Deux propositions du comité exécutif sont soumises aux membres en atelier avant d’être débattues en plénière jeudi après-midi. Retour sur la première série qui s’est déroulée ce matin et qui abordait le thème de la transformation et de la protection de nos emplois.
Mise au jeu de la première thématique
Un premier panel composé d’Anne-Céline Guyon, chargée de projet experte climat chez Nature Québec et de Bruno-Pierre Gauthier, président du secteur transport à la FEESP–CSN, a abordé les défis liés à la transition énergétique à partir de l’exemple de l’électrification des transports collectifs. Les panélistes ont mis l’accent sur « l’importance d’écouter les gens qui sont au cœur de la machine » pour s’assurer d’une transition durable et juste qui ne laisse personne derrière.
En plus des impacts de la crise climatique, la proposition du comité exécutif aborde les conséquences sur la transformation de nos emplois des changements démographiques, des progrès technologiques, de la robotisation des entreprises, de l’intelligence artificielle ou de la délocalisation de nos emplois. Face à ces réalités complexes, la CSN souhaite entendre ses membres pour mieux orienter ses actions dans les années à venir.
Une formule revisitée
Pour ce 67e congrès, davantage d’espace a été prévu afin que les membres puissent échanger en petits groupes et s’approprier les enjeux avant de débattre plus formellement des propositions en plénière. Trente et un ateliers composés d’une quarantaine de personnes ont permis aux membres d’échanger sur les impacts de ces transformations dans leurs milieux, à partir d’une diversité de réalités tant sectorielles que régionales.
Les délégué-es ont parlé des emplois menacés par les progrès technologiques, dans les secteurs du commerce et de l’industrie, mais également dans les milieux moins affectés par ces changements historiquement, tels que les services de santé et l’éducation. La déshumanisation du travail inquiète pour ses effets sur les services et ses répercussions sur la santé mentale des salarié-es : « Les êtres humains ont appris à travailler ensemble, mais on n’a pas encore appris à télétravailler sans que ça génère une forme ou une autre de détresse psychologique ». On souligne que ces progrès peuvent aussi être à l’avantage des travailleuses et des travailleurs s’ils permettent d’améliorer la qualité des services et de leur vie au travail. Mais pour cela, les salarié-es doivent être au cœur des discussions, ce sont les vraies personnes expertes de l’organisation du travail.
On réclame plus de moyens pour accompagner les travailleuses et les travailleurs dans ces transformations : « Lorsqu’on constate que 70 % de la pollution est produite par les grandes entreprises et les industriels, il faut que la responsabilité soit également partagée. Les employé-es ne peuvent pas être les seuls à porter la responsabilité d’opérer une transition juste. ». L’inaction actuelle des gouvernements contribue grandement à la privatisation des profits et à la socialisation des coûts, notamment en matière de santé publique.
La dévitalisation des régions a aussi fait l’objet de nombreuses interventions ce matin, lesquelles ont souligné les disparités qu’elle entraîne. « Le fly-in fly-out provoque de sérieux effets secondaires. Les entreprises offrent des conditions de travail bonifiées afin que les salarié-es acceptent d’aller en région éloignée. Ironiquement, les travailleuses et les travailleurs locaux ne peuvent en bénéficier et les gens doivent à leur tour s’expatrier pour avoir droit à de meilleures conditions, vidant ainsi la région en question de sa main-d’œuvre. »
« Nous devons apprendre à vivre avec la planète au lieu de seulement l’exploiter. »
La configuration des salles en cercle dans les ateliers a favorisé l’écoute face aux diverses réalités. Il en ressort que ces changements affectent les travailleuses et les travailleurs de manière bien différente. Pour assurer une transition juste, écologique et équitable, les délégué-es ont rappelé que la solidarité doit rester au cœur de l’action de la CSN sur ces enjeux. Ils invitent aussi à développer des liens avec d’autres mouvements sociaux.
Ces discussions mettent la table aux délibérations qui se dérouleront lors de la plénière de jeudi après-midi. D’ici là, un deuxième chantier de discussion sera mis au jeu demain matin : celui de la construction de notre rapport de force collectif et solidaire.