Rapport préliminaire de la Commission de révision permanente des programmes

Un rapport idéologique qui frapperait durement le Québec, dénonce la CSN

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a qualifié d’idéologique le rapport préliminaire de la Commission de révision permanente des programmes, présenté ce matin par Lucienne Robillard, et a dit craindre pour des hausses considérables de tarifs et de taxes ainsi qu’une ouverture vers davantage de privatisation, si le gouvernement du Québec décidait de reprendre à son compte les recommandations qui y sont formulées.

« Personne n’est dupe de l’opération de relations publiques qui est en œuvre par le gouvernement de Philippe Couillard, a déclaré le président de la CSN, Jacques Létourneau. Il fait annoncer le pire par la Commission pour ensuite présenter un scénario de coupes moins dramatique, comme il vient de le faire avec la fin de l’universalité des services de garde. Il tentera de mieux paraître, mais au bout du compte, il s’agit de plus de 2,3 milliards de dollars de compressions qui affecteront les dépenses des citoyennes et des citoyens et, au premier chef, des familles et les services qu’ils reçoivent. »

L’objectif: démolir le modèle québécois

La CSN a déjà dénoncé la stratégie gouvernementale qui consistait à enfermer le mandat de la commission dans un objectif de récupération totale de 3,2 milliards. « Il ne s’agit absolument pas d’une opération visant à améliorer les programmes à la population, car ce serait impossible dans un tel contexte d’austérité, a poursuivi Jacques Létourneau. Le but de cet exercice est clair. Il s’agit de démanteler notre État social et de faire en sorte que le Québec devienne une province comme les autres. C’est inacceptable et nous ne le laisserons pas démolir le modèle québécois », d’affirmer Jacques Létourneau.

Diminution de services, privatisations, tarification

Au bout du compte, les propositions de la commission affecteront les budgets des familles et des citoyens tout autant que l’accessibilité et la qualité des services qu’elles reçoivent et vont confirmer la place de plus en plus grande du secteur privé dans la dispensation des services publics. La transformation du principal programme gouvernemental visant à assurer un revenu décent aux agriculteurs en un régime d’assurance particulier affecterait considérablement ces derniers. « Il est évident que les prix des denrées produites au Québec augmenteraient, a mentionné le président de la CSN. Le programme de souveraineté alimentaire, présenté par le gouvernement précédent en mai 2013, serait compromis par de telles mesures et il y a un réel danger à une plus grande ouverture aux produits provenant de l’extérieur. »

Hausse des loyers?

La réduction des transferts aux municipalités est aussi une mesure qui entrainerait nécessairement une diminution des services et une hausse de taxes et de tarifs pour compenser le manque à gagner. « Comment croire que les impôts fonciers et avec eux le coût des loyers pourraient être épargnés avec tant de coupes dans les transferts dédiés aux municipalités ? »

En outre, la commission, en recommandant de « donner les moyens aux villes de contrôler la rémunération de leurs employés », s’attaque à notre régime de relations de travail. La CSN estime qu’on doit laisser libre cours à la négociation collective pour déterminer les conditions de travail dans les municipalités.

Fin de l’universalité

Au regard des services de garde, la centrale syndicale dénonce aussi la fin de l’universalité et l’introduction d’une nouvelle formule de tarification qui s’apparente ni plus ni moins qu’à un impôt pour les familles. « Une fois de plus, on constate le biais idéologique de la commission qui favorise le secteur privé au détriment des CPE et qui souhaite établir une concurrence entre les deux secteurs, a indiqué Jacques Létourneau. On est loin d’une volonté visant à améliorer les services de garde lorsqu’on avance l’idée de hausser le ratio éducatrice/enfants, d’autant plus que la commission recommande de surseoir aux nouvelles places déjà annoncées. »

Les hausses de tarifs, une plus grande ouverture à des services privés et la fin de l’universalité qui découleraient de l’application des recommandations de ce rapport préliminaire font craindre le pire pour la suite de ses annonces concernant les autres missions de l’État, dont la santé, les services sociaux et l’éducation. La CSN estime que le gouvernement doit remiser ce rapport et envisager un large débat public sur les moyens d’assurer un financement adéquat des services publics afin qu’ils répondent aux besoins de la population.

Jacques Létourneau : « La population prend de plus en plus la mesure des effets des politiques d’austérité qui sont annoncées ou appliquées par le gouvernement du Parti libéral. Des manifestations se tiennent chaque semaine partout au Québec. Les manifestations monstres du 29 novembre, à Montréal et à Québec, seront d’autres occasions pour les gens de s’exprimer, car ils n’ont pas d’autres lieux de le faire. Le gouvernement ne pourra en faire abstraction. »

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