Illustration : Alain Reno
L’élection de Donald Trump a créé une onde de choc planétaire. Si quelques personnes, comme le réalisateur Michael Moore, avaient prédit sa victoire, il semble que la vaste majorité des gens ne croyaient pas qu’un personnage aussi grossièrement raciste et misogyne puisse être élu à l’un des postes les plus importants de la planète.
Dans le foisonnement des analyses expliquant sa victoire, on a certainement constaté la défaite des démocrates qui n’ont pas su convaincre de vastes franges d’une classe ouvrière malmenée par trois décennies de politiques néolibérales. Mais qu’un milliardaire appartenant au 1 % gagne la confiance de millions d’Américains appauvris relève d’une réelle stratégie de communication, qui venait d’ailleurs de faire ses preuves.
L’équipe de Trump a eu recours aux services de Cambridge Analytica, une entreprise anglaise, aussi embauchée par le camp du Brexit, qui utilise la psychométrie, ou l’analyse des personnalités, afin d’influencer des électeurs de façon très ciblée. Grâce à une règlementation plutôt laxiste facilitant l’accès à ce type d’analyses aux États-Unis, la firme a pu dresser le profil des 220 millions d’électeurs et s’adresser à eux de façon personnalisée afin de favoriser l’élection de Trump. Par exemple, en inondant les Haïtiens d’origine vivant à Miami de publicités démontrant l’échec des efforts de la Fondation Clinton après le tremblement de terre.
Puis l’inquiétude succède à la surprise, car le scénario Trump peut tout à fait se reproduire ailleurs. On s’inquiète particulièrement des conséquences sur les efforts mondiaux de lutte contre les changements climatiques, sur l’égalité entre les femmes et les hommes, sur la place des médias de communication, sur le respect des droits de la personne, sur les risques de guerre.
Diviser pour régner
Dès le jour de son élection, on a rapporté une croissance des manifestations haineuses envers les personnes racisées qui, de plus, font et feront l’objet de restrictions croissantes pour l’entrée au pays et l’accès à la citoyenneté. Les personnes immigrantes et leur descendance sont en quelque sorte transformées en boucs émissaires des dysfonctionnements caractéristiques du capitalisme étatsunien. Dans cette perspective, ce sont les Mexicains qui ont volé les bons emplois, et non pas les entreprises américaines qui ont délocalisé leur production pour accroître leurs profits.
Au 1er mars 2017, Trump n’avait toujours pas signé de décret pour la renégociation de l’ALÉNA. Par contre, il promettait toujours des allègements fiscaux aux entreprises, une mesure susceptible de faire baisser les coûts de production aux États-Unis et de mettre une pression sur les entreprises installées au Québec. Pour les promoteurs du Right-to-Work (RTW) aux États-Unis — une mesure qui permet aux travailleuses et travailleurs de ne pas payer de cotisations syndicales tout en conservant les avantages de l’adhésion —, les États qui n’ont toujours pas adopté de telles mesures antisyndicales connaîtront une pression supplémentaire pour attirer les investissements.
Vers un printemps étatsunien ?
Les échos que nous avons de nos camarades indiquent que l’on devrait continuer à assister à d’importantes mobilisations sociales aux États-Unis. Déjà, le 21 janvier dernier, nous avons assisté à une mobilisation sans précédent alors que des millions de personnes ont participé à la marche des femmes dans plusieurs centaines de villes aux États-Unis et ailleurs dans le monde, dont à Montréal. Il est significatif que ce soit les femmes, et particulièrement des femmes racisées, qui aient pris l’initiative dans ce mouvement d’opposition à Trump, et très important que la réponse ait transmis un si fort signal d’unité et de solidarité.