La Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la CSN-Construction se réjouissent de la décision rendue par la juge administrative Kim Legault, de la Commission des relations du travail, reconnaissant l’existence d’un système d’intimidation et de discrimination orchestré par la FTQ-Construction et certains de ses agents d’affaires sur les chantiers de la Côte-Nord, dans le but de favoriser l’embauche de ses membres au détriment de ceux des autres organisations syndicales de l’industrie de la construction.
Cette décision rendue le 27 mars, fait suite à une plainte déposée par Harold Richard, un opérateur d’équipement lourd membre de la CSN-Construction, qui a été congédié par son employeur, Les Équipements Nordiques, le 9 septembre 2009, en raison de son allégeance syndicale. La CRT conclut que cet employeur, pour lequel le plaignant travaillait depuis 20 ans, a imposé une sanction à ce dernier parce qu’il avait quitté les rangs de la FTQ-Construction pour joindre la CSN lors de la période de changement d’allégeance syndicale survenue quelques semaines auparavant.
La CRT conclut également : « – que la FTQ-Construction est responsable des actes du local 791 et de ceux de Bernard Gauthier, son agent d’affaires pour la région de la Côte-Nord ;
« – que Bernard Gauthier et Michel Bezeau ont mis sur pied un système de placement impliquant les employeurs de la Côte-Nord, qui embauchent majoritairement des manœuvres et des opérateurs d’équipement lourd pour l’exécution de leurs contrats ;
« – et que ce système ne laisse aucune latitude à ces employeurs, dont Nordiques, dans la sélection de cette main-d’œuvre ni dans le choix du moment de son embauche ou de sa mise à pied.»
Ce système discriminatoire existe toujours, dénonce la CSN-Construction. Un autre membre de la fédération, Yvon Thériault, a également déposé une plainte similaire à la même époque. Les audiences se poursuivront dans ce dossier. Jeudi dernier, une travailleuse de la CSN-Construction a aussi déposé une plainte suivant des motifs semblables contre Michel Bezeau, le local AMI (FTQ-Construction) et la FTQ-Construction.
Victoire pour tous « Il s’agit d’une victoire sans équivoque pour les travailleuses et les travailleurs de la construction de toutes les allégeances syndicales », précise Pierre Brassard, président de la CSN-Construction. La CRT a démontré que le système de la FTQ-Construction ne fait pas que discriminer les membres des autres organisations syndicales. Il fait preuve d’un favoritisme éhonté à l’intérieur même de ses rangs.»
Ce jugement reconnaît l’intimidation, parfois violente, et la discrimination exercées par la FTQ-Construction. « Ça fait des années qu’un tel climat règne sur la Côte-Nord. Espérons que cette décision permettra à tous les travailleurs et les travailleuses honnêtes de gagner leur vie sans avoir à subir de telles pressions. » De plus, cette décision vient réfuter une fois pour toutes les prétentions de Bernard Gauthier selon lesquelles ses agissements avaient pour but de permettre aux travailleurs régionaux d’être embauchés. « Au contraire, ses actions ont fait perdre à de nombreux hommes et à de nombreuses femmes de la Côte-Nord des mois, voire des années de travail. »
Le président de la CSN-Construction a salué le courage d’Harold Richard et de tous les travailleurs et les travailleuses qui ont dénoncé le régime de terreur qui prévaut sur certains chantiers, de réclamer le droit au travail pour toutes et tous ainsi que la liberté d’adhérer au syndicat de son choix.
Référence de la main-d’œuvre De son côté, Jean Lacharité, vice-président de la CSN, estime que cette décision confirme toutes les prétentions soutenues par l’organisation syndicale lors de la commission parlementaire qui étudiait le projet de loi 33 abolissant le placement syndical, en octobre 2011. Il met aussi en lumière l’urgence d’établir un régime de référence de la main-d’œuvre qui éliminera l’intimidation et la discrimination sur les chantiers.
« Il est de la responsabilité du gouvernement et de la Commission de la construction du Québec d’assurer qu’un tel système ne puisse plus exister, lance-t-il. Notre organisation a plus d’une fois signifié au gouvernement les méthodes douteuses et le climat violent régnant sur plusieurs chantiers du Québec. La CSN souhaite que la ministre du Travail prenne acte de la décision de la CRT et agisse en conséquence. En outre, cette décision arrive à point nommé alors que la CCQ, à la suite de l’adoption du projet de loi 33, détient la responsabilité de référer la main-d’œuvre aux entrepreneurs », précise Jean Lacharité.
La CSN réitère que la CCQ est parfaitement qualifiée pour mettre en place ce service dans lequel elle doit constituer l’unique intermédiaire entre les entrepreneurs et les syndicats afin d’éviter que des pratiques discriminatoires se poursuivent.
À propos Fondée en 1924, la CSN-Construction regroupe 13 syndicats régionaux, qui comptent 16 000 membres.
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.