Préposé-e aux bénéficiaires

Une profession empreinte d’humanité

« En 22 ans de carrière, je peux vous dire que j’en ai vu de toutes les sortes. J’ai recueilli des confidences, reçu des sourires et vu bien des larmes couler. Mais, malgré les difficultés, je sais que je fais du bien aux gens. Et ça, c’est ma véritable paye. »

Hélène Boivin est préposée aux bénéficiaires (PAB) dans un hôpital des Basses-Laurentides. Son métier, elle le pratique depuis 1993, d’abord en CHSLD, puis en centre hospitalier. « C’est un métier extrêmement exigeant. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de jeunes abandonnent. Ça demande un sens aigu de l’organisation et beaucoup de débrouillardise. »

Trouver l’équilibre

Après des années de pratique, Hélène Boivin a réussi à trouver un équilibre au travail. Entre la cadence imposée par les employeurs et l’importance de prendre le temps de prodiguer de bons soins, les PAB angoissent souvent. « Au début, on stresse énormément. On se demande comment on arrivera à accomplir les tâches qu’on nous demande sans rien oublier. On doit souvent faire face aux imprévus, comme stabiliser un bénéficiaire en crise ou en convaincre un autre de prendre son bain, alors qu’on n’avait pas prévu ce temps à notre horaire. Il faut constamment se justifier auprès de nos supérieurs si l’on n’a pas réussi à tout faire ce qu’on nous demande », explique la préposée. Mais à force de se répéter qu’elle n’est pas un robot et qu’elle ne gère pas des objets, mais bel et bien des êtres humains, Hélène Boivin a finalement appris à prendre son temps. « Quand on est “régulière” dans un département, c’est plus facile. Les liens de confiance se créent, on connaît mieux nos patients, on sait qu’il faut déposer le verre d’eau à droite plutôt qu’à gauche. L’importance de ces détails s’acquiert lentement, mais sûrement. »

S’affranchir

Pour Hélène Boivin, le travail d’équipe est primordial. D’abord avec les autres PAB, mais aussi avec les membres de l’équipe de soins, soit les infirmières auxiliaires et les infirmières. Trois rôles distincts, trois rôles essentiels. « Les PAB se décrivent souvent comme les yeux et les oreilles de l’infirmière. Je trouve que c’est réducteur. Moi je pense que nous sommes nos propres yeux et nos propres oreilles, lance sur un ton convaincu Hélène Boivin. Je crois que c’est à nous de changer la perception que nous avons de nous-mêmes. Le jour où nous serons pleinement conscients de l’importance de notre travail, les préjugés vont disparaître. Les infirmières ont pris des années à faire comprendre qu’elles n’étaient pas au service des médecins. Les préposé-es ne sont pas au service des infirmières. Ils sont au service des usagers. C’est une façon beaucoup plus valorisante de voir son travail. Et j’encourage les PAB, particulièrement les jeunes, à évoluer en ce sens. »

D’humain à humain

Être préposé-e aux bénéficiaires, c’est bien sûr donner des soins. Mais c’est aussi être en relation intime avec un être humain. Écouter, sécuriser, approcher, discuter, orienter, observer ne sont que quelques-unes des tâches qui incombent aux PAB. « Avec le temps, j’ai réussi à me faire une carapace. À toujours garder une certaine distance entre mes patients et moi. C’est essentiel pour moi, mais aussi pour eux. Si je fondais en larmes à la moindre difficulté, ça découragerait mes patients. Je me dois de leur transmettre une assurance. Ils ont besoin d’être sécurisés, de se sentir en confiance », note-t-elle.

Avec du recul, lorsqu’Hélène pèse le pour et le contre, elle arrive à la conclusion que le métier de PAB est un très beau métier. Que les liens véritables qu’elle tisse avec ses patients et les moments d’intenses émotions que la profession lui fait vivre amenuisent les inconvénients. « On devient les enfants de nos patients. On les voit presque plus souvent qu’eux. Quand quelqu’un qui est à la fin de sa vie te confie un secret qu’il n’a jamais partagé avec personne, tu sais que tu fais bien ton travail. Faire le bien me remplit de fierté. »

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