Photo Michel Giroux

Technologiste médical

Sauver des vies, dans l’ombre

Yasmine Leclerc est technologiste médicale. La diplômée du collège de Rosemont travaille au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine à Montréal depuis maintenant quatre ans. 

Ils sont près de 250 technologistes médicaux à travailler dans les nombreux laboratoires du prestigieux CHU Sainte-Justine. Yasmine, elle, se promène entre les laboratoires de microbiologie, de virologie, de banque de sang et d’hémostase. Elle analyse les prélèvements faits auprès des jeunes patientes et patients de l’hôpital, soit les adolescents, les enfants, les bébés et les prématurés. Les analyses menées serviront à identifier le problème de santé, donc le traitement à administrer. Les résultats doivent être précis. Pas de place à l’erreur, car des vies en dépendent. « Parfois, les résultats de nos analyses doivent être transmis très rapidement. C’est le cas pour les patients de l’urgence ou en salle d’opération. Mais malgré la gravité de la situation, on se doit de rester en contrôle et de maîtriser parfaitement les opérations techniques », explique la jeune femme. Les technologistes médicaux doivent être minutieux et en pleine possession de leurs moyens. Ils doivent aussi être polyvalents, car ils sont appelés à travailler dans des dizaines de laboratoires différents. « Il faut avoir une maîtrise parfaite de l’ensemble des tâches que nous avons à accomplir. Il faut aussi être flexible, car nos horaires sont atypiques. À Sainte-Justine, les laboratoires roulent 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Il faut pouvoir s’adapter », explique Yasmine.

Défis pour la profession

En ces temps d’austérité, le système de santé québécois se fragilise de plus en plus. La profession de technologiste médical n’est certes pas à l’abri des coupes budgétaires. « Notre métier est particulièrement affecté, explique la technologiste. Les formations sont de moins en moins disponibles. Les étudiants qui sont sur le point d’être diplômés n’arrivent plus à se trouver des stages. Les hôpitaux manquent de personnel pour les encadrer. La relève se fait rare et pourtant nous savons que beaucoup de technologistes partiront à la retraite sous peu. » Sans compter la sécurité d’emploi qui est quasi inexistante. Les hôpitaux ouvrent très peu de postes de technologiste médical et les listes de rappel sont longues. Les jeunes diplômés doivent se contenter d’horaires irréguliers. « Les coupes dans les laboratoires entraînent aussi un allongement des délais d’analyse », note Yasmine Leclerc.

Optilab

Le projet Optilab, dernier lapin en lice à être sorti du chapeau de Gaétan Barrette, inquiète sérieusement Yasmine Leclerc. Le plan consiste à centraliser les laboratoires existants en créant des mégalaboratoires dans lesquels on procédera aux analyses des autres hôpitaux. Dans la grande région de Montréal, par exemple, les analyses seront concentrées au CHUM et au CUSM. L’Hôpital Sainte-Justine pourrait voir ces activités réduites de 48 %.

« En centralisant les analyses dans quel­ques mégalaboratoires, on augmente de beaucoup le transport des échantillons. Du même coup, les risques de perdre ou d’endommager les échantillons montent en flèche, explique Yasmine Leclerc. Et c’est sans compter les déplacements de technologistes vers d’autres établissements ou les pertes d’emplois qui les frapperont de plein fouet », dénonce-t-elle.

Yasmine est tout de même heureuse au travail. Même si le plus souvent elle manipule des machines et est rivée à son microscope, elle sait qu’elle fait une différence. « Même si je ne suis pas en contact direct avec les patients, j’y trouve mon compte amplement. Quand une analyse urgente entre au labo, c’est toute l’équipe qui met son savoir en œuvre pour sauver le petit être humain, qui, quelque part à un étage de l’hôpital, a besoin de nous. »

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