La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents met l’accent sur la réparation, à la différence de la loi en vigueur pour les adultes qui opte pour une perspective plus punitive. Pour les jeunes contrevenants, la loi privilégie deux voies de réparation : la réparation auprès des personnes concernées par le délit, ou bien, lorsque cela n’est pas possible, celle auprès de la communauté.
La CSN évalue actuellement la possibilité de développer un partenariat avec l’Association des organismes de justice alternative du Québec (ASSOJAQ). Une entrevue a été réalisée pour Perspectives CSN par Céline Fantini auprès de Daniel Beaupré, qui est membre de l’Association des concierges des écoles du district de Montréal (ACEDM) depuis 20 ans. Il accompagne depuis près de 19 ans des jeunes contrevenants dans le cadre des travaux qu’ils doivent réaliser afin de réparer les torts qu’ils ont causés à la suite d’un comportement délictueux. Il collabore avec l’organisme de justice alternative Trajet, membre de l’ASSOJAQ.
Pouvez-vous nous parler de votre engagement syndical ?
— Le plus souvent possible, je vais aux rencontres syndicales, je trouve qu’ils font du très bon travail dans le sens où ils mettent beaucoup de temps et d’énergie. Mon engagement syndical répond à un besoin d’appartenance : avec le syndicat, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas seuls. C’est vraiment comme une famille du travail. C’est une fierté de savoir que l’on est soutenu par des gens qui travaillent fort pour améliorer nos conditions de travail et de vie.
Faites-vous un lien entre votre engagement syndical et votre engagement auprès des jeunes contrevenants ?
— Ces jeunes-là sont les adultes, les travailleurs et les dirigeants de demain. Je considère que ce sont peut-être de futurs confrères qui feront partie de notre syndicat un jour, alors je trouve que c’est naturel de m’impliquer auprès d’eux. Si on leur donne une base, ils seront capables de mieux faire leur travail et de mieux s’intégrer dans la communauté.
Pouvez-vous nous dire qui sont les adolescents que vous accompagnez ?
— Ce sont souvent des jeunes très intéressants, mais juste mal intégrés. Ils sont inquiets, ils n’ont pas confiance en eux et ne savent pas comment foncer dans la vie. Ils ont besoin d’un coup de main pour s’intégrer, car souvent, ils ne savent pas comment faire. Cela peut être juste de leur donner une chance de voir le monde d’un autre œil, de leur transmettre de l’espoir et de leur montrer comment prendre leurs responsabilités.
Après toutes ces années, qu’est-ce qui maintient intacte votre flamme ?
— Même si je ne revois pas toujours ces adolescents-là par la suite, je sais que par ma manière de travailler et à travers nos discussions, je les ai aidés. On sait que l’on a fait du bien, mais on ne sait pas à quel niveau. Comme quelqu’un qui fait un don anonyme. Quand un jeune me dit « tu sais Daniel, pendant le temps qu’on était ensemble, ce que tu m’as dit, j’ai trouvé ça vraiment bon, ça donne un but à ma vie, et là, j’ai décidé de retourner aux études ! » Comment ne pas trouver ça fantastique ? Tant mieux si j’ai pu aider ces jeunes à (ré)intégrer la route, cela peut juste faire un monde meilleur.
Recommanderiez-vous l’expérience à d’autres ?
— Tout à fait ! Je trouve que c’est une belle expérience personnelle. Il est possible d’aider quelqu’un dans le cadre de son travail, et ça demande peu de temps. On ne mesure pas toujours l’impact positif qu’on peut avoir sur ces adolescents, mais quand on est ouvert à eux et que l’on prend le temps de les écouter, ça compte vraiment.
Céline Fantini est chargée de projet pour l’ASSOJAQ