La Confédération des syndicats nationaux (CSN) déplore et dénonce avec véhémence les compressions budgétaires du gouvernement Couillard dans les soins à domicile dispensés aux aîné-es. Pour la CSN, ces coupes sont non seulement illogiques, mais également inhumaines.
D’après les chiffres obtenus par Radio-Canada, dix des 22 anciens CSSS de Montréal, de la Montérégie et de Laval, ont coupé dans les budgets consacrés aux soins infirmiers ou à l’aide à domicile. Dans certains cas, les coupes vont de 13 à 19 %.
« Comme à l’habitude, le gouvernement Couillard s’en lave les mains. On pratique des coupes sévères partout et on s’étonne ensuite que cela affecte les services ! Quelle bouffonnerie ! Le ministre Barrette ne peut pas se déresponsabiliser des coupes dans les services à domicile. Couper dans les budgets de la santé comme nos gouvernements l’ont fait dans les dernières années, c’est couper les services aux plus vulnérables de notre société. La démonstration est indiscutable », s’insurge Jean Lacharité, vice-président de la CSN. Depuis des années, la Protectrice du citoyen déplore le manque de services en soins à domicile. Dans son dernier rapport 2014-2015, elle note : « Les plaintes reçues au cours de la dernière année confirment que les usagers restent aux prises avec des problèmes de réduction des services, de délais d’attente, d’épuisement des proches aidants et de disparités régionales. Dans un contexte de reconfiguration du réseau de la santé et des services sociaux, le soutien à domicile doit demeurer un enjeu prioritaire. Il représente l’une des assises privilégiées pour retarder, voire éviter dans bien des cas, le recours à l’hébergement ».
Une décision illogique
Pourtant, les « bonnes pratiques de gestion » que le gouvernement libéral se targue d’appliquer commanderaient qu’on augmente substantiellement les budgets de soins à domicile plutôt que de les couper. Le déficit des services de soins à domicile accroît les engorgements dans les hôpitaux, les disparités régionales et les inégalités au sein de la population aînée. Il entraîne aussi une forte pression sur les proches aidants, à qui l’on demande de pallier les carences du système.
« Ce sont les femmes, là encore, qui écopent puisque ce sont elles qui majoritairement assument le rôle de proches aidants. Les services de soins à domicile permettent aux aîné-es de rester autonomes plus longtemps à la maison, ce qui améliore leur qualité de vie en plus de diminuer la pression sur le système de santé. Malgré cette évidence, le gouvernement québécois continue de couper dans les services de soins à domicile, alors qu’il faudrait investir massivement dans ce secteur », ajoute M. Lacharité.
De nombreux opposants à la réforme Barrette ont pourtant prédit que les structures mammouths mises en place par la loi 10 et de surcroît dans un contexte d’austérité mettraient à mal les services sociaux, les soins à domicile et la santé publique.
« Comme l’histoire récente nous l’a révélé, dans la bataille pour avoir des ressources en contexte de compressions budgétaires, l’hôpital, qui représente le curatif, finit toujours par l’emporter sur le social et le préventif. C’est inacceptable, illogique et inhumain », conclut M. Lacharité.