En matière de transport collectif, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) est bien loin de pouvoir se péter les bretelles. À l’heure des consultations prébudgétaires 2024-2025, la société québécoise risque de foncer dans un mur, si le financement du transport en commun n’est pas massivement bonifié. Parce que oui, ça urge !
Pour justifier l’échec d’un domaine qui devrait être en pleine croissance, le gouvernement continue de marteler des arguments comptables. Il semble évident que M. Legault et la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, estiment que le transport en commun constitue une dépense plutôt qu’un investissement.
Les derniers mois ont été marqués par une crise qui a grandement affecté les différentes sociétés de transport du Québec. Or, au lieu de pérenniser le financement du secteur, la CAQ décide plutôt d’exiger de leur part qu’elles se soumettent à des audits de performance. La ministre Guilbault a scandé pendant des mois que son ministère devait s’assurer que les ressources à la disposition des sociétés de transport sont utilisées de manière économique, efficiente et efficace. Encore une fois, c’est la logique comptable qui prime. Cet exercice d’audit vise à élaborer un diagnostic de la performance financière pour chacune des organisations. Les sociétés de transport du Québec, tout comme l’État lui-même d’ailleurs, ne devraient pas avoir à répondre à des objectifs de performance propres au modèle d’affaires des entreprises privées.
Des promesses, M. Legault
Engagement du respect de la Politique de mobilité durable 2030, élaboration d’un plan de décongestion de la région de Montréal, amélioration du réseau de transport interurbain, report du projet de tramway à Québec, retrait de CDPQ Infra du projet de prolongement du REM sur la Rive-Sud, ce qui risque sérieusement de retarder l’aboutissement du projet… la liste est longue. Le gouvernement du Québec a manqué plusieurs occasions de tenir ses promesses et de faire preuve de vision en matière de mobilité durable. Dans un contexte de crise climatique, c’est désastreux d’être si inconséquent.
Le gouvernement doit impérativement investir dans l’offre de services ; il faut le voir comme un pacte social. Dans le cadre des consultations prébudgétaires 2024-2025 du ministre des Finances du Québec, la CSN, conjointement avec la FTQ, la CSQ et la CSD, soutient que la transition énergétique doit s’appuyer davantage sur le transport en commun qu’elle ne le fait actuellement. Même si la voiture électrique émet moins de gaz à effet de serre que celle à essence, elle est loin d’être la solution miracle. Les impacts environnementaux provoqués par l’usage de l’auto solo ne s’évaporeront pas grâce à la voiture électrique. La filière des batteries lithium-ion, bien que peu écologique, est pourtant la voie principale empruntée par la CAQ.
Les citoyennes et les citoyens utiliseront davantage le transport en commun si les services sont plus fréquents, plus rapides et peu coûteux. Les quatre centrales syndicales s’entendent pour affirmer que « le transfert modal vers le transport collectif dépend de façon cruciale d’un financement adéquat des opérations des sociétés de transport et de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) afin que leurs infrastructures soient exploitées à la hauteur de leur potentiel. »
Diverses solutions peuvent être appliquées à la bonification du financement du transport collectif. Pour contrer la baisse attendue des revenus issus de la taxe sur les carburants, qui finance notamment le transport collectif, le gouvernement doit miser davantage sur les mesures d’écofiscalité. Une des avenues à étudier serait l’introduction d’une tarification kilométrique. Une autre pourrait être l’application de lois, comme dans l’État de Washington, où les entreprises de 100 employé-es et plus sont contraintes de trouver des moyens pour diminuer l’utilisation de l’auto solo.
Le Québec a besoin d’un gouvernement novateur en matière de transport collectif. Pour toutes les travailleuses et les travailleurs de demain, il doit se doter d’une culture de la mobilité durable. Sortir de la logique marchande afin d’emprunter pour de bon la voie de l’investissement à long terme devient, plus que jamais, incontournable.