L’analyse différenciée selon les sexes (ADS) est sans doute un terme que vous avez déjà entendu, mais qui demeure assez nébuleux et semble complexe. Pourtant, elle est essentielle !
Depuis la 4e Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes de 1995 à Beijing, plusieurs pays ont accepté de mettre en place différentes mesures pour l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes. Les pressions des organisations féministes sur les décideurs visant à obtenir autre chose que de vaines déclarations avaient sans doute porté leurs fruits! Le Canada et le Québec se sont dès lors engagés à utiliser des outils d’analyse différenciée ou comparative selon les sexes. Pourquoi ?
« Parce que l’ADS a pour objet de discerner de façon préventive les effets distincts sur les femmes et les hommes que pourra avoir l’adoption d’un projet à l’intention des citoyennes et citoyens, et ce, en tenant compte des réalités et des besoins différents de ces femmes et de ces hommes. Elle s’effectue au cours de l’élaboration, de la mise en œuvre, de l’évaluation et du suivi d’un projet. Dans certaines situations, l’ADS mènera à l’offre de mesures différentes aux femmes et aux hommes en vue de réduire les inégalités. »
Nous n’avons qu’à observer les effets de l’austérité sexiste du gouvernement libéral actuel, qui s’avèrent plus pernicieux pour les femmes : les coupes et les compressions dans les secteurs de la santé et des services sociaux ont particulièrement touché les femmes comme travailleuses et utilisatrices de ces services.
Application dans nos organisations et nos syndicats
Prenons la peine de nous interroger sur les répercussions différentes sur les travailleuses et sur les travailleurs que pourraient avoir nos demandes de négociation, nos horaires de piquetage, nos mesures mises en place en santé-sécurité au travail, etc. Il faut s’assurer de la présence de travailleuses à toutes les étapes d’élaboration de nos projets, même s’ils sont d’apparence neutre et asexuée. Les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes vécus et ne se butent pas aux mêmes obstacles, que ce soit sur le marché du travail ou dans la vie de tous les jours. Encore aujourd’hui au Québec, il existe des écarts salariaux importants entre les femmes et les hommes. Les emplois occupés majoritairement par les femmes sont moins bien payés et l’accès aux emplois mieux rémunérés dans les milieux majoritairement masculins est plus difficile pour elles. De plus, ce sont elles qui assument la majorité des tâches domestiques et des soins aux enfants tout en travaillant, souvent à temps plein, comme leur conjoint.
Assurons-nous d’avoir un portrait précis du groupe que nous représentons, de connaître ses caractéristiques et ses besoins généraux et spécifiques et d’obtenir les données sexuées pour réaliser cette analyse. Il est essentiel d’utiliser l’ADS, qui se veut une mesure préventive, afin de nous assurer de ne pas reproduire les inégalités de genre et la discrimination systémique envers les travailleuses membres de nos organisations et de nos syndicats. Cessons de considérer l’ADS comme une bibitte complexe et difficile d’utilisation.
Travaillons ensemble afin que l’égalité de fait devienne une réalité !