Agir contre la violence et le harcèlement sexuel au travail

Parmi les différentes formes de violence et de harcèlement qui peuvent survenir au travail,  les inconduites sexuelles sont celles dont on entend parler le plus fréquemment, et pour cause ! Malgré des années à dénoncer ce qu’on appelle maintenant la culture du viol, l’agression sexuelle est le seul crime violent qui ne décroît pas au pays, selon la Fondation canadienne des femmes.

Il n’est donc pas surprenant que les dénonciations d’inconduites et d’agressions sexuelles telles que celles relayées avec les mots-clics #AgressionNonDénoncée, #MoiAussi et #OnVousCroit se succèdent à un rythme effarant sur les médias sociaux.

L’onde de choc engendrée par la quantité affolante des témoignages et la nature troublante des allégations a ébranlé plusieurs sphères de la société et a provoqué une véritable remise en question quant à ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.

La CSN veille à ce que la responsabilité de l’employeur de créer un milieu de travail sain et sécuritaire soit respectée. Cela dit, prévenir et contrer la violence et le harcèlement sexuel au travail est aussi une responsabilité collective; chaque individu a le devoir de faire preuve de civilité et d’adopter une conduite respectueuse envers les autres.

Que l’on soit victime, témoin, complice ou agresseur, nous pouvons toutes et tous contribuer à mettre un frein au harcèlement sexuel, mais il faut d’abord pouvoir le comprendre et savoir le déceler.

Comment reconnaître le harcèlement sexuel ?

Le harcèlement sexuel au travail peut prendre différentes formes et atteindre divers degrés de gravité, mais il présente généralement des paroles ou des comportements à caractère sexuel ayant les caractéristiques suivantes :
  • Ils sont répétitifs
    Bien qu’un seul acte grave puisse aussi constituer du harcèlement, le caractère insidieux et sournois de gestes répétés qui pourraient sembler anodins s’ils sont isolés est une forme de harcèlement plus fréquente et tout aussi dommageable.
  • Ils sont hostiles ou non désirés
    Le caractère non désiré n’exige pas nécessairement que la victime ait exprimé clairement son refus ou sa désapprobation.
  • Ils sont vexatoires
    Une conduite abusive, dégradante, offensante ou humiliante.
  • Ils portent atteinte à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychologique
    La victime se sent diminuée et dévalorisée. Le harcèlement peut également engendrer des problèmes de santé physique ou psychologique.
  • Ils créent un milieu de travail néfaste
    Le harcèlement fait du lieu de travail un endroit malsain pour la victime et entraîne des conditions de travail défavorables pour celle-ci.
  • Une victime, un agresseur

    Bien que les hommes puissent aussi être victimes de harcèlement sexuel, les recherches démontrent que la plupart des victimes sont des femmes et que les harceleurs sont en majorité des hommes.

Exemples de harcèlement sexuel

Manifestations verbales

  • Blagues déplacées et propos à caractère sexuel
  • Commentaires suggestifs
  • Médisance ou rumeurs à caractère sexuel
  • Remarques insistantes et inappropriées sur l’apparence physique
  • Questions sur la vie privée ou intime
  • Propositions ou demandes à caractère sexuel

Manifestations non verbales

  • Regards indécents ou qui mettent mal à l’aise
  • Sifflements
  • Affichage ou diffusion de dessins d’ordre sexuel ou d’autre matériel pornographique
  • Courriels, messages textes ou lettres à caractère sexuel

Manifestations physiques

  • Contacts physiques familiers et envahissants
  • Frôlements faussement accidentels
  • Exhibitionnisme
  • Massages non désirés
Actes graves

  • Baisers à caractère sexuel
  • Attouchements sexuels
  • Cœrcition sexuelle
  • Tentative de viol et viol

J’en vois

  • Gardez en tête que ne rien faire devant des situations de violence et de harcèlement contribue à les faire perdurer.
  • Rappelez-vous qu’il est souvent difficile pour une victime de harcèlement de sortir de l’ombre en raison de la honte, de la culpabilité ou de la crainte de ne pas être crue ou prise au sérieux.
  • Parlez-en à la victime pour lui apporter votre soutien et l’encourager à signaler la situation.
  • Faites preuve d’empathie, écoutez-la, croyez-la et ne minimisez pas les événements ou sa souffrance.
  • Dirigez-la vers le syndicat ou vers d’autres ressources d’aide. Offrez-lui de l’accompagner si vous sentez qu’elle hésite.
  • S’il s’agit d’un acte grave, il est important que vous le signaliez au syndicat, à l’employeur ou à la personne désignée pour recevoir les signalements, et ce, même si la victime refuse de le faire. Vous devez empêcher les événements de se répéter et l’agresseur de faire d’autres victimes.
  • Vous pouvez aussi consulter le syndicat pour savoir quoi faire dans pareille situation.

J’en vis

  • Que vous soyez syndiqué-e ou non, si vous êtes exposé-e à de la violence ou du harcèlement sexuel au travail, votre employeur doit prendre les mesures pour assurer votre protection.
  • Contactez votre syndicat afin qu’il vous accompagne et vous informe sur les démarches que vous pouvez entreprendre pour régler votre situation.
  • Prenez en note les faits reprochés avec autant de détails que possible.
  • Il est parfois nécessaire de rédiger une plainte écrite à votre employeur pour lui signifier la situation que vous subissez.
  • Si la situation vous a causé un problème de santé, que vous devez être en arrêt de travail, prendre des médicaments ou consulter un professionnel de la santé comme un psychologue, vous avez six mois pour faire une demande d’indemnisation à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). À partir du 27 septembre 2024, le délai sera désormais de deux ans pour produire une telle réclamation à la CNESST.
  • Il est aussi souhaitable de déposer un grief le plus rapidement possible pour protéger vos droits.
  • Si vous n’êtes pas syndiqué et vous n’êtes pas en mesure d’obtenir le règlement de votre situation à l’interne, adressez-vous à la Commission canadienne des droits de la personne (pour les salarié-es d’organisations de compétence fédérale) ou à la CNESST et à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (pour les salarié-es d’organisations de compétence provinciale au Québec).
  • De plus, les situations de violence et d’agressions sexuelles sont généralement couvertes par le Code criminel.

J’en fais peut-être

  • Remettre en question ses propres paroles et ses agissements est la première étape vers le changement.
  • Parlez-en à la personne que vous pensez avoir blessée. Demandez-lui comment elle a perçu votre conduite et si elle a été vexée.
  • Écoutez-la, ne minimisez pas les événements ou sa souffrance et discutez de la conduite que vous auriez dû adopter et que vous adopterez à l’avenir. Des excuses sincères sont généralement les bienvenues, notamment dans les situations où le comportement inadéquat est isolé et qu’il n’y a pas de répétition de celui-ci.
  • Toutefois, si les actes commis sont graves ou s’ils ont été répétés souvent, il se peut que la victime ne soit pas ouverte à vous entendre et à discuter de la situation. Respectez sa volonté et soyez à l’écoute de ses besoins.
  • Si nécessaire, contactez votre syndicat afin qu’il vous aide à régler cette situation.

Vidéo

Ne rien faire devant des situations de violence et de harcèlement contribue à les faire perdurer. Nous pouvons toutes et tous contribuer à mettre un frein au harcèlement sexuel si nous agissons.

Ressources d’aide en matière de violence sexuelle