« Nous attendions davantage du deuxième budget du ministre Morneau, mais force est d’admettre qu’il nous laisse sur notre appétit », de réagir le trésorier de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Pierre Patry.
Pour la CSN, le budget fédéral est dans la continuité du précédent et sans surprise au regard de l’énoncé économique de l’automne dernier. « La plupart des mesures annoncées ne prennent effet qu’à compter de l’an prochain, voire en 2019, soit le prochain rendez-vous électoral, et les années subséquentes, a poursuivi le porte-parole syndical. En échelonnant ses dépenses sur cinq et même 11 années, le ministre Morneau ne prend pas beaucoup de chances. C’est dès maintenant qu’il faut agir pour créer des emplois. »
Sur la question de la fiscalité, le gouvernement ne livre pas la marchandise. « Certes, il veut s’attaquer à l’évasion fiscale des particuliers et il dit vouloir viser particulièrement les plus riches, d’expliquer Pierre Patry. Toutefois, il donne peu d’indications sur la manière d’établir une véritable équité fiscale et il demeure trop évasif sur les paradis fiscaux. Le problème à cet égard demeure entier, malgré les attentes de la population. »
La CSN constate que le budget consacre la diminution des transferts en santé à 3 %, alors que les provinces, dont le Québec, avaient établi les besoins du financement fédéral à 5,2 %. Le budget Morneau annonce aussi des dépenses de 7 milliards $ sur 10 ans consacrées aux services de garde. « Comment se réaliseront ces dépenses au Québec, alors que nous bénéficions déjà d’un excellent régime ? a questionné le trésorier de la CSN. Le Québec doit pouvoir utiliser son droit de retrait avec pleine compensation. Ce qui implique que le gouvernement Couillard doit l’utiliser pour améliorer les services de garde éducatifs, mis à mal par les mesures d’austérité. »
Par ailleurs, la CSN salue les investissements de 1 milliard $ sur 5 ans dans des « super grappes industrielles » visant les technologies vertes, l’agroalimentaire, la fabrication de pointe, etc. « Il s’agit là d’un montant qui aurait pu être plus élevé pour la création d’emplois », a tenu à préciser Pierre Patry, qui a rappelé que les chantiers navals québécois de Davie et de Verreault ont été oubliés dans le budget.
À propos de la Banque de l’infrastructure, la pierre d’assise du développement économique du ministre Morneau, la CSN souhaite toujours un large débat public sur son mandat et sa composition. « Plusieurs questions demeurent en suspens en raison du financement privé des projets. À qui appartiendront les projets qui seront réalisés au terme du processus ? À ce titre, nous craignons la privatisation. Nous l’invitons à consulter largement les organisations de la société civile, dont la CSN. Nous avons des choses à dire sur cette question », a poursuivi Pierre Patry.