons médicaux en péril

Quelle distance sépare Sept-Îles de Chicoutimi ? 551 km, précisément. Plus de six heures de route par temps sec et quand l’hiver décide de collaborer, ce qui n’est pas toujours le cas, vous confirmeront les Nord-Côtiers. Le trajet entre Matagami (au sud de la Baie-James) et Chicoutimi ? 703 km.

Ce sont autant de kilomètres que devront parcourir la grande majorité des échantillons médicaux en provenance de ces régions à la suite du projet de fusion des laboratoires médicaux imposé par le ministre Barrette, projet mieux connu sous le nom d’Optilab. Partout au Québec, sous le couvert de l’optimisation, le gouvernement Couillard projette de centraliser les laboratoires, mandatant des transporteurs privés pour manipuler et livrer plusieurs échantillons prélevés en milieux plus éloignés.

Les exemples de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec rendent encore plus manifeste l’aberration proposée par le ministre Barrette qui frappe toutes les régions. Au terme des changements annoncés, un seul laboratoire, soit celui de Chicoutimi, devra analyser une bonne partie des échantillons prélevés non seulement dans la région immédiate, mais aussi à Dolbeau-Roberval-Alma, sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec, incluant la Baie-James.

Dégradation et retards
« Il est évident que la qualité des services va se détériorer, et que nous devrons faire face à de nouveaux enjeux de santé publique. La perte ou la dégradation des échantillons pourrait provoquer des retards dans le traitement des analyses, la transmission des résultats, le suivi diagnostique et même dans l’amorce d’un traitement. Des patients pourraient, par exemple, être obligés de se soumettre à une nouvelle biopsie ou à une autre intervention nécessitant une chirur­gie », affirme Nancy Poulin, porte-parole du Syndicat des technicien-nes et profession­nel-les de la santé et des services sociaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean (FSSS–CSN).

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Photo : Stéphane Dufour

Actuellement au Québec, chaque éta­blissement de santé ou presque bénéficie des services d’un laboratoire qui permet au personnel soignant d’obtenir rapidement des analyses sanguines ou autres. Des tech­niciens de laboratoire sont donc stratégique­ment déployés sur l’ensemble du territoire pour assurer des résultats de qualité, dans toutes les régions. Avec la centralisation, surgissent également des préoccupations régionales importantes. « Sur la Côte-Nord, le trou de service engendrera aussi une perte d’expertise. Pis encore, comment assurer l’attractivité des postes qui seront main­tenus dans les laboratoires locaux loin des centres, alors qu’une majorité d’échantillons seront analysés dans les grands centres ? », se questionne Yvon Payeur, président du Syndicat des technicien-nes et professionnel-les de la santé et des services sociaux de la Côte-Nord–CSN. Sa collègue Suzie Potvin, présidente du STT du Centre régional de la santé et des services sociaux de la Baie-James–CSN, exprime la même inquiétude. « Il est déjà ardu d’assurer les besoins en main-d’oeuvre dans le Nord-du-Québec, le projet Optilab ne va sûrement pas améliorer la situation. » Pour obtenir un portrait plus précis des impacts de la fusion des labo­ratoires médicaux, la CSN a obtenu des représentants patronaux la mise en place d’un comité national paritaire afin d’échanger de l’information et surtout d’aborder différents enjeux posés par Optilab.

Rappelons que la CSN mène actuellement une campagne pour la défense du réseau public de santé et de services sociaux sous le thème, « Ma place en santé, j’y tiens ». Le maintien de laboratoires médicaux dans les communautés comme la Côte-Nord et le Nord-du-Québec fait partie des enjeux de cette campagne.

Une semaine dans le monde surréaliste de la réforme Barrette

Blogue signé par Jean Lacharité, vice-président de la CSN, Mélissa Gaouette, vice-présidente de la FSSS–CSN, et Nancy Corriveau, vice-présidente de la FP–CSN

Le projet Optilab, le transfert de professionnel-les des CLSC vers les GMF et les centres jeunesse ont occupé une place importante dans les actions de la CSN dans les dernières semaines. Ces trois enjeux démontrent les conséquences néfastes de la réforme Barrette, aussi bien sur les services à la population que sur les conditions de travail du personnel du réseau de la santé et des services sociaux.

Le projet Optilab : l’improvisation gouvernementale au grand jour
La semaine dernière, les directions des CIUSSS et CISSS ont convoqué les organisations syndicales à une rencontre à Québec avec le ministère afin de faire le point sur la démarche Optilab. Depuis maintenant près de trois ans, le gouvernement Couillard justifie le projet de centralisation des analyses d’échantillons par la fusion des laboratoires médicaux en faisant valoir que cela permettrait de faire des économies.
Lors de la rencontre nationale à laquelle nous avons participé, on nous a avoué bien candidement que le MSSS n’est pas en mesure de chiffrer le coût actuel des laboratoires médicaux au Québec. De plus, des laboratoires fraichement rénovés devront cesser la majorité de leurs activités alors que d’autres devront être agrandis pour accueillir les analyses des autres laboratoires. Cela démontre bien que ce projet mène à plusieurs aberrations aussi bien au niveau de la bonne utilisation des finances publiques que de la qualité des services offerts à la population.
Au cours de cette rencontre, nous avons constaté que ce projet d’envergure baigne dans l’improvisation. Par exemple, l’appel d’offres pour le système informatique provincial en appui au projet Optilab n’est pas encore conclu et on ne sait toujours pas comment et par qui sera fait le transport des échantillons. Malgré ces nombreux échecs, le ministre Barrette veut aller de l’avant coûte que coûte.
Fusionner les laboratoires médicaux pour poursuivre le programme d’austérité
Au fil des échanges avec le MSSS et les employeurs, nous avons bien compris que l’argument des économies ne tient pas la route et ne peut être la justification du projet d’Optilab. La volonté de fusionner les laboratoires médicaux s’inscrit directement dans la logique d’austérité du gouvernement Couillard. Pour couper dans les budgets du réseau, le ministre Barrette est prêt à voir la qualité des services diminuée. Il accepte que plus d’échantillons se perdent et ne soient pas traités à temps en raison d’une centralisation abusive.
Et comme pour le reste de ces interventions, le gouvernement en profite pour favoriser le privé. Le MSSS veut regrouper les laboratoires pour se doter d’appareils excessivement dispendieux, qui traiteront un grand volume d’échantillons, mais qui auront une faible durée de vie. Les entreprises privées qui vendent ces appareils doivent saliver devant le projet du ministre Barrette. Et que dire de l’entretien de ces appareils de pointe! Tout porte à croire que les établissements les feront entretenir en sous-traitance plutôt que de miser sur du personnel du secteur public.
Nous avons maintenant toutes les raisons de croire que le projet Optilab entraînera des conséquences dramatiques autant pour la population que pour la profession de technologiste médical.
Le démantèlement des CLSC se poursuit
Au courant de la semaine, nous avons aussi organisé une manifestation pour dénoncer la violence subie par le personnel du réseau de la santé et des services sociaux. Lors de cette action,  un échange s’est déroulé avec les militant-es du Syndicat du personnel infirmier, technique et professionnel du Centre de santé et de services sociaux de Memphrémagog – CSN
concernant les transferts de personnel vers les GMF.
Ils ont été informés que l’équivalent de 2,5 travailleurs sociaux seront transférés en GMF, ce qui représente plus de la moitié des travailleurs sociaux à l’accueil psychosocial présentement à l’emploi du CLSC de cette municipalité. De plus, l’équivalent d’un demi-poste de kinésiologue et d’un demi-poste de psychologue seront aussi transférés. Le tout alors que le CLSC ne compte qu’un kinésiologue et que les psychologues sont en pénurie partout dans le réseau.
Les transferts de personnel vers les GMF permettent de réaliser un vieux fantasme des libéraux : se débarrasser des CLSC. Ces établissements publics font tout ce que nos ministres médecins détestent. Ils s’occupent de prévention, ils permettent d’intervenir dans les communautés et de donner une voix aux usagères et usagers. Les CLSC misent aussi sur le travail en équipe multidisciplinaire, où les compétences de chacun servent les besoins de l’usager.
Et les CLSC sont surtout un outil incontournable de lutte aux inégalités sociales alors que l’austérité du gouvernement Couillard ne fait que favoriser les plus riches de notre société.
Mon centre jeunesse, j’y tiens!
Nous avons mené une sortie médiatique pour dénoncer la détresse des intervenant-es en centre jeunesse. Nous y avons présenté un rapport accablant qui fait suite à un sondage concernant les conditions de pratique en centre jeunesse.
À la lumière des résultats, il apparait clairement que les intervenant-es sont de moins en moins en mesure d’offrir les services que nécessitent les enfants et leurs familles. La raison de cet état de fait se trouve dans une surcharge de travail résultant des compressions budgétaires. Les intervenant-es sont noyés dans les tâches administratives qui accaparent la majorité du temps des intervenant-es. Ils passent de plus en plus de temps à remplir des statistiques, faire des photocopies, commander la literie et les denrées pour les centres.
La réponse du cabinet de la ministre avait tout pour nous décevoir. Ils nous indiquent qu’ils sont conscients de la situation et qu’ils ont mis des mesures en place pour améliorer les choses. Questionnés sur les mesures prises, ils ne sont même pas capables de les nommer.
Depuis le projet de loi 100 en 2010, le secteur bureau a été saigné à blanc par des compressions et des abolitions de postes. Pensait-on à ce moment que les tâches administratives allaient disparaître par magie? Ces tâches, ce sont maintenant les intervenant-es qui les assument et ce sont les jeunes vulnérables et leurs familles qui en paient le prix.
Attendons de voir ce que réserve la semaine prochaine, dans ce monde de réorganisations chaotiques qui ne fait aucun sens, qui fait souffrir les travailleuses et travailleurs et qui aura des conséquences désastreuses sur la population.

Les employés des centres jeunesse à bout de souffle

Partout au Québec, les employé-es des centres jeunesse sont à bout de souffle et plongés dans une détresse importante causée par le travail. C’est notamment ce qui ressort d’une vaste consultation conduite auprès de quelque 2000 répondantes et répondants syndiqués à la CSN à travers le Québec.

« Les résultats de cette consultation mettent en lumière les impacts du sous-financement dans le réseau des centres jeunesse. L’an dernier encore, celui-ci a épongé 20 millions en compressions qui ont affecté autant la pratique professionnelle que la qualité des services aux enfants et aux familles », souligne d’entrée de jeu le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

L’enquête présente des constats et des chiffres alarmants. « Nous avons reçu de nombreux commentaires témoignant du découragement extrême des intervenantes et intervenants, qui déclarent ne pas être en mesure d’offrir des services adéquats aux enfants en difficulté et à leur famille en difficulté. C’est pourquoi nous avons décidé d’entreprendre cette consultation qui confirme ce que nous entendions sur le terrain », a affirmé la présidente du syndicat des travailleuses et travailleurs du centre jeunesse de Montréal, (FSSS–CSN) Sylvie Théorêt.

Photo : Michel Giroux
Photo : Michel Giroux

La dure réalité
Cette enquête nous apprend que seulement 5 % des intervenantes et intervenants estiment être en mesure de répondre adéquatement et en temps utile aux besoins de cette clientèle. Pour 71 % d’entre eux, les multiples formulaires à remplir et la saisie de notes constituent un obstacle majeur à la qualité de leur intervention. « Les compressions qu’on vit depuis de nombreuses années ont eu des répercussions sur tous les employé-es et ont aussi entraîné des coupes de postes au sein du personnel de bureau. Comment voulez-vous que les intervenant-es puissent offrir les services auxquels on s’attend d’eux quand ils sont toujours pris devant leur ordinateur pour pallier, entres autres, le manque de personnel administratif? », enchaîne Sylvie Théorêt.

« La compilation des notes fait partie intégrante de notre travail, poursuit la vice-présidente du syndicat des employé-es du centre jeunesse de Laval (FSSS–CSN), Julie Hamilton. Or, le processus pour la prise de notes s’est beaucoup alourdi. Nous devons décortiquer chacune de nos interventions en de multiples actes et les expliquer dans les fins détails. Les guides et les formations qui nous sont offerts simplement pour savoir comment prendre ces notes illustrent la complexité de l’exercice », souligne-t-elle en ajoutant : « Par ailleurs, nous sommes prises à devoir accomplir une série de tâches qui ne concernent pas directement les interventions, comme les demandes de cartes d’assurance-maladie, la logistique reliée au transport. Ces tâches grugent une très grande partie de notre temps. »

En outre, 70 % estiment que leur intervention sert plus à répondre aux cibles statistiques qu’à aider les familles. « Les intervenantes et intervenants ne fournissent pas. Pourtant, les jeunes en difficulté vivent des situations de plus en plus complexes qui combinent des problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de violence. Déjà, le rapport du Vérificateur général du Québec 2009-2010 faisait état de la trop grande importance accordée aux tâches administratives, soit une moyenne de 55 % dans les centres jeunesses sondés à l’époque. Six ans plus tard, on constate que non seulement le problème persiste, mais les compressions libérales l’ont empiré », renchérit la vice-présidente de la Santé et des Services sociaux (FSSS–CSN), Mélissa Gaouette.

Cet alourdissement des tâches crée donc une grande surcharge de travail et de l’épuisement professionnel : 84 % des personnes interrogées affirment effectuer des heures supplémentaires et 31 % soulignent que les difficiles conditions d’exercice de leur pratique les a forcées à prendre un congé de maladie. « On demande aux employé-es de faire toujours plus avec moins et ils sont épuisés. Plusieurs tombent comme des mouches ou bien quittent le réseau. Ceux qui restent ne disposent pas des ressources nécessaires pour bien exécuter leur travail », ajoute la vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN), Nancy Corriveau.

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Photo : Michel Giroux

« Une situation de crise sévit actuellement dans le réseau des centres jeunesse du Québec. Nous demandons au gouvernement la tenue d’États généraux afin de faire la lumière sur les problèmes dénoncés par celles et ceux qui œuvrent auprès des enfants vulnérables et de leur famille. Nous réclamons aussi un moratoire sur les coupes budgétaires dans les centres jeunesse ainsi qu’un réinvestissement majeur dans le réseau. La disette a assez duré : le gouvernement doit prendre ses responsabilités et réinvestir dans le réseau », conclut Jean Lacharité.

La CSN appelle à une profonde réflexion sur l’avenir du réseau public de santé et de services sociaux

Les constats sévères que dresse la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, dans son dernier rapport, en particulier en ce qui a trait à la réforme Barrette, aux soins à domicile et aux services sociaux, ne sont pas une surprise pour la CSN. L’hypercentralisation des structures, la dégradation de l’accessibilité et de la qualité des services à cause de mauvaises décisions bureaucratiques, notamment pour les plus vulnérables, sont le quotidien des 120 000 travailleuses et travailleurs du réseau public de santé et de services sociaux, membres de la CSN. Ne serait-il pas temps d’écouter davantage ce que les travailleuses et les travailleurs ont à dire ? Après tout, ces écueils majeurs que dénonce aujourd’hui la Pprotectrice du citoyen, étaient appréhendés par les syndicats CSN, et ce dès le dépôt du projet de loi 10, vaste réforme finalement imposée au réseau après son adoption sous bâillon.

« Plus de la moitié du rapport annuel de la protectrice du citoyen est consacré au réseau de la santé et des services sociaux. C’est dire à quel point les problèmes sont nombreux, souligne le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. Nous partageons globalement ces constats et nous sommes d’avis qu’un temps d’arrêt s’impose pour faire le point sur la réforme et voir dès maintenant à redresser la situation, au bénéfice de toute la population québécoise. »

Hypercentralisation
La principale inquiétude de la CSN à l’égard du projet de loi 10 concernait la centralisation autour de superstructures médicales au détriment des services sociaux. « La protectrice du citoyen confirme ainsi ce que nos membres dénoncent depuis déjà un certain temps, c’est-à-dire que des citoyennes et des citoyens parmi les plus vulnérables de notre société ont vu leurs services diminués, voire carrément abolis. Nous nous attendrions des établissements qu’ils mettent tout en œuvre afin de protéger ce volet essentiel de leur mission car ces services de proximité, notamment psychosociaux, sont moins visibles et que ces usagères et usagers sont moins en mesure de bien faire valoir leurs droits. C’est complètement le contraire qu’on voit et c’est inacceptable », dénonce Jean Lacharité.

La protectrice du citoyen se montre particulièrement critique face à la dégradation de l’accès et de la qualité des services en déficience, en santé mentale, en aide aux jeunes en difficulté et dans les centres d’hébergement. Elle note également une dégradation de la situation dans les soins à domicile et ce, malgré qu’elle ait déjà dénoncé la situation en 2012 et 2015.

Soins à domicile
Dans les soins à domicile, la CSN partage l’avis général de la protectrice du citoyen. « Deux éléments doivent être soulignés à traits rouges, ajoute Jean Lacharité. D’abord, la démonstration n’est plus à faire que les soins à domicile sont le moyen le plus économique d’assurer le droit de vieillir dans la dignité à tous les aîné-es. La majorité des aîné-es souhaitent demeurer chez eux le plus longtemps possible. Comme société, nous devons faire beaucoup plus que cela leur soit accessible. En outre, il est important d’assurer aux travailleuses et aux travailleurs de ces services de bonnes conditions de travail. De cette façon, nous nous assurons d’une main-d’œuvre qualifiée et stable pour répondre à la demande qui explosera au cours des prochaines années. Dans le réseau public, les spécialistes de ces services sont les auxiliaires de santé et de services sociaux. Ces salarié-es du réseau public ont l’immense avantage d’être en lien constant avec tous les intervenants du réseau au sein d’équipe multidisciplinaires et nous pensons qu’il faut miser plus que jamais sur ces salarié-es, dans les CLSC, pour assurer des services de qualité. »

La CSN réagira aux annonces faites aux syndicats à la grandeur du Québec mercredi

La CSN réagira demain aux annonces qui seront faites à des représentants syndicaux CSN de CISSS et de CIUSSS qui ont été convoqués un peu partout au Québec par les directions des établissements concernant l’implantation du controversé projet Optilab du ministre Barrette.

« Nous craignons que cette rencontre ne vise à aller de l’avant avec la fusion des laboratoires médicaux et les transferts importants de personnel vers les mégalaboratoires », souligne Jean Lacharité, vice-président de la CSN et porte-parole de la campagne Ma place en santé.

« De tels transferts risquent de provoquer de nombreuses pertes d’emplois, une perte d’expertise importante et une diminution de la qualité des services à la population. Le ministre Barrette lui-même écrivait, dans une lettre envoyée aux directeurs d’hôpitaux à la fin de l’année 2015, son scénario de centralisation importante, comme il l’appelait. Il y affirmait que du personnel devra être transféré vers les laboratoires serveurs et identifiait les ressources humaines comme une contrainte. Nous sommes sur le pied d’alerte et extrêmement préoccupés », enchaîne Jean Lacharité.

La CSN dénonce le projet Optilab sur toutes les tribunes dans le cadre de la campagne Ma place en santé et demande un moratoire sur ce projet. En plus des pertes d’emplois, elle redoute les pertes d’expertise, les risques d’erreurs et les pertes d’échantillons, qui devront parcourir de longues distances.

Le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, la vice-présidente de la Fédération de la Santé et des Services sociaux (FSSS-CSN), Mélissa Gaouette et la vice-présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN), Nancy Corriveau, seront présents sur place pour répondre aux questions des médias.


Quoi? Réaction de la CSN à la suite des convocations des syndicats par les établissements de santé sur le projet Optilab
Quand? Mercredi le 28 septembre à 13 h 30
Où? Centre des congrès de Lévis, salle Carrefour 2, 2e étage
Qui? Le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, la vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Nancy Corriveau et la vice-présidente de la Fédération de la Santé et des Services sociaux, Mélissa Gaouette.