Les syndicats représentant le personnel du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Sept-Îles reçoivent avec scepticisme et appréhension le plan de redressement budgétaire rendu public hier par le conseil d’administration de l’établissement qui vise à compenser un déficit anticipé de près de 3,7 millions de dollars.
Contrairement à la direction, ils ne croient pas possible de fermer 35 lits et d’abolir l’équivalent de 22 postes sans que la population de la région ait à subir de réduction de services. Sans compter qu’ils s’expliquent mal comment on peut miser sur le maintien dans leur milieu de vie des personnes en perte d’autonomie sans investir davantage dans les soins à domicile. « On fait miroiter que les gens pourront rester chez eux, comme ils sont nombreux à le souhaiter, et qu’on va ainsi réduire les coûts d’hospitalisation, mais il faudra plus de personnel pour offrir les services à domicile », déclare le répondant politique de l’APTS pour la Côte-Nord, Sylvain Sirois.
Le conseil d’administration compte une fois de plus sur la collaboration du personnel. Or, l’instabilité que connaît le CSSS depuis quelques années et l’insécurité générée par les annonces d’hier ont plutôt pour effet de le démobiliser. En raison du financement insuffisant et des difficultés de recrutement, la charge de travail s’est alourdie considérablement, entraînant une multiplication des cas d’épuisement professionnel. Le recours à l’assurance salaire a ainsi connu une hausse de 10 % dans la dernière année. Le CSSS a connu une gestion erratique au cours des dernières années, de sorte qu’il est mal placé pour retenir ses employées et employés et en attirer de nouveaux. « Des mesures comme l’abolition de postes, le non-remplacement des absences ou encore les pressions pour accroître la performance ne sont pas de nature à en faire un employeur recherché.
Ce sont les citoyens qui, ultimement, font les frais de cette approche productiviste qui chasse des personnes qualifiées de la région », estime la présidente du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ), Nathalie Savard. « Les travailleuses et travailleurs sont inquiets du maintien et de l’accessibilité des services publics de qualité offerts actuellement par notre CSSS, affirme Steve Heppell, président du STT SSS SÎ-CSN. En fermant le tiers des lits en hospitalisation à l’intérieur de ses murs, la direction privatise des services à la population relevant de la mission du CSSS, et ce, en subventionnant des établissements privés et en facturant davantage les usagers pour les services qu’ils obtiennent. » Les syndicats croient qu’il est possible, sans limiter l’accès aux services à la population, de rendre l’organisation du travail plus efficace en permettant aux salariées et salariés de participer à la prise de décisions, en préservant l’autonomie des équipes de travail et en favorisant un climat de travail sain.
À propos des syndicats
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) est une organisation syndicale qui regroupe dans tout le Québec 30 000 personnes, occupant des postes professionnels et techniques, dont 150 au CSSS de Sept-Îles. Le Syndicat des travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux de Sept-Îles (STTSSS S-I CSN) représente tous les préposés de la catégorie 2 et les agentes administrative de la catégorie 3. Le Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ) représente 1 250 membres infirmières et infirmiers, infirmières auxiliaires et infirmiers auxiliaires et inhalothérapeutes oeuvrant dans les régions du Saguenay Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord, de la Basse Côte-Nord et du Nord-du-Québec.