Plusieurs constats se dégagent depuis les débuts de la COVID-19, mais pour une organisation syndicale comme la nôtre, il est impossible de passer à côté du fait que cette pandémie est venue complètement chambouler le monde du travail, surtout en ce qui a trait au du télétravail. Avant la pandémie, entre 10 % et 15 % de la main-d’œuvre avait recours au travail à domicile, mais avec les mesures de confinement, ce taux aurait bondi à plus de 40 %. Il s’agit ainsi d’un changement d’une ampleur que nous n’avons jamais vue dans l’histoire du travail et qui impose à son tour tout un lot de nouveaux défis pour les travailleuses et les travailleurs de notre mouvement.
Bien que le travail à domicile vienne avec certains avantages, il peut aussi être synonyme d’isolement, d’augmentation des heures de travail, d’alourdissement des tâches, des troubles musculosquelettiques, de difficulté à séparer le travail de la vie personnelle et d’atteinte au droit à la vie privée.
À ce titre, le comité de coordination générale de négociation a produit un guide de négociation sur le télétravail. Et à entendre les participantes et participants du
66e Congrès de la CSN lors des ateliers sur les orientations du mouvement, ce guide risque d’être fort utile pour aider les syndicats à se négocier de bonnes conditions de télétravail.
Lors de ces échanges, plusieurs militantes et militants ont souligner l’importance de négocier des lettres d’entente pour baliser le télétravail et de lutter contre des politiques unilatérales imposées par les employeurs. Ces politiques ont comme effet de démobiliser les membres et de réduire la représentation syndicale. Il faut effectivement veiller à ce que les travailleuses et travailleurs ne consentent pas à n’importe quoi dans le but d’accepter le télétravail. Un consensus s’est notamment dégagé sur l’importance de bloquer les efforts des employeurs de réduire leurs coûts de fonctionnement en s’appuyant sur les économies engendrées par le télétravail. S’il doit y en avoir, des économies, celles-ci devront servir avant tout à améliorer les salaires et les conditions de travail.
Le cadre légal
En accentuant la fragmentation des lieux de travail, le télétravail pose d’importants défis de mobilisation, d’exercice du droit de grève ou de possibilités de syndicalisation.
Au cours du dernier mandat, plusieurs lois ou programmes touchant le travail ont été modifiés. Mentionnons, entre autres, la Loi sur les normes du travail (2018), la Loi sur l’équité salariale (2019), le Code du travail en lien avec les services essentiels dans les services publics (2019), le Régime québécois d’assurance parentale (2020), la Loi sur les régimes complémentaires de retraite (2020), le Code canadien du travail (2019), etc.
À chaque occasion, la CSN a fait entendre sa voix. Certains des changements vont dans le sens de nos revendications. Cela dit, trop de personnes restent mal protégées, notamment les travailleuses et les travailleurs autonomes.
La solidarité : un attrait incontournable pour la syndicalisation
Les défis du monde du travail exigent la présence d’organisations syndicales fortes. Sans organisation syndicale, il ne reste que les gouvernements ou le rapport de force individuel.
Il faut reconnaître que les nouvelles réalités du travail et de l’emploi ne facilitent pas la syndicalisation, du moins pas dans sa forme traditionnelle. La diversité des relations d’emploi, la diminution de la taille des entreprises, l’éclatement des collectifs de salarié-es, tant sur le plan du lieu de travail que sur celui des horaires, sont autant de défis avec lesquels il faut composer.
D’ailleurs, les congressistes ont applaudi les efforts récemment déployés par la Fédération du commerce (FC–CSN) et la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) afin de bâtir un modèle de syndicalisme permettant de regrouper plusieurs salarié-es travaillant pour différents employeurs au sein du même syndicat. Un modèle inspirant qui a même inspiré une déléguée provenant de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine à évoquer la possibilité de l’appliquer aux travailleuses et aux travailleurs des petites municipalités des régions éloignées.
Pour plusieurs congressistes, la solidarité doit être au cœur de nos efforts de syndicalisation. Plus les membres s’appuient dans leurs luttes respectives, plus les gens verront l’importance d’appartenir à un grand mouvement qui se tient ensemble, toutes régions et tous secteurs confondus. Parce qu’au fond, la solidarité, ce n’est pas que mobilisant, c’est aussi très rassurant. Et les gens ont besoin d’être rassurés ces jours-ci.
En fin de compte, bien que les obstacles à la syndicalisation soient nombreux, ils ne sont pas insurmontables. Ils doivent nous pousser à redoubler d’efforts et à innover. Les participantes et participants au 66e Congrès de la CSN semblent très prêts à relever le défi.