À quelques jours près du début de la session d’automne, les trois fédérations de la CSN présentes dans le milieu collégial et universitaire ont enfin rencontré la ministre de l’Enseignement supérieur pour la première fois depuis sa nomination. Elles apprécient son écoute et son engagement à poursuivre d’autres rencontres, mais plusieurs points restent à éclaircir.
Si la ministre Danielle McCann estime qu’il y a un équilibre à faire entre les orientations ministérielles et la flexibilité à accorder aux établissements, elle doit comprendre qu’il n’y a pas une seule rentrée scolaire cette année ; il y en a plusieurs. Certaines étudiantes et certains étudiants ont droit à des cours en présentiel, d’autres y ont accès occasionnellement ou pas du tout, mais toutes et tous devront atteindre les mêmes objectifs académiques sans pour autant avoir les mêmes outils.
Bien que les fédérations saluent les 30 millions de dollars pour le soutien pédagogique, rien n’est prévu pour le personnel enseignant. De plus, cet argent sera difficilement déployable puisqu’il arrive très tard: les horaires sont faits, les plans établis, les horaires assignés. Une annonce en juin aurait été préférable.
Citations :
« Il y a un besoin que le ministère émette des lignes directrices claires afin d’assurer une cohésion dans les établissements, permettant ainsi de mieux coordonner le travail. Par exemple, il est tout à fait possible de conserver le télétravail pour le personnel administratif alors que certains cégeps les rappellent en présentiel. La précarité est aussi un enjeu qui préoccupe le personnel de soutien depuis de nombreuses années et qui est encore plus criant durant la pandémie. Par exemple, plusieurs heures de laboratoires ont été coupées à l’horaire alors que des ajouts de poste auraient pu les conserver », affirme Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN), qui représente 6300 membres du personnel de soutien dans les cégeps et 1200 personnels de soutien dans les universités.
« Les enseignantes et les enseignants ont mis en place des conditions inédites d’apprentissage afin d’accompagner les étudiantes et les étudiants durant cette session hors normes. Des groupes ont été fractionnés pour permettre que certains cours soient donnés dans les salles de classe. D’autres ont été fusionnés parce qu’offerts à distance. Cela a un impact considérable sur la charge de travail des enseignantes et des enseignants. Qu’aucune ressource supplémentaire ne leur soit accordée dans le cadre de l’investissement de 30 millions de dollars pour le soutien pédagogique est tout simplement aberrant », soutient Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), qui représente 35 000 enseignantes et enseignants de tous les niveaux d’enseignement.
« Les directions d’établissement sont en train de remplir les classes virtuelles et ça déborde. L’autonomie des universités ne signifie pas que les directions peuvent faire n’importe quoi et n’importe comment. La ministre doit assumer son autorité morale et assurer un leadership pour que tous les étudiants, peu importe leurs régions, bénéficient d’une rentrée sous le signe de l’équité et non au gré de chaque établissement. Le risque de reproduire l’improvisation connue aux niveaux primaire et secondaire le printemps dernier est là », avance Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN), qui représente les professeur-es de l’UQO et de l’UQAM, ainsi que les professionnel-les de l’Université Concordia.