Si l’on parle aujourd’hui d’une crise de l’information, ce n’est pas dû à l’avènement du numérique et des nouvelles technologies, mais plutôt à cause de l’effondrement du modèle d’affaires des médias.
Depuis leur apparition, les médias traditionnels, particulièrement la presse écrite, comptent essentiellement sur deux sources de revenus pour assurer leur existence, soit les abonnements et la publicité. La télévision bénéficie également de subventions qui proviennent de différents fonds tels que le Fonds des médias (fonds constitué par les redevances que versent les câblodistributeurs et les fournisseurs satellites), mais ceux-ci sont destinés en majeure partie à la production de contenu de divertissement.
Ainsi, le droit du public à l’information, la liberté d’expression et la liberté de presse, reconnus dans nos chartes, s’appuient sur la même prémisse de base qu’une compagnie de bicyclettes, soit la capacité des entreprises de dégager des profits et de se concurrencer entre elles afin de « dompter » le marché. La saine compétition entre entreprises de presse est donc garante de la qualité et de la diversité de l’information, ainsi que du juste prix de l’abonnement et des tarifs publicitaires. Si le modèle fonctionnait relativement bien dans les années où les revenus étaient au rendez-vous, aujourd’hui, nous en découvrons les failles.
Des fondations fragilisées
Dans notre réalité contemporaine, le phénomène de la gratuité des contenus prend de l’ampleur. Les annonceurs, eux, transfèrent leurs budgets de publicité vers les géants du web (Google, Facebook, YouTube, etc.), qui ne font que rediffuser le contenu produit et financé par d’autres, laissant nos médias locaux et nationaux affaiblis. Les fondations du quatrième pouvoir craquent de partout et c’est la démocratie qui risque l’effondrement.
Depuis 2008, année du lock-out au Journal de Montréal et du début de la récession, toutes les entreprises médiatiques ont entrepris des restructurations majeures qui ont entraîné des milliers de pertes d’emploi, contribué à la dégradation des conditions de travail, et accentué les phénomènes de la concentration et de la convergence. Ces transformations ainsi que les sacrifices des employé-es ne suffisent plus, et nos craintes de voir disparaître des piliers de l’information, en plus de tous les médias locaux et communautaires déjà fermés, sont bien fondées.
Un rendez-vous à ne pas manquer
La Fédération nationale des communications–CSN représente la très grande majorité des salarié-es syndiqués de nos médias. À ce titre, de concert avec la CSN, le Centre d’études sur les médias de l’Université Laval, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) ainsi que le Conseil de presse du Québec (CPQ), elle organise un grand colloque sur l’avenir de l’information et des médias le 3 mai prochain, date de la Journée internationale pour la liberté de la presse.
Le but de cet événement est de créer un forum où discuter des défis à court, moyen et long termes et de dégager des pistes de solutions rassembleuses. Y sont conviés l’ensemble des syndicats, les artisans, les patrons, les étudiants et les amoureux des médias. Nous souhaitons également que des représentants des différents paliers de gouvernement soient présents afin d’entendre les préoccupations et les besoins des gens du milieu.
L’information doit devenir ce qu’elle aurait toujours dû être : un bien public qui répond à une nécessité démocratique. On doit lui donner les moyens d’exercer son rôle de surveillance, d’éducation et de chien de garde de l’intérêt public.
Le colloque se tiendra le 3 mai 2016, à l’Hôtel Le Concorde, à Québec.