L’optimisation

Une vieille recette revampée

Quand le « nouveau » terme était lancé, les analystes des politiques publiques ont immédiatement fait le lien avec cette époque où l'on nommait ces mesures d'austérité budgétaire.

Par Martin Petit

Selon M. Hébert, « l’optimisation est le nouveau terme à la mode pour nous servir une vieille recette de management qui consiste à couper, à compresser ou à rationaliser les dépenses d’une organisation, dans le but d’en réduire éventuellement le budget. »

Quand le « nouveau » terme était lancé, les analystes des politiques publiques ont immédiatement fait le lien avec cette époque où l’on nommait ces mesures d’austérité budgétaire. « Les spin doctors ont probablement appris de cette période dite d’austérité. L’utilisation du terme «optimisation » est plus positive, d’un point de vue de relations publiques.

« Le problème central avec ces politiques, c’est qu’a priori, ça laisse présager qu’il y a de la marge de manœuvre pour des compressions. Alors que dans presque tous les cas, les budgets impliqués sont insuffisants pour atteindre les objectifs. Lorsque nous observons l’état lamentable des écoles ou les problèmes structurels de notre système de santé, nous faisons facilement le lien avec les multiples périodes de compressions budgétaires, peu importe leur appellation, qui ont ravagé nos services publics.

« Dans la santé par exemple, un domaine où l’IRIS a mené plusieurs études en profondeur, la suite logique de ces restrictions budgétaires tend vers des conditions de travail difficiles où la surcharge est permanente, où l’épuisement est fréquent et où des listes d’attente interminables poussent les patientes et les patients vers le privé.

« Or, ça aussi, nous l’avons documenté à plusieurs reprises : les privatisations n’ont jamais permis les économies escomptées. Plus le privé s’introduit dans le système, plus il coûte cher. Les salaires élevés des dirigeants, en y ajoutant la composante du profit, propulsent les dépenses à la hausse. Finalement, les multiples privatisations n’ont jamais contribué à une amélioration générale du système de santé. La preuve en est que les problèmes systémiques perdurent depuis plus… de 40 ans ! »

Le problème au centre de ces mesures

« Peu importe le nom des mesures abordées, nous constatons un problème majeur qui n’est jamais vraiment énoncé : voici des programmes gouvernementaux qui tentent de répondre aux impératifs de la rentabilité et de la performance des entreprises privées. Les adeptes de ces outils de gestion, issus du privé, cherchent à tout prix à imposer ces modèles, qui causent les problèmes observés et documentés par l’IRIS.

« Nous avons d’ailleurs travaillé sur la fameuse méthode de gestion Lean (ou Toyota) qui fut imposée en santé et les constats sont identiques. Tant dans le milieu de la fabrication automobile que dans celui de la santé, les chercheurs ont observé des détériorations des conditions de travail et une déshumanisation des rapports, au point où les travailleuses et les travailleurs quittent leur emploi. On comprend facilement pourquoi l’application de ce type de management en santé a été catastrophique au point où il est complètement délaissé.

« Il faudra bien que les pouvoirs publics changent radicalement leurs approches de gestion pour les services publics. Les besoins sont là : investir suffisamment pour les rendre à la population, dans le respect des conditions d’exercice de celles et ceux qui les offrent. Le seul indicateur qui devrait être considéré, c’est celui de la satisfaction des besoins essentiels de la population. »

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