Le 22 janvier dernier, Amazon annonçait son intention de fermer ses sept entrepôts du Québec et de céder l’ensemble de ses opérations à la sous-traitance, entraînant la perte de plus de 4500 emplois. Une décision profondément antisyndicale, contraire aux lois du travail en vigueur au Québec et au Canada.
Nos gouvernements et nos institutions publiques doivent montrer l’exemple : si une entreprise ne veut pas respecter nos lois, qu’elle soit mise au ban et qu’on cesse d’enrichir cette multinationale américaine délinquante.
La CSN exige de Québec, d’Ottawa, des villes et des organismes publics de cesser de s’approvisionner auprès d’Amazon et de mettre fin à toute forme de contrat d’infonuagique ou autre, qui les lierait à la multinationale. Ces dépenses doivent être réorientées vers des entreprises de chez nous, respectueuses de nos lois – et de notre fiscalité.
La CSN invite aussi les membres de ses syndicats, l’ensemble des travailleuses et des travailleurs et la population à encourager les commerces locaux en cessant d’acheter sur Amazon.
Téléchargez ces visuels de campagne et affichez vos couleurs (affiches, .gif animé et réseaux sociaux).
Amazon Canada annonce son intention de construire un premier centre de tri à Lachine, qui doit ouvrir en juillet 2020.
Amazon annonce la construction de cinq installations de plus au Québec. Celles-ci comprennent un centre de tri à Coteau-du-Lac, un autre à Longueuil, deux postes de livraison à Laval et un à Lachine.
Des salarié-es de l’entrepôt YUL2, à Lachine, contactent la CSN en vue de créer un syndicat. Début de la campagne de syndicalisation des entrepôts Amazon.
Le directeur général de l’entrepôt YUL2 écrit à l’ensemble des employé-es de l’usine:
« Nous avons constaté des activités syndicales autour de notre bâtiment dernièrement, et les médias ont également fait état des efforts des syndicats […] Je veux garder la possibilité de vous parler directement de vos préoccupations, sans qu’un tiers s’interpose entre nous. […] Je veux partager des informations qui expliquent pourquoi je suis de cet avis. […] Si vous envisagez qu’un tiers s’exprime en votre nom, je veux comprendre pourquoi. »
De nombreuses affiches envahissent l’entrepôt de YUL2 : dans les couloirs, dans les aires de repos, aux toilettes, à la cafétéria, les employé-es ne peuvent échapper aux messages antisyndicaux diffusés par Amazon. Une campagne de peur qui cible particulièrement les travailleuses et les travailleurs immigrants, dont le statut demeure précaire:
« Protégez votre signature. Une carte syndicale est un document juridique. »
« Protégez votre signature. Les syndicats ne peuvent pas garantir les changements en milieu de travail. »
« Protégez votre signature. Vous n’avez pas à fournir vos renseignements personnels. »
« Les syndicats vous facturent des cotisations. »
« You have the right to decide whether or not to sign a card. »
« Parlez à vos dirigeants pour en savoir plus. »
Après deux mises en demeure, la CSN dépose une plainte pour ingérence, entrave et pratiques antisyndicales à l’entrepôt YUL2 d’Amazon en raison des articles 3, 12 et 111.33 du Code du travail du Québec. Le Tribunal administratif du travail (TAT) accueille la plainte et condamne Amazon à payer 30 000 $ au syndicat.
La CSN dépose une requête auprès du TAT pour représenter les 230 employé-es de l’entrepôt DXT4, à Laval.
Les affiches antisyndicales aperçues à l’entrepôt YUL2 de Lachine font leur apparition à l’entrepôt DXT4 à Laval. Un nouveau recours pour pratiques antisyndicales est intenté par la CSN. Après une première journée en octobre, les audiences se poursuivront en mai et en juin 2025.
Par l’entremise de ses avocats, Amazon avise le Procureur général du Québec de son intention de contester la constitutionnalité de l’article 28 du Code du travail du Québec, notamment la capacité du TAT et de ses agents à reconnaître le caractère majoritaire d’un syndicat sans procéder à un vote à scrutin secret. Cette disposition, diront-ils plus tard au tribunal, étant contraire… à la liberté d’association.
Le TAT reconnaît le caractère majoritaire du Syndicat des travailleuses et des travailleurs d’Amazon Laval–CSN : le premier syndicat d’Amazon au Canada – et le seul à ce jour – est officiellement accrédité à l’entrepôt DXT4 d’Amazon.
Après consultation des membres et adoption d’un cahier de négociation en assemblée générale, le comité de négociation du syndicat envoie un avis de négociation à Amazon, en vertu des dispositions du Code du travail du Québec.
Début de la négociation entre Amazon et le syndicat des employé-es de l’entrepôt DXT4.
Dans une décision rendue par le TAT, le juge Henrik Ellefsen ordonne à Amazon de retirer et de détruire toutes les affiches antisyndicales que l’entreprise utilisait jusqu’à maintenant dans ses installations. Le juge précise que ces messages « prennent la forme de mises en garde en interpellant les salarié-es sur des sujets sensibles, clairement de nature à les inquiéter sur les conséquences possibles d’adhérer à un syndicat. » De plus, le juge Ellefsen condamne Amazon à payer 30 000 $ au syndicat à titre de dommages moraux et punitifs.
Après deux rencontres de négociation, le syndicat demande l’assistance du Service de conciliation du ministère du Travail du Québec pour l’accompagner au cours de la négociation. Un médiateur est nommé par le gouvernement.
Le recours constitutionnel intenté par Amazon est débouté par le TAT, au motif qu’Amazon n’a pas la qualité pour agir ni l’intérêt requis pour demander la révocation de la décision d’accréditation. La juge Irène Zaïkoff dans sa décision rejette sans nuance la contestation constitutionnelle d’Amazon, de même que sa demande de révocation de la décision d’accréditation du syndicat de l’entrepôt DXT4. Dans les jours suivants, Amazon annonce son intention de contester cette décision.
Constatant le blocage de la négociation entre Amazon et le syndicat de DXT4, le conciliateur du gouvernement du Québec envoie un message aux négociateurs : si aucune partie ne bouge, il n’aura d’autre choix que de constater l’impasse et d’en faire rapport au gouvernement du Québec. Ce rapport constitue la dernière étape prévue au Code du travail avant que l’une ou l’autre des parties ne fasse une demande d’arbitrage de première convention.
Connaissant les dispositions du Code du travail, les avocats représentant Amazon à la table de négociation acceptent l’invitation des négociateurs syndicaux à « faire le ménage » et à s’entendre sur le plus grand nombre d’éléments d’une éventuelle convention collective. Cette opération vise à réduire le champ d’application de la décision de l’arbitre qui sera nommé à la suite d’une demande d’arbitrage de première convention. Celle-ci sera incessamment déposée, annoncent les négociateurs syndicaux.
Une dernière rencontre de négociation est prévue entre Amazon et le syndicat. Au petit matin, les avocats d’Amazon avisent les négociateurs syndicaux que les 300 employé-es de DXT4 sont licenciés et qu’Amazon ferme ses sept entrepôts, en plus de céder l’ensemble de ses opérations du Québec en sous-traitance.
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Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable.
Elle est composée de près de 1 600 syndicats et regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec, mais également sur l’ensemble du territoire canadien.