Bien que la CSN salue certaines mesures du budget fédéral 2018, comme le retrait du système de paye Phénix ou l’équité salariale, elle reste sur sa faim concernant de nombreux autres aspects, notamment en ce qui a trait à la lutte contre les paradis fiscaux et au soutien à l’industrie médiatique.
Phénix, un fiasco coûteux
La CSN se réjouit en effet de l’annonce du gouvernement quant au remplacement du système de paye Phénix qui demeure aujourd’hui un fiasco sans précédent. « C’est une bonne nouvelle pour les salarié-es du gouvernement fédéral, notamment pour les agents des services correctionnels fédéraux. Par contre, nous sommes inquiets des mesures transitoires, car il faut permettre aux salarié-es d’avoir accès directement aux personnes-ressources afin de régler les problèmes à la source. Aucun salarié ne devrait subir les problèmes de paye liés au service Phénix », clame le trésorier de la CSN, Pierre Patry.
La Davie attend toujours
Engagée dans une importante campagne pour soutenir les salarié-es du chantier naval Davie, qui a été laissé de côté depuis de nombreuses années par le gouvernement fédéral, la CSN déplore qu’aucune somme n’ait été réservée à l’octroi de contrats de brise-glace ou pour d’autres projets. Pierre Patry rappelle que plus de 400 salarié-es sont toujours sans emploi. « Le gouvernement a été interpellé depuis plusieurs mois, nous pensions au moins que le gouvernement prendrait une orientation dans son budget fédéral », se désole Pierre Patry.
Équité salariale et congé parental
La CSN se réjouit toutefois des mesures en faveur de l’équité salariale et du congé parental. « C’est une bonne nouvelle, mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps? Il faut rappeler que le Québec a adopté sa Loi sur l’équité salariale en 1996 et que le congé pour les pères existe depuis de nombreuses années. Mais vaut mieux tard que jamais », lance aussi Pierre Patry.
Soutien aux médias : une déception
Alors que le monde des médias traverse la pire crise de son histoire, le gouvernement fédéral semble en minimiser l’ampleur. « On annonce un soutien aux médias locaux dans des régions mal desservies, mais qu’en est-il pour le reste de l’industrie qui en a gravement besoin? se demande Pierre Patry. Le gouvernement manque un bon rendez-vous avec l’histoire. »
Et le « trou noir » de l’assurance-emploi?
Bien que le gouvernement fédéral semble avoir conscience des problèmes majeurs que causent le travail saisonnier et les règles d’admissibilité à l’assurance-emploi pour de nombreux salarié-es, les mesures ne sont ni adaptées, ni suffisantes, soutient par ailleurs Pierre Patry : « Les travailleuses et travailleurs saisonniers de l’est du Québec, prestataires de l’assurance-emploi, vivent une véritable situation d’urgence liée au « trou noir » et le gouvernement se contente d’annoncer des miettes. »
Paradis fiscaux et iniquité fiscale
La CSN dénonce le fait que le gouvernement ne s’engage pas à corriger l’iniquité fiscale qui favorise des entreprises étrangères comme Netflix ou Facebook, ou qu’il n’ait pas décidé d’enfin mettre un frein aux paradis fiscaux. Elle critique également le recul sur sa réforme concernant le financement des sociétés privées. « C’est franchement décevant, on laisse des entreprises étrangères engranger les profits sans rien exiger et on ne fait rien pour limiter les paradis fiscaux. Ce sont des milliards qui échappent ainsi aux finances publiques », déplore Pierre Patry.
Malgré tout, la CSN souligne favorablement le fait que le ministre ne sacrifie pas sa politique sociale et économique pour le seul objectif comptable du déficit zéro. Elle rappelle que le Canada est l’un des pays du G7 qui a la plus faible proportion de son PIB accordée à la dette. Cela permet au gouvernement de soutenir des programmes sociaux et des initiatives intéressantes, comme le congé parental et l’équité salariale.
À propos
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 1700 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.