« Le gouvernement Couillard et son ministre du Conseil du trésor, Martin Coiteux, ont visiblement tiré des leçons de leurs prédécesseurs dans leur volonté de changer de façon fondamentale le rôle de l’État québécois et l’ensemble des services publics et des programmes », a réagi le président de la CSN, Jacques Létourneau, au rapport de la Commission sur la révision permanente des programmes et des déclarations du ministre Coiteux qui ont suivi.
« Il y a 30 ans, le rapport Gobeil a notamment prôné la privatisation de plusieurs organismes gouvernementaux, alors que le gouvernement Charest s’est lancé en 2003 dans une réingénierie de l’État, d’expliquer le porte-parole syndical. Devant l’opposition populaire à leurs projets, les gouvernements libéraux de chacune de ces époques ont reculé. Nous ne sommes pas dupes des manœuvres du ministre Coiteux qui poursuit globalement les mêmes fins que ses prédécesseurs, en adoptant une attitude tout autre, qui s’apparente à un exercice de relations publiques. Encore une fois, après la présentation des recommandations de cette commission, il veut passer pour le bon gars. »
L’année dernière, lors de sa sortie, la CSN avait qualifié d’idéologique le rapport préliminaire de la commission Robillard. « À la lumière des recommandations qui sont faites aujourd’hui, notre opinion s’est renforcée, a poursuivi Jacques Létourneau. La commission fait fi des nombreuses transformations qu’ont connues nos programmes sociaux et nos services publics au cours des dernières années. Elles ont toutes conduit à moins d’accessibilité et moins de services à la population, tout en causant un essoufflement des personnels qui ont toujours moins de moyens pour travailler. Il est curieux de constater que toutes ces réformes draconiennes ont été réalisées successivement sans avoir fait l’objet d’évaluations, s’il faut en croire Lucienne Robillard… »
Pour la CSN, la commission Robillard a reçu du gouvernement Couillard un mandat qui rejoint le grand objectif qu’il poursuit depuis son élection : le démantèlement de l’État québécois. La fin du monopole de la SAQ et le transfert des responsabilités de Revenu Québec à Ottawa visent justement à enlever à l’État les moyens d’assumer le rôle qu’il joue depuis plus de 50 ans. « Autant Madame Robillard que Monsieur Coiteux estiment qu’il faut juger les programmes à leurs résultats concrets, d’ajouter le président de la CSN. Or, avec une productivité en hausse de 23 % depuis 2008 et des dividendes de plus d’un milliard de dollars, sans compter les taxes versées, la SAQ nous apparaît déjà performante. »
La CSN s’inquiète des véritables objectifs que poursuit le gouvernement libéral à l’égard de la SAQ, car malgré les conditions qu’il pose pour accroître la performance de la société d’État, le ministre Coiteux n’exclut pas la libéralisation de la vente des vins et des spiritueux. « Nous n’accepterons pas qu’il agisse ainsi, a mentionné Jacques Létourneau, il en va des revenus pour l’État, du développement économique pour les régions et des bonnes conditions de travail des milliers d’employé-es de la SAQ répartis aux quatre coins du Québec. »
Quant au transfert des activités de Revenu Québec, la CSN met en garde le gouvernement de revenir à une situation d’avant le régime duplessiste, où le Québec était davantage inféodé à l’État fédéral.
Au cours des prochains jours, la CSN analysera de façon plus approfondie le rapport de la commission sur la révision permanente des programmes pour une réaction plus complète.