Si les dernières semaines ont démontré une forte mobilisation populaire contre les mesures d’austérité du gouvernement Couillard, l’hiver et le printemps qui viennent seront plus animés encore, prédit le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jacques Létourneau. Les effets des coupes budgétaires annoncées à répétition depuis la rentrée parlementaire seront ressentis dans toutes les sphères de la société et les gens voudront défendre l’État social québécois.
Le président de la CSN a profité du conseil confédéral, qui se tient jusqu’à vendredi au Palais des congrès de Montréal, pour faire le bilan avec les 300 délégué-es syndicaux de la mobilisation des dernières semaines contre le plan de régression sociale du gouvernement Couillard. « Au lendemain de son élection, le 7 avril dernier, le premier ministre ne s’attendait certes pas à voir sa cote de popularité chuter ainsi ni à assister à autant de manifestations réunissant chaque fois des dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui refusent ses politiques d’austérité », a-t-il mentionné.
Au cours de l’automne, les occasions de s’opposer au plan des libéraux ont été nombreuses : le 20 septembre contre le projet de loi 3 sur les régimes de retraite des employé-es municipaux et des sociétés de transport ; le 31 octobre, contre l’austérité ; le 9 novembre pour le maintien de l’universalité des services de garde ; et plus récemment, le 29 novembre, à Montréal et à Québec, où plus de 125 000 personnes ont scandé « Refusons l’austérité ». « Durant tout ce temps, les syndicats de la CSN ont démontré à plusieurs reprises comment les services qu’ils donnent dans les hôpitaux, les centres jeunesse, les écoles, les cégeps, souffrent déjà des compressions passées, a poursuivi Jacques Létourneau. Par leur mobilisation, la population comprend de mieux en mieux les objectifs poursuivis par le gouvernement libéral, soit de démanteler l’État social québécois et d’imposer des privatisations et des tarifications. Des manifestations, il y en a eu des dizaines aux quatre coins du Québec. Mais les libéraux n’ont encore rien vu. »
Et maintenant ?
Au cours des derniers mois, les groupes communautaires, de femmes et environnementaux, les associations étudiantes et les organisations syndicales ont tissé des liens et marché ensemble contre l’austérité du gouvernement Couillard. Jacques Létourneau : « Une telle solidarité, ça ne s’est pas vu souvent au Québec. On la doit à cette volonté partagée par un nombre toujours grandissant de personnes de s’engager à défendre un Québec qui s’est construit depuis plus de 50 ans pour mieux redistribuer la richesse. Personne n’avait vu venir les libéraux. Aujourd’hui, personne n’est dupe de ses véritables intentions.
« Le premier ministre Couillard a beau refuser d’admettre que ses mesures d’austérité, ses politiques ont aussi eu un effet catastrophique sur l’emploi. C’est assez. »
Au cours de la journée, le conseil confédéral de la CSN débattra de la suite du plan d’action pour les prochains mois. Plusieurs rendez-vous de mobilisation sont prévisibles, dont la Journée internationale des femmes, le prochain budget québécois, la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs. En outre, les effets des coupes se feront rudement ressentir partout, ce qui aura pour effet d’intensifier l’opposition aux intentions libérales :
• les comptes de taxes et les loyers augmenteront, du fait de la ponction de 300 millions de dollars aux municipalités ;
• des milliers de personnes, souvent démunies, ne pourront plus faire appel aux ressources communautaires qui se voient privées de pouvoir remplir leur mandat ;
• les organismes de soutien à l’emploi et à des projets locaux ou régionaux disparaîtront ;
• les impôts des familles qui bénéficient des services de garde gonfleront ;
• le prix des denrées produites au Québec risquent d’augmenter si le principal programme gouvernemental, visant à assurer un revenu décent aux agriculteurs, est transformé en un régime d’assurance particulier, comme le suggère la commission Robillard ;
• les compressions de 2 milliards de dollars dans la santé et les services sociaux diminueront la qualité et l’accessibilité des services, tout en accroissant les privatisations et de nouveaux tarifs ;
• le milieu de l’éducation, des écoles primaires aux universités, en passant par les cégeps, sera frappé de coupes qui affecteront la qualité de l’enseignement et accroîtront les coûts ;
• La négociation des conditions de travail et de salaire du Front commun, dans le secteur public, qui se déroulera dans ce contexte d’austérité.
« Le Parti libéral n’a pas été élu avec le mandat de saccager ce qui distingue le Québec de tous les États d’Amérique du Nord, a indiqué Jacques Létourneau. Nous avons l’intention de participer à tous les débats pour défendre notre État social, aux côtés de celles et de ceux qui veulent mener cette lutte. Les enjeux n’ont jamais été aussi considérables. »