« Aujourd’hui, il y a très exactement six mois que le Parti libéral a été porté au pouvoir et il a réussi à provoquer une grogne populaire qui s’étend à toutes les sphères : environnement, services publics, emplois, a mentionné le président de la CSN, Jacques Létourneau. En prime, les ténors du gouvernement, dont le premier ministre Couillard lui-même, font preuve d’arrogance pour imposer leurs mesures d’austérité. C’est inadmissible de se comporter ainsi. Je lui prédis qu’il ne trouvera pas son mandat reposant s’il s’entête à poursuivre sur la voie des coupes dans les services à la population et les programmes sociaux. »
La Confédération des syndicats nationaux lance un appel à une large mobilisation contre les politiques d’austérité du gouvernement Couillard et souhaite une convergence des actions de toutes les organisations qui voudront se dresser devant lui. La CSN a convoqué son bureau confédéral aujourd’hui afin d’adopter une campagne impliquant ses quelque 2000 syndicats et qui prévoit notamment de participer à des coalitions régionales et nationale pour s’opposer au démantèlement de l’État social québécois.
« On n’a pas voté pour ça »
La dernière semaine a été particulièrement éloquente quant aux intentions des libéraux, où il a été clairement démontré l’impossibilité de sabrer les budgets sans diminuer les services à la population. Pour forcer leur train de compressions, les Couillard, Barrette et Coiteux se sont faits menaçants à l’endroit des dirigeants et du personnel syndiqué des établissements d’éducation et de santé. « Nous condamnons ce ton autoritaire qui n’a pas sa place, a mentionné Jacques Létourneau. Ce gouvernement croit peut-être qu’il peut agir à sa guise parce qu’il détient la majorité à l’Assemblée nationale, mais les électeurs n’ont pas voté pour se faire imposer ce plan de démolition. Jamais il n’a fait campagne sur l’austérité.
« Voilà plus de 25 ans que les services publics et les programmes sociaux sont réduits, a-t-il poursuivi. Du gras, il n’y en a pas ! Dans les prochains mois, nous démontrerons tous les effets des compressions sur les services à la population dans les établissements où œuvrent les 130 000 membres de la CSN. Nous invitons celles et ceux qui ont à cœur les services publics, dont les comités d’usagers, à faire de même. Si des coupes d’environ 10 millions de dollars atteignent directement les plus démunis, comme il a été établi la semaine dernière en santé mentale à Montréal, imaginons les conséquences du plan de démolition des libéraux dans la santé, qui veulent retrancher 2 milliards de dollars au cours de la prochaine année. »
Six mois de pouvoir : un climat de confrontation entretenu
Au plan environnemental, il fait la sourde oreille aux demandes des citoyennes et des citoyens qui réclament de la transparence et des audiences publiques. Sur le front de l’emploi, c’est une énorme déception. Le plus navrant est son attitude à l’égard de l’État social du Québec. Selon la CSN, le premier ministre Couillard leurre le Québec lorsqu’il dit qu’il est possible de comprimer les dépenses de l’État à la hauteur de quelque 5 milliards sur 2 ans sans toucher aux services à la population. Pour y arriver, il frappe partout et tout le monde, s’en prenant même aux plus vulnérables. Les annonces de coupes à l’aide sociale et aux Carrefour jeunesse-emploi (CJE) en disent long sur les véritables intentions des libéraux : faire du Québec une province canadienne comme les autres.
Déjà sous-financées, comme la plupart de celles des organismes communautaires, les activités des CJE auprès des jeunes éloignés du marché du travail sont stratégiques et essentielles pour notre société. Toute hypothèse ou tout scénario affaiblissant la capacité d’action de ces organismes est inacceptable et antisocial. « Le mépris affiché à l’endroit des assistés sociaux est inadmissible, a indiqué Jacques Létourneau. Il cherche à les faire passer pour des profiteurs, alors que ces hommes et ces femmes se démènent tous les jours pour tenter de s’en sortir. »
Et la « réconciliation » ?
« Lors de l’élection de ce gouvernement, où il a lancé un appel à la “réconciliation”, nous avons fait preuve d’ouverture et voulu dialoguer avec lui, a rappelé le président de la CSN. Qu’avons-nous eu pour réponse ? La destruction du modèle québécois. Après six mois de pouvoir, nous constatons ses manœuvres pour créer de l’incertitude dans la population et sa totale improvisation, où se succèdent ballons d’essai et annonces de réductions budgétaires. Nous ne le laisserons pas démolir ce Québec que nous voulons. »
Au cours des prochains mois, la CSN organisera cette mobilisation avec ses syndicats, ses conseils centraux et ses fédérations affiliés. Le but est de participer à des coalitions régionales et à un front social uni contre l’austérité qui seraient autant de foyers d’opposition aux politiques des libéraux. Jacques Létourneau : « Dans plusieurs secteurs, les membres de la CSN sont déjà mobilisés. Pensons aux employé-es municipaux et des sociétés de transport qui s’opposent au projet de loi no 3 sur les retraites, à ceux de la santé et des services sociaux, qui s’objectent au projet de loi no 10 voulant forcer des fusions d’établissements et faire disparaître les agences régionales de santé. Sur le plan local, des syndicats s’organisent aussi contre les annonces de diminution de services, comme au CSSS Laval. On constate aussi l’engagement de groupes sociaux à se mobiliser partout au Québec. »