Permettre un accès facile à la syndicalisation à tous les travailleurs et travailleuses du Québec pour améliorer leurs conditions de vie, peu importe leur lieu de travail et le nombre de salarié-es de leur entreprise ou de leur organisation, voilà une des missions premières de la CSN.
C’est avec cet objectif en tête que plusieurs propositions avaient été amenées et adoptées en 2014, lors du 64e Congrès de la CSN. Ces propositions se déclinaient en trois volets : développer un plan stratégique pour favoriser la syndicalisation dans le secteur privé, examiner et modifier au besoin les structures d’accueil existantes pour les petites unités de négociation et identifier des modèles possibles de regroupement en fonction des groupes cibles.
La FIM–CSN prend les devants
La Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN) a de son côté choisi lors de son congrès de 2015 de se fixer des objectifs concrets de syndicalisation des PME. Selon les derniers chiffres de l’Institut de la statistique, plus de 99 % des entreprises du Québec sont des PME et près de 80 % de celles-ci ont moins de 20 employé-es, de là l’importance de s’assurer que le droit à la syndicalisation, un droit protégé par les chartes, soit respecté pour ces millions de travailleuses et de travailleurs du secteur privé.
Une fois cela dit, la fédération devait trouver des solutions. « On a regardé en profondeur quels étaient les obstacles pour les petits groupes et on s’est vite aperçu que la difficulté de bâtir une structure assez solide pour assumer l’autonomie complète et continue d’une unité avec un nombre restreint d’employé-es représentait l’enjeu principal », explique Mathieu Lafleur, président de la FIM–CSN.
Le travail de réflexion quant au nouveau modèle s’est donc articulé autour de la possibilité d’offrir un service « clé en main », tout en respectant les valeurs CSN, soit la démocratie, la solidarité et le respect. La FIM–CSN tenait aussi à s’assurer que cette approche facilitante ne déposséderait pas les futurs syndiqué-es des enjeux propres à leur unité locale. « Nous tenions à ce que les employé-es de chaque section conservent les rênes de leur négociation et de leurs relations de travail avec l’employeur », ajoute Mathieu Lafleur.
Ce sont toutes ces réflexions qui ont mené à la création du Syndicat des travailleuses et travailleurs des industries manufacturières (STTIM–CSN).
Accessibilité et efficacité
Le STTIM–CSN a tenu sa première assemblée générale le 18 mai, à Trois-Rivières, lors du conseil fédéral de la FIM–CSN. La constitution du nouveau syndicat stipule qu’il fonctionne avec des sections qui représentent les accréditations ou les regroupements d’un même employeur. Chacune de ces sections a un ou plusieurs délégué-es (selon le nombre de membres) qui travaillent avec le comité exécutif. Dans un souci d’efficacité et afin de ne pas ajouter une nouvelle structure qui complexifierait le modèle, c’est l’exécutif de la FIM–CSN qui agit à titre de comité exécutif du STTIM–CSN.
Le modèle proposé par la FIM–CSN, avec le soutien de la CSN, suscite déjà beaucoup d’enthousiasme. Une première unité a déjà été accréditée au sein du STTIM–CSN et plusieurs autres envisagent actuellement de joindre ses rangs.
Pour Stéphane Savoie, syndiqué de l’entreprise Demix à Mirabel et premier délégué officiel du nouveau syndicat, le STTIM–CSN répond efficacement aux besoins du petit groupe d’employé-es qu’il représente. « Lorsque je suis arrivé à la carrière de Mirabel, nous étions affiliés à un autre syndicat, mais c’était pratiquement comme si nous n’étions pas syndiqués du tout. Nous n’avions pas d’aide, pas de ressources et aucune autonomie. Avec seulement 16 employé-es, c’est évident qu’un groupe comme le nôtre a besoin d’un soutien important, mais les travailleurs veulent que la section ait la possibilité de prendre les décisions importantes, de façon autonome. C’est ce que nous offrent le STTIM et la CSN. »