Formation de la main-d’œuvre

Si attirer c’est bien, retenir c’est mieux !

Aux travailleuses et aux travailleurs sans emploi, Québec offrira une allocation de 475 $ par semaine si ceux-ci acceptent de retourner sur les bancs d’école en fonction des programmes identifiés par le gouvernement comme étant aux prises avec un problème de recrutement de main-d’œuvre.

Pour la présidente de la CSN, le fait que le gouvernement stimulera, par des bourses, l’accès aux d’études dans des secteurs où ce même gouvernement en est l’employeur démontre toute l’absurdité des piètres conditions de travail du secteur public. « S’il fut une époque où les gens s’orientaient spontanément vers le service public, c’est que les conditions de travail y étaient attrayantes. Or – on le constate dans les CPE, dans la santé, en éducation – ce n’est plus le cas. Malheureusement, le rendement de ces milliards annoncés en formation ne sera jamais optimal si la qualité des conditions de travail du secteur public n’est pas au rendez-vous. Parce qu’attirer c’est bien, mais retenir c’est mieux ! », soutient Caroline Senneville.

Un son de cloche largement partagé dans le secteur de la santé et des services sociaux. Le nouveau président de la FSSS–CSN, Réjean Leclerc, regrettait cette semaine que le gouvernement ait, encore une fois, agi seul. « Pourquoi ne pas avoir profité d’une telle opération pour entendre les solutions de celles et ceux qui tiennent nos réseaux à bout de bras depuis le début de la pandémie et leur offrir des possibilités d’avancement de carrière dans le réseau ? Il faut attirer la relève, c’est certain, mais il faut aussi s’assurer de reconnaître les efforts de celles et ceux qui sont à l’emploi. Et pour ça, il va falloir finir par s’attaquer aux conditions de travail ! »

La FSSS–CSN s’inquiète par ailleurs de voir que certains titres d’emplois du réseau de la santé et des services sociaux ont été exclus, comme les préposé-es en entretien ménager, les préposé-es en retraitement des dispositifs médicaux et le personnel de l’informatique. L’absence des auxiliaires dans le secteur de la santé et des services sociaux apparait particulièrement problématique, en raison des besoins grandissants en services de soutien à domicile, dont ils sont les principaux piliers.

Quels programmes ?

Le premier ministre s’est contenté d’identifier six secteurs, qu’il juge ou bien « essentiel », ou alors « stratégique » : la santé et les services sociaux, l’éducation, les services de garde, le génie, les technologies de l’information et la construction. La liste complète des programmes d’études admissibles devrait être rendue publique sous peu.

« Il y a de l’argent, mais pas pour tous. Seulement pour ceux qui [auront] fait les bons choix », soulignait Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ-CSN, lors du conseil fédéral de l’organisation. « C’est une vision utilitariste, qui subordonne l’éducation et l’enseignement supérieur aux besoins immédiats du marché. »

Pour la FNEEQ-CSN, l’Opération main-d’œuvre lancée en grande pompe par François Legault repose essentiellement sur une approche individualiste, basée sur les besoins des individus plutôt que sur ceux de l’ensemble des intervenants, étudiants comme professeurs, du réseau de l’éducation et de l’enseignement supérieur. « Il est très décevant de constater que l’investissement en enseignement supérieur, réclamé depuis fort longtemps, est essentiellement concentré sous forme de bourses aux études, sans prévoir suffisamment de ressources additionnelles dans nos collèges et nos universités pour accompagner les étudiantes et les étudiants dans leur réussite. »

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