Réunis devant l’Hôpital Charles-Lemoyne, les travailleurs et travailleuses de l’établissement manifestent ce midi contre le refus par la direction de mettre fin à une politique de non-remplacement des absences, mise en place il y a quelques mois et qui a des conséquences dévastatrices sur la qualité de vie des patients hospitalisés.
« La décision de la direction, de ne plus remplacer les absences de travailleurs qu’à raison de une sur deux, entraîne que certaines équipes font leur quart avec une, deux voire trois personnes de moins, explique Jean Mercier, président du Syndicat des Travailleuses et travailleurs du CSSS Champlain-Charles-Le Moyne. Tout le monde doit en faire plus avec comme résultat que certains actes sont retardés, expédiés, voire même pas prodigués ».
« Nous avons très vite attiré l’attention de la direction et du conseil d’administration sur les conséquences que nous appréhendions. Les deux nous ont répondu que la situation était sous contrôle, poursuit Jean Mercier. Nous avons donc mené notre propre enquête, dont nous vous livrons les résultats aujourd’hui ».
Le syndicat a demandé à ses membres qui travaillaient en sous-effectif d’être attentifs aux changements et de remplir une fiche signalétique lorsque des situations graves se produisaient. Le syndicat a reçu une moyenne d’une fiche par jour durant les trois derniers mois. Il tire ainsi des conclusions inquiétantes.
Les patients attendent beaucoup plus longtemps lorsqu’ils sonnent la cloche pour demander de l’aide. Parfois, il est trop tard et le patient a uriné dans son lit. Les préposés aux bénéficiaires n’ont plus le temps de faire les changements de position des patients alités toutes les deux heures, comme recommandé. À force d’attendre, certains patients deviennent agressifs, car le personnel n’a pas pu répondre à leurs demandes. Allongement du délai pour le retour des patients après un examen. Attente supplémentaire pour les bains des patients. Patients non levés pour les repas. Les préposées ne sont pas en mesure de mobiliser les patients, y compris aux soins palliatifs, pour les marches quotidiennes comme recommandé par les médecins, avec l’apparition de plaies de lit. La liste est longue. Autant de problèmes qui transforment un court séjour à l’hôpital en une véritable épreuve.
« Et bien sûr, cela a un impact aussi sur l’état du personnel. Surcharge, fatigue nerveuse due au fait de ne pouvoir offrir un service de meilleure qualité, surmenage, blessures, épuisement… autant de symptômes dont se plaignent ceux qui travaillent dans ces conditions de non-remplacement, explique Steve-St-Onge, vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). Il faut que cela change! C’est pourquoi nous demandons instamment à la direction de l’établissement de mettre fin à cette politique de non-remplacement ».
« On peut comprendre qu’un établissement ait des difficultés à boucler son budget. Cela arrive. Mais mettre en place des mesures qui ont un tel impact sur la qualité de vie des patients, c’est inacceptable » renchérit Pierre Darveau, Vice-président pour la Rive-Sud du Conseil central de la Montérégie-CSN. « C’est aberrant! » Il explique que les soins dispensés avec qualité par les préposées aux bénéficiaires permettent souvent de mieux supporter une hospitalisation déjà difficile. « C’est pourquoi je suis venu apporter aux travailleurs du CSSS Champlain-Charles-Le Moyne l’appui et la solidarité de l’ensemble des syndicats CSN de la Rive-Sud et de la Montérégie. La lutte pour pouvoir donner des services de qualité est partagée par l’ensemble des syndicats des secteurs public et privé ».
Le syndicat des travailleurs et travailleuses du CSSS Champlain-Charles-Le Moyne fait partie des syndicats du secteur public de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). Celle-ci regroupe plus de 120 000 travailleuses et travailleurs dans le secteur public de la santé et dans le secteur privé.
Le Conseil central de la Montérégie représente plus de 35 000 membres regroupés dans plus de 205 syndicats de partout en Montérégie.
La CSN regroupe, elle, près de 300 000 travailleuses et travailleurs dans l’ensemble des secteurs de travail.