La FTQ et la CSN coordonneront leurs négociations dans le secteur des résidences privées pour aîné-es afin d’y établir un salaire minimum à 18 $ l’heure pour l’ensemble du personnel qui y travaille.
Lors d’une conférence de presse tenue à Montréal ce matin, le président de la FTQ, Daniel Boyer, et le premier vice-président de la CSN, François Enault, ont expliqué la nécessité de ce rehaussement salarial en raison de l’état critique de trop nombreux centres d’hébergement privés et des conditions de pauvreté auxquelles y sont soumis les préposé-es aux bénéficiaires, à l’entretien et aux services alimentaires.
« Le gouvernement reconnait lui-même les problèmes criants entraînés par les faibles salaires des centres d’hébergement privés. Voilà pourquoi, en pleine pandémie, il a été forcé de verser une subvention salariale de 4 $ l’heure aux propriétaires de résidences afin de contrer l’exode du personnel, a rappelé Daniel Boyer. La fin progressive de cette aide financière, à compter du 31 décembre prochain, ne fera qu’accentuer les difficultés d’attirer et de retenir le personnel des résidences pour aîné-es, en plus d’aggraver les conséquences désastreuses sur le plan des services aux usagères et aux usagers. »
Pour François Enault, il est complètement indécent que les fortes marges de profit des principaux acteurs de ce secteur se fassent sur le dos des travailleuses et des travailleurs. « Les marges bénéficiaires d’exploitation du secteur de l’hébergement privé au Québec frisent les 14 %, l’un des plus hauts taux au Canada. À eux seuls, les groupes Chartwell, Sélection, Maurice, Savoie et Cogir possèdent 35 % des logements de l’ensemble des résidences pour aîné-es au Québec. On parle d’entreprises dont les actifs respectifs se chiffrent en milliards de dollars et qui ont certainement la capacité financière de payer leurs employé-es convenablement. »
La présidente du Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES–FTQ), Sylvie Nelson, a pour sa part souligné la responsabilité du gouvernement de veiller à la qualité des services qui y sont livrés. « Seulement par l’entremise des crédits d’impôt, les résidences privées pour aîné-es grugent près du tiers du budget total du ministère de la Santé et des Services sociaux alloué aux services à domicile. Des salaires à 14,50 $ l’heure, ça entraîne du manque de personnel et des taux de roulement totalement inacceptables », a-t-elle martelé.
C’est pourquoi la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Lucie Longchamps, en appelle à l’intervention de la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger. « Il est grand temps que la ministre convie à la même table l’ensemble des intervenants de ce secteur pour trouver des solutions durables à la rémunération du personnel des résidences pour aîné-es. Avec le vieillissement de la population auquel le Québec fait face, on ne peut plus se permettre d’attendre en laissant se dégrader de la sorte les conditions de travail du personnel et les conditions de vie des résidentes et des résidents. »
La FTQ représente 178 résidences privées pour aîné-es, dans toutes les régions du Québec, et plus de 11 000 salarié-es qui sont touchées par les négociations qui s’amorcent dans ce secteur. La CSN est présente dans 90 centres d’hébergement privés partout au Québec et rassemble plus de 3500 membres. Ensemble, la FTQ et la CSN représentent près d’un million de travailleuses et de travailleurs. Les deux centrales syndicales sont membres actifs de la Coalition Minimum 18, qui revendique l’établissement d’un salaire minimum à 18 $ l’heure au Québec.